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ENTRETIEN Hervé Le Bras : « Hier comme demain, le grand remplacement n’a aucune réalité »

2 Avril 2022, 07:26am

Publié par PCF Villepinte

Effaré de voir la thèse raciale et complotiste du «grand remplacement» prendre pied dans la campagne présidentielle, le démographe et historien Hervé Le Bras démonte, en scientifique, l’entreprise de falsification du réel menée par l’extrême droite et reprise aussi à droite.

Nicolas Mathey L'Humanité 

 Publié le Samedi 2 Avril 2022

Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP

Depuis des années, le thème d’une identité nationale fantasmée parasite le débat public. L’expression de «grand remplacement», il y a peu confinée à lultradroite, est utilisée désormais par l’extrême droite officielle, mais aussi par une partie de la droite.

Contre les amalgames et les faux calculs, le démographe Hervé Le Bras tord le cou à cette notion, démontant les très maigres arguments d’un Renaud Camus et de son suiveur Éric Zemmour. Le chercheur insiste sur l’importance de la citoyenneté et de la mixité, de la prise en compte des ségrégations en lieu et place de l’obsession identitaire. Il montre aussi que, paradoxalement, le vote d’extrême droite n’est pas lié localement à la proportion de population étrangère.

Il «ny a pas ou il ny aura pas», selon vous, de «grand remplacement». Pourtant, 61 % des Français se disent convaincus dans un récent sondage de la réalité de cette expression. En tant que démographe, comment démontrez-vous la vacuité de cette notion?

Renaud Camus, le grand prophète du «grand remplacement», dit que, au terme dun temps proche, la population issue de limmigration sera majoritaire dans la population française. Il suffit daller sur le site de lInsee pour voir que cest impossible.

Actuellement, on compte en France 67 millions d’habitants, dont 6,8 % d’étrangers. Les enquêtes de recensement annuelles de l’Insee montrent une augmentation moyenne annuelle de 120000 immigrés depuis 2006, ce qui ferait 3,6 millions dans les trente années qui nous séparent de 2052. Contrairement à ce qu’avance Renaud Camus, il n’y a donc pratiquement aucune chance d’observer 35 millions d’immigrés en 2050. Il faudrait un afflux d’immigrants énorme, ce qui n’est pas le cas de ces dernières années.

Quelles sont les falsifications auxquelles se livrent les tenants de ce «grand remplacement»?

La principale falsification est de s’en tenir au nombre de 400000 entrées par an. Ce qui compte, cest la différence entre les entrées et les sorties. Même Didier Leschi, l’actuel directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), a commis l’erreur de ne considérer que le nombre d’entrées. C’est ne pas tenir compte ni des sorties ni des doubles comptes.

Par exemple, 40 % des étudiants qui ont reçu un titre de séjour repartent moins d’un an après leur arrivée. Or ils étaient 90000 lan dernier. Pour mesurer limmigration, lInsee fait confiance au solde entre les entrées et les sorties, qui est la somme de laccroissement annuel et des décès d’immigrés déjà présents, deux quantités bien mesurées, soit autour de 160000 personnes par an au total, ces dernières années.

Comment «le grand remplacement» sest-il substitué au terme dinvasion et de submersion?

Le terme d’invasion a vieilli, puisqu’elle ne s’est pas produite. Marine Le Pen s’est mise à parler de submersion, terme plus dramatique encore, mais ce terme n’a pas fonctionné non plus. L’expression de «grand remplacement» sest imposée comme un retournement de la preuve.

Traditionnellement, depuis les années 1970, l’extrême droite et une partie de droite considèrent que l’écart de croissance démographique entre le Nord et le Sud va entraîner d’énormes migrations de populations venant du Sud, ce qui se traduira par un «changement de civilisation». Le grand remplacement retourne le mécanisme: cest une évidence, un point de départ, selon Renaud Camus. Il se refuse même à le définir.

Ce discours a un côté apocalyptique: on crée la peur qui entretient ce qui mène à cette peur. La science est battue en brèche. Mon travail entend fournir au débat public des boîtes à outils, des faits, des données solides dont la source et la collecte sont définies. Ces discours de «grand remplacement» renvoient à ce que le politilogue allemand Jan-Werner Müller appelle une idéologie faible, pleine de contradictions, qui consiste à enfiler des slogans. L’immigration fournit le ciment de cette idéologie faible de l’extrême droite, la recette magique pour sortir des contradictions.

Les thèses complotistes relatives au pays réel et au prétendu «vécu» sexpliquent-elles par ces glissements sémantiques?

Éric Zemmour s’appuie essentiellement sur les ouvrages de Renaud Camus. Tous deux se moquent des statistiques, car ils ont posé ce «grand remplacement» comme le point focal, comme la clé de voûte de leur système. Puisqu’il récuse les statistiques, Renaud Camus recommande à maintes reprises «avant tout den croire ses yeux».

Il donne en exemple le fait que son ami Richard Millet se soit retrouvé seul «Blanc» sur le quai d’un métro à la station Châtelet à 18 heures. Pour le vérifier, je suis allé faire des comptages à la même heure à la même station. Tout en prenant en compte le fait que la distinction Blancs et non-Blancs à vue d’œil est incertaine, le résultat moyen a été d’un quart de non-Blancs, ce qui est très différent.

Cela ne signifie pas que Richard Millet ne s’est pas retrouvé seul Blanc sur un quai de métro, mais que des personnes différentes voient des faits différents. Toute la difficulté est de se mettre d’accord sur les faits, de voir les mêmes faits grâce à des procédures rationnelles dont les statistiques font partie. C’est le principe même de la science: répéter les expériences pour vérifier les faits. Toute la science depuis le XVIIe siècle repose sur ce postulat de la vérification.

L’extrême droite nie ce postulat. Elle considère qu’il n’y a pas de différence entre une vision particulière et une vérité générale. Cette façon de raisonner dépasse la question de l’observation. Elle est consubstantielle à l’extrême droite: elle pense en termes de peuple homogène. Chaque personne du peuple représente le peuple entier, y compris le chef. Cest un mécanisme cognitif profond ici à l’œuvre.

Vous critiquez les usages des citations de la part des chantres de ce prétendu grand remplacement. De fait, Zemmour reprend Samuel Huntington (auteur du «Choc des civilisations»), selon qui «la démographie dicte le destin de lhistoire». Quelle réponse le démographe peut-il apporter à cette citation?

Ces formules sont vides de sens. Elles ne sont pas alimentées par des faits. En tant que scientifique, le chercheur s’appuie sur de l’observable. La littérature est pleine de telles déclarations creuses. En sciences sociales et historiques, le nombre d’explications est malheureusement supérieur au nombre de faits. J’ai entendu Zemmour parler des lois de la démographie. J’aimerais qu’il m’en cite une seule.

Il y a des faits, certaines régularités dans les évolutions de population, certes, mais rien qui permette de dégager des lois démographiques strictes. C’est tricher avec le langage. Le fameux «grand remplacement» na pas de sens en démographie. Aucune population nen a remplacé une autre dans notre pays, aussi loin que lon puisse remonter. Les analyses génétiques montrent seulement que il y a plus de 8000 ans, les agriculteurs venus du Proche-Orient se sont mêlés aux chasseurs-cueilleurs qui occupaient louest de lEurope, puis, il y a environ 6000 ans, se sont agrégés des nomades yamnas, venus des steppes russes. C’est tout.

Ce qu’on appelle «les grandes invasions» se composait en fait dassez petits groupes. Ceux qui prennent le pouvoir sont presque toujours de petits groupes qui détiennent une supériorité militaire. Huntington raisonne en termes de religion, et non de population, donc en termes de conversion.

Le grand remplacement consisterait à passer d’un peuple à l’autre. Vous demandez comment définir un peuple et quelle place faire au mélange, à la mixité, au métissage.

Je pars d’une phrase de Renaud Camus selon laquelle un peuple remplace un autre peuple. Mais il n’y a pas de peuple remplaçant et de peuple remplacé. Dans les statistiques de l’Insee, les immigrés sont d’origine très diverse. À l’intérieur même de l’Afrique subsaharienne, comme dans le Maghreb, il y a des cultures très différentes.

L’idée d’un peuple remplaçant homogène n’a aucune réalité. Quant à parler d’un peuple français, les différences sont grandes entre un Corse et un Flamand, un Breton et un Alsacien, d’où la formule de Renan, pour qui être français est «un plébiscite de tous les jours», un acte de la volonté. Un des charmes de la France est sa diversité. Cest une erreur de confondre identité et citoyenneté.

Dans un précédent livre paru chez Actes Sud, « Malaise dans lidentité », je soulignais les difficultés soulevées par ces notions d’identité et de peuple. S’y ajoute la question de la mixité, si importante et souvent masquée, dévaluée. L’Insee a fait un gros travail sur les descendants d’immigrés, définis comme personnes nées étrangères à l’étranger.

La moitié sont des descendants d’unions mixtes, mais traités comme des descendants d’immigrés dans presque tous les tableaux alors qu’ils sont autant descendants de non-immigrés, en général de Français. Cela gonfle les chiffres. On fait comme si le caractère «immigré» était dominant sur le caractère non-immigré.

Dans votre ouvrage, vous ne niez pas que certains problèmes liés à l’immigration se posent dans certaines zones géographiques, notamment la concentration et la ségrégation. Vous parlez de problèmes locaux et non généraux, sociaux et non identitaires.

Je fais allusion à une étude de France Stratégie sur les différences sociales et démographiques entre les quartiers de 40 grandes agglomérations. On y voit clairement la concentration très forte des enfants d’immigrés dans les écoles, notamment en Seine-Saint-Denis.

L’extrême droite a beaucoup utilisé ce cas particulier comme s’il était général. Mais, dans d’autres agglomérations, le niveau d’immigration est beaucoup plus faible, par exemple dans celle de Douai-Lens, pourtant gangrenée par l’extrême droite, même si des différences existent là aussi entre quartiers. Le fait est la concentration d’immigrés dans certains quartiers, non le nombre total d’immigrés.

En outre, quand on parle d’immigrés dans ces quartiers, on parle en fait très souvent de Français, car il s’agit de la seconde ou troisième génération et de descendants nombreux d’unions mixtes, donc de problèmes sociaux. Ce n’est pas un problème d’immigration mais la conséquence de l’immigration mal gérée des années 1960 et 1970.

On ne peut pas changer ce fait en le qualifiant de problème de l’immigration. On doit s’attacher à en traiter les conséquences et particulièrement la ségrégation. Parler de «grand remplacement», c’est assigner une réponse fantasmée globale à des phénomènes qui demandent des traitements locaux. Cette confusion est causée par le langage.

L’enquête de France Stratégie a aussi étudié la concentration des enfants de cadres. Elle est devenue aussi élevée dans les écoles, bien sûr pas dans les mêmes quartiers mais on ne l’évoque pas, surtout à droite ou à l’extrême droite. On jette un voile pudique sur la concentration des riches.

 

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HISTOIRE DE LA SEMAINE Présidentielle. Dans les coulisses des « jours heureux »

2 Avril 2022, 07:20am

Publié par PCF Villepinte

Après un an de campagne, Fabien Roussel s’est imposé dans le paysage politique. à l’approche du premier tour de la présidentielle, le 10 avril, et tandis que les appels à «voter utile» se font plus pressants, depuis le QG de l’espace Niemeyer comme sur les routes de France, la campagne se mène tambour battant.

 Cathy Dos Santos   L'Humanité Publié le Samedi 2 Avril 2022

Fabien Roussel s’adresse aux indécis, aux abstentionnistes, aux déçus et aux résignés. Une absolue nécessité pour la gauche française aujourd’hui.

L’écho de la voix se fait plus puissant. Les mots sont articulés, les intonations et temps de respiration pesés. Dans son bureau, sous les photos de sa compagne, Dorothée, et de ses cinq enfants sur une bibliothèque où figure en bonne place «le Bonheur de rire», de Georges Wolinski, Fabien Roussel s’imprègne du discours qu’il prononcera dans quelques heures à Nantes. Rare moment d’accalmie dans un agenda blindé, où le candidat communiste à la présidentielle enchaîne meetings et rencontres, court de plateaux de télévision en studios de radio.

Lire aussi : Présidentielle 2022. Fabien Roussel appelle à bâtir une « gauche nouvelle et populaire »

Dans le couloir du cinquième étage de l’espace Niemeyer, à Paris, les va-et-vient sont incessants. L’équipe de campagne – une vingtaine de personnes, là où les autres partis en comptent pléthore – ne ménage pas ses efforts depuis un an. Elle est ventre à terre mais sur le pont, alors que se profile le 1er tour de l’élection, le 10 avril. Les téléphones ne sonnent pas; ils saturent. Les temps forts senchaînent, sans pause. Ils nempêchent pas les sourires, les rires et le plaisir d’être ensemble. Cest la France des «jours heureux» en pratique. «Il souhaitait faire une campagne heureuse et nous la faisons. Cette attitude positive donne de lespoir aux gens, aux militants. Même fatigué, Fabien a toujours un mot pour dire Je compte sur toi. Il est exigeant, mais toujours dans la bienveillance», confie Christophe Grassullo, son chef de cabinet.

«Une voix originale à gauche»

La dernière ligne droite avant le scrutin n’a pourtant rien d’une croisière. La consigne que s’applique Fabien Roussel tient en quelques mots: dormir peu, se lever tôt et se coucher tard. «On sattaque à une étape de montagne, au col du Tourmalet, alors quon en a plein les pattes. Mais cest maintenant quil faut faire la différence, celle de l’espoir à gauche. Nous sommes en train de construire pour l’avenir. Il faut envoyer du bois et marteler que nous sommes le vote pour renforcer la France sociale, républicaine et laïque, féministe, écologiste», insiste-t-il, tel un capitaine de route, devant une partie de son équipe de campagne. Malgré les traits tirés et la voix éraillée, le candidat est remonté à bloc. «Face à ladversité, on ne doit pas être défensif mais offensif, être combattant comme jamais. Nous faisons cette campagne parce que nous croyons en nos idées, en notre projet de société. C’est une campagne de convictions, alors, au 1er tour, on vote pour ses idées», assène-t-il, en faisant les cent pas dans cette salle de réunion qui, en son temps, a vu s’écrire le programme commun.

LE CANDIDAT DU PCF A SU IMPOSER UN STYLE, UN TON ET SURTOUT DES IDÉES, AU POINT DE BOUSCULER LE RONRON D’UNE CAMPAGNE FADE ET PRESQUE ATONE.

En novembre, sept mois après le lancement de sa candidature, Fabien Roussel avait prévenu que la route serait longue et semée d’embûches. Dans un contexte «pestilentiel», saturé par les idées de lextrême droite et les coups durs de la Macronie, replacer la question sociale au cœur de la présidentielle relevait de la gageure. Et pourtant, le secrétaire national du PCF est parvenu à creuser un sillon. «Fabien porte une voix originale à gauche sur des questions qui avaient été désertées: le pouvoir dachat, le droit à lalimentation, la laïcité, la justice fiscale. Il les aborde de façon populaire. Il manifeste de l’empathie pour le monde du travail, pour le peuple de gauche, afin de faire respecter leur dignité. Son souci a toujours été de répondre aux préoccupations populaires, mais surtout d’être compris. Sa parole est claire, directe et compréhensible. Il comprend les classes populaires et le monde du travail et, en retour, ils le comprennent», soutient Christophe Grassullo.

Lire aussi : L’analyse. Fin de la vie chère : demandez le programme !

Avant même de se présenter à la présidentielle, Fabien Roussel avait entrepris un tour de France des entreprises – 130 au total –, là où les travailleurs cumulent des bas salaires et le sentiment d’être délaissés, méprisés. Ces souffrances ont d’ailleurs nourri l’exigence de justice sociale qui irrigue le programme des «jours heureux». Depuis un an, il a englouti des dizaines de milliers de kilomètres, entre Paris et sa circonscription de Saint-Amand-les-Eaux, dans le Nord, entre la capitale et les principales villes de France et d’outre-mer. Sans jamais regarder le compteur. Et puis, il y a eu l’Ukraine. «Cest une campagne éprouvante, exaltante et tellement exceptionnelle avec cette guerre aux portes de lEurope. Elle a bousculé tous les débats et les meetings. Dans ce contexte de guerre, il faut pourtant aussi parler des préoccupations des Français, comme le pouvoir d’achat ou encore la vie chère, faire émerger des propositions, les rendre audibles», juge Fabien Roussel.

Salles combles à Paris, Bordeaux, Marseille

Dans la voiture qui file à la gare Montparnasse, il est pendu au téléphone, cale ses prochains rendez-vous, anticipe les grands moments à venir. Sur le quai, avant de s’engouffrer dans le TGV, direction la capitale de la Loire-Atlantique, il se prête volontiers au jeu des photos, comme avec Thierry, contrôleur de la SNCF, qui votera certainement pour lui, car «il a un discours honnête, il parle du travail, des salaires». Inconnu hier encore du grand public, et désormais météorite médiatique à la faveur d’une fausse polémique manger bon et sain – montée en épingle sur les réseaux sociaux, Fabien Roussel a su imposer un style, un ton et surtout des idées, au point de bousculer le ronron d’une campagne fade et presque atone. «Il a l’air comme nous, simple et naturel, avenant et abordable. Il touche à tout ce qui nous concerne, il veut s’engager sur les vrais soucis du quotidien», déclare Cindy Monfort, une Nantaise de 30 ans, mère de deux enfants qui assistait, pour la première fois, à un meeting politique. Ce qui l’a convaincue? «L’égalité des droits des femmes et des hommes, le combat contre les violences faites aux femmes et la réforme pour la retraite à 60 ans», explique-t-elle.

VIDÉO Les 5 passages clés du discours de Fabien Roussel à Marseille

Ce soir-là, comme à Paris, Bordeaux ou Marseille, le candidat a encore fait salle comble. Son empathie naturelle le pousse vers la foule qui le lui rend bien. Embrassades et accolades, demandes de photos et de dédicaces, il reçoit aussi des encouragements appuyés de nombreux curieux et militants communistes fiers d’en découdre dans cette campagne. Elle est pourtant dure; les coups sont rudes, à linstar de larticle de Mediapart le soupçonnant demploi fictif et que Fabien Roussel a encaissé sans fléchir. Les temps de recueillement impossibles, malgré la perte d’un grand-père chéri et d’un beau-père.

Lire aussi : Fabien Roussel promet de doubler le budget de la justice

Alors que le 10 avril frappe à la porte, la tension se fait plus palpable. Le débat politique se durcit, mais l’équipe fait corps. «Des dynamiques se dessinent. Fabien Roussel se maintient à un niveau correct. Mais on peut aller au-delà, il ne faut pas s’en tenir à notre stade. Beaucoup de gens commencent à s’intéresser à l’élection. Notre état d’esprit repose sur notre ligne de propositions, d’une part, sur la revalorisation du travail et des pensions, la force de la République sociale, laïque, féministe et écologique, alors qu’Emmanuel Macron travaille à son délitement, et, d’autre part, continuer de compter sur la force de Fabien, son discours, son ouverture, sa proximité avec les gens, la sympathie qu’il dégage», fait valoir Ian Brossat, le directeur de la campagne.

Rassemblement autour de sa candidature

Cet «au-delà», ce sont les indécis, les abstentionnistes, les électeurs qui ne votent plus, car trop déçus, trop en colère, trop résignés, auxquels Fabien Roussel a toujours voulu parler. Sa personnalité et les lignes maîtresses du programme de la France des «jours heureux», dont le fameux «roussellement» qui ambitionne de faire banquer les gros de la finance qui détournent des milliards deuros pour redistribuer les richesses, ont porté leurs fruits. Elles ont permis de convaincre au-delà de la seule famille politique du communiste, et de fédérer d’autres formations, comme le Mouvement républicain et citoyen, la Gauche républicaine et socialiste, les Radicaux de gauche, la Nouvelle Gauche socialiste, ainsi que République et Socialisme, qui ont fait de Fabien Roussel leur candidat, sans renier leur propre sensibilité.

LE VOTE UTILE, C’EST DÉVASTATEUR. À CE JEU - LÀ, NOUS NE VOTONS PLUS JAMAIS POUR DES IDÉES : ON VOTE PAR DÉFAUT ET C’EST TERRIBLE.FABIEN ROUSSEL

Cette dynamique est aujourd’hui confrontée aux appels pressants à «voter utile», censé déjouer le scénario dun duel Macron-Le Pen au second tour. «Depuis combien d’élections présidentielles avons-nous droit à ce vote utile? Cest dévastateur parce qu’à ce jeu-là, nous ne votons plus jamais pour des idées, nous ne votons plus jamais pour la personne dont nous nous sentons le plus proche: on vote par défaut et cest terrible, dénonce Fabien Roussel. Il faut, au contraire, voter pour ses idées, pour celui pour qui on a envie de voter. Jai fait le choix dans cette campagne de porter des réformes heureuses. Et je souhaite vivement que nous puissions les faire vivre. C’est ce qui doit compter le 10 avril et cela comptera pour la suite.»

Lire aussi : Le vote utile et tourné vers l’avenir, c’est Fabien Roussel

Ses partenaires de route, compagnons de la création d’un conseil national de la République chargé de mettre en place les «jours heureux», partagent cet état desprit. «Fabien Roussel est le vote utile. Les thèmes qu’il a soulevés sont au cœur de la campagne, comme l’évasion fiscale», rappelle Emmanuel Maurel, lun des fondateurs de la Gauche républicaine et socialiste, qui a rejoint l’atelier de campagne. Aux yeux de l’ancien socialiste, il est utile également pour «reconstruire la gauche de demain». Car «la suite» pointée par le communiste est imminente, avec les élections législatives qui auront lieu dans la foulée et dont l’objectif est de faire élire un nombre conséquent de députés des «jours heureux». «Cela va compter pour les luttes que nous devrons mener, pour donner du poids aux idées que nous défendons: la revalorisation des salaires et des retraites, le pouvoir d’achat, la République sociale, laïque, écologiste et féministe. Plus on donnera de la force à ma candidature le 10 avril, plus nous serons en capacité de défendre ce projet de société», fait valoir un candidat énergique en toutes circonstances.

Icon BullhornPour suivre la campagne du candidat PCF, Fabien Roussel

En novembre 2021, lors de l’inauguration de son QG de campagne, le «FabLab», Fabien Roussel avait prévenu, sourire aux lèvres mais avec sérieux, que la route serait longue, très longue. Il avait à cet égard comparé la campagne à «un marathon» qui invite à «savoir se projeter sur la durée». Le 10 avril nest pas une ligne darrivée, mais une étape.

 

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1 Avril 2022, 07:26am

Publié par PCF Villepinte

 

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PREMIER PLAN Fabien Roussel, face à des citoyens, « La richesse de la France, c’est vous, pas les actionnaires »

1 Avril 2022, 07:22am

Publié par PCF Villepinte

Guerre, pouvoir d’achat en berne, réchauffement climatique… à ce monde en crise, Fabien Roussel veut opposer des «Jours heureux». Le candidat communiste s’en explique avec des citoyens engagés pour la paix, la justice sociale et le climat, invités par l’Humanité.

L'Humanité Julia HamlaouiNaïm SakhiAurélien Soucheyre

Publié le Jeudi 31 Mars 2022

À un peu plus d’une semaine du premier tour de l’élection présidentielle, le candidat communiste Fabien Roussel entre «dans la dernière ligne gauche de sa campagne», plaisante-t-il, déterminé à «ne rien lâcher». Pour l’interroger, l’Humanité a sollicité des citoyens engagés dans des luttes sociales, écologiques, pour la paix. Premier thème: le pouvoir dachat. Une question, en conséquence de linflation liée à la guerre en Ukraine, plus que jamais en tête des préoccupations des Français: pour 57 % dentre eux cest ce qui comptera le plus dans leur choix le 10 avril, selon Elabe.

À ce sujet, avec la coordination Pas sans nous, qui a organisé un tour de France des quartiers populaires, Fatima Lancien a accepté de répondre à notre invitation. Salariée d’un grand hôtel et syndicaliste, elle a participé aux luttes menées par les petites mains des palaces. Le conflit en Ukraine a aussi, depuis son déclenchement par la Russie le 24 février, mis en lumière de nombreuses questions qui, d’habitude, passent sous les radars d’une telle élection.

Sveta, une habitante de Kiev, et Jean-Marie Collin, porte-parole d’Ican France, s’en font l’écho. Enjeux non moins essentiels, climat et transition écologique ont, a contrario, été un peu éclipsés du débat public cette année. Charlène Fleury, porte-parole d’Alternatiba, interpelle Fabien Roussel dont les positions, sur le nucléaire ou la viande, détonnent à gauche.

POUVOIR D’ACHAT

Fatima Lancien : Je suis en poste depuis quatorze ans, j’ai commencé à 1300 euros et je gagne aujourdhui 1600 euros. Est-ce quon peut vivre avec ça?

Non, madame. C’est impensable et, pourtant, c’est une réalité: des gens travaillent et sont pauvres. On ne reconstruira pas la France avec des Français mal payés, épuisés et pas respectés. Mais on le fera en faisant confiance aux salariés, en leur redonnant le pouvoir. Nous, nous voulons la France de la bonne paie, augmenter le Smic à 1500 euros net et convoquer une conférence générale pour la hausse des salaires de l’ensemble des branches professionnelles. Il y a en moyenne 20 % à rattraper. Si les patrons font de la résistance, je remettrai en place ce qui a existé il y a une quarantaine d’années: l’échelle mobile des salaires pour les indexer sur l’évolution du Smic.

Fatima Lancien : Je suis pour les 32 heures. Mais en faire 35, voire 39 avec des heures supplémentaires exonérées d’impôt, cela permet de finir le mois avec plus d’argent…

Mais le palace où vous travaillez, il n’a pas les moyens d’augmenter les salaires? Cest le salaire avec les cotisations qui financent la Sécurité sociale, la retraite, la santé. Vous savez, les libéraux, la droite, le Medef théorisent que le salarié doit être stressé, pressuré en permanence pour être le meilleur. Nous avons une tout autre conception de la société: en misant sur un monde du travail heureux, nous sommes plus efficaces économiquement. Je veux entendre parler non plus de la valeur des actionnaires, mais de celle des hommes et des femmes qui produisent par leur travail. La richesse de la France, c’est vous. Et c’est aussi ceux qui soignent, qui enseignent, ceux qui produisent, qui créent… Si on investissait dans tous ces gens-là, nous aurions la plus belle des France.

L’Humanité : Vous évoquez les grands groupes, mais les TPE/PME, impactées par la crise économique liée au Covid, peuvent-elles assumer ces mesures?

Beaucoup de PME et TPE ont besoin d’être soutenues. Cela passe d’abord par arrêter de donner de l’argent aux donneurs d’ordres qui sous-traitent à l’étranger ou imposent des prix si bas que les petites entreprises rognent la masse salariale. Je baisserai aussi leur facture énergétique, leur prime d’assurance avec la nationalisation d’Axa, les libérerai du poids des banques avec la nationalisation de deux d’entre elles et des prêts bonifiés. Enfin, je veux que les gros payent gros et que les petits payent petit. Les grandes multinationales doivent s’acquitter d’un impôt juste, à 30 %, prélevé à la source sur leurs bénéfices pour qu’elles arrêtent de les délocaliser, comme McKinsey et compagnie.

Fatima Lancien : Je vais bientôt avoir 65 ans, je suis toujours au travail, comment partir plus tôt en retraite?

L’espérance de vie en bonne santé d’un ouvrier, c’est 59 ans. Alors, oui, la retraite à 60 ans, c’est un minimum de justice sociale. Ce droit, je le finance avec une cotisation sur les revenus financiers, pour lesquels Macron a mis en place un bouclier fiscal. C’est 30 milliards d’euros dans les caisses tout de suite. Il faut aussi augmenter les salaires pour relever le niveau des cotisations et des pensions. Avec 1600 euros de salaire, vous allez avoir une retraite de misère.

Fatima Lancien : Un peu plus de 800 euros, et j’ai travaillé toute ma vie...

Comment peuvent-ils défendre un tel modèle? Avec 800 euros, vous tombez en dessous du seuil de pauvreté, comme des millions de retraités. Je propose un minimum retraite à 1200 euros net.

La coordination Pas sans nous : Face à la précarité et au manque de perspectives pour la jeunesse, créerez-vous un ministère dédié pour une politique ambitieuse et non plus morcelée?

Oui, je souhaite un ministère dédié à la jeunesse et les moyens qui vont avec. Cela implique un revenu étudiant d’au moins 850 euros par mois pour être autonome sans avoir à travailler ni à souscrire un prêt, mais aussi la gratuité des transports ou encore la prise en charge de 50 % de la licence sportive. Car les jeunes que j’ai rencontrés demandent un statut social dès 18 ans, pour accéder au logement, à la culture… Pour faire vivre ces droits, je propose la création de maisons de la jeunesse dans chaque commune de plus de 9000 habitants. Enfin, je veux passer un pacte avec le Medef pour garantir un emploi aux 800000 jeunes qui sortent de l’école tous les ans.

Fatima Lancien : La droite risque de l’emporter, la gauche ne pourrait-elle pas s’unir pour empêcher cela? Pourquoi ne pas vous allier avec Jean-Luc Mélenchon, vous auriez plus de chance de prendre le pouvoir?

Je souhaite que la gauche l’emporte. Et elle le fera, reste à savoir quand et pour quoi faire. Je veux que ce soit le plus vite possible, mais pas pour mettre en place la politique menée sous Hollande. Et pour cela, il faut convaincre. Car on peut toujours additionner Mélenchon, Roussel, Hidalgo, Jadot, ça ne fait pas une majorité, parce que la gauche a déçu. Nous, nous ne nous étions pas présentés depuis 2007 et, avec ma campagne, j’ai réussi à faire revenir à gauche des Français qui n’y croyaient plus. Au premier tour, je leur demande de voter pour leurs idées, pas par défaut. Toute la force qu’on me donnera le 10 avril comptera pour la suite. Je la mettrai au service de la France et des travailleurs. Et de la gauche aussi, car je n’y ai pas d’ennemis. Au contraire, je veux la rassembler sur une politique qui tourne la page de toutes les erreurs du passé et qui remette en cause le pouvoir de la finance.

GUERRE EN UKRAINE

Sveta : Cela fait plus d’un mois que la Russie a envahi mon pays et nous subissons au quotidien ses bombardements. Comment comptez-vous stopper cette guerre et venir en aide aux populations?

Vladimir Poutine a violé l’intégrité d’un État, c’est sans précédent de la part d’une puissance nucléaire. Les pressions les plus fortes doivent s’exercer contre les dirigeants russes afin d’obtenir le respect du droit international et, le plus vite possible, le cessez-le-feu. C’est ce qui doit guider la mobilisation de toutes les nations: protéger les civils et mettre fin aux crimes de guerre. Or, des places financières où ils ont leurs habitudes jusquau quai des milliardaires à Antibes où sont amarrés leurs yachts, les pressions contre les oligarques russes restent minimes.

Il faut faire bien plus. En revanche, nous ne sommes pas en guerre contre le peuple russe, nous devons tendre la main aux pacifistes russes qui subissent une répression sévère. La solidarité avec le peuple ukrainien va, bien sûr, de soi, nous devons lui permettre de résister, d’avoir accès à tout ce qui est vital, et accueillir ceux qui fuient la guerre.

Jean-Marie Collin : La guerre frappe à nos portes avec une puissance nucléaire qui a mis à bas le tabou de l’utilisation de l’arme nucléaire. Et Jean-Yves Le Drian (le ministre des Affaires étrangères – NDLR) a indiqué, en guise de réponse, que la France en possédait aussi. Cette menace inquiète, comment protégeriez-vous les Français si vous étiez à l’Élysée?

La planète est devenue une véritable poudrière remplie d’ogives nucléaires. À la moindre étincelle, en quelques heures, l’humanité pourrait être rayée de la carte. La Seconde Guerre mondiale nous a appris que les pires crimes contre l’humanité sont possibles. Et souvenons-nous qu’il y a peu, un dirigeant américain disait au dictateur nord-coréen: « J’ai un plus gros bouton que le tien.» Voilà où on en est. Le danger est réel, donc, en tant que président de la République, à l’issue de cette guerre, je souhaiterais que la France prenne la tête du combat pour un désarmement nucléaire multilatéral. Nous devons nous mettre autour d’une table et décider collectivement de cesser d’investir – cela coûte 5 milliards par an à la France – et de désamorcer nos bombes nucléaires. À ceux qui pensent que c’est utopiste, je rappelle qu’en pleine guerre froide, un traité de non-prolifération – bafoué depuis – a été signé. Je suis d’ailleurs favorable à ce que la France participe comme observateur à la conférence du traité sur l’interdiction des armes nucléaires, prévue en juin.

Jean-Marie Collin : Si vous preniez la tête de la présidence française de l’Union européenne, quel dialogue mettriez-vous en place avec les États de l’Union européenne, en particulier l’Allemagne avec laquelle la France tente de développer une politique européenne de défense?

Cette guerre a montré que l’ensemble des pays européens peuvent condamner d’une même voix la violation des règles internationales. C’est très important. Mais, des pays Baltes et du Nord – qui poussent depuis longtemps à l’élargissement de l’Otan jusqu’aux portes de la Russie –, à la France et l’Allemagne qui l’ont toujours refusé et ont même dit non à l’intégration de l’Ukraine en 2008, nos divergences sont profondes. Je souhaite préserver la voix indépendante et originale de la France. Bien sûr, je le dis clairement, en période de guerre, il n’est pas d’actualité de sortir du commandement intégré de l’Otan. Mais à l’issue de celle-ci, plutôt qu’à une Europe de la défense atlantiste, je veux travailler avec les 50 pays du continent européen à un traité de sécurité collective. Je préfère nourrir la paix que l’engrenage sans fin de la guerre.

CLIMAT

Charlène Fleury : Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a décrit le 2 e volet du rapport du Giec paru en février comme un atlas des souffrances à venir. L’État français a été condamné à deux reprises pour son inaction climatique et la France n’est toujours pas sur une trajectoire compatible avec l’accord de Paris. En quoi votre programme permet-il de diminuer les émissions de gaz à effet de serre?

C’est dans la décennie à venir que tout se joue; nous devons mettre le paquet. Le Giec estime quil faut investir 6 % du PIB par an, soit 900 milliards deuros à l’échelle de lUnion européenne et 140 milliards pour la France. Cest ce que propose notre programme des Jours heureux. Le capital doit participer à cette transformation de notre modèle économique, mais nous prévoyons aussi 65 milliards d’euros d’investissements publics par an.

C’est plus que la droite – ce n’est pas difficile –, mais aussi que le reste de la gauche, et de loin. Il s’agit d’atteindre la neutralité carbone en 2050, et pour cela, nous proposons d’investir dans les énergies renouvelables – l’éolien, le solaire, l’hydraulique – et dans le nucléaire. Donc investir dans les deux, et dans un service public. Macron veut confier les renouvelables au privé, c’est le projet Hercule. C’est dangereux car les Total, les BlackRock qui deviendront actionnaires nous feront payer très cher quand nous en aurons le plus besoin, en cas de guerre par exemple.

Charlène Fleury : Avez-vous l’impression que vous préparez un changement en profondeur suffisant, notamment au niveau de la sobriété, qui est un levier indispensable? Et cela alors que vous défendez encore la voiture individuelle, une industrie relocalisée – certes un peu décarbonée grâce au nucléaire – et même la consommation de viande.

Je souhaite juste que ceux qui ne peuvent pas se chauffer, les douze millions de personnes en précarité énergétique, aient le droit à un toit qui ne soit pas une passoire thermique. Je suis aussi pour le grand remplacement des cuves à fioul. C’est deux milliards d’euros, on peut le faire. Je veux également que ceux qui ne peuvent pas manger dignement – sept millions de personnes font la queue de l’aide alimentaire – aient droit à une alimentation saine et française.

Venons-en aux voitures. Nous devons d’abord inciter à prendre les transports doux avec la gratuité dans les métropoles, notamment. Mais ne pas punir. Je n’ai jamais dit: «Allez-y, continuez d’utiliser votre voiture polluante.» Au contraire, pour les classes populaires, tous ceux qui nont pas dautre choix pour se déplacer, je propose une prime à la conversion de 10000 euros pour acheter un véhicule propre doccasion de vignette Crit’Air 1 ou 2.

Charlène Fleury : Oui mais concernant la viande, par exemple, un ouvrier en consomme 25 % de plus qu’un cadre. Donc, promouvoir une consommation de viande, même française, ne semble pas aller dans le sens de la transition écologique, alors que sa production représente 80 % des émissions du secteur de l’agriculture.

Il faut manger moins de viande, réduire de 20 % notre consommation. Oui, mille fois oui. Manger moins de viande, mais de la bonne, pas de la gonflée aux antibiotiques, pas de l’importée. Je ne suis pas pour de l’élevage intensif. Il y a plein de pâtures! Savez-vous que Xavier Niel et les Gafa (les géants du numérique Google, Apple, Facebook et Amazon NDLR) sont en train dinvestir dans les grands champs de céréales pour faire des steaks sans viande?

Charlène Fleury : Mais pour produire un kilo de bœuf, il faut beaucoup plus de céréales que pour faire un kilo de steak aux céréales. Si on dit que tout le monde va manger de la bonne viande trois à quatre fois par semaine, on va dans le mur.

Mais permettez à ceux qui n’en mangent pas, ou que de la mauvaise, d’en manger de la bonne, et vous verrez qu’il y aura besoin de soutenir nos éleveurs français, nos espaces herbagés, en luttant contre l’industriel. Je veux un système agricole vertueux, vivable, avec moins et mieux de viande.

Charlène Fleury : Imaginons que ce système agricole soit mis en place, comment faites-vous pour que sa production soit accessible à tous? À Alternatiba, nous défendons une sécurité sociale de lalimentation. Un chèque de 150 euros par mois et par personne à dépenser uniquement dans des endroits conventionnés bio et durables. Vu que le PCF a été à l’origine de la Sécurité sociale, que pensez-vous de cette proposition?

Je préfère augmenter les salaires et les retraites et ne pas avoir besoin de donner un chèque alimentaire. Je propose aussi un fonds alimentaire doté de 10 milliards d’euros pour garantir à tous nos enfants, de la maternelle à l’université, l’accès à des cantines proposant des plats issus de l’alimentation locale, avec des normes respectant le vivant, la planète et nos engagements climatiques. Pour éduquer les enfants au goût, au bon. Mais aussi pour offrir un débouché à tous nos agriculteurs et paysans.

On a perdu notre souveraineté alimentaire: pour les fruits et légumes comme pour la viande, nous dépendons à 50 % de l’étranger. Et on perd 100000 agriculteurs tous les dix ans. À ce rythme-là, dans quelques années, on ne pourra même plus produire des steaks aux céréales. Il faut donc réformer nos codes de marchés publics avec une préférence locale et sociale.

Entretien coordonné et retranscrit par Julia Hamlaoui, Naïm Sakhi et Aurélien Soucheyre

 

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LES CHEMINOT·ES SONT D’INTÉRÊT GÉNÉRAL !

1 Avril 2022, 07:16am

Publié par PCF Villepinte

Manifestation nationale des cheminots

31.03.2022 | Fédération

Ce sont plus de 8 000 cheminots qui ont répondu à l’appel à manifester de la CGT des Cheminots ce 31 mars. De la place d’Italie à Paris Montparnasse, ils sont venus redire leur opposition à la casse de la SNCF, à l’ouverture à la concurrence, à la filialisation, au déboulonnage du Statut et aux reculs des droits pour l’ensemble des cheminots, qu’ils soient statutaires, contractuels ou embauchés depuis le 1er janvier 2020.

Quand certains ont baissé la garde, que d’autres sont déjà dans les cordes, s’accommodant des reculs imposés par la direction et le patronat ferroviaire, la Fédération CGT des Cheminots fait le choix d’affronter celles et ceux qui veulent en finir avec le train public afin de créer les conditions d’une riposte plus globale !

DU LOCAL AU NATIONAL : MÊME COMBAT !

C’est aussi ce que font les cheminots avec la CGT, au quotidien, dans chacun de nos chantiers, en proximité, alliant ainsi les revendications locales et les enjeux nationaux. Comme en ont témoigné nos camarades venus de toute la France sur la scène installée place d’Italie, rien n’est inéluctable !

S’organiser, construire la revendication, élever le rapport de force et lutter ensemble permet toujours, en 2022, de faire reculer la direction et de gagner !

LES RAISONS DE LA COLÈRE

Ouverture à la concurrence, stratégie d’auto concurrence en interne avec la création de filiales, concurrence entre salariés, casse des repères collectifs, dépeçage du Statut et du régime spécial, précarisation de l’emploi, siphonage des effectifs, gel des salaires, non augmentation des pensions, attaques sur nos facilités de circulation, menaces sur nos droits : la liste est longue des raisons de la colère !

Sur chacun de ces points, la Fédération CGT est la seule à porter des solutions alternatives, courageuses et porteuses d’espoir ! Malgré un contexte difficile dans et en dehors de l’entreprise, « se resigner » est un verbe qui, au singulier comme au pluriel, ne se conjugue pas lorsque l’on décide de porter le progrès social ! Au contraire, continuons de nous opposer, de revendiquer, de nous organiser, de lutter et préparons-nous à gagner !

D’autres solutions existent et nous savons comment faire ! La Fédération CGT des Cheminots porte un autre projet, global, qui répond à la fois aux besoins des populations, aux exigences du service public, à l’amélioration des conditions sociales et de travail des cheminots, en dehors de toute concurrence et de dumping social.

RAPPORT DE FORCE ET DÉTERMINATION

Comme les près de 330 cheminots qui ont rejoint la CGT depuis le 1er janvier, renforçant ainsi notre capacité à agir dans nos 300 syndicats locaux, comme les plus de 8 000 cheminots venus à Paris ce 31 mars, nous devons maintenant élargir ce champ et convaincre celles et ceux encore hésitants, à nous rejoindre !

D’ores et déjà et face aux attaques qui se profilent, la Fédération CGT des Cheminots réaffirme qu’il faut mettre en débat de manière très concrète les suites à donner à nos initiatives locales, régionales et nationales.

Amplifions la mobilisation et refusons la fatalité ! Démontrons qu’avec la CGT, un véritable service public ferroviaire et des conditions de travail décentes ne sont pas des options mais LA solution !

LA FÉDÉRATION CGT DES CHEMINOTS SALUE TOUTES CELLES ET TOUS CEUX QUI, PAR LEUR PRÉSENCE À LA MANIFESTATION D’INTÉRÊT GÉNÉRAL, ONT DÉMONTRÉ LEUR DISPONIBILITÉ À AGIR !

 

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