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art et cuture

Zero Dark Thirty, film féministe ?

26 Janvier 2013, 09:00am

Publié par PCF Villepinte

 

Chronique, par Thomas Bauder| 25 janvier 2013 REGARS.FR

 

De par son sujet, la traque et l’exécution d’Oussama Ben Laden par les États-Unis, mais aussi par ce qu’il donne à voir de la torture utilisée par la CIA comme « technique de renseignements », Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow possède tous les composants du film polémique chaud bouillant. Et si derrière l’évidence promotionnelle de ces attributs se cachait un autre film ? Un film, au risque d’une nouvelle polémique, féministe ? Tentative d’explication.

Dès les premiers instants du film la cause semble entendue. En entremêlant à quelques images de l’attentat du World Trade Center, les enregistrement sonores, téléphoniques, des derniers instants de quelques unes des victimes du 11 septembre 2001, Kathryn Bigelow semble légitimer tout ce qui va suivre. Notamment la première vraie scène de son film, mettant en images un interrogatoire utilisant l’humiliation individuelle, l’épuisement psychique ainsi que l’agression physique, c’est à dire une vraie scène de torture. Mais outre que celle ci, orchestrée de façon presque protocolaire par un jeune type aux antipodes des crétins red-necks d’Abou Grahib, donne immédiatement au spectateur une nausée, ce en quoi elle nous renseigne sur l’usage de la torture, aussi perversement « évoluée » soit elle, c’est qu’elle ne sert absolument à rien.

 

C’est ici, après avoir été le spectateur candide de cette scène, qu’intervient le personnage principal, jouant alors de l’habilité psychologique plus que de la contrainte, pour obtenir une information. Que ce personnage principal soit une femme semble avoir absolument échappé à l’ensemble de la critique ; c’est pourtant là que se joue l’un des points centraux du film, dans ce personnage rare d’héroïne de cinéma, absolument désexuée, dégenrée, superbement banalisée. Une femme sans histoire sentimentale interférant avec son activité principale - trouver où se planque OBL, aka Oussama Ben Laden - une nana non « féminisée » ni apprêtée ni butchisée, juste pas maquillée. Banale, ce qui ne l’est pas.

Il est étonnant que les voix qui, outre atlantique, se sont exprimées sur ce film proviennent, soit des républicains qui craignaient que le film ne serve la campagne présidentielle d’Obama, soit de certains démocrates qui réfutent misérablement que la CIA puisse user de telles pratiques, soit encore de la presse dite spécialisée (mais en quoi, nul ne sait ) pour qui le film légitimerait la torture – et l’on a vu plus haut ce qu’il en était ; en tous cas pas des universitaires et/ou militantes et/ou critiques de cinéma féministes, comme si sa réalisatrice ne constituait finalement pas un assez « bon objet » critique, pas suffisamment en tous cas pour que leurs points de vue parviennent jusqu’à nos rivages…

Et pourtant. Femme, réalisatrice, et metteu(se) en scène de films d’actions psychologiques assez burnés, de Point Break à Démineurs, Bigelow est assez atypique dans le champ culturel genré du cinéma américain pour qu’on s’y attarde un peu, quand même. De même, que les agents de la CIA se soient manifestement féminisés ne fait pas pour les investisseurs d’Hollywood ipso facto d’une femme, qui n’est ni Lara Croft ni Carrie Bradshaw, un personnage central d’un film de plus de deux heures trente sur la traque de Ben Laden... CQFD.

Ce que laisse voir aussi Zero Dark Thirty via son héroïne, c’est un point de vue anti-héroïque. Pas l’anti-héroïsme qui voudrait que cette traque soit juste un « job » que les États-Unis aurait à terminer, pas celui non plus de la quête existentielle, mais celui organisé par la division des tâches propres à l’administration sécuritaire, la chaîne des responsabilités morcelées, celle de la CIA renvoyant tout aussi bien à l’autre, celle de l’organisation du groupe terroriste.

Que le film enfin soit le résultat d’une enquête de longue haleine sur le terrain de Mark Boal, journaliste et scénariste à l’origine de l’histoire de Démineurs, le précédent film de Bigelow, participe aussi de la singularité de son propos. Factuel à la limite de l’aridité, le scénario laisse l’enquête s’étirer, se perdre, être désorientée par les revirements politiques pour mieux valoriser l’idée fixe de son héroïne, la force de sa logique, la primauté de sa réflexion sur les emballements testostéronés. En ce sens aussi Zero Dark Thirty militerait presque pour élargir l’horizon de la représentation des femmes au cinéma. On attend sur ce sujet avec impatience l’avis de principales intéressées.

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Mordillat: «Humour guerrier raillant les vils rois de la thune»

25 Janvier 2013, 12:24pm

Publié par PCF Villepinte

    Jacques Weber, Jacques Pater,

  Dans son nouveau film, "le Grand Retournement", adapté en alexandrins classiques d’une pièce de Frédéric Lordon, Gérard Mordillat raconte magistralement la crise financière, la Bourse qui chavire, l’appétit des banquiers et l’État, haï, appelé à la rescousse. L’entretien donc avec le réalisateur. Est en alexandrins pour notre grand bonheur...

 


-Comment vous est venue l’idée d’adapter la pièce

 de Frédéric Lordon?


D’un Retournement l’autre à peine publié,

J’ai appelé l’auteur et je l’ai supplié

De n’en céder les droits, hormis moi, à personne.

Lors, Frédéric Lordon m’a dit: «Je te les donne.

Fais-en, comme Cocteau, un objet difficile

À ramasser: un film!» Et qui nous désopile,

Tout en nous instruisant. La gageure était belle,

Le défi passionnant. Il fallait des rebelles

Pour oser l’aventure: des acteurs impliqués,

Des techniciens hors pair… tout semblait compliqué.

Un film alexandrin sur la crise mondiale

Fait peur aux producteurs: ce n’est pas commercial.

Bravo, Véra Belmont, d’avoir cru au projet!

De n’avoir pas tremblé à cause du sujet.

Merci Baer et Weber, Morel et tous les autres.

Si j’incarnais Jésus, vous seriez mes apôtres!

 

-Quels aménagements avez-vous apportés au texte
pour en faire un film?

La pièce de Lordon, faite pour être lue,

Devenant scénario devait être revue.

Il fallait, entre tous, partager la parole,

Donner du grain à moudre aux acteurs, des rôles.

Chacun y mit de soi, peaufina ses répliques.

On ressortit dicos, traités de poétique.

Pater se fit Molière, Weber devint Rostand,

Murillo et Conseil rimèrent en chantant.

Morel nous concocta quelques vers immortels.

J’en fis d’autres à jeter tout droit à la poubelle.

Du théâtre on finit par couper l’ombilic.

De chaque monologue jaillissaient dix répliques.

L’alexandrin devint une langue commune,

Humour guerrier raillant les vils rois de la thune.

Il manquait à ce film un décor idéal,

Une ruine d’usine, jouet du capital,

Que nous trouvâmes enfin tout près d’Aubervilliers.

Et je pus dire: moteur! pour filmer Bourseiller.

Selon quels critères avez-vous choisi vos interprètes?

Franck de La Personne et Benjamin Wangermée

Dans mes deux derniers films m’avaient enthousiasmé,

Comme le firent aussi Barbin, Mille et Triffault,

Lesquels, toujours présents, ne font jamais défaut

Quand il s’agit de jouer ce que nul ne joue.

Lors, du marais bancaire remuèrent la boue,

Coiffant l’alexandrin en révolutionnaire

(Ce qu’entérinera le sieur Montalembert).

Et Pralon, honorant la Comédie-Française,

Fut, pour sa part, en vers, divinement à l’aise.

Voilà le seul critère: engagement, talent,

Acteurs solidaires d’un même mouvement,

Rejetant les tiédeurs du ciné de papa,

Bagarreurs acharnés au cri du Ça ira!

Jouant Lordon en vers, Mordillat à l’écran,

Affûtant l’analyse tout en se bidonnant!

 

-Vous n’aviez jamais travaillé avec Jacques Weber?

Pour les alexandrins, j’atteste que Weber

Est un premier violon plus qu’extraordinaire!

Son talent reconnu dès le Conservatoire,

Il fallait bien qu’un jour (nous en avions l’espoir)

Nous travaillions ensemble. Le Grand Retournement

Nous offre l’occasion d’honorer ce serment.

 

-Le rôle du nouveau deuxième conseiller est-il
d’être le porte-parole de l’auteur?

Ah! vous y allez fort! Porter des mots d’auteur?

C’est vouloir la crémière, le lait, l’argent du beurre.

Patrick Mille, il est vrai, porte bien, porte haut,

De Lordon les beaux vers, et de moi les photos,

Mais c’est la voix du peuple, la voix qu’il fait entendre!

C’est un coriace, un dur, l’ennemi du pied-tendre.

C’est la parole vraie, servie sans artifice

Pour flinguer la finance, mère de tous les vices!

 

Gérard Mordillat, pendant le tournage,
avec François Morel et Odile Conseil.

-La première fois qu’on découvre le président de la République,
il tient une manette de console vidéo.

Faut-il y voir un message particulier?

Élie Triffault, c’est clair, fait ici son Hamlet.

Il marche sur des œufs. Est-il rusé ou bête?

Ce jeu qu’il tient en main, dont il bouge le stick,

C’est bien évidemment le crâne de Yorick!

Quant à Patrick Mille, mais vous l’aviez compris,

C’est Ruy Blas s’enquérant de certains appétits!

Contrairement à d’autres, sans morceau de bravoure

Pour se mettre en valeur, il fallait qu’il recoure

À un jeu retenu, froid et déterminé,

Et soit en harmonie avec le texte joué

(Intellectuellement et politiquement).

Il l’a fait sans faillir et formidablement!

Jacques Weber est, lui, statue du Commandeur,

Pater, Barbin, horreur, un duo d’étrangleurs,

Thibault campe Lago, et Franck l’ecclésiastique,

Benjamin, l’écureuil qui saute à l’élastique.

Si Morel est Tartuffe, Baer est… l’extraterrestre.

S’agissant du beau sexe, il manquait à l’orchestre…

Aussi, j’ai modifié (j’aime trop les actrices)

Deux rôles masculins – et ce n’est que justice

Pour Odile Conseil et la reine Christine

(J’entends: la Murillo!) Elles y sont divines.

Christine froufroutante, Odile irrésistible

À déclarer sans rire la presse incorruptible.

Nous sommes au théâtre et c’est du cinéma,

Habile fantaisie qui nous laisse baba!

 

-Justement, comment avez-vous contourné l’écueil
du théâtre filmé?

Eh bien, précisément, ne le contournant pas,

J’ai shooté le théâtre tel un Sam Peckinpah,

Jouant du revolver, en roi du mitraillage,

Et faisant des banquiers une horde sauvage!

Là, tout est mouvement. Et ombre. Et lumière,

Pour qu’enfin à l’écran l’économie s’éclaire.

Je tourne à la hache et je filme au couteau,

Loin de la scène antique et de ses vieux tréteaux.

Seuls m’importent le jeu, les merveilleux acteurs,

L’endroit où Catonné place ses projecteurs…

J’avais déjà tourné les Sonnets de Shakespeare

– Car il faut l’avouer, le théâtre m’inspire –

Mais je me garde bien d’en copier les effets,

Ou pis, de l’illustrer. Je veux l’apprivoiser.

L’arracher à la scène. Je fais du cinéma.

Au Théâtre ce soir ne m’intéresse pas.

Le Grand Retournement paie sa dette au théâtre

Avec l’alexandrin. Mais je l’aurais saumâtre

De ne pas célébrer le cadre et ses mystères

Je veux aimer Molière et les frères Lumière!

Autre chose à ajouter?

Avant de vous quitter, je veux saluer l’auteur,

Économiste hors pair et aussi grand farceur.

Il a, comme Jarry, le goût de l’insolence.

Et Ubu règne encore au pays de Phynance…

Par l’écrit, par l’image, anoblissant Lordon,

Je m’incline bien bas et… Thank you, My Lord, donc!

 

[ARTICLE publié dans l'Humanité du 23 janvier 2013.]

  
 
 
 
 
 
 
 

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Cinéma :

13 Janvier 2013, 08:33am

Publié par PCF Villepinte

les choix de l'Humanité

Humphrey Bogart dans "les Griffes jaunes" de John Huston (1945)

Culture - le 11 Janvier 2013  Mots clés : l'humanité, cinéma, chronique cinéma d'émile breton, festival de cannes 2012,

 

 

 

Retrouvez, chaque semaine, toute l'actualité cinéma avec les critiques de films de la rédaction.
Cette semaine...

Comme un lion de Samuel Collardey
The Master de Paul Thomas Anderson
Paradis : Amour d'Ulrich Seidl
Aujourd'hui d'Alain Gomis
Selkirk, le véritable Robinson Crusoé de Walter Tournier
Une Histoire d'amour d'Hélène filllières 

 

  • Comme un lion, Samuel Collardey. France. 1 h 42.

Par adrien Pécout. Deux agents font miroiter à Mytri, Sénégalais de quinze ans, une carrière de footballeur en Europe. Sa grand-mère qui l’élève s’endette pour lui payer le voyage, mais, sitôt en France, plus aucune trace des agents. Livré à lui-même, sans un sou, il entame un parcours plein de débrouilles sans renoncer à son rêve de footballeur… Inspiré de faits réels, Comme un lion, fiction très documentée, dénonce la réalité 
du foot business tout en livrant une peinture de la classe ouvrière. Avec ce film réaliste, où certains acteurs non professionnels jouent leur propre rôle, Samuel Collardey touche au but.
>>> Lire l'entretien avec le réalisateur, Samuel Collardey

 

 

  • The Master, de Paul Thomas Anderson. États-Unis, 2012, 2 h 17.

Par Vincent Ostria.  Où l’on retrouve le réalisateur Paul Thomas Anderson, six ans après There will be blood, mais surtout Joaquin Phoenix, rescapé de sa farce maous, le mockumentaire I’m still here. Il revient svelte et rasé de près, mais également émacié et marqué. Pas tout à fait guéri, dirait-on, tant le personnage qu’il incarne dans The Master paraît fantasque et dangereux. Il incarne Freddie Quell, ancien marine démobilisé à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, qui devient un vagabond alcoolique, sujet à des crises violentes. Voir la scène spectaculaire où, devenu photographe de portraits dans un grand magasin, il se jette sauvagement sur un client dont la tête ne lui revient pas… Tout le film est résumé dans le titre : The Master. (...) Malgré sa brillante mise 
en scène, 
The Master, fable stylée de Paul Thomas Anderson sur les rapports entre un gourou et un de ses disciples, 
frise la gratuité. >>> Lire la suite

 

  • Paradis : Amour, d’Ulrich Seidl. Autriche, 2 heures.

Par Jean Roy.  On a longtemps pu croire, tout au moins en se limitant aux apparences les plus criantes, que la relation sexuelle tarifée s’est toujours exercée à sens unique depuis que le monde est monde. D’un côté le client, être viril prêt à porter la main à la bourse pour pouvoir succomber à ses vils instincts, de l’autre la prostituée profitant de la situation pour vérifier si le plus vieux métier du monde ne serait pas simultanément le plus lucratif, au moins sans la présence de souteneurs qui sont au métier ce que la vérole est au bas clergé breton, si l’on peut tenter de faire sourire en convoquant San Antonio. (...) À son tour, Ulrich Seidl montre le sexe. Dans sa version hédoniste affirmant le droit au plaisir comme dans sa vision roturière de gagne-pain. Ici, l’inégalité est avant tout sociale. >>> Lire la suite

 

Le choix de Vincent Ostria

  • Aujourd’hui, d’Alain Gomis. France. 2012, 1 h 28. Odyssée.

Auteur de fictions à part, entre poésie et chronique sociale, Alain Gomis poursuit sa route solitaire avec un nouveau héraut, Saul Williams, maestro américain du slam, qui délaisse le verbe pour aller s’ébrouer 
au Sénégal, où il traverse Dakar comme dans un rêve éveillé. Williams joue Satché, un homme accueilli comme un enfant prodigue par sa famille ; elle 
lui annonce qu’il a été désigné pour mourir. Apparemment 
un honneur, puisqu’il est célébré comme un roi ou un demi-dieu par ses proches et la population. Mais il s’extrait de ce cadre sacrificiel pour errer dans la ville, puis retourne dans ses pénates auprès de sa femme et de 
ses enfants, comme si de rien n’était. Un prétexte narratif 
pour une œuvre en roue 
libre d’une grande beauté, 
souvent filmée avec génie 
par un cinéaste qui sait capter mieux que quiconque les petits riens magiques du réel 
pour les intégrer à ses trames mythiques. Alain Gomis 
est une étincelle dans 
un monde grisâtre.

  • Selkirk, le véritable Robinson Crusoé, de Walter Tournier. Uruguay, 2012, 1 h 15

Survie. Gentille version animée pour enfants des aventures d’Alexander Selkirk (1676-1721), marin écossais dont le parcours inspira 
à Daniel Defoe son fameux Robinson Crusoé. Mais le film est tellement simplifié que 
la réalité historique ne compte pas. Cette histoire archétypique de naufragé exécutée 
en pâte à modeler rappelle 
un peu les célèbres productions Aardman (Wallace and Gromit), lesquelles proposèrent récemment un film proche (Les Pirates ! Bons à riens…). Si la modestie artisanale 
de cette œuvre uruguayenne 
est son meilleur atout, elle 
n’est malheureusement 
pas étayée par un surcroît 
de drôlerie ou d’inventivité.

  • Une histoire d’amour, d’Hélène Fillières. France, 2012, 1 h 20. 

Chic et choc. La seule originalité du film est son titre, assez piquant dans le contexte. Cette abracadabrante histoire d’amour sans amour est tirée 
du roman Sévère, de Régis Jauffret, lui-même inspiré 
d’un fait divers : la mort 
trouble du banquier Édouard Stern, assassiné par sa maîtresse, en 2005. Passant pour la première fois derrière 
la caméra, Hélène Fillières 
fait de cet imbroglio un drame pseudo-maso qui satisfera surtout les adeptes du design 
et des véhicules de luxe. Les autres compteront les minutes.

Lire aussi :

La chronique cinéma d'Emile Breton : La belle histoire d’une femme libre

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Laurent Cantet: Foxfire "montre les bienfaits de la résistance"

3 Janvier 2013, 10:27am

Publié par PCF Villepinte

Laurent Cantet

 

Foxfire, confessions d’un gang de filles, le nouveau long métrage de Laurent Cantet, sort aujourd’hui en salles. A cette occasion, le cinéaste, palme d’or en 2008 avec « Entre les murs » a accordé un grand entretien à l'Humanité Dimanche, à retrouver dès jeudi en kiosque. Premier volet de la rencontre.

Deuxième volet: Laurent Cantet, "Foxfire assume l'idée d'être un film classique"

Que vouliez-vous dire en abordant la question de la domination sexuelle masculine?

Laurent Cantet. Il y a d’abord l’envie de ne pas hiérarchiser les oppressions. Le sexisme est le point de départ de leur résistance. C’est l’oppression qu’elles ressentent le plus directement dans leur corps, la plus difficile à justifier. Ce sont des gamines. Elles n’ont pas envie d’être violées par des mecs. Le groupe se constitue face à cette violence. A partir de là, les autres formes d’oppressions leur apparaissent. Le sexisme est presque le déclencheur de cette conscience qui se fabrique progressivement.

Je voulais aussi traiter du racisme et montrer comment, dans ces années là aux Etats-Unis, la question du racisme n’était même pas un problème. Il ne venait à l’idée de personnes de questionner l’idée d’un partage entre Noirs et Blancs. Legs a rencontré d’autres opprimés en maison de redressement. Elle veut créer une maison pour toutes les femmes opprimées de la terre. Elle introduit de la complexité dans la façon de voir le monde de ses copines. Mais elle se heurte à une espèce d’évidence historique puisque les autres filles ne voient pas pourquoi elles intégreraient une Noire dans leur bande.

 

Il y a une forme de désenchantement face à l’universalité de l’injustice…

Laurent Cantet. Il y a plein de choses qu’on ne remet pas en cause, plein d’injustices avec lesquelles on a appris à vivre. Le propre des révoltés et des résistants est de les mettre à jour et de les combattre en espérant créer une prise de conscience plus générale. Historiquement malheureusement, à part des moments de vrai basculement, on vit dans une société assez réactionnaire. Elle endosse des valeurs d’hier et les transmet aux générations à venir. On est plus dans ce type de société que dans celle qui se remet à jour et va évoluer de manière tonique. Le film montre aussi les bienfaits de la résistance. Ce n’est pas juste un constat d’échec des mouvements sociaux.

 

Votre film évoque une société de classes dans les Etats-Unis des années 1950. Que révèle-t-il du monde d'aujourd'hui?

Laurent Cantet. J'ai pensé le film comme une histoire qui avait des résonances aujourd'hui. J'espère qu'on les perçoit. J’ai décidé de le traiter dans les années 1950 pour des questions assez techniques de narration. J'avais besoin de la liberté totale dont jouissent les filles. Elles ne seraient plus possible aujourd'hui. Une bande de gamines qui décident à 15 ans d'aller vivre dans une ferme abandonnée serait tout de suite prise en mains par les services sociaux. Le contrôle social s'exercerait beaucoup plus fort sur elles. J'avais besoin de cette époque et des Etats-Unis pour cela, même si on a tourné au Canada. A la lecture du bouquin, les images qui me venaient étaient américaines. A chaque fois que j'ai essayé de les transposer, je ne croyais plus à ce que je racontais. Ce moment est l’époque du grand rêve américain, celle où l'on croit aux lendemains qui chantent. J’avais envie de montrer les laissés pour compte de ce rêve. Ceux qui n’en auront jamais les bienfaits.

Malheureusement, je crains que ce soit encore plus vrai aujourd’hui. Il y a encore plus de disparités entre les espoirs et le bien être des uns et le désespoir et l’absence de perspectives pour les autres. La forme de leur révolte me semble assez contemporaine. Elles sont assez proches des indignés et de ces mouvements spontanés qui, progressivement, se transforment en groupe de luttes. La scène des graffiti où Legs écrit «dollar=merde=mort» face aux autres qui la regardent religieusement faire pourrait se retrouver sur une vitrine à Paris ou à Athènes. On est dans un contexte et dans une sémantique de la lutte comparables

Vidéo: la bande-annonce de Foxfire

Ces dernières années, plusieurs films ont mis en scène des mouvements révolutionnaires avec des acteurs et des actrices aux allures de gravures de mode, introduisant l’idée étrange qu’il fallait être beau pour faire la révolution ou se rebeller…

Laurent Cantet. De manière générale, mes films aiment bien éviter ça. C’est aussi pour cette raison que j’aime bien travailler avec des acteurs non professionnels. On ne va pas chercher la jeune fille la plus glamour, celle que les magazines auront envie d’avoir sur leur couverture. Je vais chercher les gens les plus conformes à une réalité que j’ai envie de restituer assez précisément. Les critères que  j’ai au moment du casting sont assez difficiles à cerner. Même pour moi. Je fonctionne un peu au coup de cœur comme on peut avoir envie d’être ami ou de tomber amoureux de quelqu’un. Heureusement, on ne tombe pas uniquement amoureux des femmes qu’on voit sur les couvertures de magazine. Le maquillage et les costumes contribuent à amplifier le côté papier glacé que peuvent avoir certaines actrices. Je veux l’éviter au maximum. Je m’entoure de gens qui ont accepté l’idée qu’on allait essayer d’être le plus vrai et le plus juste possibles et pas de faire une image glamour. C’est d’abord une position de principe où j’essaie d’être le plus proche d’une réalité quotidienne de gens qu’on croise dans la rue.

 

Comment expliquez-vous ce désir?

Laurent Cantet. En tant que spectateur, je suis souvent attiré par des films qui me permettent de me poser des questions sur ce qu’il se passe autour de moi. C’est vrai que l’espèce de « naturalisme » fonctionne mieux en tant que spectateur. J’aime filmer les personnages dont j’espère qu’ils vont me renvoyer l’image de la complexité de l’humain. Plus on schématise les choses, plus on les lustre, plus on a des chances d’évacuer cette complexité.

Deuxième volet: Laurent Cantet, "Foxfire assume l'idée d'être un film classique"

  • A lire aussi:

Un temps pour vivre, un temps pour mourir, la critique de Jean Roy

Tous nos articles et entretiens consacrés à Laurent Cantet

Entretien réalisé par Michaël Melinard

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Les règles du jeu... « Télé Gaucho », un film de Michel Leclerc

28 Décembre 2012, 09:14am

Publié par PCF Villepinte

Chronique, par Thomas Bauder| 12 décembre 2012 (REGARDS.fr)

Deux ans après Le Nom des Gens, fable sur l’engagement, Michel Leclerc signe une nouvelle comédie politique directement inspirée de ses années d’activiste audiovisuel à Télé Bocal. Pas une grande œuvre esthétique, mais film foutraque et bienveillant, plus fin dans ses analyses du monde audiovisuel et de la société militante qu’il n’en a l’air. A voir.

 

Qui se souvient de Télé Bocal ? Pour ceux qui ont moins de trente ans, ou qui ont passé les années 90 en dehors de notre système solaire, rappelons cette expérience politique, ludique, anti conformiste, qui consista, depuis un squat de la cité Aubry dans le XXème arrondissement, à fabriquer, de façon plus ou mois régulière, des programmes audiovisuels dont la diffusion se faisait après coup, et via cassettes VHS dupliquée, dans différents lieux de sociabilité de la capitale, en deux mots, des bistrots. Cinq années durant Michel Leclerc participa à cette aventure commencée lorsque les caméscopes ont remplacé les caméras. « Faire de la télé devenait alors à la portée de tous ». Pas faux.

Aujourd’hui le squat de la cité Aubry a laissé la place à un programme immobilier privé. Et si la télévision mainstream a connu une révolution, c’est plutôt celle, rétrograde de la low-costisation des programmes, de la précarisation des professions, menée à bien par des dirigeants débarqués tout droit du marketing et de l’industrie dans cet univers où les saltimbanques, quoiqu’on en pense, constituaient encore jusqu’au tournant des années 2000 le gros des troupes. Revenir plus de dix ans en arrière, c’est donc déjà exprimer une certaine nostalgie pour une époque où le seul enchantement tenait à des mobilisations généreuses et collectives et à la façon de les relayer dans les espaces publics. « Ma parenthèse enchantée » déclare Leclerc. Et pour pas mal d’entre nous aussi.

Le film pourtant démarre assez mal. Dans l’univers petit bourgeois d’une lointaine banlieue blanche, Hugo se rêve en cinéaste de la nouvelle vague, quand sa mère pense que Pasolini est une marque de pâtes… Une famille de téléfilm, donc, telle qu’elle se diffuse ad nauseum dans les programmes du type « fais pas ci, fais pas ça » ou « scènes de ménage », et au sein de laquelle la connerie douce tient lieu d’existentialisme et l’inculture de valeur morale. Par une série d’artifices scénaristiques bancals, Hugo se retrouve à Paris, stagiaire dans le pire talk show qui soit, installé par Papa Maman dans une chambre de bonne de la rue de Bagnolet. L’aventure à proprement parler peut commencer, une fois Hugo ayant rencontré Jean Lou, escroc à la petite semaine et leader incontesté d’un phalanstère audiovisuel dans lequel le management s’appelle autogestion. A ce titre « l’entretien d’embauche » de l’un par l’autre, et la réplique : « tu sais tourner ? Non. Bon, ben tu prends la caméra » tient lieux à la fois de synecdoque de l’esprit des lieux tout autant que d’argument programmatique à la fiction. C’est donc cette bande de plus ou moins joyeux drilles, dotés d’un sens de l’indignation et de la révolte qui n’a d’égal que le nombre de bras gauches qui la constitue, qui sera au cœur du film et c’est tant mieux.

Le fait est assez rare pour être signalé. Par delà le ton de la comédie, et la forme assez standardisée de la réalisation de Michel Leclerc, ce qui se donne à voir avec Télé Gaucho c’est un film sur le collectif. Pas un film choral dans lequel chacun joue sa partition, ni un film de bande au sens Hollywoodien du terme, mais un film sur la délibération et l’action d’un collectif dans lequel l’engagement des uns se répercute sur les trajectoires des autres. Un film sur un groupe de gauche, marginal, mouvementiste, alternatif certes, mais un film de gauche, sans conteste. D’ailleurs les dialogues travaillent assez finement à pointer les contradictions et l’ambiguité militante des personnages, du révolutionnaire radical qui habite chez ses vieux, porte d’Auteuil, et qui n’aimerait pas que cela se sache, à la passionaria, chiante à force de tout prendre sous l’angle de l’indignation, en passant par le leader charismatique, qui « s’il n’était pas de gauche serait un vrai facho », et tous les autres que l’on reconnaîtra pour les avoir déjà croisé en vrai…

S’il fallait en rajouter, il faudrait saluer ce film au moins pour avoir dévoilé, via les rapport conflictuels avec HT1, la télé ennemie, et le personnage de président du CSA, ce qu’est véritablement le petit écran : un espace pour les publicitaires et les annonceurs. Le fait n’est pas nouveau et n’a pas attendu les déclarations de Patrick Le Lay sur le temps de cerveau disponible. Il est à l’origine même de la télévision. Ce qui ne veut pas dire que rien de bon ne peut en sortir. La preuve Télé Gaucho est coproduit par TF1 et France 2. On peut penser que la faiblesse du film tient justement au fait que le scénario a du se faire tout petit politiquement pour être accepté par les deux mastodontes nationaux. On peut aussi espérer que sa force de subversion foraine sera révélé le soir ou le film sera diffusé par l’un puis par l’autre. Pendant près de deux heures, quelques millions de téléspectateurs découvriront enfin Télé Bocal. On ne peut que souhaiter que cela suscite des vocations.

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Pour les enfants, « Curieuse, Bavarde et Coquette », malicieusement féministe

25 Décembre 2012, 08:16am

Publié par PCF Villepinte

Culture - le 24 Décembre 2012

 

 

Superbe idée de cadeau, le conte de Michel Piquemal administre une judicieuse pichenette contre les préjugés. Belle illustration de Bruno Robert.

Remarqué pour  « Les philo-fables » qu’il a publiées et dont se sont emparés nombre d’enseignants pour initier les jeunes à la philosophie, Michel Piquemal vient égayer les fêtes des enfants avec le livre « Curieuse, Bavarde et Coquette », illustré par Bruno Robert. « Un conte malicieusement féministe », explique-t-il. C’est une superbe idée cadeau. L’écrivain biterrois fait confiance à l’intelligence des enfants. Et la clarté de l’ouvrage mène à bien sa mission.

Un roi, père de trois filles, se désespère de n’avoir pas eu de fils pour lui succéder. « Avoir des filles est une calamité », pensait-il. Et ne voyait en elles que des défauts. Mais la confiscation du royaume par un ennemi fournit l’occasion aux princesses de dévoiler leur valeur. Curieuse, Bavarde et Coquette transforment en qualités ce que d’aucuns considèrent comme des faiblesses. L’auteur biterrois ne se perd nullement en grands discours. La morale de l’histoire apparaît progressivement. Une bien jolie pichenette contre les préjugés...
 
Rigueur et fantaisie

Ce conte articule habilement une écriture plutôt classique et un esprit délibérément moderne. La plume de Piquemal et l’illustration – de Bruno Robert, qui a déjà publié plusieurs albums jeunesse – ont en commun cette vertu consistant à conjuguer judicieusement rigueur et fantaisie. Chaque dessin est une véritable composition. Les éléments qui constituent un tableau sont minutieusement élaborés et, à l’instar du mot chez Michel Piquemal, manient la précision tout en préservant un mystère. L’espace, suggéré par le dessinateur, ou le sens du silence, cultivé par l’auteur, ouvrent l’imaginaire du lecteur.

On peut également offrir le précédent livre de Michel Piquemal, « Liu Chan et la carpe sacrée », que l’auteur présente à la façon d’un conte chinois sur les croyances et les superstitions. Une dimension philosophique vient s’ajouter à la portée poétique du texte.

 

  • Infortmations pratiques

« Curieuse, Bavarde et Coquette », Editions du Ricochet, texte de Michel Piquemal, illustrations de Bruno Robert, 31 pages, 14,70 euros, à partir de 3-4 ans.
« Liu Chan et la carpe sacrée », Editions du Ricochet, texte de Michel Piquemal, illustrations de Quitterie de Castelbajac, 33 pages, 14,70 euros, à partir de 3-4 ans.

Bibliographie non exhaustive de Michel Piquemal, comme auteur :
« Petites et grandes fables de Sophios », Albin Michel 2003
« Les philo-fables », Albin Michel 2002
« Mon premier livre de sagesse », Albin Michel 2001

Fara C.

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Lundi, dans l'Humanité: hommage à Louis Aragon

23 Décembre 2012, 09:00am

Publié par PCF Villepinte

L'Humanité du 25 décembre 1982

 - le 21 Décembre 2012

 

Mots clés : l'humanité, louis aragon,

 

 

Retrouvez ce lundi dans votre quotidien notre hommage à l'écrivain, à l'homme politique, au combattant.

"Plus tard plus tard on dira qui je fus." Trente ans après la disparition de Louis Aragon, l'Humanité sera au rendez-vous que le poète avait donné dans son appel aux "hommes de demain", sur quoi s'interrompt le Roman inachevé.

A découvrir dans notre édition de lundi:

  • Les contributions exceptionnelles de Jean Ristat, Roland Leroy et Nicolas Mouton

Et toujours disponible le hors série de l'Humanité consacré à Louis Aragon

 

Aragon, aujourd'hui - Carte blanche à Roland... par CN-PCF

  • A voir aussi:

 Aragon aujourd'hui, rencontre Jean d'Ormesson-Roland Leroy

A lire aussi sur l'Humanité.fr:
 

Denis Podalydès: "Nous sommes faits de Louis Aragon"

Louis en son moulin, par Edmonde Charles-Roux

A la pointe de l'Île, l'Aragon de Paris

 

Est-ce ainsi que les hommes vivent? interprêté par Bernard Lavilliers

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Culture

6 Décembre 2012, 16:49pm

Publié par PCF Villepinte

Pierre Laurent : "L'un des génies de l'architecture du XXe siècle vient de s'éteindre" 
6 Décembre 2012
 

 

 

L'un des génies de l'architecture du XXe siècle vient de s'éteindre. Le Brésil et le monde sont en deuil. Oscar Niemeyer n'est plus. Le Parti communiste français perd l'un de ses camarades les plus fidèles ; un de ses camarades les plus créatifs, celui qui a donné aux communistes de France leur siège, place du Colonel-Fabien à Paris.

Oscar Niemeyer, militant communiste brésilien menacé par la dictature dans son pays, avait trouvé asile en France en 1966. C'est dès cette année-là que naquit l'idée d'élever la maison des communistes, à l'emplacement de ce qu'avait été le point de ralliement, d’accueil et de transit des volontaires de toutes nationalités qui constituèrent les Brigades internationales de solidarité avec la République espagnole attaquée par le général fasciste Franco. Cette œuvre, l'Espace Oscar-Niemeyer, qui fut conçue par lui pour « représenter la lutte commune contre la misère, la discrimination, l'injustice » est à présent classée au titre des monuments historiques.

Travailleur acharné, Oscar Niemeyer a mené une existence de bâtisseur et de novateur, mettant au monde des œuvres imaginées pour que « les hommes et femmes heureux sentent la vie dans toute sa plénitude et sa fragilité ». S'entourant de multiples talents, Oscar Niemeyer prit soin de former de nouvelles générations d'architectes, de techniciens et d'ingénieurs.

A son retour au Brésil, il a pensé et créé Brasília, la nouvelle capitale, comme « un acte démocratique » pour sa nation.

Oscar Niemeyer portait en lui la jeunesse du communisme, il l'a portée jusqu'à son dernier souffle. Son œuvre est révolutionnaire parce qu'il aimait l'humanité et la vie qui n'a de sens que dans la solidarité et la fraternité du genre humain.

Le Parti communiste français partage la profonde peine de sa famille en se joignant à l'hommage national et international qui lui est rendu en ce 6 décembre, et convie les amis et admirateurs d'Oscar Niemeyer à venir témoigner leur affection au siège du PCF à Paris où un cahier de condoléances est ouvert. Le PCF organisera prochainement un hommage public et deux journées portes ouvertes permettant aux Parisiens de visiter l'œuvre du créateur extraordinaire que fut Oscar Niemeyer.

Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français

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Création artistique, politiques culturelles…L’art est-il soluble dans la rigueur ?

5 Décembre 2012, 07:56am

Publié par PCF Villepinte

 

art

SEINE SAINT DENIS:Budgets en baisse, dépense publique asphyxiée, face à la pression des idées de la droite et du MEDEF, notre mobilisation est nécessaire.

Le collectif PCF art et création 93 vous invite à une réunion publique pour que se rencontrent acteurs et militants de l’art et de la culture, militants de gauche, élus et professionnels afin de promouvoir les mobilisations nécessaires à l’inversion du rapport des forces avec notamment :

Alain Hayot, délégué national à la culture du PCF Hervé Bramy, responsable du PCF 93, maire adjoint à la culture du Blanc-Mesnil Alain Foix, auteur, dramaturge Denis Vemclefs, directeur de l’Espace 1789, politiques publiques Irène Ruszniewski, plasticienne, scénographe, présidente du CA de la MDA-Sécurité Sociale, syndicaliste SNAP CGT et des artistes, musiciens, plasticiens, du spectacle vivant…

Jeudi 13 décembre 2012 à 19 h à la Parole Errante, rue François Debergue (M° Croix de Chavaux)

 

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RUE 89

18 Novembre 2012, 13:53pm

Publié par PCF Villepinte

Rétro 17/11/2012 à 14h28
« 33 révolutions par minute » : la contestation en quatre chansons
Envoyer l'article par emailLa couverture de « 33 révolutions par minute »
 

 

 

Réaliser un panorama des chansons de contestation sur près d’un siècle, c’est ce qu’a tenté Dorian Lynksey, journaliste musical au Guardian.

Enfin traduit de l’anglais et paru le 17 octobre aux éditions Rivages, son ouvrage « 33 révolutions par minute » retrace les grands moments de la « protest song » anglophone de Billie Holiday à – tenez-vous – Green Day, en 33 chapitres, chacun dédié à une chanson rebelle qui a marqué sa génération.

Ces deux tomes sont brillants, d’abord parce qu’ils évitent les écueils du journalisme musical, c’est-à-dire une littérature pour initiés, souvent absconse. Pas besoin donc d’avoir passé de longues heures à fouiller les cartons de vinyles de ses grands parents et parcouru Wikipédia de fond en comble pour se plonger dans le livre de l’auteur britannique.

L’ouvrage nous rappelle quelque chose d’essentiel qui a disparu des esprit depuis une bonne décennie : la musique n’est pas toujours un objet de divertissement ou un bien de consommation.

L’auteur plonge le lecteur dans les racines de la « protest song » : une société déchirée par le racisme, la pauvreté, les drogues et autres émanations d’un mal-être existentiel. Quatre morceaux illustrent à merveille le travail et la démarche de Lynksey.

Billie Holiday - « Strange Fruit »

Billie Holiday - « Strange Fruit »

1939, l’Amérique n’est pas encore entrée en guerre. Le pays se déchire sur la question de la ségrégation raciale et des droits des afro-américain, clivé entre un Nord progressiste et un Sud ostensiblement raciste.

Une jeune chanteuse noire inconnue, Billie Holiday, interprète un poème d’Abel Meeropol dans ce qui deviendra l’une des plus grande protest song de l’histoire : « Strange Fruit ».

Le « fruit étrange » évoqué dans la chanson n’est autre que le corps d’un Noir pendu à un arbre se balançant dans « la brise du Sud ». La chanteuse vient de donner à la communauté afro-américaine l’une de ses armes les plus puissantes : la musique comme expression militante de sa révolte.

« Les lampes s’éteignent, et seule la lumière crue d’un projecteur illumine Holiday. Dans la salle, tous les yeux sont tournés vers la chanteuse, toutes les oreilles boivent la chanson.

Après le dernier mot, toute la salle est plongée dans l’obscurité. Quand la lumière se rallume, Holiday n’est plus là.

Maintenant vous vous demandez : est-ce que vous applaudissez parce que vous êtes impressionné par le courage et l’intensité de la prestation, transi par la poésie lugubre des paroles, parce que vous sentez que l’histoire traverse la salle ?

Ou est-ce que vous vous agitez avec embarras sur votre chaise, en frissonnant à cause des étranges vibrations qui flottent dans l’air ? »

2

James Brown - « Say It Loud - I’m Black and i’m Proud »

 

En 1968, « mouvement des droits civiques », « révolution » et « Black Panthers » sont sur toutes les lèvres en Amérique. Le nom de Martin Luther King aussi : il vient d’être assassiné.

Alors que les quartiers afro-américains et les villes s’embrasent une à une, secoués par des émeutes sans précédents, James Brown tente de s’ériger en alternative révolutionnaire à la non-violence : c’est le « Black Power ».

« Say It Loud - I’m Black and I’m Proud » est un titre engagé, fruit de l’ambition et du narcissisme de James Brown qui se voyait comme un leader et se pensait capable de faire marcher l’Amérique au rythme de sa batterie.

Le chanteur était persuadé qu’il pouvait faire changer les choses, mettre fin aux divisions de la communauté afro-américaine et s’unir dans la « fierté d’être noir ».

« “Say It Loud - I’m Black and i’m Proud” a montré que le funk était assez malléable pour servir de moyen d’expression à la protestation. Le son, urgent, tranchant et répétitif, était sur mesure pour un bon slogan.

Brown l’a interprété comme un pasteur, proférant les couplets (malgré tout avec ses gémissements et ses grognements habituels) et dirigeant les refrains.

“Say it loud !” [Criez le ! ], ordonnait-il. “I’m Black and I’m Proud !” [Je suis Noir et fier ! ], criaient les enfants autour de lui. Brown laissait les autres désigner les coupables et préférait célébrer le bon côté des choses. »

3

Grandmaster Flash & The Furious Five - « The Message »

 

Grandmaster Flash & The Furious Five - « The Message »

En 1982, un jeune New-Yorkais sur trois est sans emploi. Les Noirs s’entassent dans les multiples ghettos que compte la mégalopole, mais peu atteignent la misère du South Bronx. C’est dans ce terreau de violence et de pauvreté que naît le hip hop engagé.

Que Grandmaster Flash, DJ pionnier et légende du mouvement hip hop, ait grandi dans le Bronx n’est donc pas une surprise. Il est pourtant bien différent de l’image que le « gangsta rap » a propagé par la suite. Sérieux, studieux, geek et se pliant à une discipline martiale stricte...

Flash ne correspond pas vraiment à l’idée qu’on pourrait se faire d’une superstar du hip hop. Le morceau « The Message » qui reprend la ligne de basse de Chic dans « Good Times », témoignage cru du quotidien dans le Bronx, s’apprête pourtant à inonder les stations radios et les pistes de dance du monde entier et faire du DJ le top du cool.

« Dans “The Message”, rien n’est dissimulé. Les appartements infestés de cafards et les écoles délabrées, les junkies en manque et les clochardes miteuses, les putes et les criminels, l’inflation, le chômage et les grèves : tout était en train de s’effondrer. »

« “The Message” était une protest song formulée comme un ultimatum. Elle restait en équilibre entre l’humanisme angoissé de la soul des années 70 et le nihilisme tonitruant du gangsta rap. »

4

The Prodigy feat. Pop Will Eat Itself – « Their Law »

 

The Prodigy - « Their Law » (feat. pop will eat itself)

Au milieu des années 90, la Grande-Bretagne est secouée par l’effervescence de la musique électronique se traduisant par des raves party où drogue et alcool se côtoient.

Souvent imputée aux mandats austères et conservateurs de Margaret Thatcher, la rébellion incarnée par la techno et la house apparaît comme totalement hédoniste et détachée des engagements politiques qui ont sous-tendu les « protest songs » durant un demi-siècle.

Le groupe britannique The Prodigy appartient à ce mouvement qui « veut faire du bruit ». Inspirés par le producteur et rapper Dr Dre et le groupe de métal américain Rage Against The Machine, The Prodigy enregistrent « Their Law » pour critiquer les nouvelles législation du gouvernement Major visant à interdire les raves.

Une révolte, oui. Des idéaux, pas vraiment, comme l’a confirmé le leader Liam Howlett en désignant « Their Law » comme « un album contre le gouvernement qui nous empêche de faire la fête, un point c’est tout ».

« Howlett pour sa part a écrit le vers violemment accrocheur “fuck ’hem and their law” [je les emmerde eux et leur loi]. Le disque incarnait ce qu’il cherchait à défendre : l’ivresse pure et cathartique de la musique follement tonitruante. Le beat percutant était sans doute plus efficace que n’importe quelle parole. »

On pourrait aussi évoquer l’afrobeat hypnotique de Fela, la soul éclairée de Stevie Wonder, la sensibilité mélancolique de Nina Simone ou le punk agitateur de The Clash. Le livre le fait à merveille.

Pour ne pas vous quitter frustrés, on a reconstitué pour vous la BO intégrale du livre, 33 protest songs qui ont marqué un siècle de rébellions.

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