Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Retraites

16 Mars 2023, 07:42am

Publié par PCF Villepinte

La rue appelle le gouvernement

à un sursaut démocratique

La réforme des retraites a été adoptée en commission mixte paritaire alors que des centaines de milliers de manifestants ont défilé contre, mercredi 15 mars. Elle doit désormais être examinée au Sénat, puis à l’Assemblée, ce jeudi. Avec un 49.3 au bout?

L'Humanité Jeudi 16 mars 2023

Cyprien Caddeo

Place des Invalides, à Paris, le 15 mars. Alain Jocard/AFP

Impossible d’ignorer un tel contraste. D’un côté, des centaines de milliers de personnes, à Paris et en province, à nouveau mobilisées pour dire leur refus catégorique et inchangé de la réforme des retraites. De l’autre, quatorze parlementaires, dont dix de droite déjà d’accord entre eux, fignolant le texte envers et contre tout le monde dans le huis clos feutré de l’Assemblée nationale.

D’un côté, la rue qui conjure de respecter la démocratie et l’opinion majoritaire. De l’autre, une minorité pro-réforme persuadée d’avoir la Constitution de son côté.

La commission mixte paritaire (CMP) réunissant sénateurs et députés, mercredi 15 mars, a donc été conclusive. Macronistes et LR se sont mis d’accord sur une version commune du texte qui comprend, entre autres, le recul de l’âge de la retraite à 64 ans.

Hasard des tempos, le fameux article a été adopté à 14 h 30, quelques minutes après que le cortège parisien s’est élancé de la place des Invalides, située à quelques pas de l’Assemblée nationale. Difficile d’échapper, depuis le Palais Bourbon, aux ­clameurs de la rue.

« C’est grave que la réforme la plus importante du quinquennat, selon le président de la République, soit négociée en cachette »

La CMP, certes prévue dans les textes de loi pour éviter une interminable navette entre Assemblée et Sénat, passe mal auprès des syndicats, qui y voient le signe d’un «déni démocratique» de plus et ont appelé à battre le pavé le même jour.

«Jai cru comprendre qu’il y a eu beaucoup de discussions secrètes avant la CMP, rumine Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. C’est grave que la réforme la plus importante du quinquennat, selon le président de la République, soit négociée en cachette.» Ce, alors que les négociations syndicales, elles, ont été abandonnées par le gouvernement, Emmanuel Macron ayant même refusé de rencontrer l’intersyndicale.

Dans les cortèges, le sentiment d’une atteinte profonde à la démocratie revient souvent. Nadège, ex-institutrice, exprime sa colère: «Il faut que les députés comprennent que ça va laisser des traces. On se souviendra du vote de chaque député, de ceux qui devaient nous représenter et nous ont trahis. Ceux-là ne seront même plus députés à mes yeux!»

«Cest un vol de temps de vie, à huis clos, dans le dos des Français»

Yannick, badge CGT épinglé au blouson, dit ne rien attendre des macronistes: «Ce sont des Playmobil, ils ne comprennent rien à la démocratie, que le rapport de force. Alors on ne lâchera rien jusquau retrait de la loi, quelle soit votée ou non, demain.»

Minoritaire en CMP, la gauche a cherché à redonner de la voix dans les manifestations. Le député insoumis Ugo Bernalicis dénonce une négociation «derrière les murs»: «LAssemblée a été pensée pour que le peuple gouverne par le peuple et pour le peuple. On en est loin, il y a un mépris incroyable vis-à-vis des Français.» «Dans quel état vont-ils laisser le pays?» s’inquiète son collègue de la Nupes, le ­député Génération.s Sébastien Peytavie .

«Dix parlementaires se sont arrangés entre eux. Cest un vol de temps de vie, à huis clos, dans le dos des Français», a également fustigé le communiste Fabien Roussel, estimant que «la brutalité est du côté du président», tandis que «le peuple qui manifeste est légitime».

Le 49.3, scénario du «pire»

La suite de l’histoire s’écrit donc ce jeudi 16 mars. La loi doit être votée en termes identiques dans les deux chambres. D’abord au Sénat, où les explications de vote commenceront à 9 heures, puis à l’Assemblée nationale, à partir de 15 heures. C’est vers le Palais Bourbon que tous les regards sont déjà tournés.

Pour l’heure, le gouvernement n’est pas encore certain d’y avoir la majorité pour voter le projet de loi, même avec une CMP conclusive. «Les députés qui sont les représentants des citoyens ne peuvent pas rester sourds aux millions de voix qui sexpriment depuis deux mois. Par leur vote, ils peuvent montrer qu’ils sont à l’écoute», appelle le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.

«Chacun peut mettre son député face à ses responsabilités, abonde Laurent Escure, numéro un de l’Unsa. Vous êtes contre ou avec les salariés et les citoyens de ce pays?» À Matignon, depuis plusieurs jours, on compte et recompte les députés acquis à la cause, heure par heure. Certains élus LR sont toujours opposés à la réforme, auxquels il faut ajouter deux ou trois éventuels frondeurs macronistes.

Suffisamment pour faire tomber le projet de loi? Difficile à dire, mais la marge est assez étroite pour que lhypothèse dun 49.3 soit évoquée, côté exécutif, pour s’éviter lhumiliation dune défaite lors dun scrutin public.

Une sorte de cerise antidémocratique sur un gâteau déjà bien épais

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a certes juré que la question n’avait pas été abordée en Conseil des ministres, le 15 mars, mais le même avait rappelé deux jours plus tôt, au cas où, que le 49.3 est un «outil constitutionnel» tout à fait légal.

L’emploi de l’article controversé de la Constitution serait une sorte de cerise antidémocratique sur un gâteau déjà bien épais: détournement de procédure avec larticle 47.1, débats réduits dans le temps avec le PLFRSS, vote bloqué au Sénat (article 44.3), limitation des prises de parole (article 38 du règlement sénatorial)…

«Même un vote emporté de justesse ne résoudrait pas la crise démocratique, le décrochage démocratique des institutions éclate d’évidence», tacle Bernard Thibault, ex-numéro un de la CGT. Dans ce contexte, le 49.3 serait le scénario du «pire», selon Philippe Martinez. «Cela provoquerait une immense colère», avertit Laurent Berger.

Dans tous les cas, l’exécutif s’exposerait à une motion de censure possiblement transpartisane. Ce sera cette fois à l’opposition de tenir une feuille de calcul pour voir si elle a la capacité à faire tomber le gouvernement, sachant qu’il y a peu de chance que LR (62 députés) la vote. Le président du groupe, Olivier Marleix, a menacé d’exclusion quiconque signerait une motion de censure issue d’un autre groupe.

Le gouvernement pourrait donc faire l’affront inique d’un nouveau 49.3. Ce serait rester sourd au front majoritaire d’opposition, prendre le risque de disloquer davantage le pays et ignorer le message d’alerte lancé dans les cortèges: «Ressaisissez-vous et renoncez.»

 

 

Voir les commentaires

ENTRETIEN

15 Mars 2023, 10:21am

Publié par PCF Villepinte

 «Cessons de caricaturer

et d’exploiter la jeunesse»

 

À 27 ans, Salomé Saqué, journaliste, publie Sois jeune et tais-toi. Réponse à ceux qui critiquent la jeunesse. Pour la journaliste, il est urgent de changer de regard sur la génération Z.

L'Humanité Mercredi 15 mars 2023

Nadège Dubessay

FRED SCHEIBER/SIPA

Lassée de voir les jeunes de sa génération qualifiés de «paresseux», «incultes», voire «égoïstes et individualistes», la journaliste de Blast a mené lenquête pour tordre le cou à ces jugements infondés.

À travers des témoignages et sa propre expérience, Salomé Saqué décortique les mécanismes d’une stigmatisation qui sert parfois de paravent à l’immobilisme des classes dirigeantes sur le changement climatique et à une vision utilitariste de la jeunesse, vue comme de la chair à stages et autres emplois sous-payés.

Quelle a été votre motivation pour l’écriture de ce livre?

Depuis longtemps, j’avais envie de me pencher sur l’incompréhension qu’il peut y avoir vis-à-vis des jeunes. C’est un sentiment que j’ai eu dès l’adolescence. Lorsque j’avais une opinion à donner, j’avais toujours la sensation que ma parole était moins écoutée que celle des adultes. Comme s’il y avait un discrédit immédiat.

Quand j’ai débuté dans le journalisme, le phénomène s’est intensifié. En tant que très jeune journaliste, je n’avais pas la même légitimité. Je me suis aperçue que nous étions plusieurs à ressentir cet agacement. J’avais commencé à faire des recherches, à recueillir des témoignages.

En mai 2022, quand un actionnaire de TotalEnergies, âgé d’une soixantaine d’années, a insulté une jeune militante pour le climat en la traitant de «connasse» et en lui crachant «crève et fais pas chier!», là, je me suis dit qu’il fallait vraiment que j’y aille.

Vous avez rencontré une centaine de jeunes, dans toute la France, issus de toutes les catégories sociales. Qu’est-ce qui vous a le plus marquée?

Leur abattement, leur fatigue. Nous sortions à peine des confinements et le Covid a été une épreuve extrêmement rude pour eux. Y compris pour ceux issus de milieux favorisés.

J’ai aussi été frappée par leur inconscience des inégalités. Ceux qui galèrent le voient bien, mais ils ne savent pas exactement pourquoi et ont tendance à rejeter la faute sur eux-mêmes, à se dévaloriser. Beaucoup sont dans l’autoflagellation.

Vous expliquez que ces attaques ont gagné en intensité ces dix dernières années. Pourquoi?

Le traitement injuste réservé à la jeunesse résulte de la place donnée aux éditorialistes – qui sont souvent des hommes d’un certain âge – sur les plateaux de télévision et de l’augmentation des tensions sociales liées aux politiques néolibérales.

En 2012, l’Observatoire des politiques de la jeunesse avait publié une étude où les chercheurs expliquaient comment les médias n’avaient fait qu’accentuer cette tendance à diviser la jeunesse en deux: les dangereux, au premier rang desquels figuraient les jeunes hommes de banlieue, et les fragiles, à la dérive, quil fallait protéger et accompagner. Une image binaire qui manquait de nuances et, surtout, qui ne donnait pas la parole aux premiers concernés. Cette transformation du système médiatique laisse de moins en moins de place à des articles de fond et facilite la stigmatisation de la jeunesse.

Durant le Covid, les médias ont pourtant enfin reconnu la grande précarité des jeunes…

Oui, mais très tardivement. Au cœur de la crise, au moment où les jeunes avaient besoin de soutien, ils étaient, selon les médias, irresponsables, propagateurs du virus. On a vu cette traque, avec des articles entiers sur une fête dans un appartement…

La rave party en Bretagne a occupé la une des journaux en continu pendant des semaines, pour savoir si ces jeunes devaient être punis ou non… Huit mois plus tard, on s’apercevait qu’ils remplissaient par milliers les files d’aide alimentaire. Les politiques publiques sont arrivées à la traîne, et avec des mesures totalement insuffisantes.

Les jeunes sont plus diplômés, mais le taux d’emploi précaire des 15-24 ans est passé de 17,3% à 52,6% entre 1982 et 2020. Pourquoi les dispositifs ont-ils échoué?

Contrairement aux idées reçues, les jeunes travaillent. Ils sont pléthore dans des emplois extrêmement précaires, flexibilisés. Ce sont les premiers abonnés au statut d’autoentrepreneur. Avec l’apprentissage, les stages qui s’enchaînent, l’alternance… ils se donnent à fond et remplacent des emplois, sans aucun espoir d’embauche. Juste pour avoir une ligne en plus sur leur CV.

Ces dispositifs subventionnés par l’État coûtent cher. Mais les entreprises sont les premières à bénéficier d’une main-d’œuvre extrêmement peu coûteuse, voire gratuite. Arrêtons de croire qu’il s’agit d’améliorer les conditions de la jeunesse. On atteint des sommets avec le Service national universel, qui va coûter extrêmement cher.

Cette idée d’ordre, d’uniforme, plaît aux plus âgés, à l’électorat d’Emmanuel Macron. À côté, les besoins essentiels des jeunes – l’accès aux études, à l’emploi, au logement – ne sont pas pris en compte. Et l’ensemble des dispositifs jeunes de ces derniers quinquennats est de la même nature.

Selon vous, l’inégalité des chances s’est-elle accrue?

Ce qui est certain, c’est que l’accès au patrimoine s’est vraiment dégradé. Il est de plus en plus difficile d’y avoir accès par la force du travail. La richesse d’une vie est liée à l’héritage.

Aujourd’hui, les écoles privées fleurissent, le marché des cours particuliers explose. Alors, bien sûr, la reproduction sociale est extrêmement forte.

Difficile d’aborder la jeunesse sans parler des réseaux sociaux. Pourquoi parlez-vous d’«idéologie méritocratique»?

Internet est un produit du néolibéralisme dominé par les Gafam. Les jeunes sont nés avec cet espace extraordinaire, terrible aussi. Beaucoup voient dans leurs influenceurs préférés l’illusion d’une réussite possible.

Face aux difficultés qu’ils rencontrent, au pessimisme lié à la crise écologique, on leur propose un monde merveilleux, la possibilité d’une réussite fulgurante par la force du travail dans un domaine qu’ils aiment, alors que la réussite dans le monde traditionnel paraît difficile, voire impossible. Finalement, cette idéologie méritocratique ne leur fera que du mal.

Sans surprise, lorsque vous demandez aux jeunes ce qui les inquiète le plus, la crise écologique revient toujours…

Oui, quel que soit leur milieu social. Ils ne sont pas tous informés au même degré. Mais tous sont conscients de la gravité de la crise. Surtout, ils s’aperçoivent que les personnes censées la gérer ne prennent pas les dispositions nécessaires. Ils vivent les canicules, les incendies, les sécheresses…

Alors, soit ils s’impliquent et se disent qu’il faudra bien que quelqu’un écoute, soit – et c’est la majorité – ils rejettent un futur qui leur paraît si sombre. L’avenir terrible qu’on leur promet les paralyse. Ils n’ont que 18 ans. C’est effrayant.

Quelle forme prend leur engagement?

Il passe peu par les urnes. L’abstention reste le premier parti des jeunes. Quand ils votent, c’est pour des partis qui proposent une rupture avec le système politique traditionnel, et surtout pour l’élection présidentielle. La plupart ne connaissent pas toutes les élections et, surtout, ne voient pas leur utilité.

L’engagement politique devient de plus en plus ponctuel, dans des actions spécifiques, là où les jeunes pensent pouvoir avoir une influence. Ils ne vont pas voter, mais ils iront manifester.

Beaucoup de leurs luttes sont contre les discriminations, quelles qu’elles soient. On ne se bat plus uniquement pour ses propres droits, mais aussi pour ceux des autres. C’est particulièrement vrai dans les manifestations féministes, où de nombreux jeunes hommes sont présents. Même si la majorité ne va pas dans la rue, on observe un vrai changement de mentalité.

Vous dites qu’il est urgent de changer collectivement de regard sur la jeunesse. Qu’espérez-vous avec ce livre?

La population doit comprendre combien les décisions politiques prises aujourd’hui condamnent notre droit à un avenir désirable. Il ne suffit pas de gâter ses petits-­enfants ou ses enfants. La solidarité intergénérationnelle familiale ne nous sauvera pas de la crise climatique.

Si on continue à alimenter ce système productiviste dévastateur, destructeur de la planète, on va aller dans le mur. Ce sont les scientifiques qui le disent. Il faut arrêter de dire que les jeunes sont soit très cons, soit merveilleux, et qu’ils vont changer le monde. Ils ne détiennent pas les ressources de ce pays, ni le patrimoine, ils ne siègent pas dans les instances dirigeantes. On ne peut pas attendre qu’ils vieillissent. C’est maintenant qu’il faut agir.

Sois jeune et tais-toi. Réponse à ceux qui critiquent la jeunesse, de Salomé Saqué, Payot, 320 pages, 19,90 euros.

 

 

Voir les commentaires

Retraites.

14 Mars 2023, 10:28am

Publié par PCF Villepinte

Marine Le Pen, supercherie rentable?

Malgré sa discrétion et ses arrangements avec l’exécutif pendant les débats, le RN incarne, selon les enquêtes d’opinion, une opposition importante, voire la principale, au texte du gouvernement. Une stratégie à bas bruit qui porte ses fruits. ANALYSE.

Publié le

Mardi 14 mars 2023

Florent LE DU

AFP

L e RN n’a même pas commencé à livrer bataille que certains lepénistes baissent déjà les armes. «Emmanuel Macron réussira à faire passer sa réforme des retraites. Je pense même que, hélas, le pays sest résigné à cela», a balayé le député RN Sébastien Chenu, le 7 mars, alors même que des millions de Français défilaient dans la rue, avant d’exprimer la même pensée, dimanche 12 mars, après le vote du Sénat.

Et, pourtant, une petite musique médiatique s’est installée depuis plus d’un mois. Malgré une opposition de façade qui ne s’est jamais étoffée de véritables propositions alternatives ou d’arguments détaillés, le RN serait «le grand gagnant de la réforme des retraites». Une affirmation au minimum suggérée, ces dernières semaines, par le Point, l’Obs, le JDD, le Figaro. Avec, à l’appui, des sondages qui placent le parti comme «premier opposant» au texte du gouvernement.

« La réalité c’est que le RN a été absent, le doigt sur la couture du pantalon, déposant moins d’amendements que la majorité»

Pour 46% des Français, Marine Le Pen «incarne bien lopposition à la réforme des retraites», score le plus élevé de cette enquête Ifop du 22 février. Devant tous les représentants de gauche et syndicaux, y compris Philippe Martinez (CGT) et Laurent Berger (CFDT).

Sidération, pour certains membres de la Nupes. «Cest absolument fascinant, s’étonne Sandrine Rousseau (EELV). Dans les débats à l’Assemblée, c’était dramatique, les députés du RN ont été inexistants.»

«On ne peut pas considérer que le RN se soit positionné comme opposant, abonde Ian Brossat, porte-parole du PCF. La réalité c’est qu’il a été absent, sagement assis, le doigt sur la couture du pantalon, déposant moins d’amendements que la majorité, ils n’ont servi strictement à rien.»

Mais si, justement, cette discrétion profitait au RN? «En étant deux fois de suite au second tour de la présidentielle, le RN sest imposé comme le principal adversaire de Macron. Il nest pas actif à lAssemblée, mais profite de sa couverture médiatique pour faire passer le message qu’il s’oppose, observe Bruno Cautrès, politologue au Cevipof. De plus, Marine Le Pen a clairement acté une stratégie de différenciation avec la Nupes, en voulant incarner une alternative respectable, donc crédible.»

La stratégie de la cravate

Alors que des invectives, parfois vigoureuses, ont jailli des rangs insoumis pendant les débats à l’Assemblée, l’extrême droite comme la majorité ont en chœur dénoncé la «bordélisation» de la Chambre par des «zadistes». L’occasion pour le RN d’asseoir sa stratégie de la cravate, et de se positionner comme «la seule alternative crédible», par comparaison avec une «Nupes immature», avance Marine Le Pen.

Une stratégie qu’accompagne la Macronie, Olivier Dussopt allant même jusqu’à considérer que la fille de Jean-Marie Le Pen «a été bien plus républicaine que beaucoup dautres dans ce moment-là», après l’avoir remerciée dans l’Hémicycle.

Les députés RN étaient en effet plusieurs fois montés au créneau pour défendre le gouvernement face aux attaques venues de la gauche. «Ils ont passé deux semaines à se congratuler respectivement, jusqu’à boucler lexamen du texte en chantant bouche contre bouche la Marseillaise, dénonce Benjamin Lucas (Génération.s). La Macronie fait tout pour que Le Pen soit une opposante acceptable.»

Avec, en point d’orgue, fin janvier, le détournement du règlement pour permettre à l’extrême droite de défendre la motion référendaire, rôle légitimement revendiqué par la gauche, première dépositaire. Un tour de passe-passe qui a offert aux lepénistes un argument choc dans leur quête du statut d’opposants numéro 1.

Derrière son masque social, Marine Le Pen prône la même défense du libéralisme que la majorité

«Ce sont nos députés qui ont proposé de soumettre ce texte de loi à l’avis référendaire, s’est targué Jordan Bardella, président du RN. Comme pour notre motion de censure, la gauche ne l’a pas voté. Ce qui prouve que nous sommes aujourd’hui les seuls à incarner une alternative crédible.»

L’attitude complaisante de l’extrême droite révèle autre chose: derrière son masque social, Marine Le Pen prône en réalité la même défense du libéralisme que la majorité. «Il faut le marteler, revendique Ian Brossat. Rappeler leurs votes à l’Assemblée contre la hausse du Smic, le blocage des prix, le gel des loyers. Ou le fait qu’ils crient avec les macronistes pour baisser les cotisations sociales, donc les recettes de la Sécurité sociale, donc empêcher la revalorisation, les retraites…» Un travail nécessaire et réalisé par la gauche, mais «sans doute devons-nous être plus forts et plus audibles», estime le porte-parole du PCF.

Un socle électoral du RN solide

Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos, doute pour sa part de «lefficacité» de tout argumentaire technique face au RN. Et il observe d’ailleurs que,  «face au bon sens populaire proposé par Marine Le Pen, ses opposants craignent parfois de lui opposer une forme de technicité dans lappréhension des dossiers».

Sa campagne axée sur le pouvoir d’achat semble avoir porté ses fruits. Au premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen est arrivée en tête chez les ouvriers (42%) et les employés (33%), bien que ce soit labstention qui règne dans ces deux catégories.

Les sondages qui placent le RN comme principal opposant à la réforme des retraites confirment donc, surtout, que son socle électoral est solide. «Électoralement, son plafond est devenu son plancher», note le sondeur de l’Ifop Jérôme Fourquet dans l’Obs.

«Cela nous oblige, admet Ian Brossat. La gauche doit être capable d’être plus unie, s’inspirer davantage de l’intersyndicale qui arrive à parler d’une même voix, à rassembler à la fois les grandes métropoles et les petites villes, ce que les partis n’arrivent pas à faire pour l’instant.»

Historiquement hostile à la grève

La mobilisation syndicale est d’ailleurs montée d’un ton depuis les enquêtes d’opinion. Historiquement hostile à la grève, le RN entretient désormais avec elle un rapport ambigu, cherchant à plaire à la fois aux classes dominantes et populaires. «La grève est un droit et nous la soutenons, mais le blocage est une double peine pour les Français», estime ainsi Jordan Bardella.

Les syndicats, eux, n’ont jamais hésité face à l’extrême droite, refusant toujours catégoriquement leurs représentants dans les cortèges. Mais, là encore, la surdité du gouvernement au mouvement social pourrait bénéficier au RN, si la réforme venait à passer.

L’extrême droite ne manquera pas de brandir l’échec de la gauche et des syndicats pour s’arroger à nouveau le titre de seule alternative possible à Macron. Inflexible, l’intéressé prend donc le risque de léguer à la France un quinquennat d’extrême droite en 2027.

 

Voir les commentaires

Paris 2024.

14 Mars 2023, 10:21am

Publié par PCF Villepinte

 Des Jeux pour les riches

et des promesses non tenues

Prix exorbitants, impact social quasi nul, rendez-vous manqué avec les collectivités… À 500 jours des JO, et malgré leurs discours marketing, les organisateurs sont passés à côté de l’objectif initial de Jeux «populaires» et «accessibles».

Publié le

Mardi 14 mars 2023

Nicolas Guillermin

Conférence de presse, pour le lancement de la billetterie, à Paris, le 28 novembre 2022. Victor Lochon/Gamma Rapho

L’autosatisfaction comme réponse au mécontentement. Un mois après le lancement de la billetterie des jeux Olympiques de Paris 2024 (celle des Paralympiques débutera à l’automne), le patron du Comité d’organisation (Cojo) n’en finit pas de saluer le «succès» de cette première phase de vente. La crispation exprimée, notamment sur les réseaux sociaux, au sujet des prix élevés, voire indécents? Du passé. La promesse de Jeux «populaires» et «accessibles»? Oubliée.

Le triple champion olympique de canoë-kayak préfère retenir les 3,25 millions de billets déjà vendus et continuer à défendre sa politique tarifaire alors que la deuxième phase de vente (1,5 million de billets), à l’unité cette fois, débute à partir du mercredi 15 mars, au lendemain de J -500 du coup d’envoi.

«Il y a une telle attente, un tel engouement, que, de toute manière, on ne pourra pas satisfaire tout le monde. On en est désolé», a même lancé, le 9 mars, Tony Estanguet. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Celui du Cojo.

Des places à 690 euros pour des éliminatoires en athlétisme ou à 260 euros pour deux heures de qualifications en gymnastique artistique

Bizarrement, le patron du Comité d’organisation a oublié qu’il a été envoyé à deux reprises, une semaine après le lancement de la billetterie, pour éteindre l’incendie sur RTL et BFM. Interrogé sur les prix excessifs – comme des places à 690 euros pour des éliminatoires en athlétisme ou à 260 euros pour deux heures de qualifications en gymnastique artistique –, Tony Estanguet s’est défendu en assurant que les Jeux de Paris n’étaient «pas plus chers que les JO de Londres» en 2012. Vraiment?

Là où Paris 2024 ne met à la vente qu’un million de billets à 24 euros (500000 ont été réservés par l’État et les collectivités pour de la billetterie solidaire) sur un total de 10,5 millions de tickets, la capitale anglaise en proposait 2,5 millions à 23 euros. Aux Jeux de Rio 2016, 50% des places étaient à 13 euros. Et même au Japon, où la vie est pourtant chère, le prix minimal était fixé à 19 euros pour Tokyo 2020 (organisé à huis clos en 2021).

«La candidature des Jeux 2024 s’est beaucoup positionnée par rapport aux JO 2012 de Londres. Au début, ils ont considéré que c’était le modèle à reproduire mais, quand on regarde le prix des places entre Londres et Paris, il y a quand même un différentiel assez énorme», souligne Michaël Attali, professeur des universités (Rennes-II)­ et directeur du laboratoire Vips (Valeurs, innovations, politiques, socialisations & sports).

Inabordables pour beaucoup de Français qui devront se rabattre sur les disciplines moins onéreuses comme le tir ou le triathlon

Le patron du Cojo répond, lui, que 50% des billets sont à 50 euros ou moins (66% à 62 euros ou moins à Londres). Mais les phases de qualifications de nombreux sports donnent une autre impression, à limage du handball ou de lescrime qui coûtent au moins deux fois plus cher, pour une même catégorie, que sur les bords de la Tamise (respectivement 140 et 150 euros contre 57 et 73 euros).

Inabordables pour beaucoup de Français. Finalement, ils devront se rabattre sur les disciplines les moins onéreuses comme le tir (24 ou 45 euros), la voile (24 euros) et le triathlon (24 ou 40 euros), tandis que les nantis pourront s’offrir une place en catégorie A (990 euros) pour assister aux finales du 100 mètres en athlétisme ou du basket (980 euros).

Sur cette première phase, qui mettait en vente 3,25 millions de billets par packs de trois places au minimum (30 maximum), 13% ont été vendus à 24 euros, 70% à moins de 100 euros et 4,5% à plus de 200 euros selon les chiffres fournis par le Cojo. Pas étonnant que les réseaux sociaux se soient vite enflammés. «Prix et choix lamentables pour les billets () honte à vous, je suis dégoûté», a tweeté, par exemple, l’ex-joueur de tennis Laurent Rochette (son meilleur classement 202e mondial).

Pour la ministre des Sports, circulez, y a rien à voir!

Selon un sondage Odoxa pour Winamax et RTL, publié le 5 mars, une écrasante majorité des Français (82%) trouve que les prix pour assister aux JO 2024 ne sont pas accessibles. Pour la ministre des Sports, circulez, y a rien à voir! Amélie Oudéa-Castéra a même tenu à défendre les tarifs, le 22 février, arguant quun «effort daccessibilité extrêmement important» avait été réalisé.

Concrètement, les recettes de la billetterie doivent rapporter 1,4 milliard d’euros – hospitalités (packages haut de gamme) comprises –, soit un tiers d’un budget global serré de 4,4 milliards d’euros. Les deux autres tiers viennent du CIO (1,3 milliard) et du sponsoring (1,2 milliard), la part publique ne représentant que 4%.

L’inflation a alourdi le budget de 195 millions d’euros, soit quasiment la moitié de la rallonge de 400 millions annoncée en décembre. Pour compenser, le Cojo a donc répercuté l’inflation sur les billets des «sessions à plus forte demande» et pratiqué «loptimisation des jauges», ce qui lui a permis de récupérer 143 millions des recettes supplémentaires.

«Malgré le discours marketing tenu depuis le début par les organisateurs, les prix des billets disent beaucoup de leur choix sociétal, souligne un spécialiste proche du dossier, qui préfère rester anonyme. Quel est l’objectif de ces Jeux? Sont-ils là pour le prestige dorganiser une grande compétition, gagner de largent, avoir de bonnes audiences et assurer la sécurité? Ou bien veut-on des Jeux inclusifs avec un impact pour les citoyens et qui laissent une trace dans la transformation de la société?»

« Les conditions pour que Paris 2024 ait des effets à moyen et à long terme auprès de la population n’ont pas été créées»

Spécialiste de l’impact des grandes manifestations et auteur en 2021 du livre Héritage social d’un événement sportif. Enjeux contemporains et analyses scientifiques, Michaël Attali semble avoir la réponse. «Le Cojo et Tony Estanguet, mais pas que lui, ont beaucoup insisté sur le fait que les JO 2024 seraient les premiers Jeux avec un véritable héritage notamment social et culturel. Je considère que c’est possible de penser des événements par l’intermédiaire des héritages qu’ils pourraient produire en termes d’accessibilité aux pratiques, de diversification des publics concernés, etc. Mais encore faut-il s’en donner les moyens et, là, force est de constater qu’on en est resté aux mots… Les conditions véritables pour que les JO de Paris 2024 aient des effets à moyen et à long terme auprès de la population n’ont pas été créées.»

À 500 jours des Jeux, les organisateurs, accompagnés par le cabinet de conseil PricewaterhouseCoopers France, ont-ils encore le temps de rectifier le tir? «À un an et demi du lancement, ça devient très, très compliqué, insiste Michaël Attali. Il faut mettre des dispositifs d’accompagnement, d’accueil, mobiliser les acteurs à l’échelle des territoires, des terrains…»

Des labels comme Génération 2024, dont le but est de développer des passerelles entre le monde scolaire et le mouvement sportif, ou Terre de Jeux 2024, pour inciter les collectivités territoriales à mettre plus de sport dans le quotidien des habitants et à accueillir une délégation étrangère souhaitant s’entraîner en France en amont de 2024, ont vu le jour.

Plus d’un tiers des 300000 infrastructures sportives que compte le pays datent davant 1985

«Cest un peu court, pointe Michaël Attali. On ne construit pas une piscine ou un gymnase en 500 jours. En Seine-Saint-Denis, quelques équipements sont sortis de terre, mais, à l’échelle nationale, il n’y a pas d’équipements construits parce qu’on a les Jeux en 2024. Ces labels peinent à se développer, à s’implanter et sont plus des éléments de communication que des outils au service des acteurs dans les clubs, les associations et les territoires.»

Vieillissant, sous-dimensionné, le parc des équipements sportifs en France a, en effet, besoin de plusieurs milliards d’euros pour se remettre à niveau (1). Pire, l’Hexagone n’a pas assez de gymnases, de piscines ou de terrains de sport par rapport aux besoins de sa population.

Plus d’un tiers des 300000 infrastructures sportives que compte le pays datent d’avant 1985 (62% pour les 4000 piscines), et, selon une étude de la banque BPCE, parue en janvier, plus de la moitié de ces équipements nont jamais fait lobjet de travaux.

En octobre 2021, à quelques mois des élections et à moins de trois ans des JO, Emmanuel Macron, opportuniste, lançait un plan doté de seulement 200 millions d’euros jusqu’à 2024 pour rénover et créer 5000 petits équipements sportifs de proximité. Mais une fois les Jeux terminés, une baisse dintérêt pour cette problématique est fortement à craindre.

«Ont-ils pensé à sappuyer sur les 35000 profs d’éducation physique?»

Sur la question de la santé publique, et notamment l’obésité croissante chez les jeunes, les organisateurs sont, là aussi, dans l’effet d’affichage avec le choix d’un «ambassadeur santé Paris 2024». «Michel Cymes sactive beaucoup, cest très bien, reconnaît Michaël Attali. Mais, concrètement, qu’est-ce qui a été mis en place? Pas grand-chose. Ont-ils pensé à sappuyer sur les 35000 profs d’éducation physique qui interviennent auprès des élèves entre la 6e et la terminale chaque semaine? Il y a pourtant, là, un vrai levier dhéritage, mais on préfère faire appel à un médecin médiatique qui va faire du buzz»

Pour Dominique Charrier, maître de conférences HDR à la faculté des sports de l’université Paris-Saclay et auteur de plusieurs ouvrages dont l’Impact social des grands événements sportifs internationaux: processus, effets et enjeux publié en 2019, on ne peut pas compter sur les organisateurs pour travailler sur l’impact social des Jeux.

«Le rôle du Cojo, cest dorganiser les JO. Ils ont bien compris quil fallait insister sur cette question pour rendre les Jeux plus acceptables, donc, ils développent des programmes comme Impact 2024, etc. Mais la question de l’impact social, pour eux, c’est secondaire.»

La «question sportive n'est dans les priorités des politiques publiques»

Concernées au premier chef, les collectivités territoriales, insuffisamment aidées par l’État, sont démunies et encore plus avec la crise énergétique . «Dans une conjoncture économique particulièrement contrainte, les collectivités souffrent, et donc ça limite tous les dispositifs daccompagnement dans le cadre de projets locaux en rapport avec les JO, précise le chercheur. Il fallait être naïf pour croire que les JO ­allaient résoudre les problèmes sociaux en Seine-Saint-Denis ou ailleurs et imaginer que les questions de l’emploi, de la santé, du ­développement urbain, etc. seraient réglées par une ­parenthèse olympique.»

Pour l’universitaire, qui regrette que la «question sportive ne soit pas dans les priorités des politiques publiques», il faut absolument «créer les conditions daccompagnement local pour que le plus de personnes possible vivent l’expérience intéressante d’une activité sportive, participent à un projet artistique ou autre chose autour des Jeux. On va toucher des gens dans leur vie quotidienne, à l’école, au club sportif, dans les quartiers. Si on pouvait accompagner des trajectoires individuelles, ce serait déjà pas mal. Mais le temps presse…»

(1) Le Centre aquatique en Seine-Saint-Denis, avec le mur d’escalade du Bourget, sont les seuls équipements sportifs pérennes construits par la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) pour les JO 2024. L’Arena 2 est 

 

Voir les commentaires

Retraites

13 Mars 2023, 08:19am

Publié par PCF Villepinte

 «Le gouvernement fait planer une profonde menace sur notre démocratie»

Face au coup de force au Sénat qui «humilie le Parlement», le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, appelle le gouvernement à «respecter la légitimité du monde du travail», très majoritairement opposé à la réforme des retraites, et à «laisser les Français trancher».

L'Humanité  Dimanche 12 mars 2023

Julia Hamlaoui

Le gouvernement argue de la «légitimité démocratique» du Parlement pour ne pas tenir compte de la mobilisation qui s’est encore exprimée dans la rue samedi. Et ce, alors qu’il a eu recours, avec le 44.3, à un nouveau coup de force au Sénat. Que lui répondez-vous?

Le coup de force du Sénat est inadmissible. Le gouvernement bafoue, humilie le Parlement. Il rend sa réforme de plus en plus illégitime. Qu’il respecte la légitimité du monde du travail, qui, dans sa très grande majorité, dans son immense diversité, du public ou du privé, et de tous syndicats, dit non à la retraite à 64 ans.

Le gouvernement doit le reconnaître et mesurer qu’il est en train de fracturer le pays, de rompre la confiance avec les Français. Il doit retirer sa réforme. Il ne s’agit pas de remettre en cause la légitimité des parlementaires, mais de tenir compte de ce que disent des Français qui subissent en même temps l’inflation, la hausse des prix d’énergie, de l’alimentation, de l’essence.

À entendre la première ministre Élisabeth Borne, les grèves ne seraient que des «blocages qui pénalisent les Français les plus modestes»

Si des salariés sont pénalisés, c’est d’abord par les jours de grève qu’ils posent et qui vont amputer leur salaire. Mais s’ils font grève et se mobilisent à ce point, c’est parce qu’ils ne veulent pas être pénalisés plus tard, au moment de prendre leur retraite, par deux années de travail supplémentaires.

Ceux qui manifestent aujourd’hui sont d’abord soucieux de vivre dans une France qui respecte le monde du travail. En réalité, c’est le gouvernement qui, en s’entêtant, fait le choix de bloquer le pays. Quand seule une infime minorité – ils se comptent sur les doigts de quelques mains – défend à tout prix une réforme si violente, l’imposer est un déni démocratique.

L’exécutif tente à la fois de convaincre l’opinion en présentant des «contreparties» et de passer un accord avec LR, notamment en validant certains amendements de la majorité sénatoriale de droite. Que pensez-vous de l’évolution du texte?

Il ne ressemble plus à rien. Les justifications du gouvernement, qui expliquait qu’il fallait absolument trouver 12 milliards d’euros pour combler le déficit, s’effondrent. De même que les 1 200 euros promis à 1,2 million de retraités qui ne bénéficieront au final qu’à 10 000 à 20 000 d’entre eux.

Plusieurs articles de cette réforme – qui n’ont rien à faire dans un projet de loi de financement de la Sécurité sociale – risquent également d’être retoqués par le Conseil constitutionnel, auprès duquel nous ferons des recours. Le vote au Sénat ne doit pas empêcher la mobilisation de se poursuivre, car ce texte ne doit pas être mis en œuvre. C’est déjà arrivé à une réforme entérinée comme le CPE, qui avait été adopté par 49.3.

Tout en prétendant «être à l’écoute», Emmanuel Macron a refusé de recevoir les syndicats au prétexte de «préserver le temps parlementaire». Comment réagissez-vous alors que toutes les propositions alternatives mises en débat ont, elles aussi, été balayées?

Par sa réponse, le président de la République fait un vrai bras d’honneur aux syndicats! Il a une attitude très provocatrice, méprisante alors qu’il faudrait ouvrir de vraies négociations. Nous sommes tous d’accord pour améliorer le système de retraites. Le cœur du débat, c’est comment on finance. Nous refusons que cela se fasse sur le dos des travailleurs.

La gauche, comme les syndicats, estime que travailler plus n’est pas nécessaire, il suffit de ponctionner les immenses richesses produites en France. Le PIB dans les années 1980 était autour de 600 milliards d’euros, il s’élève aujourd’hui à 2 400 milliards. Soit quatre fois plus qu’il y a quarante ans.

Si sénateurs et députés se mettent d’accord au sein de la commission mixte paritaire prévue mercredi, aurez-vous encore des cartes en main? Le référendum reste-t-il une porte de sortie?

Même en cas d’accord, l’Assemblée nationale et le Sénat seront appelés à voter. Jusqu’au 16, date du vote, il faut faire pression sur les parlementaires LR, centristes, macronistes pour qu’ils ne votent pas ce texte!

Quant au référendum, il peut porter sur «pour ou contre la retraite à 64 ans?» au cas où le gouvernement aurait besoin davoir une confirmation de ce que pensent les Français. Mais il peut aussi être à choix multiples sur les différentes sources de financement pour une meilleure réforme des retraites. Il permettrait alors d’ouvrir véritablement le débat. Ayons ce débat et laissons les Français trancher.

Vous estimez que «si le gouvernement sentête, il prend un risque énorme». Quelle est la nature de ce risque?

Nous avons la chance d’avoir une intersyndicale très forte, très unie, qui organise la contestation et les mobilisations. Mais si demain le gouvernement maintient sa réforme coûte que coûte, envers et contre tout, et que la colère déborde, qui en porterait la responsabilité? Si demain la grève des urnes se faisait encore plus forte, qui en porterait la responsabilité?

La menace que fait planer l’exécutif sur notre démocratie est très profonde. J’en viens à me demander si le gouvernement Macron ne cherche pas à provoquer des débordements, de la violence. Et s’il ne recherche pas, au final, à ce que la classe ouvrière et les classes moyennes boudent totalement les urnes. Parce qu’on sait que de l’autre côté, les financiers, les banquiers, les riches, eux, utiliseront leur bulletin de vote pour disposer d’un pouvoir à leur main.

 

Voir les commentaires

Retraites

13 Mars 2023, 08:14am

Publié par PCF Villepinte

 

Voir les commentaires

Retraites :

12 Mars 2023, 09:37am

Publié par PCF Villepinte

Le sénat a voté la réforme des retraites

La droite a donc volé au secours du gouvernement qui a encore utilisé une procédure pour étouffer les débats. Le texte poursuit son parcours législatif devant la commission mixte paritaire.

L'Humanité Dimanche 12 mars 2023

Diego Chauvet

 

Gérard Larcher et la majorité sénatoriale ont permis au gouvernement et Olivier Dussopt de faire voter sa réforme, malgré son rejet massif dans la population.

Eric TSCHAEN/REA

Après un nouveau coup de force vendredi matin, le Sénat a donc voté la réforme des retraites ce samedi 11 mars peu avant minuit. Pour rappel, le gouvernement avait décidé la veille d’utiliser l’article 44-3 de la constitution qui lui a permis d’imposer un vote bloqué sur l’ensemble de sa réforme, empêchant tout vote des amendements présentés par la gauche.

La droite réclame la paternité de la réforme

Les explications de vote des groupes parlementaires ont illustré la fracture grandissante entre le pouvoir et le mouvement de contestation sociale historique qui venait de terminer sa 7ème journée d’action. Dans les rangs de la majorité de droite du Sénat se sont succédé des interventions triomphantes, des provocations à l’égard de la gauche et des syndicats, et parfois même du gouvernement lui-même.

 «Jai un message pour le président de la République» a ainsi lancé le chef de la majorité LR, Bruno Retailleau, en s’adressant au ministre du Travail Olivier Dussopt. «Nous ne votons pas pour lui. Cette réforme, nous la votons parce que cest notre réforme. Cest ici quelle est née» prévient le sénateur LR, attribuant donc à la droite la paternité du texte.

Son collègue de l’Union centriste, Olivier Henno, commence son intervention sur un ton moqueur, goguenard. «On est un peu fatigué davoir travaillé. Et de vous avoir écouté» ajoute-t-il à propos de la gauche, dont il qualifie le travail parlementaire de «flibusterie de notable». Les méthodes du gouvernement pour empêcher les débats parlementaires? «Les institutions de la cinquième république sont solides, tant mieux» se réjouit-il.

 «On ny serait pas arrivés sans articles» de la constitution et du règlement qui ont permis de forcer la main des sénateurs. François Patriat, chef de file des macronistes, est lui aussi ravi: «notre assemblée a redonné de la noblesse au débat démocratique».

La gauche outrée de la teneur des débats

À gauche au contraire, on s’est élevé contre cette «réforme scélérate votée main dans la main par le gouvernement et la majorité sénatoriale», pour reprendre les termes de la communiste Cathy Apourceau-Poly. «Vous avez refusé dexaminer nos propositions alternatives de financement», rappelle-t-elle, avant de qualifier le texte voté de «réforme rétrograde» et de «projet classe contre classe», que «le vote forcé rend illégitime»

«Cette journée restera une journée noire pour tous les salariés de notre pays» promet la socialiste Monique Lubin. «Vous avez été quasiment mutiques durant tout l’examen. Vous avez manqué de respect à tous ceux qui voulaient entendre vos arguments», accuse-t-elle. Elle dénonce également le mépris d’Emmanuel Macron à la fin de cette nouvelle journée d’action: «le peuple gronde et le président regarde ailleurs. Le peuple s’en souviendra» prévient Monique Lubin.

Pour Raymonde Poncet-Monge (écologistes), le gouvernement s’est engagé dan une «course de vitesse pour plier le débat, car jamais un texte na été aussi impopulaire». Elle estime que l’exécutif «a perdu tout soutien dans la population et donc toute légitimité sociale et morale».

Le parcours législatif n’est pas fini

La réforme des retraites, malgré ce vote attendu compte tenu des rapports de force au Sénat, n’a cependant pas terminé son parcours législatif. Elle doit désormais être examinée en commission mixte paritaire, avant son retour à l’Assemblée nationale.

Au Palais Bourbon, la tâche s’annonce plus périlleuse pour Elisabeth Borne, même si elle s’est félicitée du vote du 11 mars. «Je suis sûre quil existe une majorité au parlement pour voter ce texte» a-t-elle notamment déclaré après le scrutin au Sénat.

La macronie est en réalité moins confiante, et un nouveau coup de force, le 49-3 cette fois-ci, est une option probable pour parachever un parcours qui aura coché toutes les cases des procédures les moins démocratiques.

 

Voir les commentaires

CHRONIQUE

11 Mars 2023, 11:25am

Publié par PCF Villepinte

Bombe(s)

L'Humanité Vendredi 10 mars 2023

Jean-Emmanuel Ducoin

Nasse

 Les mensonges éhontés comme les ruses politiques de bas étage laissent toujours des traces. Même le quotidien du soir le Monde, dans un éditorial assez cinglant, le notait ainsi cette semaine: «Qui comprend encore la finalité du projet de réforme des retraites qui a été tour à tour présenté comme le moyen de financer les grands chantiers du quinquennat, puis comme la condition sine qua non pour sauver le régime par répartition, puis comme une façon de renforcer “la justice sociale” et “l’équité”?»

 Ironique, le journal ajoutait: «Au point dincompréhension où il est arrivé, le mieux que peut espérer lexécutif est que Les Républicains acceptent de lui sauver la mise la semaine prochaine à lAssemblée nationale. Il nen est même pas sûr.» Mac Macron et sa Première sinistre sont dans la nasse, d’autant que, par une malice délicieusement orchestrée, la majorité sénatoriale de droite débutait l’examen du report de l’âge légal de départ à la retraite (le fameux article 7) au lendemain même où les syndicats réussissaient une nouvelle démonstration de force dans la rue (plus de 3 millions de manifestants) et par les grèves (massives), une journée qui constituera, quoi qu’il arrive, l’un de ces moments historiques de notre Histoire sociale.

Rejet 

Nous voilà donc «aux jours daprès», assurément les plus décisifs, sachant que la bataille de lopinion paraît définitivement perdue pour Mac Macron. Une passionnante enquête dopinion réalisée par le collectif de chercheurs Quantité critique conforte ce qui n’est plus une impression, mais bien une réalité. «Lopposition à la réforme, qui ne cesse de sintensifier, touche toutes les catégories dactifs et est majoritaire chez toutes les personnes en activité», signale d’emblée l’étude.

Ce rejet massif, certes plus fort dans les professions intermédiaires, les employés et les ouvriers, reste ultradominant aussi chez les cadres: 64%. Vous avez bien lu! Signalons que cette opposition est moins nettement dominante chez les 65 ans et plus (43% favorables, 44% opposés) et évidemment chez les personnes déclarant un niveau de revenus nets supérieur à 4000 euros par mois (51% favorables, 42% opposés). Le collectif Quantité critique précise: «Le soutien aux manifestants, aux grèves et aux blocages atteste de la perte de légitimité du gouvernement et de la possibilité d’un élargissement de la contestation dans les jours à venir.» La seule vraie interrogation, en vérité.

Tournant 

L’étude nous apprend par ailleurs un fait qui n’a rien d’anodin: le rejet de la réforme est très proche dans le privé (69%) et le public (74%). Le collectif reconnaît que, «loin de se concentrer dans des foyers de contestations classiques, le combat touche toutes les catégories dactifs à des niveaux très élevés», ce qui renverrait directement à «la détérioration des conditions demploi et de travail».

Personne ne montrera son étonnement de savoir que l’opposition atteint 82% chez celles et ceux qui ont choisi quatre qualificatifs négatifs parmi les quatre suivants ( «stressant», «dangereux», «répétitif» et «fatigant») pour décrire leur propre activité professionnelle. Selon le collectif, pas de doute: «La volonté de s’émanciper de la marchandisation du travail est au cœur du débat», bien qu’il ne faille pas confondre secteurs d’activité (fortement syndicalisés) et individus.

Ces derniers, souvent isolés et pas toujours armés pour se mobiliser, alimentent l’opposition dans les sondages mais, sans surprise, constituent dans le même temps une sorte de frein à l’action. Dès lors, nous le savons tous, le mouvement se situe à un tournant entre «la grève par procuration», dont témoignent 46% dactifs soutenant la contestation sans y participer, et le recours à la grève (40%), à la manifestation (43%) ou aux actions de blocage (35%).

Le bloc-noteur noublie pas deux autres chiffres. Le premier vient lui aussi de lenquête de Quantité critique: 15% des actifs nont pas encore participé à la mobilisation mais se disent «prêts à le faire». Le second est issu du sondage Ifop réalisé pour l’Humanité: 65% des Français se déclarent «favorables» à la grève reconductible. Une véritable bombe sociale et politique.

 

Voir les commentaires

Réforme des retraites :

11 Mars 2023, 11:19am

Publié par PCF Villepinte

Interpellons nos parlementaires

 

La réforme des retraites est au coeur du débat parlementaire. Député·es et sénateur·rices se prononcent actuellement sur les articles du projet de loi dont l'allongement de l'âge légal de départ avec une retraite à taux plein.

Chaque parlementaire est mis devant sa responsabilité de voter ou non cette réforme.

Nous lançons une initiative nationale d'interpellation de chaque parlementaire du pays afin de les amener à prendre position sur leur vote et à leur faire connaître directement le large rejet populaire de cette réforme. 

Pour cela nous vous proposons de : 

1️ TROUVER LE CONTACT DE VOS PARLEMENTAIRES EN CLIQUANT SUR LES LIENS SUIVANTS 
​​
👉 Cliquez ici pour trouver votre député·e et ses coordonnées

👉 Cliquez ici pour trouver votre sénateur·rice et ses coordonnées


2️ ENVOYER L'EMAIL À VOS PARLEMENTAIRES

👉 Directement en cliquant ici ou

👉 Depuis votre boîte mail en copiant/collant les textes ci-dessous

Objet 
👇
Ne votez pas la réforme des retraites 

Message 👇
M. le Député / Mme la Députée - M. le Sénateur / Mme la Sénatrice

La réforme des retraites est actuellement en cours d'examen au Parlement. Cell-ci est largement rejetée par les Français. Semaines après semaines, ces derniers expriment clairement leur opposition au recul de l'âge légal à 64 ans. Un mouvement social inédit traverse le pays depuis plusieurs semaines avec un mot d'ordre :  le retrait de la réforme. 
En tant qu'électeur de votre département, je tenais à vous exprimer très clairement mon opposition à cette loi et vous demander, au nom de la démocratie et du respect de vos électeurs, de ne pas apporter votre soutien à cette réforme. Nous serons très vigilants aux voix qui seront apportées à cette réforme de régression sociale. 

​​​​
Assuré de votre attention, et dans l'attente de votre réponse, veuillez, Monsieur le Député/ Madame la Députée - Monsieur le Sénateur / Madame la Sénatrice, recevoir mes salutations républicaines. 


3️ PARTAGER CETTE INITIATIVE AUPRÈS DE VOS PROCHES PAR MAIL OU PAR WHATSAPP EN LEUR ENVOYANT LE LIEN DE CETTE PAGE


ON COMPTE SUR VOUS !

 

 

Voir les commentaires

Rertraites: Vote bloqué au Sénat :

11 Mars 2023, 11:15am

Publié par PCF Villepinte

 Fabien Roussel dénonce

fermement le coup de force en cours

Depuis plusieurs semaines, le peuple français se lève en masse contre la réforme des retraites qui constitue une régression sociale de grande ampleur pour l'immense majorité du pays qui refuse le report de l'âge légal de départ à 64 ans.

Tout au long de cette mobilisation historique de notre peuple, le gouvernement et la droite ont agi de concert pour bafouer cette puissante expression démocratique, pacifique, déterminée du peuple Français.

Après avoir décidé ensemble de limiter le débat en activant l'article 47-1 de la constitution qui a conduit à ce que le texte soit transmis au Sénat sans vote à l'Assemblée nationale, après le refus du Président de la République de recevoir les organisations syndicales qui ont organisé de manière exemplaire la mobilisation sociale, le débat au Sénat vient de bafouer à nouveau notre démocratie !

Je dénonce fermement le vote bloqué décidé par le gouvernement et la droite sénatoriale. C'est un coup de force insupportable autant qu'un aveu de faiblesse qui montre le refus des partisans de cette réforme à mener le débat dans des conditions démocratiques.

Je salue l'action d'Eliane Assassi, de tous les sénateurs et sénatrices communistes, aux côtés de leurs collègues écologistes et socialistes, qui ont montré, jour et nuit au cours de l'examen du texte, leur totale détermination à combattre cette réforme et à faire respecter la démocratie et le rôle indispensable des parlementaires de la haute assemblée dont l'expression a été entravée par les multiples recours à des procédures visant à empêcher l'examen des amendements de l'opposition.

J'appelle les Françaises et les Français à amplifier la mobilisation lors des nouvelles journées d'actions décidées par l'intersyndicale ce samedi 11 mars et mercredi 15 mars, jour de la commission mixte paritaire et à interpeller les parlementaires qui ne s'opposent pas clairement à la réforme gouvernementale.

Seul le retrait du texte ou l'organisation d'un referendum pour que le peuple décide peuvent nous permettre de sortir par le haut de la situation actuelle.

 

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord,

 

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 > >>