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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Debout

31 Janvier 2011, 06:33am

Publié par PCF Villepinte

 

Ces jeunes et tous ceux qui se sont mis en mouvement refusent d’être, eh bien oui, des damnés de la terre.

republiqueLa Révolution française, selon les mots de Saint-Just, avait fait du bonheur une idée neuve en Europe. C’est la révolution même qui semble devenir une idée neuve dans le monde arabe dont les peuples et la jeunesse disent à des millions de voix qu’il faut que les choses changent. Hier en Égypte, au Caire, à Suez, à Alexandrie, des dizaines de milliers de manifestants ont bravé la police, les tirs de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc dans un pays coupé d’Internet et des réseaux de mobiles. Des journalistes ont été brièvement interpellés, dont des Français. On ignore le bilan de ces manifestations, le nombre des arrestations, des blessés. Au moins un manifestant  a été tué à Suez. Mais on retire de cette journée une certitude : le pouvoir en Égypte est sur la défensive. La censure et la répression ne sont jamais des preuves de force, mais au contraire des aveux de faiblesse.

Il faut que les choses changent, disent-ils, et d’abord que « dégagent » les despotes accrochés depuis des décennies au pouvoir avec leur clan et leur régime policier, rançonnant leur propre pays, ayant érigé la corruption et la spoliation en méthodes de gouvernement. Après la Tunisie, l’Égypte, le Yémen. Cela sans préjuger de ce qui peut encore se passer en Algérie ou au Maroc, où tout reste en suspens après les manifestations des dernières semaines et les sacrifices de ces jeunes gens qui, par dizaines, en martyrs et en héros, ont crié au monde leur révolte en s’immolant par le feu. Au monde, car qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas seulement à leur régime que ces foules en marche s’adressent, mais bien à la communauté des hommes.

 Quel contraste, quand ceux qui s’autoproclament les maîtres du monde sont réunis entre eux dans le confort de Davos, où Nicolas Sarkozy a rejoué avec un succès tout relatif son numéro de grand régulateur. Quel contraste avec ces manifestations ! Mais précisément, ce qui se passe dans le monde arabe ne se passe pas sur une autre planète faite de palmiers et de pyramides à usage des agences de tourisme. Ces jeunes et tous ceux qui se sont mis en mouvement, avec Internet, avec les réseaux sociaux, avec leur colère, refusent tout simplement d’être, eh bien oui, des damnés de la terre et ils se sont mis debout.

Tunisie : la révolution de Jasmin

 

Que dit la France ? Certes, Michèle Alliot-Marie s’est gardée, cette fois, de proposer l’aide et l’expertise de nos forces de l’ordre à Hosni Moubarak, comme elle le fit avant la spectaculaire volte-face que l’on sait. Que fait la France ? Aux abonnés absents, semble-t-il, en attendant de déterminer le sens du vent. Aux États-Unis, Barack Obama affirme ne pas prendre parti, tout en rappelant que le président égyptien est « un partenaire important ». La réalité, c’est que les scénarios ne sont pas ceux qui ont été prévus. La « démocratie », oui, mais seulement comme un thème idéologique quand il en est besoin, car pour le reste, les gouvernements, la Bourse et les agences de notation s’accommodent fort bien des régimes policiers en place. On voit comment, du reste, ils tentent, mine de rien, de reprendre la main. La Tunisie devrait tout aux États-Unis, en liaison avec le chef de l’armée. En Égypte, l’Occident salue bruyamment le retour du fonctionnaire international Mohammed El Baradei, prêt à assurer « la transition », mais que la rue ne connaît pas. La rue, voilà bien le problème. Car, la leçon du monde arabe vaut pour le monde entier. Quelles que soient leurs souffrances, quelle que soit l’oppression, ce sont les peuples qui font l’histoire.

Maurice Ulrich

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