Grèce : deux jours pour faire plier le parlement
Monde - le 28 Juin 2011
Crise financière
À Athènes, le Pasok n’est plus sûr de sa majorité
Alors que débute, aujourd’hui, une grève générale de quarante-huit heures, plusieurs députés Pasok annoncent leur intention de ne pas voter le nouveau plan d’austérité. Athènes, envoyé spécial.
La tension palpable au sein de la population grecque semble gagner les députés socialistes. Et, par ricochet, le gouvernement. « Je crois que [le plan d’austérité] sera adopté. Il y a des inquiétudes, de l’angoisse, mais par-dessus tout, une vision partagée au sein du groupe parlementaire du Pasok qu’il faut assumer une responsabilité commune », a déclaré le ministre de la Défense, Panos Beglitis. Le gouvernement fait monter la pression alors que débute aujourd’hui une grève générale de quarante-huit heures et qu’ont cours les discussions préalables aux votes, jusqu’à mercredi, sur le cadre global du plan d’austérité de cinq ans puis, jeudi, sur la loi contenant les mesures d’application concrètes.
En trois jours, quatre députés Pasok (Thomas Robopoulos, Panagiotis Kouroublis, Chryssa Arapoglou et Alekos Athanasiadis) ont néanmoins annoncé qu’ils pourraient s’opposer aux textes. « Mon objection principale est la façon dont l’UE impose les mesures. Elle nous a mis un ultimatum », explique à l’Humanité Thomas Robopoulos, député de Thessalonique.
L’UE et le FMI ont en effet prévenu qu’ils ne verseraient la cinquième tranche (12 milliards d’euros) du premier plan « d’aide » élaboré en 2010 que si Athènes adoptait d’ici au 3 juillet des mesures d’austérité renforcées (voir l’Humanité d’hier). Pour Robopoulos, « il y a déjà eu un chantage lors du vote du premier plan : si vous ne votez pas, ce sera la faillite, nous a-t-on dit. C’est la même chose aujourd’hui ! Ma conscience me dit de ne pas voter », dit-il, tout en s’inquiétant d’une faillite.
De son côté, le député Panagiotis Kouroublis a envoyé une lettre au ministre des Finances Evangelos Venizelos pour avoir des clarifications. Il réserve son vote, « pas persuadé que les nouvelles dispositions contribueront au salut de [son] pays ». Et de dénoncer carrément « un terrorisme européen ».
La majorité s’annonce donc très fine (5 voix au mieux) pour le nouveau plan. La droite (Nouvelle Démocratie), le KKE (PC grec) et la Coalition Syriza (gauche) devraient voter contre. Et la mobilisation annoncée de la rue pourrait bien faire basculer d’autres votes…
- Mobilisation historique
Les syndicats, les Indignés, et tous ceux qui refusent l’austérité entament, aujourd’hui, une grève générale de quarante-huit heures. C’est la première fois depuis la chute des colonels, en 1974, que les deux confédérations syndicales organisent ensemble une telle action. Les Indignés proposent d’entourer la Vouli, le Parlement grec. « Nous nous attendons à une grosse manifestation mardi », a déclaré le porte-parole de la police grecque.
Dans la rue ce mardi, pas "d'incidents en marge de la manifestation", mais une véritable tension et des affrontements violents. La place Syntagma a été transformée en souricière et les forces de l'ordre tirent sans relâche des bombes lacrymogènes.
- Entretiens :
Avec Maria Karamessini, professeure d'économie à Athènes « Il est d’abord
nécessaire de renégocier la dette qui n’est pas soutenable »
Avec Aleka Papariga, secrétaire nationale du KKE (Parti communiste grec) : « Les privatisations ne rapporteront rien »
Avec Notis Marias, avocat : du Pasok au front progressiste
- Analyses :
Grèce Pour l’euro, ça casse ou… ça casse
Et si
les Grecs refusaient le racket de Bruxelles...
Crise de la dette : Face au mur, l’UE décide
d’accélérer
La vidéo
de soutien de Patrick Le Hyaric au peuple grec