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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

tribunes et idees

Laïcité

31 Décembre 2010, 07:32am

Publié par PCF Villepinte

Entretien avec le philosophe Henri Pena-Ruiz
Politique - le 29 Décembre 2010

 

« Justice sociale et laïcité 
sont indissociables »

 

Henri Pena-Ruiz
 fut membre de 
la commission Stasi sur la laïcité dans 
la République. 
La laïcité reste, 
pour lui, 
un combat d’actualité intimement lié 
à l’émancipation.

Comment expliquer que 
la laïcité revienne 
si régulièrement dans 
les débats français ?

Henri Pena-Ruiz Actuellement, il existe une stratégie des anti-laïcs qui consiste à dire que la laïcité est une réalité propre à la France, un « particularisme » qu’ils veulent supprimer. Les mêmes ont inventé les notions de « laïcité ouverte » ou « positive ». Celles-ci n’ont aucun sens sinon celui d’un rejet hypocrite de la laïcité. Parle-t-on de justice sociale ouverte ou de droits de l’homme ouverts ? En réalité la laïcité, sans adjectif, peut intéresser toute l’Europe. En Espagne, par exemple, les laïcs dénoncent l’octroi de fonds publics à l’Église alors que les services publics, communs aux croyants, aux athées, et aux agnostiques, sont maltraités. La laïcité n’est pas « française » par essence, mais de portée universelle. Dit-on que les droits de l’homme sont français, l’habeas corpus anglais ou la pénicilline écossaise ? Il est vrai que la France reste l’un des pays qui a séparé le plus nettement l’État de l’Église. La laïcité appelle une stricte égalité de traitement entre les croyants, les athées et les agnostiques ; il n’y a donc pas de raison de créer des privilèges publics pour la religion, pas plus que pour l’athéisme.

Qu’en est-il du débat sur la pratique des cultes ?

Henri Pena-Ruiz. Il convient d’abord d’éviter toute confusion entre immigrés et croyants pratiquants. L’immigration maghrébine et turque en France est faite de travailleurs qui contribuent à produire la richesse du pays. Ils méritent donc exactement les mêmes droits que les travailleurs français. Parmi ces immigrés, certains seulement se reconnaissent dans l’islam. Il y a environ 5 millions de personnes issues de l’immigration maghrébine et turque. Il y aurait parmi eux 15 % de pratiquants, c’est-à-dire qui se rendent à la mosquée, et 85 % de personnes qui ne sont pas musulmanes ou qui, si elles le sont, appliquent les principes religieux dans leur vie quotidienne sans rien exiger de plus. En revanche, ces personnes attendent de la République qu’elle joue son rôle social, et soit donc présente dans les grands services publics d’éducation, de culture, de santé. Il faut éviter l’erreur de croire que, pour mettre à égalité les citoyens musulmans avec les catholiques, il faudrait construire des mosquées grâce aux fonds publics. La justice sociale consiste à s’occuper d’abord de ce qui est commun à tous les hommes : l’accès aisé à la culture, à la santé, à l’éducation, à un logement décent. La gauche n’a pas à se soucier des 15 % de personnes croyantes pratiquantes, mais des 100 % de personnes qui aspirent à ce qui importe à tous. Ce n’est pas le rôle d’un État laïc de construire des mosquées ou des églises, mais c’est son rôle de faire des écoles publiques, des hôpitaux publics, des logements sociaux accessibles à tous. D’ailleurs il s’est construit 2 400 salles de prière ces dernières années : c’est désormais une légende de considérer que les citoyens de confession musulmane prient dans des caves. À Paris, il existe des mosquées vides, alors que des personnes prétendent prier dans la rue, à l’appel de responsables religieux salafistes. Il est clair ici que la religion n’est qu’un prétexte à une démonstration de défi à l’égard des lois de la République laïque. Il ne faut pas se tromper de combat. La religion n’est pas un service public, et elle est dans certains cas instrumentalisée contre les droits des femmes, contre la culture, contre la libre disposition de soi. La gauche ne doit pas laisser la défense de la laïcité à la droite, qui d’ailleurs l’a copieusement bafouée en subventionnant les écoles privées religieuses alors qu’elle ne cessait d’aggraver les conditions matérielles de l’école publique par des milliers de suppressions de postes. La boussole, en la matière, est simple : tout l’argent public pour les services publics, qui sont universels, donc communs aux croyants et aux athées. Justice sociale et laïcité sont indissociables : il y a des vases communicants. Un rappel. Au moment où Jean Jaurès préparait la loi de séparation de l’État et des églises, il pensait déjà aux retraites ouvrières. L’argent qui ne va plus aux cultes peut désormais être consacré à l’intérêt général. Les retraites ouvrières sont communes aux croyants et aux athées. Aujourd’hui c’est l’inverse : l’État se prétend trop pauvre pour assurer ces retraites, mais il se découvre assez riche pour financer des religions qui n’engagent que
les croyants…

Pourquoi de telles idées sont-elles masquées par des faux-semblants ?

Henri Pena-Ruiz. Les responsables politiques doivent avoir le courage de dire que la religion n’engage que les croyants. Lorsqu’un croyant va à l’hôpital, il doit être soigné gratuitement au lieu de payer ses soins chaque fois plus cher du fait de la logique des dépassements d’honoraires et des franchises médicales, qui a introduit une médecine à deux vitesses. Ainsi, il fait des économies sur les soins et peut plus aisément se cotiser avec d’autres croyants s’il veut financer son culte, dans la sphère privée. On rend un très mauvais service à la population issue de l’immigration maghrébine ou turque en l’amalgamant aux religieux qui défient la République laïque. La laïcité, l’égalité des sexes, le droit aux études et au savoir ne doivent pas être entravés par des traditions rétrogrades. Il faut lutter résolument contre les discriminations sociales qui frappent certaines populations. Mais ce n’est pas une raison pour entrer dans le jeu de chefs religieux intolérants qui ne représentent qu’eux-mêmes en leur prêtant une attention particulière.

C’est donc aussi la question 
de l’émancipation qui est posée 
par la laïcité ?

Henri Pena-Ruiz. L’émancipation est l’idée que les êtres humains ne doivent pas vivre sous tutelle. Avec la laïcité, une telle idée s’affirme. Si on laisse des populations entières entre les mains de salafistes qui sont porteurs de régression sociale et d’inégalité entre les sexes, on ne joue pas le jeu de l’émancipation. Dire que la République est laïque signifie qu’elle est liée à l’ensemble du peuple et pas à la partie qui croit en Dieu. Dire qu’elle est sociale signifie qu’elle doit jouer son rôle en matière de services publics et de droits sociaux.

En quoi l’intégrisme religieux est-il le complice de la dérégulation libérale ?

Henri Pena-Ruiz. Non sans hasard, il existe un couplage saisissant entre, d’une part, une mondialisation
ultralibérale qui détruit les droits des travailleurs et, d’autre part, la résurgence de la compensation religieuse. Il n’y a pas si longtemps, Margaret Thatcher a brisé la dernière grande grève des mineurs britanniques, a privatisé les services publics comme le rail, et détruit les conquêtes sociales. Elle a par ailleurs encouragé les confessions religieuses à prendre le relais de l’État social défaillant, et ce sur un mode caritatif. Si la charité part d’un bon sentiment, elle ne peut tenir lieu de politique sociale, ni de solidarité redistributive.

Entretien réalisé par 
Lina Sankari

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Une Crise de civilisation ?

17 Décembre 2010, 23:02pm

Publié par PCF Villepinte

UNE CRISE DE CIVILISATION: C’est le thème du colloque qu’organise Espaces-Marx en partenariat avec Transform ! et la fondation Gabriel Péri.

Les crises actuelles - économique, sociale, écologique, démocratique, idéologique - sont enchevêtrées. Elles marquent les impasses dans lesquelles conduisent non seulement un système capitaliste qui atteint des limites, mais aussi une conception des rapports des hommes à la nature et entre eux. Jamais la conscience de l’unicité du monde n’a été aussi forte. Peut-on vivre ensemble dans ce monde sans remettre en question les valeurs, les principes et les conceptions que, sous le nom de « mondialisation », le capitalisme occidental cherche à étendre au monde entier ? Ne faut-il pas penser au contraire une « mondialité » qui organise la vie en commun dans le respect du dialogue et le mélange des cultures ? Ne vit on pas, au total, une crise de civilisation qui en appelle une conception radicalement nouvelle ?

les 28 et 29 Janvier 2011 Espace Niemeyer 6 avenue Mathurin Moreau 75019 Paris

Vendredi 28 janvier 17h – 19h

Séance d’ouverture avec :

Geneviève Azam, Universitaire, économiste Ariane Mnouchkine, Fondatrice et animatrice du « Théâtre du Soleil » Immanuel Wallerstein, Historien et Sociologue Jean Ziegler, Sociologue, Vice-Président du comité consultatif des Droits de l’Homme de l’ONU. Patrick Chamoiseau, Ecrivain (en attente de confirmation).

20h – 22h30 Crise du Capitalisme : quelle crise ? Jean Christophe Le Duigou, Syndicaliste Michel Husson, Economiste, chercheur à l’IRES Pedro Paez, Ancien ministre de l’économie de l’Equateur et coordinateur de la « Banque du Sud » Stéphanie Treillet, Economiste, Fondation Copernic

Samedi 29 janvier

9h30 – 12h Quelle nouvelle conception du développement humain ?

Nasser Mansouri, Syndicaliste, membre du C.E.S Frédéric Lebaron, Sociologue, Université de Picardie Aurélie Trouvé, Ingénieur agronome, co-Présidente d’Attac France Marisa Matias, Sociologue, Députée européenne de la GUE, Portugal

14h – 16 h30 Une nouvelle démocratie du local au mondial

Céline Braconnier, Chercheuse en sciences politiques Michèle Descolonges, Sociologue, Université Paris X Nanterrre, Présidente de l’ASTS. Maryse Dumas, Syndicaliste Marcel Gauchet, Philosophe, rédacteur en chef de la revue « le débat »

17h – 19h30 Les nouvelles conditions de la lutte des classes

André Tosel, Philosophe Isabelle Garo, Philosophe François Micquet-Marty, Politologue et Président de l’institut Viavoice Joachim Bischoff, Conseiller de Hambourg, éditeur de la revue Sozialismus

contact : Marie-Pierre Boursier 06.74.45.15.87 mariepierreboursier@espaces-marx.org

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philosophie

21 Novembre 2010, 08:01am

Publié par PCF Villepinte

Le communisme entre idéal et construction
Florian Gulli, philosophe

marx vieuxDes intellectuels interrogent la consistance contemporaine d’un concept déclinant
la critique déterminante du réel et la possibilité de sa transformation concrète. Communisme ? revue Actuel Marx, n° 48, PUF, 224 pages, 24 euros.

 Le dossier de ce numéro d’Actuel Marx examine la réhabilitation du « communisme » à laquelle on assiste depuis quelque temps en philosophie. Les différents articles s’interrogent sur les causes, la pertinence et les modalités de ce retour. La discussion porte en fait, le plus souvent, sur la position d’Alain Badiou, principal artisan de cette réactualisation philosophique de l’hypothèse communiste.

L’article de Chantal Mouffe est très nettement hostile au retour de cette « hypothèse ». Cette idée « convoque, selon elle, une vison antipolitique de la société, où tout antagonisme aurait été supprimé et où la loi, l’État et les autres institutions régulatrices auraient perdu toute pertinence ». Selon elle, « le mythe du communisme (...) qui implique très clairement le fin de la politique, doit être abandonné ». À la perspective d’une élimination du pouvoir, devrait être opposée l’idée d’une démocratisation radicale sur le fond d’antagonismes qui ne disparaîtront jamais.

Les autres contributions critiquent non pas tant l’hypothèse communiste que les modalités de son affirmation. Franck Fischbach rappelle que le communisme n’est pas d’abord un idéal orientant nos actions. Il est avant tout « la construction et l’accumulation de conditions anticapitalistes au sein même du capitalisme ». Toni Negri affirme, dans le même sens, qu’il n’y a pas de communisme sans ontologie historique. Le dédain de Badiou pour les institutions héritées du passé, son désintérêt pour les contenus du capitalisme contemporain sont les contreparties d’une promotion trop abstraite du communisme. Le philosophe communiste se doit d’analyser les formes actuelles de la lutte des classes, identifier les institutions existantes les plus favorables à l’émancipation. L’idée communiste n’aura d’épaisseur historique qu’à ce prix.

Autre point de désaccord. La promotion actuelle du communisme s’accompagne d’une vigoureuse critique du socialisme. Plusieurs contributions pointent le caractère problématique de cette opposition. D’abord, force est de constater que les textes classiques du mouvement ouvrier utilisent le plus souvent ces termes comme des synonymes (dans le IIe Internationale, socialisme, communisme et collectivisme sont des équivalents). Ensuite, parce que cela permet de faire de l’URSS, République socialiste, une page de l’histoire du socialisme, opération permettant d’occulter toute réflexion sur les liens entre l’idée communiste et ce qui s'est fait en son nom. S’il convient de critiquer l’idée d’un lien nécessaire entre l’idée et son incarnation, il est sans doute trop facile de nier toute relation.

Outre ce dossier, la revue propose un entretien avec le sociologue et historien Immanuel Wallerstein sur le néolibéralisme et la crise actuelle, replacés dans une dynamique historique large, réflexion engagée depuis plusieurs numéros déjà.

nPhilosophie

Florian Gulli

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Sur le blog de Jean-Emmanuel Ducoin

10 Novembre 2010, 08:39am

Publié par PCF Villepinte

esc C’était à l’heure de l’apéro – l’instant enfin retrouvé de délaisser l’ordi surchauffé. Dehors, un épais brouillard enfouissait l’horizon, tandis qu’au loin le long murmure de la ville bruissait de son écho douloureux, nous enveloppant d’une empreinte incertaine. La télé crachotait l’une de ces émissions savantes où conversent sur tous sujets quelques éditocrates germanopratins. Il y était question de «la fin du conflit social». «Victoire totale de Sarkozy», entendit-on. «La fièvre est terminée et la France entre enfin dans un nouveau modèle social», affirma-t-on. Quelqu’un demanda : «Restera-t-il quand même de l’amertume chez les ‘’vaincus’’ ?», présupposant qu’il y ait déjà vainqueurs et vaincus. «Non», répondit un autre, sûr de lui. L’un d’eux, riant aux éclats, annonça qu’il allait citer deux fois Tocqueville, le maître à penser de tous les libéraux de la haute. La sentence tomba. Primo : «L’esclave est un serviteur qui ne discute point et se soumet à tout sans murmure. Quelquefois il assassine son maître, mais il ne lui résiste jamais.» Secundo : «Les hommes ne sauraient jouir de la liberté sans l’acheter par quelques sacrifices.» Pestant devant notre petit écran, nous aurions voulu rajouter une autre citation que nos lèche-bottes de la médiacratie ne connaissent sans doute pas : «En politique, ce qu’il y a souvent de plus difficile à apprécier et à comprendre, c’est ce qui se passe sous nos yeux.» Encore Tocqueville…

republiqueFrayeur. Depuis quelques mois, un spectre hante la France. Celui de la révolte et de l’insurrection sociale. Puisqu’il ne sera pas dit que le bloc-noteur se refuse à puiser chez Tocqueville pour sonder les peurs enfouies des dominants lorsque les dominés finissent par se dresser, prenons l’exemple de la révolution de 1848. Dans ses souvenirs, celui-ci rapporte la frayeur d’un confrère député qui surprit les propos de jeunes domestiques rêvant à voix haute d’en finir avec le pouvoir des maîtres. Inutile de préciser que l’homme en question attendit prudemment que l’insurrection fût écrasée pour les congédier… Le même Tocqueville se souvient aussi d’avoir croisé, rue Saint-Honoré, une «foule d’ouvriers qui écoutaient le canon». Et il écrit : «Ces hommes étaient tous en blouse, ce qui est pour eux, comme on sait, l’habit de combat aussi bien que l’habit de travail. Ils remarquaient avec une joie à peine contenue que le bruit de la canonnade semblait se rapprocher, ce qui annonçait que l’insurrection gagnait du terrain. J’augurais déjà que toute la classe ouvrière était engagée, soit de bras, soit de cœur, dans la lutte ; cela me le confirma. L’esprit de l’insurrection circulait en effet, d’un bout à l’autre de cette vaste classe et dans chacune de ses parties, comme le sang dans un seul corps ; il remplissait les quartiers où l’on ne se battait pas, comme ceux qui servaient de théâtre au combat ; il avait pénétré dans nos maisons, autour, au-dessus, en dessous de nous. Les lieux mêmes où nous nous croyions les maîtres fourmillaient d’ennemis domestiques…»


fifiLèche-bottes.

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une autre civilisation est en gestation

5 Novembre 2010, 19:46pm

Publié par PCF Villepinte

Paul Boccara dans l'Humanité
 Lors d’une audition récente devant le Conseil économique, social et environnemental, l’économiste Paul Boccara a présenté ses nouveaux travaux. Pour lui, la crise actuelle n’est pas qu’économique. 
Une autre civilisation est en gestation. Entretien.

En quoi les luttes actuelles 
sur les retraites ont-elles 
une portée de civilisation  ?

Paul Boccara. Elles ont une double dimension. L’une économique et sociale, concernant les besoins sociaux et une transformation de progrès du financement, à l’opposé de la «  réforme  » favorisant la domination des capitaux financiers. Mais il y a une seconde dimension, non économique, qui concerne la vie en société et la civilisation. On nous dit qu’avec l’allongement de l’espérance de vie, il faut travailler plus longtemps. On ne peut pas se contenter de répondre qu’il y a d’autres possibilités de financement. Il faut opposer à cela l’idée de profiter pleinement de l’allongement de l’espérance de vie en bonne santé, en développant des activités sociales libres. Avec la productivité nouvelle, on peut réduire le temps de travail dans tous les moments de la vie, par l’accroissement du temps de formation avant de travailler, la réduction des horaires de travail et un allongement du temps de la retraite pour des activités sociales libres, culturelles, politiques associatives, qui se développent déjà. Ce changement du modèle culturel de la retraite participe à un autre type de société. Cela donne beaucoup plus de force aux luttes contribuant à une transformation de la civilisation.

 

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Le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin.

24 Octobre 2010, 06:56am

Publié par PCF Villepinte

Bête(s)

sarkoZDérives. Jusqu’alors nous n’avions jamais osé l’écrire – les circonstances nous y poussent. Depuis 2007, les occasions d’indignations anti-Nicoléon se sont tellement présentées 
à nous, que, parfois, nous avons songé à quelques phrases-chocs. Leur symbolique même, empreinte de références historiques exagérées, nous avait souvent maintenus dans 
la prudence. Mais pas toujours. Ainsi les mots « pétainisme » 
ou « dérives vichystes » ont pu, de-ci de-là, se glisser dans 
les aléas bousculés des commentaires d’une actualité brûlante et/ou nauséeuse. Un jour, n’en pouvant plus d’entendre parler « d’identité nationale », du « ministère » qui s’y rapportait, 
de « bons patriotes », de « valeurs chrétiennes » et autres relents maurrassiens aux échos glaçants, heurté par ce climat plus proche de l’Action française que de la République, le bloc-noteur prononça cette phrase en conférence de rédaction : « Que 
ne dirait-on pas si ce n’était pas la France mais l’Allemagne qui parlait ainsi ! » L’argument valait ce qu’il valait. C’était il y a un an.

Allemagne. Puisque « l’avenir est rare » et que « chaque jour qui vient n’est pas un jour qui commence », comme l’écrivait Maurice Blanchot, nous fûmes donc, cette semaine, rattrapés par la réalité. Et le coup est venu… de l’Allemagne. D’où on ne l’attendait pas. La chancelière Angela Merkel, devant les Jeunesses conservatrices des chrétiens-démocrates (tout un programme), a en effet enfoncé une barrière morale en affirmant que le modèle d’une Allemagne « Miltikulti » avait « échoué, totalement échoué ». Entendez par « Miltikulti » : multiculturelle, multireligieuse, hétérogène, tolérante, etc. Un concept qui 
a toujours servi d’élément fédérateur et presque fondateur sur 
les ruines du IIIe Reich. D’où notre malaise, notre très grand malaise, au point de considérer cet événement comme 
un moment de basculement symbolique important. Car, dans cette Allemagne toujours hantée par son passé nazi et si peu laïque que l’expression n’y a quasiment aucun sens (n’oublions jamais que la référence à « Dieu » figure dans son préambule constitutionnel), les dirigeants s’emploient d’ordinaire à manier les sujets sur les « étrangers » et les « minorités » avec une infinie prudence, et pour cause. Angela Merkel, fille de pasteur, jusque-là restée sur la réserve idéologique, a-t-elle tout fait voler en éclats ? « Nous nous sentons liés aux valeurs chrétiennes, a-t-elle ajouté. Celui qui n’accepte pas cela n’a pas sa place ici. » Traduction. « Nous » : les chrétiens. « Celui qui… » : les musulmans.

Malsain. La suspicion des « étrangers » dans 
la bouche de sa principale dirigeante a-t-elle sa place 
en Allemagne, pays où vivent quelque 4 millions de musulmans et où, voilà dix ans, l’accès au droit à la double nationalité avait bousculé le sacro-saint droit du sang germanique ? Et Angela Merkel, prise en flagrant délit de radicalisation conservatrice anti-immigration, vient-elle de rejoindre le club très fréquenté d’un populisme d’un nouveau genre à l’échelle du continent : l’ultra-libéralo-nationalisme ? Poser la question, n’est-ce pas déjà y répondre… D’autant qu’à l’origine de ce débat malsain, la lecture d’un livre, intitulé L’Allemagne court à sa perte, avait choqué de nombreux Allemands, car son auteur, Thilo Sarrazin, n’est autre qu’un des ténors du Parti social-démocrate (vous avez bien lu) et, accessoirement, l’un des membres du directoire de la Banque centrale, contraint depuis à la démission. 
Ce pamphlet aux accents xénophobes, écoulé à près de 700 000 exemplaires, dénonçait le déclin de « l’identité culturelle » allemande et « l’invasion islamique », le tout mêlé 
à l’une des peurs les plus enfouies dans l’inconscient du pays en ce début de XXIe siècle : le déclin démographique. De quoi frémir.

Dangers. Pour une fois qu’un sujet de consensus 
le rapproche de la chancelière, le national-libéral Nicoléon 
ne se plaindra pas de ce renfort inattendu. Depuis son discours de Grenoble et la stigmatisation infâme des Roms, qui valut à la France une mise en demeure de l’Europe, les chiens sont lâchés et, après la déchéance de la nationalité, quelques députés UMP n’hésitent pas à évoquer la suite du programme : la suppression du droit du sol ou de la double nationalité… Une enquête révélait cette semaine que 37 % des enfants de naturalisés français déclarent « ne pas se sentir reconnus comme tels ». Comment s’en étonner, quand on tient à distance le « Maghrébin » ou « l’Arabe » au point qu’à la quatrième génération on parle encore de l’« origine des beurs » ? 
Qu’en pense Nicoléon, pourtant fils direct de l’immigration ? 
« La France, tu l’aimes chrétienne ou tu la quittes ? » Ce serait donc ça, la République d’aujourd’hui ? Oublieuse qu’elle s’est aussi construite en rupture avec la France chrétienne, délivrant 
un message républicain universel, par-delà ses frontières 
et reconnu comme tel ? Et l’Europe ? « Tu l’aimes chrétienne 
ou tu la quittes ? » Elle aussi ? Du Nord au Sud, de l’Ouest à l’Est, la crise sociale attise la haine de l’autre. En 2010, entre 20 
et 30 % de l’électorat du Vieux Continent se déclare ouvertement opposé à la diversification culturelle. Il est un peu tôt pour (re)parler de la bête immonde, mais il est un peu tard pour totalement l’ignorer. Il n’y a pas si longtemps, nous disions, exténués et à bout d’argument : « Que ne dirait-on pas si l’Allemagne parlait ainsi ! »

Le blog du bloc-noteur : http://larouetournehuma.blogspot.com

Jean-Emmanuel Ducoin

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expo - « revolución gráfica »

29 Septembre 2010, 19:47pm

Publié par PCF Villepinte

 

HELIOS GOMEZ - JOSEP BARTOLI
L’ expo - « revolución gráfica »
 

Par : Archives
Mis en ligne : 29 septembre
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Thèmes : Mémoire

Entre la dernière semaine de janvier et le 13 février 1939, des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants quittèrent l’Espagne par les Pyrénées. Ce fut la « Retirada », la retraite des vaincus qui purent fuir la longue nuit franquiste qui s’abattit sur l’Espagne. Retraite des vaincus et non fuite. 

Vaincus car défaits militairement, vaincus par ceux qui préféraient Hitler aux fronts populaires, vaincus puisque trahis par ceux qui n’ont le goût du populaire que lorsqu’il les porte au sommet de l’état. Une retraite et non une fuite… Ces vaincus ne se rendaient pas. Des portes de Stalingrad aux maquis de l’Ariège, des jungles colombiennes au Chili de Pinochet, du 68 mexicain à la sierra Maestra, les vaincus et leurs enfants n’eurent de cesse de combattre la bête immonde et le ventre d’où elle surgit.*

En 2009, l’on célébrait leur mémoire. Les célébrations ont ceci d’utile qu’elles permettent à des oeuvres vouées à l’oubli de resurgir, et de nous sidérer par leur force, leur justesse, et leur présence. OEuvres dont les vaincus ne furent pas avares. C’est bien le cas de l’ensemble des dessins de Josep Bartoli qu’Actes Sud publie sous le titre « La retirada ». Elle nous invite à redécouvrir l’exceptionnelle éclosion de talents qui annonça et accompagna la révolution outre- Pyrénées. Bartoli, infatigable de Mexico à New York en passant par Paris n’eut de cesse de produire une oeuvre protéiforme, il mourut dans son dernier lieu d’exil, à New York.

L’un d’eux mérite la notoriété d’un Franz Masereel. Il s’agit d’Hélios Gomez, dont une association s’emploie à sauvegarder et à rééditer l’oeuvre. Affichiste, peintre et poète, anarcho-communiste, gitan et andalou, révolutionnaire errant de Paris à Berlin, d’Amsterdam à Moscou au gré des expulsions. Il franchit les Pyrénées lors de la « Retirada » mais choisit de rentrer lutter clandestinement. Arrêté il payera de huit années de détention ce courage. Il meurt peu après sa remise en liberté.

C’est à la découverte de leurs oeuvres que nous vous convions, inédites dans l’hexagone pour Helios Gomez et rarement montrées de façon aussi exhaustive pour Josep Bartoli. Une expo commune pour deux hommes qui se connurent et s’estimèrent. Commune car, si leurs engagements partisans furent divers, ils nous invitent à ce qu’ensemble, aujourd’hui nous continuions à exiger justice et vérité pour toutes les victimes du franquisme.

* « Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde. » B.Brecht.

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quelle union populaire pour rassembler les forces de luttes et de transformation ?

10 Août 2010, 06:42am

Publié par PCF Villepinte

Idée, Identité, Désir communistes

Par Jacques Broda, sociologue.

 

L'inconscient Politique - Vivance - Elles
Le Camp domestique - Ils naissent un couteau au coeur
L'éclipse, le Choeur de la Savine

Idée, comme formation de l’esprit (idéelle, idéale), Identité comme image de soi, Désir comme volonté de justice, le communiste est au centre.

L’Idée communiste le porte à agir, elle représente pour lui le futur, le souhaitable, elle guide ses actions, ses pensées. Cette idée est une vision avant d’être une visée, elle porte une utopie, un lieu du désir. L’Idée communiste est un imaginaire, un souhait, un espoir, un guide pour l’action. Pas seulement l’action politique, elle guide les actes dans la vie courante, familiale, au travail, chez soi, à table. Idéalement basée sur le respect, le partage, la dignité, l’écoute, le don, le courage, l’analyse des situations, elle convoque une morale et une éthique, guide pour l’action et pour la pensée, elle se nourrit de toutes les expériences, 
(ré)interprétées à l’aune de la lutte des classes, mais aussi à l’aune d’un idéal d’émancipation agi au quotidien et dans le projet. Cette Idée communiste nous y tenons, autant qu’elle nous tient. Elle forge l’organisation – théoriquement –, « épouser la notion », dit Mallarmé. Quand les camarades ont épousé l’organisation au détriment de la notion, le pire est arrivé.

L’Identité communiste, un sentiment d’appartenance, une communauté de partage, une référence, un référent, à l’identique et au même sont dans le même parti. L’Idée est plus large que l’Identité, l’Idée dépasse le parti. L’Identité individuelle et collective nous situe par rapport aux autres, aux mêmes (liens et altérités), aux différents (liens possibles) idéologiques et politiques. L’Identité nous soude, et en même temps chacun la vit différemment, singulièrement, elle rassemble dans le lien et le dissensus. Elle n’est pas du « un », elle est du multiple et du commun, ce qui fait lien à l’intérieur, c’est l’Idée et le Désir. À l’extérieur l’Identité communiste est vécue comme une image, l’image de soi pour les camarades devient une image de l’autre. Elle symbolise la lutte, le courage, le dévouement, le Parti des fusillés, mais aussi le stalinisme, l’hégémonie, le centralisme, un « mauvais objet » à détruire.

Le Désir communiste est un désir pour l’autre, pour les autres, la justice est son ressort, son essor, c’est un désir de politique et une politique du désir, et non du besoin. Le besoin part de soi, le désir de l’autre. Certes, la satisfaction des besoins sociaux est vitale, cruciale, tout doit être mis en œuvre pour cette réalisation, mais le Désir communiste est d’une autre ampleur, il vise à une transformation radicale des rapports sociaux et pour le sujet à une volonté, une force, un courage d’être le sujet historique de cette transformation. Le Désir communiste transforme le communiste dans son action, tout comme l’Idée, il est un guide pour l’action. Un guide n’est pas une force de frappe, mais une orientation, un sens, une autocritique analytique du pourquoi de son désir, de la justesse de son dire et de son agir. Une éthique. Si la révolution doit être permanente, le rapport à la révolution est soumis à une critique permanente du désir de révolution en son application.

Le pacte d’union populaire proposé par Pierre Laurent provoque les trois dimensions. Le pacte nous lie dans un projet commun, une idée commune, partagée avec d’autres dans un but, il engage l’engagement commun et réciproque à le respecter. L’union veut construire du lien, réunir et rassembler les forces de luttes et de transformation. Populaire est partagé le plus largement par le peuple, porté par les valeurs populaires de luttes, de justice et de fraternité. L’Idée, l’Identité et le Désir communistes sont convoqués simultanément dans une stratégie d’alliance. Toute la difficulté est là, ne pas perdre son âme, tout en la jouant dans une lutte violente. Nous ne choisissons pas les situations, mais nous pouvons les créer, comités de lutte, comités citoyens, cellules élargies, comités de base, réseaux, ateliers d’écriture, ateliers de création de l’action politique, l’ouverture du champ des possibles est immense. La pulsion d’effacement doit céder le pas à la pulsion de création.

En 1945, voici ce que dit Tristan Tzara (j’ai changé le poète en communiste) : « La mauvaise organisation sociale qui… aboutit, en opprimant une partie de l’humanité par une autre, à des contradictions et des luttes inhumaines, le communiste en ressent singulièrement l’immoralité et le mensonge. Le communiste est essentiellement révolutionnaire. Son sentiment profond tend à la transformation du monde actuel en un monde où l’homme puisse être entièrement d’accord avec lui-même. Mais le monde présent est tel que toute révolte individualisée est non seulement inefficace, mais nuisible, car vouée à un échec consubstantiel certain, elle se réfugie dans une attitude de pessimisme ou d’évasion. La vie de nos jours, pour le communiste, a nom Révolution. Avec tout ce que cela comporte d’action, de foi, d’adhésion aux nécessités immédiates des hommes tels qu’ils sont, tels qu’ils deviennent, tels qu’ils luttent, tels qu’ils vivent et qu’ils aiment. » (1)

 

(1) T. Tzara, « Poésie latente et poésie manifeste », revue Europe, « la Poésie et la Résistance », 1974, no 543

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tribunes & idées

12 Juin 2010, 09:27am

Publié par PCF Villepinte

La voie sans issue du « tout sauf Sarko »
régionalesGauche : Quelles réponses aux attentes ?          jean rabaté, journaliste

Dans sa tribune publiée dans l’Humanité du 8 juin, Pierre Laurent note que si « seul compte l’objectif de battre Nicolas Sarkozy », le risque est grand d’étouffer « le nécessaire débat de projet à gauche dans la mécanique présidentielle ». Et il appelle à relever ce défi  : « Faire dominer le débat que l’on va tenter d’étouffer. » Coïncidence, l’auteur de deux pamphlets dédiés à Sarkozy et déjà publiés me fait parvenir un troisième réquisitoire dans lequel il laisse aller sa colère et sa verve contre l’hôte de l’Élysée (1). Il rappelle avec à-propos nombre de ses déclarations et promesses. Il en relève les contre-vérités et les « oublis », en souligne la démagogie, en dénonce les conséquences immédiates et les dangers à venir. La malfaisance des recettes dites « libérales » en matière d’emploi et de retraite, de justice sociale et de liberté, de démocratie et de sécurité est démontrée arguments et preuves à l’appui. Seulement voilà, le tout est tellement personnalisé autour du seul Sarkozy que son pourfendeur en oublie que c’est une idéologie et une politique qu’il s’agit de combattre, plus que l’homme – aussi détestable soit-il – choisi par la droite pour être son héraut à un moment donné. Et c’est ainsi qu’au nom du « tout sauf Sarko », il en arrive à lancer cet appel  : « Peuple de gauche, au premier tour de la présidentielle de 2012, vote massivement pour Dominique de Villepin (…) le mieux placé (pour) nous éviter un second quinquennat sarkozien ! »  Ce n’est malheureusement pas simple provocation de sa part. Après avoir cité à sa façon quelques-uns des candidats potentiels ou déjà déclarés, il s’explique : « J’aurais préféré qu’il y ait dans la liste un véritable homme de gauche capable d’y aller et apte à rassembler les suffrages. Il n’existe pas aujourd’hui. » Faute d’un « candidat de gauche qui casserait la baraque d’ici là et que l’imagination n’a pas encore identifié », il faudrait donc voter Villepin, puisque « l’objectif de 2012, c’est de virer Sarko et de le remplacer par le moindre mal possible ». Qu’un citoyen comme cet auteur, pourtant attaché aux valeurs de la gauche – ses écrits et plusieurs rencontres m’en ont convaincu – en arrive à désespérer de celle-ci au point de vouloir faire d’un ancien premier ministre de Chirac « la Ségolène Royal de la droite », voire « le joker de la gauche », montre l’aberration politique et la voie sans issue à laquelle peut mener le « tout sauf Sarko », quand l’essentiel est oublié. Mais cet appel à baisser les bras devant la droite avant la bataille ne souligne-t-il pas surtout l’immense responsabilité des forces de gauche  ? L’impérieuse nécessité devant laquelle elles se trouvent de relever le défi – comme y invite Pierre Laurent – d’élaborer, dans l’action et par le débat, une perspective politique et un projet de société crédibles  ? C’est-à-dire la base sur laquelle pourrait être choisi(e) l’homme ou la femme le (ou la) plus apte à redonner espoir et envie d’agir pour que ça change vraiment à tous ceux et à toutes celles qui n’en peuvent plus. À défaut, leur désarroi et leur ras-le-bol conduiront les uns à continuer de déserter les urnes, les autres à rechercher – comme l’auteur de cet ouvrage – un utopique « moindre mal » à droite ou au prétendu centre, d’autres encore à exprimer leur désespoir et leur colère aux côtés de l’extrême droite.

(1) Pas vu… pas pris  !, par Charles Duchêne. Éditions BTF Concept, 
214 pages. 10 euros.

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Face a la crise du Système capitaliste, comment concevoir La transformation de la société  ?

26 Mai 2010, 11:19am

Publié par PCF Villepinte

Quand le destin hésite, le pays a besoin de partis politiques debout et clairs

henri.jpgPar Henri Malberg, membre de la direction fédérale du Pcf à Paris.

La question de la « forme parti » revient dans le débat en rapport avec la crise politique. On dit que les partis politiques sont dépassés. L’avenir serait à d’autres formes d’organisation, plus larges, moins frontales. À noter dans l’Humanité, le débat entre Edgar Morin et André Tosel, un article de Pierre Zarka et le récent débat avec Anicet Le Pors. (1) Quant au Monde diplomatique, il vient de titrer un article  : « Partis politiques, espèce menacée ». (2)

Le questionnement est dans les partis eux-mêmes.

C’est le cas chez les Verts avec l’idée de « coopérative », en place d’un parti, préconisée par Cohn-Bendit. La création du NPA en place de la LCR relève de cette problématique. Les « primaires » décidées par le Parti socialiste flirtent avec.

D’une autre façon un courant intellectuel qui se réclame du communisme estime qu’on ne peut pas compter sur les partis et met l’accent, à juste titre d’ailleurs, sur des mouvements profonds dans la société qui en appellent à l’idée communiste et traduisent du communisme de fait. C’est ce que disent, j’espère ne pas simplifier, Badiou et Zizek. (3) Et puis des communistes ont quitté le PCF, pour certains sur cette problématique. Ces questions sont donc des questions de fond.

Que se passe-t-il  ?

D’abord le sentiment populaire est que les partis politiques trichent, font le contraire de ce qu’ils promettent et n’ont pas de vision d’avenir. Les citoyens ont le sentiment d’être floués. C’est vrai lorsque la droite et le Parti socialiste viennent sur longue période de s’aligner sur le libéralisme, les lois du marché, les privatisations… Et maintenant brûlent, ou font semblant, ce qu’ils ont adoré.

Pèsent aussi l’échec de ce qui s’est voulu à l’Est, une formidable transformation de la société sous le titre de communisme, et l’échec, à l’Ouest, d’une social-démocratie qui avait promis de changer la vie. Y ajouter la soumission « du politique » aux « marchés », l’idéologie de l’individu au-dessus de tout, et l’élection présidentielle devenue mère des batailles. Le compte y est pour que le doute soit profond et pour le prendre au sérieux.

Changement de période

Or les choses bougent. La crise du capitaliste rebat les cartes et met en cause le système, y compris ses valeurs idéologiques. Aujourd’hui contrairement aux années 1980 ce n’est pas le socialisme de l’Est, mais le capitalisme qui est sur la sellette. Des questions vitales sont posées. Que faire  ? Peut-on sortir du capitalisme et construire des changements profonds  ? Que devrait être un nouveau socialisme ? La lutte des classes, la guerre des idées se font plus rudes et nécessitent plus que jamais le combat politique.

Que faire  ?

Dans la période qui commence, le destin hésite. Sous l’apparente banquise, la société bouillonne.

La crise peut mener à tout, « le chacun pour soi », le populisme ou l’abandon dans les bras d’un sauveur, qu’il soit de droite ou de gauche. Mais aussi le meilleur, un formidable mouvement progressiste comme notre pays en a le secret. De ce fait ce n’est pas de flou artistique dont le pays a besoin mais de politique nettement affirmée et donc de partis politiques debout et clairs.

Les partis politiques à la française sont une formidable invention historique. Ils peuvent et doivent être des lieux de débats et d’actions, des lieux qui expriment les intérêts de classe et les idéologies qui s’y rattachent, mobilisant les énergies et les intelligences. C’est ce dont on a besoin. Et je suis solidaire de ceux qui chez les Verts, au NPA et au Parti socialiste défendent de telles conceptions.

D’ailleurs il n’y a, face aux médias et au pouvoir, pas d’autres forces que des partis politiques combattants et vivants, articulés à de puissants mouvements dans la société. Je ne parle pas de la droite. Ils n’aiment pas les partis organisés et militants et se méfient même des leurs. Chez eux règnent les chefs autoproclamés, les clans et les réseaux. En un mot ils craignent la démocratie.

Et les communistes  ?

La prégnance des idées du communisme est forte en France. Bien au-delà des adhérents du Parti communiste. Les valeurs communistes sont là. Tant mieux si le tissu idéologique est tant marqué de ce qu’on appelle l’exception française. En même temps ce mouvement profond vit et perdure aussi parce qu’il y a une formation politique qui, vaille que vaille, en porte le nom et les conceptions. Tout ne dépend pas du Parti communiste, loin de là, mais sans son existence il n’y aurait pas de perspectives de véritables transformations.

L’existence d’un Parti communiste, d’une force aux références théoriques fortes, creuset d’actions et d’intelligence militantes, fonctionnant à la cohésion et à la diversité mêlées, est une des clés de la situation. À la condition essentielle de regarder en face, comme cela a été décidé, tout ce qu’il faut créer et inventer pour que ce parti tienne la route dans la durée. Il y faut de l’audace et de l’intelligence collective. Les communistes ont choisi ce chemin à une très grande majorité. La tâche est immense. Il faut essayer de bien comprendre l’époque et ne pas céder à la facilité et au court termisme. Voire loin et travailler près. Il y a besoin d’un Parti communiste combattant en relations étroites avec le monde du travail, la jeunesse et les intellectuels. Et intangiblement d’une politique unitaire et de rassemblement. En respectant son voisin sans se laisser manger par lui. Il y a du boulot.

(1) L’Humanité des 17, 20 avril et 15 mai 2010. (2) Le Monde diplomatique du 1er mai 2010. (3) L’Humanité du 26 janvier 2010.

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