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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

travail

Que-se-cache-t-il, derrière le décollage hypersonique de l'apprentissage?

23 Mai 2022, 11:25am

Publié par PCF Villepinte

Alors que le gouvernement sortant et le chef de l’État reconduit dans ses fonctions triomphent des très bons résultats de l’apprentissage qu’ils associent à la loi Avenir professionnel de 2018, la CGT dénonce les effets pervers de cette réforme qui a bénéficié du « quoi qu’il en coûte », dont la fin approche…

Chiffres de l'apprentissage : comme souvent, le diable se cache dans les détails.

Des chiffres à faire pâlir d’envie : en 2021, 730 000 contrats d’apprentissage ont été signés, soit +140% par rapport à 2017, au début du premier mandat d’Emmanuel Macron.

Et il y aurait 900 000 autres contrats en stock, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques. Un record absolu ! 

« La marchandisation des contrats d’apprentissage, est-ce une bonne nouvelle ? », s’interroge Angeline Barth, secrétaire confédérale de la CGT, en charge de la formation professionnelle.

Avec le big bang de Muriel Pénicaud et sa loi Avenir professionnel de 2018, « les centres de formation des apprentis (CFA) n'ont plus besoin d'autorisation régionale pour ouvrir, ni de celle de l'État pour embaucher des formateurs », ajoute-t-elle.

N’importe quel organisme de formation peut former des apprentis. 

Désormais pilotés par les branches professionnelles, c’est le patronat qui définit les besoins de formation, détermine les diplômes et titres professionnels et fixe le niveau de prise en charge pour chaque certification (« coût-contrat »).

Lorsque les régions avaient encore la main, elles étaient attentives à maintenir des formations pour les premiers niveaux de qualification.

Plus de 200 CFA supplémentaires ont été créés depuis la réforme Pénicaud, créés directement par des entreprises « pour former des jeunes en fonction de leurs besoins propres, sans certitude sur la transférabilité des certifications vers d’autres secteurs professionnels », critique Angeline Barth.

De la main d’œuvre pas chère, sans réelle possibilité pour l’apprenti d’utiliser ses compétences ailleurs.

Il est enfermé dans l’entreprise qui l’a formé. Sans passeport pour l’emploi à la fin de son contrat.

« Ce pur adéquationnisme entre l’emploi et la formation, Emmanuel Macron souhaite maintenant l’exporter dans les lycées professionnels de l’Éducation nationale », s’inquiète Angeline Barth.

Les bons résultats de l’apprentissage sont aussi portés par les aides massives du gouvernement avec le programme « 1 jeune, 1 solution » pendant le Covid. Il risque de connaître un coup d’arrêt brutal avec la fin du « quoi qu’il en coûte » annoncé par Emmanuel Macron. 

La CGT demande la remise à plat complète du système d’apprentissage, de son financement et du système d’agrément des CFA. Il faut sortir du processus de libéralisation enclenché en 2018.

Le financement des CFA ne repose que sur les coûts-contrats ce qui fragilise les plus petits centres sans considérer leur utilité sociale et économique.

Les coûts contrats doivent être fixés au niveau national pour éviter les énormes disparités de financement (du simple au double) pour des formations identiques, d’un territoire à l’autre. Le financement doit revenir aux Régions. 

Et la taxe d’apprentissage doit être intégralement dédiée au financement des formations professionnelles initiales : apprentissage et voie scolaire.

Avec une nouvelle répartition : une part reversée aux Régions, une part pour financer les CFA, une part destinée aux établissements dispensant des formations professionnelles d'insertion, hors apprentissage.

Il est encore temps aussi de maintenir la collecte des fonds de la formation professionnelle et de l’apprentissage par les opérateurs de compétences (Opco).

La CGT a toujours été hostile à la collecte par les Urssaf. 

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CHRONIQUE Arrêt de travail : un scandale de plus

13 Mai 2022, 06:09am

Publié par PCF Villepinte

Dans la précipitation et sans concertation avec les prescripteurs (médecins, sages-femmes, dentistes), le gouvernement met en place une nouvelle procédure visant à fusionner les certificats d’arrêt de travail et d’accident de travail.

Christophe Prudhomme L'Humanité

Publié le Mardi 10 Mai 2022

AFP

L’objectif annoncé est une simplification, avec notamment la mise en place d’un téléservice. Mais, selon des syndicats de médecins, il s’agit d’une nouvelle usine à gaz qui, loin de rendre les choses plus faciles, les complique. En effet, auparavant, le formulaire de déclaration d’accident de travail comprenait l’arrêt de travail éventuel, mais ce n’est plus le cas. Maintenant, en plus de la déclaration d’accident de travail, il faut aussi un arrêt de travail.

Le cas oublié des prolongations...

Par ailleurs, certains cas de figure ont été oubliés. C’est le cas des prolongations après un arrêt de travail, qui sont très fréquentes. Des patients restent en accident de travail, mais peuvent mettre un terme à leur arrêt de travail alors que les soins se prolongent.

Un exemple: les soins de kinésithérapie après un lumbago. Il est alors possible de prolonger laccident de travail en soins sans arrêt. Dans le nouveau formulaire, ce cas nest pas prévu, ce qui constitue une perte de droits pour la personne concernée, car les soins liés à un accident du travail sont pris en charge à 100 %.

Il existe par ailleurs un risque de violation du secret professionnel, car un des volets sur lequel figure le motif médical est susceptible d’être transmis en ligne à l’employeur si ce dernier est l’État ou un hôpital, ces administrations gérant elles-mêmes tout le dossier! Sollicitée, lassurance-maladie répond que, «dans le cadre de ce nouveau dispositif, les professionnels de santé ont été informés et seront accompagnés par les conseillers informatiques de ses services».

L'outil numérique dans les mains de technocrates

Bref, une nouvelle fois, l’informatisation de certaines tâches crée de la complexité et une surcharge de travail administratif, alors que les professionnels de santé se plaignent justement du temps perdu dans ces tâches au détriment de celui qu’ils doivent consacrer aux patients.

C’est désolant, car l’outil numérique devrait justement avoir pour mission de faire gagner du temps et de la performance. Mais, dans les mains de technocrates qui ne prennent pas en compte les besoins et les demandes des utilisateurs, c’est un désastre humain et financier.

Visiblement, l’échec du dossier médical partagé, pour lequel près d’un milliard d’euros a été dépensé en pure perte, ne sert pas de leçon. Peut-être que la cause est en rapport avec le choix fait par le gouvernement de ne plus travailler avec ses administrations et ses services publics mais de faire appel à des cabinets d’audit type McKinsey, qui produisent de coûteux rapports élaborés en vase clos sans prendre en compte les avis ni des acteurs ni des usagers, comme cela a été le cas au début de la crise du Covid.

Voir aussi :

"Mon espace santé" : tout ce qu'il faut savoir sur le carnet de santé numérique

 

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Frédéric Grimaud « Il y a une perte de sens du travail enseignant »

30 Septembre 2019, 06:52am

Publié par PCF Villepinte

 

Vendredi, 27 Septembre, 2019

L’Humanité Laurent Mouloud

Spécialiste de la souffrance au travail, Frédéric Grimaud déplore l’impact des nouveaux modes de management dans l’éducation nationale.
 

Frédéric Grimaud.Chercheur à l’université d’Aix-Marseille.

Professeur des écoles, membre de l’Institut de recherche de la FSU et chercheur à l’université d’Aix-Marseille, Frédéric Grimaud travaille sur la souffrance au travail des enseignants. Auteur du Travail contrarié des directeurs d’école, à paraître prochainement aux éditions Syllepse, il décrypte l’impact néfaste des nouvelles formes de management dans l’éducation nationale, notamment sur la santé de ses collègues.

Ce nouveau suicide témoigne une fois de plus du mal-être enseignant. Vous qui travaillez depuis des années sur la question, quel constat dressez-vous?

Frédéric Grimaud Depuis deux ans, j’ai animé des stages dans 36 départements sur la santé et la souffrance au travail des enseignants. À chaque fois, la salle était pleine et les collègues exprimaient un grand désarroi. Notamment les directrices et directeurs d’école. Ils sont parmi les personnels les plus touchés et exposés. Beaucoup décrivent des situations de surmenage où ils se retrouvent empêtrés dans des logiques administratives chronophages qui leur font perdre le sens de l’activité historique de leur métier. Normalement centrés sur l’animation des équipes et le développement de projets pédagogiques, ils voient aujourd’hui leur fonction souvent réduite à des tâches d’exécutants. L’un de ces directeurs me disait: «Le travail que je fais, un bon secrétaire peut le faire.» Ça en dit long sur le sentiment de dépossession qui les anime et de la souffrance qui peut en découler…

Comme s’exprime cette souffrance?

Frédéric Grimaud Il y a évidemment – on le voit aujourd’hui – le cas extrême du suicide. Dans ma circonscription, une collègue a d’ailleurs tenté de se donner la mort deux jours après la rentrée. Ce sont souvent les profils les plus investis et reconnus par leurs pairs qui sont les plus susceptibles de passer à l’acte. Mais, attention, ces gestes ultimes, très visibles et médiatisés, ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Au quotidien, les altérations de la santé chez les enseignants et directeurs s’expriment de multiples manières. Cela peut aller de la démotivation profonde au conflit dur avec les collègues, en passant par la dépression et la démission. Bref, il ne faut pas se focaliser sur les seuls cas de suicide pour saisir l’ampleur du phénomène. Toutes ces situations expriment, chacune à leur manière, une profonde souffrance et dressent un tableau inquiétant.

Quelle est la responsabilité de l’éducation nationale dans ce mal-être?

Frédéric Grimaud Nos travaux mettent en cause les nouvelles techniques de management public apparues depuis la fin des années 1990. La responsabilité de l’administration est d’être la courroie de transmission de ces nouvelles logiques. Jour après jour, elle bombarde les directeurs de tâches éloignées de leur réelle activité en classe. Des tableaux Excel à remplir dans la journée, des formulaires où ils doivent rendre des comptes… Sous pression constante, les directeurs, devenus à leur tour courroie hiérarchique, ont le sentiment de travailler à flux tendu pour une administration jamais satisfaite. Cela crée un profond malaise. Le pire, c’est que cette fameuse «administration», les corps intermédiaires et d’inspection, souffre également de cette situation. Ils sont eux aussi pris entre le marteau et l’enclume. Ils savent qu’ils demandent aux enseignants de faire un travail qui n’a pas de sens dans les classes. On crée un système complètement fou…

Comment y remédier?

Frédéric Grimaud La volonté du new management est de transformer les salariés en exécutants de tâches prescrites et conçues en dehors de la situation du travail. Cette nouvelle logique dépossède le travailleur de ses outils et du sens même qu’il peut donner à son travail. Il faut donc en priorité redonner aux enseignants leur capacité à agir, les rendre à nouveau concepteurs de leurs tâches. Pour y parvenir, il faut redévelopper des collectifs de travail, favoriser les échanges entre collègues, créer de la dispute professionnelle… En résumé, que l’administration leur fasse réellement confiance!

La politique de Jean-Michel Blanquer accentue-t-elle cette logique de nouveau management?

Frédéric Grimaud Complètement. Il va même très loin puisqu’il préconise les méthodes de lecture, restreint les animations pédagogiques au «savoir lire-écrire-compter», ne jure que par les neurosciences… En ce moment, les maîtresses de CP et CE1 font passer des évaluations normées – et contestées – à tous les élèves. Elles ne les corrigent pas. Elles les renvoient à un logiciel qui leur retourne les résultats en leur disant ce qu’elles doivent faire dans leur classe! C’est une dépossession totale du métier. Les syndicats le dénoncent, rappellent ce qui s’est passé à La Poste, à France Télécom, à l’hôpital. Mais pour l’instant, il y a peu de résistance dans le métier et, parfois, ça vire au drame…

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