Les communistes de villepinte vous invitent à utiliser ce blog comme point de rencontre et d'échanges concernant la situation politique ,économique ,sociale et environnementale du local à l'international.
Remaniement : les ministres changent… pour que rien ne change
Le nouveau gouvernement est à l’image du nouveau Premier ministre : de droite et aux ordres d’un président de la République accroché à son cap ultralibéral. Ce cap a pourtant amplement démontré, en particulier ces derniers mois, ce qu’il a coûté à nos services publics comme aux infrastructures de l’État, et à quel point il tourne le dos aux attentes sociales du pays ainsi qu’aux exigences écologiques ou climatiques.
En guise de « nouveau chemin », Emmanuel Macron est décidé à poursuivre une politique au service exclusif des grands groupes et de leurs actionnaires avides de dividendes en augmentation constante.
Comme pour le prouver, après la nomination d’un Premier ministre formé à l’école du sarkozysme, c’est du côté de personnalités issues du parti Les Républicains que l’exécutif est allé chercher de nouveaux supplétifs. Loin des postures affichées par la droite, démonstration est faite de la convergence de ses orientations avec le macronisme.
C’est l’emploi, les salaires, les services publics, notre système de protection sociale et de retraites, notre industrie nationale, nos libertés individuelles et collectives qui vont en faire les frais. Et la crise économique, financière, sociale et écologique, qui balaie la France comme la planète, en sera d’autant plus aggravée.
Cette politique de régression n’a pas de majorité dans le pays.
Les Français.e.s ne veulent pas des aides sans condition aux grands groupes, qui se traduisent en d’innombrables délocalisations, fermetures de sites et plans massifs de licenciements. Ils ont dit par millions, dans la rue, qu’ils refusaient le retour d’une réforme des retraites qui conduirait à l’effondrement des pensions. Ils attendent une politique de relance qui répondent à leurs exigences de justice, non le verdissement de choix qui creusent les inégalités et détruisent l’environnement.
Pour le PCF, l’heure est à la résistance et à la conquête de nouveaux droits en faveur de la majorité de notre peuple. Elle est à l’augmentation des salaires, à commencer par ceux des femmes, « premières de corvée » ces derniers mois, à la sécurisation de l’emploi et de la formation tout au long de la vie, à la réduction de la durée du travail, au développement des services publics, notamment de la santé publique. Elle est à une autre utilisation de l’argent au service du bien commun. Elle est à la construction d’une alternative, qui mette à l’ordre du jour un nouveau modèle de développement plaçant l’humain et la planète au cœur de tous les choix, qui inaugure un nouvel âge de la démocratie dans notre pays.
¤ Le nouveau gouvernement, avec à sa tête Jean Castex, a été dévoilé ce lundi 6 juillet. Il compte "une vingtaine de ministres et de ministres délégués". "Les nouveaux talents" et "les personnalités venues d'horizons différents", promis par l'entourage présidentiel se résument à l'avocat pénaliste Eric Dupond-Moretti, qui devient ministre de la Justice et au retour de Roselyne Bachelot comme minstre. Elle devient ministre de la Culture. Barbara Pompili devient n°2 du gouvernement et se voit confier le portefeuille de la Transition écologique.
¤ Pour Emmanuel Macron, il s'agit d'une tentative de relance de son quinquennat et de marginalisation de son ancien premier ministre, Édouard Philippe, qui pourrait bien lui faire de l'ombre en 2022.
¤ Mais le cap, lui, reste le même : à droite toute. Un nouveau casting pour un scénario inchangé.
20h25 Ce qu’il faut retenir. Par Aurélien Soucheyre chef-adjoint du service politique de l'Humanité
Le remaniement prévu pour « reconstruire » la France et ouvrir un « nouveau chemin » ressemble au final à un petit jeu de chaises musicales. Certes, Edouard Philippe, trop populaire, n’est plus premier ministre. Mais celui qui le remplace, Jean Castex, vient aussi de la droite et lui ressemble furieusement. Quand à sa nouvelle équipe, elle est pour beaucoup similaire à l’ancienne. Au final, seuls quelques membres du gouvernement plient valise : Christophe Castaner (Intérieur), Muriel Pénicaud (Travail), Nicole Belloubet (Justice), Brune Poirson (secrétaire d’Etat à la Transition écologique et Sibeth Ndiaye (porte-parole du gouvernement) quittent l’exécutif.
Ils sont respectivement remplacés par Gérald Darmanin, qui passe du Budget à l’Intérieur, Elisabeth Borne qui troque la Transition écologique pour le Travail, l’avocat Eric Dupont-Moretti qui devient ministre de la Justice, et Gabriel Attal, nouveau porte-parole du gouvernement.
Plusieurs ministres conservent le même portefeuille : Jean-Yves Le Drian aux Affaires étrangères, Jean-Michel Blanquer à l’Education nationale, Bruno Le Maire à l’Economie, Florence Parly aux Armées, Olivier Véran à la Santé, Jacqueline Gourault à la Cohésion des territoires, Marc Fesneau aux Relations avec le Parlement, Jean-Baptiste Djebarri aux Transports, Roxana Maracineanu aux Sports, Agnès Pannier-Runacher à l’Industrie, Geneviève Darrieussecq aux Anciens combattants, Olivier Dussopt aux Comptes publics et Frédérique Vidal à l’Enseignement supérieur.
Côté nouveaux venus, Roselyne Bachelot devient ministre de la Culture, et Eric Dupont-Moretti garde des Sceaux, comme évoqué plus haut. Ils constituent les deux « prises » voulues par Macron, en forme de coups de communication. La députée Barbara Pompili, ex-EELV passée chez LaREM en 2017 tout comme François de Rugy, devient ministre de la Transition écologique. La président de la commission des Affaires sociales à l’Assemblée nationale Brigitte Bourguignon hérite enfin du portefeuille de la Dépendance, sur lequel le gouvernement avance à tous petits pas comptés depuis maintenant trois ans.
Enfin, Marlène Schiappa passe de l’Egalité femmes-hommes à la Citoyenneté, Annick Girardin de l’Outre-Mer à la Mer, Julien Denormandie du Logement à l’Agriculture, Franck Riester de la Culture au Commerce extérieur, Emmanuelle Wargon de secrétaire d’Etat à la Transition écologique au Logement, Amélie de Montchalin des Affaires européennes à la Transformation et de la fonction publique et Sébastien Lecornu des Collectivités territoriales à l’Outre-Mer.
Parmis les nouveaux, Nadia Hai reçoit le portefeuille de la Ville, Brigitte Klinkert celui de l’Insertion, Elisabeth Moreno celui de l’Egalité femmes-hommes et Alain Griset les PME.
20h10 Les nouveaux entrants
Barbara Pompili est nommée ministre de la transition écologique et solidaire, succédant à Elisabeth Borne. Auprès d'elle, Emmanuelle Wargon est nommée ministre déléguée au logement.
Eric Dupond-Moretti est nommé garde des sceaux, en remplacement de Nicole Belloubet.
Roselyne Bachelot est nommée à la culture, en remplacement de Franck Riester.
19h14 La composition du nouveau gouvernement
Jean-Yves Le Drian est confirmé à son poste ministre des Affaires étrangères.
Barbara Pompili devient n°2 du gouvernement et se voit confier le portefeuille de la Transition écologique.
Gérald Darmanin devient ministre de l'Intérieur, en remplacement de Christophe Castaner
Jean-Michel Blanquer et Bruno Le Maire conservent leur poste, respectivement à l'Education nationale, la Jeunesse et les sports et comme ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance.
Eric Dupond-Moretti, devient ministre de la Justice.
Florence Parly reste au ministère des armées
Jacqueline Gourault est nommée ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales
Roselyne Bachelot devient ministre de la Culture.
Elisabeth Borne (au Travail), Franck Riester (au Commerce extérieur), Emmanuelle Wargon (au Logement), Julien Denormandie (à l'Agriculture) changent de portefeuille.
Roxana Maracineanu, garde les sports mais se retrouve sous tutelle du ministre de l'Education.
Marlène Schiappa se voit confier le ministère délégué à la Citoyenneté, et laisse son portefeuille de l'Egalité homme-femme à Elisabeth Moreno.
Annick Girardin prend la responsabilité d’un nouveau ministère de la mer.
Frédérique Vidal reste ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Amélie de Montchalin est nommée ministre de la transformation et de la fonction publique.
Gabriel Attal devient porte-parole du gouvernement, en remplacement de Sibeth Ndiaye.
Auprès du premier ministre, Marc Fesneau est nommé ministre délégué aux relations avec le Parlement et à la participation citoyenne.
Auprès du premier ministre, Elisabeth Moreno est nommée ministre déléguée à l’égalité femmes-hommes, à la diversité et à l’égalité des chances.
Auprès de Jean-Yves Le Drian au Quai d’Orsay, Franck Riester est nommé ministre délégué au commerce extérieur et à l’attractivité.
Auprès de Barbara Pompili au ministère de la transition écologique, Emmanuelle Wargon est nommée ministre déléguée au logement. Jean-Baptiste Djebbari est nommé ministre délégué aux transports.
Auprès de la ministre des armées, Florence Parly, Geneviève Darrieussecq est nommée ministre de la mémoire et des anciens combattants.
Auprès de la ministre du travail, Elisabeth Borne, Brigitte Klinkert est nommée ministre déléguée à l’insertion.
Auprès de Bruno Le Maire, ministre de l’économie, sont nommés Olivier Dussopt, ministre chargé des comptes publics, et Agnès Pannier-Runacher, ministre chargée de l’industrie, et Alain Griset, ministre délégué aux petites et moyennes entreprises.
Auprès de la ministre de la cohésion des territoires, Jacqueline Gourault, Nadia Hai est nommée ministre déléguée chargée de la ville.
Auprès du ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, Brigitte Bourguignon est nommée ministre déléguée chargée de l’autonomie
18h10
Le nouveau gouvernement sera annoncé à 19 heures, selon l'Élysée.
18h05
Jean Castex publie sur son compte Twitter plusieurs clichés de ses rencontres du jour avec les présidents des trois chambres de la République. "Je souhaite établir une relation de confiance avec l’Assemblée nationale, le Sénat et le CESE", écrit le nouveau Premier ministre. Selon son agenda, Le chef du gouvernement recevra ensuite les parlementaires de la majorité à 19 heures à Matignon. Le gouvernement sera-t-il annoncé avant ?
Jean Castex quitte le Palais Bourbon, où son entrevue avec Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale, aura duré plus longtemps que prévu. Il a pris la direction du Conseil économique, social et environnemental (Cese) où il doit rencontrer son président Patrick Bernasconi. L'annonce du nouveau gouvernement doit intervenir ensuite à l'Elysée, avant 20 heures.
13h47
Alors que des rumeurs envoient Roselyne Bachelot au ministère de la Culture, Jack Lang affirme sur Franceinfo, connaître le nom de l'élu(e) : "C'est à la fois une personne qui a une expérience de l'État, une vision politique ouverte et en même temps est passionnée par l'art, la culture et les belles choses". Et précise que cette personne a participé à un gouvernement auparavant : "L'expérience peut se conquérir dans des gouvernements de gauche, de droite ou du centre."
13h30
L'annonce de la composition du nouveau gouvernement ne devrait pas intervenir avant 17h00, selon BFMTV.
13h20
Le planning du Premier ministre Jean Castex est serré. Il doit rencontrer le président du Sénat Gérard Larcher à 14h30, celui de l'Assemblée Richard Ferrand à 15h45, avant de se rendre Conseil économique, social et environnemental pour s'entretenir avec son président Patrick Bernasconi. Le chef du gouvernement recevra ensuite les parlementaires de la majorité à 19 heures à Matignon.
Les rumeurs vont bon train. À Bercy, Gérald Darmanin devrait prendre du galon. Tout comme Laurent Nuñez, secrétaire d'État à l'Intérieur, qui pourrait remplacer Christophe Castaner. À moins que Frédéric Péchenard, ancien patron de la Police nationale et autre possible transfuge de la droite, ne lui ravisse le poste.
Christophe Castaner n'est pas le seul à être dans une position délicate. Nicole Belloubet, actuelle ministre de la Justice, a son destin lié à celui du ministre de l'Intérieur.
Muriel Pénicaud est aussi menacée à la tête du ministère du Travail. Tout comme la ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne. Le nom du ministre de la Culture, Franck Riester, pourrait venir s'ajouter à la liste de sortants.
12h35
La présidente du groupe socialiste Valérie Rabault dit avoir été contactée. Et “la réponse est non”, car “un débauchage ne constitue pas une politique”. Et si des socialistes entraient au gouvernement, “ils s’inscriraient en dehors du parti”, a-t-elle prévenu dimanche sur Radio J.
De leur côté, les responsables d’EELV assurent qu’aucun membre du parti n’entrerait au gouvernement.
Le secrétaire national d'EELV Julien Bayou juge qu'"Il reste un budget utile que l'on va discuter à l'automne", mais en réalité, "ce mandat est fini, Emmanuel Macron a échoué sur ses trois principales promesses (...) Au lieu de "justice sociale", le chef de l'Etat "a creusé les inégalités", et sur l'environnement, la France a "toujours plus de retard sur l'accord de Paris". Quant au sujet de la démocratie, "il promettait le renouvellement, finalement c'est la fragilisation des libertés publiques, et en guise de renouvellement, on a un Premier ministre de droite qui succède à un Premier ministre de droite. C'est le recrutement de l'entre-soi", a accusé le dirigeant des Verts.
De son côté, Ségolène Royal a affirmé dimanche avoir été contactée par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian en vue du remaniement, et elle répète être prête à "mener la bataille" pour "une gauche rassemblée" lors de la présidentielle de 2022, jugeant qu'elle est "une candidate difficilement dénonçable" par les écologistes.
12h05
Concocté durant le week-end par Emmanuel Macron et le Premier ministre fraîchement nommé Jean Castex, le nouveau gouvernement devrait être annoncé "lundi dans la journée", a assuré à l'AFP l'Élysée.
Au total, la nouvelle équipe devrait compter, selon l'Elysée, "une vingtaine de ministres et de ministres délégués", dont les noms seront égrénés par le secrétaire général de la présidence Alexis Kohler. L'ancienne équipe d'Édouard Philippe était constituée de 16 ministres, trois ministres délégués et 17 secrétaires d'État.
Emmanuel Macron a rappelé dans des tweets dimanche les lignes de force de la dernière partie de son quinquennat qu'un "gouvernement de mission et de rassemblement" devra mettre en œuvre: "relance de l'économie, poursuite de la refondation de notre protection sociale et de l'environnement, rétablissement d'un ordre républicain juste" ou encore "défense de la souveraineté européenne".
L'AFP précise que "si certains ministres actuels, comme celui de l'Éducation Jean-Michel Blanquer, ont été vus à l'Élysée, l'entourage du chef de l'État a assuré qu'il y aurait "de nouveaux talents" et "des personnalités venues d'horizons différents".
Un timing surprenant : Emmanuel Macron devrait fixer le cap à cette équipe à l'occasion d'une nouvelle intervention, probablement télévisée selon son entourage, le jour de la fête nationale du 14 juillet, renouant avec une tradition présidentielle qu'il avait supprimée. Le Premier ministre, qui avait prévu sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée en milieu de semaine, devra attendre la prise de parole présidentielle pour présenter son programme "quelques jours après", selon l'entourage d'Emmanuel Macron. Soit pas avant le 16 juillet.
Il est bien difficile de tirer des enseignements définitifs de ce scrutin si particulier, plombé par l’épidémie et pour lesquels seulement quatre électeurs sur dix se sont déplacés. L’écart de quinze semaines entre les deux tours n’aura pas contribué à maintenir la tension, ni les valses hésitations de l’exécutif sur la date du second tour. C’est aussi dans des conditions politiques nouvelles que les électeurs ont été appelés aux urnes, après que le confinement eut rebattu nombre de cartes et ajourné quelques sujets majeurs, sur les retraites notamment.
L’abstention massive est évidemment la donnée principale du scrutin. Il serait erroné d’imputer ce triste record à la seule épidémie. Si l’exécutif aura tout entrepris pour taire l’importance du vote de façon à atténuer les effets d’une déroute prévisible, constatons que, de scrutin en scrutin, les citoyens boudent toujours plus les urnes. Les élections municipales, jusqu’ici épargnées, ne font plus exception.
Au-delà des causes contingentes, il existe donc des raisons fondamentales à cette chute de la participation. Nous assistons, concomitamment à l’emprise néolibérale, à un lent et profond processus de dépossession de la souveraineté populaire qui contribue peu à peu à vider les élections de leur sens démocratique. Et les communes, qui restent encore des foyers de démocratie et d’intervention dans un système institutionnel verrouillé, sont progressivement dépossédées de leurs prérogatives au profit de structures technocratiques éloignées des citoyens.
Leurs budgets sont toujours plus contraints et mis graduellement sous tutelle d’un Etat lié aux marchés financiers qui rogne leur autonomie fiscale (la suppression de la taxe d’habitation est à cet égard un violent coup d’accélérateur), et freine le développement de politiques locales audacieuses. Il en découle un sentiment, fort injuste pour les élus les plus engagés, d’indifférenciation politique, malgré l’effort des municipalités de progrès pour faire vivre et développer les services publics dans les domaines de la santé, du logement, des loisirs ou de l’éducation, mais qui contrebalancent à peine les effets structurant et délétères des logiques libérales.
La Vème République entre ainsi dans une nouvelle phase de sa dégénérescence : technocratie liée à l’exécutif lui-même unilatéralement amarré au capital, divorce entre les institutions publiques et la population, rejet des partis...
Inversement, la concentration continue des prérogatives politiques aux mains de l’exécutif et au détriment de toutes les assemblées, locales comme nationales, permet à l‘élection présidentielle de tirer son épingle du jeu. Pire, elle concentre désormais toute l’attention des médias comme des partis politiques. Clé de voute institutionnelle tournée à double tour, l’élection présidentielle verrouille la démocratie. Election plébiscitaire, elle entraîne les citoyens tout en les détournant des enjeux démocratiques. La cinquième République entre ainsi dans une nouvelle phase de sa dégénérescence, observable à différents niveaux interdépendants : technocratie liée à l’exécutif lui-même unilatéralement amarré au capital, divorce entre les institutions publiques et la population, assèchement de la démocratie, rejet des partis.
Le vote s’apparente désormais à une forme de distinction sociale de citoyens qui perçoivent un intérêt direct au changement ou à la reconduite des équipes municipales. Les classes populaires, les ouvriers et employés, notamment du secteur privé, ne voient massivement qu’un intérêt relatif à faire le déplacement dans les bureaux de vote. L’analyse des scrutins dits « intermédiaires » (élections départementales, régionales, européennes, législatives et désormais municipales) est donc tendanciellement celle du comportement électoral des classes moyennes et supérieures, malgré des nuances observables ici où là. C’est un lourd défi pour le Parti communiste dont l’une des fonctions est d’offrir une représentation et un outil politique aux classes populaires.
C’est essentiellement la droite, identifiée comme la force garante d’un ordre immuable, qui profite du scrutin en mobilisant comme toujours son électorat, à l’exception notable des centres urbains des métropoles. Ces quartiers où le prix du foncier et des loyers a explosé ces dernières années avaient porté leurs suffrages sur Emmanuel Macron en 2017. Ils ont, cette fois-ci, massivement fait le choix de l’écologie politique, permettant à EELV de gagner, dans l’union mais en tête de liste, Lyon, Bordeaux, Besançon, Poitiers, Tours, ou encore Strasbourg et manquant à quelques voix de faire basculer des villes aussi importantes que Toulouse, sur la droite, ou Lille, sur le Parti socialiste.
Les classes rentières attachées à l’ordre entrent, dans ces espaces, socialement et géographiquement en concurrence avec des classes adossées à la dynamique moderne du capital, connectées, ouvertes sur le monde, profitant peu ou prou des effets de la mondialisation, et portant certaines des valeurs identifiées à gauche, dont l’écologie. Inversement, dans les villes moyennes et à la périphérie des métropoles, c’est bien la droite qui sort grande gagnante du scrutin. Elle garde en outre bon nombre de villes de plus de 100 000 habitants.
Dans un contexte où le parti présidentiel s’est sensiblement droitisé, ouvrant ainsi à sa gauche un nouvel espace, la droite a empiété sur son extrême, qui a également pâtit de l’abstention record dans les milieux populaires. C’est ainsi que l’extrême droite a perdu la moitié de ses élus, défaite masquée par la prise de Perpignan et la reconduction de quelques maires qui ont néanmoins tenus à prendre leurs distances avec l’organisation « Rassemblement national ». Le parti présidentiel, sans base sociale établie et fidélisée et naviguant entre deux eaux, subit une défaite cinglante et inédite.
Une réactivation du clivage entre la gauche et la droite, mais délesté du vote des catégories populaires...
On notera ce paradoxe que les trois forces principales de l’élection présidentielle de 2017 (LFI, RN et LREM), sont celles qui n’auront pas réussi à s’imposer dans ce scrutin, témoignant une fois encore du caractère très singulier et pervers de ce scrutin phare de la cinquième République.
Le parti socialiste, quant à lui, se maintient remarquablement dans de nombreuses villes, conservant même la capitale. Ce sont encore des listes d’union qui lui permettent de tenir bon et de s’affirmer comme force d’implantation locale, contrebalançant les effets de l’abstention en récupérant, lui aussi, une partie de l’électorat qui s’était dirigé vers M. Macron aux dernières présidentielles.
Le remarquable résultat des maires communistes sortants réélus au premier tour témoigne du fort attachement des citoyens au communisme municipal, à la fois bouclier social et laboratoire de politiques publiques. Entre pertes de villes symboles et reconquêtes ou conquêtes, le second tour s’est avéré plus mitigé. C’est que, dans un deuxième tour, la dynamique de rassemblement est primordiale. Or, c’est souvent la désunion (jusque dans les rangs mêmes du Parti communiste !) qui a permis d’offrir sur un plateau les villes à une droite minoritaire ou à des opposants de « gauche » engagés dans un combat anticommuniste comme à Saint Denis (93). Comme quoi on peut être porte-parole de Benoit Hamon un jour et anti-communiste acharné toujours. C’est à l’inverse le rassemblement des forces progressistes associant mieux des citoyens non engagés a priori qui a permis d’en conquérir de nouvelles.
Etant donnée la prédominance des classes moyennes et supérieures dans le vote, il a pu apparaître moins aisé pour le Parti communiste de porter l’union. Reste que les dynamiques d’union, là où elles ont réussi à s’affirmer, auront permis l’élection de nombreux militants communistes ou apparentés qui porteront dans leurs assemblées une voix nécessaire à l’existence d’une gauche véritable, assumant la conflictualité avec le capital et les politiques de relégation urbaines et sociales. Autre enseignement pour le Parti communiste : la perte de la gestion d’une ville ne veut en aucun dire qu’il ne pourra pas y revenir. Ainsi Villejuif, Bobigny, Noisy-le-Sec et d’autres montrent que les citoyens peuvent refaire majoritairement confiance à des militantes et militants communistes à condition de ne jamais se départir de sa mission de défenseurs des classes populaires et ouvrières.
Nous assistons donc à une réactivation du clivage entre la gauche et la droite, mais délesté du vote des catégories populaires. Il serait donc hasardeux de prétendre reconstruire la gauche à partir de ce scrutin, ou d’en tirer des conclusions trop hâtives sur l’avenir à brève ou moyenne échéance. Il s’agit néanmoins d’une étape importante qui aura notamment porté irrémédiablement et heureusement la thématique écologique, composante centrale des listes d’union plébiscitées par les électrices et électeurs.
Au regard de l’abstention, les maires nouvellement élus auront l’obligation de gagner en légitimité auprès d’une population qui, en majorité, ne les aura pas élu, dont de nombreuses travailleuses et travailleurs. Il faudra pour ce faire offrir des cadres d’expression aux classes populaires, à toutes celles et tous ceux qui vivent de leur travail ou en sont privés, pour engager avec elles et pour elles la transition écologique, défendre l’emploi et les services publics.
L’abstention comme l’émergence de personnalités nouvelles, souvent inconnues et absentes du barnum médiatique peut être l’occasion d’une réinvention des pratiques politiques au niveau local. C’est peut être cette soif de réinvention et de renouveau, exprimée aussi bien par le vote que par l’abstention, qui pourrait être le premier enseignement de ce scrutin.
Maire « Les Républicains » de Prades (Occitanie) et « Monsieur Déconfinement » pendant la crise sanitaire, Jean Castex est, à 55 ans, chargé d’incarner le « renouveau » du quinquennat Macron. Sa nomination acte, au contraire, que la deuxième partie du quinquennat ressemblera beaucoup à la première.
Exit le maire (ex-LR) du Havre, bonjour le maire (LR) de Prades. Jean Castex, auparavant délégué interministériel chargé de la stratégie de sortie du confinement (le fameux « Monsieur Déconfinement » à l’accent du sud-ouest), succède à Edouard Philippe au poste de premier ministre.
La nouvelle équipe gouvernementale au complet devrait être connue avant le conseil des ministres de mercredi. Ce remaniement attendu s’inscrit dans un calendrier fixé depuis des semaines par Emmanuel Macron, devant les Français, puisqu’il affirme vouloir donner une nouvelle impulsion à ses deux dernières années comme chef de l’Etat.
Carnet d’adresses
Sciences Po Paris, énarque, haut fonctionnaire et vieux routard des cabinets ministériels, inconnu du grand public jusqu’à il y a quelques mois, Jean Castex a pourtant un profil beaucoup plus technocratique que politique, alors que les noms de Florence Parly, Jean-Louis Borloo, Jean-Yves Le Drian ou encore Bruno Le Maire avaient circulé. Sa maîtrise des dossiers et des ministères et son carnet d’adresses fourni à force d’arpenter les lieux de pouvoir ont pesé dans la balance. Nommé en avril pour gérer le déconfinement, Jean Castex avait pris une importance considérable dans l’organigramme gouvernemental, au point que certains le surnommaient le « vice-premier ministre ».
Le nouveau chef de gouvernement a de plus de quoi plaire à l’électorat de la Macronie : ancien secrétaire général adjoint de la présidence sous Nicolas Sarkozy, il avait soutenu François Fillon en 2012 lorsque celui-ci voulait prendre la tête de l’UMP. A droite dans ses bottes, donc, mais Macron-compatible. En 2017, il est nommé délégué interministériel en vue de l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Et, en 2018, son nom avait circulé une première fois pour remplacer Gérard Collomb, démissionnaire, au ministère de l’intérieur.
La carte "élus locaux"
Edile d’une petite commune d’Occitanie, le Gersois incarne aussi « les élus locaux » - son grand-père, Marc Castex, était lui-même sénateur du Gers et maire du village de Vic-Fezensac. Une carte que l’exécutif devrait jouer au moment de lancer le chantier de « l’acte de décentralisation » voulu par Emmanuel Macron. La Macronie cherche à se départir de l’image « hyper-centralisée » et très parisienne qui lui colle à la peau.
Pour ce qui est en revanche de « dessiner un nouveau chemin », selon l’expression lunaire d’Emmanuel Macron, et d’incarner un virage écologique et social pour « le monde d’après », on repassera. « Quoi de mieux qu’un maire de droite pour remplacer un maire de droite ? », a ironisé sur Twitter l’eurodéputée insoumise Manon Aubry.
Une feuille de route balisée
Jean Castex présente néanmoins l’avantage d’être une figure chaleureuse, relativement consensuelle - sa nomination en tant que « Monsieur Déconfinement » avait été bien accueillie en avril dernier, jusqu’à être saluée par le secrétaire général de Force Ouvrière. C’est donc d’abord le choix de la sécurité pour Emmanuel Macron, qui garde la main sur les orientations du quinquennat et a besoin d’un fidèle soldat davantage que d’une figure politique susceptible de lui faire de l’ombre. Edouard Philippe, devenu plus populaire que le président dans la crise, était devenu encombrant.
Le nouveau premier ministre n’aura pas toute latitude pour conduire l’action du gouvernement. Son cap a été défini par le président dans une interview à la presse régionale quotidienne, parue ce vendredi matin. Et il apparaît que le « nouveau chemin » souhaité par Macron ressemble plutôt à une impasse, voire à un demi-tour. Tout changer pour que rien ne change, pourrait-on traduire. « Le cap sur lequel je me suis engagé reste vrai », persiste Emmanuel Macron. Il a déterminé ses « chantiers », sans entrer dans le détail : la santé, le grand âge, la jeunesse et l’égalité des chances. Mais aussi laissé la porte à ouverte à des coups de canifs dans les 35 heures. Et confirmé que la réforme des retraites, marqueur du tournant antisocial du mandat, était encore dans les tuyaux. Le premier grand oral de Jean Castex est attendu au 20 heures de TF1, ce vendredi soir. En attendant le casting complet de son gouvernement.
Au 1er tour des élections municipales, la liste «La volonté d’agir» conduite par Nelly Roland est arrivée en seconde position avec 24.9 %. Un accord républicain, respectant les identités et l’audience de chacun, paraissant logique et crédible, fut proposé à Mme Mélissa Youssouf (16.6%) et Mr Gérard Kouassi (11.4%), sans succès.
Nous apprenons aujourd’hui le dépôt d’une liste conduite par Mme M YOUSSUF (ex PS) où figurent non seulement Mr G Kouassi, mais aussi Mr F Scagni (tête de liste LREM) et Mr D Laurent (droite).
Les Villepintoises et les villepintois apprécierons ce mariage « d’amour » de la carpe et du lapin.
Nous considérons que Villepinte ne doit pas tomber aux mains de personnes qui abandonnent toutes valeurs pour diriger notre commune avec on ne sait quel programme.
La section de Villepinte du PCF soutiendra comme au 1er tour, la liste conduite par Madame Nelly Roland et appelle à voter pour cette liste et son programme, clairement défini, au service des citoyen-ne-s.
Le QG de Macron s’attend à une dérouillée aux municipales. Aussi, selon la presse, il travaille déjà les « éléments de langage », comme on dit aujourd’hui, à caser absolument ce prochain dimanche soir.
Thème n°1 : « Le président a déjà enjambé le scrutin. » Autrement dit : les élections ? Quelles élections ? Thème n°2 : « Il y aura des gains puisque nous partons de zéro. » Ce qui est une entourloupe car LREM a des sortants, toute la faune des retourneurs de veste. Thème n°3 : « Entre le raz de marée et la Bérézina, il y a un juste milieu », dit leur porte-parole Aurore Bergé. Bref, elle a du mal à trouver le mot juste, aidons-là : bide, déculottée, débandade, déconfiture, pile, rouste. Le lecteur complètera.
A l’heure où le gouvernement prépare les esprits à l’utilisation du 49.3 pour faire passer en force son projet de réforme des retraites, il est utile de rappeler les différentes stratégies appliquées pour influencer l'opinion à des fins politiques et économiques.
Les techniques sont multiples et plus subtiles que le recours à la force. Il s'agit de modifier à tout ou partie de la population sa perception du réel. Le champion toutes catégories de ces pratiques est le capitalisme avec tous ses relais : élus et organisations politiques, médias, lobbies, réseaux sociaux, structures de formation, instituts de sondage, etc. Non content de mettre ses mains dans nos poches, il les met dans nos cerveaux.
Mensonge d’État
Ces manipulations sont si quotidiennes qu'elles sont banalisées et presque plus perceptibles. L’omniprésence des médias et des réseaux sociaux dans notre vie nous livre du « prêt à penser » qui, à la longue, amoindrit notre capacité de réflexion et notre sens critique. Nous sommes soumis à la désinformation, à la fois noyés dans un flot continuel de nouvelles insignifiantes et matraqués lors d'événements médiatiques (compétitions sportives, fêtes diverses à visées commerciales, événements tragiques, etc.). Le but est d’imprégner progressivement le subconscient des individus pour modifier leur système de valeurs et leurs comportements.
Fabriquer de l’émotion…
L’émotion permet de faire diversion, en passant sous silence des événements importants de la vie démocratique, tout en exacerbant les peurs, les désirs et les réactions individuelles. Elle utilise systématiquement par les médias lors des mouvements sociaux pour mettre en exergue les réactions de colère des usagers envers les grévistes et éluder ainsi le motif et les vrais responsables de la grève.
C'est aussi la tasse de thé des concepteurs d'émission de téléréalité qui font l'apologie de la médiocrité laissant moins de place à la culture.
…et provoquer des événements à réaction
Il s'agit de créer des situations qui conduisent l'opinion publique à demander aux gouvernants de prendre des mesures contraires aux intérêts de la population. Exemples : provoquer ou laisser faire un état de violence urbaine qui générera une demande de mesures sécuritaires privatives de liberté ; profiter d'une crise économique ou en amplifier l'impact pour faire reculer les droits sociaux.
Tripoter les sondages
La multiplication des sondages, très sensible aux moments des échéances électorales, vise à créer un mimétisme ou une résignation vis à vis d'une opinion présentée comme majoritaire. La forme des questions posées induit la réponse attendue par celui qui finance le sondage. Mais, malgré la mauvaise opinion qu'ont les Français de ces questionnements, l'impact est non négligeable.
Les « Experts »...de l’enfumage
Faire appel à des intermédiaires, présentés comme experts indépendants, pour contourner la méfiance de l'opinion envers le discours officiel, verrouille le débat public tout en créant l'illusion qu'il a eu lieu. Cela renvoie le citoyen à son ignorance et à sa soumission à « ceux qui savent » menant à l'infantilisation. C'est particulièrement vrai pour les débats sur l'économie.
Cas.«La liberté est ce qu’il y a de plus intime, et c’est à partir d’elle que s’élève tout l’édifice du monde de l’esprit.» Cette phrase, prononcée par Hegel quelques jours avant sa mort, résume à elle seule tout le projet du philosophe allemand: penser ensemble la liberté de l’individu et le monde des institutions.
Vaste sujet, n’est-ce pas, à l’heure où un candidat à la mairie de Paris, certes arriviste et arrogant, se voit contraint de démissionner à la défaveur d’une affaire de sexe scabreuse, qui en dit plus sur notre histoire politique contemporaine qu’on ne l’imagine. Le «cas Griveaux», qui crée dans notre pays une sorte de précédent, révèle-t-il une étape supplémentaire dans l’inflation de la communication au détriment «de la» politique?
De deux choses l’une. Soit nous considérons la faute morale du proche de Mac Macron comme grave – celle d’avoir bâti une partie de son discours sur un mensonge en organisant sa campagne sur lui-même et en se présentant à longueur d’interviews en bon père de famille, etc. – et il devait en effet démissionner. Soit ladite faute nous semble disproportionnée par rapport aux conséquences sur la vie publique, et rien, absolument rien, ni son honneur ni les circonstances qui accablent ses proches, n’aurait dû le pousser à abandonner.
Quel message a-t-il envoyé en renonçant? Que la morale privée ne regarde plus chacun d’entre nous, adultes et responsables, et que nous n’en sommes plus comptables seulement envers nous-mêmes, mais dorénavant aux yeux de tous, quelles qu’en soient les raisons. Terrible aveu en vérité.
Exhibition. De là naissent des interrogations qui dépassent le douloureux problème de «sincérité» des hommes publics. Nous ne sommes pas juges mais, avec le recul, n’oublions pas que les «années Nicoléon» sont passées par là, et avec elles, un autre rapport à la politique a émergé de manière brutale.
Les modèles, désormais, ne sortent pas vraiment des livres d’histoire, ou alors les très mauvais. Depuis plus d’une décennie, le chaland est invité à s’identifier à des héros faciles, auxquels tout réussit, et à regarder la comédie humaine du pouvoir non plus comme dans les grands romans mais comme un simple roman-photo.
Le vote, dès lors, ne dépend que de la force d’identification. À qui la faute, quand «des» politiciens fondent leur stratégie sur l’exhibition de leur intimité, quand ils demandent à être regardés, et donc évalués, à l’aune de ce critère, et plus rarement au nom de leurs idées? Ce que Marx appelait «la résurrection des morts» – les références historiques – servait à sacraliser la politique et les élus, qui ne sont pas des stars mais des représentants du peuple. Dérive fatale, ce modèle imposé qui ne cesse de personnifier à outrance, effaçant le clivage des idées derrière le choc des individus disséqués. Cette instrumentalisation de l’intime devient bien plus que le simple revers d’une société médiatique. Qu’est-ce que l’intime pour que la démocratie elle-même se trouve fragilisée par son dévoiement?
Ego. La société libérale est-elle par nature hostile à l’intimité? Cette question peut sembler étrange, tant la valorisation de l’intime apparaît indissociable de la montée en puissance de l’individualisme. Dès 2008, dans la Privation de l’intime (Seuil), le philosophe Michaël Foessel s’interrogeait en ces termes: «Le libéralisme transforme en choix conscient ce qui s’apparentait à un destin social: l’ensemble des liens qu’il est légitime de nouer ou de défaire dans une vie. L’intime serait donc assimilable à une promesse libérale, tout comme l’égalité juridique entre les individus qui est sa condition institutionnelle.»
D’où le privilège accordé au «privé», qui regroupe indistinctement la vie sociale et la vie amoureuse, évaluées toutes deux à l’aune du même critère: celui de la performance. Comme si nous ne parvenions jamais à faire abstraction des normes de la réussite décrétées par la société marchande. Résumons: la médiatisation du pouvoir, perçu comme une aventure personnelle au fil de débats d’ego, dépolitise, tétanise, dégrade. Et la démocratie dans tout cela…
[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 21 février 2020.]
Il y a une expression qui m’insupporte particulièrement dans les commentaires de très nombreux journalistes, c’est celle-ci : « le personnel politique ». Comme si, étant élu, vous deveniez ipso-facto l’agent zélé, docile et évidemment bien rémunéré de je ne sais quelle entreprise.
Pour nous, le mandat d’élu, quel qu’il soit, est un outil particulier détenu à un moment donné pour mener, là où vous êtes, le combat pour les valeurs et les idées que vous avez embrassées en décidant de vous engager.
Il est vrai aussi, malheureusement, pour « la politique », que l’on est trop souvent en droit de douter de ces fondamentaux. Nous connaissons tous de vrais « professionnels de la politique » aux carrières parfois sinueuses mais toujours brillantes… sur un plan très personnel. Un exemple récent nous est apparu dans la presse spécialisée, celui du successeur de M. Didier Migaud, futur ex-Premier Président de la Cour des Comptes.
Auditionné souvent par les parlementaires, apôtre des chiffres et fervent adepte de la rigueur budgétaire, Didier Migaud fut député PS (plutôt classé à « gauche » m’a-t-on dit), il devint même Président de la Commission des Finances et fut nommé Président de la Cour des Comptes par Nicolas Sarkozy en 2010. Son départ ne marquera pas la fin de son parcours puisque l’actuel Président de la République devrait le nommer à la tête de la HATVP (Haute autorité pour la transparence de la vie publique). Bravo M. Migaud ! Un nom pour lui succéder revient en boucle depuis son départ de Bruxelles, celui de Pierre Moscovici (encore un homme de « gôche »). Il a d’ailleurs réintégré la Cour des Comptes qui est son corps d’origine.
M. Moscovici a été député, ministre, commissaire européen et atterrirait désormais à la tête de la vénérable institution de la rue Cambon. On dit de lui qu’il dispose de beaucoup d’atouts plaidant en sa faveur, d’abord sa proximité avec le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, qui était son directeur de cabinet adjoint à Bercy quand il était ministre de l’Économie et des Finances de François Hollande. Il serait en concurrence avec un certain Eric Woerth… une autre pointure de la gestion loyale du capitalisme.
Voilà de quoi rassurer les marchés financiers, les banques, les milliardaires, les premiers de cordée… Aucune menace à l’horizon pour le libéralisme.
On retient son souffle, on attend la fumée blanche de la cheminée de l’Élysée, oui, car c’est bien Macron 1er qui a le pouvoir de désignation.