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internationalisme

Emprisonnement de Salah Hamouri – La répression israélienne se durcit

15 Juin 2022, 10:23am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 15/06/2022 par PCF

Salah Hamouri, avocat franco-palestinien et membre de l’association d’aide aux prisonniers politiques palestiniens, Addameer, est détenu illégalement par l’État Israélien. Sa détention administrative a été prolongée le 7 juin dernier pour trois mois supplémentaires. Il avait été arrêté et emprisonné le 7 mars 2022, sans qu’aucun motif ne lui soit adressé.

 

La détention administrative est un procédé illégal aux yeux du droit international, car elle permet d’arrêter sans motif et de prolonger une détention des années durant sans que le prisonnier n’ait droit à un procès ou même à connaître le motif de son arrestation.   

Salah Hamouri est la cible de l’acharnement du gouvernement israélien depuis près de 20 ans. Comme tant d’autres en Palestine, Salah Hamouri est visé parce qu’il s’engage pour la paix et le droit à l’autodétermination du peuple palestinien.

L’emprisonnement massif s’inscrit dans un contexte de recrudescence des violences à l’encontre du peuple palestinien et une volonté affichée du gouvernement de Bennett de multiplier les agressions et le non-respect des droits des Palestiniens.

Les événements survenus lors de la marche illégale aux drapeaux à Jérusalem-Est il y a près de 10 jours montrent une accélération de la colonisation et de l’occupation israéliennes. Des nationalistes israéliens en provenance de toutes les zones occupées ont défilé aux couleurs du drapeau israélien en scandant « morts aux Arabes » dans les rues de Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville.

Avant ladite marche, plus de 2 000 colons accompagnés d’un député israélien, protégés et soutenus par la police, sont même allés jusqu’à pénétrer dans l’enceinte de la mosquée Al Aqsa. Cet outrage délibéré est en violation d’un accord datant de 1967 sur l’interdiction des prières juives sur l’esplanade des mosquées. Le dimanche 5 juin, c’est la police elle-même qui a enfermé des fidèles palestiniens dans la mosquée et a procédé à de nombreuses arrestations.

Le Mouvement jeunes communistes de France dénonce avec force la responsabilité du gouvernement israélien dans l’augmentation des violences et des atteintes aux droits humains des Palestiniennes et des Palestiniens.

Le MJCF demande à la France d’agir pour la fin de la colonisation et de l’occupation israélienne, ainsi que la mise en place réelle de la résolution de l’ONU sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État de Palestine.

Le MJCF revendique le respect du droit international et la libération immédiate de Salah Hamouri, arrêté sans motif et détenu sans procès depuis le 7 mars 2022.

 

 

 

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Colombie : Gustavo Petro en tête au 1er tour de l’élection présidentielle

9 Juin 2022, 10:14am

Publié par PCF Villepinte

Le 29 mai 2022, le 1er tour de l’élection présidentielle en Colombie sera une date de nouveau écrite dans l’histoire de la Colombie. Gustavo Petro et Francia Marquez, les candidats du pacte historique, une grande coalition de gauche progressiste et écologique, sont arrivés en tête au 1er tour avec 40,31 % des voix.

Ils seront opposés au 2e tour, le 19 juin, au candidat indépendant, populiste, qui « penche » vers l’extrême droite que l’on appelle parfois le « Trump colombien », Rodolfo Hernandez, arrivé second avec 28,20 %. Ce 1er tour a été marqué par une défaite inédite de la « droite traditionnelle », le candidat soutenu par Ivan Duque n’est arrivé que troisième avec 23,87 %.

Ce résultat de Gustavo Petro, que le Parti communiste français salue, est une nouvelle victoire historique après l’avancée significative qu’avaient représentées les élections législatives de mars 2022. Gustavo Petro a fait toute sa campagne avec un slogan simple et fort : « pour la vie », axé sur la paix et la justice sociale.

Cette élection arrive dans un pays confronté depuis des années à des inégalités criantes, à la reprise des affrontements armés. Mais aussi après un dernier mandat du président Ivan Duque marqué par les violences, la corruption et de nombreux mouvements sociaux qui veulent la paix, la fin des inégalités, le respect des droits humains.

Une nouvelle fois, dans un pays d’Amérique latine, les élections cherchent à concrétiser le changement à la suite d’une explosion sociale en 2021 et cela malgré les répressions brutales du pouvoir en place. Des luttes syndicales, paysannes, féministes, étudiantes, autochtones, afro descendantes de jeunes, de lutte pour l’environnement cherchent une concrétisation politique an participant au débat électoral.

Le Parti communiste a suivi toute cette construction en apportant son soutien à toutes ces luttes, mais aussi en rencontrant des représentants du Parti communiste colombien, de Comunes, de Colombia humana, en participant à la rencontre du pacto historico à Paris avant l’élection présidentielle et en étant présent dans la mission d’observation des élections du PGE.

Le 2e tour de l’élection présidentielle, le 19 juin prochain, sera essentiel pour continuer à faire entendre la volonté de changement du peuple colombien, la volonté de paix et de justice sociale. Il faut maintenant concrétiser cet espoir avec la victoire de Gustavo Petro par une mobilisation importante pour ne pas laisser s’installer un nouveau millionnaire corrompu, populiste, d’extrême droite à la tête de la Colombie.

Le Parti communiste français apporte tout son soutien et sa solidarité au peuple colombien, aux forces de gauche, au pacte historique pour aboutir à ce changement indispensable à la vie des gens et à la véritable application du processus de paix de 2016.

Cécile Dumas
responsable adjointe du secteur International du PCF,
chargée des questions migratoires et de l’Amérique latine

 

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Crimes de guerre au Yémen. Dassault, MBDA et Thales accusés de «complicité»

3 Juin 2022, 08:26am

Publié par PCF Villepinte

Trois ONG, soutenues par Amnesty International, ont déposé plainte devant une juridiction française contre des entreprises d’armement accusées de «complicité de crimes de guerre». Les marchands de mort français pourraient être convoqués au prétoire.

Marc de Miramon L'Humanité

Publié le Vendredi 3 Juin 2022

«Les frappes aériennes de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont causé de terribles destructions au Yémen», explique le directeur de l’organisation yéménite Mwatana for Human Rights. Gérard Julien/AFP

 

C’est une guerre emblématique du cauchemar géopolitique qui vient. S’y entremêlent rivalités régionales et internationales, conflits politiques, tribaux et religieux locaux, et l’impitoyable lutte pour la captation des ressources fondamentales – en premier lieu l’eau et la nourriture –, dans un pays qui meurt littéralement de soif et de faim.

Officiellement commencée en 2014, dans la foulée du déclenchement des affrontements dans le Donbass entre l’armée ukrainienne et les forces séparatistes pro-Russes, la guerre au Yémen n’a pas bénéficié du même traitement médiatique que le conflit entre Kiev et Moscou. Seul le combat opiniâtre d’une poignée d’ONG et de parlementaires permet, à mille lieues des couloirs feutrés du Conseil de sécurité des Nations Unies, de faire émerger une exigence de paix et de fin à une spectaculaire logique d’impunité.

Une plainte au pénal devant le tribunal judiciaire de Paris

Trois d’entre elles, à savoir le Mwatana for Human Rights, le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l’homme (ECCHR) et l’association Sherpa, avec le soutien d’Amnesty International France, viennent de déposer plainte au pénal devant le tribunal judiciaire de Paris contre plusieurs entreprises d’armement françaises.

Parmi elles, Dassault Aviation, Thales Group et MBDA France, pointées pour leur éventuelle complicité dans les crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés au Yémen. Lesquels «auraient pu être commis du fait de leurs exportations darmes vers lArabie saoudite et les Émirats arabes unis», soit les deux pays piliers de la coalition sunnite, en guerre contre la rébellion houthie, elle-même soutenue par l’Iran chiite.

Plus de 8 milliards d’euros d'armes fournies par la France

Car, ce sont bien des avions français, dont des Mirage fournis et entretenus par Dassault, qui équipent l’essentiel de la flotte émiratie occupée à la destruction méthodique des ponts, des villes, du patrimoine architectural et des infrastructures civiles dans l’un des pays les plus pauvres au monde.

«Les frappes aériennes de la coalition dirigée par lArabie saoudite et les Émirats arabes unis ont causé de terribles destructions au Yémen. Des armes produites et exportées par des pays européens, en particulier par la France, ont pu permettre ces crimes. Sept ans après le début de cette guerre, les innombrables victimes yéménites méritent des enquêtes crédibles sur tous les auteurs de crime s à leur encontre, y compris ceux qui sont potentiellement complices. Nous espérons que les tribunaux français pourront jouer un rôle de manière à combler l’actuel vide vertigineux en matière de responsabilité au Yémen», explique Abdulrasheed Alfaqih, directeur de l’organisation yéménite Mwatana for Human Rights.

Environ 380000 morts depuis 2014

Il s’agit de prendre la mesure des destructions occasionnées dans ce pays peuplé d’un peu moins de 30 millions d’habitants, et qui constitue l’un des plus anciens berceaux de la civilisation au Moyen-Orient. Environ 380000 morts, essentiellement provoquées par les conséquences de la guerre (maladies, famines) sont à déplorer depuis 2014.

Si le conflit se poursuit jusqu’en 2030, prévient l’ONU, le chiffre risque de largement dépasser le million de personnes tuées, dont plus de 80% seraient des enfants de moins de 5 ans.

Coupé du monde, le Yémen subit un impitoyable embargo aérien comme maritime, et la malnutrition touche la quasi-totalité de la population. Par la grâce d’une médiation internationale, un cessez-le-feu a bien été décrété le 2 avril. Il vient d’être prolongé pour deux mois, ironie du calendrier, le jour de l’annonce officielle du dépôt de plainte visant les sociétés françaises.

Mais le temps presse. «Lorsque la trêve cessera, il ny aura plus personne pour surveiller ce qui se passe sur le terrain», s’inquiète Aymeric Elluin, responsable Plaidoyer «armes» à Amnesty International. Les organisations de défense des droits de l’homme n’ont pu documenter qu’une petite partie des crimes de guerre commis sur place, à l’instar des milliers de civils tués dans des bombardements aveugles visant les commerces, les mariages, les immeubles d’habitation comme les manifestations.

«Malgré les preuves accablantes montrant que, depuis 2015, la coalition a mené des frappes sans discrimination à lencontre de la population civile au Yémen, durant la période de 2015 à 2020, la France a fourni du matériel de guerre, des munitions et des services de maintenance d’une valeur dépassant les 8 milliards d’euros à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis», insiste Amnesty International. Alors que la guerre y faisait rage depuis plusieurs mois, le premier ministre français Manuel Valls s’était même bruyamment félicité, en octobre 2015, de la signature de près de 10 milliards d’euros de contrats avec Riyad, de l’aéronautique aux satellites en passant par le nucléaire.

Le précédent du cimentier Lafarge

Et si la plainte, en France, s’appuie sur la même base juridique que le rapport déposé, en 2019, devant la Cour pénale internationale – dont l’ouverture d’une enquête officielle se fait toujours attendre –, l’espoir de voir les tribunaux se saisir de ce dossier explosif demeure bien réel.

Le précédent Lafarge «montre que la justice peut avancer sur ces questions», veut croire Anna Kiefer, chargée de contentieux au sein de Sherpa. Le cimentier français a vu sa mise en examen pour «complicité de crime contre lhumanité» confirmée, le 18 mai dernier, par la cour d’appel de Paris.

Comme Lafarge avait décidé, au vu et au su des services spéciaux français, de maintenir ses activités industrielles en Syrie, malgré l’effondrement des structures étatiques et la montée en puissance de l’«État islamique», les marchands de mort français ont bien sûr bénéficié du soutien plein et entier d’un exécutif jamais embarrassé par sa lune de miel avec les pétromonarchies du Golfe.

Ces deux dernières années, Amnesty International avait battu campagne pour inviter Paris à davantage de transparence sur ses ventes d’armes, et à la mise en place d’un véritable contrôle parlementaire. Mais, en dépit d’une forte mobilisation de ­l’Assemblée et du Sénat, avec pas moins de six propositions d’enquêtes consacrées au Yémen, c’est bien devant la justice que pourraient se dévoiler les coulisses de la meurtrière et juteuse guerre menée au cœur de «lArabie heureuse».

 

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À Davos, les affaires sont les affaires

2 Juin 2022, 07:04am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 01/06/2022 par PCF

« La liberté est plus importante que le libre-échange. » Ces mots sont ceux de Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN ; ils ont été prononcés le 24 mai 2022 au Forum économique mondial qui se réunit tous les ans à Davos. L'ancien premier ministre norvégien, peut-être inspiré par Emmanuel Macron, a aussitôt ajouté sous forme de mauvais plagiat : « et la protection de nos valeurs est plus importante que le profit. »

Il sera toutefois bien question de valeurs (sonnantes), et non de principes (politiques), car n'imaginons pas qu'il s'agisse d'une prise de conscience quant à la responsabilité des accords de libre-échange dans l'explosion des inégalités, des injustices et de la pauvreté mondiales, ni celle des firmes multi- et transnationales dans l'épuisement des ressources et le saccage des écosystèmes, pas plus que celle des grands États exportateurs d'armements dans de sales guerres.

Y en a-t-il seulement de propres ? ont l'habitude de répliquer les vendeurs d'armes pour se donner bonne conscience puisque d'aucuns, la France notamment, ont fait ces dernières années de bonnes affaires dans le domaine avec le régime russe. Pour corriger cette faute, il suffirait désormais de s'en remettre à « la morale dans les relations internationales », selon un ministre allemand. La morale (occidentale), courante en diplomatie, se traduit systématiquement en un « deux poids-deux mesures » dans lequel la politique perd toute noblesse : trop nombreux sont les peuples, au Moyen-Orient ou en Afrique, qui en font la cruelle et désespérante expérience.

À Davos donc, c'est au chevet de la guerre en Ukraine que tous les beaux esprits se sont penchés, sans pour autant en appeler à la paix et à l'arrêt immédiat des hostilités. Au contraire, la recherche d'une réponse diplomatique et politique au conflit est aujourd'hui qualifiée d'« illusoire » ; l'objectif d'arracher une victoire militaire sur la Russie s'étant imposée depuis plusieurs semaines sous l'impulsion de l'administration Biden et à la faveur de pays, comme la Pologne, nourrissant des ambitions de revanche sur la puissance russe.

L'invité d'honneur de cette nouvelle édition était en effet le président ukrainien Volodymyr Zelensky, intervenant par visioconférence depuis Kiev, pour exhorter les participants, dirigeants politiques économiques de premier plan, à prendre des sanctions « maximales » contre la Russie et à cesser avec elle toute relation commerciale.

Après avoir évoqué l'impact de la guerre sur les économies des pays dépendants du blé ukrainien - enjeu qui fait en réalité l'objet de tractations très discrètes entre Russes et Ukrainiens sous l'égide de l'ONU et de l'UE (Le Monde, 31 mai 2022) - et les risques de crise alimentaire dans le monde, V. Zelensky a aussi laissé entrevoir la récompense qu'un engagement armé actif ou, à défaut, un soutien militaire ou matériel plus nourri aux côtés de l'Ukraine pouvait laisser présager, dès à présent, en parts de marché dans la reconstruction des villes et infrastructures détruites par la guerre.

« Davos » s'est alors transformée en célébration du camp des « démocraties », animé comme un seul homme par les pays occidentaux, ligué contre l'autocratie russe, comme si ce camp « démocrate » ne comptait pas d'autocrates émérites lui-même.

La rhétorique éculée de cette prétendue nouvelle ère d'affrontement du « bien contre le mal », bloc contre bloc, habille d'un vernis idéologique fragile la préoccupation essentielle des « décideurs », puissances occidentales et consorts.

La guerre issue de l'invasion de l'Ukraine, sur ordre de Vladimir Poutine à l'origine pour des raisons géopolitiques, se mue, sous l'effet de son internationalisation par l'implication des puissances occidentales, en enjeu économique international. Car, pour elles, l'arbre russe cache la forêt chinoise. Depuis quelques années, le reproche adressé à la Chine était d'être devenue l'« usine du monde » et d'aspirer en devenir le « pôle d'excellence technologique » à brève échéance.

Depuis la crise sanitaire, il est devenu impératif pour les puissances occidentales de mettre en échec la Chine devenue « un marché cher, (où) la main-d’œuvre n'y est plus si bon marché » (El Mundo, 3 avril) et dont le président en personne prêchait les vertus du libre-échange, ici même à Davos, en 2017 en opposition frontale à un Donald Trump, chantre du protectionnisme.

Le déclenchement puis la prolongation de la guerre en Ukraine, que tous prédisaient « courte », sont venus aggraver de façon aigüe le problème. Car avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie, outre le problème de la dépendance commerciale en matière de blé, pétrole ou gaz, s'est immédiatement posée la question pratique des sanctions économiques, compliquée par l'interpénétration des intérêts capitalistes occidentaux et russes ou ukrainiens (voir l'Humanité magazine n°799, 24-30 mars 2022).

La crise du capitalisme mondialisé, la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis puis la pandémie de Covid-19 avec la crise sanitaire mondiale qu'elle a engendrée « ont incité de nombreuses entreprises et de nombreux États à réexaminer les conséquences pour l'économie nationale de leurs dépendances commerciales », soulignait le Wall Street Journal, quelque deux mois avant la tenue du forum.

La question est celle d'une évolution de la mondialisation capitaliste qui permette aux pays occidentaux de reprendre le leadership international tenant compte, rappelle The Economist avec raison, que « les autocraties (sic) ne forment pas un bloc économique soudé, mais (qu') elles veulent toutes s'affranchir de l'influence occidentale, aussi bien pour les nouvelles technologies que pour les réserves monétaires. »

Les discours et discussions de Davos ont donc été consacrés au défi d'une « reconfiguration de la mondialisation » - capitaliste. Les alternatives sont déjà connues : il y a ceux pour s'en réjouir : « la mondialisation (comprenez bien : capitaliste) ne va pas disparaître, elle va être plus régionalisée » (El Mundo, 3 avril 2022) ; ceux pour alerter : « Le temps de la belle entente commerciale et du libre-échange sans cesse plus libre, y compris avec ses adversaires, apparaît de plus en plus comme une aberration » (Wall Street Journal, déjà cité).

Il y a aussi les apprentis dialecticiens. Ainsi The Economist, dans son édition du 19 mars, à ceux qui, « en Occident, (auraient) la tentation de privilégier les échanges avec les seuls alliés militaires, voire de défendre l'autosuffisance », il affirme : « Ce serait une erreur » et propose une solution plus simple : « En temps de guerre, la rupture des relations économiques a du sens. En temps de paix, l'objectif doit être de ne limiter les exportations vers les régimes illibéraux (sic) que pour les technologies les plus sensibles. » Autrement dit, renverser les rapports de dépendance énergétique, hautement stratégique, pour en devenir les maîtres absolus. Rien de bien révolutionnaire en soi - toute l'histoire du capitalisme en est tissée.
Ces débats, qui n'ont certes rien de nouveau, méritent néanmoins toute notre attention, d'abord pour les contradictions qu'ils mettent en lumière.

Affirmer, comme le fait un rédacteur d'El Mundo, que c'est avec la guerre en Ukraine que « la vision des années 1990 selon laquelle le libre-échange et la liberté iraient de pair » se serait « fracassée », c'est oublier bien vite les profondes interrogations soulevées sur le sens de nos sociétés avec la pandémie, la crise sanitaire et les mois de « nationalisme vaccinal » qui ont suivi.

C'est oublier les mouvements sociaux et politiques populaires d'Occupy Wall Street, des « printemps arabes » au mouvement récent au Chili qui vient d'enterrer la constitution héritée de Pinochet qui gravait le néolibéralisme dans le marbre au détriment des droits et libertés, précisément. Conquêtes sociales, droits, paix et démocratie constituent de plus en plus nettement la trame des mouvements populaires qui se lèvent dans différents contextes nationaux. La voix des peuples doit être entendue, elle doit s'imposer.

Les émeutes de la faim qui balaient le Sri Lanka et réprimées avec brutalité - dans une certaine indifférence des chancelleries occidentales - vont s'étendre en Asie, en Orient, en Afrique, en Amérique latine aussi peut-être. Qui peut prétendre sans cynisme que c'est la poursuite de la guerre en Ukraine, voire une victoire militaire de l'Ukraine ou de la Russie, qui résoudrait une crise alimentaire mondiale ? Personne évidemment.

Même l'éditorialiste du Figaro daté de ce 31 mai répond à la question « Ukraine : quelle voie de sortie ? » en soulignant que le « jour où Russes et Ukrainiens accepteront de parlementer sur des dossiers techniques d'intérêt commun (exportations céréalières, gazoducs, etc.) une lumière apparaitra au bout du tunnel. »

La mondialisation n'est pas née avec le XXe siècle, ni avec le capitalisme industriel. Elle est un processus géo-historique de très longue durée, de plus cinq cents ans, une « construction dynamique, instable et conflictuelle », et le fruit de rapports de force. Elle est un terrain de lutte que les forces du travail et de la création tentent d'investir depuis peu, depuis Marx.

Chaque avancée sociale ou politique conquise au cours des deux derniers siècles est le fruit du mouvement populaire, singulièrement du mouvement ouvrier et paysan, dans le monde entier. Et parce que « nul ne peut prétendre que la dictature du capitalisme international a été solidement et durablement installée sur la mondialisation », comme rappelait Bertrand Badie dans son essai Nous ne sommes plus seuls au monde, tout processus d'émancipation de la mondialisation de la domination capitaliste est et sera le fruit des mobilisations sociales et de société.

La proposition des communistes de la tenue d'une conférence paneuropéenne extraordinaire avec pour ordre du jour la fin des combats en Ukraine, la définition d'une solution politique et le projet d'un cadre commun de coopération et de sécurité collective prévenant tout nouveau conflit est ambitieuse. Elle demande beaucoup de volonté et de travail ; elle implique une grande exigence démocratique et du temps sans doute mais elle n'est ni impossible ni naïve. Il s'agit bien de partir des intérêts communs pour fonder les bases d'une paix durable, d'une fraternité et solidarité entre les peuples. Il s'agit non de décréter par de beaux discours l'avènement d'un jour neuf mais d'agir pour enclencher des processus concrets de transformation produisant au fur et à mesure leurs effets.

C'est en devenant une proposition majoritaire portée par le plus grand nombre qu'elle aura une chance de devenir la proposition de la France au plus haut niveau de l'État. Cet objectif est réaliste, il est même indispensable pour le peuple ukrainien en premier lieu.

Ce n'est pas de « Davos » mais de l'engagement des peuples, des forces du travail et de la création, des forces de paix, de leur rassemblement, que les perspectives de paix en Ukraine et de sécurité (humaine) globale renaîtront.

Lydia Samarbakhsh
responsable des Relations internationales du PCF

 

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Colombie:La gauche de Gustavo Petro aux portes du pouvoir

27 Mai 2022, 06:33am

Publié par PCF Villepinte

La droite, l’une des plus dures d’Amérique latine, a des sueurs froides: pour la première fois de leur histoire, les progressistes sont en capacité demporter la présidentielle du 29 mai.

Lina Sankari L'Humanité

Publié le Vendredi 27 Mai 2022

Rassemblement à Medellin des partisans du candidat de gauche.JOAQUIN SARMIENTO/AFP

 

C’est un clin d’œil de la ville de «l’éternel printemps» au basculement politique qui pourrait advenir, ce 29 mai, en Colombie, à la faveur de l’élection présidentielle où, pour la première fois de son histoire, la gauche est donnée favorite. Dans un quartier riche de Medellin, une femme en combinaison fluo balaye les rues d’un geste déterminé. Accolée à son chariot, une petite affiche des candidats de l’union, le Pacte historique, soutenu par le Parti communiste colombien et le Parti des communs (ex-Forces armées révolutionnaires de Colombie), et représenté par Gustavo Petro et sa colistière Francia Marquez.

Un habitant interpelle la jeune femme en plein travail, l’agresse même, pour s’insurger contre cet affront. Elle poursuit son labeur, l’ignorant ostensiblement. La vidéo a été relevée, en fin de campagne, par Gustavo Petro, qui y voit un signe de la «dignité» du peuple face au mépris de classe. L’ancien maire de Bogota (2012-2015) a souvent dit qu’il espérait rompre avec la confiscation du pouvoir par une élite raciste, nostalgique de l’ère coloniale et liée au crime organisé (lire page ci-contre). En Colombie, selon l’OCDE, il faut onze générations pour s’extirper de la pauvreté et 85% de la population estiment que le pays va dans la mauvaise direction.

Menaces de mort des paramilitaires

«Ce que nous avons proposé, c’est une unité nationale construite sur de nouvelles bases», résumait le candidat à la présidentielle lors de son dernier meeting à Bogota. Candidat pour la troisième fois à la fonction suprême, l’ex-guérillero Gustavo Petro était parvenu, en 2018, à se hisser au second tour avant de s’incliner face à l’ultradroite d’Ivan Duque, dont la victoire enterrait l’espoir d’une réconciliation nationale, malgré l’accord de paix de 2016 avec les Farc.

L’ascension du ticket de gauche donne des sueurs froides aux conservateurs. Comme cinq autres candidats avant eux, tués de sang-froid pour avoir défendu la justice et l’égalité, Gustavo Petro et Francia Marquez font face à des menaces de mort des paramilitaires. Jusqu’aux derniers instants de la campagne, personne n’excluait un coup d’État qui douche les espoirs de changement, confirmés par les législatives de mars. Il y a moins de trois mois, le Pacte historique s’est ainsi hissé au rang de première force politique au Sénat, balayant les partis traditionnels.

Les candidats de gauche sont portés par le mouvement social réprimé dans le sang en 2021. Comme d’autres organisations, la Fédération colombienne des travailleurs de l’éducation leur a apporté son soutien afin de faire de l’enseignement «un droit fondamental». Gustavo Petro a également reçu l’appui de 50 organisations indigènes, «lasses de cette longue nuit qui dure depuis cinq cents ans», selon la sénatrice Martha Peralta (Pacte historique).

Artistes, personnel soignant, défenseurs de l’environnement… le mouvement est inédit. La sortie du modèle extractiviste et la démocratisation des institutions font partie des priorités érigées par le Pacte historique. Le secteur minier «nest important ni en termes de recettes fiscales ni en termes demploi. Il pèse peu dans l’économie du pays. Mais il a bénéficié de nombreux avantages fiscaux», relève pour le Centre tricontinental Alvaro Pardo, directeur du centre d’études minières Colombia Punto Medio.

Ces dernières années, la population n’a pas manqué d’exprimer son opposition à ce modèle en organisant des consultations avant que la Cour constitutionnelle ne les rende illégales. Le Pacte historique propose, en outre, une réforme agraire qui permette de redistribuer les terres spoliées. En un demi-siècle de conflit armé, plus de 7 millions de paysans ont dû laisser leurs terres derrière eux ou en ont été expulsés.

Une campagne qui réactive la «peur du rouge»

Face à Gustavo Petro, le candidat conservateur Federico Gutierrez a mis l’accent sur l’insécurité pour son dernier meeting de campagne. En référence à l’extradition du narcotrafiquant Otoniel vers les États-Unis, qui avait provoqué le blocage par le Clan du Golfe de la moitié du pays, le candidat de droite joue les matamores: «Quand nous serons à la présidence, pour tout type de problème de ce genre, vous savez que je serai là, j’arrive en cinq minutes et l’on fera face en bombant le torse.»

 Sa campagne a réactivé la «peur du rouge», dernière carte en sa possession. Comptable du bilan du gouvernement sortant, massivement rejeté par les Colombiens, il bénéficie néanmoins, selon Yann Basset, docteur en sciences politiques de l’Institut des hautes études d’Amérique latine, du soutien de l’armée et d’ «une droite structurée et puissante», déterminée à empêcher le printemps.

 

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Ukraine. Mensonge de Washington : des archives de l'Otan classées secret-défense le prouvent

9 Mai 2022, 06:50am

Publié par PCF Villepinte

Un document, publié par Der Spiegel, souligne que des accords ont bel et bien été passés avec Moscou, dès 1991, pour ne pas élargir l’Alliance atlantique «au-delà de l’Elbe».

Bruno Odent .L'Humanité

Publié le Jeudi 24 Février 2022

Dans le cadre de l'Otan, l'arrivée de renforts de la Bundeswehr, en Lituanie, en réponse à la présence militaire de la Russie à la frontière ukrainienne. © Mindaugas Kulbis/Sipa

C’est écrit noir sur blanc. Comme le révèle Der Spiegel, un document émanant des Archives nationales britanniques confirme la thèse avancée par Moscou de l’existence d’un engagement de Washington et des puissances occidentales à ne pas étendre l’Alliance atlantique vers l’Est.

Ce texte, longtemps classé secret-­défense, a été remonté des profondeurs des Archives par le chercheur états-unien Joshua Shifrinson, professeur à l’université de Boston. Il fait état du procès-verbal d’une réunion des directeurs politiques des ministères des Affaires étrangères des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Allemagne, tenue à Bonn le 6 mars 1991. Le thème était « la sécurité en Europe centrale et orientale ».

GUERRE EN UKRAINE Suivez l'évolution de la situation, retrouvez nos analyses et décryptages.

Sans la moindre ambiguïté, les participants britanniques, états-uniens, français et allemands couchent sur le papier leur engagement à circonscrire l’Alliance atlantique au territoire de l’Allemagne unifiée, mais pas au-delà. Une telle expansion serait «inacceptable», est-il dit explicitement.

Position convenue avec Helmut Kohl

«Nous avons clairement indiqué, lors des pourparlers 2 plus 4 (rencontres diplomatiques alors convoquées pour organiser lunification allemande, avec la participation de la RFA et de la RDA, ainsi que des États-Unis, de l’URSS, du Royaume-Uni et de la France – NDLR), que nous n’étendons pas l’Otan au-delà de l’Elbe,» explique Jürgen Chrobog, le représentant de la RFA, avançant une position bien entendu convenue avec le chancelier de l’époque, Helmut Kohl. Et d’expliciter, cité par le journal: «Par conséquent, nous ne pouvons pas proposer à la Pologne et aux autres pays dadhérer à lOtan.»

Lancement d’un missile intercontinental Yars lors d’un essai russe, le 19 février 2022.

Nous vous conseillons aussi :

Russie-Ukraine. Yannick Quéau : « L’enlisement militaire revêt un risque nucléaire »

Comme en attestent ces mêmes Archives, le représentant de Washington, Raymond Seitz, y exposait la position et les garanties fournies par son pays: «Nous avons clairement fait savoir à lUnion soviétique – dans les pourparlers 2 plus 4 et aussi dans dautres négociations – que nous n’avions pas l’intention de profiter du retrait des troupes soviétiques d’Europe de l’Est…» Et d’avaliser en toutes lettres un engagement à ne pas étendre l’Otan vers l’Est «que ce soit de manière formelle ou informelle».

À l’époque, il fut également convenu de renforcer la stabilité et la sécurité en Europe centrale et orientale par des accords bilatéraux et dans le cadre de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe. Une occasion historique était donnée d’étendre les prérogatives de cette organisation, destinée à surmonter le bellicisme de la guerre froide et issue de la politique de détente et d’ouverture à l’Est de l’ex-chancelier allemand Willy Brandt.

La présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, et les États membres ont pris des mesures sans précédent : livraison d'armes à l'Ukraine, interdiction de médias russes...  © Gleb Garanich/Reuters

Voir aussi :

Guerre en Ukraine. Comment l’Europe est devenue actrice du conflit

Ce qui n’a pas résisté par la suite à la conception surarmée et impériale des États-Unis en guise de sécurité collective. En dépit de la disparition de l’organisation militaire adverse, le pacte de Varsovie, Washington a en effet, avec la complicité de la plupart des dirigeants occidentaux, entamé un forcing pour étendre l’Otan et impulser, de fait, une nouvelle course aux armements en exigeant que chacun des États membres participe à son financement à hauteur de 2% de son PIB.

Les États-Unis n’ont cessé de mentir

Ces révélations peuvent être corroborées par plusieurs autres documents ou témoignages de l’époque. Ainsi, le Monde diplomatique rapporte-t-il les propos de l’ex-secrétaire d’État, James Baker, en poste au moment des discussions préludes à la réunification allemande. Il assure alors à trois reprises à Moscou, dans des rencontres officielles avec des représentants des autres grandes puissances occidentales: «La juridiction militaire actuelle de lOtan ne s’étendra pas dun pouce vers lEst.»  (1)

Ces multiples preuves de l’engagement, qui était celui de Washington sur ce point, soulignent les responsabilités plus que partagées du président états-unien, Joe Biden, de son secrétaire d’État, Antony Blinken, et du secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, dans la montée actuelle des périls. Prolongeant une certaine diplomatie états-unienne, si tristement mise en scène par l’ex-secrétaire d’État, Colin Powell, quand il s’est agi de justifier l’invasion de l’Irak, les dirigeants états-uniens n’ont cessé en effet de mentir sur l’Otan, affirmant que l’Occident n’aurait offert à Moscou aucune garantie sur le futur périmètre de l’Alliance. Pour faire, par contre, référence en toute occasion à un «droit international inaliénable» de l’Ukraine à rallier le pacte militaire de son choix…

(1) «LOtan ne s’étendra pas d’un pouce vers l’Est», de Philippe Descamps, le Monde diplomatique (septembre 2018).

 

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ACTU Cette guerre qui aggrave la fracture Nord-Sud

30 Mars 2022, 06:53am

Publié par PCF Villepinte

Géopolitique Accentuée par le conflit en Ukraine, l’explosion des prix des matières premières promet famines et pauvreté sur le continent africain et dans tous les pays du Sud. Le gouffre ne cesse de s’étendre entre les États occidentaux et le reste du monde.

 Marc de Miramon L'Humanité

Publié le Mercredi 30 Mars 2022

Le marché d’Abobo, dans la banlieue d’Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire. issouf sanogo/afp

 

Le conflit en cours qui ravage l’Ukraine? Une menace existentielle pour la mondialisation qui pourrait créer une «division» majeure dans le monde, estimait le 26 mars dernier le chef de la diplomatie de lUnion européenne, Josep Borrell, en ouverture du forum de Doha (Qatar). «Lune des mauvaises conséquences de ce qui se passe est que nous pouvons pousser la Russie vers la Chine, et nous pouvons créer une division entre le Sud-Est mondial et le Nord-Ouest mondial», ajoutait le haut représentant de l’UE.

L’Assemblée de l’ONU divisée

En dépit de sa neutralité de façade, les pays de l’Otan ne se font plus d’illusions sur le «camp» choisi par la Chine, pays peuplé de 1,4 milliard dhabitants. Lalliance militaire exhortant ouvertement Pékin à «sabstenir de toute action qui aide la Russie à contourner les sanctions» et à cesser le soutien politique à Moscou .

 Mais si, à l’ONU, quelques pays seulement ont voté «contre» la résolution exigeant que «la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine» le 2 mars (Biélorussie, Corée du Nord, Érythrée, Syrie), la fracture s’est révélée beaucoup plus profonde, révélant un schisme inattendu. Se sont ainsi abstenus l’Inde (1,4 milliard d’habitants), le Pakistan (220 millions), le Kazakhstan, le Vietnam, la Mongolie, l’Irak et l’Iran.

En Amérique centrale et du Sud, seuls la Bolivie, le Nicaragua, le Salvador et Cuba n’ont pas souhaité condamner Moscou, mais c’est du continent africain que la véritable surprise est venue. Le Mali, l’Algérie, le Soudan, l’Angola, l’Afrique du Sud et même le Sénégal, dont le président Macky Sall occupe la présidence actuelle de l’Union africaine (UA), ont opté pour une prudente neutralité.

Une vague anti-occidentale en Afrique

Cette attitude a surpris jusqu’à Moscou, explique un haut dirigeant de l’UA, pour qui les motivations de certaines chancelleries africaines relèvent avant tout de problématiques intérieures. «Les populations sont ressorties appauvries et en colère après la pandémie de Covid», précise-t-il. 

«Et il y a aujourdhui une vague prorusse au sein de nos opinions publiques, sur fond d’échecs militaires des Occidentaux dans le Sahel et des conséquences tragiques subies par lensemble du continent africain à cause de la guerre en Libye.» Si la popularité réelle de Vladimir Poutine dans les pays du Sud demeure difficile à jauger, surtout après l’agression de l’Ukraine, toutes les manifestations hostiles à l’opération Barkhane ou à la France organisées ces derniers mois au Niger, au Burkina Faso, au Mali ou au Sénégal étaient fleuries de drapeaux russes voire de slogans pro-Wagner, la société militaire privée soupçonnée d’être une «armée de lombre» au service des intérêts de Moscou.

Des populations à bout de souffle

Le mécontentement populaire, la pauvreté endémique et l’effondrement de la situation sécuritaire dans le Sahel ont considérablement fragilisé les pouvoirs politiques de la sous-région, et favorisé des putschs militaires qui ont déjà emporté Alpha Condé en Guinée, Ibrahim Boubacar Keïta au Mali, et Roch Marc Christian Kaboré au Burkina Faso.

Et à l’heure où la junte au pouvoir à Bamako se voit infliger des sanctions économiques imposées par l’Union africaine, elle-même sous pression des chancelleries occidentales, la spéculation sur les cours des matières premières et leur flambée liée à ces mêmes sanctions, cette fois infligées à Moscou, a déjà des conséquences terribles sur les prix des produits de première nécessité, de l’huile au pain en passant par le blé.

Avec un prix de la tonne de cette céréale ayant doublé depuis un an, les boulangers ivoiriens proposent déjà de baisser la taille et le poids homologués de la baguette, pour maintenir provisoirement à flot les prix. Au Maroc, en Afrique du Sud, en République démocratique du Congo ou en Tunisie, les fluctuations du prix à la pompe et un baril à un niveau historique tirent également à la baisse le pouvoir d’achat des populations, tandis que se profilent de nouvelles «émeutes de la faim» semblables à celles qui ont secoué la planète en 2008.

 Près d’un milliard d’habitants vivent dans des pays qui dépendent directement du blé russe et ukrainien, et un sixième de la planète est déjà sous la menace d’une crise alimentaire. «Cette issue est malheureusement la plus probable, souligne depuis Beyrouth Georges Corm, historien et ancien ministre des Finances du Liban.  Les pays les plus pauvres de la planète, en Afrique bien sûr mais aussi en Afghanistan ou au Pakistan, vont énormément souffrir.

Tout cela va renforcer les positions de la Chine qui se pose en contre-modèle de Washington et qui entend commercer avec tout le monde, tout en s’opposant à la politique de sanctions défendue par les États-Unis et l’Union européenne.» Et l’ex- dirigeant libanais d’ajouter: «Dun point de vue cynique, les États-Unis apparaissent comme les seuls vainqueurs de la guerre en cours. Avec l’Otan, qu’Emmanuel Macron décrivait en état de“mort cérébrale”, et qui est totalement remise en selle. »

La cynique gestion des flux migratoires

Avec 4 à 7 millions de réfugiés sur les routes, l’accueil inconditionnel des Ukrainiens en Europe et en Amérique du Nord interpelle forcément les pays non-occidentaux. Les récents conflits liés en majorité à des interventions américaines, britanniques, françaises, turques, russes en Afghanistan, Irak, Libye, Syrie, Yémen, ont vu des populations fuir également la guerre et les mêmes drames.

Les élans de solidarité, institutionnels comme associatifs, n’ont pas été à la même hauteur, entre les discours xénophobes, les mesures ultra-sécuritaires et le non-respect du statut de réfugié avec d’importants renvois illégaux («pushbacks  »). Cet élan médiatique et humanitaire choque aussi hors de la sphère européenne, car la plupart des déplacés demeurent dans les pays du Sud. Rien que la guerre au Soudan a provoqué la fuite de deux millions de personnes vers le Burundi.

Dans son dernier rapport annuel, Amnesty International pointait qu’à travers le monde, 26,6 millions de personnes sont réfugiées et 4,4 millions demandeuses d’asile. «La plupart passaient des années dans des camps, notamment au Bangladesh, en Jordanie, au Kenya, en Ouganda et en Turquie, et beaucoup vivaient dans la crainte permanente d’être renvoyées dans le pays quelles avaient fui pour des raisons de sécurité», rappelle l’ONG.

Au Royaume-Uni et au Danemark, qui visaient l’immigration zéro et s’acharnaient contre les réfugiés syriens, yéménites, ou afghans, on prétend maintenant ouvrir les frontières en grand aux Ukrainiens fuyant la guerre.

Londres a même assoupli les règles d’accueil pour les animaux de compagnie de ces derniers, tandis qu’en France, des responsables politiques de premier plan, à l’image du député Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, multiplient les sorties de route. «Il faut prévoir un flux migratoire, déclarait-il le 25 février dernier, au micro d’Europe 1.  Ce sera sans doute une immigration de grande qualité, en revanche. Ce seront des intellectuels, pas seulement, mais on aura une immigration de grande qualité dont on pourra tirer profit.» Une séquence parmi d’autres devenue virale, en particulier sur les réseaux sociaux des pays de l’Afrique francophone et suscitant des avalanches de commentaires indignés.

Pour une «humanité présente partout»

«Les politiques de deux poids-deux mesures ne sont plus acceptables», dénonce de son côté le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix 2018, et qui se bat pour mettre fin à l’injustice et à l’impunité en République démocratique du Congo, pays victime d’un des conflits les plus meurtriers depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. 

«La souffrance na pas de couleur, et quand on voit celle qui est infligée au peuple ukrainien, on se dit que ça ne doit jamais plus se reproduire ailleurs. Mais notre humanité doit être présente partout, insiste-t-il.  En RDC, nous demandons aussi l’attention de la “communauté internationale” pour que les crimes qui y ont été commis et qui perdurent encore aujourd’hui bénéficient de la même condamnation et de la même soif de justice.»

 

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Pour une solidarité responsable avec l’Ukraine

13 Mars 2022, 08:02am

Publié par PCF Villepinte

L'Humanité Publié le
Samedi 12 Mars 2022

Rien de plus insupportable que le sentiment d’impuissance face à une agression militaire meurtrière comme l’est la guerre de Poutine contre l’Ukraine.

On ne peut, dès lors, s’étonner que s’élèvent, sous les bombes, des voix bouleversantes réclamant une implication dans le conflit toujours plus forte des États européens et occidentaux en général, à même de forcer Poutine à arrêter sa guerre.

Peut-on, dans ces conditions, être légitimement conduit à dire non à certaines de ces demandes, alors même que le peuple ukrainien nous impressionne tous et toutes par sa résistance intrépide face à l’armada russe? Oui, hélas: cest difficile, et pourtant nécessaire dans une série de cas.

Cela peut même s’avérer un devoir de solidarité, quand la réalisation de ces exigences ferait courir des risques incommensurables aux Ukrainiens, à coup sûr, en premier lieu, et, au-delà, à l’Europe tout entière, voire au monde. Plusieurs cas de ce type se sont présentés ces derniers jours. Ainsi, il est crucial, vital même, que les pressions en faveur de l’établissement d’une «zone dexclusion aérienne» sur le territoire ukrainien ne finissent pas par entraîner lOtan dans une fuite en avant fatale!

Car, interdire le survol de lUkraine suppose dabattre tout avion ennemi bravant linterdit, quitte à déclencher lengrenage dun affrontement militaire Otan-Russie! La même mise en garde vaut pour les avions de guerre de l’ère soviétique que Washington tente toujours de faire livrer à lUkraine par la Pologne. Un tel projet impliquerait, là encore, des États membres de lOtan, au risque de fournir à Poutine un prétexte pour étendre le conflit. Une solidarité pour le moins à double tranchant.

Même l’idée d’une adhésion «sans délai» de lUkraine à lUnion européenne est hautement contestable, ne serait-ce quen raison de lexistence, dans les traités européens en vigueur depuis 2009, d’une «clause de défense mutuelle» qui recèle des dangers similaires à ceux du fameux «article 5» de lOtan – toutes choses qui mériteraient d’être clairement explicitées lorsquon évoque une éventuelle entrée de lUkraine dans l’UE.

Quant aux sanctions économiques – si elles sont évidemment nécessaires –, elles appellent elles-mêmes plus de discernement que celui dont ont fait preuve plusieurs de nos ministres.

Quand Clément Beaune, le secrétaire d’État aux Affaires européennes, prétend que «nous pouvons imposer nos intérêts» à la Russie car celle-ci dépend de lEurope pour ses exportations de gaz, il semble oublier que la réciproque est vraie: il serait aussi peu aisé pour lEurope de se passer de son fournisseur russe que pour la Russie de remplacer ses clients européens. Le degré d’interdépendance qui caractérise le monde actuel est tel que le Fonds monétaire international (FMI) prévient que les sanctions «auront un impact substantiel sur l’économie mondiale».

Lorsque Bruno Le Maire promet – avant de se raviser face au tollé suscité – «une guerre économique totale à la Russie», il ignore cet autre avertissement du FMI: une escalade du conflit aurait des conséquences économiques «dévastatrices» au niveau mondial. La seule solidarité qui vaille est celle qui ne se retourne pas contre le peuple ukrainien et le monde dans son ensemble.

 

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Contre la guerre et ses ravages, l’élan des Français

9 Mars 2022, 07:28am

Publié par PCF Villepinte

ukraine Des immeubles en flammes, des familles lancées sur les routes... Les images du conflit ont saisi l’Hexagone, où les actes de solidarité se multiplient depuis deux semaines. L’Humanité s’associe à l’appel du Secours populaire français.

L'Humanité Alexandre Fache Publié le Mercredi 9 Mars 2022

Przemysl (Pologne), le 8 mars. Des réfugiés se précipitent pour monter dans un bus, à destination de Varsovie, après avoir fui l’invasion russe en Ukraine. F. Bensch/reuters

Individualistes et repliés sur eux-mêmes, les Français? Depuis bientôt deux semaines et le début de linvasion russe de lUkraine, un élan de solidarité a gagné lHexagone, des petits villages aux grandes agglomérations, pour tenter de venir en aide au peuple ukrainien par tous les moyens. Dons financiers, collectes spontanées, bénévolat…

Sur tout le territoire, des citoyens s’engagent, qui pour proposer un abri aux milliers de réfugiés arrivés en France, qui pour donner couvertures, denrées alimentaires ou médicaments, ou même organiser des convois vers ce «théâtre de guerre, à quelques heures de Paris» qui émeut tant la population…

Un de ces convois a d’ailleurs pris la route, le week-end dernier, depuis Besançon (Doubs), où le boulanger Stéphane Ravacley, rendu célèbre par sa grève de la faim menée pour la régularisation de son apprenti guinéen, a fédéré les énergies. «Il y a un peuple de France qui, quoi qu’on en dise, n’attend que ça, de pouvoir aider.

Avec cette mobilisation, nous sommes une pommade contre la “bêtise zemmourienne” et tous les extrêmes», analysait le boulanger militant, samedi : 200 m3 de nourriture, de produits d’hygiène ou de matériel médical récupérés depuis l’appel lancé par Stéphane Ravacley sur Facebook, le 25 février, au lendemain de l’invasion russe, doivent être livrés sur place dans les prochaines heures, avec l’aide de la municipalité (lire ci-après).

Mais un tel élan s’organise. C’est pourquoi les grandes associations de solidarité se mobilisent aussi pour l’Ukraine. Outre la Croix-Rouge française, au profit de laquelle un grand concert a été donné mardi 8 mars au soir, et la Fondation de France, qui indiquait recevoir «un don toutes les 10 secondes», le Secours populaire français (SPF), auquel l’Humanité a choisi de s’associer, s’est lancé dans l’aide d’urgence à l’Ukraine.

Une première mission est partie, mardi, en direction de Przemysl, à la frontière polonaise, et une deuxième doit rallier, vendredi, la Moldavie et le sud de l’Ukraine. «Nous avons déjà débloqué un fonds durgence de 50000 euros pour nos associations partenaires sur place, qui sont les mieux placées pour connaître les besoins, explique Corinne Makowski, secrétaire nationale du SPF. Et nous appelons surtout aux dons financiers, les plus efficaces pour répondre à ces besoins.» Ce mardi après-midi, l’association avait déjà collecté 1,76 million d’euros, un chiffre provisoire qui ne tenait pas compte des collectes menées auprès des entreprises ou des collectivités.

 

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Au Donbass, les habitants espèrent enfin la paix

23 Février 2022, 07:29am

Publié par PCF Villepinte

REPORTAGE

UKRAINE Dans l’est du pays, la population a accueilli favorablement la décision du président russe de reconnaître l’indépendance des deux Républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk. Tous sont persuadés que cela amènera l’apaisement attendu depuis huit ans.

Publié le Mercredi 23 Février 2022 Vadim Kamenka L'Humanité

Le 22 février, dans les rues de Donetsk. STRINGER/Anadolu Agency/via AFP

Donetsk, Gorlovka (Donbass), envoyé spécial.

Un épais brouillard a recouvert Donetsk, ce mardi matin. Ni l’annonce intervenue lundi soir, par Vladimir Poutine, de reconnaître l’indépendance des deux Républiques autoproclamées de Donetsk (DNR) et Lougansk (LNR), ni le conflit qui se poursuit sur la ligne de front ne semblent perturber la vie quotidienne des habitants. Certains cherchent des distributeurs pour retirer de l’argent qui fonctionnent, d’autres des stations avec de l’essence, la plupart n’ayant plus que du gaz, mais la majorité se rend au travail. «Depuis huit ans, nous nous sommes habitués à ce type de pénuries, aux combats. Mais jespère que les choses vont désormais saméliorer avec lannonce de Vladimir Vladimirovitch», nous confie Lena.

Malgré le couvre-feu, quelques instants après le discours du président russe, une trentaine de personnes se sont rassemblées sur la place centrale, juste à côté de la statue de Lénine, pour célébrer l’événement. «Cest historique. Personne ne sy attendait », confirme l’un d’eux, drapeau russe à la main et regardant les feux d’artifice. On est loin de l’ampleur et la ferveur de 2014 après le référendum en Crimée, comme si personne n’y croyait réellement.

À une vingtaine de kilomètres du centre-ville, se dresse le quartier Kirovskii avec ses maisons en bois. L’atmosphère y est beaucoup moins festive. Alors qu’une grande partie des résidents se préparaient à écouter le discours du président russe, Vladimir Poutine, des bombardements ont éclaté aux alentours de 21 heures. Sur la rue Dmitra-Donskovo, Irina nous accueille emmitouflée dans son manteau rose. Institutrice, la cinquantaine, elle nous dévoile l’impact de l’explosion sur sa maison pendant que des bénévoles et des pompiers l’aident à déblayer et à remettre l’électricité.

Dans le jardin, un immense trou provoqué par le tir d’une roquette a brisé le sol carrelé, faisant exploser les fenêtres et une partie de la cuisine. «Quand on a entendu les premiers sifflements et les tirs, on a décidé de sortir se mettre à l’abri. À peine dix minutes plus tard, notre maison était touchée. Heureusement, sinon je ne serais pas en train de vous parler», raconte-t-elle. Émue, Irina poursuit: «Je nen veux pas à Zelensky (le président ukrainien – NDLR). Il aurait juste dû rester un acteur. Il était vraiment bon. La politique ne lui réussit pas. Maintenant, on attend la suite et que cette guerre s’arrête définitivement pour que, des deux côté s, on puisse revivre en paix.» Depuis 2014, près de 14000 personnes sont décédées.

Les évacuations apparaissaient moins importantes, ces dernières heures

Dans ce quartier, assez éloigné de Donetsk, et davantage populaire, peu de gens ont fui vers la Russie. Dans la rue Ivana-Susanina, une femme aurait péri dans les bombardements. Le toit de sa maison a été en partie arraché. Une voisine témoigne. «On a entendu plusieurs coups de feu se rapprocher et, dun coup, un grand boum. On sest cachés avec les enfants. Nous ne sommes pas partis. On laurait fait en 2014 au début du conflit. On a fait le choix de rester, car on a toute notre vie ici, notre famille. Le plus difficile, c’est de s’apercevoir désormais que les enfants arrivent à reconnaître au seul bruit de quel type d’arme, de bombarde ments il s’agit.»

Les évacuations apparaissaient moins importantes, ces dernières heures. Au moins, 60000 personnes auraient rejoint la Russie. Pourtant à Staromykhailivka, en périphérie de Donetsk, les échanges de coup de feu sont quotidiens. «Depuis 2014, et le début du conflit, la plupart des gens qui sont restés dans le Donbass ne partiront plus. Ils ont fait ce choix il y a huit ans, quand la situation était véritablement inquiétante.

Bien évidemment les tensions sont les plus fortes de ces dernières années. Mais, cela demeure supportable pour l’instant et les gens n’ont pas forcément tous les moyens de partir», estime Ania (1). Dans son école, rue Daguestanaya, où il enseigne, les enfants ne font plus attention mais restent marqués. « Qui ne le serait pas? La décision de Poutine était nécessaire. On aurait pu encore vivre en Ukraine jusqu’en 2017. Mais, aujourd’hui, la haine et les rancœurs sont trop importantes. J’espère juste que cela nous apportera la paix et non davantage de guerre.»

À l’une des entrées est de Donetsk, les gardes surveillent attentivement les allées et venues. L’angoisse de nouveaux affrontements subsiste. Dans les divers commissariats au sein de la République autoproclamée de Donetsk, la conscription se poursuit. Depuis le décret du 19 février, pris par le dirigeant Denis Pouchiline, les hommes de 18 à 55 ans sont mobilisés. Seule nouveauté, les plus de 55 ans peuvent se porter volontaires depuis mardi. Une décision qui est intervenue au moment où les «accords dentraide» entre les entités DNR, LNR et la Russie ont été signés.

La Douma russe a voté à l’unanimité le texte qui ouvre la voie à la coopération avec Moscou dans les domaines de la défense et du secteur économique et financier durant une décennie. Ces textes prévoient que les parties vont assurer leur défense, partager des bases militaires et une protection commune de leurs frontières et créent un «fondement juridique» à la présence russe dans ces territoires. Cela ne sarrête pas là, puisquun amendement a été immédiatement déposé en deuxième lecture, qui valide leur entrée en vigueur dès le 22 février. «Cest le seul moyen de protéger les gens, darrêter la guerre fratricide, dempêcher une catastrophe humanitaire, dapporter la paix», se justifie le président de la Chambre basse (Douma), Viatcheslav Volodine.

Si le vice-ministre des Affaires étrangères, Andreï Roudenko, a affirmé lundi que la Russie n’avait pas «pour linstant» l’intention de déployer des forces, mais le fera en cas de «menace», plusieurs témoins dans le Donbass confirmaient la présence de bataillons russes sur place. Et, dès le lendemain, le président russe a réclamé à la Chambre haute du Parlement d’autoriser l’envoi de militaires russes. Une demande que le vice-ministre de la Défense, Nikolaï Pankov, a justifiée devant l’assemblée arguant qu’ «aux frontières des Républiques populaires de Donetsk et Lougansk, une armée (ukrainienne) de 60000 hommes et de blindés lourds» se regroupe .

Sur la ligne de front, comme à Gorlovka, la nouvelle a été accueillie avec soulagement. Les soldats espèrent que cette coopération facilite la fin des combats. Mais ne craignent-ils pas l’inverse et que le conflit ne s’amplifie? «Le soutien de la Russie transforme totalement le rapport de forces. Jy crois. Ou alors il faudra avancer», ose l’un d’eux.

La plupart des habitants (4 à 5 millions au total) souhaitent essentiellement sortir de ces huit années de guerre. Une véritable lassitude des problèmes quotidiens qu’implique cette situation apparaît. «Cela nous a rendus plus solidaire», observe Nikolaï Nesterov un médecin qui s’occupe d’un centre de don du sang. L’établissement vétuste a été remis à neuf avec du matériel ultramoderne.

On y trouve des jeunes comme Kolia qui viennent chaque semaine. «Si cela permet de sauver des vies», glisse-t-il timidement. Pour Nikolaï Nesterov, il n’était pas question de s’en aller. «Je pouvais être utile. Et quitter ma ville alors que dautres nont pas les moyens de partir Des quartiers entiers sont coincés, comme à Petrov ou Kievskiï. Et puis il sagit dune guerre aux enjeux qui nous dépassent entre la Russie, les États-Unis et l’Union européenne. Mais il y a une seule chose que je ne comprends pas du gouvernement ukrainien.

Pourquoi nous attaquer tout en affirmant qu’i l s’agit de leur territoire?» interroge-t-il. En attendant, les drapeaux russes accrochés aux voitures n’ont cessé d’être sortis. Dans le centre de Donetsk, les immenses affiches pour un «Donbass russe fort» prennent encore davantage de sens. Et Denis Pouchiline, le dirigeant du DNR, l’a clairement signifié, la décision de la Russie est plus «quun simple soutien».

(1) Le prénom a été changé.

 

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