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internationalisme

A Lyon, le maire contraint d'annuler une conférence pour la paix avec Salah Hamouri

31 Janvier 2023, 07:49am

Publié par PCF Villepinte

Palestine 

Le maire de Lyon Grégory Doucet (EELV) a été contraint de ne pas tenir une rencontre commémorative des accords d’Oslo face aux « tensions très fortes » suscitées par cet événement.

L'Humanité  Mardi 31 Janvier 2023

Gaël De Santis

 

Les soutiens à la colonisation israélienne ont eu gain de cause. Après une semaine de calomnies, ils ont obtenu que la conférence organisée par la mairie de Lyon sur la paix entre Palestiniens et Israéliens soit annulée. Grégory Doucet, l’édile EELV de la ville du Rhône, devait organiser une rencontre, le mercredi 1er février: «Trente ans après la signature des accords dOslo, regards sur la Palestine.»

Étaient censés participer à la conférence Abaher El Sakka, sociologue de l’université de Beir Zeit, Jean-Claude Samouiller, président d’Amnesty International France, et Benoît Van Keirsbilck, membre du comité des droits de l’enfant de l’ONU. L’ex-prisonnier politique Salah Hamouri était également invité.

La logorrhée de l’extrême droite israélienne

Ce Franco-Palestinien a été pris pour cible, accusé d’être un terroriste au prétexte que, sous la pression et pour obtenir une remise de peine, il avait plaidé coupable d’une tentative d’assassinat contre un rabbin, dans sa ville en Israël. Ainsi, reprenant la logorrhée de l’extrême droite israélienne, Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, avait dit voir en Salah Hamouri une «incarnation même de la violence et de la haine antisémite».

«On rappellera () qu’à chacune de ses incarcérations, la diplomatie et les présidents français sont intervenus pour obtenir sa libération ou pour dénoncer le caractère arbitraire de sa détention ou pour demander que Salah Hamouri vive en famille dans sa ville natale, Jérusalem», tient à rappeler le comité de soutien de l’avocat franco-palestinien.

Comble de la calomnie: le maire de Lyon, Grégory Doucet, a également été accusé, sans aucun fondement, d’avoir empêché une visite scolaire au camp d’extermination d’Auschwitz au motif que le déplacement se serait fait en avion, donc polluant. La commémoration de la libération d’Auschwitz a d’ailleurs fait l’objet, le 27 janvier, d’un trouble à l’ordre public. À Lyon, le maire et ses adjoints ont été hués.

Face aux accusations ignominieuses d’antisémitisme à son encontre, l’édile écologiste rappelle que sa première visite en tant que maire en 2020 a été au mémorial d’Izieu, lieu de commémoration de la déportation d’enfants juifs.

Dans une lettre, Grégory Doucet a expliqué sa décision d’annuler la conférence du fait «des postures irresponsables et inacceptables dappel à la manifestation haineuse et anti-républicaine». Et du besoin «dassurer la sécurité de toutes et de tous». Il organisera de prochaines rencontres avec, entre autres, des universitaires appartenant au camp de la paix israélien.

 

 

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Brésil :

11 Janvier 2023, 08:00am

Publié par PCF Villepinte

 le choix du peuple brésilien est la démocratie !

Ce 1er janvier 2023, Lula a pris ses fonctions de président du Brésil au cours d’une cérémonie d’investiture à la fois très politique et très émouvante. À l’occasion de cette investiture, le président Lula a prononcé trois discours : l'un, devant le congrès, destiné avant tout à tous les élus ; les deux autres à l’extérieur sur la place des Trois Pouvoirs, à l'adresse de ses soutiens et du peuple brésilien, au moment de la remise de l’écharpe présidentielle.

L’ancien président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, avait alors refusé de passer cette écharpe à Lula, et communiquait sur ses vacances en Floride tout en laissant planer des doutes sur la véracité du résultat des élections. Ainsi, l'insigne de président a été remis à Lula par cinq personnalités de « la société civile » parmi lesquelles le chef Raoni, qui poursuit Jair Bolsonaro en justice pour destruction de la forêt amazonienne.

Cette investiture s’est déroulée en présence de 17 chefs d’État et représentants du monde entier dont l’ensemble des présidents latino-américains, le vice-président cubain, des représentants de la Russie et de l’Ukraine, le vice-président chinois. La France et les États-Unis avaient fait le choix d'une représentation moins élevée en la présence de la secrétaire d’État à l'intérieur pour les États-Unis et du ministre chargé du commerce extérieur pour la France. Chacun jugera le niveau auquel la France place l’importance des relations politiques et de coopération avec le Brésil.

Évidemment, Lula savait et sait que les conditions de son accès au pouvoir sont difficiles, que le pays est profondément divisé et que les « bolsonaristes » sont à la fois très nombreux et très actifs. Et ceci, en dépit du bilan de Bolsonaro que beaucoup qualifient de catastrophique du point de vue sanitaire, bien sûr, lors de la pandémie, mais aussi d’un point de vue économique et social. Ce sont au moins 30 millions de Brésiliens qui souffrent de la faim et près de 50 % de la population totale qui est plongé dans l'insécurité alimentaire… Cela, dans un pays avec une croissance en berne, une dette importante et en prise avec le comportement criminel d'une finance internationale qui asphyxie les pays latino-américains avec des taux intérêts extravagants de remboursement de la dette.

Mais nous l’avons vu ce dimanche 8 janvier, les difficultés existent aussi quant au retour à la démocratie. Les partisans de « Bolsonaro », des fascistes parfaitement organisés sur les réseaux sociaux, continuent à montrer que l’extrême droite refuse la démocratie et l’ont illustré en agissant comme des putschistes, en envahissant et en saccageant les lieux de pouvoir à Brasilia.

La question reste entière sur d’éventuelles complicités de l’armée ou de certains policiers ainsi que sur celle du gouverneur de l’État. Dès dimanche après-midi, le président Lula a pris la parole pour rappeler le choix de la démocratie fait par le peuple brésilien et l'exigence que la justice sanctionne celles et ceux qui ont dévasté les bâtiments publics, présidentiels et gouvernementaux de la capitale. Lula a retiré au gouverneur de l’État son pouvoir de police et de sûreté et a souhaité, dès lundi matin, réinvestir de suite les locaux présidentiels, ceux du congrès et du tribunal fédéral.

La condamnation des actes terroristes des militants de Bolsonaro est unanime dans le monde. Cette tentative de putsch confirme les menaces que crée toute banalisation de l'extrême droite. Garantir et développer les principes démocratiques passe par la lutte contre l’extrême droite.

Le peuple brésilien a répondu en masse ce lundi à des appels multiples, et de nombreuses manifestations pour la démocratie se sont déroulées à Sao Paulo, à Rio de Janeiro, à Salvador de Bahia….

Le Parti communiste français réaffirme avec force sa solidarité avec le peuple du Brésil et le président Lula. Pour répondre aux engagements et aux défis qu'il affronte, le Brésil a besoin de toute notre solidarité, d'une coopération internationale renforcée et d’une démocratie vivante respectée.


Cécile Dumas
Responsable adjointe du secteur international
chargée des questions migratoires et de l’Amérique latine

 

 

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Trumpistes et bolsonaristes

10 Janvier 2023, 09:31am

Publié par PCF Villepinte

Du Capitole à la place des Trois-Pouvoirs,

la diagonale de l’extrême droite

Les relations entre les clans trumpiste et bolsonariste, incarnées par l’ancien conseiller Steve Bannon et Eduardo Bolsonaro, le fils de l’ex-président, sont-elles allées jusqu’à une aide dans la préparation de l’assaut à Brasilia?

Christophe Deroubaix L'Humanité Mardi 10 Janvier 2023

Après avoir évoqué des fraudes électorales, l’ultra-droitier Steve Bannon a qualifié, dimanche, les putschistes de «combattants de la liberté». D.D.Delgado / GETTY IMAGES/AFP

 

On ne savait plus s’il parlait de Bolsonaro ou de Trump. Sans doute des deux, d’ailleurs. Il y était question du vol d’une élection, de machines à voter détournées à cette fin, de l’instrumentalisation de la justice et des médias et, finalement, de patriotes qui devaient récupérer leur bien. En un peu plus d’une minute, Steve Bannon, l’ancien conseiller de Donald Trump, cochait toutes les cases du «bingo» trumpiste.

Au lendemain des attaques contre les lieux de pouvoir au Brésil, Eduardo Bolsonaro, l’un des fils de l’ancien président, a partagé cette vidéo enregistrée fin novembre, alors que Bannon recommandait à Bolsonaro père de ne pas reconnaître les résultats du second tour de l’élection présidentielle.

Le Brésil, terreau propice à une version «tropicale» du trumpisme

On aurait pu penser que le fondateur de The Movement, organisation visant à unir les nationaux-populistes du monde entier, parmi lesquels figure Marine Le Pen, dont il s’est vanté d’être le conseiller informel, en profitait pour refaire le match de l’élection perdue par Donald Trump.

En fait, il joue la même partie mais sur un autre terrain. L’attention portée par Steve Bannon au Brésil n’est ni récente ni circonstancielle. Il a identifié dans le plus grand pays d’Amérique latine un terreau proche de celui des États-Unis, qu’il juge propice à une version « tropicale » du trumpisme. Les deux pays se caractérisent par d’immenses inégalités sociales qui sont souvent le calque d’inégalités raciales sur fond d’histoire esclavagiste (jusqu’en 1865 aux États-Unis et 1888 au Brésil) tandis que les évangéliques constituent le noyau dur du bolsonarisme comme du trumpisme. S’ajoute désormais à cette liste un assaut contre le cœur du pouvoir, deux ans et deux jours après l’attaque du Capitole à Washington.

Les relations de «Zéro trois»

Ce lien transcontinental ne se limite pas à la relation d’un ancien conseiller et d’un fils d’un président battu, dont la première rencontre, à New York en 2018, s’était soldée par un parfait accord dans la lutte contre le «marxisme culturel». Il illustre la proximité des deux clans et des deux mouvements. Selon le Washington Post, Eduardo Bolsonaro, toujours lui, a été reçu à plusieurs reprises par Donald Trump dans sa résidence floridienne de Mar-a-Lago.

Il a également rencontré Jason Miller, ancien porte-parole de campagne de Trump, désormais patron du réseau ultraconservateur Gettr. Lors de la première rencontre à la Maison-Blanche entre Trump et Bolsonaro, c’est le fils qui accompagne son père, pas l’ambassadeur. Celui qui est surnommé «Zéro trois», car il est le troisième fils du leader dextrême droite, noue des relations personnelles avec Ivanka Trump. Le rejeton se trouve au même endroit le 5 janvier 2021, soit à la veille de l’assaut du Capitole.

Une attaque que son président de père refusera de condamner, arguant d’un « manque de confiance » dans les élections qui a «conduit à ce qui se passe là-bas». Anticipant une défaite annoncée, il ajoutait qu’il pourrait «se passer la même chose» au Brésil puisque «la fraude existe» aussi. Hier matin, toute la fachosphère états-unienne se rangeait derrière les assaillants bolsonaristes. Sans surprise. Demeure une question : a-t-elle participé d’une façon ou d’une autre à la préparation de cette attaque?

 

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IRAN

27 Décembre 2022, 08:17am

Publié par PCF Villepinte

Bernard Hourcade : «Ce soulèvement en Iran scelle une révolution culturelle»

Iran Afin de stopper trois mois de contestation, le régime a exécuté plusieurs citoyens. Selon le spécialiste du pays Bernard Hourcade, pour que la révolution devienne politique, la participation de la classe moyenne est nécessaire.

L'Humanité Mardi 27 Décembre 2022

Vadim KamenkaNadjib Touaibia

SalamPix/ABACA

Déjà 500 morts et une dizaine d’exécutions: jusquoù ira le régime des mollahs dans la guerre qu’il mène contre son peuple? Avec le soulèvement qui a éclaté, le 16 septembre, après lassassinat de la jeune Mahsa Amini, 22 ans, pour une mèche rebelle hors de son foulard, la question est ouvertement posée.

Des milliers d’arrestations, des condamnations à la peine capitale et des exécutions en place publique… mais cette répression, aussi terrible soit-elle, ne parvient pas à briser le cycle de manifestations quotidiennes à travers le pays. L’insurrection assumée peut-elle amener à une rupture avec la dictature islamiste? La contestation traverse toutes les catégories de la population, elle rassemble aussi les générations, les citadins et les ruraux.

Ce soulèvement dune bonne partie de la société se nourrit de l’énergie des mouvements précédents et fait tache d’huile. Le pouvoir iranien aurait-il peur? La férocité dont il fait preuve est-elle un signe de panique dans un contexte de crise économique sous le poids des sanctions et de tensions diplomatiques avec les pays occidentaux? La résistance peut-elle imposer le changement? Membre du Centre de recherche sur le monde iranien, Bernard Hourcade tente de répondre.

Plus de trois mois après le début des contestations, quel regard portez-vous sur la révolte en Iran?

Avant d’être politique, économique, ce mouvement marque une révolution culturelle et existentielle. La nouvelle génération porte la revendication «Femme, vie, liberté», qui regroupe femmes et hommes. Ils luttent pour lexistence de chacun. Quel que soit le gouvernement en Iran, la population ne craint plus daffronter la police et de manifester. Cette dernière a même reculé devant les protestations, ne tirant pas sur la foule malgré la violente répression. Cette révolution s’avère déjà victorieuse. Les femmes osent se promener sans foulard dans la rue. D’autres vont arracher les turbans des mollahs, la coiffe emblématique de l’élite religieuse. Bien évidemment, le régime va poursuivre les arrestations et les exécutions. La répression continuera et le nombre de morts devrait être important, mais le principe même de ce soulèvement est acquis. Le gouvernement sait qu’il ne peut revenir en arrière. Car il fait face à un mouvement de basse intensité qui ne s’arrêtera pas.

Ce mouvement est-il en mesure d’aboutir, à la différence des précédents?

Il y a d’abord eu des manifestations politiques en 2009 face à la fraude électorale organisée par le président sortant, Mahmoud Ahmadinejad. La contestation a éclaté dans les grandes villes iraniennes, pour réclamer: «Où est mon vote?» À l’époque, il s’agissait d’une révolution politique, à l’intérieur du système. Les gens souhaitaient la victoire de l’ancien premier ministre, Mir Hossein Moussavi. En 2015, l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien porte un vent d’espoir parmi la population. Avec la fin des sanctions, les Iraniens espéraient assister à une ouverture économique, sociale et politique. Le régime était d’ailleurs vacillant. Du coup, les conservateurs et le guide actuellement au pouvoir n’en voulaient pas, ni les Israéliens, ni les Saoudiens, ni l’administration américaine avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Entre 2017 et 2019, après la sortie des États-Unis de l’accord sur le nucléaire, de nombreuses mobilisations sociales éclatent. En trois jours, elles feront des milliers de morts chez les travailleurs, fin 2019.

Aujourd’hui, ce mouvement ne porte pas d’alternative politique. Ce phénomène est profond puisque tout le monde y participe et sans leader. Cela perturbe le régime qui ne peut mettre 83 millions de personnes en prison. Ces soulèvements démontrent que la société iranienne évolue de façon extraordinaire, indépendamment des souhaits du gouvernement et du pouvoir. Les femmes en sont le symbole le plus fort. Par exemple, dans la province du Kurdistan, dont est originaire Mahsa Amini, il y a quarante ans, 80 % des gens ne connaissaient pas le persan, selon les recensements officiels. Aujourd’hui, 95 % des filles sont scolarisées et parlent persan. Les femmes font partie de la société et elles le revendiquent. Les 500 morts ont scellé cette évolution irrépressible.

Pour que cette révolution soit totale doit-elle déboucher sur une forme politique?

La réussite de ce mouvement global passe par les réseaux sociaux. Mais ils n’ont pas d’utilité politique pour faire pression sur un gouvernement et le renverser. Pour parvenir à une révolution politique, ce mouvement doit désormais déboucher sur des mobilisations sociales. La diaspora n’a pas pleinement joué son rôle. Elle déplore la répression, médiatise le courage des protestataires, mais cela ne fera pas chuter le régime. Une dictature est prête à aller jusqu’au bout et faire une centaine de morts par jour si nécessaire. Elle l’a déjà démontré par le passé.

L’autre élément intéressant, c’est la population qui ne manifeste pas, écrasée par la crise économique. Les deux tranches d’âge 30-40 ans et 40-50 ans, qui sont les plus nombreuses en Iran, n’ont pas protesté de crainte de perdre leur faible salaire, leur emploi. L’Iran fait partie des pays les plus éduqués au monde. Il existe de nombreux ingénieurs, des techniciens qui sont au chômage ou qui occupent des métiers précaires. La liberté politique demeure encore trop loin de leur préoccupation principale. Pourtant, ils sont le «cœur» du pays et du régime, en tant que fils de ceux qui ont réalisé la révolution de 1979. Avec les sanctions, seul un petit groupe senrichit et profite de la manne pétrolière grâce à la corruption.

Face aux exécutions, y a-t-il une suite possible?

Elles ont été déclenchées par le régime pour terroriser les gens. Après avoir fiché, arrêté des milliers de personnes et relâché plusieurs centaines, ces pendaisons ostentatoires ont été réalisées pour menacer directement les protestations et bloquer les manifestations. Ces exécutions ont fait reculer le mouvement qui a déjà remporté une formidable avancée. Mais il stagne aussi faute de mobilisation sociale, la grande grève du 7 décembre n’a pas été une réussite. Il y a une attente pour voir comment les choses vont évoluer dans la société alors que le gouvernement est paralysé et ne fait que réprimer. Le changement peut venir de l’intérieur du régime, autour de personnalités comme l’ancien président du Parlement, Ali Larijani. Plusieurs groupes (gardiens de la révolution, technocrates, élus…), extrêmement divisés, essayent de profiter de la situation. Le guide Ali Khamenei, 83 ans, n’a plus l’autorité pour mettre un terme à ses désunions. Il est obligé de faire des concessions.

D’autres issues existent-elles?

L’autre acteur majeur demeure le groupe des 5 + 1 du nucléaire – Chine, France, Russie, Royaume-Uni, États-Unis, plus l’Allemagne. Depuis la sortie de Donald Trump, ces puissances peuvent agir et faire pression sur le gouvernement avec la levée des sanctions et un nouvel accord. Il s’agit du seul moyen crédible d’influer sur les autorités pour qu’elles cessent la répression et offrent des perspectives à la classe moyenne. Mais, sans avancée, l’Iran poursuit son programme et est très proche d’y aboutir dans les semaines qui viennent. Une fois que le pays deviendra une puissance nucléaire, comment vont réagir les États-Unis, Israël, l’Arabie saoudite, la Russie, la Chine, la France…? Les conséquences internationales seront considérables et cela va étouffer tout espoir de révolution.

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Kurdes de France et d’Europe.

26 Décembre 2022, 08:47am

Publié par PCF Villepinte

Nouvel assassinat politique

contre les Kurdes

Il y a dix ans, trois militantes kurdes étaient assassinées à Paris. A la veille de ces commémorations, un nouveau crime vient d’endeuiller la communauté kurde. Un bilan provisoire fait état de trois morts dont des responsables du Centre démocratique des Kurdes de France venus préparer la grande manifestation du 7 janvier à Paris. Notre colère et notre indignation sont à leur comble.

Depuis des mois, nous ne cessons d’alerter sur les menaces qui pèsent sur les Kurdes de France et d’Europe.

L’État turc fait circuler, en toute impunité, des listes de militants à abattre. Des membres des services secrets turcs et d’organisations paramilitaires d’extrême droite comme « Les Loups Gris » menacent les Kurdes et s’en prennent à leurs centres culturels en toute impunité.

R.T. Erdogan, celui-là même qui soutenait les organisations djihadistes et continue à leur apporter sa protection, vocifère contre les Kurdes et exige leur extradition dans un chantage éhonté.

Comment dans ce contexte de déchaînement de haine et de violence, écarter d’emblée la qualification d’acte terroriste ? Veut-on à nouveau masquer la vérité face à ces crimes politiques commis sur notre territoire pour préserver une relation avec un État qui règne par la mort de ses opposants.

Nous exigeons que le secret défense concernant le triple assassinat d’il y a dix ans soit levé par le gouvernement et que Vérité et Justice soient faites pour ce nouvel assassinat politique.

Depuis plusieurs années, les autorités françaises qui se succèdent collaborent avec Ankara pour persécuter la communauté kurde de France. En voici les résultats !

Les Kurdes, qui agissent depuis toujours de manière pacifique dans notre pays, doivent être protégés. Ce sont des hommes et des femmes qui luttent pour la liberté, l’égalité et le progrès humain. Ils sont en première ligne dans la lutte contre l’obscurantisme djihadiste.

Ils sont nos amis et nous sommes indéfectiblement à leurs côtés.

Pascal TORRE
responsable adjoint du secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient

 

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Migrations :

26 Décembre 2022, 08:44am

Publié par PCF Villepinte

La rupture avec le droit international continue !

Dimanche 18 décembre, c’est la journée internationale des migrants. Le lendemain, la justice britannique a jugé légal le projet d’expulsion des migrants au Rwanda. Ce jugement est hallucinant et qualifié comme violation du droit international par l’ONU et des associations.

Rappelons-nous un peu les faits. L’externalisation des questions migratoires semble être poussée à son paroxysme dans cette situation.

En avril dernier, le gouvernement de Boris Johnson fait un voyage à Kigali et revient avec un accord qui permettrait d’expulser des demandeurs d’asile arrivés sur le sol britannique. D’après Boris Johnson, cet accord permettrait d’éviter de décourager les traversées de la Manche sur de petits embarcations. Pour cela, le Royaume-Uni devait verser 145 millions d’euros au Rwanda.

En juin, la Cour européenne des droits de l’homme avait bloqué le 1er vol et l’avion n’avait pas décollé. Et là, six mois plus tard, la Haute Cour de Justice britannique a tranché en annonçant la légalité de cet accord. La Cour a conclu qu’il était légal pour le gouvernement britannique de mettre en place des dispositions pour envoyer des demandeurs d’asile au Rwanda et que leur demande d’asile soit examinée au Rwanda plutôt qu’un Royaume-Uni.

Quelle humanité dans ce jugement ! Quel cynisme de la part d’un pays qui passe des accords argent contre humains !

La bataille judiciaire n’est pas terminée et des associations poursuivent la solidarité et la lutte, mais pour l’instant la Cour européenne des droits de l’homme n’a rien dit.

Si cet accord devait être appliqué, cela serait un immense « appel d’air » aux politiques xénophobes des pays riches. C’est une nouvelle attaque contre le droit international. Nous devons nous réveiller pour le droit à la circulation et à l’installation.

Cécile Dumas
responsable adjointe du secteur international du PCF
chargée des questions migratoires

 

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Élections TUNISIE

19 Décembre 2022, 06:56am

Publié par PCF Villepinte

 

Le peuple tunisien inflige

un camouflet à Kaïs Saïed

 L’opposition dénonce le «fiasco» des législatives, marquées par un taux dabstention de plus de 92%. La légitimité du chef de l’État, artisan dun verrouillage institutionnel depuis son coup de force de juillet 2021, est un peu plus ébranlée.

L'Humanité Lundi 19 Décembre 2022

Bruno Odent

À Tunis, une urne presque vide. La plupart des partis politiques avaient appelé au boycott. Yacine Mahjoub/AFP

AFP

Sans surprise, les Tuni­siens ont massivement boudé les urnes, samedi 17 décembre, lors du premier tour des élections législatives. L’abstention est historique, du jamais-vu depuis la révolution de 2011. Quelque 803000 électeurs seulement sur 9 millions ont fait usage de leur bulletin de vote, soit une participation de 8,8%. La nouvelle Assemblée de 161 députés doit remplacer celle que Kaïs Saïed avait gelée le 25 juillet 2021, après des mois de tension avec l’exécutif et le parti islamiste Ennahdha, qui dominait le Parlement.

Le président de l’autorité électorale, Farouk Bouasker, a justifié ce faible score par «labsence totale dachats de voix (…) avec des financements étrangers». Le chef de l’État avait lancé un appel aux électeurs dès l’ouverture du scrutin. Il n’a pas été entendu. L’opposition dresse le constat d’un fiasco et estime qu’il n’est plus légitime. 

«Ce qui sest passé aujourd’hui est un tremblement de terre», a déclaré Ahmed Nejib Chebbi, le leader du Front de salut national (FSN), une coalition de partis comprenant les islamistes d’Ennahdha. «À partir de ce moment, nous exigeons que Saïed démissionne», a-t-il ajouté. Les Tunisiens sont invités à des «manifestations et des sit-in massifs» pour exiger une nouvelle élection présidentielle.

le pouvoir du Parlement très amoindri

Ces élections sont «inutiles», avait déclaré de son côté la puissante centrale syndicale UGTT, exprimant ainsi un sentiment général. L’organisation pointe précisément les conséquences de la réforme constitutionnelle approuvée par référendum le 25 juillet. Ces aménagements ont instauré un régime hyperprésidentiel et privent le Parlement de toutes ses prérogatives.

«Nous estimons que ce texte constitue une profonde régression, voire un retour au Moyen Âge, () il ne garantit pas le rôle des partis politiques et leur liberté de débat autour des questions politiques, économiques, sociales, environnementales», avait déclaré à l’Humanité le secrétaire général de l’organisation, Noureddine Taboubi, à propos de la Constitution. La centrale, qui avait approuvé dans un premier temps le coup de force opéré par le président, avait fini par dénoncer «la concentration des pouvoirs entre les mains d’une seule personne et l’amendement des textes législatifs en s’appuyant sur des décisions unilatérales».

L’UGTT n’a pas officiellement appelé au boycott du scrutin, mais sa position n’a pas été sans effet sur l’électorat en raison de sa forte audience dans le monde du travail et dans la société civile.

La plupart des partis politiques, islamistes d’Ennahdha en tête, ont en revanche ouvertement boycotté l’élection d’un Parlement au pouvoir législatif considérablement amoindri. Les 1055 candidats, dont très peu de femmes (moins de 12%) et une forte proportion denseignants et de fonctionnaires, nont pas suscité dintérêt.

La grave crise économique est l’autre facteur de la forte abstention. Les Tunisiens doivent affronter au quotidien des pénuries persistantes de produits de première nécessité. «Sappro­visionner est un parcours du combattant. Le lien de confiance a été rompu. La popularité de Kaïs Saïed est en train de seffondrer», commente un militant associatif joint au téléphone. Selon lui, l’UGTT pourrait bien désormais durcir le ton à l’égard du chef de l’État. 

 

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Palestine/Israël :

2 Décembre 2022, 08:30am

Publié par PCF Villepinte

 Emmanuel Macron doit s'opposer

à l'expulsion de Salah Hamouri

 

Monsieur le Président,

Israël a pris sa décision : Salah Hamouri sera expulsé dimanche 4 décembre pour la France. Allez vous laisser encore une fois le gouvernement israélien bafouer le droit international, et le laisser s’acharner contre notre concitoyen comme il le fait depuis tant d'années ?

Après des années de prison, après que sa femme ait été interdite de vivre en Palestine avec leurs enfants, après que lui soit retiré son statut de résident de Jérusalem-Est, la ville où il est né d’un père palestinien et d’une mère française, une nouvelle sanction s’abat sur Salah sans qu’à aucun moment, il n’ait eu droit à un procès juste et équitable. Son seul tort, ne pas « faire allégeance » à Israël. Un occupant peut-il exiger cela d’un occupé ? Jérusalem-Est a été annexée par Israël, ce que la communauté internationale n’a pas reconnu.

Le choix de Salah, vivre et travailler dans sa ville, doit être respecté. Ce n’est pas le choix d’un criminel qui aurait eu droit à un procès, c’est celui d’un homme qui a choisit de défendre d’autres femmes, d’autres hommes. Un monde sans justice ne peut être un monde de paix.

Vous avez été bien prompt à féliciter Benjamin Netanyahu, accusé de corruption, après son élection obtenue grâce à une alliance avec des partis d'extrême droite dont les mots d'ordre sont "mort aux arabes". Peut-on se dire ami d’un pays et le confirmer dans une dérive que certains de ses citoyens juifs n’hésitent pas à qualifier de fasciste.

Il ne reste que quelques jours pour vous opposer à cette décision scandaleuse et exiger que Salah soit libre de ses mouvements et puisse vivre libre dans sa Jérusalem-Est natale avec son épouse et ses enfants. Il en est de l’honneur de la France.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l'expression de mes respectueuses salutations.

 

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Mali

24 Novembre 2022, 07:59am

Publié par PCF Villepinte

Des viols de masse et des exécutions

dans l’impunité

Un rapport de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), dont nous nous sommes procuré des extraits, sera dévoilé ce jeudi. Il témoigne des exactions commises par toutes les parties du conflit. Les femmes en sont les premières victimes.

Benjamin König L'Humanité

Jeudi 24 Novembre 2022

Le camp de M’Berra accueille des réfugiés fuyant des violences attribuées aux djihadistes, aux forces maliennes et à des membres du groupe Wagner. Guy PETERSON / AFP

« Exécutions sommaires», «massacres de masse», «viols de masse»: la guerre dans son acception la plus crue, voici ce qui ressort des 84 pages de ce rapport denquête publié ce 24 novembre par la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), qui tient ce jeudi matin une conférence de presse à Dakar.

Intitulé «Dans le centre du Mali, victimes et bourreaux vivent ensemble», le document permet de donner un nouvel aperçu, une «actualisation, cette année 2022 étant particulièrement dangereuse», relate L., un membre de la société civile malienne, dont l’anonymat est requis pour préserver sa sécurité. Il rappelle que ce nouveau rapport «vient sajouter à dautres depuis 2012, dONG ou de lONU avec la Minusma, qui ont démontré des exactions commises par toutes les parties».

Voici dix ans que ce conflit meurtrier a déstabilisé le Mali, marqué par deux interventions militaires françaises, «Serval» et «Barkhane», opérations dont Emmanuel Macron a acté l’échec en février dernier sur fond de tensions avec le nouveau régime malien.

Ce dernier – une junte militaire parvenue au pouvoir après deux coups d’État en 2020 puis 2021, renommée «régime de transition» avec à sa tête le colonel Assimi Goïta a opéré un virage à 180 degrés dans la lutte contre des forces djihadistes affiliées au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim). Et a lancé une opération baptisée «Kélétigui», avec à ses côtés des paramiliciens du groupe russe Wagner, malgré le fait que, «du côté des autorités, la présence de militaires russes nest toujours pas reconnue», indique L.

L’influence des groupes djihadistes «va bien au-delà de la ligne de front qui prévalait en 2012», écrivent les auteurs du rapport, qui parlent aussi de «milicianisation du conflit», notamment à la suite des opérations françaises et de la constitution de groupes armés d’autodéfense «sur la base de critères ethniques», à savoir Dogons, Bambaras ou Peuls, ces derniers étant souvent assimilés aux djihadistes.

Le rapport documente donc ce «retour violent de l’État à travers l’intensification des opérations militaires des FAMa (forces armées maliennes – NDLR) et de leurs partenaires du groupe Wagner d’une part, et de la concurrence entre les milices d’autodéfense communautaires et insurgés djihadistes affiliés au Gsim d’autre part». C’est dans le centre du pays, dans les régions de Mopti et Ségou, que les affrontements et la hausse des violences sont les plus marqués comme le rapport le décrit, via «une centaine de témoignages» recueillis «entre 2021 et 2022».

Deux fosses, 475 cadavres

Une partie du document est consacrée aux «violences sexuelles liées au conflit», avec des témoignages de nombreuses femmes. Groupes djihadistes, milices d’autodéfense, armée malienne ou supplétifs de Wagner, tous les groupes se livrent à des actes de violences sexuelles: viols parfois comme arme de guerre, enlèvement, esclavage sexuel, mariage forcé. Des crimes difficiles à quantifier en raison de lopprobre jeté sur ces femmes et des zones reculées où ils sont commis.

Plusieurs témoignages décrivent notamment les exactions commises par les FAMa et Wagner lors du massacre de Moura, entre le 27 et le 30 mars 2022. Qui a commencé par une rafle suivie de meurtres de masse: «Nous avons dénombré 89 cadavres jonchant le sol dans le marché et dans la rue – ils ont fini dans la fosse commune. Il y avait deux autres fosses – l’une creusée par les FAMa contenant 213 cadavres, et l’autre 262», témoigne S. V., expliquant qu’aucune victime n’était armée.

Pour le régime malien, les personnes tuées étaient toutes des «terroristes». Or, selon les éléments récoltés par la Fidh, «environ 30 djihadistes ont été tués durant le massacre, et des centaines de civils exécutés». Souvent, l’appartenance ethnique ou le port d’un pantalon court – l’habit imposé aux hommes par les groupes djihadistes – suffisent pour être désigné comme terroriste.

D’autres récits relatent ensuite les nombreux viols commis, une fois les hommes raflés ou tués, comme cette femme nommée D. A., 25 ans: «Le mardi soir (29 mars NDLR), sept soldats sont entrés chez moi, cinq étaient noirs de peau, deux étaient blancs. Ils ont emmené quatre femmes chez nous et chez nos voisins et les ont violées sous l’abri dans notre cour. Vers 23 heures, ils m’ont violée en dernier.»

 Une autre femme de 22 ans, M. T. U., parle également d’un «soldat blanc tatoué (qui) ma agrippée par les mains et ma amenée dans ma chambre, où il ma violée». Mais elle témoigne aussi des soldats qui «ont amené toutes les femmes sur les rives du fleuve (le Niger NDLR)», où selon elle «26 femmes ont été violées». Selon L, «il existe toujours un déni sur les violations des droits humains par les FAMa, y compris dans la population».

Des populations prises en étau

Les violences commises par les djihadistes sont elles aussi documentées, bien qu’elles soient plus ardues à recenser. Le rapport pointe ce «possible déséquilibre» en raison des «difficultés daccès aux localités de Macina, Nampalari, Seno et Hayre», des «zones occupées par les djihadistes, où se concentrent potentiellement une large part des exactions qui leur sont attribuables»

Mais plusieurs récits ont été recueillis, comme celui de Q. P., une jeune femme de 17 ans, originaire du cercle de Douentza, qui relate comment elle a été enlevée «avec une amie par quatre hommes à moto» alors qu’elles «ramassaient du bois de chauffage». Leur captivité a duré cinq jours, dont quatre au cours desquels elles ont subi des viols de la part de «trois hommes qui pouvaient avoir 35 à 40 ans» et qui les «menaçaient de mort».

 Le 18 juin, les djihadistes de la Katiba Macina, un groupe salafiste affilié au Gsim apparu en janvier 2015, ont attaqué trois villages au sud-est de Mopti, avec «plus de 100 motos» comportant deux hommes sur chacune. Un témoin nommé T. F. parle du meurtre de «132 personnes, tous des hommes, dont 67 à Diallassagou, 56 à Diamweli et 9 à Deguessagou».

Prise en étau entre, d’une part, les forces armées maliennes et leurs supplétifs du groupe Wagner, et, d’autre part, les groupes djihadistes ou d’autodéfense, la population est en première ligne de cette «spirale de violences qui facilite le recrutement par les groupes armés». Pour casser cette spirale, «la première arme, cest la lutte contre limpunité», affirme L. La Fidh émet plusieurs recommandations en ce sens. Mais pour L., ce qui est en jeu, au-delà de «la sécurisation, ce sont les vraies causes du conflit; le chômage, qui permet aux groupes armés, notamment djihadistes, de recruter».

Bamako interdit les ONG françaises

Le ton monte entre le régime malien et le gouvernement français. Mardi 22 novembre, la junte a annoncé l’interdiction des activités des ONG financées par la France, nouvelle étape de la forte tension entre Paris et Bamako.

Une décision en forme de représailles après la suspension, par le gouvernement français, des financements de l’aide publique au développement en direction du Mali, y compris ceux qui transitent par des organisations humanitaires. Le vice-président communiste du Sénat, Pierre Laurent, a interpellé le ministère à ce sujet, évoquant «une fuite en avant extrêmement préjudiciable pour les peuples malien et français».

 

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États-Unis :

24 Novembre 2022, 07:49am

Publié par PCF Villepinte

 Une vague bleue républicaine évitée,

mais quoi d’autre ?

Les élections étatsuniennes de mi-mandat se sont tenues le 8 novembre dernier. Il est désormais possible d’essayer d’en tirer les enseignements les plus marquants, même si les derniers résultats ne sont pas encore connus. La « vague bleue » rêvée par les Républicains n’a pas eu lieu, même si les partisans thuriféraires des idées et pratiques de Trump, le milliardaire porte-drapeau de la « réalité alternative » et du suprématisme blanc américain, sont même plus nombreux dans la nouvelle Chambre.

L’autre grand signe d’espoir est le vote des jeunes, une participation la plus importante depuis 30 ans.
S’il est de « tradition » que les scrutins de « midterm » soient défavorables au Président en fonction, Joe Biden, dont le parti démocrate perd la majorité à la Chambre des représentants, peut se targuer d’un « succès », les pertes étant de loin moins importantes que la moyenne de celles habituelles lors des « midterm ». Ce sont les jeunes, notamment ceux de la « génération Z » nés après 1995, qui ont permis cette résistance.

Les midterms – multiplicité des scrutins

Les Étatsunien·ne·s sont nationalement appelé·e·s aux urnes tous les deux ans. Le chef de l’État est élu tous les quatre ans et le Sénat (100 membres) par tiers tous les deux ans, les députés les 435 membres de la Chambre des représentants doivent se soumettre au vote populaire tous les deux ans. Le scrutin de mi-mandat du 8 novembre dernier est celui qui se tient à la moitié du mandat quadriennal du Président. Il sert traditionnellement de jugement de la politique de la majorité en place.

Ce « contrôle populaire » peut paraître le summum de la démocratie parlementaire, mais il a pour inconvénient de rendre tout·e élu·e particulièrement vulnérable, notamment les nouveaux arrivants pour qui l’apprentissage des modalités complexes de fonctionnement et la tutelle des « anciens », donc de l’appareil du parti, sont des freins redoutables dans ce pays-continent composé de cinquante États fédérés jaloux de leur autonomie.

Les électeurs sont aussi appelés à élire, conjointement avec le scrutin fédéral, selon le cas, leurs assemblées parlementaires d’État, leurs gouverneurs (dans 36 États cette fois-ci), leurs assemblées municipales et leurs maires, une partie de leurs instances judiciaires, leur chef de police et diverses autres instances dans les comtés (que l’on pourrait comparer à nos départements) et communes, comme par exemple les conseils des écoles – élus par les parents d’élèves, etc.

C’est aussi l’occasion de référendums sur des questions diverses. Les bulletins de vote – sur papier ou dématérialisés – sont une longue liste de cases à remplir selon son choix. Le vote – ou plutôt la réception officielle des bulletins – a lieu nécessairement – selon un choix datant de 1792 – un mardi entre le 2 et le 8 novembre, jour ouvré et travaillé. Mais le dépôt de bulletins peut aussi être anticipé (dans des boites installées à cet effet) ou par correspondance : des formules souvent utilisées par des salariés et des électeurs éloignés des bureaux de vote, parfois de plusieurs dizaines de kilomètres.

C’est ainsi que sur 112 millions de votants, 40 millions avaient déjà voté le dimanche précédant le scrutin. Une même diversité de pratiques concerne la preuve de l’identité de l’électeur, la carte d’identité nationale n’existant pas aux États-Unis. Parfois il s’agit de présenter sa carte d’assurance santé, ou son permis de conduire ou, le cas échéant, toute autre pièce pouvant tenir lieu de justificatif. Cela permet à des États comme le Texas de recourir en toute « légalité » à des pratiques antidémocratiques : la carte d’étudiant n’y est pas reconnue tandis que toute pièce prouvant la propriété d’une arme à feu est, elle, admise…

20 millions de non-inscrits – fractures multiples et accrues de l’électorat

Sur 233,7 millions d’Étatsuniens de plus de 18 ans, 213,7 millions se sont inscrits sur les listes électorales, soit 20 millions de personnes non-inscrites, auxquelles il faut ajouter au moins 4 millions de citoyens privés de droit de vote, soit parce qu’elles sont en prison (environ 2 millions) ou condamnées pour des délits mineurs. 8,3 millions de jeunes ont accédé à la majorité depuis 2020 (4,5 millions de Blancs, 2 millions de Latino-Américains et 1,2 million d’Afro-Américains), 30 % d’entre eux ont voté.

La fracture entre les minorités qui ont majoritairement voté démocrate, et les Blancs, s’est aggravée. Alors qu’ils ne représentaient que 67 % des votants en 2020, 73 % des votants du 8 novembre dernier sont des Blancs, dont 58 % ont voté en faveur du camp républicain. Celle entre femmes et hommes est, elle aussi, importante : alors que 53 % des électrices ont voté pour les démocrates, seulement 42 % des hommes ont fait ce choix.

Les votes latino-américains traditionnellement favorables aux démocrates se sont légèrement érodés : 60 % en 2022 contre 66 % en 2018. Le vote des Afro-Américains (11 % des votants) est allé à 88 % aux démocrates.

63 % des hommes blancs ont voté Républicain ainsi que 53 % des femmes de ce même groupe, tandis que 82 % des hommes et 88 % des femmes afro-américain·e·s ont voté Démocrate.

Une autre fracture se fait également sentir : Les électeurs des villes de plus de 50 000 habitants (31 % de l’électorat) ont voté en majorité Démocrate, 58 % des votes contre 41 % en faveur des Républicains. Ces proportions s’inversent dans les banlieues (52 % des électeurs) avec respectivement 46 et 52 %, et, surtout en ce qui concerne les petites localités et les cités rurales (17 % de l’électorat) avec respectivement seulement 34 % de votes Démocrates et 63 % Républicains.

Ces chiffres sont révélateurs : jamais depuis des décennies les États-Unis ne sont apparus – en tant qu’entité – aussi nettement divisés entre deux camps politiques, une division avec laquelle se conjugue celle entre femmes et hommes. En revanche, une tendance inverse se fait jour en ce qui concerne les jeunes générations et notamment les 18-29 ans : 63 % d’entre eux ont voté Démocrate contre 34 % seulement en faveur des Républicains contre 50 % en 2018. Dans cette tranche d’âge aussi, les jeunes femmes ont voté à 71 % pour les démocrates, alors que seulement 53 % des jeunes hommes en ont fait de même.

Le vote Démocrate est aussi majoritaire chez les 30-39 ans – 54 % contre 43 % – et il devient minoritaire à partir des 40 ans et plus qui représentent 73 % des votants¹.

Celles et ceux que l’on a vu affluer en nombre à partir de l’après-midi du 8 novembre font partie de la génération de ces centaines de milliers de jeunes lycéens qui, en mars 2018, ont marché contre la prolifération mortelle des armes à feu. Ce sont aussi celle de ces millions de jeunes citoyens qui espéraient pouvoir bénéficier de la remise partielle (10 000 dollars) de la dette contractée pour payer leurs études (1 600 milliards de dollars, une bulle aussi dangereuse que celle des subprimes en 2008) décidée par Joe Biden et qu’un juge fédéral – nommé par Trump – a annulée, répondant à une « plainte » d’un comité activé par le géant de la fourniture d’équipements intérieurs « Home Service ».

Et c’est cette nouvelle génération qui a crié dans les rues de nombreuses villes, « Black Lives Matter ». Plus largement, il s’agit aussi des salariés qui se sont battus pour gagner le droit de se syndiquer, chez Amazon, ou encore chez Starbucks.

L’argent, agent électoral tout puissant

La Cour suprême des États-Unis a décidé en 2010 que tout groupe d’intérêt privé, entreprise, banque, etc., pouvaient financer, sans limites, la promotion de programmes politiques. Dans son argumentaire, le juge Anthony Kennedy (nommé en son temps par le président Ronald Reagan) expliquait que les entreprises doivent être considérées comme des personnes et qu’elles ont droit de ce fait aux mêmes libertés individuelles d’expression et de choix politique. On a ainsi ouvert à l’argent sans limites, ce que ce juge a appelé « le marché des idées »².

Les dépenses totales de propagande électorale pour les primaires et les élections de mi-mandat de cette année se sont élevées à 17,7 milliards de dollars – soit 8,9 milliards pour les scrutins fédéraux (Chambre et Sénat) et 7,9 milliards pour les multiples scrutins des États. En 2018, 13,7 milliards avaient été dépensés en campagnes électorales pour les mi-mandat. L’argent a pris un tel poids décisif que ceux des candidats qui défendent des idées et projets véritablement progressistes n’ont d’autre solution que de lancer des appels à dons – entre 1 et 25 dollars en moyenne – sur les réseaux sociaux ou au porte-à-porte de militants.

Il y a là sans doute une des raisons essentielles du fait que les élus démocrates « modérés » (centristes ou même conservateurs) sont proportionnellement plus nombreux par rapport à un électorat souvent plus à gauche qu’eux, que ne le sont les progressistes qui ont déjà eu une difficulté plus importante à passer victorieusement le cap des primaires – face à un puissant « establishment » de parti. Ceci semble fonctionner en partie inversement chez les Républicains où ce sont les plus extrémistes, les plus tonitruants qui sont parvenus à se faire élire lors des primaires. En revanche ce sont les plus camouflés « en complet-veston » qui ont été élus, tout en prônant des politiques aussi conservatrices et réactionnaires.

Les inquiétudes des citoyens

À cela se combine, il ne faut pas l’oublier, le racisme structurel américain qui pousse nombre d’électeurs blancs à préférer des candidats de même « couleur » nonobstant leur choix politique.

Les sondages de sortie des urnes sont révélateurs. 79 % des personnes interrogées ont placé en premier l’inquiétude quant à la situation économique. Certes, le chômage est officiellement à un niveau bas, 4 %. Mais depuis la pandémie, la structure même de l’emploi s’est modifiée : les « petits boulots » se sont multipliés au point qu’il n’est pas rare qu’il faille avoir trois emplois différents à la fois.

Les femmes sont les plus touchées par cette crise : plus de 2 millions d’entre elles n’ont pas retrouvé leur emploi d’avant Covid. Dans le même temps de puissantes grèves ont eu lieu ou sont actuellement en cours dans les grandes entreprises, comme ces jours-ci la relance du conflit dans les chemins de fer. Une partie des syndicats ont accepté une hausse des salaires de 24 %, mais ceux notamment des conducteurs de train ont refusé de signer la convention car ils exigent de meilleures conditions de travail et plus que les trois jours de congés payés par an pour raison de santé payés.

La deuxième plus importante des inquiétudes, pour 70 % des Étatsuniens concerne l’avenir de la démocratie. Les appels à la haine de la mouvance trumpienne – notons que 30 % de la population croit effectivement que la présidentielle de 2020 était truquée, et ils sont encore plus nombreux à croire à l’existence d’un pouvoir invisible – le « deep state » – gouverne le pays.

Sans compter les autres délires complotistes puissamment alimentés par les réseaux sociaux qui pourrissent les relations sociales. La prolifération des milices d’extrême droite comme celles qui ont envahi le Capitole en janvier 2020, prête à mener des attaques terroristes, la panique entretenue quant à l’existence d’un complot « communiste » mettant en danger le pays lui-même, celui que Trump veux « rendre formidable à nouveau », sont autant de facteurs d’angoisse de masse.

En troisième position, 64 % des sondés s’inquiète de l’état de l’éducation – qui s’est fortement re-ségréguée entre école publique pauvrement financée pour les enfants les plus pauvres et une floraison d’établissements privés privilégiés avec, au nom de la liberté du choix, d’importante aides fédérales ou des États.

63 % des sondés s’inquiètent de l’état de la protection sociale et de la santé. L’ « obamacare », soumettant les assurances privées à des régulations plus strictes n’a que partiellement encadré les dépenses de santé des assurés ; ajoutons à cela le grand désordre qui a présidé à la gestion erratique au gré des choix politiques de la pandémie du coronavirus qui s’est soldée par la mort d’au moins 1 million de citoyens.

En 2021, plus de 100 000 personnes sont mortes d’overdose d’opiacés et autres produits plus ou moins frelatés souvent prescrits médicalement en succédané de soins antidouleur trop coûteux pour les patients. L’espérance de vie à la naissance a encore baissé en 2021, passant de 77 à 76,1 ans, la plus forte baisse depuis les années 1920, classant ce pays derrière le Mexique. En France, si l’on a connu une forte baisse avec la pandémie, la reprise de l’augmentation est constante depuis, atteignant 82,5 ans en 2021. La décadence étatsunienne est due, avant tout à la mauvaise qualité de la santé d’au moins un tiers de la population victime d’obésité, de diabète mais aussi des coûts exorbitants des soins notamment hospitaliers et des médicaments et vaccins.

La folle hausse des prix de l’énergie est une source de préoccupation sérieuse pour 61 % des personnes interrogées. Dans un contexte d’une inflation de plus de 8 % (légèrement en baisse ces derniers jours) les prix des carburants – essence et diesel – ont explosé en dix mois (une hausse moyenne de 70 %) dans un pays aux grandes distances où les transports en commun sont peu développés et modernisés.

Les États-Unis sont certes autosuffisants en hydrocarbures et gaz depuis l’explosion du nombre de forages par fragmentation, les propriétaires des terrains sont propriétaires de leur sous-sol et le louent aux pétroliers, ce qui a déstabilisé partiellement l’agriculture. Mais dans le même temps, au pays du « marché libre », les pétroliers se sont alignés sur les prix mondiaux.La criminalité violente et la prolifération des armes à feu sont inquiétantes pour près de 60 % des citoyens : Le nombre de victimes mortelles est passé de 33 000 par an en 2018. Il dépasse les 40 000 depuis la mi-septembre de cette année. Près de 80 % de ces décès ont lieu en milieu familial.

Pour 56 % des personnes interrogées (hommes et femmes) la défense du droit à l’IVG est source d’inquiétude (74 % chez les femmes interrogées).
Si la question du contrôle de l’immigration est évoquée par 54 % des interrogé·e·s, elle est devenue un enjeu de confrontation directe entre le « Sud profond » et le Nord. Ainsi, le Texas a transféré plus de 13 000 migrants vers des États (démocrates) du Nord où, jusqu’à présent, ils sont bien accueillis. De son côté, Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, a envoyé un charter d’immigrés au Delaware, l’État de Joe Biden, ainsi que sur l’île de Martha's Vineyard (Massasuchetts), où se trouve la résidence secondaire privée du Président.

Le thème du dérèglement climatique n’a été cité que par 38 % des sondés. Le trumpisme, là encore, a fait des ravages avec le reniement de Cop 21. Outre une certaine « habitude » des tornades et des tempêtes de neige habituelles dans certaines régions, la méconnaissance encore grande des données scientifiques les plus basiques, à laquelle s’ajoutent les contes les plus fantastiques sur l’histoire de la vie sur terre qui pour un tiers de la population est apparue il y a quelques dizaines de milliers d’années seulement, voire seulement il y a 5 000 ans pour les 25 % de personnes adeptes des cultes évangéliques.

Selon les derniers décomptes et projections, il y aura 221 élus républicains et 214 démocrates (avec une marge d’erreur de plus ou moins deux sièges) à la Chambre des représentants. La présidente démocrate de la législature sortante, la toute-puissante Nancy Pelosi, aujourd’hui âgée de 82 ans et élue sans discontinuité depuis 35 ans, troisième personnage de l’État selon la coutume, a démissionné de sa présidence, toute en demeurant députée de Californie.

Quelles colorations idéologiques du Congrès ? Progressistes contre trumpistes.

Le constat le plus surprenant tient à la composition idéologique de la nouvelle Chambre et même celle du Sénat. Deux surprises ont contredit les prévisions des « experts ». En premier lieu, le groupe d’élus progressistes à la Chambre des représentants s’est nettement renforcé. Les membres du « Squad » original ont été brillamment réélues. Alexandria Ocasio-Cortez l’a été avec 71 % des voix ; Ilhan Omar a été élu avec 75 % des voix ; Ayanna Pressley avec 85 % ; Rashida Tlaib (la seule élue d’origine palestinienne) 71 %, malgré la campagne calomnieuse et hargneuse menée contre elle par le lobby pro-israélien dominé par les amis du Likoud ; et l’infirmière militante de Black Lives Matter du Missouri, Cory Bush, 73 %.

Plus largement, le « Progressive Caucus » de la Chambre dépassera sans doute les cent membres. Au Sénat, Bernie Sanders rejoint par deux compagnons sera sans doute élu en janvier prochain à la tête de la puissante commission sénatoriale de la Santé, de l’Éducation, du Travail et des Retraites (Senate Committee on Health, Education, Labor and Pensions). Des victoires qualifiées de « progressistes » ont aussi été signalées à travers le pays, dans les États du Texas, de l’Illinois, du Michigan, de Floride, d’Hawaï, de Californie, de Pennsylvane et du Vermont.

Dans quelques États des référendums ont permis la préservation du droit à l’IVG, le droit de créer des syndicats ou encore la mise en place de mesures en faveur d’un salaire minimum de 15 $ l’heure. Plus étonnant : à l’instar de près d’une moitié d’États de l’Union qui l’ont déjà voté, dans l’Oregon, le Tennessee, l’Alabama et le Vermont, les électeurs ont majoritairement et définitivement « aboli » l’esclavage : le XIIIe amendement de la Constitution l’a certes aboli en janvier 1865 « si ce n'est en punition d'un crime dont le coupable aura été dûment convaincu ». Ce qui permettra aux détenus dans ces États de refuser le travail forcé ou d’exiger une rémunération.

L’autre surprise concerne le choix des Représentants républicains. Les médias avaient prédit que les partisans affirmés de Trump, ceux qu’on appelle les « deniers » car ils nient la validité de scrutin de 2019 ayant porté au pouvoir Joe Biden perdront des sièges. Or il s’avère que l’on a dénombré 145 « deniers » qui prétendaient que le scrutin de novembre de 2019 avait été truqué par les Démocrates. Ils n’étaient « que » 139 auparavant. Il en va de même au Sénat avec notamment les nouveaux élus de l’Ohio et de la Caroline du Nord. Ceci entre en contradiction directe avec le message de « modération » qu’ont exprimé majoritairement les électeurs, démocrates mais aussi républicains, par le choix de leurs élus.

Ici et là l’on entend déjà évoquer des projets tels la dissolution de la commission d’enquête sur les émeutes du Capitole et le rôle qu’y a joué Trump. On parle aussi de la création d’une commission d’enquête portant sur les liens troubles qu’aurait Hunter Biden, le fils du Président, avec des affairistes ukrainiens et d’une complicité éventuelle de son père. La nouvelle majorité républicaine, même si elle est modeste, pourrait également projeter de casser les grands plans d’investissements sociaux et productifs (Affordable Care Act et Inflation Reduction Act) de Biden, déjà largement écornés par leur complice démocrate au Sénat, Joe Manchin. La capacité de nuisance d’une Chambre républicaine est théoriquement efficace pour bloquer tout projet présidentiel, tant en politique nationale qu’étrangère.

Un autre événement inattendu de ces élections a été la confirmation d’une majorité démocrate au Sénat. Les élus démocrates sont au nombre de 50 face à 49 Républicains et ils espèrent pouvoir faire élire un des leurs en Géorgie d’ici la fin décembre, lors d’un deuxième tour local, une particularité de cet État, aucun des deux candidats n’ayant obtenu la majorité d’au moins 50 % lors du premier tour.

La bonne nouvelle est venue de Pennsylvanie où le démocrate John Fetterman, malgré des séquelles d’un AVC, a battu le « docteur » Mehmet Oz, un « denier » star télévisuelle vantant les mérites des médecines dites alternatives, comme une tisane soignant le Covid, à défaut de chloroquine qu’il a prescrite à son ami Donald Trump.Fetterman était le vice-gouverneur de l’État (13 millions d’habitants) et en tant que tel responsable de la commission des grâces. Il a fait de sa petite ville de Bradock (moins de 2 000 habitants) un modèle de justice sociale, contribuant à une baisse importante des crimes et délits. Considéré comme « progressiste » il a effectivement réduit des durées de peines pour des détenus pennsylvaniens.

C’est sur ce terrain qu’il a été attaqué par Oz. Lors de l’unique débat avec son adversaire, Mehmet Oz, s’est présenté en compagnie de Maureen Faulkner, la veuve du policier que, contrairement à toute vérité, Mumia Abu-Jamal aurait tué. Une belle mise en scène, utile d’ailleurs aux deux candidats. Jacky Hortaux, animateur du Collectif français « Libérons Mumia », nous a confirmé que « l'alternance politique en Pennsylvanie est une constante sans que cela se traduise par une évolution positive pour Mumia, et cela dure depuis 40 ans.

(…) John Fetterman (…) n'est pas un petit nouveau en politique car il est, entre autres, le bras droit du gouverneur de Pennsylvanie en sa qualité de lieutenant-gouverneur. À ce titre, il n'a jamais levé le petit doigt pour Mumia, pas plus qu'il ne l'a fait durant sa campagne électorale. »³ Un autre démocrate a été élu gouverneur, Josh Shapiro. Plus de 312 millions de dollars ont été dépensés en Pennsylvanie pour les campagnes électorales.

Dans deux ans se tiendront des élections générales, dont celle du président des États-Unis. Joe Biden vient de célébrer ses 80 ans et semble vouloir se représenter sans que cela ne soulève l’enthousiasme dans son parti, mais la relève ne s’est pas encore présentée. Chez les Républicains, Trump a déclaré sa candidature, mais une concurrence possible apparaît avec celle de Ron DeSantis, le gouverneur – bien plus présentable et plus jeune que Trump mais aussi réactionnaire et populiste que lui – de l’État de Floride.

Malheureusement, il est un domaine où les choix se ressemblent fortement : la politique internationale, fondée sur la volonté hégémonique, la course aux armements et l’explosive rivalité avec la Chine.

Michel Muller

Membre de la commission des Relations internationales du PCF

 

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1. Voir le sondage « sortie des urnes » réalisé par la chaîne NBC :
https://www.nbcnews.com/politics/2022-elections/exit-polls
2. « La couleur du marché – racisme et néolibéralisme aux États-Unis », de Sylvie Laurent. Éditions du Seuil, 16 €.
3. www.mumiabujamal.com

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