Présidentielle 2022. Réunion de la gauche : une salle, deux ambiances
Le 17 avril, à Paris. Une rencontre que certains souhaitent historique à un an d’une présidentielle où l’on prédit une gauche totalement balayée par Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Thomas Samson/AFP
L'Humanité Lundi 19 Avril 2021
Un pacte de « respect mutuel » a été conclu entre les forces progressistes, réunies samedi. Mais l’empressement de l’écologiste Yannick Jadot et du Parti socialiste à avancer sur une candidature commune est venu réveiller les tensions.
Droit comme un « i » dans son col roulé bleu et son blazer gris, Yannick Jadot savoure son moment. Sur le perron de l’hôtel Holiday Inn, au bord du canal de l’Ourcq (Paris 19e), tel un chef d’État lors d’un sommet international, l’eurodéputé EELV accueille d’un « check » du coude la vingtaine de responsables de gauche qu’il a conviés pour un conclave.
Entourés d’une foule de journalistes, les socialistes Anne Hidalgo et Olivier Faure, le communiste Ian Brossat, l’insoumis Éric Coquerel et les membres du Pôle écologiste – Julien Bayou, Éric Piolle, Benoît Hamon, Corinne Lepage et Sandrine Rousseau –, ainsi que les représentants d’autres partis plus modestes s’engouffrent, tour à tour, dans le bâtiment. En ce samedi 17 avril, c’est le jour du grand rendez-vous des forces de la gauche pour évoquer l’épineuse question du rassemblement, et le maître des horloges s’appelle Yannick Jadot.
« Le début d’un travail en commun, pas une fin »
Autour de la grande table ovale, rendue obligatoire par les restrictions sanitaires, les échanges débutent vers 10 heures. Quelques photos viennent immortaliser cette réunion que certains souhaitent historique, à un an d’une présidentielle où on prédit une gauche totalement balayée par Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Chacun prend la parole environ quatre minutes, et Laurence Tubiana, ancienne négociatrice de la COP1, anime la discussion. « On s’écoute bien, c’est franchement une très bonne réunion », glisse par SMS l’un des intervenants, heureux de voir que, même si « tout le monde n’est pas d’accord », des « convergences » sont possibles.
Le porte-parole du PCF, Ian Brossat, est venu dire que la gauche « gagnerait collectivement à se concentrer sur les questions qui préoccupent les classes populaires, comme l’emploi ou la désindustrialisation ». Il a également affirmé qu’il faut travailler à « un contrat de mandature basé sur un accord législatif qui ne soit pas conditionné à un accord pour la présidentielle ».
Le représentant de la FI, Éric Coquerel, a, lui, présenté « des pistes sur le partage des richesses, du temps de travail », promu « l’idée d’une VIe République » et le besoin de mener des « mobilisations communes ».
Il a même proposé d’organiser la prochaine réunion au siège de son mouvement. Ce que l’audience a rejeté, préférant rester en terrain neutre. Le radical de gauche Guillaume Lacroix a évoqué la question de la laïcité, et Anne Hidalgo a souhaité une trêve sur la question pour s’intéresser davantage aux problématiques sociales. Et, comme attendu, Yannick Jadot a proposé un « contrat de gouvernement »…