Les communistes de villepinte vous invitent à utiliser ce blog comme point de rencontre et d'échanges concernant la situation politique ,économique ,sociale et environnementale du local à l'international.
Ce midi, le Président de la République a souhaité prendre la parole sur TF1 et France 2 après le recours au 49.3, après deux mois de conflit social et un rejet de la réforme des retraites qui s’amplifie.
Trente minute pour du vent, les Français viennent donc de découvrir qu’une éolienne a désormais pris place à l’Élysée.
Au terme de son intervention, Emmanuel Macron s’est, en effet, montré à la fois terriblement creux face à la situation sociale et politique et terriblement sourd face aux attentes légitimes du monde du travail. Le pays fait face à un Président qui apparaît de plus en plus isolé et déconnecté, ne semblant aucunement prendre la mesure du moment de colère politique que nous traversons.
Ce midi, Emmanuel Macron vient d’entrer en période de cohabitation avec les Français.
Face à ce constat, j’appelle les Françaises et les Français à se mobiliser massivement, demain, dans la rue, aux côtés de l’intersyndicale. Je crois possible d’être plus de 4 millions à battre le pavé, partout dans le pays.
Le peuple est toujours la solution. C’est pourquoi, au nom du Parti communiste français, je renouvelle une proposition de sortie de crise à travers l’organisation d’un référendum.
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord,
La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) puis son sauvetage ne concernent pas que le système bancaire. Ils sont annonciateurs de profondes difficultés qui peuvent s’étendre et que les gouvernants, mus par la logique du capital à tout prix, peuvent reporter sur toutes et tous.
Pompiers et incendiaires en même temps, ils comblent les trous tout en renforçant les marchés financiers et en alimentant le feu de l’austérité. Cela montre qu’il faut faire tout autrement. Contrairement à ce qui est prétendu, les banques centrales ne sont pas armées pour agir comme il faudrait et ne font pas ce qu’il faut. Elles ne savent qu’augmenter les taux ou les baisser … pour tous les prêts, indifféremment.
Les faits.
Le 10 mars, la banque SVB (Silicon Valley Bank, États-Unis) fait faillite, elle est sauvée par la banque centrale des États-Unis, la Fed. Puis, cela s’étend au Crédit Suisse : la Banque centrale doit lui apporter la somme énorme de 50 milliards de francs suisses, et la banque suisse UBS la rachète. Entre-temps, jeudi X mars, la BCE a continué à augmenter ses taux d’intérêts (de 0,5 point de pourcentage) pour « lutter contre l’inflation » et les gouvernants passent leur temps à rassurer, à dire qu’il n’y a pas de sujet.
Les mécanismes.
L’augmentation des taux d’intérêt, engagée par une décision des banques centrales prétendant « lutter contre l’inflation », a pour effet de faire baisser la valeur du stock d’obligations existantes (1). La SVB avait beaucoup d’obligations dans son bilan. Or, elles y sont valorisées à leur prix de marché, presque en continu, et non à leur valeur « faciale », celle à laquelle elles ont été achetées. Du coup, panique des déposants de SVB qui se ruent pour retirer leurs dépôts « bank run ». La SVBN ne peut faire face. Elle est virtuellement en situation de dépôt de bilan.
La FDIC (fédéral deposit insurance corporation) garantit en principe les dépôts, mais jusqu’à une certaine limite (250 000 $). Mais la SVB est une « vraie » banque : les start up de la Silicon valley y ont leurs comptes courants, des milliards, y compris les salaires à payer… 100 000 à 200 000 emplois sont concernés. Ils pétitionnent et obtiennent que la Fed apporte des liquidités à la SVB pour garantir l’entièreté des dépôts. Pour cela, la Fed « innove » : comme contrepartie des liquidités apportées, elle accepte les obligations… à leur valeur faciale et non à leur valeur de marché, dépréciée !
Interprétation.
Tout en déconnectant du marché la valeur des obligations, les banques centrales renflouent à fond les marchés. Elles redonnent donc du carburant à la spéculation. En plus, elles continuent à augmenter leurs taux, ce qui continue à fragiliser les bilans bancaires met à plat la croissance, les salaires etc., pourtant facteur fondamental de consolidation, et cela n’a qu’un faible effet sur l’inflation, car cette dernière est due à l’insuffisance d’emploi et de production, et à une production qui consomme trop de matières premières. Elles n’ont pas d’autre logiciel intellectuel que de taper l’emploi et la croissance pour agir sur l’inflation !
Risques.
Une masse considérable de capitaux est concernée dans le monde, beaucoup de banques détiennent des obligations dans leur bilan. La contagion et l’extension sont possibles. Même Jean-Claude Trichet ne l’exclut pas. L’inquiétude a déjà fait dévisser les cours boursiers, provoquant les difficultés du Crédit Suisse, les banques « moyennes » comme SVB représentent aux États-Unis la moitié des prêts à l’économie.
De plus, le dollar peut être dans la tourmente : les bons du trésor américains sont la plus grande masse d’obligation. À travers elles, le financement de l’économie US, son attractivité sont concernés, donc le dollar lui-même.
Quant aux retraites par capitalisation dans le monde, gérées par des fonds de pension, elles vont en prendre un coup !
Perspectives.
Est-ce à dire que le système bancaire va s’effondrer d’un coup ? C’est peu probable. Les tenants du système ont des moyens. Ils vont s’en servir. Ils viennent de le faire. Ils le feront, ils sont prêts à mettre des milliards… Mais combien de milliards faudra-t-il mettre ?
Des milliards qui n’iront pas à l’emploi, aux salaires, à l’hôpital, à l’école, aux autres services publics, à des dépenses écologiques ou au financement des systèmes de retraites… ! Sauf si… Sauf si des conditions nouvelles sont mises aux banques. C’est un enjeu politique majeur ! Au moins autant qu’en 2008.
Et ils vont continuer - plus prudemment peut-être - à augmenter les taux, continuant d’assumer ouvertement le risque de plonger les économies dans une grave récession à force de les « refroidir »…
Bref, ils chercheront à sauver le capital au prix de souffrances accrues.
CONCLUSION
En augmentant les taux les banques centrales mettent à mal l’économie (fragilisation des bilans bancaires, augmentation des intérêts payés par les États et les particuliers, durcissement des conditions de tous les prêts aux entreprises) et soufflent sur les braises en regonflant les banques. En baissant les taux, elles donnent du carburant aux spéculateurs pour qu’ils empruntent et nourrissent le feu.
Les gouvernements doivent leur donner les moyens d’agir autrement. Elles doivent pouvoir pratiquer une sélectivité de leurs taux et de leur refinancement en faveur de l’emploi, de la formation et des services publics, et contre la spéculation, les pollutions, etc. Une évidence doit s’imposer : ce qui sécurise l’économie, nos vies et lutte contre l’inflation, c’est de développer l’emploi, la formation, les bonnes productions, les services publics, la valeur ajoutée efficace.
Ces dépenses doivent être prioritaires et financées à très bas taux. Pour cela, il faut dans le même temps lutter contre le coût du capital et la finance. Cette sélectivité nouvelle est une exigence pour toute la société. Combler les trous ? Oui, si les banques utilisent leurs fonds pour financer l’emploi, les salaires, la formation, les investissements efficaces économiquement, socialement et écologiquement.
C’est une question politique ! Faire monter ces idées et perspectives, c’est faire de la politique autrement. C’est aussi un axe de convergence internationale entre forces progressistes d’Europe et du monde que nous pouvons faire progresser. Des prises d’initiatives sont à imaginer en ce sens.
Frédéric Boccara
économiste, membre du CEN du PCF et de l’exécutif du PGE (Parti de la gauche européenne)
______________________________
1. Car des nouvelles obligations étant sans cesse émises, les marchés préfèrent acheter les plus récentes, affichant un taux de rémunération plus élevé. Ils vendent les anciennes dont la valeur baisse alors.
sont-elles l’expression d’une crise systémique du capitalisme ?
C’est la question que se sont posée les participants au séminaire de la Fondation Gabriel Péri et de la revue Économie et Politique le 21 février dernier dans le cadre du cycle de conférences sur « Le capitalisme vers un nouveau paradigme ? »
Après avoir caractérisé les différentes phases de la mondialisation, Vincent Vicard, adjoint au directeur du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), a développé trois nouveaux aspects de celle-ci.
La question des déséquilibres commerciaux avec une Amérique du Nord en déficit alors que l’Europe et la Chine sont en excédent (et produisent donc plus qu’ils ne consomment). Le rôle croissant des paradis fiscaux avec 50 % des flux de capitaux qui passent par ces intermédiaires alors qu’une taxe minimale mondiale sur les multinationales pourrait faire rentrer au moins 203 milliards d’euros dans les caisses des États. Enfin la question du rôle des multinationales et leur autonomisation par rapport à leur état de production.
Nasser Mansouri-Guilani, membre honoraire du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et ancien dirigeant du secteur économique de la CGT, a quant à lui développé la nécessité pour le système capitaliste de trouver des solutions à la crise structurelle de suraccumulation du capital.
Un élément central est la nouvelle configuration du travail avec la révolution informationnelle qui est utilisée contre les travailleur·es aujourd’hui au lieu de permettre l’émancipation humaine.
Quatre éléments centraux ont été développés. La mondialisation est pour l’instant un processus historique du capitalisme. Les trois acteurs de cette mondialisation sont les entreprises multinationales, les États et les institutions internationales voulant inscrire dans le marbre le dogme du libre-échange. L’UE et la France ne sont pas des victimes de la mondialisation comme certains voudraient le faire croire, mais bel et bien des acteurs centraux de celle-ci, notamment à travers leurs politiques impérialistes.
Ce qui découle des 3 premiers éléments est que sans changement de fin à cette mondialisation (c’est-à-dire sans dépassement du système capitalisme) il n’y a pas de changement de paradigme à proprement parler mais bien une résilience de la mondialisation capitaliste libérale.
Néanmoins, des résistances et alternatives émergent face à un capitalisme sauvage qui a émergé depuis la chute des pays socialistes. Les questions de relocalisation, de recouvrer une forme d’indépendance économique sur certains secteurs clés comme la volonté affichée « d’autonomie stratégique » de l’UE en matière industrielle par exemple, sont un marqueur des contradictions qui émergent du système libéral actuel.
L’urgence est aujourd’hui de sortir des règles du marché et ne plus produire au détriment des êtres humains et de la planète. Et pour cela, rien ne changera structurellement sans les luttes des travailleur·es permettant la construction d’un rapport de force au niveau national et mondial.
Des exemples de résistance voient aujourd’hui le jour un peu partout dans le monde. La nouvelle présidence depuis janvier par Cuba du G77 +Chine est un exemple concret de la volonté d’en finir avec la logique hégémonique des grandes puissances (États-Unis en premier lieu) et de mettre l’humain au cœur des échanges internationaux avec la priorité donnée à la réalisation des Objectifs de développement durables de l’Onu (ODD), notamment l’accès universel à une éducation et une santé de qualité.
Délestages En cas de coupures sur le réseau électrique cet hiver, les établissements scolaires ne seront pas prioritaires. Le Covid n’a pas servi de leçon: face au risque, un mélange d’autoritarisme et d’amateurisme domine.
L’école n’est plus prioritaire. C’était pourtant le mantra répété jusqu’à l’absurde par le gouvernement pendant les deux ans où l’épidémie de Covid dominait l’actualité. Mais face aux risques de coupures d’électricité cet hiver, c’est cette fois un refus de priorité que la Macronie oppose aux acteurs du système scolaire.
Non, les écoles et établissements scolaires ne seront pas préservés en cas de délestages: le ministère de l’Éducation nationale l’a confirmé aux organisations syndicales, rencontrées le vendredi 2 décembre.
De quoi rappeler de mauvais souvenirs. «Comme si la crise sanitaire n’avait pas suffi, revoilà la gestion de l’urgence à gérer par les personnels des métiers de l’éducation», a réagi le SE-Unsa, rappelant qu’il avait écrit dès le 18 octobre à Élisabeth Borne pour lui demander de mettre l’école «à l’abri de la crise énergétique».
Sophie Vénétitay, cosecrétaire générale du Snes-FSU, souligne de son côté que «dès le mois d’août», son syndicat avait interpellé le ministère sur «la nécessité de travailler toutes les hypothèses» en vue de l’hiver. Peine perdue, le ministre a changé mais la méthode demeure:«Comme d’habitude, les annonces ont été faites dans la presse et on nous réunit après», déplore la syndicaliste.
Les établissements en zone rurale seront les plus exposés
Comme tous les acteurs de l’éducation, «nous avions demandé que les établissements scolaires soient prioritaires», rappelle Magalie Icher, présidente de la FCPE, avant de regretter:«Nous n’avons pas été entendus.» Selon la circulaire envoyée aux préfets le 30 novembre, les coupures pourraient se produire aux heures de pointe, soit entre 8 heures et 13 heures et de 18 à 20 heures.
Elles ne pourraient excéder une durée de deux heures. En seront préservés les établissements et équipements jugés prioritaires… et les usagers qui auront la chance de se trouver sur la même ligne. Ces services prioritaires étant le plus souvent implantés en agglomération, les écoles situées en zone rurale seront les plus exposées aux coupures.
Le gouvernement considère aussi que l’école n’est pas concernée par les coupures après 18 heures. C’est «oublier» les internats, les dispositifs d’aide aux devoirs, etc. S’agissant des premiers, le ministère a assuréà des syndicats dubitatifs que les internats disposeraient de systèmes sécurisés, leur assurant une autonomie de cinq heures – jugée suffisante.
Pour le reste, il semble que le gouvernement entend largement reporter ses responsabilités sur les collectivités locales. En cas de coupure matinale, les établissements fermeraient «jusqu’à 13heures», a indiqué Pap Ndiaye. «Une restauration adaptée à l’heure du déjeuner» serait toutefois assurée. Des repas froids, sans doute, car il sera impossible de préparer des repas chauds dans une cuisine privée d’appareils électriques.
Mais comment commander et préparer ces repas froids en étant prévenu du délestage la veille à 17 heures? Sans parler des conditions dans lesquelles les agents des collectivités devraient travailler, sans électricité ni chauffage…
Il en va de même pour les transports: les collectivités devraient se débrouiller pour organiser, la veille pour le lendemain, des rotations de cars scolaires sur une demi-journée au lieu d’une journée. Comme beaucoup, Sophie Vénétitay n’y croit guère:«Le plus probable, en rural, c’est que les élèves ne viendront pas.»
Ce seraient donc des journées de classe et de cours perdues, car, remarque Magalie Icher, «sans électricité, pas de distanciel possible»… C’est en janvier et février, les mois habituellement les plus froids, que le risque de délestages sera le plus élevé. Or, c’est dès cette période que sont organisés, notamment, les bacs blancs: que faire si un examen est prévu alors que, faute d’électricité, l’établissement doit fermer ou n’est plus desservi par les cars scolaires?
Enfin, «comment vont faire les parents?» en cas de fermeture de l’école, s’inquiète Magalie Icher, rappelant que «pendant le Covid, certains ont perdu leur emploi» après avoir dû s’absenter pour garder leurs enfants. «On est en2022, dans la sixième puissance économique mondiale, conclut Sophie Vénétitay, et on n’est même pas en mesure de garder nos écoles ouvertes.
C’est révélateur de l’état de nos infrastructures… et des choix qui sont faits.» Il serait par exemple stupéfiant de constater que vitrines, parcs d’attractions ou remontées mécaniques continuent à fonctionner au moment où les écoles, elles, devront fermer.
Le gouvernement annonce une nouvelle ère: celle des pénuries à répétition, sur fond de crises internationale et écologique. Mais derrière son discours de «sobriété», le chef de l’État préfère serrer les ceintures plutôt que de changer de logiciel. Aux dépens des classes populaires.ENQUÊTE
Il y a quarante ans, on ricanait en Occident des étagères vides et des interminables queues devant les magasins soviétiques. Le capitalisme, lui, apparaissait par contraste comme une promesse sans fin de prospérité et de profusion. Fini la récré? La France et l’Europe se demandent maintenant si elles auront assez de gaz pour passer l’hiver au chaud.
L’été prochain, face à la canicule et aux sécheresses, c’estl’eau qui viendra à manquer. Cela tombe bien: les pompiers, eux aussi, sont en nombre insuffisant pour lutter contre les incendies estivaux. Dans un registre plus trivial, les commerçants alertent sur de probables «pénuries» sur certains jouets à Noël alors que, il y a quelques mois, on s’est affolé de l’absence prolongée de moutarde dans les rayons de nos centres commerciaux ou de la crise de l’huile de tournesol, et de son impact sur la production des nuggets de McDonald’s.
Tout cela a conduit, fin août, Emmanuel Macron à théoriser « la fin de l’abondance », évoquant une «bascule»: il faut que les Français s’habituent, désormais, à manquer ponctuellement de certains biens, ou à voir leurs prix exploser du fait de leur raréfaction, et à adapter leur consommation en conséquence.
La sortie avait fait rire jaune l’opposition:«Mais dans quel pays vit-il, ce président de la République qui revient de son château fort de Brégançon, où il a fait du jet-ski, en famille, dans sa piscine privée?» s’est emporté, par exemple, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.
«Macron fait mine de découvrir la lune en faisant siens des débats et des concepts issus de la contestation du capitalisme, et qui sont anciens», complète Mireille Bruyère, membre des économistes atterrées. Il est vrai que l’illumination est tardive. Mais peut-être est-elle sincère? Le discours sur la sobriété a pu faire dire à un journal commeLe Monde que, face aux crises, Emmanuel Macron avait été contraint de «changer de logiciel».
Vraiment?«C’est juste un discours de branle-bas de combat, conjoncturel, parce qu’on va manquer d’énergie cet hiver», tempère l’économiste spécialiste de la décroissance Timothée Parrique. Ce n’est pas le discours holistique nécessaire sur la relation entre environnement et économie. En réalité, le chef de l’État s’accommoderait tout à fait d’un «capitalisme gestionnaire de pénurie», pourvu, justement, que cela permette de ne pas remettre en cause l’ordre capitaliste établi.
Injonctions contradictoires
De fait, un tel discours de renoncement n’a rien de nouveau du côté des libéraux. Les classes sont surchargées, les professeurs en sous-nombre et dépassés? Les hôpitaux saturés, en manque de lits? Les petites lignes ferroviaires s’éteignent les unes après les autres? Oui, mais ça coûte trop cher, voyez-vous, répond l’Élysée, et ce depuis des décennies. Et il n’y a pas d’«argent magique», rappelez-vous, il faut faire des économies.
S’il faut différencier les pénuries résultant d’un épuisement des ressources de celles provoquées par l’abandon de l’État, dans les deux cas, ce sont les mêmes, les précaires, qui trinquent. «C’est à partir de cela qu’on doit reconstruire nos sociétés: de la question des besoins, rappelle Marie Toussaint. Et pas sur le désengagement de l’État, que ce soit sur les services publics ou sur la transformation de nos modes de production, dont l’exécutif se lave les mains en renvoyant cela à la responsabilité individuelle du consommateur.»
La production est le grand absent du discours sur la sobriété. Cela est même assumé par la première ministre, Élisabeth Borne: «La sobriétéénergétique, ce n’est pas produire moins et faire le choix de la décroissance. C’est éviter les consommations inutiles et ne pas consommer tous au même moment.» La Macronie n’a pas lâché l’idée d’un capitalisme vert.
«Macroéconomiquement, cela revient à dire qu’on va freiner tout en accélérant», raille Timothée Parrique. «La consommation est déterminée par la production, complète Mireille Bruyère. C’est souvent l’industrie qui crée ce besoin, l’offre qui détermine la demande.» Pour elle, cela illustre les injonctions contradictoires du discours macroniste:«Si je suis Élisabeth Borne, on maintiendrait notre logique productive, avec des hypermarchés aux étagères bardées de produits en toute saison, on bombarderait les gens de pub, tout en leur disant de moins consommer? Il y aurait de quoi les rendre fous!»
Notre sobriété, leurs superprofits
Mais pas question pour l’exécutif d’aller contre son propre logiciel. Ni sur la production ni sur ceux qui tirent profit de cette production: les grandes entreprises et les ultrariches. Pourtant, les pénuries ne pénalisent pas tout le monde, tant s’en faut, en témoignentles superprofits de Total ou d’Engie, dont Bercy fait mine d’ignorer l’origine: la moindre quantité de ressources disponibles, pour l’un, et la privatisation de l’énergie, pour l’autre.
Quant à la réaction de l’Élysée à la proposition d’interdire les jets privés, symbole des excès polluants des très riches – une idée qualifiée de «démagogue» et de «populiste»–, elle renvoie à un réflexe de défense de classe.
S’il y a une autre grande absente de ce discours, c’est bien la question des inégalités sociales. Qui se privera? Qui coupera son chauffage cet hiver parce que la facture sera impossible à assumer? Les plus précaires. La classe aisée aura, elle, les moyens d’absorber le surcoût. Et même de trouver, soyons-en sûrs, de la moutarde et des jouets pour Noël, malgré l’inflation.
La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a certes tenté de rectifier le tir, rappelant l’existence de dispositifs «sociaux» comme le chèque énergie (et inventé au passage un néologisme très disruptif pour désigner les pauvres):«On ne demandera jamais à des Français en situation de sobriété subie de faire des économies.» Subir encore, subir toujours, c’est pourtant bien, in fine, l’objet de ce discours.
Il arrive parfois, hélas, dans la vie de nos sociétés, que les informations les plus essentielles passent à peu près inaperçues, comme ensevelies sous le flot ronflant et tragique d’une actualité sens dessus dessous. Alors que nous traversons toutes les crises cumulées (climatiques, énergétiques, alimentaires, guerrières, sociales, politiques, etc.), une étude réalisée par l’institut Ipsos pour le Secours populaire français, révélée en fin de semaine dernière, nous annonce une catastrophe en cours, là, sous nos yeux, et tend sur la France un miroir cruel: un Français sur quatre (27%) déclare être en «situation précaire».
Vous avez bien lu. Dans les tréfonds du pays, comme une traînée de poudre en voie d’explosion sociale à la manière d’un incendie incontrôlable, les fins de mois difficiles deviennent impossibles, ni plus ni moins, et fonctionnent massivement comme autant de laminoirs qui ruinent l’existence des familles et obscurcissent toutes perspectives.
Prenons bien la mesure de ce qui se trame au cœur de la sixième puissance mondiale: 75% des parents renoncent aux loisirs, 42% se privent de nourriture pour tenter d’ «offrir de bonnes conditions de vie» à leurs enfants quand 33 % affirment ne pas être en mesure d’avoir une alimentation variée, tandis que 34 % renoncent à se soigner malgré des problèmes de santé. Terrifiants aveux…
En 2022, entre 3,5 et 10 millions de personnes se trouvent dans cette situation. Combien en 2023? Et dans les années futures? Derrière les chiffres, l’insupportable réalité des inégalités stratosphériques. Car, pendant ce temps-là, les faits sont têtus et rien ne se passera sans des taxations d’exception, dans un premier temps, puis une redistribution et une répartition des richesses, à long terme, sans oublier une refonte globale du système fiscal.
À l’image du contexte mondial grâce auquel les milliardaires ont pullulé depuis la crise de 2008 et pendant la pandémie de Covid19, notons que, en France, les 500 plus grandes fortunes sont passées à elles seules entre 2010 et 2021 de 200 milliards à 1000milliards, soit de 10% du PIB national à près de 50% du PIB, deux fois plus que tout ce que possèdent les 50% les plus pauvres! La cruauté des statistiques dit souvent l’inhumanité et l’indécence des puissants.
UN FRANÇAIS SUR QUATRE DÉCLARE ÊTRE EN «SITUATION PRÉCAIRE».
Plus d'articles sur les sujets qui vous intéressent :
Est-ce que la coexistence d’une forte inflation et d’une stagnation des économies (la « stagflation » dans la langue des économistes) est le seul avenir prévisible ? L’économie française a-t-elle la capacité d’échapper tant à l’inflation qu’à la récession qui s’installe ?
Pour nombre d’experts nous nous retrouvons dans une situation similaire à celle des années soixante-dix, la décennie qui a vu éclater la longue phase de crise dont nous ne sommes pas encore sortis. En un mot il s’agirait de retrouver un certain nombre « d’évidences oubliées ».
L’inflation s’expliquerait par un gonflement de la masse monétaire. Quant aux « pénuries » elles ne seraient que le résultat des « lois de l’offre et de la demande ». Les remèdes ? Une bonne dose d’austérité et une politique fortement antisociale excluant out atterrissage en douceur [1].
Des « choix » qui doivent permettre de retrouver rapidement équilibre budgétaire et orthodoxie monétaire. Attention ! le credo libéral est de retour.
Les banques centrales sont déjà à la manœuvre, relevant avec brutalité les taux d’intérêt Créer une récession pour que le chômage augmente et pour que les salaires réels diminuent s’avère un remède de cheval déjà employé lors de crises antérieures. Quand comprendra-t-on que la répétition de plus en plus rapprochée de récessions (2000, 2008, 2018, 2023 ?) résulte des mesures prises pour prétendument les traiter
Les enjeux sont à chaque fois plus substantiels. Ainsi l’inflation qui portait sur les actifs financiers et immobiliers réapparait, mais elle porte à nouveau sur les biens et services courants. Elle affecte aujourd’hui les différentes sources d’énergie, certains composants industriels et les produits agricoles de base et laisse entrevoir, derrière le retour de la hausse des prix, le passage à une nouvelle forme de régulation imposée par la pénurie.
Par ailleurs le changement climatique, perçu jusque-là comme un risque hypothétique se manifeste dorénavant par de graves conséquences concrètes, telles inondations, tornades, sécheresse extrême. Ce qui différencie la situation présente de celle que l’on connaissait antérieurement c’est la temporalité. Avant les problèmes et leurs conséquences étaient pour plus tard. Maintenant les sinistres sont sous nos yeux.et impliquent de rendre opérationnelle une planification écologique.
En troisième lieu les statuts des salariés ont été emportés par la vague libérale et deviennent de moins en moins protecteurs alors qu’ils devraient au contraire être renforcés. Les clauses d’indexation des rémunérations salariales ont généralement disparu ce qui permet aux entreprises de faire supporter aux travailleurs le coût des hausses de prix. L’enjeu est majeur au moment de solder les extravagances de l’économie financiarisée. Le monde n’a déjà pas assez de services publics pour répondre aux besoins d’école, de santé, de transports et on veut les réduire.
Enfin la mondialisation connait un coup d’arrêt mais en même temps consacre une réorganisation des échanges internationaux du point de vue des grandes nations, mouvement qui fait que les inégalités de situations entre les populations s’accroissent au détriment des plus fragiles. Dans cette bataille pour le contrôle des flux internationaux de capitaux, on ne peut une nouvelle fois accepter que les Etats-Unis imposent leur loi et fassent payer cher à l’Europe et aux pays en développement les couts de la crise.
Il est urgent de mener une lutte déterminée contre les exigences de la finance particulièrement contre trois menaces : l’instabilité des marchés financiers, les inégalités de revenus et la fragilité des systèmes productifs. Les choix de politique économique faits par nos gouvernants et par les entreprises apparaissent de plus en plus clairement à l’origine des difficultés. Les colères sociales qui se multiplient ces dernières semaines, conséquences de ces politiques d’austérité, ne pourront rester sans réponses.
[1] « Je n’ai connu aucun atterrissage en douceur depuis la fin de la seconde guerre mondiale » La crise de la dette a commencé, Nouriel Roubini, les Echos 13/10/2022
La feuille de route était connue. Et c’est parce qu’elle ne leur convenait pas que les Françaises et les Français ont fait le choix de priver Emmanuel Macron d’une majorité toute-puissante. Son précédent mandat, marqué du sceau de la destruction des fondements de la République sociale de l’après-guerre, avait déjà laissé un goût de cendres.
Mais l’Élysée, qui ne retient aucune leçon, s’entête et opte pour le passage en force de ses réformes. Moins de trois semaines après la reprise des travaux de l’Assemblée nationale, le gouvernement dégaine à tout-va le fameux couperet qu’est le 49.3. Ce coup de force constitutionnel est parfaitement légal; mais son recours est symptomatique d’un pouvoir qui, se sachant minoritaire, cherche à montrer ses muscles.
Les porte-flingues de son exécutif sont chargés des basses besognes au nom de la doxa thatchérienne mensongère: il n’y a pas d’alternative à la fuite en avant néolibérale. Qu’importe si elle fait couler le sang et les larmes et vient conforter une extrême droite qui n’en demandait pas tant.
Le paysage institutionnel ressemble à une vaste tragédie, où des technocrates hors-sol croient pouvoir diriger un pays comme on gérerait une entreprise où le droit n’aurait plus cours. Les débats, et surtout les amendements présentés par l’opposition qui auraient pu contribuer à stopper la saignée de la Sécurité sociale, dont le budget est aujourd’hui amputé de la dette du Covid, ont été balayés d’un revers de manche.
L’exécutif réduit le Parlement à une sorte de ring où se succèdent les matchs à coups de 49.3 et de motions de censure. La gauche a beau expliquer qu’on ne sert pas un pays en gouvernant envers et contre tout, et surtout contre tous, le pouvoir s’obstine. Les salariés, qui payent déjà la facture des aides publiques et des cadeaux fiscaux octroyés aux entreprises sans aucune contrepartie, sont les premiers à souffrir de l’inconséquence de cette politique de la terre brûlée, chère à Élisabeth Borne.
La première ministre se comporte d’ailleurs à la tête du gouvernement en nettoyeuse, comme par le passé, lorsque, à la SNCF et à la RATP, elle s’est chargée de détruire les statuts des travailleurs dans une marche forcée vers la privatisation des transports. Elle a beau déclarer vouloir «un débat constructif et de bonne foi», ses actes trahissent sa parole. À ce jeu-là, encore une fois, le Rassemblement national risque de ramasser les fruits de la désolation sociale.
Le mépris et l’insolence ne peuvent être une réponse aux problèmes nationaux. À mesure que la crise économique s’aggrave, le sentiment d’impuissance d’hier se transforme peu à peu en une colère palpable. Les journées d’action syndicale de la rentrée, les grèves qui essaiment ou encore le mouvement dans les raffineries, qui s’est soldé positivement malgré une hostilité de classe insupportable, sont autant de signaux que le gouvernement devrait prendre au sérieux.
L’impopulaire réforme des retraites est déjà brandie comme l’autre grand chantier de la présidence, alors que gonflent les mobilisations du 27 octobre et du 10 novembre pour réclamer des augmentations salariales afin de pouvoir vivre. Le choix de la rue comme lieu d’expression d’un mal-être généralisé est un désaveu du pouvoir.
Ce gouvernement isolé, pétri de certitudes qui ne correspondent en aucun cas avec les réalités, manœuvre encore sous les ors de la République. La question est de savoir pour combien de temps encore, avant que les horloges ne se détraquent totalement.
Depuis un certain temps, nos compatriotes regardent avec effarement tourner le compteur des pompes à essence et pendant ce temps, les actionnaires regardent grimper les chiffres des dividendes avec ravissement.
Les prix des carburants s’emballent, la spéculation sévit et Total Energie s’enrichit, y compris grâce à l’argent public du bouclier tarifaire. L’entreprise a enregistré plus de 10 milliards de dividendes au 1er semestre de cette année, ce qui valut aux actionnaires le 28 septembre dernier de bénéficier d’un dividende exceptionnel de 2,6 milliards d’euros. Total Energies deviendra demain Total Bénéfices !
Les salariés des groupes pétroliers demandent légitimement leur part de cette réussite et revendiquent une hausse de leurs salaires. Pour Total Energie cela représenterait une somme de 140 millions d’euros, soit 1,4% des profits du 1er semestre !
M. le Ministre, je pense qu’il est temps de faire pression sur la direction des groupes Total Energies et Exxonmobil, leur demander « un geste de bonne volonté », à l’évidence, cela ne suffit pas. D’autant plus que face aux salariés, le gouvernement brandit la menace inacceptable de la réquisition.
Les salariés ne demandent pas une hausse de 52% de leurs revenus, à l’image de celle que le Pdg de Total Energies s’est octroyée. Ils demandent leur part légitime.
En cette rentrée de forte inflation, la question du pouvoir d’achat est devenue la première préoccupation de nos concitoyens. Comment s’en étonner ?
Vous allez déposer deux amendements en loi de finances qui devraient dégager, nous dit-on, 200 millions. C’est très très loin du compte.
Il faut taxer fortement les superprofits pour aider les salariés, les retraités, les entreprises et les collectivités.
M. le Ministre, vous avez déclaré la semaine dernière : « Je préfère le ciblage au saupoudrage ». Sachez que de ce côté de l’hémicycle, nous préférons le partage au bricolage !