Jamais en France, depuis la Libération, l’art et la culture n’ont couru un tel danger.
jeudi 25 février 2010
Appel des 50
L’accord autour de « l’exception culturelle » par rapport aux lois du marché et le soutien aux
artistes et à la création qui faisaient plus ou moins consensus dans les partis politiques depuis la Libération n’est plus une réalité. L’idéologie mercantile et populiste de la droite
ultralibérale et de Nicolas Sarkozy tente d’imposer le règne sans partage des industries culturelles sur la société, sur nos imaginaires et sur toutes nos représentations. Le capitalisme
financier ne tolère plus les valeurs et les finalités au cœur des politiques culturelles menées depuis plus de cinquante ans, il y substitue ses objectifs à court terme en réduisant l’activité
culturelle à une vaste opération de consommation lucrative pour ses industries et à un instrument de domination idéologique. Alors même que les aspirations et les pratiques des citoyens et des
artistes témoignent d’un puissant désir d’émancipation.
Une partie de la gauche, malheureusement, cède à cette pression et conforte ainsi une sorte de pensée unique en
matière d’art et de culture qui voudrait que l’accès aux œuvres du sensible et de l’esprit pour tous soit globalement réglé aujourd’hui, renvoyant l’intervention publique, la démocratisation
culturelle et l’éducation populaire aux rayons d’accessoires superfétatoires ou utilitaires. Nous ne voulons pas baisser les bras. Nous souhaitons poursuivre et renouveler le combat d’une
véritable vie culturelle et artistique d’une véritable démocratie culturelle.
Déplorer cette situation ne peut suffire, il faut la combattre.
Pour nous, les arts, la culture, la pensée, sont un bien commun de l’humanité, au fondement des civilisations.
En créant du symbolique et de l’imaginaire ils nous aident à mieux comprendre le monde, condition nécessaire à notre émancipation, et pour chacune et chacun d’entre nous, à mieux imaginer
demain.
Ce bien est précieux, nous devons le défendre et le développer. C’est pourquoi, comme artiste et comme citoyen
ou citoyenne, nous voulons nous engager, dans les mobilisations sociales et dans le vote aux élections.
Résister est urgent, construire aussi.
En Ile-de-France, nous connaissons depuis six ans une politique d’intervention publique en faveur de l’art et
de la culture en rupture avec les logiques dominantes. Cette politique portée par Francis Parny, vice président à la culture auprès de Jean-Paul Huchon, est née du mouvement social de la
profession en 2003, prolongé par les Assises régionales de la culture initiées par le Conseil Régional. Elle a permis de réaffirmer notre « désir de culture » comme un « droit à la
culture », tout aussi inaliénable que le droit à la santé ou à l’éducation.
Elle s’appuie sur l’intervention publique comme garant de l’indépendance face au marché. Elle tente de
promouvoir, du même mouvement, la liberté artistique et la responsabilité artistique et sociale.
Face au risque de « monoculture », elle contribue à la socialisation de toutes les œuvres
individuelles ou collectives et à leur mise en partage. Elle finance la création, contribue à la garantie des conditions matérielles du travail des créateurs, respecte la propriété intellectuelle
des œuvres et la rémunération des auteurs.
Elle s’est appliquée au champ des arts vivants avec les conventions de « permanence artistique », à
la « chaîne » du livre, au cinéma et a l’audiovisuel, en soutenant la création, les réseaux de diffusion indépendants et les professions qui concourent à toutes ces
activités.
Elle doit désormais se déployer pleinement, favoriser la recherche et l’innovation, encourager le
renouvellement de la création et de son partage par le plus grand nombre, dans tous les champs, y compris celui des arts plastiques. Elle doit développer son soutien à toutes les pratiques
artistiques et culturelles, à la diversité des initiatives, pour le plein épanouissement d’une véritable diversité culturelle.
Tout cela nécessite une impulsion publique encore plus forte. C’est pourquoi nous soutenons les propositions de
Francis Parny consistant à se donner les moyens d’une telle action publique : une véritable direction des affaires culturelles régionales autonome et le doublement du budget régional de la
culture pour le porter à 4% de celui de la collectivité.
La liste du Front de Gauche porte ces options, vitales pour les arts et la culture.
Elle porte aussi un nouvel espoir pour la gauche.
Sans perdre de vue la nécessité du rassemblement et de l’unité de toute la gauche, elle veut faire barrage à la
droite dans notre région et constituer des majorités fortement ancrées à gauche pour promouvoir des politiques véritablement alternatives au libéralisme.
Pour nous aussi, ces deux objectifs sont indissociables.
Nous voulons une gauche qui se bat contre la soumission aux logiques dominantes, contre la génuflexion
incessante devant « l’homme économique » et l’évaluation uniquement quantitative de nos activités qui remet en cause le sens même de nos métiers.
Tous les observateurs, tous les sondages, prédisent la victoire de la gauche dans les Régions.
Tant mieux, nous en avons besoin.
Dès lors, la seule question qui reste en suspens est de savoir quelle gauche, avec quel programme et quelles
pratiques politiques va diriger notre région.
Pour que la défaite de la droite soit totale, nous voulons donner, le 14 mars au premier tour des élections
régionales, le plus de force possible à une gauche combative, audacieuse et déterminée. Au plan général comme pour l’art et la culture.
Pour toutes ces raisons, nous nous engageons et nous vous appelons à vous engager aux côtés de la liste du
FRONT DE GAUCHE, conduite par Pierre LAURENT et sur laquelle figure Francis PARNY.
Alima AROUALI, Meziane AZAÏCHE, Genica BACZYNSKI, Jean-Jacques BAREY, Fabien BARONTINI, Michaël BATZ, Olivier BEAUBILLARD, Christian
BENEDETTI, Claude BERNHARDT, Bernard BLOCH, Frédéric BORGIA, François BOURCIER, Clyde CHABOT, Yvane CHAPUIS, Pascal COLRAT, Jean-Louis COMOLLI, Eric CORNE, Xavier CROCI, Leïla CUKIERMAN, D’ DE
KABAL, El Hadji DABO, Richard DEMARCY, Véronique FELENBOK, Alain FOIX, Nicolas FRIZE, Edgard GARCIA, François GROSJEAN, Fabienne HANCLOT, Grégory JURADO, Laurent KLAJNBAUM, Hassane KOUYATÉ,
Anne-Marie LAZARINI, Jean METELLUS, Jacques-Philippe MICHEL, Pasquale NOIZET, Jacques PORNON, Alexandre RIBEYROLLES, Laurent ROTH, Aurélien ROZO, Valérie de SAINT-DO, Laurent SCHUH, Diane SCOTT,
Kazem SHAHRYARI, Michel SIMONOT, Marc SLYPER, Aurélia STAMMBACH, Jean-Pierre THORN, Anne TOUSSAINT, Denis VEMCLEFS, Samuel WAHL.