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Sommet européen : l’Allemagne et les banquiers d’abord !

26 Octobre 2011, 16:20pm

Publié par PCF Villepinte

Monde - le 26 Octobre 2011

 

 

 

La rencontre réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement européen se tient ce mercredi soir. Devraient être actés le rôle du Fonds européen de stabilité financière (FESF), la recapitalisation des banques et la décote de la dette grecque.

Principale nouveauté : le Fonds européen de stabilité financière. Son rôle théorique est d’aider les pays de la zone euros en difficulté avec leur dette souveraine. Plusieurs conceptions de ce fonds s’opposaient.  Nicolas Sarkozy souhaitait que le FESF puisse directement lever de l’argent à bas taux d’intérêt auprès de la BCE, pour le prêter ensuite aux Etats. C’est qu’emprunter auprès des marchés privés alors que les taux d’intérêts s’envolent (merci les agences de notations) ne fait qu’accroître le poids de la dette et du déficit. Mais l’Allemagne, qui pour l’instant ne craint pas pour son sacro-saint AAA, ne veut pas. Et c’est Merkel qui a gagné. Le FESF va devenir un « assureur-crédit » et devra en cas de besoin aller emprunter à l’extérieur pour aider les pays européens étouffés. Chose malaisée puisqu’il lui faudrait une capacité d’intervention d’au moins 1000 milliards d’euros, certainement plus lorsque l’Italie sera à son tour étranglée par l’austérité, imposée par ce même duo Merkel-Sarkozy. Le patron du Fonds de stabilité partira d’ailleurs pour la Chine dès vendredi, dans l’espoir de leur vendre des obligations européennes. Pékin, si elle accepte, ne manquera pas en retour d’exiger de sérieuses garanties. Le Brésil a anticipé le mouvement et a déjà annoncé qu’il refusait de racheter des bouts de la dette des pays de la zone Euro. Le Premier ministre brésilien conseille plutôt au FESF de se tourner vers le FMI.

Décote et recapitalisation

Ce qui a plus fait compromis, du fait de l’évidence de la situation, c’est la décote de la dette grecque, preuve qu’il est possible de s’affranchir des contraintes du Traité de Lisbonne. Les dirigeants ont fini par s’apercevoir que la Grèce allait faire faillite dans les jours à venir et ont décidé d’annuler au moins 50 % de cette charge. Pour éviter que les banques européennes se retrouvent trop fragilisées, du fait de la décote grecque mais aussi car elles possèdent de belles parts de dettes d’autres Etats en difficulté, elles devront se constituer 9 % de fonds propres en dur. Autrement dit,  lorsqu’elles prêteront ou spéculeront avec 100 euros, elles auront l’obligation d’avoir au moins 9 euros en caisse. Mesure censée apporter plus de sécurité, et qui va impliquer 108 milliards d’euros de recapitalisation. Pour ce faire, soit les banques se débrouillent toutes seules, en émettant de nouvelles actions en bourse ou en utilisant leurs bénéfices, ce que va faire la Société Générale, soit elles demandent de l’aide à l’Etat, comme en 2008. Et si les banques n’atteignent pas l’objectif de 9 % de fonds propres le 30 juin 2012, elles n’auront pas le droit de verser des dividendes à leurs actionnaires ni des bonus à leurs dirigeants.

La désunion européenne ou l’union allemande

Il ne devrait pas être fait mention de la BCE lors de ce sommet. Celle-ci va depuis longtemps à l’encontre de ses prérogatives et du traité de Lisbonne en achetant des parts de dette des pays en difficulté, comme depuis août, l’Espagne et de l’Italie. Et c’est bien là le cœur du problème. Si la BCE pouvait financer directement les Etats, ce serait ouvrir la voie à un virage bien plus juste et social de l’Europe. Ce que le traité de Lisbonne interdit à la BCE de faire. Pour Berlin, toucher à l’indépendance de la BCE est insupportable. Angela Merkel s’est donc fermement opposée à toute mention qui prétendrait dire à la BCE ce qu'elle doit faire, l’idée est donc abandonnée.
Au début des réunions pré-sommet, qui ont débuté dimanche, de nombreuses conceptions s’opposaient, Sarkozy avait même ses propres idées, différentes de celles de Merkel, sur le FESF comme sur la BCE. Mais rapidement, il s’est rangé derrière l’Allemagne. Et après trois jours de discorde, Valérie Pécresse a pu affirmer, sans rire : "Jamais, au grand jamais, la France et l'Allemagne n'auront autant travaillé ensemble, jamais elles n'auront été aussi soudées pour faire progresser l'Union européenne pour résoudre ses problèmes."

Dans l'Humanité de jeudi : Europe : Arrêtons le massacre !
Avec notre décryptage complet du sommet et deux interviews d'économistes : Pierre Khalfa d'Attac et Denis Durand du PCF. Et sur la thématique du massacre, vous retrouverez des focus sur la situation catastrophique en Grèce et sur la prochaine victime annoncée : l'Italie.

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