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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Selon une étude patronale, les Français sont des fainéants

13 Janvier 2012, 07:35am

Publié par PCF Villepinte

Xavier Bertrand, ministre du Travail, chargé d'orchestrer la dérégulation du temps de travail

 

 

Oh la belle étude qui arrive à point nommé. L'institut Coe-Rexecode affirme mercredi que la durée de travail des salariés français à temps plein est la plus faible d'Europe après la Finlande et hop, le gouvernement s'en saisit pour remettre en cause l'actuelle législation sur le temps de travail, en vue du sommet pour l'emploi du 18 janvier prochain. Une belle opération bien orchestrée.

Ce jeudi, Xavier Bertrand s'est fait une joie de manipuler cette étude statistique forcément scientifique. "Avec l'étude qui est publiée, il faut qu'on travaille davantage, il faut qu'on fasse travailler davantage de monde", notamment les seniors et les jeunes, affirme à la presse le ministre qui recevait des leaders syndicaux et patronaux dans le cadre de la préparation du sommet social du 18 janvier.  Pour Xavier Bertrand, "le travailler plus a toujours son sens". On se demande où est passé le "pour gagner plus".

Derrière l'étude, le lobby patronal

Le ministre du Travail joue sur du velours tant l'institut Coe-Rexecode lui a préparé le terrain. Il faudrait plutôt parler d'échange de bons procédés. Coe-Rexecode, ou Centre d’observation économique et de Recherche pour l’Expansion de l’économie et le Développement des Entreprises, est, dixit son site, "un institut privé d'études économiques né de la fusion, à l'automne 2006, de deux instituts cinquantenaires : Rexecode et le COE de la chambre de commerce et d'industrie de Paris". Parmi ses 80 adhérents, des grosses banques françaises, des fonds d'investissements français, les grands groupes du CAC 40 ainsi que tout ce que le patronat compte de fédérations ou groupements, dont l'IUMM.

Derrière la vitrine de cet institut d'études économiques et sociales se cache donc un bon gros lobby patronal chargé de trouver tous les arguments "scientifiques" pour casser le temps de travail. De fait, dans ses conclusions, l'étude envoie du lourd en préconisant de libérer la durée du travail par des accords d'entreprises, ce qui "conduirait à une augmentation du taux d'emploi et du pouvoir d'achat en France". Pour Coe-Rexecode, "le dynamisme démographique de la France est un atout majeur dont la France peut tirer parti par des réglementations de l'emploi moins restrictives et un meilleur fonctionnement du marché du travail".

Des accords compétitivité-emploi à la place des 35 heures

Ce lobby ayant fait le travail, le gouvernement n'aura plus qu'à enfoncer le clou lors du sommet pour l'emploi de mercredi prochain. Tout est déjà ficelé à attendre Xavier Bertrand. Pour ce dernier, "les accords compétitivité-emploi" que le gouvernement veut mettre à l'ordre du jour du sommet social sont "aussi l'occasion de revenir sur les 35 heures". Des 35 heures "on en est sorti mais pas dans toutes les têtes". Il faut "en sortir sans faire payer une deuxième fois la facture aux ouvriers et salariés", selon lui. Avec des mesures comme celles-là, les actionnaires des entreprises adhérentes de Coe-Rexecode sont assurés de s'y retrouver.

"Campagne de culpabilisation des salariés"

Les syndicats mettent déjà en garde contre ce processus. Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a dénoncé ce jeudi "une campagne du culpabilisation des salariés", à propos de l'étude Coe-Rexecode. "Cette campagne de culpabilisation des salariés dans notre pays atteint ses limites. Ce n'est pas très original : nous coûtons trop cher, nous ne travaillons pas assez, nous fraudons sur les prestations sociales", a-t-il ajouté déplorant que "malheureusement beaucoup de médias se laissent avoir par des études qui sont loin d'être scientifiques".

"Du point de vue des rémunérations, nous sommes en dessous de la main d'œuvre en Allemagne et du point de vue du temps de travail, nous sommes très comparables", a assuré le secrétaire général de la CGT mais "nous avons des organismes patronaux qui s'efforcent d'entretenir la culpabilisation des salariés français".

"Augmenter le temps de travail sans contrepartie"

Même réaction de la part de François Chérèque. "Une réflexion" est menée "sur ce qu'ils appellent les accords compétitivité-emploi" qui consistent "simplement à donner des outils supplémentaires aux entreprises pour modifier le temps de travail d'une façon plus facile, pour faire pression sur leurs salariés et pour augmenter le temps de travail sans contrepartie sociale", a relevé le leader de la CFDT. "Ces deux points-là, qui se cachent derrière des mesures qui peuvent être positives pour l'emploi, sont dangereuses et ne règlent pas le problème" et peuvent même "aggraver" la situation de l'économie française", explique le leader de la CFDT ce jeudi.

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