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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

ORIENTATIONS

31 Mars 2013, 07:12am

Publié par PCF Villepinte

Par Catherine Tricot| REGARDS 26 mars 2013
manif 19 oct 2010 025
 Seine-Saint-Denis, le Front de gauche se divise sur le rapport au PS

 

A un an des élections municipales, le vote du budget par les collectivités locales s’annonce une épreuve de vérité difficile pour le Front de gauche. Les deux orientations qui se partagent ont tout le loisir de s’exprimer dans les assemblées territoriales… avec un certain retentissement.

La séance du vote du budget dans l’emblématique département de Seine-Saint-Denis vient d’en faire la démonstration. Le 21 mars, le budget présenté par la majorité socialiste n’est passée qu’à un cheveu : 20 pour, 19 contre et une abstention. Les 13 élus Front de gauche se sont divisés : 8 ont voté contre et un s’est abstenu. 4 d’entre eux ont voté le budget du nouveau président Troussel et ont finalement permis son adoption. Ces 4 ne sont pas d’anonymes dissidents. On compte parmi eux Jean-Charles Nègre, le numéro 2 du PCF, et Hervé Bramy l’actuel secrétaire de la fédération PCF, ancien président du CG.

La division des élus FDG ne relève pas en premier lieu d’une différence d’appréciation sur le budget présenté. Tous savent que les difficultés ont leur racine dans la crise, la politique d’austérité et dans le transfert de charges sociales aux collectivités. Les conseillers généraux de Saint-Denis, Florence Haye et Bally Bagayoko de rappeler : « L’écart explose entre les prestations sociales que nous versions et le remboursement par l’Etat : on prévoit un écart de 300 millions rien que pour 2013 ! ». Les 30 millions de recettes complémentaires obtenues par les élus du département auprès de l’Etat ne font vraiment pas le compte. Tous les élus Front de gauche considèrent que ce budget n’est pas bon. « Nous continuons de penser que ce budget n’est pas à la hauteur de la souffrance sociale qui s’exprime dans nos cantons. Tout cela ne suffit pas. L’Etat doit débloquer les moyens d’une véritable solidarité nationale pour venir en soutien à la Seine-Saint-Denis » affirment les 4 élus qui ont voté le budget. Plus directs, les opposants au budget précisent : « Le budget présenté par le PS aujourd’hui est un budget d’austérité : 35 millions de coupes dans différents secteurs et une augmentation des impôts locaux de 5,9% ».

Le désaccord entre élus du Front de gauche est d’abord stratégique. Ceux qui soutiennent le budget assument : « Nous estimons que la présence d’élus de notre groupe au sein de la majorité départementale est un point d’appui pour la défense des intérêts des séquano-dionysiennes et séquano-dionysiens.(…) Nous estimons également que faire tomber le budget du Département ne contribue en rien à améliorer le quotidien des populations. Aucun habitant d’aucune ville de la Seine- Saint-Denis n’en aurait tiré de bénéfice. Seules se seraient réjouies la droite et l’extrême droite qui y auraient trouvé matière à renforcer leurs positions. (…) Nous estimons enfin que le premier responsable des politiques d’austérité c’est le gouvernement ».

A l’inverse les élus dionysiens affirment : « Notre vote contre est un signal de résistance et de propositions pour aller dans une autre voie. » Le président du groupe Front de gauche, Pierre Laporte, lui aussi opposé au vote du budget, interpelle ses camarades dans un communiqué : « Réalisez-vous comment votre attitude constitue un handicap pour rassembler ? »

Pierre Laporte met les pieds dans le plat : « La seule explication donnée, c’est qu’ils sont contre une stratégie qui consisterait à rompre avec le PS partout. Je le dis clairement : ce n’était pas la stratégie de ceux qui ont voté contre. Ce qui nous a animés, c’est la volonté de marquer notre refus de l’austérité qui se manifeste aussi au travers de ce budget. Personnellement, je ne suis pas pour refuser toute alliance et rompre avec le PS mais si on ne résiste pas à la politique actuelle du gouvernement, nous serons complices de ce que subissent les Français et l’alternative sera une droite revancharde poussée par un FN renforcé. »

Au Front de gauche tout le monde s’interroge sur l’alternative aux politiques gouvernementales. La montée du FN ne rend pas cette discussion paisible. Comment ne pas rajouter angoisse et désespoir ? Comment se faire entendre ? Comment gagner en crédibilité politique ? Existe-t-il une alternative à l’Union de la gauche ? Ces questions sont ouvertes par la non participation du Front de gauche au gouvernement. Même si Stéphane Peu, élu de Saint-Denis, entend préciser dans un communiqué : « Je confirme ici que si le PCF a jugé, à juste titre, que les conditions politiques n’étaient pas réunies pour participer au gouvernement, il entend demeurer un parti de gouvernement et ne saurait s’enfermer dans des attitudes sectaires et d’isolement ».

Ce débat trouve désormais une transcription dans les territoires. Il n’aura de réponses que globales. Les élus de Seine-Saint-Denis en rupture avec l’ancienne alliance apportent un élément de réponse : « Nous avons entendu l’appel des associations et les revendications des syndicats. Nous avons entendu les citoyens. Convaincus que des alternatives sont possibles, que l’austérité est un poison pour les peuples et que l’humain doit toujours être notre priorité, nous avons dit Non à ce budget départemental. » Un rassemblement au moins aussi ambitieux que l’union de la gauche, mais axé sur des choix politiques transformateurs ? Sans doute, mais la construction d’une force politique attractive devrait en être le pendant. Big problème : le PCF et le PG ne sont ni vraiment partants pour la transformation du Front de gauche ni complètement d’accord entre eux sur la façon de faire !

Il faut inventer à la fois un rassemblement alternatif, une politique alternative, des mots et des images alternatives. Vaste programme. Au point où en est la crise politique, la difficulté ne devrait pas faire peur. Les élections de l’Oise le suggèrent : qu’y a-t-il de pire que le maintien en l’état ?

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