Orientation sexuelle dans les manuels scolaires : relance de la controverse
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Le Parti socialiste et le syndicat Unsa-Education s'élèvent mercredi contre l'initiative de 80 députés UMP qui réclamaient mardi le retrait d'un manuel de sciences de la classe de première dont ils contestent un chapitre sur l'identité sexuelle des individus.
Les élus, dont plusieurs députés de la Droite populaire représentant près du quart des 344 députés UMP, ont écrit au ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, pour lui demander de retirer un manuel de SVT (Sciences et vie de la terre) qui expliquent "l'identité sexuelle" des individus autant par le contexte socio-culturel que par leur sexe biologique (théorie du genre). La lettre est notamment signée par Christian Vanneste, Lionnel Luca et Jacques Myard, fondateurs du collectif de la Droite populaire, Bernard Debré, Eric Raoult ou Hervé Mariton. Les signataires ont reçu mercredi le soutien du secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, "C’est comme si on présentait dans les manuels d’économie la théorie marxiste comme une vérité scientifique", a-t-il concédé...
Yves Jégo, vice-président du Parti radical et proche de Jean-Louis Borloo, a demandé mardi au collectif de la Droite populaire, "groupuscule sectaire" de l'UMP, d'arrêter son "discours haineux", dans un entretien à Liberation.fr. Réclamer le retrait de manuels scolaires évoquant l'orientation sexuelle, comme le font 80 députés UMP, dont nombre de membres de la Droite populaire, est "affligeant", selon lui.
Dans le manuel en question, il est écrit que "le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle" mais que "ce n'est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin". "Cette identité sexuelle, construite tout au long de notre vie, dans une interaction constante entre le biologique et contexte socio-culturel, est pourtant décisive dans notre positionnement par rapport à l'autre", poursuit le manuel.
Initiative rétrograde pour la gauche
Pour le Parti socialiste, "cette tentative de députés est inacceptable sur la forme comme sur le fond". "Sur la forme, il n'appartient pas au pouvoir politique de déterminer le contenu des manuels, mais aux autorités scientifiques qui en sont chargées", dit-il dans un communiqué. "Sur le fond, la droite montre une nouvelle fois sa vision totalement rétrograde des identités de genre. Cette volonté acharnée de masquer le caractère construit, culturel, social du genre féminin et masculin, de nier la diversité des identités sexuelles ne fait que révéler le refus de la droite des libertés individuelles et notamment sexuelles", ajoute-t-il.
L'Unsa-Education, deuxième fédération syndicale du monde éducatif, s'indigne pour sa part de "cette démarche dogmatique qui prétend imposer une conception aux antipodes de ce que reconnaît le droit français en termes de respect - et non de simple tolérance - de l'orientation sexuelle de chaque individu".
Pour Philippe Meirieu, spécialiste de la pédagogie et président du conseil fédéral d'Europe-Ecologie-Les Verts, " Il est nécessaire d'alerter les élèves sur une réalité sociale de la façon la plus scientifique possible. C'est le rôle de l'école de mettre des mots sur des sujets rigoureux, loin des stéréotypes et des clichés qui peuvent envahir les esprits".
Chatel ne retire pas le manuel contesté par des élus UMP. Le ministre de l'Education nationale n'exerce pas "droit de vie et de mort sur un manuel" scolaire, a répondu mercredi Luc Chatel aux 80 députés UMP.