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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Développement : une aide française en trompe l’œil

9 Avril 2011, 22:23pm

Publié par PCF Villepinte

Monde - le 8 Avril 2011

A l’occasion de la publication du montant du soutien accordé en 2010 par la France aux pays pauvres, des ONG dénoncent des tours de passe-passe.

Chaque année, c’est la même chose. La publication par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) des statistiques sur l’aide publique au développement (APD), c’est-à-dire sur le soutien accordé par les riches nations aux pays pauvres, donne lieu à une véritable bataille de chiffres et une guerre des communiqués entre les ONG et la France, qui a fait de ce thème l’une de ses priorités de sa présidence du G20, le groupe des grands pays développés et émergents.

  • Les chiffres et les promesses

Selon l’OCDE, l’aide française progressé de 7,3% par rapport à 2009 et représente 0,50% du revenu national brut (RNB) de la France. Soit juste en dessous de l'objectif européen fixé à 0,51%. La promesse de la France, à l’instar des autres pays, est d’atteindre 0,7% du RNB en 2015.

  • Le cocorico de Paris

Ce niveau est « historique » et « reflète la continuité de l'engagement de la France en dépit d'un contexte budgétaire difficile », ont déclaré les ministres de l'Economie et de la Coopération, Christine Lagarde et Henri de Raincourt.

  • La colère des ONG

Oxfam : « La France est devenue experte dans l’art de gonfler. La « hausse » de l’APD française en 2010 est ainsi en partie le résultat d’actions comme la reprogrammation de dettes, l’attribution massive de prêts (au détriment des dons) ou encore les 400 millions d’euros destinés à Mayotte, 101ème département français qui sortira des chiffres de l’APD l’année prochaine ». 

Luc Lamprière, directeur d’Oxfam France : « Personne n’est dupe : après cette année d’artifices pour faire bonne figure au G8 et au G20, la  baisse de l’APD française déjà programmée fera mal. L’aide publique au développement représente pourtant une bouée de sauvetage pour des millions de personnes. Les plus pauvres ne doivent pas payer pour une crise dont ils ne sont pas responsables ».

Coordination Sud : «Seuls les pays émergents sont solvables pour avoir accès aux prêts (…) Cela prive de financement les défis urgents de la faim, de l'eau ou de la santé ». 

Sophie Tolachides, d’Eau vive : « L’APD française finance essentiellement de gros investissements dans les centres urbains et sous forme de prêts. Seuls 12% des engagements de l’aide « eau et assainissement » iront aux 14 pays prioritaires et 6% seront accordés sous forme de dons »

  • Et les autres pays ?

L'aide fournie par les 23 principaux Etats bailleurs de fonds en 2010 s'élève à 129 milliards de dollars, soit le "niveau le plus élevé jamais atteint", selon l’OCDE. Le Royaume-Uni a ravi à la France le rang de deuxième donateur mondial en volume, après les Etats-Unis, ce qui relativise le montant des aides françaises. La Suède, le Danemark, le Luxembourg et les Pays-Bas sont déjà au-delà de la barre de 0,7% tandis que la Belgique et la Finlande dépassent le seuil de 0,51%. Les mauvais élèves sont ceux qui sont touchés par la crise : Irlande, Grèce, Espagne, Italie. Globalement les promesses faites en 2005 pour permettre d'atteindre en 2015 le fameux objectif des 0,7% ne sont toujours pas respectées. Selon l’OCDE, « il manque encore quelque 19 milliards de dollars ». Face à ce constat, l’OCDE pourrait se tourner vers d’autres puissances comme la Chine, l'Inde, l'Indonésie ou l'Afrique du Sud.

 

Damien Roustel

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