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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Débat sur l’identité nationale

14 Décembre 2009, 14:49pm

Publié par Daniel JUNKER

                                                                       RÉPUBLIQUE FRANÇAISE - LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ
le 8 décembre 2009

 

François Asensi, à l’Assemblée nationale

« Le véritable mal français n’est pas l’immigration, c’est l'affaiblissement de notre modèle républicain ».

 

Débat sur l’identité nationale, le 8 décembre 2009

 

« Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, mes chers collègues,

Permettez-moi un mot sur les conditions de ce débat sur l' « identité nationale ». Des conditions iniques qui ne sont pas digne du rôle de notre Assemblée.

Le courant communiste, malgré son rôle dans la construction de notre Nation, ne dispose dans cet hémicycle que de dix minutes pour aborder un sujet aussi grave.

« Aucune personne, aucun courant de pensée, ne détient le monopole de la Nation. »

Je suis choqué que les formations de cet hémicycle ne soient pas traitées également.

Un certain 21 février 1944, les murs de notre capitale se couvraient d'une grande affiche rouge annonçant l’exécution des 23 membres du groupe Manouchian, ces résistants communistes, juifs, d’origine arménienne, polonaise, espagnole, qui avaient fui les totalitarismes pour venir défendre dans notre pays les valeurs républicaines, contre Vichy, contre les nazis.

Comment ne pas se rappeler de cette affiche, inspirée de la xénophobie de la droite nationaliste, qui présentait ces étrangers comme l'Anti-France?

Ces étrangers font désormais partie du Panthéon de notre mémoire nationale.

Mais de cet épisode, les prochaines générations ne sauront peut-être rien, puisque vous semblez décider à supprimer l'enseignement de l'Histoire dans certaines classes de Terminale, à ce moment si important dans la formation d'un adulte citoyen.

Aujourd'hui, des amalgames abjects se développent entre français d'origine immigrée, étrangers, délinquants, dans les circulaires ministérielles. Les reprises des slogans du Front National par des représentants de l'Etat heurtent, je le crois, tous les républicains.

« Vous ouvrez une boîte de Pandore dont nul ne connait l'issue, et je sais que beaucoup de députés, y compris à droite, partagent notre inquiétude. »

A chaque période de crise économique, des gouvernements, singulièrement de droite, ont élevé un rideau de fumée en désignant de prétendus ennemis de la France.

Ces boucs émissaires ont eu pour nom Dreyfus, ils ont eu le visage de ces étrangers internés par la République à la veille de la Seconde guerre mondiale, sous la pression des fascismes de droite.

L'Histoire semble bel et bien bégayer, et pour masquer une politique économique et sociale en échec, pour débaucher un électorat ultra, le Président de la République sème la division dans le peuple français.

Son concept d’ « identité nationale » est un concept scientifiquement inexistant, mais politiquement dangereux. L'intrusion de l'Etat dans la définition de la Nation, institutionnalisée à travers la création d'un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, est un fait grave.

« Avec les chercheurs et intellectuels, je demande solennellement la suppression du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, car on ne peut présenter l'immigration comme une menace pour la France. »

Et comment accepter une telle atteinte aux principes de la République? Le Gouvernement privatise l'Etat, nos préfectures, pour les mettre au service de la campagne de l'UMP. La neutralité des préfets, chargés de conduire des débats selon une circulaire biaisée et offensante, est profondément bafouée.

Pour autant, la Nation n'est aucunement tabou pour les députés communistes et républicains.

Pour nous, la Nation est une construction permanente, une volonté des citoyens de participer à un projet progressiste et émancipateur. La Nation est une Histoire, mais bien plus encore un avenir commun.

Notre Nation n'est pas la Nation sclérosée du Président Sarkozy, qui reconnaît comme origine immuable la chrétienté et l'Ancien Régime.

Notre Nation, c'est la Nation de l'abbé Sieyès, qui en 1789 accordait la citoyenneté à tous les français, quel que soit leur statut social.

Notre Nation, c’est la Déclaration des droits de l’homme, qui faisait de la contribution à l'impôt un élément essentiel de la citoyenneté française.

C’est la Constitution de l'An II qui accordait des droits civiques identiques aux étrangers résidant en France. Au nom de quoi limiterait-on aujourd'hui les droits civiques de ces citoyens étrangers résidant en France, alors que de riches Français s’excluent volontairement de la solidarité nationale par l’évasion de leurs revenus dans les paradis fiscaux ?

Notre Nation, c’est celle de la laïcité, remise en cause par le discours de Latran.

Notre Nation, c'est celle du Conseil National de la Résistance et de son pacte social. Or, du démantèlement du droit du travail à la privatisation des services publics, la politique de votre Gouvernement renie cette République sociale, véritable ADN de la France.

« Notre Nation, c'est enfin une communauté politique ouverte sur les autres nations, dans une relation de coopération et de dialogue. »

Comme le rappelait Jaurès, cet internationalisme là ne nous éloigne pas de la Nation. Il nous en rapproche, à l'inverse d'un capitalisme mondialisé qui met les peuples en concurrence, attise hier les guerres coloniales, aujourd'hui les guerres économiques et impériales.

Je ne cesse de m’étonner d'une contradiction : les initiateurs du débat sur l’identité, les défenseurs des symboles de la Nation, sont ceux là même qui fragilisent le rôle des États, en promouvant la liberté absolue de circulation des capitaux.

Ceux là même qui soutiennent une construction européenne coupée du peuple. Ceux là même qui abaissent les solidarités nationales en défendant la directive Bolkestein. Ces élites capitalistes apatrides, dignes héritières des réfugiés de Coblence, mettent en doute le patriotisme des classes populaires alors qu’elles n’hésitent jamais à défendre leurs privilèges depuis les fourgons de l’étranger.

Enfin, comment accepter que le Gouvernement français caricature et stigmatise à ce point l'immigration? Notre Nation est un creuset de cultures, une terre ancienne d'immigrés. Près d’un quart des jeunes français a un grand parent né à l’étranger, ne l'oublions pas.

Elu dans un département, la Seine-Saint-Denis, berceau depuis longtemps de métissages au gré des migrations économiques, je ne peux accepter le procès de la différence que votre Gouvernement instruit.

« Non, l'immigration n'est pas un danger. Elle est une richesse, pour peu que l'on sache lui donner une juste place. »

La France, sa croissance, son modèle social, se sont construits sur les efforts et les sacrifices de ces populations qui nous ont rejoint.

La stigmatisation de l’immigration est un reniement absolu de l'intégration républicaine. En confortant les préjugés, vous condamnez certains français à devenir d’éternels étrangers dans leur propre pays. Vous condamnez ces français de deuxième génération à subir, comme leurs parents, des discriminations ethniques qui font honte à notre République.

Avec difficulté parfois, la France a su par le passé offrir sa générosité à plusieurs générations d'immigrés.

Je constate avec beaucoup de tristesse que votre politique discriminante ferme désormais la porte à la génération des enfants d'immigrés maghrébins et africains, terriblement absents de notre Hémicycle.

Je constate également que la tradition humaniste française est bafouée à l'heure des charters pour l’Afghanistan.

Ces réfugiés ou immigrés sans papiers ont vécu le déchirement de quitter leur pays, leur famille, font le sacrifice d’occuper des emplois pénibles, en deçà de leurs compétences, pour assurer un avenir à leurs enfants en France.

Quelle épreuve supplémentaire comptez-vous leur imposer, alors que leur régularisation est un droit fondamental ?

La France patrie des droits de l’homme voit chaque jour ses lumières décliner. Le Conseil de l’Europe vient de dénoncer, je cite, « la vision étriquée de l’identité », défendue par le Gouvernement français, qui n'accorde aucune place à la diversité des cultures.

La tribune du Président Sarkozy, dans le Monde, ressuscite l'idée d'assimilation de funeste mémoire. Le juste refus du communautarisme ne saurait faire table rase de leurs cultures d'origine.

« Finalement, le véritable mal français n’est pas l’immigration, c’est l'affaiblissement de notre modèle républicain. »

Affaiblissement du à la crise du capitalisme, mais aussi à un passé colonial qui a durablement figé une image de la France opposée à la culture africaine.

Une image réaffirmée récemment par le Président de la République dans le terrible discours de Dakar.

Rien n’est pire que ces murs d’incompréhension et de discriminations qui existent au cœur de notre République, où les jeunes diplômés d’origine d’immigrée subissent un chômage quatre fois plus important que les non immigrés. Où l'ensemble de la société souffre d'inégalités si criantes que le vivre ensemble est brisé.

Certains à droite, au nom de leur chef, font le choix de maintenir ces murs de défiance et d'injustice, les députés communistes et républicains sont au contraire déterminés à les faire tomber. »

 

François ASENSI

Député de Sevran, Tremblay et Villepinte

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O
<br /> Toujours les mêmes fondamentaux !<br /> <br /> <br /> Le plus extraordinaire c’est que l'équipe en place arrive en permanence à relancer la polémique sur des thématiques dont elle a pourtant déjà tout dit depuis longtemps. A chaque fois en exploitant<br /> tel ou tel évènement, mais toujours avec les mêmes fondamentaux, ceux qui lui ont permis en 2007 de siphonner l’électorat du FN.<br /> <br /> Sur le thème des ‘Valeurs’, fondateur de la stratégie de N Sarkozy, je recommande vivement de visionner - surtout d’écouter - une excellente anthologie des mots et des idées qui construisent sa<br /> prise du pouvoir et ses deux premières années à l’Elysée: http://www.youtube.com/watch?v=Fm-TdlB8QNI<br /> <br /> Quatre autres vidéos de la même série sont aussi sur YouTube, mots clés: Sarkozy Midterm<br /> <br /> Pour la version ‘intégrale’ de la série (la compression de l’image est de moindre qualité que sur YouTube mais, ici, les 5 volets sont réunis en une seule video, dans leur ordre chronologique),<br /> c’est sur MySpace : http://tinyurl.com/yguhsyv<br /> <br /> Un petit bijou pédagogique, si l’on a 30 minutes devant soi et deux cachets d’aspirine de secours: non-pas qu'il soit un mauvais orateur, mais dans ce tourbillon ...<br /> <br /> <br />
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