Combativité, unité, audace !
Après le cycle des élections régionales, les forces politiques entament depuis la semaine dernière une nouvelle étape, les yeux fixés sur l’horizon de la présidentielle de 2012. Le Président de la République et le premier ministre aggravent encore le déni de démocratie. « Pas question de changer de cap » ont-ils martelé en réaffirmant qu’ils feront voter contre vents et marées la dislocation de l’agencement des collectivités locales et régionales, le maintien de l’injuste bouclier fiscal, l’amplification de la suppression des emplois publics, le blocage des salaires et surtout la contre-réforme réactionnaire des retraites. Pour faire bonne mesure, le prix du gaz augmente une nouvelle fois alors que tant de familles populaires ne parviennent déjà pas à régler leur facture d’énergie.
Cette surdité aggravée du pouvoir n’est pas un problème médical, c’est une grande question politique. Ceux qui gouvernent ont décidé de passer en force parce que cela correspond aux intérêts de l’infime minorité des rentiers, des spéculateurs, de l’internationale des requins de la finance.
Ainsi, ils ont choisi d’engager un bras de fer contre le peuple, dans le prolongement de leur pratique de ces dernières années : refus d’entendre la protestation des jeunes des quartiers populaires, le non au référendum sur le traité européen, et aujourd’hui, refus d’écouter le message de ces élections régionales. Difficile de faire pire en matière de mépris à l’égard de celles et ceux qui contribuent à créer les richesses de notre pays ! Ceci peut avoir de redoutables conséquences, au moment où une crise générale atteint chaque individu, chaque famille, dans sa vie, dans son être, son utilité, dans ses repères, son regard sur la politique et les partis, son désir de progrès individuel et collectif.
Mais la situation n’est pas figée. Cette offensive de la droite contre les classes travailleuses, les retraités, les privés d’emploi, les précaires, les jeunes jusqu’aux cadres, professions intellectuelles, de la culture, de l’enseignement, de la recherche, de la justice, peut contribuer à les fédérer dans un immense mouvement pour renverser les tables de la loi de l’argent qui écrase tout. Tel devrait être l’objectif fondamental des forces de gauche, écologistes et de progrès qui se sont toutes réunies le week-end dernier.
De leur message on entend souvent : tactique, positionnement et stratégie. Ce n’est pas à négliger. Mais franchement, qu’est ce que cela peut bien faire à celle ou à celui qui est au chômage ou à ceux dont le travail est menacé, ceux qui s’inquiètent pour l’avenir de leurs enfants, ou aux quinze millions de personnes qui désormais dans notre pays ne savent pas s’ils auront les cinquante euros nécessaires pour finir le mois, sinon les détourner d’une conception de la politique qui n’en fait pas les principaux acteurs et voudrait les cantonner au rôle de simples consommateurs ou spectateurs. Toutes celles et ceux là, c’est-à-dire la majorité de nos concitoyens, attendent de la gauche, ni des cris de victoire, ni des tactiques incompréhensibles sur d’improbables primaires ou autres postures présidentiables. Ils attendent qu’on les défende, tout de suite. Et ils attendent des propositions pour vivre mieux, pour redevenir maîtres de leur vie, pour pouvoir se projeter dans un avenir commun de progrès social et écologique. Ils veulent disposer de moyens, d’arguments clairs pour se défendre et maîtriser la construction inédite d’une perspective commune victorieuse, une perspective de la réussite pour le plus grand nombre.
Les salaires ? Mais si on répartissait les 48 milliards de profits réalisés par les entreprises cotées en Bourse, on pourrait donner immédiatement 237 euros de plus chaque mois à tous les salariés. La sécurité sociale, les retraites ? Si les grandes entreprises payaient leur dette à la sécurité sociale et si les revenus financiers étaient prélevés au même niveau que les salaires, il n’y aurait plus de déficit et on pourrait améliorer la couverture sociale et les retraites. Les services publics ? Ils ne sont pas une charge mais un atout. Ils sont facteurs d’égalité. Et sans les entreprises publiques, on n’aurait jamais eu l’autonomie en matière d’électricité, le TGV ou l’Airbus. L’emploi ? Bloquons immédiatement tous les plans de licenciements. Aidons les PME et les entreprises en difficulté avec un nouveau système de crédit. Expérimentons un projet de sécurité sociale professionnelle.
La crise ? Elle est le résultat de l’accaparement des richesses par quelques uns. Elle met en cause le capitalisme lui-même. Elle risque de s’approfondir encore. Il y a danger car le Conseil européen vient de décider d’accentuer encore le pacte dit de « stabilité » qui devient un outil pour la super austérité et le chômage. Pour la première fois dans l’histoire européenne, les chefs d’Etats et de gouvernements ont décidé de faire entrer le Fonds monétaire international dans les finances de l’Europe, avec comme condition la mise sous tutelle des budgets des Etats et des sécurités sociales, de nouvelles pressions sur les salaires, l’emploi, la privatisation des secteurs publics, l’allongement du temps de travail et le recul de l’âge de la retraite.
Face à cela il faut faire front. Construire un front large, progressiste, citoyen, de gauche pour empêcher le pire à venir si, on laisse faire les tenants du pouvoir et du capital international. Un front large contre les marchés financiers. Un front pour un nouveau projet humaniste et authentiquement de gauche. Le Front de gauche a esquissé une telle voie. Il faut maintenant qu’il devienne une propriété populaire des électrices et des électeurs de gauche, des forces politiques, associatives, syndicales, culturelles, citoyennes, de personnalités, qui, sans être adhérents des partis fondateurs du Front de gauche et qui ne souhaitent pas le devenir, sont engagés dans des mouvements sociaux, syndicaux, intellectuels, tiers-mondistes, antiracistes, féministes ou écologistes. Tout ceux là peuvent maintenant constituer ce Front de gauche d’une force et d’une qualité nouvelle. Un espace commun où chacun compte pour un et apporte à l’édifice la richesse de sa diversité. Toutes celles et ceux là, avec les citoyens, peuvent travailler à un programme de résistance au pouvoir et au système et à un projet de sortie de crise, de changement, social, solidaire, démocratique, écologique.
Un tel Front de gauche se mettrait au service de tous les citoyens, progressistes, écologistes et de gauche. Il se placerait au cœur de la gauche et non à sa périphérie, pour animer un mouvement populaire à vocation majoritaire, au bénéfice de toute la gauche qui, dès lors, incarnerait plus et mieux ses valeurs et des engagements au service du peuple. Un nouvel élan pour le Front de gauche, débarrassé de tout ce qui écarte de la politique ces citoyens dont il a absolument besoin pour défricher les chemins inédits d’un post-capitalisme porteur d’espoir.