Cinéma : les choix de l'Humanité
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Humphrey Bogart dans "les Griffes jaunes" de John Huston (1945)
Culture - le 12 Avril
2013
Retrouvez, chaque semaine, toute l'actualité cinéma avec les critiques de films de la
rédaction.
Cette semaine...
Derrière la colline, d'Émin Arper
Le repenti, de Mersak Allouache
Pietà, de Kim Ki-duk
Le temps de l’aventure, de Jérôme Bonnell
The act of killing, de Joshua Oppenheimer
Casa nostra, de Nathan Nicholovitch
- Derrière la colline, d’Emin Alper. Turquie. 1 h 34.
Par Jean Roy. Dans une nature rocheuse magnifiquement photographiée, en particulier dans
les scènes de jour, un fermier isolé
veille sur ses biens. Il lui faut protéger les animaux et
les siens. Pourquoi les choses vont-elles déraper ? On ne
se souvient pas toujours de la
réponse à une telle question, comme chacun a pu un jour en faire l’expérience. Tout engrenage fatidique a commencé ainsi par une goutte d’eau. C’est donc une réflexion sur la violence qui nous
est ainsi proposée, un cas particulier sans doute, mais si facile
à extrapoler. Seule certitude,
le film est magnifique, qui parvient aisément à dépasser
le stade de la thèse pour parvenir à
l’œuvre d’art.
>>> Lire l'entretien avec le réalisateur, le Turc Emin Alper qui a obtenu pour ce premier long métrage, en 2012 à Berlin, le prix
du
meilleur film de la section Forum.
- Le Repenti, de Merzak Allouache. Algérie, France. 1 h 27
Par Dominique Widemann. Un homme perd le souffle à dévaler des pentes de roches enneigées, muscles et nerfs tendus par l’urgence. On en devine la source par quelques lignes d’un contexte politique particulier par quoi Merzak Allouache installe un film qui en observera les conséquences. Après une décennie de barbarie islamiste entamée en Algérie vers 1990, une loi de « pardon et de concorde civile » est promulguée. Elle appelle les terroristes à « cesser le combat, quitter le maquis et regagner leurs maisons ». Ils pourraient ainsi regagner impunément la société. On les nomme « les repentis ». (...) Le film de Merzak Allouache s’est vu attribuer le Label Europa Cinemas lors de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, en 2012. Un regard brut sur le terrorisme islamiste.
- Les choix de Vincent Ostria
Pietà, de Kim Ki-duk. Corée du Sud, 2012, 1 h 44. Une histoire de vengeance sadique où Kim Ki-duk prend la relève de son compatriote Park Chan-wook, parti aux États-Unis. On y assiste d’abord aux sévices infligés à des artisans endettés par un homme de main, puis à la quasi-rédemption de ce malfrat sadique. Surenchère de cruauté gratuite pour un thriller improbable.
Le temps de l’aventure, de Jérôme Bonnell. France, 2012, 1 h 45.
Une comédienne stressée croise un étranger élégant et discret dans l’Eurostar et décide de le rejoindre dans une église où il est venu assister aux obsèques d’une amie. S’ensuit une relation aussi éphémère qu’intense. Tout cela a un petit air de Brève Rencontre, le mélo déprimé de David Lean. Évidemment, c’est moins empesé, et tout compte fait plus proche des demi-teintes du cinéma de Sautet. Bonnell, cinéaste naguère intimiste, prend des risques positifs et se sort haut la main de l’exercice consistant à filmer une romance à deux pleine de rebondissements au milieu de l’activité parisienne. Le début de la maturité pour un cinéaste qui commence à compter.
The act of killing, de Joshua Oppenheimer. Danemark, Norvège, Royaume-Uni, 2012, 1 h 55.
L’évocation farcesque d’un génocide occulté qui aurait fait un million de morts en 1965 en Indonésie. Notamment parmi les communistes, massacrés par les sbires du président Suharto. Le cinéaste rencontre certains de ces bourreaux à la retraite, dont Anwar Congo et Herman Koto, qui narrent leurs exactions avec vanité, paradent avec une milice paramilitaire, et figurent en travestis dans des tableaux kitsch. Poussant le grotesque à son comble, le cinéaste fait éclater la monstruosité de ces êtres sans morale.
Casa nostra, de Nathan Nicholovitch. France, 2012, 1 h 30.
Pas une histoire de mafia mais de fratrie. Au début, le film est peu aimable : noir et blanc, format carré, suite de séquences sans lien évident. Peu à peu, on comprend qu’il s’agit des destins de deux sœurs et un frère, que la mort de leur père va réunir et remettre en question. Fouillis, émaillé de conflits, le film opte pour l’extraversion. On se serait passé des séquences mentales où le père joue la pièce autobiographique de son fils sur une scène de théâtre. Mais, malgré cette réserve, Casa nostra a un certain charme.
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