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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Ce vendredi dans l'Humanité : Hollande va-t-il lever le voile sur l'affaire Audin ?

14 Décembre 2012, 11:05am

Publié par PCF Villepinte

 

Plus de cinquante-cinq ans après l’assassinat de Maurice Audin, dont on n’a jamais retrouvé le corps, le chef de l’État vat- il faire ce geste qu’aucun de ses prédécesseurs n’a su faire, en reconnaissant officiellement que le jeune mathématicien communiste est mort sous la torture ? , Pour Josette Audin, la veuve de Maurice Audin, dans un entretien à lire ci-dessous  : "Il  faut une condamnation de ce qui a été fait au nom de la France en Algérie".

Qui était Maurice Audin ?

Josette Audin. Qui était Maurice Audin ? C’était mon mari… Nous vivions à Alger. Il était mathématicien à la faculté d’Alger. Nous avions trois enfants. Il était engagé auprès des Algériens dans 
la lutte pour l’indépendance.

Pourquoi le jeune intellectuel européen qu’il était s’est-il engagé pour l’Algérie algérienne ?

Josette Audin. Nous étions membres du Parti communiste algérien, 
qui luttait pour l’indépendance, aux côtés de ce peuple. Nous 
ne supportions pas le racisme, 
la façon dont les Algériens étaient traités, ou plutôt maltraités.

Comment s’est passé l’enlèvement 
de Maurice Audin par 
les parachutistes à votre domicile ?

Josette Audin. Ce jour-là, des pieds-noirs ultras avaient manifesté 
toute la journée. Il y avait eu 
des ratonnades monstrueuses dans toute la ville. À la fin de cette journée, il était tard, aux alentours de 23 heures, alors que nous étions sur le point d’aller nous coucher, des parachutistes sont venus tambouriner à la porte. C’était Maurice qui était recherché, 
pas ceux qui se livraient à la chasse aux Algériens et venaient 
de commettre des meurtres.

Lorsque les autorités vous signifient que Maurice Audin s’est « évadé », les croyez-vous ?

Josette Audin. Évidemment non. Tout le monde savait que ces prétendues évasions étaient en fait des exécutions. C’était connu de tout le monde, pas seulement des familles algériennes dont un membre avait subi ce sort. La plupart des pieds-noirs savaient et s’en réjouissaient.

Il y a eu, tout au long de la guerre d’Algérie, des milliers de Maurice Audin. En quoi cette affaire illustre-t-elle la violence inouïe déployée 
alors par la France coloniale ?

Josette Audin. Cette affaire a eu un grand retentissement en France comme, auparavant, l’assassinat 
de l’avocat Ali Boumendjel. Maurice était européen, il avait 
des connaissances en France, 
dans le domaine des mathématiques. Un comité Audin a été créé, 
avec Pierre Vidal-Naquet, Laurent Schwartz et d’autres intellectuels qui ont tout de suite exigé la vérité. Ils n’ont pas lâché, ils ont dénoncé sans relâche la torture. Je pense 
que l’action de ces gens en France au sujet de l’Algérie a peut-être 
aidé par la suite à accélérer 
le processus de paix.

De quelle façon la vérité peut-elle être connue, plus d’un demi-siècle après ce crime ?

Josette Audin. Dans la lettre que 
j’ai adressée en août au président de la République, je ne demande pas seulement la vérité. Bien sûr, 
je voudrais qu’on connaisse 
la vérité, c’est évident, même si 
je suis de plus en plus sceptique 
sur le fait qu’on l’obtienne vraiment un jour. Ce que je demande au président Hollande, c’est une condamnation 
de ce qui a été fait au nom 
de la France en Algérie. Je ne demande pas qu’il s’excuse : 
il s’est produit en Algérie des choses qui ne sont pas excusables. Je demande une reconnaissance et une condamnation. On peut condamner l’usage de la torture. On dit toujours que la France est 
le pays des droits de l’homme. Mais comment continuer à se qualifier ainsi, quand ces droits de l’homme ont été piétinés, sans que leur violation ait été condamnée ?

Comment jugez-vous le récent hommage officiel rendu à Fréjus 
au général Bigeard, symbole 
de l’institutionnalisation de la torture durant la guerre d’Algérie ?

Josette Audin. Cet hommage 
est scandaleux. Le ministre de 
la Défense aurait pu se dispenser d’aller jeter des fleurs à ce militaire, qui a peut-être fait de belles choses lorsqu’il s’agissait de libérer 
la France, mais qui a pratiqué la torture en Indochine puis en Algérie. Le glorifier est scandaleux.

Pourquoi la France a-t-elle tant de mal à reconnaître officiellement ces crimes de guerre ?

Josette Audin. Je ne l’explique pas, je ne le comprends pas. À de nombreuses occasions, nous avons demandé cette reconnaissance 
et cette condamnation officielles de la torture, des crimes de guerre. Sans jamais être entendus.

Entretien réalisé par Rosa Moussaoui

Également dans l'Humanité de ce vendredi 14 décembre

  • Troisième rencontre de préparation du congrès du PCF à Marseille
  • Le Grand Paris Express touché par la rigueur
  • ArcelorMittal : FO et la CGT quittent les négociations
  • Mariage pour tous : Hollande refile le bébé au Parlement
  • Afrique du Sud : les enjeux du congrès de l'ANc par notre envoyé spécial
  • Rencontre avec Nolwenn Leroy à l'occasion de la sortie de Ô filles de l'eau
  •  Le chronique média de Claude Baudry : Télérama et sa vision de la presse de gauche

Et dans l'Humanité des débats :

  • Les jeunes, condamnés au travail précaires ? Table ronde avec Gérard Filoche, inspecteur du travail, Michel Fize, sociologue et Nordine Idir, secrétaire général de la MJCF
  • Le naming des stades est-il une solution ? Face-à-face entre Frédéric Bolotny, économiste du sport et Laurent Garrigues, rédacteur adjoint du site Sporttéco.
  • Quelles dépenses pour quel modèle social ? Les points de vue d'Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation Ifrap, Think Thank, de Gérard Dussillol, président du pôle finances publiques de l'institut Thomas-More et d'Alain Obadia, président de la fondation Gabriel Péri.

 

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