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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Cannes ouvre avec un conte de l’Âge d’or

12 Mai 2011, 12:34pm

Publié par PCF Villepinte

Culture - le 12 Mai 2011

Cannes 2011

 

 

Nous projetons-nous dans le passé seulement pour refuser d’affronter 
le présent ? 
Les réponses 
de Woody Allen dans un film qui 
a fait l’ouverture.

Minuit à Paris, de Woody Allen. Etats-Unis. 1 h 34. Sélection officielle, film d’ouverture.

Cannes, envoyé spécial.

 

Quelques jours à Paris avec fiancé et famille, quoi de plus agréable quand on est belle, californienne, amoureuse, et que papa est assez riche pour payer les suites au Bristol ? Soit le paternel est conservateur au-delà de toute décence, ce qui nous vaut quelques piques bien senties sur les républicains, et le promis préfère faire la tournée des lieux touristiques pour bosser encore et toujours sur les quatre cents pages qu’il a commises et refusé de donner à lire à quiconque, mais bon. Nous sommes sur un nuage romantique de carte postale, dans un éden qui illustre avec insistance le cliché de Paris comme plus belle ville du monde. Les choses commencent à se gâter quand Inez (Rachel McAdams) voit l’élu de son cœur, Gil (Owen Wilson dans un rôle qu’Allen se serait probablement réservé autrefois), la délaisser au profit de déambulations nocturnes qui le plongent dans des rêves et ses fantasmes. Dans

la Rose pourpre du Caire, les personnages sortaient de l’écran. Ici, ils y entrent si l’on peut dire, puisque Gil se retrouve jusqu’à la venue du jour dans le Paris ayant le plus fasciné les artistes américains, celui de l’entre-deux-guerres, en l’occurrence les années vingt. Voici que notre héros fait la connaissance de Zelda et Scott Fitzgerald. À une soirée en l’honneur de Jean Cocteau, il devient pote avec Ernest Hemingway, dépeint avec une forte ironie tant l’auteur de l’Adieu aux armes prône les valeurs viriles comme s’il se citait. Ce dernier conduit Gil chez Gertrude Stein, qui lit en premier son roman et lui prodigue ses conseils. Tous ces gens sortaient beaucoup, buvaient sec, avaient un sens hasardeux de la conjugalité, vivaient en bande malgré leurs rivalités artistiques. C’est ainsi que nous dissertons sur les propriétés d’une toile de Picasso, que nous croisons Man Ray ou Luis Bunel, à qui Gil propose une idée de film surréaliste que, bien entendu – peut-être la plus fine des pointes d’humour parsemées dans l’œuvre –, Bunuel refuse avec les arguments les plus platement rationnels. Inutile de dire qu’une salle aussi cinéphile que celle de Cannes a sur le champ identifié le film que Bunuel fera vraiment.

On rit souvent au premier degré

Tout ceci est d’une belle légèreté, intelligent, simple et sophistiqué à la fois. On rit souvent au premier degré. Par-derrière se cache un chant d’amour à ce « Paris est une fête », comme l’affirmait Ernest Hemingway jusqu’à en faire le titre d’un de ses livres. Que Woody Allen ait demandé à son chef opérateur des couleurs chaudes et saturées et que le jazz de l’époque soit aussi présent que l’accordéon n’étonnera personne. Quant à Carla Bruni, elle incarne quelques minutes une guide touristique. Mais cela, vous le saviez déjà.

La bande annonce du film :

Jean Roy

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