Cannes 2012 : Une palme nommée « Amour »
Jean-Louis Trintignant, l'acteur principal d'Amour
Culture - le 27 Mai 2012
Cannes, envoyé spécial. Le réalisateur autrichien emporte sa deuxième palme pour ce film entièrement français. Il est aussi le premier auteur dans l’histoire ce Cannes à obtenir la distinction suprême pour deux films consécutifs.
Bravo à Nanni Moretti et à son jury pour leur choix judicieux. Le réalisateur italien, lui-même ancienne Palme d’or, avait laissé entendre qu’aucun réalisateur l’ayant déjà obtenue, ne bénéficierait de son vote. Or, nous seulement ce fut le cas ce qui n’est jamais arrivé qu’à Francis Ford Coppola, Shoei Imamura, Emir Kusturica et aux frères Dardenne, mais c’est la première fois qu’elle est attribuée à deux films consécutifs d’un même réalisateur. Comment s’en sortir alors qu’« Amour » était le favori indéniable de la Croisette et le nôtre au demeurant ? La belle idée a été, à l’oral, d’attribuer le prix au film mais « en rappelant la contribution fondamentale de ses deux acteurs » comme l’a souligné Nanni Moretti, et quels acteurs, ces deux monstres sacrés que sont Jean-Louis Trintignant, 81 ans, et Emmanuelle Riva, 85 ans, d’ailleurs appelés sur scène à égalité avec leur metteur en scène. Du coup, cela laissait la voie libre pour des prix d’interprétation spécifiques. Côté français, cela a fait des victimes, obligé, le drame intime d’Haneke, produit par Margaret Menegoz aux Films du Losange, étant tout à fait français. On peut déplorer l’absence d’Alain Resnais surtout, pour qui on aurait pu inventer un prix à la carrière du 65è anniversaire du festival. On n’a que peu de regrets pour « De rouille et d’os » : Jacques Audiard remplit déjà les salles, il a encore du temps devant lui et son film précédent était vraiment meilleur. Il en va de même pour Leos Carax, qui avait ses fanatiques mais divisait trop pour l’emporter dans les urnes : a-t-on déjà vu un jury primer Rimbaud ou Lautréamont ?
Les autres précédentes Palmes d’or à nouveau en compétition, n’ont pas été oubliées. Ken Loach a obtenu le Prix du jury pour « la Part des anges », que notre équipe avait défendu. Quant à Cristian Mungiu, défendu également dans nos colonnes, il a obtenu pour son « Au-delà des collines », à la fois le Prix du scénario et un double prix d’interprétation féminine pour ses comédiennes Cristina Flutur et Cosmina Stratan. Signalons aussi notre joie personnelle de voir la Caméra d’or, attribuée par un jury indépendant, aller à Benh Zeitlin pour « Beasts of the southern wild », succès que nous avions anticipé, le film ayant également emporté, dès samedi, le Prix de la critique internationale et une mention du Jury œcuménique.
Cette soirée nous a donc fait oublier et la pluie qui tombait à verse (c’est d’ailleurs la Marine qui rendait les honneurs sur les Marches) et d’autres prix dont on ne dira pas qu’ils étaient mal attribués mais qui auraient pu tout aussi bien distinguer d’autres titres. Enfin, c’est aussi important, tous les films qui n’avaient pas leur place au palmarès ont été évités. Ce qu’on appelle maintenir le cap tout en contournant les écueils. Bravo encore.