Au coeur de la crise systémique
Dans la vie, il n’y a pas que l’économie. Il y a aussi tous les aspects sociaux non économiques de la vie en société », me confiait lors d’une rencontre l’historien et
économiste Paul Boccara. L’historien ne disait pas cela pour remettre à sa place l’économiste, l’un et l’autre appelaient à mesurer au-delà de la crise du capitalisme la profondeur de la crise
actuelle de la civilisation occidentale. Cette réflexion nouvelle dans l’oeuvre du théoricien marxiste, dont nous nous sommes fait l’écho dans l’Humanité (11/04), est aujourd’hui accessible
dans un petit ouvrage publié par la Fondation Gabriel-Péri, intitulé la Crise systémique : une crise de civilisation (1). Un texte qui reprend et développe une audition récente au Conseil
économique, social et environnemental. Cette anticipation vise à penser la globalité d’une crise qui est probablement « une crise systémique radicale, c’est-à-dire pouvant mettre en cause
l’existence même du système, ou du moins sa domination ». L’exacerbation de la marchandisation et de ses rejets sociaux, au niveau économique, la montée des divorces entre les délégations de
pouvoir propres au libéralisme et les aspirations des populations, sur le plan anthroponomique, font grandir le besoin de réformes radicales. La troisième partie de l’ouvrage est justement
consacrée à des propositions pour la maîtrise et le dépassement des marchés et des délégations représentatives. L’ouvrage se conclut sur un plaidoyer en faveur d’une nouvelle culture de partage
et d’intercréativité de toute l’humanité.
(1) Paul Boccara, la Crise systémique : une crise de civilisation. Ses perspectives et des propositions pour avancer vers une nouvelle civilisation. Note de la Fondation Gabriel-Péri, 45 pages, 4 euros.