Les communistes de villepinte vous invitent à utiliser ce blog comme point de rencontre et d'échanges concernant la situation politique ,économique ,sociale et environnementale du local à l'international.
Nos paysans ont besoin d’une vraie politique de transformation agricole
Publié le 26 février 2025
L’agriculture française est placée devant un défi majeur : la moitié de ses paysans vont prendre leur retraite dans les dix ans à venir. Toute ambition en matière de souveraineté alimentaire suppose donc d’installer chaque année des dizaines de milliers d’agricultrices et d’agriculteurs, en leur permettant d’abord de vivre décemment de leur travail.
Mais comment répondre à un tel défi, sans s’affranchir du corset libéral qui étouffe nos systèmes agricoles ?
Alors que cette question devrait être au cœur du débat public sur l’avenir de notre agriculture, tout a été fait ces derniers mois pour l’occulter. Ainsi, alors que la mobilisation des agriculteurs depuis un an portait d’abord sur la question de la rémunération et de la pérennité des exploitations, la loi dite « d’orientation agricole », adoptée au forceps juste avant l’ouverture du salon de l’Agriculture, débouche sur une série de reculs, notamment environnementaux, et de mesurettes qui servent avant tout de communication politique et de dérivatifs.
Le texte ignore superbement les politiques structurelles indispensables pour transformer nos systèmes agricoles et créer les protections dont doivent bénéficier nos paysans. Rien sur les freins les plus puissants à l’installation que sont les coûts de reprise des structures et l’accès au foncier agricole.
Rien sur la sécurisation du revenu agricole, alors que le besoin de renforcer les outils publics d’intervention sur la construction des prix et leur contrôle face aux secteurs de la transformation et de la grande distribution aurait dû constituer une priorité. Rien sur l’adaptation au changement climatique et faire face aux risques sanitaires, alors que la mise en place d’un régime public d’assurance et de prévention est impérative.
Rien non plus sur l’accompagnement de la recherche agronomique et le déploiement de ses acquis au champ, pour progresser collectivement vers des systèmes plus vertueux. Pire encore, ce texte acte une forme de renoncement sur la protection des productions durables en proposant tout simplement d’aligner les normes vers le bas, plutôt que de mettre en œuvre des politiques publiques efficaces face aux importations déloyales !
Vouloir ainsi assurer notre souveraineté alimentaire, sans agir sur les contraintes socio-économiques qui pèsent sur les agriculteurs, relève de la supercherie politique.
D’autant plus lorsque, au plan européen, les politiques libérales poursuivies les protègent de moins en moins. À commencer par la politique commerciale ouverte à tous les vents qu’impose la Commission européenne avec la conclusion de nouveaux accords de libre-échange. Le secteur agricole y est chaque fois la clé permettant d’obtenir la signature des pays tiers.
De la même façon, la nouvelle PAC avec sa renationalisation rampante des soutiens publics portée par les Plans stratégiques nationaux (PSN) ne fait qu’amplifier les mécanismes de concurrence intracommunautaires. L’urgence devrait au contraire être à une grande conférence européenne sur la souveraineté alimentaire posant la refondation d’une politique agricole et alimentaire vraiment commune, et s’imposant aux autres politiques européennes.
Julien Brugerolles
député suppléant d’André Chassaigne
Article publié dans CommunisteS, numéro 1031 du 26 février 2025.
J’avais 16 ans. J’étais élève de seconde dans le seul lycée mixte de Gironde. Quelques mois après mai-juin 1968, la vie quotidienne au lycée, surtout sa discipline, avait passablement changé. Les filles pouvaient enfin porter des pantalons, et garder ouverte leur surblouse à petits carreaux, voire, peu à peu, ne plus la porter du tout.
Séparée les années précédentes, la cour de récréation était devenue mixte, mettant fin à une bizarrerie puisqu’en classe filles et garçons s’asseyaient côte à côte. L’ambiance avait changé. Davantage de discussions, moins de distance entre les profs et les élèves, le sentiment d’être mieux respecté·es. Un jour, notre prof de sciences naturelles nous a présenté un cours sur lequel elle nous demandait de garder le silence. Elle risquait sa place, nous a-t-elle dit.
Ébahis, nous l’avons écoutée nous présenter les risques de « maladies vénériennes », mot dont très peu d’entre nous, en tout cas pas moi, comprenaient la signification, et qu’on appelle aujourd’hui maladies sexuellement transmissibles.
À aucun moment dans notre éducation scolaire, et pour la plupart d’entre nous dans notre éducation tout court, nous n’avions, si peu que ce soit, été informés ne serait-ce que du système reproductif humain. À peine avions-nous abordé ceux des animaux et des végétaux. Ainsi, la première fois que nous entendions parler de sexualité dans le cadre scolaire, c’était, qui plus est sous le sceau d’un secret coupable, au travers des maladies qu’elle peut transmettre.
C’est la responsabilité de l’école non seulement d’apprendre aux enfants à lire et compter, mais à devenir des citoyens et citoyennes libres et responsables.
J’ignore ce qu’étaient les motivations de cette enseignante. Ce que je sais, c’est que c’était loin d’être une bonne entrée en matière, et qu’il aurait bien mieux valu que nous ayons accès à des connaissances par le biais des programmes scolaires et sans culpabilisation. Si personne de la classe n’a vendu la mèche, c’était surtout le reflet de notre malaise. D’ailleurs, nous n’en avons même pas parlé entre nous. Nous étions choqué·es, je crois. Les informations qui venaient de nous être données ne nous aidaient pas à sortir la sexualité de l’espèce d’opprobre dont elle faisait l’objet.
Pourquoi raconter cela aujourd’hui ? Parce que, cinquante-six ans après cette scène, la volonté de rendre effectifs les cours sur « la vie affective, relationnelle et sexuelle », prévus dans la loi depuis près d’un quart de siècle, continue de provoquer les foudres des forces les plus conservatrices de ce pays, parmi lesquelles les radicaux de toutes les religions, qui convergent à ce sujet alors qu’elles s’entredéchirent par ailleurs. Or, c’est la responsabilité de l’école non seulement d’apprendre aux enfants à lire et compter, mais à devenir des citoyens et citoyennes libres et responsables. Et cela commence par la connaissance de son propre corps et de son fonctionnement.
Il s’agit d’apprendre, dans des modalités adaptées à chaque âge, les aspects biologiques de la reproduction humaine, et d’en mesurer les dimensions psychologiques et émotionnelles. Il s’agit de le faire dans un cadre et des conditions respectueux de la dignité de toutes et de tous. Mieux se connaître soi-même, grandir avec son corps, mieux comprendre les autres aide aussi à mieux se faire respecter dans un pays où les violences incestueuses et sexuelles sont trop nombreuses et où la culture du viol est loin d’avoir dit son dernier mot. Alors assez d’hypocrisie, faisons la place, à l’école, à une éducation à la sexualité reposant sur des bases scientifiques et transmises avec pédagogie !
Le rapport de la Cour des comptes sur le financement de la Sécurité sociale réussira-t-il à intimider les Français ?
Comme on s’y attendait ces derniers jours, il fait litière des élucubrations de François Bayrou sur un « déficit caché » du régime des fonctionnaires.
Mais il annonce ce que gouvernement et patronat voulaient entendre : une « nette dégradation » de la situation financière de nos régimes de retraites dans les vingt prochaines années.
Pierre Moscovici a le culot de baptiser cela la « vérité des chiffres » alors que ces estimations reposent sur des hypothèses volontairement désespérantes de chômage (7% pour toujours) et de productivité apparente du travail. Dans ces conditions, la Cour des comptes enferme ses projections dans le postulat d’une diminution de la part des richesses consacrées aux retraites de 13,9% du PIB en 2025 à 13% en 2045 !
Les travaux du Conseil d’Orientation des retraites avaient pourtant fourni des éléments montrant que le problème n’est pas la démographie mais celui de l’activité, de son contenu, donc du chômage et d’un emploi efficace, donc des capacités humaines à développer. Est-ce pour cela que le gouvernement a choisi de faire appel à la Cour des Comptes, cette institution d’Ancien régime, plutôt qu’au COR, qui réunit dans la transparence experts et représentants des forces économiques et sociales ?
Certes, le rapport entre le nombre des inactif·ves et celui des actif·ves doit augmenter de 25 % d’ici à 2060, mais l’augmentation du PIB en volume, qui mesure les richesses produites, est estimée à 60 % : il y a de la marge si le coût du capital cesse de plomber l’économie !
L’heure n’est donc pas à ergoter sur quelques milliards de cotisations en plus ou en moins sous l’effet d’ajustements à la marge de la durée d’assurance ou des taux de cotisation. Il faut non seulement abroger la réforme de 2023 mais surtout arrêter l’enchaînement infernal des réformes qui, successivement depuis trente ans, dégradent les droits des assurés sans apporter aux régimes de retraites les ressources dont ils ont besoin pour répondre aux attentes que le pays a massivement exprimées dans les mobilisations provoquées par l’annonce de la réforme Macron.
Ce sont ces mobilisations, et celles qui doivent les prolonger, qui font entendre la voix de la raison !
Pour que la retraite au XXIe siècle soit pleinement « un nouvel âge de la vie, et non une antichambre de la mort », selon le projet d’Ambroise Croizat, il faut la rendre possible à 60 ans, avec prise en compte des carrières longues, des années d’études, de la pénibilité.
Cela coûterait cher, nous dit-on ? Pour dégager les moyens nécessaires à la protection sociale, aux services publics, aux salaires, il faut donc oser s’attaquer en priorité au chômage, à la précarité, aux restrictions imposées aux dépenses de formation, et emmener ainsi les entreprises dans un chemin d’efficacité économique, sociale et écologique nouvelle.
Deux pistes majeures de financement doivent être examinées. Elles sont proposées par le PCF mais elles sont portées bien plus largement dans les mobilisations sociales :
une cotisation additionnelle sur les revenus financiers des entreprises et des banques. À 10 % (taux moyen de cotisation patronale retraite) elle pourrait rapporter plus de 50 Milliards d'euros, tout en incitant les entreprises à se désintoxiquer de la « finance »
une surcotisation (taux plus élevé, sur la part patronale) des entreprises qui « taillent » dans l’emploi, les salaires et la formation, n’appliquent pas l’égalité salariale femmes/hommes. Plus précisément, dont ceux-ci diminuent ou augmentent moins que la moyenne de leur branche, en s’inspirant de ce qui existe déjà pour les accidents de travail. Il s’agit ainsi d’emmener les entreprises vers un chemin de progrès. Car celles qui contribuent de façon saine et efficace à l’activité et à l’emploi bénéficieront du taux normal, donc moins élevé.
Nous demandons le chiffrage et l’évaluation de cette mesure !
Ces deux mesures combinant pénalisations et incitation permettraient de dégager les ressources nécessaires à une réforme de progrès tout en permettant
la suppression des exonérations de cotisations sociales ;
la sortie progressive de la CSG et une taxation renforcée des revenus proprement financiers des ménages.
A l’invitation du président de la République, je me suis rendu ce matin à l’Elysée pour participer, comme l’ensemble des chef•fes de parti, à une rencontre en présence du Chef d’État-Major des Armées et un responsable des services du renseignement militaire, sur les évolutions de la situation en Ukraine.
Après la présentation par les deux militaires des menaces graves et multiformes que ferait porter la Russie sur le continent européen en général et la France en particulier et qui justifieraient selon eux, d’une part un réarmement massif de la France et de l’Europe et d’autre part, le renforcement de la présence militaire française aux frontières terrestres, aériennes et maritimes avec la Russie, le président de la République a précisé sa vision de la situation en insistant sur plusieurs points :
Son opposition à un cessez-le-feu sans l’accord de l’Ukraine qui signerait la défaite de celle-ci.
Le risque majeur, selon lui, qu’aurait l’organisation d’élections en Ukraine qui verraient « une victoire inacceptable de pro-russes ».
Sa volonté de dialoguer avec Donald Trump mais de ne pas s’engager dans un dialogue avec Vladimir Poutine.
Son souhait de soutenir la demande de l’Ukraine d’intégrer l’OTAN.
Ses démarches en cours auprès des différents pays européens sur la base de cette ligne stratégique.
La question des sacrifices à accepter pour s’inscrire dans une économie de guerre et pour investir dans la souveraineté européenne en matière de défense.
Face à ces interventions dignes de la Guerre froide et alors que pas une seule fois n’ont été évoquées les menaces économiques, industrielles ou militaires que fait peser sur les états européens le président des Etats-Unis d’Amérique, j’ai rappelé au président de la République que le président russe n’avait malheureusement pas le monopole des ingérences politiques en Europe et que les déclarations récentes et répétées de responsables américains de premier plan en faveur de l’extrême droite constituaient un risque bien réel pour nos démocraties.
J’ai également rappelé que la sécurité des peuples européens « de l’Atlantique à l’Oural » ne pourrait passer que par un mécanisme de sécurité collective, tel que celui imaginé en 1975 lors de la signature de l’acte final de la conférence d’Helsinki, et implique nécessairement que le dialogue se construise avec l’ensemble des parties prenantes du conflit dont le président de la Fédération de Russie et le président ukrainien.
La guerre se déroulant sur le sol européen, il revient à l’Europe et singulièrement à la France, seule puissance nucléaire de l’UE, de proposer les conditions d’une paix juste et durable sur le continent, comprenant : le départ des troupes russes d’Ukraine, la garantie de la neutralité de celle-ci, l’arrêt progressif des sanctions contre la Russie et le déploiement d’une force de maintien de la paix sous l’égide des seules Nations unies.
La sécurité du peuple ukrainien passe par ce cadre auquel il faut enfin s'atteler à nouveau : la sécurité collective paneuropéenne.
Alors que la perspective d’un envoi de troupes européennes sert d’une part l'objectif de Donald Trump qui consiste à transférer le poids de la guerre à l'Europe et à affaiblir durablement le continent et, d’autre part, celui de Vladimir Poutine qui espère obtenir des gains décisifs dans cette guerre d’agression qu’il mène depuis trois ans, j’ai appelé le président de la République française à tout faire pour construire une véritable autonomie stratégique de l’Europe au service de la Paix.
Une véritable autonomie stratégique de l’Europe, c'est une politique indépendante de paix et de sécurité collective, une politique permettant une nouvelle industrialisation sur le continent et la garantie d’une souveraineté technologique de l’Europe et de la France, en matière de défense.
Alors que le président de la République enferme la France dans le front du refus d’une perspective diplomatique et politique à la guerre en Ukraine au risque d’accélérer une victoire russe sur le terrain et maintient la vassalisation de la diplomatie française à la diplomatie américaine et à son bras armé que constitue l’OTAN, j’ai réaffirmé la singularité de la voix de la France sur la scène internationale et le besoin de porter une diplomatie indépendante résolument en faveur de la Paix.
Jeudi 20 janvier, la Cour des comptes a rendu son rapport sur l'état financier du système des retraites.Ce rapport, surnommé “mission flash”, avait été commandé par François Bayrou le 14 janvier pour servir de base aux négociations sur la réforme des retraites.
Le premier ministre espérait que les résultats mettent à jour un «déficit caché» à hauteur de 55 milliards d'euros, en prenant en compte le régime de la fonction publique. Toutefois, la Cour des comptes a confirmé les estimations du Conseil d'Orientation des Retraites (COR), avec un déficit estimé entre 14 milliards et 15 milliards d'euros en 2035.
Ce chiffre marque le point de départ du “conclave” autour de la réforme des retraites réunissant différentes organisations syndicales et patronales, dont la CGT, jusqu'à fin mai.Une délégation de la CGT était présente hier matin au ministère du Travail pour une présentation des conclusions de la Cour des comptes.
Des nervis fascistes ont attaqué hier, en plein Paris, une projection de film opérée par de jeunes antifascistes et kurdes notamment.
Armés de bâtons et de couteaux, ils ont blessé plusieurs participants. Les communistes condamnent avec la plus grande fermeté cette attaque aussi lâche que barbare.
Le PCF apporte sa solidarité totale aux militants de l'ACTIT et de Young Struggle attaqués hier soir. Nous souhaitons aux victimes un prompt rétablissement. Après les assassinats ciblés de 2013 et 2022 dans le 10ᵉ arrondissement de Paris, dans lesquels 6 Kurdes furent tués, c'est aujourd'hui la jeunesse et une association qui organise les travailleurs kurdes et turcs socialistes en France qui sont visées.
Nous renouvelons notre demande de protection pour les Kurdes de France. Seule la justice pour les crimes de 2013 et 2022 et aujourd'hui pour cette attaque, le permettra. Nous demandons de nouveau la levée du secret défense pour 2013 et la saisine du parquet antiterroriste pour 2022.
Le PCF appelle les autorités, et notamment le ministre de l’Intérieur, à prendre la mesure de la montée des groupuscules violents d’extrême droite à travers le pays. Nous appelons à la dissolution de toutes ces organisations lorsque celles-ci sont identifiées et à l’origine de troubles à l’ordre public. La République doit se défendre, sans jamais céder un pouce de terrain face à ses ennemis.
Nous comptons sur les services de police et de justice pour enquêter avec diligence et détermination pour confondre les auteurs de ces attaques, les traduire devant les tribunaux et les punir avec toute la fermeté nécessaire. Partout où les populismes, les discours racistes et antisémites progressent, la violence et l’intolérance prospèrent.
Nous communistes, fidèles à notre histoire, continuerons de dénoncer et combattre de tels agissements en contribuant à l’organisation des salariés, jeunes, retraités et familles populaires partout dans le pays.
Face aux périls qui montent, les militants antifascistes et progressistes, dont nous sommes, pourront compter sur l’engagement sans faille de notre Parti et ses militants. Hier et aujourd’hui comme demain.
Ian Brossat - Sénateur et Raphaëlle Primet, coprésidents du groupe PCF au Conseil de Paris, Elie Joussellin, président du groupe PCF à la Mairie du 10ᵉ arrondissement de Paris, se rendront sur place ce matin pour apporter leur solidarité aux militante·s.
Gel des services civiques : Vite, des emplois stables et utiles !
Après des mois de tergiversation, le budget adopté hier par l’Assemblée nationale se révèle une nouvelle fois plus dangereux pour les jeunes, et particulièrement les plus précaires. Rien pour lutter contre la sélection sociale et les contrats précaires, et rien non plus pour accompagner les jeunes dans leurs parcours de formation et d’insertion professionnelle.
Pire encore, parmi les décisions les plus controversées, une retient particulièrement notre attention : le gel des nouveaux contrats de services civiques.
Justifié par le « manque de budget » cette décision répond à une méthode que nous ne connaissons que trop bien : faire payer aux jeunes le coût de la crise économique. L’arrêt de ces dispositifs d’emplois pour l’année 2025 va avoir pour conséquence de plonger d’autant plus dans la précarité des dizaines de milliers de jeunes.
Alors que le chômage n’a jamais été aussi haut chez les moins de 25 ans – plus 8 % au dernier trimestre – et que la sélection sociale, au lycée comme à la fac, ravage le parcours de vie, une telle décision est irresponsable et nous la condamnons. Les contrats de services civiques se révèlent bien souvent être une forme de marchandisation de l’engagement, permettant aux libéraux de pallier les déficits de moyens dans les services publics, et pour le fonctionnement des associations.
En imposant une forme d’emploi qui n’est pas rémunéré, mais « indemnisé », les contrats de services civiques contournent un certain nombre de droits fondamentaux. Pas de cotisations, pas de droit au chômage, et bien sûr le salaire minimum n’est pas respecté : à peine plus de 600 € pour 24 h de travail hebdomadaire minimum, souvent plus.
Pour autant, venir geler des dizaines de milliers d’ouvertures de services civiques sans contrepartie : garantir la création massive d’emplois, est une faute politique grave. Comment vont faire les associations qui, faute de subvention, ne peuvent pas embaucher en dehors des services civiques ? Comment vont faire nos services publics, particulièrement dans l’Éducation nationale, qui sont obligés aujourd’hui de recourir aux services civiques pour pallier les manques de moyens et les coupes budgétaires ?
Que vont faire ces milliers de jeunes qui, faute de pouvoir évoluer dans une formation qualifiante, ou un emploi stable, ont pour ambition de se tourner vers le service civique ?
Le MJCF revendique le dégel des services civiques, et le retour à la normale. Il n’est pas admissible de précariser autant les jeunes pour quelques milliards d’euros d’économie. Pour autant, nous combattons la logique derrière ces services civiques et ne voulons pas d’un avenir fait de précarité pour la jeunesse.
Nous revendiquons la création d’emplois utiles, bien payés et émancipateurs ! Cela passe par un investissement massif dans les services publics et dans le secteur associatif, seule condition pour pouvoir garantir de véritables emplois plutôt que des contrats de services civiques.
Article publié dans CommunisteS, numéro 1029 du 12 février 2025.
Handicap : vingt ans après la loi pour l’égalité, le compte n’y est toujours pas
La loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées n’est toujours pas appliquée. Faute de volonté politique et d’un budget suffisant, les moyens pour une pleine intégration font défaut, les discriminations demeurent monnaie courante et l’approche reste dans le registre de la charité.
Société
9min
Publié le 10 février 2025
Hélène May
On est toujours loin du compte. Adoptée en 2005, la loi handicap promettait que « toute personne handicapée a droit à la solidarité de l’ensemble de la collectivité nationale, qui lui garantit, en vertu de cette obligation, l’accès aux droits fondamentaux reconnus à tous les citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté ».
Vingt ans plus tard, et malgré la promesse du président Emmanuel Macron, dès son élection, de faire du sujet une priorité, « force est de constater que les droits créés par cette loi restent pour beaucoup d’entre eux ineffectifs », dénonce Arnaud de Broca, président du Collectif Handicaps, qui regroupe une cinquantaine d’associations.
Les discriminations perdurent
Malgré la ratification en France en 2010 de la Convention internationale de l’ONU pour les personnes handicapées, qui élargit la loi en rappelant que le handicap n’est pas une maladie mais le résultat des interactions avec un environnement inadapté, les discriminations restent monnaie courante.
Année après année, le handicap est le principal motif de saisine du défenseur des droits. Faute de moyens et de volonté, les infrastructures matérielles et humaines nécessaires à la vie dans la cité font défaut. Au point que la France est régulièrement épinglée par des instances internationales, comme l’ONU ou le Comité européen des droits sociaux (CEDS).
Pouvoir se déplacer sans entrave est la base d’une vie de citoyens libres. Mais, pour les porteurs de handicap, cela reste impossible. La loi de 2005 stipulait pourtant que tous les lieux devaient être « accessibles à tous, et notamment aux personnes handicapées, quel que soit le type de handicap ». Elle donnait dix ans au 1,8 million d’établissements recevant du public (ERP) pour effectuer les travaux de mise en conformité.
Accessibilité : de reports en renoncements
Au denier décompte, en 2023, seulement la moitié l’avait fait. Au nom de l’économie, l’État n’a pas cessé de repousser et d’aménager cette obligation. Le renoncement concerne aussi les transports. « L’ordonnance du 26 septembre 2014 a légalisé une discrimination en réduisant l’exigence à ne disposer que de 35 à 40 % des points d’arrêt (« arrêts prioritaires ») accessibles sur un réseau de transport. Quelle personne valide accepterait de ne pouvoir voyager que sur un tiers d’un réseau de transport ? » tacle le Collectif handicaps dans son bilan de la loi.
Résultat, en 2023, seulement 65 % des 736 gares définies par la SNCF comme « à rendre accessibles prioritairement » l’étaient, sur les 3 000 points d’arrêts que compte le pays. Pour les seuls quais, le bilan remis à jour début 2025 mentionne « 83 gares terminées sur 158 prévues ».
À l’heure de la dématérialisation, l’inaccessibilité concerne aussi Internet. Et même l’État est en faute. En juillet 2023, parmi les 248 démarches administratives les plus utilisées sur la Toile, 78 étaient encore totalement hors de portée et 146 ne l’étaient que partiellement. « Sur l’accessibilité, nous sommes allés au bout de l’incitation, il est temps de prendre des sanctions », estime désormais le président du Collectif.
Une compensation insuffisante et inégalitaire
Le droit à la compensation est l’autre grand volet de la loi de 2005. Il précise que la société doit prendre en charge les aides matérielles et humaines nécessaires pour compenser le handicap. Ce faisant, il est l’outil de l’autonomie et d’une participation à parts égales à tous les aspects de la vie sociale.
Mais la prestation de compensation du handicap (PCH), qui incarne ce droit, « n’a pas été revalorisée depuis 2006 », rappelle Arnaud de Broca. Plafonnés, ses montants – neuf heures par jour seulement d’aide humaine, 3 200 euros maximum sur dix ans pour l’aide matérielle ou 10 000 euros sur dix ans pour rendre son logement accessible – sont trop faibles pour permettre une participation à la vie de la société, surtout pour les handicaps les plus lourds.
Remboursement des fauteuils, une bonne nouvelle, mais…
Un million de personnes à mobilité réduite sont concernées. Annoncé par Emmanuel Macron dans une vidéo postée sur TikTok, le « remboursement intégral » des fauteuils roulants sera effectif à partir du 1er décembre 2025. Le décret a été publié le 6 février. Le ministre chargé de l’autonomie et du handicap a précisé que « ce nouveau modèle simplifie l’ensemble du processus, met fin aux restes à charge », et que, « désormais, toute demande d’accord préalable devra recevoir une réponse dans un délai de deux mois maximum ».
achant que l’assurance-maladie sera le seul financeur. Une bonne nouvelle a priori, sauf que, sur la liste des fauteuils concernés publiée au Journal officiel, le montant pour chaque équipement n’est pas précisé. Le texte ne donne pas non plus d’indication sur les prix limites de vente. Or, une mesure de plafonnement pourrait exclure certains usagers du dispositif, notamment ceux dont les fauteuils sont les plus chers. Les contours de cette réforme, encore flous, sont censés être précisés prochainement dans un nouveau texte.
L’obtenir relève en outre du casse-tête. « Les délais d’instruction s’allongent et les procédures demeurent complexes », résume Vincent Harel, coordinateur du collectif en Meurthe-et-Moselle. Décidés par les maisons départementales pour les personnes handicapées (MDPH), également créées par la loi de 2005, leurs versements comme leurs montants dépendent « de politiques départementales très hétérogènes », créant une très forte inégalité territoriale.
Éducation : derrière les chiffres, l’exclusion continue
Après des siècles de relégation dans des institutions pour personnes malades, la loi de 2005 a entériné la scolarisation des enfants handicapés, de préférence dans les écoles ordinaires. En vingt ans, l’amélioration a été fulgurante. « Depuis 2006 le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés à l’école a considérablement augmenté, passant de 155 000 à la rentrée 2006 à 436 000 à la rentrée 2024 », soulignait le 5 février un communiqué de l’ensemble des syndicats de l’Éducation nationale.
Mais ces chiffres cachent des réalités plus contrastées. Beaucoup de personnes restent encore aux portes de l’école. C’était le cas, à la rentrée 2022, de 18 % d’enfants accompagnés par les associations de l’Unapei (Union nationale des parents d’enfants inadaptés). Un nombre encore plus important n’est scolarisé qu’à temps partiel, parfois seulement quelques heures par semaine, faute notamment d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH), un personnel précaire, sous-payé, pas formé, qui se voit de plus en plus contraint de partager son temps entre plusieurs enfants.
À l’école, les élèves sont confrontés à des enseignants peu formés, mais surtout à un système scolaire qui leur demande de s’adapter à un modèle unique et tend à mettre en échec tous ceux qui ne maîtrisent pas ses codes. La promesse d’éducation est aussi entravée par la dégradation générale des moyens de l’école en raison des économies budgétaires faites sur la quantité et la qualité du personnel enseignant et encadrant.
Logement, le grand recul
Le logement est un des domaines dans lequel l’objectif de 100 % d’accessibilité énoncé par la loi de 2005 a été particulièrement trahi. L’obligation, qui ne pesait que sur les nouveaux bâtiments, a été amoindrie en 2018. Au nom de la volonté de « libérer la construction », la norme a été abaissée à 20 %, accroissant la pénurie de logements accessibles. Les personnes handicapées ont pourtant déjà plus de difficultés que les autres à avoir accès à un logement autonome – 56 % contre 28 % pour la population générale, selon un sondage réalisé en 2022 par l’APF France handicap.
Elles sont entravées par « un niveau de vie inférieur à 1 599 euros par mois (300 euros de moins que le niveau de vie médian des valides) et près de 26 % vivent en dessous du seuil de pauvreté (contre 14 % pour les valides) », souligne la Fondation pour le logement des défavorisés (FLD, ex-Fondation Abbé-Pierre), qui consacre son dernier rapport annuel à ce sujet. Mais leur accès au logement « est aussi compliqué par les discriminations », insiste Manuel Domergue, son directeur des études, citant le refus de certains bailleurs de compter l’allocation adulte handicapé comme un revenu ou de leur louer en raison de préjugés.
Même dans les logements sociaux, dit-il, « 20 % seulement des demandes sont satisfaites et le taux d’acceptation est inférieur à la moyenne ». Faute de trouver à se loger, les personnes handicapées sont souvent contraintes de vivre en institution ou chez des proches. Elles sont aussi confrontées, selon la FLD, à « toutes les formes de mal-logement en pire », auquel s’ajoute le fait de vivre dans un habitat inadapté, ce qui entrave leur autonomie et les assigne à résidence.
Sortir du validisme
Mais, au-delà du nécessaire respect des améliorations matérielles prévues par la loi, c’est un changement d’approche radicale que demandent de plus en plus de militants handicapés. Ils appellent à rompre avec le validisme, que le Collectif luttes et handicaps pour l’égalité et l’émancipation (Clhee) caractérise comme « la conviction de la part des personnes valides que leur absence de handicap et/ou leur bonne santé leur confèrent une position plus enviable et même supérieure à celle des personnes handicapées » et qui justifie une relégation dans les institutions, le déni d’autonomie et de citoyenneté à parts égales.
Une critique partagée par Comité des droits des personnes handicapées de l’ONU. Dans un rapport en 2022, il s’en prenait à la France, fustigeant « une législation et des politiques publiques fondées sur le modèle médical et des approches paternalistes du handicap ».
Stop aux renoncements et aux attaques contre les agences publiques !
Publié le 10 février 2025 Une nouvelle fois les crédits alloués à la mission écologie fondent comme neige au soleil avec l’adoption du projet de loi de finances 2025.
Alors que les objectifs affichés pour l’horizon 2030 sont ambitieux en matière d’écologie et de biodiversité (règlement européen pour la restauration, directive cadre sur l’eau, Stratégie Nationale Biodiversité 2030), une baisse de 2,1 milliards d’euros est prévue pour cette année par rapport à 2024. Cette réduction est la conséquence de plusieurs années d’austérité et de baisses d’impôts qui ont fragilisé nos services publics.
Le PCF dénonce cette baisse qui affecte principalement les aides pour l'achat de véhicules électriques, la prime à la rénovation thermique des bâtiments (Ma Prime Rénov’) et le développement des énergies renouvelables. Les dotations et les effectifs seront réduits pour de nombreuses agences publiques. Les hausses minimales apportées à certaines mesures, comme le fonds "Barnier" visant à lutter contre les catastrophes naturelles, restent bien en deçà des moyens nécessaires pour atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES) et de préservation et restauration de la biodiversité.
Conjointement à ce déficit budgétaire, nous assistons depuis plus d’un an à une hausse des attaques et des remises en cause des missions de service public pour l’environnement. L’ADEME, l’OFB et l’Agence Bio ont été particulièrement visés par les attaques et les menaces de dissolution de la part de certains responsables politiques et syndicaux.
Nous dénonçons tout particulièrement le détournement de la colère des agriculteurs vers les agents de l’OFB. Désarmer, réduire les effectifs ou dissoudre l’OFB ne résoudra pas les causes profondes de la crise du monde agricole. Il s’agit là d’une énième manœuvre du système néolibéral pour détourner l’attention des véritables enjeux. Si certaines avancées ont pu être obtenues par l’intersyndicale de l’OFB depuis le 31 janvier, nous devons rester vigilants face au recul potentiel d’autres droits.
Rappelons que s’attaquer à l’OFB, ce n’est pas uniquement s’attaquer aux missions de police de l’environnement, qui sont vastes et complexes. C’est aussi remettre en cause les missions d’appui aux politiques publiques, aux services de l’État dans les projets d’aménagement et aux collectivités. C’est également s’attaquer aux missions de recherche, d’expertise sur la biodiversité, de sensibilisation du grand public et de gestion des espaces naturels.
Le PCF apporte tout son soutien aux agents de l’OFB dans leur lutte face aux attaques répétées des syndicats agricoles majoritaires et du gouvernement. Plus largement, nous soutenons l’ensemble du service public œuvrant pour l’environnement et la biodiversité, mis à mal depuis des décennies par les politiques d’austérité et de libéralisation, face à ce qui apparait comme un des pires budgets pour l’écologie depuis des années !
La France doit au contraire être à la hauteur de ses ambitions climatiques et de préservation de la biodiversité en y consacrant les moyens nécessaires. Un pôle public bancaire national mobilisant la création monétaire pour financer des projets socialement et écologiquement utiles, appuyé par la BCE, tout en en allant chercher l’argent dans les superprofits, les nombreuses niches fiscales et l’évasion fiscale ! Mobilisons des moyens pour l’écologie !
Paris, le 10 février 2025
Parti communiste français.