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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Assiste-t-on à un renouveau de la pensée matérialiste ?

31 Décembre 2024, 07:37am

Publié par PCF Villepinte

Contestée dès la mort de Marx et d’Engels, la philosophie matérialiste a été considérée comme dépassée au tournant des années 1970-1980. Elle détient pourtant des clés essentielles à la compréhension du monde et des sociétés humaines.

L’ensemble des griefs se font sur un terrain purement théorique et visent les textes de Marx et d’Engels.
L'Humanité© Lionel Préau 19 décembre 2024

Contesté, dépassé, le matérialisme redevient-il un mode de pensée permettant d’expliquer le monde ? La directrice de la Fondation Gabriel-Péri, Louise Gaxie, interrogeait le philosophe Florian Gulli et le politologue Guilhem Mevel au Village du livre de la Fête de l’Humanité. Le premier signe un article dans la revue la Pensée, dans le dossier de son numéro 419 consacré au matérialisme de Marx et Engels, tandis que le second prépare une thèse sur le jacobinisme et le marxisme.

Pourquoi les analyses du matérialisme historique ont-elles pu être contestées ou considérées par certains comme dépassées ?

Florian Gulli

Professeur de philosophie et auteur de l’Antiracisme trahi (PUF, 2022)

Marx, Engels ou encore Lénine considèrent que la question philosophique fondamentale est l’opposition entre matérialisme et idéalisme. Cela peut sembler très abstrait, mais elle ordonne toute l’histoire de la pensée. Le matérialisme veut que, pour comprendre la réalité, il faille partir de la matière, d’en bas, de la vie matérielle pour expliquer la conscience.

L’idéalisme commence par la conscience qui produit la réalité. Typiquement, il s’agit de la pensée religieuse. On parle par exemple d’individualisme. On peut le comprendre de deux manières. Soit il s’agit du point de départ, c’est-à-dire que nous avons des représentations individualistes.

Soit on raisonne en matérialiste, et nous expliquons pourquoi nous avons l’individualisme dans la conscience. Ainsi, les pratiques de management dans les entreprises individualisent les parcours, séparent les travailleurs. Ou encore, la transformation des villes a déstructuré les quartiers, ce qui nous amène à être davantage individualistes.

Pour Marx et Engels, la vie matérielle qui détermine la conscience est constituée par le développement des forces productives, des techniques, des machines, et par les rapports de production, c’est-à-dire les rapports de classe. Les intérêts de classe permettent ainsi de comprendre une époque ou un mouvement historique.

Cela ne signifie pas que tout est rapport de classe et développement des forces productives. D’autres dimensions de la vie humaine entrent en jeu, mais celles-ci sont déterminantes en dernière instance pour le cours des événements.

Quelle est la nature de ces tentatives de dépassement du matérialisme? 

Guilhem Mevel

Politologue Doctorant chargé de cours à Sciences-Po

Concernant le marxisme, c’est un mouvement plus ancien que l’on imagine. La notion de crise du marxisme traverse son histoire, juste après la mort d’Engels. Elle peut désigner la crise de l’unité, théorique et politique, au sein du camp marxiste.

Mais aussi de la politique marxiste, une fois que des régimes qui s’en revendiquent ont pris le pouvoir. La crise spécifique de la théorie marxiste énonce que des failles et des limites figurent déjà dans les textes de Marx et d’Engels. Cette crise remonte à la fin du XIXe siècle.

En interne, elle vient du révisionnisme, notamment du social-démocrate allemand Eduard Bernstein. Il chemine sous l’influence de l’idéalisme de Kant vers l’idée réformiste. De l’extérieur, Tomas Masaryk, futur président de la Tchécoslovaquie, critique le marxisme en utilisant cette notion de crise. Elle connaît un nouvel élan après la révolution d’Octobre, au sein des mouvements de gauche opposants au régime bolchevik naissant. Dans les années post Mai-68 et Printemps de Prague, la crise du marxisme se développe.

En 1977, un colloque historique, organisé par le journal italien Il Manifesto, rassemble des dissidents de gauche issus du bloc de l’Est et des intellectuels. À cette occasion, Louis Althusser utilise le terme de « crise du marxisme » pour désigner la crise de l’unité au sein du camp communiste, mais aussi une crise théorique plus globale. Elle sera reprise par Chantal Mouffe et Ernesto Laclau dans les années 1980, à travers un livre intitulé Hégémonie et stratégie socialiste.

Ils intentent un procès au marxisme et au matérialisme historique, avec une conséquence politique immédiate. Les deux intellectuels contestent la centralité ontologique, c’est-à-dire le fait de s’adresser d’abord à la classe ouvrière. Ils intègrent des critiques venues de la droite du marxisme, réfutant son essentialisme, son déterminisme, sa vision historique.

L’ensemble de leurs griefs se font sur un terrain purement théorique et visent les textes de Marx et d’Engels. Le ver autoritaire serait déjà dans le fruit. Leur théorie a débouché sur une certaine fragmentation des clivages politiques, et même une acceptation résolue de la démocratie libérale.

Des événements historiques alimentent-ils cette contestation ?

Florian Gulli Comment expliquer que les classes ouvrières en Europe soient beaucoup moins combatives après la Seconde Guerre mondiale ? Dans la première partie du XXe siècle, on assiste à une énorme activité de grèves insurrectionnelles. Dans la seconde, beaucoup moins.

Les philosophes interprètent alors que le matérialisme ne peut l’expliquer. Les ouvriers ont les mêmes intérêts de classe qu’au début du siècle, donc pourquoi ne se révoltent-ils plus ? Il faut introduire de nouvelles données dans les analyses, pensent-ils, compléter le marxisme.

Au sein de l’École de Francfort, on explique par exemple que la socialisation dans la famille autoritaire de cette époque rend les ouvriers passifs au lieu d’en faire des révolutionnaires. On introduit des explications de type culturel. Ce n’est pas vraiment l’économie qui expliquerait la réalité, mais la culture. Au bout de ce processus, le matérialisme en philosophie est marginalisé, marquant le début d’un décrochage entre les intellectuels et la classe ouvrière.

On pouvait pourtant expliquer matériellement l’affaiblissement des révoltes ouvrières. Dans les années 1950, des ouvrages s’attellent à analyser ce phénomène par les intérêts matériels. Au moment où l’on reconstruit l’Europe, les ouvriers bénéficient des gains de croissance.

Ils trouvent un certain intérêt au système en place et sont moins enclins à le renverser. Dans les années 1970, alors que les gains de croissance ne sont plus là, la résignation et la difficulté à s’organiser collectivement les empêchent de défendre leurs intérêts matériels. Cela ne veut pas dire que tout le reste ne compte pas, mais la question économique est centrale.

Qu’est-ce que le postmodernisme ? Guilhem Mevel, pourquoi vous intéressez-vous particulièrement à Jean-François Lyotard ?

Guilhem Mevel Lyotard a posé une définition du postmodernisme, dans la Condition postmoderne, en 1979. Il y explique que les récits, typiquement celui sur le progrès, totalisateurs vis-à-vis de l’histoire, échouent face à la généralisation de la technique ou devant l’émergence de ce qu’Alain Touraine appellerait une « société programmée ».

C’est-à-dire une généralisation d’une société technicienne, de plus en plus hiérarchisée, avec une certaine relativisation chez Lyotard des différences que l’on observerait dans les systèmes industriels de l’Est et de l’Ouest à son époque. Comme un certain nombre d’intellectuels qui s’en détournent par la suite, il vient du marxisme, ou plus précisément du trotskisme.

J’ai essayé de retracer les points communs entre cette phase marxiste-spontanéiste et la phase postmoderne inspirée par Freud ou Nietzsche. Avant la Condition postmoderne, Lyotard écrit l’Économie libidinale. Il y détruit par provocation toute prétention scientifique à lire la réalité sociale en décomposant littéralement le sujet. C’est un geste, plutôt qu’un raisonnement en lien avec la critique de Marx.

La lecture qu’il en fait ramène le philosophe allemand à un schéma chrétien, porté par une vision rousseauiste, une idéalisation de l’accomplissement de l’homme dans la nature. Pourtant, chez Marx, il n’y a pas de concept de nature figée. Ainsi, on en compte deux dans ses textes. D’abord une nature objective, que le matérialisme ne peut renier. Ensuite une nature subjective, c’est-à-dire la transformation de la nature par l’homme.

C’est important pour penser l’émancipation. Là où Lyotard dit que Marx fantasme cette société primitive accomplie, il en conclut qu’il n’y a plus à changer le capitalisme mais à jouir des biens de consommation à disposition. L’avènement de la jouissance pure serait une manière de répondre à cet affaiblissement d’un horizon de dépassement du capitalisme.

L’idée des deux natures implique donc deux choses importantes : la réalisation de l’individu à condition qu’il permette le libre développement de tous, et la libre transformation de la nature. Ce qui nous renvoie à des débats contemporains, liés notamment à l’écologie.

Ce que suppose Marx, ce n’est pas maîtriser la nature pour la soumettre, mais, au contraire, renverser cette abstraction capitaliste, ce monde à l’envers où le profit domine les hommes, pour permettre une transformation de la nature moins écocidaire.

Florian Gulli, pourriez-vous nous expliquer les positions d’Engels sur l’oppression des femmes ?

Florian Gulli L’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État est un ouvrage assez difficile à manier, que le philosophe a écrit en deux mois, à partir de brouillons de Marx, décédé quelques mois avant. Il travaille à partir de productions des ethnologues sur les sociétés anciennes.

C’est un savoir scientifique qui se périme avec les nouvelles découvertes, ce qu’il signale dans une seconde édition. Un siècle plus tard, c’est un livre curieux à lire. Il est néanmoins intéressant du point de vue du matérialisme. Il propose deux clés de lecture des sociétés humaines avec le travail et la famille.

Les Éditions sociales, dans l’édition de 1954 de l’ouvrage, annotent le passage où Engels fait cette proposition en affirmant qu’il se trompe… La famille compte autant, dans le développement historique, que le travail. La paternité, la maternité, la sexualité sont des déterminants à part entière du cours de l’histoire. Ils sont à la fois historiques et naturels.

Il n’y a pas seulement de la construction sociale, mais aussi une part qui relève de la nature des corps, par exemple la différence corporelle entre hommes et femmes. Cela correspond à un mouvement dans les sciences sociales d’aujourd’hui. Bernard Lahire considère ainsi que la sociologie a trop séparé l’analyse de l’homme de celle de l’animal.

Il faut, selon lui, intégrer tous les savoirs sur les animaux. Il existe un social naturel avant l’homme, chez les chimpanzés, les fourmis… Puiser dans ces savoirs permet de mieux penser le fonctionnement de l’homme. Il ne s’agit pas de remplacer la sociologie par la biologie, mais d’intégrer aux sciences humaines des savoirs venus des sciences de la nature.

En quoi vos relectures et ce travail théorique peuvent-ils aider à mener des luttes ?

Guilhem Mevel Rejeter le matérialisme conduit à des impasses politiques au travers d’un clivage ancré sur les identités plutôt que sur des rapports objectifs. Mouffe et Laclau ne lisent plus l’exploitation dans les structures objectives et les rapports de production, mais dans ce qui apparaît subjectivement conflictuel pour les gens. Cela produit une sectorisation des luttes.

Les luttes féministes, antiracistes, écologistes, qui ont toujours fait partie de l’histoire de la gauche, se trouvent d’elles-mêmes séparées. Il faudrait donc trouver du lien d’une manière ou d’une autre. Mouffe et Laclau développent une théorie à partir de l’exemple argentin du populisme de gauche.

C’est-à-dire celle d’un leader qui est capable de produire une synergie entre ces luttes séparées à partir d’un discours d’opposition peuple-élite, qui ne correspond plus à un schéma de classe. Il en découle plusieurs impasses politiques. Si c’est seulement le conflit qui entretient la lutte et non pas les intérêts objectifs matériels (le droit à un travail digne, par exemple), celle-ci ne vaut plus que pour elle-même.

Elle ne permet plus de penser l’avenir, le dépassement concret du capitalisme. Et cela pose un problème à la gauche de rapport avec sa propre histoire. Le post-marxisme présente ces enjeux comme radicalement nouveaux, là où ils se posent depuis déjà longtemps. Apparaît aussi une impasse stratégique d’efficacité des luttes sociales et politiques.

En quoi consiste alors cette impasse ?

Guilhem Mevel Si c’est le discours qui pose les antagonismes et non la production, on risque d’essentialiser, de sanctifier une lutte par rapport à une autre. De la même manière, la tactique du populisme de gauche conduit à considérer l’élection comme une fin et non plus comme un moyen.

Toute la lutte ne vaut que pour le moment sacré de l’élection et non pour les progrès en termes d’intérêts de classe qu’elle peut amener. On peut aussi sacraliser des pratiques beaucoup plus locales et alternatives, qui peuvent être intéressantes en soi.

Mais cette forme de micro-politique, en l’absence d’organisation plus vaste, a du mal à lutter contre l’État ou la finance. Enfin, il reste la réponse à la progression du fascisme. Une conception identitaire ou idéaliste est trop peu efficace pour contrer le brouillage des frontières de classe.

Avec l’ubérisation, nous revenons à des formes de travail à la pièce, beaucoup plus segmentées, qui avaient cours au XIXe siècle. Le lien avec les classes populaires est en question. Manuel Cervera-Marzal a montré, dans sa sociologie de la France insoumise, que les classes populaires ont tendance à être laissées de côté ou marginalisées au sein de l’organisation en termes de moyens techniques et financiers, au profit de la communication.

Le fascisme prospère aussi par le manque de sociabilité. Cet isolement créé par l’habitat pavillonnaire, le travail précaire, brouille les frontières de classe. Sans luttes qui créent des espaces pour se sociabiliser, le seul discours dispensé dans les médias contre plus difficilement ce terreau social sur lequel prospère le fascisme.

 

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Mayotte :

30 Décembre 2024, 08:01am

Publié par PCF Villepinte

François Bayrou et son gouvernement attendu de pied ferme

Deux semaines après le passage du cyclone Chido, le premier ministre se rend enfin dans le 101e département français. Les habitants sinistrés espèrent qu’il annoncera des solutions concrètes, après « l’insuffisance criante des mesures » de soutien.

L’Humanité 29 décembre 2024

Chido sur l’archipel.
© PATRICK MEINHARDT / AFP

Un homme travaille à la reconstruction d’une maison détruite dans la ville de Vahibe, à la périphérie de Mamoudzou, sur le territoire français de Mayotte dans l’océan Indien, le 24 décembre 2024, une semaine après le passage du cyclone

Il aura fallu que les Mahorais attendent seize jours après le passage du cyclone Chido pour voir le premier ministre mettre un pied à Mayotte. Ce lundi 30 décembre, un jour après la date prévue, François Bayrou atterrit sur l’archipel. Avec pour conséquence de réduire son temps de présence dans le 101e département français (24 heures contre les 48 initialement prévues).

Au risque de renforcer un sentiment qui prend de plus en plus de poids localement : celui d’être traités comme des citoyens de seconde zone par l’exécutif. Qu’importe ce retard et ce bref passage, le maire de Pau affirme à qui veut l’entendre sa « volonté d’apporter des solutions concrètes aux populations sur place sur les questions d’éducation, de santé, d’habitat ».

À cette occasion, cinq ministres l’accompagnent : Manuel Valls (Outre-mer), Élisabeth Borne (Éducation nationale), Valérie Létard (Logement), Yannick Neuder (Santé) et Thani Mohamed Soilihi (chargé de la francophonie et des partenariats internationaux).

« L’arrivée des secouristes a été marquée par une lenteur inacceptable »

C’est peu dire que les Mahorais les attendent de pied ferme. Alors que les habitants de l’archipel de l’océan Indien comptent encore leurs morts (le bilan officiel, largement sous-estimé, dénombre 39 personnes décédées et plus de 4 000 blessées) et bataillent pour leur survie, ils ne cessent de demander des réponses à leur détresse.

Dans une lettre ouverte, les collectifs citoyens de Mayotte ont pris la plume pour dénoncer « l’insuffisance criante des mesures » de soutien. « L’arrivée des secouristes – techniciens, ingénieurs et personnels spécialisés – a été marquée par une lenteur inacceptable, et leur nombre reste dramatiquement en dessous des besoins réels », écrivent-ils. Les déchets s’accumulent – faisant redouter des risques sanitaires –, l’eau ne s’écoule plus des robinets, les denrées alimentaires manquent et l’électricité est encore coupée pour plus de la moitié des foyers.

Ces urgences d’ordre vital incitent les collectifs de Mahorais à réclamer des « mesures extraordinaires », notamment un « plan de reconstruction rapide et structuré » de l’archipel. Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, a exhorté le premier ministre à transformer « (ses) paroles en actes ». Dans un courrier, il lui reproche également ne pas s’être rendu « immédiatement » à Mayotte et d’avoir « cherché à relativiser l’importance de la catastrophe ».

Mayotte, dernière priorité de l’exécutif ?

François Bayrou ne peut se permettre de se prendre les pieds dans le tapis tant les précédentes visites du pouvoir se sont révélées être des échecs. Les citoyens meurtris ont d’abord été rabroués par Emmanuel Macron, le jeudi 19 décembre, qui s’est illustré par un abject paternalisme colonial.

Toute honte bue, il s’est alors époumoné face aux Mahorais endeuillés : « Si ce n’était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde. Il n’y a pas un endroit de l’océan Indien où on aide autant les gens ! » Avant cela, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, dépêché sur place en premier, s’est lui distingué en déroulant ses obsessions habituelles sur le contrôle de l’immigration et des expulsions.

Selon lui, il faudrait « traiter, avec la plus grande détermination, la question migratoire. Mayotte est le symbole de la dérive que les gouvernements ont laissé s’installer sur cette question », écrit-il sur X. François Bayrou fera-t-il mieux que de rudoyer les habitants ou d’imposer une lecture stigmatisante du drame des Mahorais ?

L’archipel, dévasté par le cyclone tropical, n’a jamais semblé être la priorité du président du Modem. Trois jours après sa nomination, le 16 décembre, le locataire de Matignon a préféré s’envoler en direction du conseil municipal de son fief de Pau plutôt que de se rendre à Mayotte, 48 heures après le passage de Chido.

Un ordre des priorités qui lui a été reproché lors de sa première séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale le lendemain. « Il n’est pas d’usage que le premier ministre et le président quittent en même temps le territoire national », avait-il alors répondu, provoquant la consternation de l’opposition. Ian Brossat, sénateur PCF, dénonçait alors un « naufrage » par une publication X.

Enfin, le premier ministre a également eu la politesse d’annoncer la composition de son gouvernement… le jour du deuil national en solidarité avec les Mahorais. « C’est tellement méprisant, tellement grave, tellement médiocre », avait alors déploré Estelle Youssouffa, députée Liot de Mayotte, au micro de France Inter. 

«Après la crise nous devrons ensemble tirer tous les enseignements. Il faudra notamment tenir compte des propositions faites par l’Assemblée nationale et le Sénat dans le cadre des commissions d’enquête sur la situation explosive des Outre-Mer, en matière de logement, de vie chère ou encore de gestion des risques naturels majeurs.» déclarait le 17 décembre Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.

 

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Recherche

30 Décembre 2024, 07:46am

Publié par PCF Villepinte

Défendre la recherche agronomique

Publié le 28 décembre 2024

Le 28 novembre dernier des représentants du syndicat FNSEA ont érigé un mur dit « des contraintes » devant le siège de l'organisme de recherche agronomique INRAE, prétendant que l'excès de réglementation environnementale auxquels ils seraient soumis serait causée par les travaux des scientifiques de l'organisme.

Le PCF apporte tout son soutien à  la légitime indignation de la communauté scientifique face à cette brutale mise en cause totalement injustifiée. Les agriculteurs responsables de ces attaques se trompent d’adversaire.

L'agriculture française est en crise. Elle est malade des règles du libéralisme économique prôné par les dirigeants de la commission européenne. Elle est malade des contraintes imposées par l'agro-industrie et la grande distribution. 

Elle est malade d'un modèle agricole qui abîme la terre et détruit son environnement.  Le capitalisme épuise la terre comme il épuise les hommes pour en tirer le maximum de profit, comme le disait déjà Marx au 19eme siècle.

Le PCF propose d'organiser un Grenelle de l’agriculture pour construire un pacte d'avenir avec les agriculteurs de notre pays. Parmi les 15 propositions du PCF pour sortir de la crise figurent entre autres :

- La mise en place de prix planchers pour les productions agricoles de manière à assurer une juste rémunération
-  La remise en cause des accords internationaux de libre échange comme le traité commercial UE-Mercosur et le portage de nouveaux accords de coopération
- Le doublement des fonds consacrés à l'aide à l'installation de jeunes agriculteurs et une refonte de la PAC
- L’instauration d’un plan de sortie progressif des produits phytosanitaires adossé d’un accompagnement financier et technique des agriculteurs concernés

Dans cette visée, la recherche scientifique, telle que menée par l'INRAE ou d'autres institutions publiques est une alliée incontournable du monde agricole et des consommateurs. Elle doit être soutenue par l'état à un bien plus haut niveau qu’aujourd'hui, où les politiques d'austérité et de soumission aux intérêts privés font rage.

 En matière de production agricole comme en d'autres, c'est la connaissance qui libère et épanouit, pas l'obscurantisme au service des intérêts des grands groupes.

Paris, le 28 décembre 2024

Parti communiste français.

 

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Politique

20 Décembre 2024, 19:42pm

Publié par PCF Villepinte

Dans l’opposition pour porter les exigences du monde du travail

Autre tentative de main tendue à l’adresse de la gauche, le locataire de Matignon a promis de ne pas utiliser l’arme du 49.3, « sauf s’il y a blocage absolu sur le budget ». © Gabrielle Cezard/Pool/ABACAPRESS.COM

Le Premier ministre a proposé de classer les formations politiques en trois cases.

Celle du dialogue avec le gouvernement, celle du soutien au gouvernement, enfin celle du dehors et du chaos.

Nous avons rappelé que la démocratie est exigeante.

Nous sommes aujourd’hui dans l’opposition à un Premier ministre non issu de la gauche parce que nous en contestons la légitimité démocratique.

Nous n’avons jamais été et ne serons jamais dans une opposition chaotique.

La force d’une démocratie c’est la vitalité et le respect de son opposition. La force d’une démocratie c’est le respect du suffrage universel. La force d’une démocratie c’est sa capacité à entendre et mettre en œuvre la volonté de changement majoritaire chez nos concitoyens.

Nous avons exprimé notre solidarité avec tous les habitants de Mayotte et l’impérieuse nécessité d’une reconstruction d’ampleur au plus vite.

Nous avons exprimé notre profond désaccord sur la volonté de certains de poursuivre l’examen d’un projet de loi de finances déposé par un gouvernement démissionnaire, dont la première partie a été rejetée à l’Assemblée nationale, et dont la première partie au Sénat a été frappée d’une seconde délibération évacuant toutes mesures progressistes.

L’urgence budgétaire n’est pas celle d’un budget à tout prix mais celle d’un budget emprunt de justice sociale et fiscale.

Nous avons pleinement conscience des urgences et nous avons proposé de réunir, dès le gouvernement nommé, le Parlement pour examiner un projet de loi portant diverses dispositions spéciales en matière fiscale et sociale.

Ainsi nous pourrions délibérer au plus vite sur l’indexation du barème de l’impôt, le chèque restaurant, l’abonnement transports, les aides agricoles, le PTZ, et répondre à l’urgence de Mayotte, de la Nouvelle-Calédonie et des territoires ultramarins.

Nous actons la volonté de replacer les partenaires sociaux au cœur d’une réflexion sur les retraites mais dénonçons la volonté de ne pas abroger et de continuer à appliquer une loi largement rejetée par nos concitoyens.

L’heure est grave pour notre pays, nos concitoyens sont inquiets, ils voient leur pouvoir d’achat se réduire, leurs emplois supprimés ou menacés. Il y a urgence à remettre le Parlement au cœur de la vie démocratique de notre pays, à bâtir des politiques ambitieuses au service de tous.

Nous ne serons jamais de ceux qui donneront les clés de la république au RN. Nous serons toujours de ceux qui agiront pour le progrès social et l’égalité des territoires.

La démocratie est exigeante. Elle oblige ceux qui gouvernent à prendre à bras le corps l’exigence de changement. La continuité serait un signe de mépris envoyé à nos concitoyens.

C’est dans cette perspective que les communistes, les parlementaires communistes prendront toutes leurs responsabilités et agiront dans les jours et les semaines à venir.

Déclaration du 19 décembre de 2024 de
Cécile Cukierman, présidente du groupe CRCE-K au Sénat,
Stéphane Peu, député de la Seine-Saint-Denis
et de Fabien Roussel, Secrétaire national du PCF

 

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Elections TPE :

20 Décembre 2024, 19:36pm

Publié par PCF Villepinte

 la CGT loin devant !

La CGT conforte sa place de première organisation représentative des salarié·es des très petites entreprises avec 27,64% des voix, et creuse l’écart en finissant près de 13 points devant la 2e organisation syndicale.

Pour la quatrième fois, les 5 millions de salarié·es des très petites entreprises (TPE, moins de 11 salarié·es) ont été appelé·es à voter pour les élections professionnelles du 25 novembre au 9 décembre dernier. Ces élections déterminent la capacité des syndicats à négocier au niveau des branches comme au niveau interprofessionnel. Elles définissent la composition des Commissions Paritaires Régionales Interprofessionnelles (CPRI) et le nombre de conseillers et conseillères prud'homaux. 

La CGT en ressort victorieuse ! Elle conforte sa place de première organisation représentative des salarié·es des très petites entreprises avec 27,64% des voix, et creuse l’écart en finissant près de 13 points devant la 2e organisation syndicale. La CGT, ses candidates et candidats remercient les électrices et électeurs qui nous ont témoigné leur confiance. C’est un message fort envoyé en direction des pouvoirs publics et des entreprises : par ce vote, les salarié·es des TPE ont fait le choix du syndicalisme de lutte et de proximité porté par la CGT pour conquérir de nouveaux droits.

Ce vote renforce la détermination de la CGT à agir avec les salarié·es des TPE pour gagner notamment : 

  • Des augmentations immédiates des salaires face à une inflation devenue pour l’immense majorité insupportable ;
  • La 6ème semaine de congés payés ;
  • Un droit aux vacances, aux activités culturelles et à la pratique d’une activité sportive de qualité comme le permettent les CSE pour tous les autres salarié·es.

Ce vote est un signal d’envergure adressé au patronat et au gouvernement, d’autant qu’il se conjugue à l’annonce d’une CGT en progression de ses effectifs. Ainsi, nous proposons aux salarié.es des TPE de nous rejoindre et d’agir avec nous.

 

Pourtant ces élections n’ont mobilisé que 4,09% de votant·es, soit 218 926 salarié·es. La CGT dénonce les nombreux dysfonctionnements observés tout au long de ce scrutin qui ont empêché la participation. Dans un sondage dévoilé par la CGT en octobre 2024, plus de 50% des salarié·es des TPE n’étaient même pas au courant de ces élections ! 

Les pouvoirs publics n’ont pas joué leur rôle : peu d’information auprès des salarié·es, non-inscription de certain·es électeur·trices, non réception des courriers pour voter, difficultés d’accessibilité au vote en ligne... 

Depuis la suppression des élections aux conseils de prudhommes en 2014, la représentativité des organisations syndicales est définie par l’agglomération des résultats aux élections CSE et aux élections TPE.  Résultat : la participation s’est effondrée et des millions de salarié·es sont exclus du vote : les privé·es d’emploi, les salarié·es des entreprises dans lesquelles il n’y a pas de candidat·es au CSE et la grande majorité des salarié·es des TPE. La CGT appelle les pouvoirs publics à remédier à ce grave problème démocratique ! 

 

La CGT appelle donc le gouvernement et le patronat à : 

  • Revoir les modalités d’organisation des prochaines élections pour les faire évoluer vers un vote sur liste avec une période de vote commune à tou·tes les salarié·es issu·es des petites et grandes entreprises, du public et du privé ;
  • Ouvrir des négociations pour faire évoluer les CPRI : elles doivent être organisées en proximité, à maille départementale et disposer de vraies prérogatives et moyens d’intervention pour les élu·es ;
  • Rétablir les élections aux conseils prudhommes.

 

A Montreuil, le 20 décembre 2024

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Communiqué de presse - élections TPE, la CGT loin devant

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DOCTOLIB

16 Décembre 2024, 19:54pm

Publié par PCF Villepinte

Pourquoi il faut en finir avec Doctolib : le coup de gueule de Christophe Prudhomme, médecin urgentiste

L'Humanité 16 12 2024 

Comment faire confiance à une société qui stocke ses données sur les serveurs d’Amazon soumis aux règles américaines qui autorisent la vente de ces données ? Et qui pourrait, à un moment donné, être racheté par un groupe comme Amazon ou Google ? Le coup de gueule de Christophe Prudhomme.

Les médecins ne disposant plus de secrétariat ont confié leur prise de rendez-vous à l’application Doctolib. Pour ceux qui maîtrisent l’outil numérique, la recherche d’un professionnel de santé et la prise de rendez-vous ont été facilitées. Cependant, l’absence de contact direct ne permet plus d’expliquer à son médecin son problème pour adapter le délai de la consultation ou pouvoir bénéficier d’un conseil.

Après s’être arrogé une place de quasi-monopole dans la gestion des consultations, Doctolib propose un espace de stockage centralisé des données de santé. L’argument reste toujours de faciliter le travail des médecins. Mais c’est là que le bât blesse. En effet, les données de santé, très sensibles, valent de l’or. C’est la raison pour laquelle la Sécu a mis en place un carnet de santé numérique, « Mon espace santé », avant d’éviter justement la captation de ces données par des sociétés commerciales.

Comment, alors, accepter que des données personnelles confidentielles, couvertes par le secret médical, tombent dans les mains de marchands qui, quels que soient les contrôles et les règles édictés, chercheront à les contourner pour maximiser leurs profits ? Comment faire confiance à une société qui stocke ses données sur les serveurs d’Amazon soumis aux règles américaines qui autorisent la vente de ces données ?

330 millions par an d’argent de la santé qui finit dans leurs poches

Qui plus est, la structure financière de Doctolib est particulièrement opaque. La société annonce n’avoir pas fait de bénéfices jusqu’à présent, mais elle est valorisée à plus de 6 milliards d’euros. Il s’agit typiquement de ce qu’Emmanuel Macron et ses amis financiers appellent une licorne, qui bénéficie de nombreuses aides directes et indirectes de l’État ; avec 100 000 à 150 000 professionnels abonnés à un coût moyen de 200 euros par mois, c’est plus de 330 millions par an d’argent de la santé qui finit dans les poches de Doctolib ! Et qui pourrait, à un moment donné, être racheté par un groupe comme Amazon ou Google !

La seule garantie d’une sécurisation minimale des données est que ce soit l’assurance-maladie qui en assure le stockage et la gestion. Pour cela, il est urgent que la montée en charge de « Mon espace santé » s’accélère et que cet outil numérique propose de gérer les rendez-vous des médecins. Sur cette question, comme toujours, la profession médicale argumente qu’elle ne veut pas être sous la coupe de la Sécu. Mais est-ce mieux d’être sous celle d’Amazon ? Il est donc urgent d’exclure Doctolib de cette activité avant que cette affaire ne devienne un scandale du même type que celui des Ehpad ou des crèches.

 

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Bayrou premier ministre :

16 Décembre 2024, 07:51am

Publié par PCF Villepinte

 Farce tragique à Matignon

 

Maud Vergnol L'Humanité 15 décembre 2024

On prend les mêmes et on recommence. Comme si la censure n’avait jamais existé. Comme si les Français n’avaient pas rejeté sa politique à deux reprises. En nommant François Bayrou à Matignon, après un vaudeville pathétique, Emmanuel Macron compte remettre en selle la politique qui a mené le pays dans l’impasse. L’« époque nouvelle » qu’il a promise consiste donc à nommer son soutien de la première heure.

Un homme de 73 ans, vieux briscard de la droite qui prétend aimer le « compromis » et « l’« intérêt général », remplace donc un autre homme de 73 ans, vieux briscard de la droite qui prétend aimer… le « compromis » et l’« intérêt général ». Pire, les conditions de sa nomination – Bayrou aurait menacé le chef de l’État d’appeler à sa destitution s’il ne le nommait pas à Matignon –, en disent long sur la fébrilité d’Emmanuel Macron et la décrépitude de ce qu’il reste du « camp présidentiel ».

Mais le maire de Pau affirme qu’il sera, lui, « un premier ministre de plein exercice ». La précision sonne comme un aveu. François Bayrou doit désormais composer un gouvernement. Les quatre formations du Nouveau Front populaire ont d’ores et déjà annoncé qu’elles refusaient de participer à cette mascarade orchestrée par le chef de l’État, qui ne cède pas d’un pouce sur son projet politique.

Le nouveau premier ministre est comptable de l’échec cuisant de la politique macroniste, de la pauvreté et de la désespérance sociale semées depuis sept ans. Ce choix est suicidaire : il ne garantit en rien la « stabilité » que le président de la République appelle de ses vœux. Il n’est question que de la « stabilité » de son cap politique.

 

Dans ces conditions, on voit mal comment ce nouvel attelage pourra éviter la censure, à moins de nouvelles compromissions avec l’extrême droite. Maître de la voltige politicienne, ce cynique duo exécutif espère débaucher quelques anciennes figures hollandistes pour tenter de diviser le parti socialiste, et le faire douter en cas de prochaine censure.

Mais le pays va trop mal pour subir ces tambouilles pendant encore trois ans. Les Français ont remis les pendules à l’heure à deux reprises. L’aventure présidentielle de l’autoproclamé « maître des horloges » a commencé en 2017 grâce à François Bayrou. Elle risque de finir, plus tôt que prévu, avec lui.

 

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CRISE

13 Décembre 2024, 22:43pm

Publié par PCF Villepinte

François Bayrou nommé Premier ministre : réaction du Parti communiste français

Publié le 13 décembre 2024

En nommant un Premier ministre de son camp, Emmanuel Macron ne respecte pas, une nouvelle fois, le choix des urnes qui aurait dû le conduire à nommer un Premier ministre de gauche issu de la coalition arrivée en tête.

Cette nomination est un très mauvais signal envoyé au pays.
François Bayrou va-t-il s’obstiner à vouloir imposer une politique qui a échoué et qui a été sanctionnée aux dernières élections législatives ?

Le PCF exige un changement profond de cap politique !

Lors de la dernière rencontre à l’Elysée, les forces de gauche présentes se sont engagées en cas de nomination d’un Premier ministre issu de nos rangs à ne pas utiliser l’article 49-3 de la Constitution lors de l’examen du projet de loi de finances 2025.

Cet engagement vaut obligation pour le gouvernement, pour chaque texte de loi, à trouver une majorité, garantie permettant de redonner au travail parlementaire toute sa place.

Ainsi, nous posons la question au Premier ministre : François Bayrou est-il prêt à ne pas utiliser l’article 49-3 ?

Pour notre part, nous continuerons à porter avec détermination les exigences des Français et des Françaises en proposant l’abrogation de la réforme injuste des retraites, l’indexation des salaires et des pensions, des mesures pour mettre fin à l’hémorragie industrielle en cours dans notre pays, des moyens pour les services publics, pour les Outre mer, les collectivités, pour baisser le coût de l’énergie et une action diplomatique plus forte en faveur de la Paix.

Nous appelons les travailleurs et travailleuses, les étudiant·es, la jeunesse, les retraité·es, les élu·es locaux·ales engagé·es pour le service public, à agir ensemble, à refuser la dictature des marchés financiers et à construire des rassemblements populaires et majoritaires pour gagner un changement de politique.

Parti communiste français,

Le 13 décembre 2024.

 

 

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Pensions

12 Décembre 2024, 12:37pm

Publié par PCF Villepinte

Communiqué de presse de la CGT :

Défaite pour le gouvernement sur les revalorisations des pensions de retraite

C’est une première bataille gagnée pour les retraité·es. Alors que le gouvernement avait prévu une revalorisation pour moitié en deux temps et pas pour tous les retraité·es, qu’on nous applique, a minima, le code de la Sécurité sociale n’est que justice.

Ce n’est malgré tout pas suffisant pour garantir le niveau des pensions des retraité·es, notamment sur les plus petites, qui subissent de plein fouet l’augmentation des dépenses incompressibles et contraintes (frais de santé, nourriture, énergie…).

À force de refuser d’entendre les revendications sociales portées par la CGT, notamment sur ce sujet, à travers les organisations de retraité·es tel que l’UCR CGT, le gouvernement a chuté.

C’est un signal fort et une leçon à retenir pour tout prochain gouvernement !

Montreuil, le 10 décembre 2024

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France Afrique

12 Décembre 2024, 08:08am

Publié par PCF Villepinte

France-Afrique :
La fin d’une ère

Publié le 11 décembre 2024

Après plus d’un siècle de présence, la demande de départ des militaires français du Sénégal marque un tournant historique majeur.

Cette décision, qui coïncide avec la dénonciation par le Tchad de l’accord de défense le liant à la France, représente un camouflet sévère pour Emmanuel Macron. Cependant, elle s’inscrit dans un processus plus profond et ancien, amorcé à la fin de la Guerre froide en 1989. À cette époque, bien que l’ordre mondial soit en mutation, Paris parvenait encore à maintenir une influence significative sur ses anciennes colonies.

Les interventions militaires en Côte-d’Ivoire (2010-2011), en Libye (2011) et au Mali (2013) ont renforcé l’illusion que la France pouvait encore jouer un rôle de stabilisateur régional. Mais ces actions, présentées comme des réussites, n’étaient en réalité que le chant du cygne d’un système néocolonial en déclin. Derrière leur apparente efficacité, elles ont contribué à renforcer les ressentiments locaux, nourrissant un rejet croissant de la présence française, perçue comme paternaliste et intrusive. Ce rejet a précipité une remise en question profonde de la relation France-Afrique.

Après l’expulsion des troupes françaises du Mali en 2022, suivie du Burkina Faso et du Niger en 2023, la réduction de l’influence militaire française devient un symbole de rupture avec l’ordre hérité de la colonisation. Désormais, le Sénégal et le Tchad rejoignent ce mouvement de rejet. Comme le président sénégalais l’a affirmé : « Pourquoi faudrait-il des soldats français au Sénégal ? Cela ne correspond pas à notre conception de la souveraineté et de l’indépendance. » Ces propos traduisent l’ampleur d’un tournant historique, marqué par une aspiration irréversible des nations africaines à réaffirmer leur autonomie.

Ce contexte contraste avec les événements d’il y a une quinzaine d’années, lorsque Nicolas Sarkozy, alors président français, avait répondu par un silence méprisant à la demande du président ivoirien Laurent Koudou Gbagbo de retirer la force Licorne.

L’effondrement d’un système néocolonial

Depuis les indépendances, la France avait maintenu une influence forte en Afrique à travers des accords militaires, le franc CFA et une mainmise sur les élites politiques. Ce modèle de domination, souvent qualifié de «Françafrique», est aujourdhui en lambeaux. Les expulsions successives de ses bases militaires symbolisent leffondrement de la Pax Gallica. Lopération Barkhane, fleuron de la politique sécuritaire française au Sahel, sest révélée incapable de contrer linstabilité croissante, aggravant même parfois la perception d’une armée d’occupation.

Sur le plan économique, la dépendance au franc CFA, monnaie perçue comme un outil de contrôle monétaire, alimente depuis longtemps le ressentiment. Les réformes symboliques annoncées par Macron, loin de répondre aux aspirations des populations, n’ont fait qu’amplifier les critiques. La jeunesse africaine, en particulier, réclame une autonomie monétaire et économique, dénonçant une économie extravertie qui freine le développement durable.

Une Afrique par elle-même et pour elle-même

Le rejet de l’influence française s’inscrit dans un contexte plus large de transformations profondes sur le continent. L’Afrique d’aujourd’hui, forte de sa jeunesse et de ses élites émergentes, refuse le statu quo. Avec une population majoritairement âgée de moins de 25 ans, le continent regorge d’une énergie nouvelle portée par des aspirations panafricaines, souverainistes et progressistes. Ces jeunes, éduqués, connectés et souvent polyglottes, ne voient plus l’avenir de leur continent dans des relations héritées de la colonisation, mais dans un projet pensé par et pour les Africains.

Cette révolution générationnelle s’accompagne d’un renouvellement des élites politiques et économiques. Une nouvelle classe dirigeante, consciente des défis globaux et des opportunités offertes par un monde multipolaire, émerge dans des pays comme le Ghana, la Tanzanie, le Sénégal et l’Afrique du Sud. Ces dirigeants prônent une Afrique autonome, affranchie de tutelles étrangères, et tournée vers des partenariats équilibrés avec des puissances comme la Chine, la Russie, la Turquie ou encore les États-Unis.

L’Afrique se rêve désormais en acteur majeur de la scène internationale, investissant dans ses propres ressources humaines, naturelles et économiques. La renaissance de discours souverainistes, combinée à une mobilisation sociale sans précédent, traduit cette volonté de s’affranchir des relations asymétriques du passé.

La montée des alternatives

Face au déclin de l’influence française, les États africains diversifient leurs alliances géopolitiques. La Russie, la Chine, la Turquie et même les pays du Golfe jouent désormais un rôle clé sur le continent. La Russie a su exploiter le sentiment anti- politique de puissance de la France au Mali et en Centrafrique en proposant une coopération militaire perçue comme moins intrusive. De son côté, la Chine offre un partenariat axé sur le développement des infrastructures, séduisant les gouvernements en quête de résultats tangibles.

Cette réorientation traduit une aspiration profonde des Africains : une souveraineté totale sur leurs choix politiques et économiques. Cette quête d’indépendance, portée par une jeunesse mobilisée, s’impose comme le moteur d’une «deuxième indépendance», où les anciennes puissances coloniales sont invitées à repenser leur rôle.

Pour la France, l’heure n’est plus à la demi-mesure.

La succession de revers militaires et économiques doit inciter à un changement profond. Il s’agit de passer d’une logique de domination héritée du passé à un partenariat basé sur le respect mutuel et les bénéfices réciproques. Les coups portés à la Françafrique sont douloureux pour Paris, mais ils offrent une opportunité unique de refonder les relations avec un continent stratégique.

L’avenir de l’Afrique appartient d’abord aux Africains. À la France de choisir si elle veut être une partenaire de ce renouveau ou rester spectatrice d’une transformation qui redessine l’ordre géopolitique mondial. La page se tourne, et une ère incertaine mais prometteuse s’ouvre. Les communistes, convaincus de la nécessité d’une coopération juste et égalitaire, ne ménageront aucun effort pour promouvoir ce changement radical. Ils continueront à soutenir les forces progressistes des deux rives, dans la construction d’un partenariat respectueux et mutuellement bénéfique.

Félix Atchadé
responsable du collectif Afrique du PCF 

 

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