Nos revendications sont majoritaires et doivent être appliquées
Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte
Les communistes de villepinte vous invitent à utiliser ce blog comme point de rencontre et d'échanges concernant la situation politique ,économique ,sociale et environnementale du local à l'international.
Publié le 23 juillet 2024
La réunion des responsables des partis du Nouveau Front Populaire a conclu positivement ses travaux ce mardi 23 juillet, 16 jours après le résultat des élections législatives qui ont fait de la coalition la première force à l’Assemblée nationale.
Elle présente au président de la République la proposition de nommer Première ministre Madame Lucie Castets.
Animatrice de luttes associatives pour la défense et la promotion des services publics, activement engagée dans le combat d’idées contre la retraite à 64 ans, haute fonctionnaire ayant travaillé à la répression de la fraude fiscale et de la criminalité financière, issue de la société civile, elle sera forte de notre engagement complet à ses côtés dans le gouvernement qu’elle dirigera.
Prêt au travail commun, le Nouveau Front Populaire appelle notre peuple à s’impliquer par son action dans la réussite de la mise en œuvre de son programme pour satisfaire ses aspirations à une vie digne et répondre à la crise environnementale.
Le Président de la République se moque bien des Français. Voilà le ressentiment qui monte dans notre pays aujourd’hui, conjugué avec beaucoup de colère. Car malgré deux défaites aux élections européenne et législatives, le camp présidentiel ne lâche pas le pouvoir.
Il ose même renvoyer dos à dos le Rassemblement national et les forces politiques du Nouveau Front Populaire, justifiant ainsi ses petits arrangements politiciens pour empêcher le NFP d’accéder aux responsabilités.
Pourtant, les Françaises et les Français ont, ces dernières semaines, exprimé à trois reprises dans les urnes leur volonté de changement. Certes en utilisant des bulletins différents, mais à chaque fois avec la même volonté, la même colère, le même objectif : en finir avec la politique d’Emmanuel Macron.
En refusant le changement, c’est tout le processus démocratique, toutes les institutions de la République qui se trouvent fragilisées.
Malheureusement, la France a un Président de la République prêt à tout pour garder le pouvoir et poursuivre sa politique en faveur des plus riches et de la finance. Pêché d’orgueil ? Pression du monde de la finance ? L’histoire le dira.
Mais nous sommes arrivés au bout d’une histoire.
Celle de la Cinquième République, dévoyée jusqu’au bout par un pouvoir utilisant tous ses articles pour empêcher la démocratie de vivre.
Celle du barrage républicain qui permet à des candidats macronistes ou de droite de se faire élire grâce aux voix de la gauche mais qui se permettent ensuite de les trahir dans l’hémicycle.
Celle d’une droite républicaine en décomposition, filant toujours plus vers l’extrême-droite.
Celle de forces de gauche et écologistes obnubilées pour partie par la présidentielle avec un Jean-Luc Mélenchon qui se rêve déjà au second tour face à Marine Le Pen en 2027. C’est mortifère.
Ces derniers mois révèlent au grand jour la grande détresse d’un pays qui a perdu sa boussole républicaine : la défense des intérêts du peuple d’abord.
C’est au nom de cette boussole que notre République s’est construite, de 1789 à la Résistance et la Libération quand la nation a su se rassembler pour reconstruire le pays. Cette culture de l’intérêt général a disparu. Les intérêts particuliers, ceux de la finance, notamment, ont pris le dessus.
C’est un symbole important que la parution du classement, ce 20 juillet 2024, des 500 plus grandes fortunes de France, dont le patrimoine a encore grandi, au lendemain du hold-up de la macronie et de la droite sur l’Assemblée nationale.
En 7 ans de pouvoir, ceux-là ont vu leur patrimoine plus que doubler ! 1 228 milliards d’euros en 2024 contre 570 Milliards en 2017, soit 115% de hausse ! A l’évidence, les salaires n’ont pas vu la même progression depuis l’élection d’Emmanuel Macron à l’Elysée!
En 7 ans de pouvoir macroniste, le nombre de travailleurs au SMIC est passé de 12% à 17% !
Tout augmente, le nombre de milliardaires comme le nombre de Smicards. L’un ne va d’ailleurs pas sans l’autre.
Les caisses de l’État ont été vidées par ces gouvernements qui ont d’abord servi les grandes fortunes.
Plus de 70 milliards de cadeaux fiscaux par an pour les plus riches, pour les actionnaires du CAC 40, pour le monde de la finance.
Comment financer des services publics efficaces, garantir les meilleurs écoles pour tous nos enfants, quels que soient leurs origines sociales ou leur lieu d’habitation ? Comment assurer la tranquillité publique, protéger nos concitoyens de la drogue ou de balles perdues, lutter contre la corruption, les fraudeurs fiscaux, quand tous les moyens de l’Etat sont laissés à l’abandon?
Quand L’État fout le camp, tout fout le camp.
Emmanuel Macron a laissé la France à l’abandon. Y compris sur la scène internationale, préférant soutenir les voies de la guerre plutôt que celles de la Paix, en Ukraine comme au Proche-Orient, totalement aligné derrière la politique américaine.
Dans les mois qui viennent, il devra assumer cette situation:
Une impasse démocratique avec des gouvernements qui tomberont dès la première motion de censure, qu’ils soient de droite ou même du NFP. Après cette dissolution, la France est ingouvernable.
Une impasse politique pour les Français qui ne verront jamais le changement attendu. Leur colère va grandir. Comment va t-elle s’exprimer ? Je ne sais pas mais je serai à leurs côtés pour qu’ensemble, nous arrivions à les battre définitivement.
Mais aujourd’hui, à la veille de partir en vacances, je veux dire clairement au Président de la République : vous avez semé le chaos. Vous en assumerez toutes les responsabilités.
Ne comptez pas sur nous pour vous apporter le moindre soutien, ni aujourd’hui, ni demain.
La seule issue viendra du peuple, du mouvement social et des forces politiques qui, comme nous, n’ont jamais perdu leur boussole.
Nous ferons appel au peuple, à l’intervention citoyenne, à toutes les forces vives de la nation, syndicales, associatives, citoyennes.
Nous resterons unitaire pour deux au sein des forces de gauche et écologistes pour construire l’espoir du changement, malgré tout.
Nous prendrons toute notre place au Parlement, avec les sénateurs, sénatrices et députés communistes et apparentés pour défendre tout ce qui ira dans le bon sens et censurer tout ce qui portera atteinte à nos concitoyens.
Nous serons encore plus présents dans les villes, les départements, les régions ou les élus communistes exercent leurs mandats dans la plus grande proximité, avec beaucoup d’honnêteté et de sincérité, avec l’objectif à chaque fois d’être les plus utiles et les plus efficaces.
Nous serons de tous les combats, dans les villes, les villages, au plus près des attentes des salariés, de la jeunesse, des habitants des grandes villes comme de la ruralité. La dignité de chacun, la Paix comme le climat sont au cœur de notre engagement.
Nous gardons intact l’espoir de bâtir des Jours Heureux. Nous y mettrons toutes nos forces dès la rentrée prochaine.
Rendez-vous à la fête de l’Humanité !
Exclusif : Périclès, le projet secret de Pierre-Édouard Stérin pour installer le RN au pouvoir
« 150 millions d’euros sur les dix prochaines années » pour promouvoir des « valeurs clés » de l’extrême droite, « servir et sauver la France » : le projet Périclès, dont l’Humanité publie les détails, fixe les ambitions du milliardaire Pierre-Édouard Stérin pour porter le RN au pouvoir.
L'Humanité Thomas Lemahieu
Avec Périclès, Pierre-Édouard Sterin peaufine son plan pour faire arriver l’extrême droite au pouvoir.
© Stephane LAGOUTTE/Challenges-REA
Daniel Kretinsky l’a annoncé ce jeudi : il ne vendra pas son hebdomadaire Marianne au milliardaire Pierre-Édouard Stérin, dont les actifs sont évalués à 1,2 milliard d’euros. La proximité de ce dernier avec l’extrême droite lui aurait-elle coûté l’affaire ?
Patron d’Otium Capital, de Smartbox et du Fonds du bien commun, Pierre-Édouard Stérin continue à démentir. Catholique, conservateur, libertarien et exilé fiscal – il s’est installé en Belgique en 2012 –, celui que l’Humanité Magazine présentait en début d’année comme le « saint patron de l’extrême droite », n’en démord pas. « Je suis engagé, écrit-il à l’Humanité, mais mon engagement n’est pas partisan, à ce titre je revendique cette neutralité. Comme vous avez pu le voir, j’échange et soutiens des personnalités de différents partis et sensibilités de la droite. »
150 millions d’euros pour faire gagner l’extrême droite dans les urnes et dans les têtes
Un document ultra-confidentiel, établi à l’automne 2023 et que l’Humanité a pu consulter, dit pourtant tout le contraire sur une vingtaine de pages dont nous révélons les grandes lignes aujourd’hui. Cette feuille de route vise très explicitement à installer au pouvoir en France une alliance de l’extrême droite et de la droite libérale conservatrice.
Ce projet politique, rédigé comme un business plan de start-up, détaille un plan global et systémique en une série d’étapes savamment coordonnées, avec un rétroplanning, des « cibles » à approcher, des « talents » à recruter…
Avec Périclès, Pierre-Édouard Stérin ambitionne de déployer 150 millions d’euros sur les 10 prochaines années.
Document l’Humanité
Son « nom de code », Périclès, avait déjà été dévoilé par la Lettre A, en avril. Tout comme l’identité de certains de ses protagonistes, issus, pour une bonne part, de la galaxie financière d’Otium Capital ou de réseaux tissés avec des « Républicains », l’entourage de Zemmour ou directement au RN… Mais comme en témoignent nos révélations en détail, cette opération secrète imaginée par Pierre-Édouard Stérin et ses proches, c’est bien plus que ça !
Un acronyme, d’abord, constitué à partir d’une litanie explicite : « Patriotes Enracinés Résistants Identitaires Chrétiens Libéraux Européens Souverainistes. » Un objectif, ensuite : « Notre projet découle d’un ensemble de valeurs clés (liberté, enracinement et identité, anthropologie chrétienne, etc.) luttant contre les maux principaux de notre pays (socialisme, wokisme, islamisme, immigration). Pour servir et sauver la France, nous voulons permettre la victoire idéologique, électorale et politique. »
Périclès défend les valeurs de l’extrême droite.
Document l’Humanité
Dans cette grande ambition, autant que pour ses activités de charité – bien ordonnées, toutefois, vers l’école privée ou les anti-IVG – qu’il met systématiquement en avant, l’homme d’affaires ne lésine pas sur les moyens, promettant à Périclès un budget de 150 millions d’euros sur les dix prochaines années.
Pour limiter « le risque légal et réputationnel » d’un tel lien financier, des précautions sont prises. Ainsi, les promoteurs de Périclès ont créé, il y a un an, pile-poil, une « association mère » qui a pour objet de « développer et soutenir tout projet visant au rayonnement de la France, au respect de sa culture, à la préservation de son identité et de ses traditions ». Une autre structure associative, domiciliée à l’adresse du siège parisien d’Otium Capital et du Fonds du bien commun, a été montée au printemps, avec trois des dirigeants recrutés pour Périclès comme représentants légaux.
Au-delà de la phase d’« incubation » de Périclès, Stérin entend s’impliquer à chaque étape : c’est, par exemple, sur le propre réseau social professionnel du milliardaire libertarien que repose une bonne part de la recherche des candidats destinés à constituer une « réserve » de plus de 1 000 personnes « alignées » sur ses valeurs et aptes à gouverner en 2027 en cas de victoire de Le Pen à la présidentielle.
« La réserve est encore au stade de projet », se défend Pierre-Édouard Stérin. Pas davantage de porosité, assure-t-il, entre Périclès et ses différentes structures financières. « Le projet Périclès est séparé des autres projets, notamment du Fonds du bien commun, avec des locaux différents, équipes différentes et flux financiers distincts », répond Stérin à l’Humanité. Également sollicité, Alban du Rostu, directeur du Fonds du bien commun, qui revendique dans son manifeste être « apolitique », n’a pas répondu à nos questions.
« 300 villes à gagner absolument par le RN en 2026 »
Périclès, ce n’est pas seulement une structure et un financement. C’est aussi un programme qui voit loin – jusqu’en 2032 – et qui se décline en autant d’actions multifacettes. L’année dernière, près de 3,5 millions d’euros ont été distribués au titre d’un « essaimage » à des bénéficiaires – non identifiés explicitement – engagés pour « la famille, base de la société », contre la « théorie du genre », pour « la préférence nationale », contre la « laïcité agressive », pour la « place particulière du christianisme » et contre « l’assistanat », etc. Autour de ces thèmes gravite une galaxie de lobbies dirigés par des « auditeurs » de l’Institut de formation politique (IFP), dirigé par Alexandre Pesey, intronisé « conseiller opérationnel » de Périclès.
À ses côtés, Nicolas Govillot, dirigeant de haut rang au sein du Crédit mutuel. « Jusqu’en avril dernier, M. Govillot était en charge de l’investissement pour les Assurances du Crédit mutuel, l’un des investisseurs majeurs en France. De ce fait, il est naturel que M. Govillot ait des échanges avec les principaux investisseurs français, dont monsieur Stérin fait partie, assume un porte-parole des ACM. M. Govillot n’a aucun autre engagement en dehors de ces fonctions. Il n’occupe aucune fonction dans le projet que vous citez. »
Parmi les grands « projets organiques » de l’opération Périclès, engagés en 2023, une « guérilla juridique » conduite par un collectif d’une vingtaine d’avocats, avec à sa tête le Belge Aymeric de Lamotte, qui ambitionne de lancer à terme une quarantaine de procédures par an. Autre mission : du « conseil opérationnel » en vue des municipales, au service exclusif des lepénistes, avec l’objectif de « 300 villes à gagner absolument par le RN en 2026 ».
Objectif annoncé : faire gagner 300 mairies au RN.
Document l’Humanité
Une « école des futurs maires » a été mise en place, il y a trois mois, sous la marque Politicae. Présentées comme « non partisanes » et purement techniques, ces formations en ligne, délivrées par des élus locaux – dont l’un, Antoine Valentin, maire de Saint-Jeoire (Haute-Savoie), figure parmi les candidats LR-RN battus aux législatives –, ne tournent pas encore à plein régime.
Sous la direction de Philippe de Gestas, ex-secrétaire général du Mouvement conservateur – un micro-parti issu des rangs de la Manif pour tous rentré à l’UMP via Sens commun et rallié à Reconquête ! lors des européennes –, Politicae a déjà procédé à plusieurs recrutements avec, pour objectif final, « faire gagner, en 2026, plus de 1 000 maires de petites et moyennes communes ».
Afin d’alimenter le narratif en faveur de l’union des droites extrêmes, Périclès entend encore financer des « baromètres » dédiés à l’insécurité, à l’immigration et à « l’extrême gauche ». L’achat d’un institut de sondage est envisagé. Mais le projet le plus central est sans doute la mise en place du « premier think tank de droite en France ».
Pour parvenir à cet objectif, Périclès n’écarte pas l’option d’un « achat », là aussi, de structures existantes : l’Institut Thomas-More, créé par Charles Millon, ou la Fondation du Pont-Neuf, liée à Charles Beigbeder…
Bien peser le pour et le contre
Document l’Humanité
Installer une « présence proche » avec des responsables politiques d’extrême droite
Dans le document que révèle l’Humanité, une page attire particulièrement l’attention. Y figurent les portraits des grands noms de la droite et de l’extrême droite, de Nicolas Sarkozy à Laurent Wauquiez ou Marion Maréchal, avec lesquelles Périclès entend installer une « présence proche » afin de gagner leur « confiance » et une « influence réelle » sur eux.
Sans surprise, ce sont Marine Le Pen et Jordan Bardella qui figurent au firmament de ce classement. Mais Éric Ciotti y trouve aussi une bonne place. « Comme vous pouvez le constater des échanges sont en cours ou prévus avec des personnalités de toutes les sensibilités de droite, d’Horizons, de LR, de Reconquête, du RN ou de personnalités non affiliées », répond Stérin aux questions de l’Humanité.
Périclès déploie sa toile au sein des politiciens de droite.
Document l’Humanité
Présent dans la salle lors du dévoilement du projet, l’ex-premier ministre François Fillon tempère son implication dans Périclès. « Comme vous le savez, j’ai quitté la vie publique et je ne participe à aucun parti, ni à aucune organisation politique, soutient-il en réponse à nos questions. J’ai rencontré Pierre-Édouard Stérin et assisté à une présentation de son cercle de réflexion, mais je n’y participe d’aucune façon. Je considère cependant que tous les projets pour renouveler la pensée de la droite en France sont les bienvenus et ce n’est pas l’Humanité qui peut contester l’utilité d’une réflexion idéologique et d’écoles de formation des cadres ! »
François Fillon ne serait pas la seule personnalité politique approchée, via le projet Périclès, par Pierre-Édouard Stérin. « Je peux simplement vous confirmer que nous avons échangé avec une demi-douzaine d’anciens ministres de droite des gouvernements de Nicolas Sarkozy et d’Emmanuel Macron au cours des derniers mois », reconnaît l’intéressé. « Le contexte politique actuel a fortement augmenté ma volonté d’agir au service des droites, qui sont majoritaires mais dont la division conduira peut-être à un gouvernement de gauche », ajoute le milliardaire.
Financements à fonds perdu et aide aux « ressources humaines » de campagnes politiques, volonté de poursuivre systématiquement les adversaires devant les tribunaux, conseils stratégiques, menées idéologiques… l’ambition de Périclès dépasse les frontières hexagonales. Un « voyage international (Hongrie) pour inspiration/alliances » est ainsi évoqué. Et, à l’horizon 2027-2032, une « présence dans cinq pays européens ».
Dans une tribune publiée jeudi par le Figaro, l’homme d’affaires officialise l’existence de ce « projet politique au sens noble du terme », selon lui « totalement indépendant » de ses activités économiques. « Je ne suis pas un homme politique et je ne le serai jamais », y assure-t-il.
Auprès de l’Humanité, il insiste sur « la nature confidentielle » du document que nous reproduisons : sa publication serait, prévient-il, constitutive « d’une divulgation du secret des affaires et pourrait exposer votre journal à des poursuites ».
Le piège LR-Macronie
se referme sur la gauche à l’Assemblée nationale
Avec 220 voix, Yaël Braun-Pivet est parvenue à se maintenir au Perchoir à la faveur de magouilles avec « Les Républicains ». Le candidat du Nouveau Front populaire, le communiste André Chassaigne, échoue de peu à la renverser.
L'Humanité Emilio MesletGaël De SantisLisa Guillemin
Yaël Braun-Pivet est élue présidente de l’Assemblée nationale, le 18 juillet 2024.
© REUTERS/Sarah Meyssonnier
Il leur fallait se sauver à tout prix. Quitte à verser dans la tambouille. Quitte à oublier que les Français viennent de voter aux législatives. Mais voilà venue la « clarification » attendue par Emmanuel Macron, qui a tout fait pour éviter d’avoir à reconnaître sa défaite électorale. À l’issue des trois tours de scrutin pour désigner le président de l’Assemblée nationale, le camp présidentiel a réalisé un hold-up. Les députés ont réélu Yaël Braun-Pivet, avec 220 voix.
Dont 17 voix de ministres démissionnaires toujours en poste au mépris de la séparation des pouvoirs inscrite dans la Constitution. La titulaire du Perchoir pour la mandature à venir ne doit sa survie qu’à un deal d’arrière-cuisine avec « Les Républicains » (LR), qui l’ont aidé à battre le communiste et candidat commun du Nouveau Front populaire (NFP), André Chassaigne, qui a rassemblé 207 voix.
« Honte à tous ces députés qui ont choisi une alliance de fortune, celle du camp présidentiel avec les droites. Leur politique est rejetée, mais ils veulent l’imposer. C’est un coup de force contre la démocratie », a réagi le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel. Et l’écologiste Benoît Biteau d’appuyer : « Il ne faudrait pas que les macronistes le prennent à nouveau comme la validation de leur projet politique. »
Manigances et coup de Trafalgar
Dès jeudi matin, le bruit d’un coup de Trafalgar parcourt les salles et jardins du Palais Bourbon. La presse est à l’affût de la moindre rumeur pouvant donner une indication sur l’issue du scrutin prévu à 15 heures le jour même. Les caméras, les micros tendus et les pages de carnets noircies sont légion, signe que ce 18 juillet est l’une de ces dates que l’Histoire retiendra. Les députés passent, s’arrêtent pour un duplex. Un long flottement s’installe.
En coulisses, les manigances se trament dans l’objectif de faire perdre la gauche, favorite pour le Perchoir car elle dispose du plus grand nombre de sièges. Quelques échos des tractations arrivent aux journalistes. Et les divers élus de droite rodent leur récit, à l’instar de François-Xavier Ceccoli, qui assure que « le pays ne peut pas être paralysé » par une victoire du NFP.
Son collègue Philippe Gosselin dit ne « pas avoir envie de (lui) donner les clés de cette maison, car (il) n’oublie pas que le président de l’Assemblée nationale nomme aussi des membres du Conseil constitutionnel ». L’accord de gouvernement demandé par la droite à la Macronie est en marche.
L’ex-président du groupe LR Olivier Marleix débarque même avec un exemplaire de la Grande Peur de juillet 1789 dans un petit groupe qui discute, dont l’ancien ministre d’Emmanuel Macron Guillaume Kasbarian. « Notre pays vit une période de grande instabilité. Nous vivons une crise économique, politique et institutionnelle avec un État impuissant. (…) Il faut donc un grand esprit de responsabilité pour éviter le pire. »
D’après l’Opinion, l’actuel député à la tête de ce groupe, Laurent Wauquiez, a même réalisé le braquage du siècle : troquer sept postes, dont deux vice-présidences, la présidence de la commission des Finances et un poste de questeur, contre le soutien de ses 46 députés à une candidature macroniste. « On ne veut pas d’un communiste au Perchoir et nous ferons tout pour l’éviter », plastronne aussi le député d’extrême droite Kévin Mauvieux sur LCP.
Le piège est bien en place mais le NFP continue, en début d’après-midi, d’espérer qu’un sursaut soit encore possible, qu’il y ait « un trou de souris », comme le dit la communiste Elsa Faucillon. « Soit nous avons un président légitime – André Chassaigne – soit une présidente illégitime, estime l’insoumise Aurélie Trouvé. À quel moment les LR ont-ils expliqué à leurs électeurs qu’ils étaient des macronistes ? »
La gauche compte sur l’expérience, la connaissance des rouages de l’institution et les bonnes relations en dehors du NFP de son candidat pour faire la différence. « Il a montré son indépendance et sa sincérité. Il n’est pas prisonnier du président de la République », loue Benjamin Lucas, porte-parole du groupe Écologiste et social. Avant d’être interrompu par l’élu du Modem Romain Daubié : « C’est un type bien qui, contrairement à d’autres, sait dire bonjour. Il va attirer des voix. »
Mais le Palais Bourbon est en lévitation, suspendu aux combines : vont-elles suffire aux macronistes pour sauver la peau du président ? Les bruits se font de plus en plus insistants, irritant nombre de parlementaires. Comme le régionaliste du groupe centriste Liot Paul Molac : « Si c’est un macroniste au Perchoir, ça voudra dire qu’on fait comme s’il n’y avait pas eu d’élections législatives. Ce serait un très mauvais signal envoyé aux deux tiers des Français. »
Peu avant 15 heures, la garde républicaine prend place, prête à accompagner le doyen de cette Assemblée vers l’Hémicycle. Devant les sabres au clair des militaires, le parlementaire RN José Gonzalez, 81 ans, s’avance salle des Pas-Perdus. Sur les fauteuils rouges, 574 des 577 députés prennent place par ordre alphabétique.
Situation qui oblige des députés à s’asseoir là où le RN s’installe habituellement et les insoumis Antoine Léaument et Sophia Chikirou, par exemple, à siéger respectivement à côté de Marine Le Pen et Sébastien Chenu. « Il y a un cordon sanitaire entre nous », en rit le premier. Et toute l’Assemblée doit supporter de voir au Perchoir l’ouverture de la XVIIe législature présidée par un nostalgique de l’OAS qui, comme en 2022, regrette l’Algérie française, en évoquant son « déchirant déracinement ».
Un à un, les parlementaires montent à la tribune pour glisser un bulletin dans l’urne. Sauf le député Génération.s Sébastien Peytavie, en fauteuil roulant : « J’ai dû confier mon vote à un huissier. Une institution encore incapable d’adapter le vote pour les personnes handicapées. La maison du peuple, vous dîtes ? » a-t-il réagi sur X.
Il a fallu attendre le troisième tour pour que l’urne lui soit amenée après l’intervention du communiste Stéphane Peu. La plupart des élus de gauche refusent de serrer la main de l’assesseur du jour, le benjamin de l’Hémicycle issu des bancs du RN. Il est un peu plus de 17 heures lorsque les résultats du premier tour tombent.
Tout change pour que rien ne change
Avec 200 voix, André Chassaigne devance alors le lepéniste Sébastien Chenu (142 voix) et Yaël Braun-Pivet (124). Le LR Philippe Juvin (48) et la députée Horizons Naïma Moutchou (38) se retirent en faveur de leur alliée macroniste quand le Liot Charles de Courson (18) se maintient pour le second scrutin. Le camp présidentiel pèse alors 210 voix. « Nous appelons tous ceux qui ont déjà fait barrage républicain dans les urnes ou qui en ont bénéficié de se reporter vers André Chassaigne, qui va permettre d’apaiser le débat », plaide l’écologiste Léa Balage El Mariky.
L’optimisme ne fait alors pas loi chez les parlementaires de gauche. Deux heures plus tard, le deuxième tour accouche de ce résultat : Yaël Braun-Pivet (210), André Chassaigne (202), Sébastien Chenu (143) et Charles de Courson (12). À la surprise générale, ce dernier retire sa candidature et ouvre une voie à la victoire d’André Chassaigne, lequel a 8 voix de retard. En cas d’égalité, le communiste, plus âgé, l’emporterait.
Mais, vers 20 h 30, Yaël Braun-Pivet est annoncée gagnante par José Gonzalez. Elle récolte 13 voix de plus que son principal adversaire. « Nous avons pu voir un pays inquiet, fracturé. Nous avons aujourd’hui une immense responsabilité, a-t-elle dit une fois installée au Perchoir. Nous devons apporter de nouvelles solutions avec de nouvelles méthodes. (…) Nous n’avons pas le choix. Nous devons nous entendre. Nous devons coopérer. »
Le député communiste et coprésident du groupe GDR André Chassaigne répond : « Nous serons dans l’Assemblée les défenseurs du pouvoir législatif qui ne doit pas être la courroie de transmission de quelque exécutif que ce soit. Le vote des Français a été volé par une alliance contre nature. Que les députés LR qui ont permis cela se déclarent dans l’opposition est malsain et nauséabond. »
Celle qui fut vilipendée pour ses innombrables coups de force rempile, comme si les Français n’avaient pas voté. Emmanuel Macron va désormais s’appuyer sur ce résultat pour empêcher l’arrivée de la gauche au pouvoir. Elle n’a pourtant pas dit son dernier mot.
Publié le 15 juillet 2024
La France Insoumise vient de décider de ne plus participer aux discussions menées jusqu'à présent avec le PCF, le PS et les écologistes dans le cadre du Nouveau Front Populaire visant à proposer au Président de la République, un nom pour le poste de Premier ministre.
Le PCF alerte sur le danger de mettre fin à ces discussions.
Aucune position n’est figée, de part et d’autre. Notre responsabilité est immense. Il serait incompréhensible que l’une des forces quitte les discussions que nous avons depuis des semaines, au risque de laisser le camp présidentiel reprendre la main.
Si nous partageons l'incompréhension du refus de la candidature d’Huguette Bello, nous continuons de partager l' objectif de présenter une candidature unique du NFP - communiste, socialiste, écologiste ou insoumise - pour la présidence de l Assemblée nationale et nous portons avec le PS et EELV une proposition commune pour le poste de Premier ministre visant à rassembler toute la gauche et la société civile.
Nous demandons à nos partenaires, à l'issue de la réunion des groupes parlementaires, de reprendre au plus vite les négociations pour aboutir à une solution partagée.
Oui, il faut de la clarté et répondre à l’immense attente de nos électeurs comme celle de tous les Français.
Pas d’ultimatum, pas de veto, soyons responsables.
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF,
Le 15 juillet 2024.
Publié le 14 juillet 2024
Huguette Bello m'a fait part ce matin de sa décision de renoncer à la proposition que je lui ai faite et vient de l'exprimer publiquement.
C'est le résultat du manque de clarté de plusieurs forces du Nouveau front populaire dans le soutien à cette proposition.
Je veux saluer l'élue, la femme de gauche, la républicaine. Ses mots ce matin temoignent de son grand sens des responsabilités et de sa hauteur de vue.
J'appelle les forces du Nouveau front populaire à entendre son message : "Garantir l'unité du nouveau front populaire est indispensable".
Je demande une réunion aux chef•fes de partis au plus vite pour sortir par le haut de la situation de blocage actuelle. Il faut arrêter le double langage et les ambiguïtés. Chacun doit faire preuve de sérieux et de responsabilité, sans intentions dissimulées.
Pour notre part, nous sommes transparent•es. Notre position est publique. Nous avons exprimé notre préférence. Et nous ne mettrons aucun véto sur aucune candidature.
Nous voulons contribuer de toutes nos forces à une issue positive avec une seule boussole : répondre aux urgences sociales et écologiques.
Fabien Roussel,
Paris, le 14 juillet 2024
Pourquoi une telle avalanche d’intox pour décrédibiliser le Nouveau Front populaire ?
Les porte-flingue du patronat et de tous ceux qui ont profité des années Macron multiplient les outrances et tirent à boulets rouges sur le programme de la gauche afin de l’empêcher de parvenir à Matignon.
L'Humanité Cyprien BogandaPierric MarissalGaël De Santis
Depuis le second tour des législatives et la première place du NFP, les intox pleuvent sur le programme économique de l’union de la gauche.
© Dragan Lekic / Hans Lucas
Il ne manque guère que les invasions de sauterelles. Des éditorialistes libéraux et économistes orthodoxes au patron des patrons jusqu’à Bercy et au plus haut sommet de l’État, tous récitent la même messe depuis dimanche soir dernier et promettent l’apocalypse en cas de nomination d’un premier ministre de gauche.
Dans l’Opinion, Nicolas Beytout exhorte les Français à « se réveiller », pour ne pas succomber à la « radicalité » du programme du Nouveau Front populaire (NFP). Le Figaro met en garde contre un « suicide économique », citant Bruno Le Maire en roue libre : « C’est un délire total, c’est 1981 puissance 10, c’est l’assurance du déclassement, du chômage de masse et de la sortie de l’UE. » Rien que ça !
Leurs outrances sont proportionnelles aux changements que la gauche a portés dans les urnes. Le NFP à Matignon, c’est la mise au rebut du ruissellement, du tout pour les premiers de cordée, des niches fiscales et exonérations en faveur de ceux qui ont déjà trop. Vus sous ce prisme, les anathèmes lancés cette semaine prennent un tour nouveau.
« La hausse du Smic est une mesure qui augmenterait la pauvreté. » Gilbert Cette, économiste, le Point, 9 juillet
Le Nouveau Front populaire cherche à améliorer le sort des plus précaires en portant le Smic à 1 600 euros net, contre environ 1 400 euros ? Pour les libéraux, cette hausse plongerait les travailleurs dans le chômage et donc la misère en raison des suppressions d’emplois induites par un alourdissement du « coût » du travail. Ce scénario catastrophe ne s’est pourtant jamais observé dans les pays qui ont décidé d’instaurer et/ou d’augmenter leur salaire minimum, au cours des dernières années.
C’est le cas du Royaume-Uni, qui a créé son National Minimum Wage (NMW) en 1998, avant de l’augmenter de près de 40 % entre 2000 et 2017 (près de deux fois plus vite qu’en France). 30 % des salariés britanniques ont profité des hausses du NMW.
Dans une étude publiée en avril 2019, la Low Pay Commission (groupe d’experts auprès du gouvernement) dresse un bilan historique complet : « Au lieu de détruire des emplois, comme c’était prévu à l’origine (…), le salaire minimum a atteint ses objectifs d’augmenter les rémunérations des plus bas salaires sans mettre en danger leurs perspectives d’emplois. »
Éric Berr, économiste : « La gauche effraie davantage les marchés financiers que le RN »
En France, les économistes du NFP ont conscience qu’une augmentation de 15 % du salaire minimum ne se fait pas d’un claquement de doigts. Pour aider les PME à absorber le choc, ils proposent plusieurs pistes : réorientation des 200 milliards d’euros d’aides aux entreprises en direction des plus petites, création d’un fonds d’aide aux PME ou encore, comme le préconise le PCF, système de prêts bancaires à taux d’intérêt très faibles, voire négatifs.
« L’annulation de la réforme des retraites nuirait à la pérennité de notre système par répartition. » Patrick Martin, président du Medef, 9 juillet
Usé jusqu’à la corde pendant la dernière réforme des retraites, l’argument est ressorti opportunément à la veille d’une possible arrivée au pouvoir de la gauche. Abroger la réforme de 2022 (recul de l’âge légal de 62 à 64 ans) conduirait à la ruine de notre régime universel de retraite. C’est supposer qu’il y avait urgence à réformer à l’époque, ce qui n’a jamais été démontré : le Conseil d’orientation des retraites (COR) estimait, fin 2022, que ses résultats « ne validaient pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite ».
Et d’ajouter qu’après avoir été excédentaire en 2021 et 2022, le régime resterait déficitaire jusqu’en 2032, mais dans des proportions parfaitement contrôlables – entre 0,5 point et 0,8 point de PIB (un point de PIB = 1 % du PIB). Pierre-Louis Bras, ancien président du COR, avait même enfoncé le clou, en février 2023, en affirmant, au grand dam de la Macronie, que « les dépenses de retraite ne dérapent pas ».
L’abrogation du recul de l’âge de départ à la retraite, qui a pénalisé de nombreux travailleurs, n’aurait donc rien du suicide économique décrit par certains. « En termes de faisabilité, revenir en arrière à 62 ans est tout à fait possible d’autant que la réforme a à peine commencé à s’appliquer, rappelle l’économiste Michaël Zemmour dans la Dépêche du Midi. Pour cela, il suffit de trouver des ressources, et pas dans des proportions démesurées. Ça pourrait passer par des réductions d’exonérations ou d’exemptions de cotisations dans les entreprises, ou alors un très léger relèvement des cotisations sociales étalé dans le temps. Il y a vraiment un choix politique à faire. »
« Les propositions économiques du NFP représentent un danger vital pour la France. » Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, 11 juillet
Il a beau reconnaître être sur le départ, Bruno Le Maire continue de donner des leçons à tout-va. « Le programme économique du NFP est irréaliste : les dépenses envisagées sont irresponsables et les augmentations d’impôts s’approchent du vol », assène-t-il, ce jeudi.
En même temps, celui qui a passé un septennat à Bercy annonce 5 milliards d’euros de gel de crédits dans les budgets des ministères, car les 10 milliards déjà rabotés au premier semestre ne suffisent plus à limiter les déficits publics. « Il n’y a pas eu besoin d’attendre le Nouveau Front populaire pour être dans une situation de déficit. La France est déjà sous contrôle européen », ironise Jean-Marc Durand, rédacteur en chef de la revue Économie et politique. La dette publique a bondi de 1 000 milliards d’euros depuis sept ans. Une moitié suite à la crise du Covid, l’autre du fait des cadeaux fiscaux offerts aux entreprises et aux plus riches.
« Toutes les mesures de notre programme sont assorties d’une recette », soutient le député FI Gabriel Amard. La suppression des niches fiscales inefficaces doit rapporter 25 milliards d’euros ; l’impôt progressif sur l’héritage 14 milliards ; la taxation du capital au même niveau que le travail 2,7 milliards ; l’impôt sur les multinationales 26 milliards ; le renforcement de la taxe sur les transactions financières, 3 milliards. L’égalité salariale hommes-femmes entraînera des recettes estimées à 10 milliards d’euros.
« En matière de fiscalité, il faut toujours miser sur l’élargissement de l’assiette des prélèvements, qui génère des recettes », rappelle Jean-Marc Durand. Le programme du NFP « inverse le paradigme » et promeut une reprise de l’activité avec des mesures en faveur du pouvoir d’achat et de l’investissement des entreprises.
« Si on paie mieux les gens, qu’on en met à la retraite et qu’on embauche aussi, cela génère de la croissance », et des recettes fiscales, décrypte cet ancien de la Direction générale des finances publiques, qui affirme que « le NFP dispose de propositions qui relancent la machine économique, avec le pôle public bancaire, les mesures en faveur des TPE et PME pour faire face à la hausse du Smic ». De plus, le NFP défend un conditionnement des aides aux entreprises qui permettrait de réduire cette enveloppe, actuellement de 200 milliards d’euros.
« Le rétablissement de l’ISF ferait partir les riches. » Patrick Martin, 9 juillet
L’argument est éculé. On l’a déjà entendu en 1981, à la création de l’impôt sur les grandes fortunes ; en 1989 à sa transformation en ISF, etc. Pourtant, en plus de trente ans d’existence, cet impôt n’a pas fait fuir grand monde. Seuls 0,2 % des assujettis étaient des exilés fiscaux, avançait même un rapport de la Direction générale des finances publiques, datant du milieu des années 2010. En 2006, l’économiste Gabriel Zucman pointait déjà que, s’il y avait bien quelques départs, ceux-ci « ne représentent pas des pertes de recettes fiscales significatives : au grand maximum, 10 % de ce que l’ISF rapporte ».
Pourtant, « cet argument est le premier présenté par les libéraux dès qu’on évoque l’ISF », déplore Anne Guyot-Welke. « Une chose est sûre, la suppression de l’ISF n’a pas amené un retour significatif d’expatriés », remarque la secrétaire nationale de Solidaires finances publiques.
Le bouclier fiscal mis en place par Sarkozy en 2007 n’avait pas non plus freiné l’exil des fortunes. Vraiment, depuis quarante ans qu’il est rabâché et que sa nullité fut maintes fois démontrée, l’argument de la fuite des capitaux aurait dû faire long feu… En revanche, les réformes de l’ère Macron (fin de l’ISF et création de la flat tax) ont permis que les versements de dividendes battent de nouveaux records chaque année.
En outre, dans le programme du NFP, l’ISF reviendrait accompagné d’une exit tax cohérente. « Cette taxe concerne les personnes qui ont plus de 1,3 million d’euros de patrimoine, qui se sont expatriées dans des pays à la fiscalité avantageuse, et qui voudraient en profiter pour vendre leur patrimoine mobilier, comme leurs actions », explique Laurent Perin de la CGT finances. Juste au cas où.
"Emmanuel Macron, garant de la
démocratie, doit admettre
qu'il a perdu les élections"
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT était l'invitée de LCI ce jeudi 11 juillet pour revenir sur la victoire du Front populaire aux élections législatives et demander à Emmanuel Macron de prendre acte de sa défaite. Elle appelle à se joindre aux rassemblements le 18 juillet devant l'Assemblée nationale.
Le président doit entendre le résultat des urnes et demander à la force politique qui est arrivée en tête de désigner un·e premier·e ministre
Le président de la République doit arrêter d'être dans une logique partisane et appeler le nouveau Front populaire qui est arrivé en tête au second tour des législatives à proposer un·e premier·e ministre qui sera chargé·e de former un gouvernement, et laisser faire ainsi le parlement et la démocratie parlementaire pour trouver des majorités de projet pour faire des réformes nécessaires au pays.
Emmanuel Macron doit sortir du déni et admettre sa défaite sévère
À l'heure où notre pays à besoin plus que jamais d'apaisement et de rassemblement, comme à chaque fois, le président lui préfère le chaos. La lettre qu'il a adressée aux français·es suscite une grande colère qui provoquera le chaos s'il ne respecte pas le résultat des urnes.
La nouvelle majorité Front populaire est dans la capacité de gouverner
Tout comme la majorité sortante qui était relative, la nouvelle majorité Front populaire est dans la capacité de gouverner, charge à elle de trouver des alliances pour arriver à une majorité sur des projets. La démocratie des urnes, dont le président de la République est garant s'il fallait le lui rappeler, doit être respectée.
La CGT appelle à mettre en place des méthodes démocratiques, en respectant la démocratie parlementaire et sociale, pour mettre fin à l'ère de la brutalisation de nos institutions par la majorité sortante et instituée par Emmanuel Macron.
Le 18 juillet : pression populaire et citoyenne pour que le résultat des élections soit respecté
Il y a besoin d'un changement dans les politiques économiques et sociales et la priorité pour la CGT c'est d'avoir un gouvernement quel qu'il soit qui va :
abroger la réforme des retraites
augmenter les salaires
investir dans les services publics
C'est dans ce cadre que la CGT soutien l'initiative de la CGT cheminots qui a appelé les citoyen·nnes à se réunir le 18 juillet à 12h, jour de la première session de la nouvelle législature, à proximité de l’Assemblée nationale et à proximité des préfectures pour les non parisien·nes pour mettre l'Assemblée nationale sous pressions populaire.
→ Télécharger le tract du 18 juillet
L'union des organisations syndicales continue car nous avons conscience de notre rôle de boussole
En responsabilité, nous continuons à discuter dans l'intersyndicale car nous avons la conscience commune de la gravité de la situation. C'est d'ailleurs pour cela que nous avons des revendications sociales communes que nous exprimons de façon unitaire.
Nous sommes dans la capacité de dépasser nos clivages pour nous concentrer sur l'essentiel :
l'abrogation de la réforme des retraites
l'augmentation des salaires, du point d'indice, des minima sociaux et des pensions
l'abandon définitif de la réforme de l'assurance chômage
l'égalité professionnelle
une vraie politique industrielle
des investissements massifs dans nos services publics : la santé, la justice, l'éducation
Révision en profondeur des "ordonnances travail"
Voir l'intégralité de l'interview
Publié le 10 juillet 2024
Du 1er juillet au 31 décembre 2024, la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne sera assurée par la Hongrie. Son président, issu de la formation d’extrême droite Fidez, Victor Orban, dirigera la réunion des ministres de chacun des Etats membres de l’Union réunis dans des formations thématiques.
Dans le processus décisionnel cette fonction est importante. Le Conseil de l’Union européenne est, aux côtés du Parlement européen, le second législateur dans l’Union. La présidence du Conseil doit alors être comprise comme une présidence de Commission parlementaire permettant d’orienter les débats.
Mais plus qu’autre chose, une présidence du Conseil est l’occasion pour un Etat d’imprimer une marque, une ambition. En 2008, le Président Sarkozy avait voulu faire de la présidence française, celle de la mise en œuvre du Traité de Lisbonne. En 2022, Emmanuel Macron avait inscrit son mandat tournant dans la perspective d’un tournant géopolitique de l’Union.
Victor Orban ne cache pas, lui, sa volonté d’imprimer sa marque sur l’orientation politique de l’Union. C’est ainsi que le plagiat du slogan choisit, « Make Europe great again », constitue un clin d’œil direct à Donald Trump et au travers de lui à l’ensemble des extrêmes droites européennes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si un nouveau groupe d’extrême droite, « l’Europe des patriotes », comptant dans ses rangs le Rassemblement National, se constitue à l’initiative du gouvernement hongrois, concomitamment au début de sa présidence.
Mais au-delà de la symbolique, la présidence hongroise apparaît comme un double révélateur.
Elle rappelle d’abord que dans l’Union la puissance des Etats compte. La Présidence hongroise n’attire en effet que peu d’intérêt. Au-delà du voyage effectué par Victor Orban, au nom de la Hongrie et non de l’Union, à Moscou, la couverture médiatique reste faible, de même que l’agitation politique à Bruxelles. Cette tiédeur contraste fortement avec les récentes présidences française ou allemande. Pourquoi ? Car dans l’Union, les Etats puissants demeurent les plus influents.
Surtout, le programme révélé par la présidence hongroise vient rappeler qu’être « anti-système », comme aiment se décrire les forces d’extrême droite, ne signifie en rien affronter les logiques du capital, bien au contraire. La feuille de route du gouvernement hongrois pour sa présidence, regorgent d’exemples démontrant combien il agit au service des logiques fondamentales de l’Union et du capitalisme libéral.
Tout en reconnaissant l’importance du nucléaire la présidence hongroise s’engage à perpétuer le marché unique de l’énergie. Sur les retraites, elle vise à « permettre aux travailleurs les plus âgés d’accompagner leur pension d’un emploi salarié ». Sur l’internaitonal et la défense ? Il s’agit de reconnaitre « l’importance décisive et stratégique des relations transatlantiques avec l’OTAN » et de développer la militarisation du continent. Le droit des femmes ? Orban répond fertilité et natalité. L’élargissement aux Balkans ? La Hongrie propose de le continuer. La liste pourrait s’allonger.
Une chose est sûre, la gauche et le mouvement populaire sont forces de transformation sociale. Les « anti-systèmes », eux, s’en révèlent toujours les meilleurs ennemis.
Article publié dans CommunisteS, n°1004, 10 juillet 2024.