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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Souffle(s) Jean-Luc Godard et « nous ».

16 Septembre 2022, 09:22am

Publié par PCF Villepinte

 

Jean-Emmanuel Ducoin "La roue tourne"

Vendredi 16 Septembre 2022

Impensé Trop en dire – ou pas assez.

Il eût été commode pour le bloc-noteur, en cette semaine si particulière d’après Fête de l’Humanité, d’évoquer en mode «incarné» la richesse des moments partagés comme autant de joies profondes et despérances collectives. Sauf que, à peine les jours d’allégresse vécus, le monde de la culture – et de la politique – accusa l’un de ces deuils qui affaissent la volonté mais rehaussent nos consciences.

Jean-Luc Godard est mort: la phrase en elle-même, par son absurdité symbolique, contresigne l’impensé et dispense d’y croire vraiment. Le cinéaste en personne, à la question «Quelle est votre ambition dans la vie?», répondait: «Devenir immortel et mourir.» Pas donné à tout le monde.

Dès lors, que peut-on encore «écrire» sur l’insurgé du cinéma au génie subversif qui n’ait été déjà suggéré ou verbalisé depuis quelques jours? Attention, sil y a danger à parler des morts qui comptent aux yeux du plus grand nombre, il y a un danger tout aussi sérieux à parler de son propre rapport avec eux en offrant l’hommage en forme de témoignage personnel, toujours un peu réappropriant et qui risque toujours de céder à cette façon indécente de dire «nous», ou pire «moi».

Conscience

 L’oraison funèbre est un genre guetté de tous côtés par la mauvaise foi, l’aveuglement, et, bien sûr, la dénégation. Quand il ne s’agit pas de sombrer dans le pathos, qui ne peut être tempéré que par l’éventuel refus de parler de son rapport au disparu en faisant abstraction de toute différence et de tout conflit, de toute admi­­ration.

Comme pour se prémunir, et pourquoi pas l’appliquer à Godard pour en saisir le sens profond, voici ce qu’écrivit et lut Jacques Derrida aux obsèques de Louis Althusser: «Ce qui prend fin, ce que Louis emporte avec lui, ce nest pas seulement ceci ou cela, que nous aurions partagé à un moment ou à un autre, ici ou là, c’est le monde même, une certaine origine du monde, la sienne sans doute mais celle aussi du monde dans lequel j’ai vécu, nous avons vécu une histoire unique.» 

La disparition de Jean-Luc Godard, à l’instar des morts exceptionnels qui ont accompagné nos vies, emporte avec elle quelque chose qui s’arrache à la plus profonde conscience collective. La perte suscitée par l’un des plus grands cinéastes de tous les temps, avec ces secousses inouïes d’images et de sons que son œuvre réactive dans la mémoire de ses contemporains, avec une amplitude internationale incomparable, et une influence qu’aucun autre cinéaste français n’a jamais atteinte.

Romantique et révolutionnaire, moderne et classique, le réalisateur fut l’un des rares qui repoussèrent les limites esthétiques et narratives du 7e art. Créateur génial, provocateur et autodestructeur, adulé et honni, Godard apparaît comme celui qui entretenait le mieux ce feu sacré de la révolution permanente… poussant l’exigence jusqu’à imposer – à lui-même et aux autres – une rupture non moins permanente. Du grand art. Sans compromission.

Pensée

 Homme sans vraie descendance cinématographique ni véritables héritiers, Godard eut pourtant une influence essentielle, unique dans l’histoire du genre. On en voudra au bloc-noteur de cette tautologie ronflante, mais il n’est pas exagéré de prétendre qu’un seul film lui aura suffi pour se hisser à cette hauteur, À bout de souffle. Un avant, un après. Et une date, 1960, qui situe précisément le coup de tonnerre et la fulgurance du génie en plein surgissement imprévisible.

Le choc absolu.

Godard disait de ces temps immémoriaux de la nouvelle vague: «Nous étions des clichés ambulants, mais nous avions découvert un continent, où tous les gestes de la vie trouvaient leur place.» Un jour, il déclara dans le Monde: «Le cinéma, ce nest pas une reproduction de la réalité, cest un oubli de la réalité. Mais si on enregistre cet oubli, on peut alors se souvenir et peut-être parvenir au réel. C’est Blanchot qui a dit: Ce beau souvenir quest l­oubli.» L’artiste total de «la» pensée.

 

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Travail. La polémique se transforme en débat de fond

16 Septembre 2022, 09:15am

Publié par PCF Villepinte

GAUCHE Les propos du secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, ont déclenché une avalanche de critiques, y compris dans son camp, qui lui reprochent de faire le jeu de la droite. Lui assume ses propos et souhaite que le débat soit poussé jusqu'au bout. 

Julia Hamlaoui L'Humanité 16 Septembre 2022

« Il y a ceux qui défendent le droit à la paresse. Il y a ceux qui défendent l’idée de mettre le RSA à 1 000 euros », a déclaré le député du Nord sur Franceinfo, mercredi.

Radio France

De déclarations en tribunes, la polémique autour du «travail» qui a démarré à la Fête de l’Humanité ne cesse de rebondir. Tout a commencé par un déjeuner de presse vendredi 9 septembre. «La gauche doit défendre le travail et ne pas être la gauche des allocations et minima sociaux», affirme alors le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, entraînant une pluie de critiques venues des autres formations de gauche.

Après avoir multiplié les mises au point pendant le week-end, en expliquant notamment que, loin de s’en prendre aux allocataires, il s’agit d’assigner à la gauche l’objectif d’ «éradiquer le chômage et la pauvreté», le communiste est remonté au créneau sur Franceinfo mercredi matin. «Il y a ceux qui défendent le droit à la paresse. Il y a ceux qui défendent lidée de mettre le RSA à 1000 euros.

Je défends, moi, l’idée que nous devons nous projeter dans une société qui garantisse à tous un vrai emploi», explique le député du Nord. Relancé plus tard par la journaliste, il précise que c’est au «plan philosophique» qu’il est en désaccord avec l’idée du «droit à la paresse», que le gendre de Marx, Paul Lafargue, avait défendu dans un célèbre essai en 1880.

Plus terre à terre, après ces phrases chocs – qui ont pour le communiste l’avantage de concentrer la couverture médiatique sur ses déclarations –, beaucoup lui reprochent de mettre en opposition travailleurs et privés d’emploi, de renvoyer par ces formules les allocataires du RSA à l’image de fainéants.

 «Le problème, ce n’est pas ce qu’il dit sur la lutte contre le chômage mais de reprendre l’expression très connotée des “allocs” et d’en faire quelque chose de péjoratif. C’est de s’inscrire dans un discours que la droite a toujours tenu pour expliquer que ceux qui en bénéficient sont des profiteurs. C’est ça qu’on entend», a ainsi objecté le psychanalyste soutien de la FI Gérard Miller, sur France 5 mercredi soir. L’écologiste Sandrine Rousseau pousse plus loin: «La valeur travail, a-t-elle tranché jeudi matin, c’est quand même une valeur de droite.»

Le revenu universel dans le viseur

La Macronie, d’ailleurs, ne manque pas de s’engouffrer dans le débat: «Je fais partie dun gouvernement et dune majorité qui défendent la valeur travail. Je considère que si on veut pouvoir redistribuer les richesses, il faut en produire et que le travail, cest au cœur de notre société», déroule le ministre Gabriel Attal, membre d’un exécutif qui entend s’en prendre simultanément aux bénéficiaires de l’assurance-chômage, dont il veut réduire les droits, et du RSA, auxquels il veut imposer 15 à 20 heures d’activité par semaine.

Le secrétaire national du PCF se défend de jouer ce jeu et riposte à ceux de ses partenaires qui le critiquent: «I ls ont renoncé à la grande ambition qui devrait rassembler la gauche: celle d’éradiquer le chômage. Si lesclavagisme revenait demain, ils négocieraient avec le Medef le poids des chaînes. Pas moi. Car le chômage tue, il bousille des vies», oppose-t-il dans une tribune au Monde, mercredi, tout en affirmant qu’ «à titre transitoire, les salariés ont besoin de protections, daccompagnement» et qu’il sera «à leur côté pour dénoncer toutes les attaques du gouvernement contre eux».

Et c’est au revenu universel, ou à ses dérivés, qu’il s’en prend. Un vieux débat à gauche, réactivé par Benoît Hamon lors de la présidentielle de 2017 et que les écologistes ont également âprement défendu. Au risque de permettre au patronat de s’exonérer du versement d’une partie des salaires, estiment notamment ses détracteurs à gauche.

Face à cette proposition, les alternatives ne manquent pas, de la sécurité emploi-formation du PCF à la sécurité sociale professionnelle de la CGT, en passant par le salaire à vie de Bernard Friot ou encore la garantie d’emploi défendue par la FI. Si les débats sont parfois vifs entre les tenants de ces différentes positions, en particulier sur le dépassement du marché du travail, elles ont en commun l’objectif de sortir les travailleurs de la pression du chômage, à l’opposé d’une droite qui fait du travail une valeur en soi pour mieux remettre en cause les droits sociaux chèrement acquis.

Mais autour des déclarations de Fabien Roussel se joue aussi un autre débat: celui du rapport de la gauche aux classes populaires. «Ma circonscription fait partie de celles où Marine Le Pen a fait plus de 50 % au premier tour de la présidentielle. (Pour être élu), il a fallu que j’entende… Il y a des discours (à gauche) qui ne passent pas» auprès des électeurs, estime le député du Nord, qui pointe «les Français (qui) nous parlent dassistanat en nous disant que (eux) travaillent»

Un «diagnostic» que François Ruffin dit partager mais sans défendre le même «horizon»: sur «les travailleurs des campagnes», «sur l’“assistanat, lui ne répare pas la fracture, il ne cherche pas à la dépasser, il lapprouve, la valide», estime-t-il en parlant de Fabien Roussel, dans un texte posté sur Facebook mercredi. Le porte-parole du PCF, Ian Brossat, l’assure en contrepoint de son côté: poser le débat sur ce «qui fait qu’à catégorie sociale équivalente dans la circonscription de Fabien Roussel à la présidentielle, ça votait RN, et que chez moi, à Paris (18e – NDLR), ça votait Mélenchon (…), ce n’est pas opposer la France périphérique à la France des quartiers populaires, mais (s’interroger sur) comment on réussit à construire des combats communs entre les deux» .

 

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L'appel des Maires

15 Septembre 2022, 08:49am

Publié par PCF Villepinte

 

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Michel Barbier, un maire qui swingue

15 Septembre 2022, 08:43am

Publié par PCF Villepinte

Saxophone en main, il débarque à la Fête de l’Humanité avec son groupe de jazz. Édile PCF d’Eu, il est un de ces élus ruraux qui se battent pour préserver et dynamiser leur commune.

L'Humanité Jeudi 15 Septembre 2022

Florian Grenon

 

Quand on a proposé à Michel Barbier de jouer à la Fête de l’Humanité, il n’a pas hésité. «Cest un peu un rêve», explique le saxophoniste de jazz, également maire communiste, depuis 2020, d’Eu, en Seine-Maritime.

 «Cest un Parisien qui nous a entendus jouer dans notre commune et qui nous a proposé de venir», explique tout sourire l’élu mélomane, qui s’est produit sur le stand du PCF de Paris avec ses compères du groupe les Lombrics bleus, le batteur, Walter Boucher, Valentin et Jean René Martel, pianiste et trompettiste, le bassiste Arnaud Dujeancourt et le guitariste Johanny Giet. Il faut dire qu’avec la Fête, l’histoire d’amour est ancienne. Sa première, il s’en souvient encore, c’était en 1985. Et depuis, il n’en a raté aucune.

Si elle est placée sous le signe de la musique, la présence de l’élu à la Fête, ortho­phoniste dans le civil, est en parfaite cohérence avec son engagement politique. Entré au Parti communiste au début des années 2000, Michel Barbier est tombé dans la marmite dès l’enfance. Son grand-oncle Alfred Golliard, ancien préfet du Jura (1934-1940), a tenu tête au gouvernement de Vichy et est entré dans la Résistance en 1942. La mémoire de cet illustre aïeul arrêté, déporté puis assassiné dans les chambres à gaz du château d’Hartheim, en Autriche, s’est transmise dans la famille de génération en génération.

Ancien responsable syndical orthophoniste

C’est donc tout naturellement que Michel Barbier est entré en politique. Après avoir exercé dans les années 1990 des responsabilités au sein du syndicat professionnel des orthophonistes, il décide de se mettre au service de sa ville. En 2008, il rentre dans l’équipe de la maire socialiste comme adjoint à la culture.

Bouté hors de son poste par le retour de la droite, il revient en force en 2020 en unissant la gauche municipale sous sa bannière. Son score explose. Il est élu au second tour avec 49 % des voix, devenant le premier maire communiste de la ville. Le voilà désormais locataire du château où siège la mairie de la petite ville normande. En son temps, Louis-Philippe y invitait ses ministres.

II s’étonne encore d’avoir été élu . «Je nai pas cherché à être maire, cest venu naturellement», sourit l’édile. Sa recette: «Faire de la politique de proximité.» Dans une petite ville de 7800 habitants,  «on est proche des gens, cest très différent de l’échelle nationale ou des grandes villes», insiste-t-il. Son adjoint Sébastien Godeman appuie: «Tout le monde aime Michel, quelle que soit l’opinion politique.» D’ailleurs, cela explique que dans cette ville «traditionaliste», selon les dires de son ami , «l’étiquette communiste nempêche pas les gens de voter pour nous».

Le volontarisme de l’équipe municipale se heurte aux restrictions budgétaires. «Quand on est élu et quon a des convictions, cest frustrant davoir un budget restreint, on a peu de marge de manœuvre», explique Michel Barbier. Eu fait partie de ces villes chargées d’histoire qui doivent retrouver du souffle pour continuer à exister mais qui sont contraintes par manque d’argent.

La commune détient le troisième patrimoine de Seine-Maritime, avec de nombreux bâtiments classés. «Cest une ville très originale, on a le musée Louis-Philippe et deux théâtres pour les 7800 habitants», se félicite le maire. Mais, faute de moyens, «certaines propriétés sont en péril, se désole le communiste . On a un patrimoine qui se détériore et qu’il faut préserver. Il faut que l’État nous aide».

Comme si cela ne suffisait pas, la municipalité est confrontée à l’augmentation du prix de l’énergie, qui met ses comptes dans le rouge. Michel Barbier peine à boucler le budget. «Il y a des dépenses incompressibles», rappelle-t-il. Malgré tout, lui et ses équipes se démènent au quotidien pour dynamiser leur territoire.

Confrontés au manque de médecins après plusieurs départs récents à la retraite, ils ont mis en place une bourse d’aide pour les étudiants en médecine en échange de leur engagement à s’installer à Eu. Michel Barbier a également réussi, avec l’aide de la communauté de communes, à conserver l’hôpital de proximité de la ville et son service d’urgences.

Comme presque toutes les communes rurales, Eu est confrontée au vieillissement de sa population. Pour y remédier, Michel Barbier a mis en place «un conseil municipal de jeunes» sur lequel il compte beaucoup . Il met aussi un point d’honneur à partager le pouvoir avec ses adjoints, auxquels il donne beaucoup de liberté et de prérogatives . Et de conclure: «Je dis souvent: on est maire, et pas: je suis maire.»

 

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Ainsi prêchait Zarathoustra

15 Septembre 2022, 08:37am

Publié par PCF Villepinte

Essai Le grand spécialiste des religions Michael Stausberg publie un ouvrage de référence sur le zoroastrisme en revenant aux grands textes perses.

L'Humanité Jeudi 15 Septembre 2022

Stéphane Floccari

Leemage via AFP

ZARATHOUSTRA ET SA RELIGION, DE MICHAEL STAUSBERG, ÉDITIONS LES BELLES LETTRES, 164 PAGES, 19 EUROS

Il suffit d’entendre prononcer son nom venu d’ailleurs pour penser à celui qui, près de nous, en fit le porte-­parole de son projet philosophique et s’engagea dans la plus féroce lutte jamais menée contre la morale. Comme si, sous Zarathoustra le Perse, depuis toujours pointait Nietzsche, un Allemand filant au Sud, pour y écrire, en 1883, «un livre pour tous et pour personne».

Comme si, malgré ses avertissements inactuels, on pouvait écrire l’Histoire en marchant comme des écrevisses, à rebours du chemin escarpé qu’il dessina sur les collines de Portofino pour proclamer la mort de Dieu. Comme si une parole humaine, trop humaine, ne nous parvenait que par la ventriloquie de celui qui s’en fait l’écho et la parodie pour briser le temps des hommes en un avant et un après.

Zarathoustra est pourtant, avec Jésus, Socrate, Confucius et quelques autres, un membre éminent du gotha des plus grands influenceurs de tous les temps, passés et à venir. En inventant l’opposition du Bien et du Mal, que Nietzsche fissura à coups de marteau et finit par faire exploser à grand renfort de dynamite par la main de son Surhomme, Zarathoustra posa les jalons des jugements de valeur les plus profondément ancrés dans nos consciences malheureuses, marquées au fer par ce qui «doit» ou non se faire, se dire, se penser, se perpétuer, etc.

C’est ce que rappelle avec beaucoup de clarté et de précision le grand spécialiste des sciences religieuses Michael Stausberg, qui enseigne à l’université de Bergen, en Norvège. Auteur d’une somme monumentale de plus de 1500 pages sur lhistoire de la religion, celle des communautés zoroastriennes actuelles dans les différentes parties du monde et les pratiques rituelles souvent méconnues qui les accompagnent, Stausberg éclaire d’un jour nouveau une religion très ancienne.

Ce faisant, il renouvelle les études parues en langue française sur la question, dont les plus sérieuses sont déjà relativement anciennes, notamment celles de Jean Varenne, Zarathushtra, qui remonte aux années 1960, et de Paul du Breuil, le Zoroastrisme, parue en 1982.

Comme toujours, l’innovation scientifique suppose une rupture dans la méthode et un changement de paradigme. Jusqu’à présent, tout reposait sur un comparatisme indo-européen largement dépendant du védisme pour établir une série de conjectures sur le zoroastrisme. Or, la démarche de Stausberg consiste à revenir aux textes iraniens avestiques et moyen perses, pour jeter un œil averti à l’intérieur des communautés liées au culte zoroastrien.

On y gagne une précieuse compréhension, documents écrits à l’appui, du culte d’Ahura Mazda (« Maître Sage» ou «Maître de Sagesse»), dieu créateur et ordonnateur dont les rois de lancienne Perse gravirent le nom sacré sur leurs tablettes.

Mais le plus fascinant dans cet ouvrage – qui se lit comme on écouterait une conférence aussi savante qu’agréablement formulée –, c’est de voir que, de Vancouver à Auckland en passant par Miami, Téhéran et Bombay, des femmes et des hommes ont formé des réseaux transcontinentaux pour penser à leur manière les questions du corps, de la mort, de la pureté, du sexe et de la morale.

 

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Révélations : cette menace qui plane sur le droit de grève en Europe

15 Septembre 2022, 08:33am

Publié par PCF Villepinte

La Commission européenne publie ce jeudi une proposition de règlement dit d’adaptation du marché intérieur aux futures crises. Faute d’être mentionnés, les droits des salariés pourraient passer à la trappe, alerte la Confédération européenne des syndicats. EXPLICATIONS.

L'Humanité Nadjib Touaibia

Jeudi 15 Septembre 2022

À Hambourg, les débrayages pour des augmentations de salaires des travailleurs portuaires se sont vu opposer la désorganisation des circuits d’acheminement des produits.

dpa Picture-Alliance via AFP

La Confédération européenne des syndicats (CES) alerte et met en garde sur la publication, ce jeudi par la Commission européenne, d’une proposition de règlement visant à préserver le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement et la circulation de marchandises en situation de crise, à l’image de la pandémie de Covid. Il est question d’un «instrument du marché unique pour les situations d’urgence (IUMU)».

Reste que, dans la foulée, la Commission envisage d’abroger une disposition en vigueur qui protège explicitement l’exercice de droits fondamentaux «tels quils sont reconnus dans les États membres, y compris le droit ou la liberté de faire grève», dénonce la CES.

Une brèche va s’ouvrir

Dans la nouvelle réglementation, ce droit-là passe carrément à la trappe. Il n’en est pas fait mention. Les syndicats estiment que cet «oubli» nest pas anodin. Ils y voient une menace sournoise. La CES réagit aussitôt sur le ton de la vigilance. Elle réclame à la Commission européenne une protection claire et précise du droit des salariés aux arrêts de travail comme moyen de lutte accompagnant les revendications.

«Le droit de grève () ne peut être limité par des mesures d’urgence. La préparation et la réponse à une crise ne peuvent jamais être invoquées pour remettre en cause ou ignorer les droits fondamentaux», rappelle la Confédération dans une lettre adressée à la Commission européenne. «Le respect des droits des travailleurs est essentiel pour l’économie sociale de marché de l’UE et ne doit jamais être considéré comme étant un obstacle au fonctionnement du marché unique», insiste-t-elle.

Le patronat européen, quant à lui, est à l’affût. Il observe avec attention cette évolution dans l’appareil réglementaire régissant le marché unique. Une brèche va s’ouvrir dans laquelle il s’engouffrera sans hésiter. Belle aubaine en effet que cette réforme pour les entreprises, qui pourraient exploiter ces dispositions pour mettre en avant des situations «durgence» afin de limiter, voire dentraver le droit de grève sur des chaînes dapprovisionnement, notamment.

Institutionnaliser une logique

Des précédents existent qui font sûrement déjà référence. Les débrayages pour des augmentations de salaires des travailleurs portuaires britanniques, à Felixstowe, et allemands, à Hambourg, se sont vu opposer la désorganisation des circuits d’acheminement des produits.

Ce dernier acte de l’UE «vient prendre appui sur ce qui s’est passé dans beaucoup de pays européens au moment de la crise du Covid, il est lié à ce que l’Europe appelle des situations d’urgence qui viendraient permettre aux employeurs ou aux États de suspendre les dispositions relatives au droit de grève», constate Pierre Coutaz, conseiller confédéral au secteur international de la CGT.

Tout laisse à penser que la Commission européenne prépare finalement le terrain pour institutionnaliser une logique: la subordination des droits des salariés, et singulièrement du droit de grève, aux intérêts économiques des entreprises. Plusieurs arrêts de la Cour de justice européenne iraient déjà dans ce sens.

Distiller la notion «durgence»

À Bruxelles, on travaille donc à faire sauter ce qui est considéré comme un obstacle, l’urgence est le prétexte tout trouvé. «Il nest pas étonnant de voir cette réforme surgir maintenant. Cela dénote un courant à lintérieur des institutions européennes», note le responsable syndical.

La menace est-elle réelle à court terme? Un chef dentreprise peut-il dès à présent sappuyer sur le texte européen et le faire prévaloir sur la législation de son État? «La menace est plus présente dans les pays où les droits sont encore moins développés qu’en France. Je ne pense pas que, dans notre pays, le législateur prenne pour argent comptant ces déclarations européennes», nuance Pierre Coutaz.

Cela étant, une chose est sûre: la poussée inflationniste et la crise énergétique qui plombent le pouvoir d’achat des salariés laissent présager des mouvements sociaux partout en Europe, tout autant que les profits en croissance constante et le creusement des inégalités.

À l’image des «grèves de la colère» de cet été en Grande-Bretagne qui ont paralysé le plus grand port de fret, Felixstowe, ainsi que le métro londonien pour des revendications salariales, les débrayages ne devraient pas tarder à se multiplier dans le monde du travail en Europe.

La Commission, qui s’y prépare, distille la notion «durgence» dans sa nouvelle approche. Celle-ci fait ainsi sauter le verrou de protection du droit de grève et tombe à point pour le patronat. L’alerte de la Confédération européenne des syndicats signale que le ver est dans le fruit.

 

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Désaccord entre les syndicats et la FI sur la marche d’octobre

14 Septembre 2022, 07:38am

Publié par PCF Villepinte

Gauche Alors que les centrales se concentrent sur les mobilisations des 22 et 29 septembre, la FI va accélérer l’organisation de l’initiative contre la vie chère. La date du 16 octobre est évoquée.

L'Humanité Naïm Sakhi 

Mercredi 14 Septembre 2022

 

«Nous sommes sortis de cette réunion avec une nouvelle date… de réunion. Tout va bien de ce côté.» Le trait d’humour de l’écologiste Léa Balage El Mariky résume l’état d’esprit des participants déclarés à la marche contre la vie chère, annoncée début juillet pour l’automne par Jean-Luc Mélenchon.

Lundi soir, les forces de la Nupes, avec des syndicats (CGT, Solidaires, Unef…) et des associations comme Oxfam et Attac, se sont à nouveau réunies. Mais, selon des participants, les propos tenus par le leader insoumis, ce week-end, déclarant du devoir de « l’Union populaire (…) d’organiser le peuple » dans la rue, ne sont pas pour aider. « Pas la peine de le cacher, la discussion est rendue plus difficile par les déclarations inappropriées de Jean-Luc Mélenchon, assure Christian Picquet (PCF).

 Il a bousculé ce qui avait été construit dans le communiqué de presse commun fin août.» Ce dernier, signé par un large spectre de la gauche sociale et politique, mettait la priorité sur les dates des mobilisations syndicales des 22 et 29 septembre. Une position encore partagée par les communistes et les écologistes, qui ne ferment toutefois pas la porte aux insoumis pour octobre. «Sans un esprit de coconstruction, ni de respect, il sera très compliqué de continuer à échanger», souligne Céline Verzeletti pour la CGT.

Pour autant, les organisations ont fait part de leur volonté de poursuivre le travail de rassemblement. «Le contexte social dégradé, la politique de Macron et lextrême droite qui se renforce toujours plus nécessitent de bâtir un front commun», note la secrétaire confédérale de la CGT. Partis, syndicats et associations se réuniront à nouveau le 4 octobre, après les mobilisations de septembre.

En revanche, Solidaires a d’ores et déjà dit non à la marche nationale à Paris. «La grosse priorité est la réussite du 29 septembre», insiste son codélégué général, Simon Duteil. L’événement, un temps évoqué en septembre puis début octobre, est dorénavant envisagé le 16 octobre par les insoumis.

Une marche qu’Aurélie Trouvé veut «la plus massive possible», et un week-end en complémentarité «avec les journées de grève organisées en semaine par les syndicats». La FI va d’ailleurs lancer l’organisation de l’initiative dès cette semaine avec une réunion qui reste «ouverte aux partenaires». Cette accélération du calendrier se justifierait, selon la députée FI, «par les annonces du gouvernement» sur la réforme des retraites et par «une cure daustérité annoncée dans le projet de loi de finances».

Outre une date jugée trop proche des mobilisations syndicales, l’un des points d’achoppement porte sur la forme de l’initiative. « La mobilisation du 29 septembre partout en France est déjà un travail quotidien pour nos militants dans les entreprises, insiste Céline Verzeletti. Organiser en plus une marche nationale à Paris le 16 octobre n’est pas possible. »

«Le PCF est préoccupé par la prise dinitiatives qui donnerait limage dun éparpillement », mesure en outre Christian Picquet, ne voulant pas «opposer les actions qui permettent de franchir un pas dans la construction du rapport de forces face à Macron et au Medef». Syndicats et insoumis avaient déjà rencontré des désaccords sur la forme des mobilisations face au chef de l’État à la rentrée 2017.

 

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L’exécutif prépare son passage en force sur les retraites

14 Septembre 2022, 07:29am

Publié par PCF Villepinte

Austérité Le gouvernement devrait prendre prétexte de la publication du nouveau rapport du Conseil d’orientation des retraites, jeudi, pour annoncer sa réforme brutale. Les syndicats préviennent qu’ils feront front commun contre cet oukase.

L'Humanité Stéphane Guérard Pierrick Villette

Mercredi 14 Septembre 2022

Fini d’amuser la galerie. Foin de discussions ouvertes et de concertations. Après avoir lancé le processus d’économies sur l’assurance-chômage, la semaine dernière, le gouvernement embraye avec son coup de frein sur le système des retraites.

Tuée lors du séminaire de rentrée à l’Élysée, la mesure phare du candidat Macron resurgit avec empressement. Avec toutes ses régressions: recul de l’âge légal de départ de 62 ans à 64 ou 65 ans, allongement de la durée de cotisation pour prétendre à une pension à taux plein, disparition définitive des régimes spéciaux. Les contreparties s’annoncent chiches: prise en compte «d’éléments de pénibilité» et niveau minimal de pension à 1100 euros, déjà grignoté par linflation.

La publication du nouveau rapport du Conseil d’orientation des retraites sert de détonateur à cette accélération du tempo. Des conclusions non encore définitives ont fuité dès lundi soir. Depuis, les ministres divulguent les mêmes éléments de langage. «Visiblement, on est dans un mur budgétaire», avançait par exemple mardi matin Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée des personnes handicapées, pour assumer un futur passage en force. Celui-ci devrait être déclenché après la présentation officielle des projections du COR, jeudi.

Coup bas du gouvernement

Reçues lundi dernier au ministère du Travail, les organisations syndicales ont dénoncé unanimement une probable manœuvre à la hussarde: une réforme passée dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), à toute vitesse afin d’éviter un mouvement social de l’ampleur de celui de 2019-2020, et en force avec l’option du 49-3 pour mettre au pas les oppositions au Parlement.

 «Le fil rouge du gouvernement reste le recul de l’âge légal de 62 ans à 64 ans, et 65 ans en option. Sajoute aussi la piste de l’augmentation du nombre de trimestres cotisés pour obtenir une pension à taux plein. Soit il choisit de tout faire passer dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Alors la concertation se réduira à une réunion, le 19 septembre, avant sa présentation au Parlement. Soit il use d’une loi, en y intégrant des sujets comme les carrières longues. Quoi qu’il en soit, la finalité reste la même: faire travailler plus longtemps», souligne Régis Mezzasalma, de la CGT.

La voie du PLFSS permettrait d’accélérer la mise en place de la précédente réforme Touraine, voire de l’aggraver. Adoptée en 2014 pour, déjà à l’époque, équilibrer les comptes de l’assurance-retraite, celle-ci est en cours. Ses modalités ajoutent un trimestre cotisé toutes les trois générations: de 167 trimestres (41 ans et 9 mois de travail) pour les personnes nées entre 1958 et 1960; à 172 (43 ans) pour la classe 1973.

 «Le gouvernement peut augmenter ce nombre de trimestres à chaque génération. Si bien que les 43 ans à cotiser, prévus effectifs en 2035, pourraient l’être dès 2030, voire 2026. Des générations devront donc travailler plus que ce qu’on leur a promis avec la réforme Touraine», dénonce Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO.

Le faux nez du rapport du COR

«Le système de retraite français nest pas équilibré financièrement. Il est même structurellement en déficit», a affirmé au Point le ministre du Travail Olivier Dussopt, avant la divulgation du rapport du COR, concluant qu’ «il faudra travailler plus longtemps à l’échelle d’une vie».

Pour étayer ce jugement hâtif, la majorité a déjà commencé à manipuler les attendus du rapport du COR. Passant rapidement sur l’excédent spectaculaire (+3,5 milliards d’euros) attendu cette année grâce à une reprise d’activité tonitruante depuis 2021 générant des surplus de cotisations, les caciques macroniens préfèrent retenir de l’étude que «le solde se dégraderait sensiblement» dès 2023 et que «le système serait déficitaire en moyenne sur les 25 prochaines années».

«Avec 0,4 point de PIB en 2027 et 0,5 à 0,8 en 2032, le déficit demeurerait faible. Les scénarios du COR démontrent que le système n’explosera pas du tout mais restera maîtrisé, jusqu’à revenir à l’équilibre en 2062. D’autant que ses calculs prennent en compte des hypothèses de productivité au travail ou des niveaux de chômage très prudents», analyse l’économiste atterré Henri Sterdyniak.

Au vu des nouvelles projections du Conseil, «un peu plus optimistes que les précédentes», Michel Beaugas estime pour FO qu’une nouvelle réforme paramétrique relèverait «dun entêtement idéologique du président». Toutes les organisations syndicales ont annoncé qu’elles feront front contre cet acharnement.

Un chantage sur les dépenses sociales

Sachant tout de même fragile l’argument de la restauration de l’équilibre financier du système des retraites, le candidat Macron avait déjà prévu le coup, en précisant avant sa réélection que les économies réalisées sur les dépenses retraites offriraient des marges de manœuvre pour «investir massivement» dans la transition écologique, la dépendance, la santé…

Ce vernis de solidarité entre générations – les anciens se sacrifiant pour l’avenir des plus jeunes – peine à masquer l’impasse financière dans laquelle se trouve le gouvernement. Il doit, d’un côté, respecter le programme de stabilité 2022-2027 transmis à Bruxelles visant à revenir sous la barre des 3 % de déficit public, en taillant dans les dépenses publiques sans augmenter aucun prélèvement. De l’autre, il doit parer à la crise énergétique, tout en continuant de déverser entre 150 et 200 milliards d’euros d’aides aux entreprises sans contrepartie. Seul viatique pour cette logique libérale: des coupes substantielles sur les assurances-retraite et chômage.

«Recettes est un mot tabou pour ce gouvernement. Avec +1 % de cotisations, le régime de retraite passerait la petite bosse quil a devant lui sur les 15 prochaines années et réglerait le grand problème des années à venir: la paupérisation des retraités», suggère l’économiste Henri Sterdyniak. Son collègue Denis Durand plaide, lui, pour «un élargissement de lassiette des cotisations retraite afin de sassurer quune partie plus importante des richesses créées finance notre système de retraite».

 

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Un génie subversif

14 Septembre 2022, 07:25am

Publié par PCF Villepinte

L'Humanité Jean-Pierre Léonardini

Mercredi 14 Septembre 2022

«Quest-ce que lart, Jean-Luc Godard?» rimait Aragon à la une des Lettres françaises, le 9 septembre 1965, pour la sortie de Pierrot le Fou. Godard n’a jamais répondu qu’en brouillant sans cesse les codes, comme on dit. Il a autopsié le cinématographe, pour voir et montrer ce qu’il avait dans le ventre.

De cette opération, un autre art du film est né, infiniment libre, coupant, monté cut, semblable à l’improvisation du jazzman ou à Picasso réinventant la peinture après l’avoir déconstruite. Truffaut, avant leur brouille, disait: «Godard a pulvérisé le système, il a fichu la pagaille dans le cinéma…» À bout de souffle a tout changé.

Il n’a jamais dérogé à sa règle d’«organisateur conscient du film», en maîtrisant tous les postes, de l’écriture à limage, au son, à la musique et au sens toujours surprenant, fertile dans la culture du paradoxe, ce synonyme poli de la contradiction. En lui, le poète visuel se double d’un théoricien averti, d’un dialecticien aussi surprenant que Brecht, par exemple.

En témoignent ses Histoire(s) du cinéma (1988-1998) éditées par Gallimard. Subjuguant son monde, il a été adoré et haï. Les maoïstes français n’aimaient pas la Chinoise ; les juifs américains le jugeaient antisémite parce qu’il prenait fait et cause pour les Palestiniens… Il faisait face à toute polémique de la même voix inimitable, étrangement grave, un peu suisse, semée de blancs dans le discours avec un rien d’insolence pince-sans-rire.

Nous traitons par ailleurs de son œuvre entier, fait de films phares et, à un moment donné, d’interventions d’agit-prop gauchistes. Rien à jeter, il faut tout prendre chez un artiste de cette trempe qui a su filmer avec une telle intensité les affres de l’amour et les vertiges politiques de la société de son temps.

La Suisse n’est pas que le pays des coucous et du chocolat au lait. Elle produit, de temps en temps, un Marat et un Godard. À l’ère du streaming et des blockbusters, l’effacement du génie subversif de Godard nous signale que le septième art du XXe siècle a définitivement mis la clé sous la porte.

 

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21 septembre : Mobilisons-nous pour la paix et le désarmement

13 Septembre 2022, 16:22pm

Publié par PCF Villepinte

En envahissant l’Ukraine, V. Poutine a déclenché une tragédie au cœur de l’Europe avec son cortège de crimes, de destructions et de réfugiés. Cette guerre, à l’image de celle d’Afghanistan, d’Irak, de Syrie ou du Sahel, ne peut être gagnée mais sème la terreur, le chaos, et porte en germes de nouveaux antagonismes, de nouveaux conflits, de nouvelles violences notamment contre les femmes.

L’OTAN sort renforcée de cette escalade guerrière, légitimant les logiques de confrontation qui conduisent à une remilitarisation de l’Europe, à une augmentation des dépenses d’armement, alors que ce commerce affiche déjà une insolente prospérité. Elle entend aussi passer d’un rôle régional à un rôle global afin d’intervenir sous toutes les latitudes. Y compris, le cas échéant, contre la Chine.

Quelles que soient les divergences politiques avec tel ou tel État, aucun peuple du monde n’a intérêt à cette militarisation des relations internationales. Les défis mondiaux ne se résoudront pas dans la guerre. Et l’Europe n’a rien à gagner à l’opposition entre le bloc occidental et le reste du monde.

Les menaces potentiellement dévastatrices des guerres et des économies de guerre, nous éloignent des grands défis humains et de ceux qui menacent la planète : le réchauffement climatique avec sa succession de catastrophes (sécheresse, inondations, montée des océans, pollution, destruction du vivant…) ainsi que les insécurités humaines (économiques, alimentaires, sanitaires, énergétiques…). Les inégalités mondiales croissantes face à ces défis sont à la source de nouvelles conflictualités.

Les guerres, le changement climatique et les diverses formes d’insécurités ne sont pas étrangers les uns aux autres. La combinaison des activités humaines sur la nature, avec la course aux profits, le productivisme, la prédation des ressources naturelles, détruit notre patrimoine commun.

Les richesses du monde, le travail humain, la science et les technologies doivent servir l’avenir du genre humain et de la planète et non pas la sophistication des guerres et des armements.

Ensemble, nous devons ouvrir d’autres voies.

Les défis contemporains ne connaissent pas les frontières et ne se régleront qu’à l’échelle globale. Nous sommes désormais dans une obligation de solidarité humaine, car personne ne gagnera contre les autres.

La course aux armements et la nucléarisation du monde sont des obstacles à l’émergence d’un nouvel ordre mondial plus juste et plus durable. Elles confortent les systèmes de dominations. Les milliards qui partent dans le fracas des bombes et détournent d’immenses richesses seraient plus utiles dans l’élaboration de grands projets communs pour l’humanité, dans le respect de la souveraineté des peuples, la justice sociale, la démocratie, la liberté, le partage des connaissances et la métamorphose écologique, conformément à la Charte des Nations unies et aux huit domaines de la culture et de la paix définis par l’Unesco. Cela ne se fera pas sans coopération, sans désarmement ni processus d’élimination des armes nucléaires.

Même s’il est étroit dans ce monde de fracas, le chemin existe pour bâtir un projet global de sécurité humaine. Les voix des peuples unis et des organisations de la société civile peuvent être efficaces, permettant, dans un cadre multilatéral, de construire une paix durable.

C’est le sens de l’appel lancé par Fabien Roussel en faveur de la paix et du désarmement.

Pascal Torre
responsable-adjoint du secteur international
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient

 

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