Les communistes de villepinte vous invitent à utiliser ce blog comme point de rencontre et d'échanges concernant la situation politique ,économique ,sociale et environnementale du local à l'international.
Avec 80 000 salariés, la zone aéroportuaire de Roissy est un bassin d’emploi important d’Ile-de-France. Elle accueille des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs : sécurité, logistique, transports, services, commerces, maintenance…
Tout est fait pour diviser les salariés, transformer son voisin en concurrent.
Après deux ans de pandémie, l’activité a repris et les bénéfices aussi. Pourtant, le patronat n’est toujours pas disposé à les partager.
À Roissy, le nombre d’entreprises et de sous-traitants ne cesse d’augmenter, brisant le collectif, détériorant les conditions de travail et accentuant la précarité.
« La stratégie des appels d’offres et des reprises de marché a permis de raboter nos salaires et nos droits sociaux » dénonce Kamel Brahmi, secrétaire général de l’UD 93 CGT.
Malgré la reprise énergique, le patronat ferme la porte à de sérieuses négociations salariales et continue d’abaisser systématiquement le coût du travail et de privilégier les profits et les dividendes versés aux actionnaires.
Le tout dans un contexte d’inflation galopante (+4,8 % en un an), qui rend la question des salaires d’autant plus fondamentale : gaz, carburants, produits alimentaires et de première nécessité sont de plus en plus chers, obligeant parfois les travailleurs à faire des choix difficiles pour leur famille.
« Sur la plateforme de Roissy, malgré́ la reprise du trafic et les bénéfices engrangés, notre travail n'est pas rémunéré́ à sa juste valeur » déplore Kamel Brahmi.
Pour diminuer les inégalités sociales, l’augmentation des salaires pour tous et toutes est la seule solution.
Pour lutter contre la précarisation, tous les salariés de la plateforme aéroportuaire et toutes les organisations syndicales des entreprises de Roissy appellent à la grève unitaire, le 9 juin, pour exiger 300 euros d’augmentation brute du salaire de base pour tous et toutes les salarié·es, tout de suite et sans conditions.
L’unité des travailleurs, réunis dans un combat collectif, est le meilleur moyen de faire plier le patronat, et de l’obliger à accepter l’ouverture de négociations salariales anticipées.
Les unions départementales de toutes les organisations syndicales de la Seine-Saint-Denis, la Fédération des transports CGT soutiennent cette mobilisation et appellent à la convergence des luttes et à la mobilisation de tous les salariés de l’aéroport de Roissy pour l’augmentation des salaires.
Le Parti communiste français (PCF) exprime son plein soutien aux diplomates et agents du ministère des Affaires étrangères en grève ce jeudi 2 juin 2022 contre la suppression autoritaire du corps diplomatique issue de la réforme de la haute fonction publique, décrétée par Emmanuel Macron en avril 2021.
Cette décision brutale vient après plusieurs vagues de coupes budgétaires qui ont déjà « réduit à l'os » les capacités du quai d'Orsay et des postes.
Cette orientation a entraîné une refonte dommageable du réseau diplomatique français portant atteinte aux conditions de travail de tous les agents du ministère, titulaires comme contractuels, à l'accès à leurs droits et services consulaires de nos compatriotes Français de l'étranger et a affaibli le rayonnement tant politique que culturel de notre pays.
Dans de nombreuses régions du monde, tous font chaque jour l'expérience pénible des insuffisances politiques créées, des difficultés matérielles générées pour les agents dans l'accomplissement de leur mission et de la rupture d'égalité devant la République pour les citoyens expatriés – tout cela, malgré les grandes compétences, et souvent le dévouement, des personnels du ministère des Affaires étrangères dans l'exercice de leurs fonctions.
Dans toutes les situations qu'ils et elles ont pu rencontrer comme dans le cadre de la coopération décentralisée, le PCF et ses parlementaires et élu-e-s peuvent témoigner des qualités professionnels et humaines des agents du ministère, que ce soit à Paris ou en poste.
Sur le fond, le choix fait par le président et ses gouvernements prolonge une orientation politique qui ne grandit pas la France, qui affecte son indépendance et ne contribue pas à faire de notre pays l'acteur majeur d'une politique internationale de sécurité humaine collective qu'il devrait être.
Les heures sombres que traverse notre continent depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie mais aussi les conséquences nationales et mondiales de la pandémie et de la crise sanitaire de ces deux dernières années qui sont venues s'ajouter à un contexte international marqué par l'explosion des inégalités et de la pauvreté et une crise climatique sans précédent...
tout, absolument tout, impose à la France, membre permanente du Conseil de sécurité de l'ONU et membre fondatrice de l'Union européenne, de changer de paradigme de politique internationale.
Pour construire les cadres communs de coopération, paix, solidarité et sécurité collective garantissant la sécurité sanitaire, alimentaire et climatique, nous aurons besoin de plus de représentations françaises et de plus de diplomates français-es en prise avec les réalités et les actrices et acteurs politiques et sociaux des 194 pays du monde pour contribuer à la redéfinir et à la mettre en oeuvre.
Trois ONG, soutenues par Amnesty International, ont déposé plainte devant une juridiction française contre des entreprises d’armement accusées de «complicité de crimes de guerre». Les marchands de mort français pourraient être convoqués au prétoire.
«Les frappes aériennes de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont causé de terribles destructions au Yémen», explique le directeur de l’organisation yéménite Mwatana for Human Rights. Gérard Julien/AFP
C’est une guerre emblématique du cauchemar géopolitique qui vient. S’y entremêlent rivalités régionales et internationales, conflits politiques, tribaux et religieux locaux, et l’impitoyable lutte pour la captation des ressources fondamentales – en premier lieu l’eau et la nourriture –, dans un pays qui meurt littéralement de soif et de faim.
Officiellement commencée en 2014, dans la foulée du déclenchement des affrontements dans le Donbass entre l’armée ukrainienne et les forces séparatistes pro-Russes, la guerre au Yémen n’a pas bénéficié du même traitement médiatique que le conflit entre Kiev et Moscou. Seul le combat opiniâtre d’une poignée d’ONG et de parlementaires permet, à mille lieues des couloirs feutrés du Conseil de sécurité des Nations Unies, de faire émerger une exigence de paix et de fin à une spectaculaire logique d’impunité.
Une plainte au pénal devant le tribunal judiciaire de Paris
Trois d’entre elles, à savoir le Mwatana for Human Rights, le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l’homme (ECCHR) et l’association Sherpa, avec le soutien d’Amnesty International France, viennent de déposer plainte au pénal devant le tribunal judiciaire de Paris contre plusieurs entreprises d’armement françaises.
Parmi elles, Dassault Aviation, Thales Group et MBDA France, pointées pour leur éventuelle complicité dans les crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés au Yémen. Lesquels «auraient pu être commis du fait de leurs exportations d’armes vers l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis», soit les deux pays piliers de la coalition sunnite, en guerre contre la rébellion houthie, elle-même soutenue par l’Iran chiite.
Plus de 8 milliards d’euros d'armes fournies par la France
Car, ce sont bien des avions français, dont des Mirage fournis et entretenus par Dassault, qui équipent l’essentiel de la flotte émiratie occupée à la destruction méthodique des ponts, des villes, du patrimoine architectural et des infrastructures civiles dans l’un des pays les plus pauvres au monde.
«Les frappes aériennes de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont causé de terribles destructions au Yémen. Des armes produites et exportées par des pays européens, en particulier par la France, ont pu permettre ces crimes. Sept ans après le début de cette guerre, les innombrables victimes yéménites méritent des enquêtes crédibles sur tous les auteurs de crime s à leur encontre, y compris ceux qui sont potentiellement complices. Nous espérons que les tribunaux français pourront jouer un rôle de manière à combler l’actuel vide vertigineux en matière de responsabilité au Yémen», explique Abdulrasheed Alfaqih, directeur de l’organisation yéménite Mwatana for Human Rights.
Environ 380000 morts depuis 2014
Il s’agit de prendre la mesure des destructions occasionnées dans ce pays peuplé d’un peu moins de 30 millions d’habitants, et qui constitue l’un des plus anciens berceaux de la civilisation au Moyen-Orient. Environ 380000 morts, essentiellement provoquées par les conséquences de la guerre (maladies, famines) sont à déplorer depuis 2014.
Si le conflit se poursuit jusqu’en 2030, prévient l’ONU, le chiffre risque de largement dépasser le million de personnes tuées, dont plus de 80% seraient des enfants de moins de 5ans.
Coupé du monde, le Yémen subit un impitoyable embargo aérien comme maritime, et la malnutrition touche la quasi-totalité de la population. Par la grâce d’une médiation internationale, un cessez-le-feu a bien été décrété le 2 avril. Il vient d’être prolongé pour deux mois, ironie du calendrier, le jour de l’annonce officielle du dépôt de plainte visant les sociétés françaises.
Mais le temps presse. «Lorsque la trêve cessera, il n’y aura plus personne pour surveiller ce qui se passe sur le terrain», s’inquiète Aymeric Elluin, responsable Plaidoyer «armes»à Amnesty International. Les organisations de défense des droits de l’homme n’ont pu documenter qu’une petite partie des crimes de guerre commis sur place, à l’instar des milliers de civils tués dans des bombardements aveugles visant les commerces, les mariages, les immeubles d’habitation comme les manifestations.
«Malgré les preuves accablantes montrant que, depuis 2015, la coalition a mené des frappes sans discrimination à l’encontre de la population civile au Yémen, durant la période de 2015 à 2020, la France a fourni du matériel de guerre, des munitions et des services de maintenance d’une valeur dépassant les 8 milliards d’euros à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis», insiste Amnesty International. Alors que la guerre y faisait rage depuis plusieurs mois, le premier ministre français Manuel Valls s’était même bruyamment félicité, en octobre 2015, de la signature de près de 10 milliards d’euros de contrats avec Riyad, de l’aéronautique aux satellites en passant par le nucléaire.
Le précédent du cimentier Lafarge
Et si la plainte, en France, s’appuie sur la même base juridique que le rapport déposé, en 2019, devant la Cour pénale internationale – dont l’ouverture d’une enquête officielle se fait toujours attendre –, l’espoir de voir les tribunaux se saisir de ce dossier explosif demeure bien réel.
Le précédent Lafarge «montre que la justice peut avancer sur ces questions», veut croire Anna Kiefer, chargée de contentieux au sein de Sherpa. Le cimentier français a vu sa mise en examen pour «complicité de crime contre l’humanité» confirmée, le 18 mai dernier, par la cour d’appel de Paris.
Comme Lafarge avait décidé, au vu et au su des services spéciaux français, de maintenir ses activités industrielles en Syrie, malgré l’effondrement des structures étatiques et la montée en puissance de l’«État islamique», les marchands de mort français ont bien sûr bénéficié du soutien plein et entier d’un exécutif jamais embarrassé par sa lune de miel avec les pétromonarchies du Golfe.
Ces deux dernières années, Amnesty International avait battu campagne pour inviter Paris à davantage de transparence sur ses ventes d’armes, et à la mise en place d’un véritable contrôle parlementaire. Mais, en dépit d’une forte mobilisation de l’Assemblée et du Sénat, avec pas moins de six propositions d’enquêtes consacrées au Yémen, c’est bien devant la justice que pourraient se dévoiler les coulisses de la meurtrière et juteuse guerre menée au cœur de «l’Arabie heureuse».
Il apparaît, puis disparaît. Il parle, ne dit pas grand-chose. Il est présent, sans présence. Un peu fantomatique, comme en suspens… Mac Macron II ressemble à ce cliché déconcertant, dévoilé lundi 30 mai par sa photographe officielle, Soazig de La Moissonnière, sur lequel nous l’apercevons, seul, déambulant dans une rue de la capitale, en pleine nuit.
L’instant aurait été capturé le 19 mai, aux alentours de minuit, rue de Rivoli. Le prince-président marche sur un passage piéton, visiblement en pleine conversation téléphonique. Pas de gardes du corps dans le champ de vision, pas de véhicule officiel, juste quelques badauds qui ne le reconnaissent pas et n’imaginent pas une seconde qui est ce promeneur solitaire qu’ils viennent de croiser. Incroyable métaphore de l’absent-présent.
Mais qu’on ne s’y trompe pas. La mise en scène, voulue et délivrée pour qu’elle soit commentée, s’apparente à une mise en abyme aussi singulière qu’inquiétante. Elle signifie surtout une stratégie politique éminemment réfléchie: comme avant la présidentielle, Mac Macron II laisse filer le temps et retarde ses annonces de «réformes» pour soi-disant remettre la société en mouvement, laissant ainsi peu de prises aux oppositions avant les législatives. Selon le Monde, qui résume assez bien cette situation d’ «atmosphère gazeuse», l’homme «surgit souvent là où on ne l’attend pas», mais «il arrive aussi qu’on attende le chef de l’État et qu’il ne surgisse pas»…
Au-dessous
Voilà plus d’un mois que le prince-président a été réélu et le pays est tenu en haleine sur le sens qui sera donné à ce second quinquennat – qui n’a pas démarré. Le 16 avril dernier, à Marseille, il affirmait pourtant:«Je n’ai aucune envie de faire cinq ans de plus. Non, je ne veux pas les faire en plus, je veux complètement refonder. Je veux que ce soient cinq années de renouvellement complet.»
Le casting pour y parvenir, nous le connaissons. Du recyclage de ministres. Quant à la première, Élisabeth Borne, pire que désolante, cette nomination était prévisible, donc sans effet. «C’est presque du jamais-vu, commente Frédéric Dabi, directeur de l’Ifop. Il n’y a pas de message passé par le gouvernement. Il n’y a pas d’action susceptible de créer de la mobilisation. On est dans une impression de “beurre mou’’. »
À l’évidence, il doit savoir où il compte aller, mais il se garde bien de l’évoquer clairement. Selon Jean-Luc Mélenchon en personne, cité par le Monde, Mac Macron II «est au-dessous de la main dans ce qu’il entreprend». Et le candidat à Matignon d’ajouter:«Il donne le sentiment de ne pas être vraiment là. Il y a peut-être de l’épuisement (liéà la campagne présidentielle) et de la sidération car rien ne fonctionne, comme nous (la gauche) en 1983. Tout le monde a une couche de terreau, pas deux. Peut-être ne s’attendait-il pas à tomber sur un os comme moi!»
Méthode
Si ce climat à la fois filandreux et imprécis reste probablement la meilleure tactique pour assurer une majorité présidentielle au Parlement, Mac Macron II a bien sûr compris qu’il n’avait pas le droit à l’erreur lors de ce scrutin fondamental. Le député LaREM Gilles Le Gendre ne cache d’ailleurs pas les réelles intentions:«Il y a une pression, les gens veulent de l’action. Le ressort n’est pas cassé. Après les élections, en juillet, viendra la mise en œuvre d’une feuille de route radicale et profonde, et là, ce sera le tapis de bombes.»
Vous avez bien lu… Mac Macron II a promis une «méthode nouvelle», d’autant qu’il a beaucoup à se faire pardonner après cinq années durant lesquelles il a incarné jusqu’à l’absurde une verticalité du pouvoir aussi inefficace que mortifère, plus «prince» que «président». Seul moyen d’éviter le«tapis de bombes», élire une majorité de gauche les 12 et 19 juin. Au moins, ce serait conforme au souhait des Français, qui espèrent majoritairement que l’élu «ne dispose pas d’une majorité»…
En acceptant de transmettre au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité portée notamment par Dénis Oztorun, Maire PCF de Bonneuil (94), avec d’autres maires du Val-de-Marne, le Conseil d’État reconnaît la légitimité de la bataille menée par des élus locaux contre l’application de la mesure inique des « 1.607 heures » imposée aux agents publics, dans le cadre de la Loi dite de modernisation de la Fonction Publique.
Avec les élus locaux et les parlementaires communistes, j’ai porté cette bataille, notamment dans le cadre de l’élection présidentielle. Car cette mesure, adoptée par la majorité présidentielle durant le précédent quinquennat, est une attaque contre la Fonction publique, les droits des salariés et le principe constitutionnel de libre administration des collectivités territoriales.
Les agents de nos collectivités locales sont les acteurs au quotidien des politiques de solidarité et de développement de nos territoires. Ils sont au front contre toutes les conséquences des crises sanitaire ou économique. Ils sont au front quand il faut lutter contre la pandémie, quand il faut protéger celles et ceux que la baisse du pouvoir d’achat, le chômage, la précarité fragilise encore plus.
Les agents publics sont aussi celles et ceux qui mettent en œuvre, avec créativité, les politiques publiques décidées par les élus locaux, sur la base des programmes élaborés avec les populations.
Et ils sont malheureusement maltraités par des années d’austérité pour les budgets locaux, par le gel du point d’indice et par des politiques européennes et nationales rétrécissant sans cesse le droit constitutionnel de la libre administration des collectivités.
Avec les élus qui mènent courageusement cette bataille, nous refusons une nouvelle dégradation de leurs conditions de travail.
Nous proposons au contraire d’augmenter massivement les salaires des fonctionnaires (+ 30 % pour le point d’indice) et de leur donner de nouveaux droits, de redonner tous les moyens aux collectivités d’exercer leurs missions, de mettre en œuvre les programmes démocratiquement adoptés par les populations et de renforcer les services publics locaux par des embauches.
La France a besoin de retrouver une grande ambition pour ses collectivités locales, pour ses communes et ses départements en particulier, pour leurs services publics parce qu’ils sont le ciment de la République et un levier essentiel pour construire de nouvelles grandes avancées sociales et démocratiques pour notre peuple.
Branle-bas de combat au Quai d’Orsay, où, ce 2 juin, l’ensemble des syndicats proteste contre un décret signant la disparition du corps diplomatique en pleine guerre en Ukraine.
«Une épopée», celle d’une «consécration». À l’automne 2017, l’écrivain et journaliste Patrick Besson dédiait à Emmanuel Macron, dans le sillage de sa victoire à l’élection présidentielle, un livre hagiographique:Un personnage de roman. L’auteur lui-même a fini par reconnaître que cette prose de cour avait quelque chose de «boiteux»; il y rapportait surtout ses bavardages avec le couple Macron.
Quelques mois plus tard, le 3 août 2018, paraît un décret permettant au gouvernement de désigner à sa discrétion les titulaires de 22 postes de consuls auparavant dévolus au personnel sous statut des agents diplomatiques et consulaires. Un décret taillé sur mesure pour Besson, qui se voyait offrir le poste prestigieux de Los Angeles.
L’intéressé eut beau invoquer un illustre prédécesseur, Romain Gary – diplomate de métier, lui –, la décision provoqua un tollé. Saisi par plusieurs syndicats du Quai d’Orsay ulcérés par une «réforme au service d’intérêts particuliers», le Conseil d’État annula finalement ce texte.
La haute juridiction laissait toutefois au gouvernement la latitude de nommer la personnalité de son choix au poste de consul général de Jérusalem, «eu égard notamment aux spécificités du contexte local et au rôle qu’il est conduit à jouer dans les relations entre le gouvernement français et l’Autorité palestinienne». Un poste politiquement équivalent à celui d’ambassadeur. Besson voit s’évanouir ses rêves hollywoodiens; l’arrêt blesse l’orgueil de Macron.
Peut-être est-ce dans ces brumes qu’il faut rechercher les origines de la décision solitaire du 17 avril de «mettre en extinction» deux corps historiques de la diplomatie française: les ministres plénipotentiaires et les conseillers
« La liberté est plus importante que le libre-échange. » Ces mots sont ceux de Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN ; ils ont été prononcés le 24 mai 2022 au Forum économique mondial qui se réunit tous les ans à Davos. L'ancien premier ministre norvégien, peut-être inspiré par Emmanuel Macron, a aussitôt ajouté sous forme de mauvais plagiat : « et la protection de nos valeurs est plus importante que le profit. »
Il sera toutefois bien question de valeurs (sonnantes), et non de principes (politiques), car n'imaginons pas qu'il s'agisse d'une prise de conscience quant à la responsabilité des accords de libre-échange dans l'explosion des inégalités, des injustices et de la pauvreté mondiales, ni celle des firmes multi- et transnationales dans l'épuisement des ressources et le saccage des écosystèmes, pas plus que celle des grands États exportateurs d'armements dans de sales guerres.
Y en a-t-il seulement de propres ? ont l'habitude de répliquer les vendeurs d'armes pour se donner bonne conscience puisque d'aucuns, la France notamment, ont fait ces dernières années de bonnes affaires dans le domaine avec le régime russe. Pour corriger cette faute, il suffirait désormais de s'en remettre à « la morale dans les relations internationales », selon un ministre allemand. La morale (occidentale), courante en diplomatie, se traduit systématiquement en un « deux poids-deux mesures » dans lequel la politique perd toute noblesse : trop nombreux sont les peuples, au Moyen-Orient ou en Afrique, qui en font la cruelle et désespérante expérience.
À Davos donc, c'est au chevet de la guerre en Ukraine que tous les beaux esprits se sont penchés, sans pour autant en appeler à la paix et à l'arrêt immédiat des hostilités. Au contraire, la recherche d'une réponse diplomatique et politique au conflit est aujourd'hui qualifiée d'« illusoire » ; l'objectif d'arracher une victoire militaire sur la Russie s'étant imposée depuis plusieurs semaines sous l'impulsion de l'administration Biden et à la faveur de pays, comme la Pologne, nourrissant des ambitions de revanche sur la puissance russe.
L'invité d'honneur de cette nouvelle édition était en effet le président ukrainien Volodymyr Zelensky, intervenant par visioconférence depuis Kiev, pour exhorter les participants, dirigeants politiques économiques de premier plan, à prendre des sanctions « maximales » contre la Russie et à cesser avec elle toute relation commerciale.
Après avoir évoqué l'impact de la guerre sur les économies des pays dépendants du blé ukrainien - enjeu qui fait en réalité l'objet de tractations très discrètes entre Russes et Ukrainiens sous l'égide de l'ONU et de l'UE (Le Monde, 31 mai 2022) - et les risques de crise alimentaire dans le monde, V. Zelensky a aussi laissé entrevoir la récompense qu'un engagement armé actif ou, à défaut, un soutien militaire ou matériel plus nourri aux côtés de l'Ukraine pouvait laisser présager, dès à présent, en parts de marché dans la reconstruction des villes et infrastructures détruites par la guerre.
« Davos » s'est alors transformée en célébration du camp des « démocraties », animé comme un seul homme par les pays occidentaux, ligué contre l'autocratie russe, comme si ce camp « démocrate » ne comptait pas d'autocrates émérites lui-même.
La rhétorique éculée de cette prétendue nouvelle ère d'affrontement du « bien contre le mal », bloc contre bloc, habille d'un vernis idéologique fragile la préoccupation essentielle des « décideurs », puissances occidentales et consorts.
La guerre issue de l'invasion de l'Ukraine, sur ordre de Vladimir Poutine à l'origine pour des raisons géopolitiques, se mue, sous l'effet de son internationalisation par l'implication des puissances occidentales, en enjeu économique international. Car, pour elles, l'arbre russe cache la forêt chinoise. Depuis quelques années, le reproche adressé à la Chine était d'être devenue l'« usine du monde » et d'aspirer en devenir le « pôle d'excellence technologique » à brève échéance.
Depuis la crise sanitaire, il est devenu impératif pour les puissances occidentales de mettre en échec la Chine devenue « un marché cher, (où) la main-d’œuvre n'y est plus si bon marché » (El Mundo, 3 avril) et dont le président en personne prêchait les vertus du libre-échange, ici même à Davos, en 2017 en opposition frontale à un Donald Trump, chantre du protectionnisme.
Le déclenchement puis la prolongation de la guerre en Ukraine, que tous prédisaient « courte », sont venus aggraver de façon aigüe le problème. Car avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie, outre le problème de la dépendance commerciale en matière de blé, pétrole ou gaz, s'est immédiatement posée la question pratique des sanctions économiques, compliquée par l'interpénétration des intérêts capitalistes occidentaux et russes ou ukrainiens (voir l'Humanité magazine n°799, 24-30 mars 2022).
La crise du capitalisme mondialisé, la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis puis la pandémie de Covid-19 avec la crise sanitaire mondiale qu'elle a engendrée « ont incité de nombreuses entreprises et de nombreux États à réexaminer les conséquences pour l'économie nationale de leurs dépendances commerciales », soulignait le Wall Street Journal, quelque deux mois avant la tenue du forum.
La question est celle d'une évolution de la mondialisation capitaliste qui permette aux pays occidentaux de reprendre le leadership international tenant compte, rappelle The Economist avec raison, que « les autocraties (sic) ne forment pas un bloc économique soudé, mais (qu') elles veulent toutes s'affranchir de l'influence occidentale, aussi bien pour les nouvelles technologies que pour les réserves monétaires. »
Les discours et discussions de Davos ont donc été consacrés au défi d'une « reconfiguration de la mondialisation » - capitaliste. Les alternatives sont déjà connues : il y a ceux pour s'en réjouir : « la mondialisation (comprenez bien : capitaliste) ne va pas disparaître, elle va être plus régionalisée » (El Mundo, 3 avril 2022) ; ceux pour alerter : « Le temps de la belle entente commerciale et du libre-échange sans cesse plus libre, y compris avec ses adversaires, apparaît de plus en plus comme une aberration » (Wall Street Journal, déjà cité).
Il y a aussi les apprentis dialecticiens. Ainsi The Economist, dans son édition du 19 mars, à ceux qui, « en Occident, (auraient) la tentation de privilégier les échanges avec les seuls alliés militaires, voire de défendre l'autosuffisance », il affirme : « Ce serait une erreur » et propose une solution plus simple : « En temps de guerre, la rupture des relations économiques a du sens. En temps de paix, l'objectif doit être de ne limiter les exportations vers les régimes illibéraux (sic) que pour les technologies les plus sensibles. » Autrement dit, renverser les rapports de dépendance énergétique, hautement stratégique, pour en devenir les maîtres absolus. Rien de bien révolutionnaire en soi - toute l'histoire du capitalisme en est tissée.
Ces débats, qui n'ont certes rien de nouveau, méritent néanmoins toute notre attention, d'abord pour les contradictions qu'ils mettent en lumière.
Affirmer, comme le fait un rédacteur d'El Mundo, que c'est avec la guerre en Ukraine que « la vision des années 1990 selon laquelle le libre-échange et la liberté iraient de pair » se serait « fracassée », c'est oublier bien vite les profondes interrogations soulevées sur le sens de nos sociétés avec la pandémie, la crise sanitaire et les mois de « nationalisme vaccinal » qui ont suivi.
C'est oublier les mouvements sociaux et politiques populaires d'Occupy Wall Street, des « printemps arabes » au mouvement récent au Chili qui vient d'enterrer la constitution héritée de Pinochet qui gravait le néolibéralisme dans le marbre au détriment des droits et libertés, précisément. Conquêtes sociales, droits, paix et démocratie constituent de plus en plus nettement la trame des mouvements populaires qui se lèvent dans différents contextes nationaux. La voix des peuples doit être entendue, elle doit s'imposer.
Les émeutes de la faim qui balaient le Sri Lanka et réprimées avec brutalité - dans une certaine indifférence des chancelleries occidentales - vont s'étendre en Asie, en Orient, en Afrique, en Amérique latine aussi peut-être. Qui peut prétendre sans cynisme que c'est la poursuite de la guerre en Ukraine, voire une victoire militaire de l'Ukraine ou de la Russie, qui résoudrait une crise alimentaire mondiale ? Personne évidemment.
Même l'éditorialiste du Figaro daté de ce 31 mai répond à la question « Ukraine : quelle voie de sortie ? » en soulignant que le « jour où Russes et Ukrainiens accepteront de parlementer sur des dossiers techniques d'intérêt commun (exportations céréalières, gazoducs, etc.) une lumière apparaitra au bout du tunnel. »
La mondialisation n'est pas née avec le XXe siècle, ni avec le capitalisme industriel. Elle est un processus géo-historique de très longue durée, de plus cinq cents ans, une « construction dynamique, instable et conflictuelle », et le fruit de rapports de force. Elle est un terrain de lutte que les forces du travail et de la création tentent d'investir depuis peu, depuis Marx.
Chaque avancée sociale ou politique conquise au cours des deux derniers siècles est le fruit du mouvement populaire, singulièrement du mouvement ouvrier et paysan, dans le monde entier. Et parce que « nul ne peut prétendre que la dictature du capitalisme international a été solidement et durablement installée sur la mondialisation », comme rappelait Bertrand Badie dans son essai Nous ne sommes plus seuls au monde, tout processus d'émancipation de la mondialisation de la domination capitaliste est et sera le fruit des mobilisations sociales et de société.
La proposition des communistes de la tenue d'une conférence paneuropéenne extraordinaire avec pour ordre du jour la fin des combats en Ukraine, la définition d'une solution politique et le projet d'un cadre commun de coopération et de sécurité collective prévenant tout nouveau conflit est ambitieuse. Elle demande beaucoup de volonté et de travail ; elle implique une grande exigence démocratique et du temps sans doute mais elle n'est ni impossible ni naïve. Il s'agit bien de partir des intérêts communs pour fonder les bases d'une paix durable, d'une fraternité et solidarité entre les peuples. Il s'agit non de décréter par de beaux discours l'avènement d'un jour neuf mais d'agir pour enclencher des processus concrets de transformation produisant au fur et à mesure leurs effets.
C'est en devenant une proposition majoritaire portée par le plus grand nombre qu'elle aura une chance de devenir la proposition de la France au plus haut niveau de l'État. Cet objectif est réaliste, il est même indispensable pour le peuple ukrainien en premier lieu.
Ce n'est pas de « Davos » mais de l'engagement des peuples, des forces du travail et de la création, des forces de paix, de leur rassemblement, que les perspectives de paix en Ukraine et de sécurité (humaine) globale renaîtront.
Lydia Samarbakhsh
responsable des Relations internationales du PCF
L’hôpital public profite des petits salaires et des contrats précaires des médecins aux diplômes extra-européens. Pire: l’administration les a conduits dans une impasse en leur imposant d'être titularisés avant la fin de l’année, sans s’en donner les moyens.
Quelques dizaines de médecins ont manifesté, mardi, devant le ministère de la santé à Paris. Toutes et tous sont égaré·es dans les méandres de l’administration, depuis deux, trois ou quatre ans. Toutes et tous ont obtenu leurs diplômes en dehors de l’Union européenne, exercent en France mais doivent obtenir une reconnaissance de leurs compétences. 4 500 Padhue (pour praticien·nes à diplôme hors Union européenne) exercent ainsi en France
Il y a tous les profils. Plusieurs sont des spécialistes aux compétences rares, comme ces trois oncologues qui exercent depuis leur arrivée en France à l’Institut Gustave-Roussy à Villejuif (Val-de-Marne), le plus grand centre de lutte contre le cancer en France. Ils veulent conserver leur anonymat, surtout parce qu’ils trouvent « humiliant » de crier ainsi sous les fenêtres de la nouvelle ministre de la santé, Brigitte Bourguignon.
L’une a obtenu son diplôme aux Philippines, une autre au Maroc, le troisième au Liban. Ils ont une trentaine d’années, ont la nationalité française. En France, ils ont donné tous les gages de leur grande compétence : ils ont passé avec succès l’examen de validation des connaissances, un concours très exigeant. Ils font de la recherche médicale, publient dans des revues. Ils ont multiplié les diplômes universitaires en France.
« Nos CV de quinze pages sont excellents », disent-ils, eux qui travaillent « cinquante heures par semaine » dans leur hôpital. Mais avec huit à douze années d’expérience, ils gagnent toujours entre « 2 100 et 2 800 net ». « Nos carrières, nos salaires sont bloquées. »
Celle qui dysfonctionne, c’est l’administration française, qui accuse une à deux années de retard dans le traitement des dossiers de ces médecins. La situation est ubuesque : une loi en 2019 a élargi les conditions d’accès à la titularisation des médecins étrangers.
Il y a deux voies d’accès possible : la première est un concours très exigeant, l’examen de validation des compétences, suivi de deux années de stage, avant un passage devant la commission d’exercice du Centre national de gestion, qui gère les carrières des praticiens hospitaliers ; une seconde voie d’accès a été ouverte aux médecins étrangers qui exercent depuis au moins deux ans à temps plein en France.
Eux aussi peuvent prétendre à la titularisation en passant devant une autre commission, devant les agences régionales de santé (ARS) cette fois. La loi fixe aussi une limite : au 1er janvier 2023, les médecins étrangers devront avoir été titularisés ou quitter leurs postes.
Des milliers de dossiers en souffrance
Naturellement, les dossiers ont afflué : 4 500 médecins étrangers ont déposé leurs dossiers auprès des ARS, qui se sont ajoutés à ceux des huit cents médecins reçus chaque année à l’examen de validation des compétences. L’administration, débordée, ne suit pas. Fin mai, seuls huit cents dossiers ont été examinés en commission. L’échéance du 1er janvier 2023 ne sera donc pas tenue, et l’angoisse monte chez les candidat·es qui attendent tous et toutes d’être reçu·es en commission, quel que soit leur parcours.
« On appelle, on écrit des mails pour savoir où en est l’avancement de notre dossier, personne ne nous répond. On est traités comme des animaux », raconte une des oncologues de l’institut Gustave-Roussy Elle a réussi l’examen de validation des compétences en 2018, est en « stage » depuis quatre ans, au lieu de deux, dans l’attente d’être enfin convoquée en commission pour obtenir son statut de praticien hospitalier.
Autre parcours, celui d’Hanane Rimi, 38 ans. Médecin généraliste diplômée au Maroc, elle exerce depuis cinq ans en France, aujourd’hui comme gériatre à l’hôpital Rives de Seine à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Elle aussi a multiplié les diplômes en France (« une capacité de gériatre, un diplôme universitaire de diabétologie et d’échographie vasculaires »), publié des articles, trouvé sa place dans son hôpital, où elle est membre de la commission médicale d’établissement. Mais la docteure Rimi reste en CDD, pour 2 500 euros net par mois quand ses collègues en gagnent le double.
D’autres attendent depuis plus longtemps encore la reconnaissance de leurs compétences, par exemple cette médecin psychiatre de 54 ans. Diplômée en Algérie, elle exerce depuis vingt-deux ans en France. D’abord interdite d’exercer comme médecin, elle a débuté comme infirmière, puis est passée cadre. Elle a ensuite tenté l’épreuve de vérification des connaissances : « Il y avait quinze places en psychiatrie, nous étions des centaines, j’ai eu 13 de moyenne, il fallait avoir 16. »
Mais les besoins en médecins sont tels en France qu’elle a finalement trouvé un chemin pour exercer son métier : « J’ai été recrutée comme médecin généraliste en psychiatrie, à condition d’obtenir un diplôme universitaire. Je me suis formée trois ans. Puis j’ai travaillé aux urgences psychiatriques, tout en multipliant les examens français : une capacité en médecine d’urgence, en médecine du sport, en gynécologie. »
L’hôpital psychiatrique où elle travaille, dans l’Essonne, ne fonctionnerait pas sans ces médecins à diplôme étranger, assure-t-elle : « Dans mon service, sur cinqmédecins, quatre sont des Padhue. Je suis payée 3 000 euros net, quand mes collègues praticiens hospitaliers sont eux payés le double. J’ai pourtant les mêmes responsabilités, cela m’arrive de me retrouver seule à gérer les urgences psychiatriques de mon établissement. Et comme je gagne mal ma vie, je dois faire beaucoup de gardes. »
Elle en est convaincue : l’administration de la santé les maintient volontairement dans cette situation. « On ne peut exercer qu’à l’hôpital public, qui manque terriblement de médecins. On est une main-d’œuvre bon marché, on fait faire des économies. » Elle prévient : « Le jour où les médecins à diplômes étrangers décideront tous de se mettre en grève, l’hôpital français sera paralysé. »
Après deux années de crise sanitaire, les services hospitaliers et les personnels épuisés vivent une situation intenable. Des blocs opératoires ferment. Les services d’urgences sont submergés.
Si les urgences se retrouvent au cœur des tensions dues à un manque de moyens chroniques, c’est une politique d’ensemble qu’il faut engager.
Loïc Pen, médecin urgentiste, candidat de la Nupes dans l’Oise
En effet, on peut parler d’écroulement. On n’en finit plus de la litanie des services qui ferment, des urgences qui s’arrêtent la nuit ou qui filtrent les arrivées des patients. Le carrefour des problèmes se retrouve aux urgences, mais elles n’en sont pas la source. Aux urgences, on retrouve à la fois les patients qui n’ont pas d’autre solution de recours aux soins face à la situation dégradée de la médecine de ville et ceux qui devraient être hospitalisés mais qui restent sur des brancards faute de place et dont il faut s’occuper, ralentissant encore la prise en charge de l’accueil des nouveaux arrivants.
Au-delà de ce problème déjà ancien, volontairement ignoré par le pouvoir, se greffe une fuite de professionnels de santé de l’hôpital public, désespérés par la situation de l’hôpital, par ses conditions de travail et par l’absence de changement de politique de santé, désespoir à la hauteur de l’espoir qu’avaient suscité les promesses d’un monde d’après durant la phase aiguë de la pandémie de Covid.
Il faut donc agir sur toutes ces problématiques avec des politiques publiques volontaires. Or, la logique néolibérale de ces vingt dernières années s’efforce à l’inverse de confier la gestion de la santé au marché. Évidemment, c’est un marché juteux, avec un budget de la Sécurité sociale d’environ 500 milliards d’euros. Les accumulations de capitaux en recherche de rentabilité n’attendent que ça. Tout comme pour la retraite, c’est un véritable hold-up sur nos cotisations sociales, notre salaire mutualisé.
Face aux 21 millions de passages dans les 640 structures d’urgence, comment n’avoir pas écouté les urgentistes et les équipes soignantes?
La nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, sera sans aucun doute dans le droit fil de son prédécesseur: elle était déjà au gouvernement Castex. 100000lits d’hospitalisation ont été fermés en vingt ans, 20% de nos capacités d’hospitalisation, et cela a continué durant la pandémie avec 7500lits fermés. Et le scandale des Ehpad est venu révéler crûment leur modèle de gestion.
Nous devons rouvrir massivement les lits fermés pour permettre aux urgences de fonctionner. Nous devons urgemment mettre en place un collectif budgétaire pour permettre aux hôpitaux d’embaucher, de rénover et d’investir. Il faut défaire les hôpitaux publics de leur dette et créer 100000emplois à l’hôpital public et 240000dans les Ehpad. Cela passe par la relance de la formation des paramédicaux et des médecins. La suppression du numerus clausus n’a été qu’un trompe-l’œil puisqu’on n’a pas donné les moyens aux universités de former plus. Il faut créer des centres de santé avec des médecins salariés. Il faut en finir avec une gouvernance technocratique de la santé et des hôpitaux, et constituer des conseils de santé de territoire associant élus, professionnels, syndicats et usagers afin de partir des besoins de santé des populations. Il faut interdire l’actionnariat dans les établissements de santé.
Voilà, en creux de ces propositions, pourquoi notre système s’effondre, parce que les libéraux au pouvoir depuis vingt ans font l’inverse.
Les progrès médicaux au service de ce bien commun se voient balayés par la logique du chiffre de «réformes» totalement coupées du terrain.
Jean-Marie Fessler, membre de cercles de réflexion et de propositions portant sur la santé et l’économie sociale et solidaire
Depuis longtemps, les pouvoirs publics privilégient la gouvernance par les textes et les nombres et, sous couvert de régulation, le «non» et la coercition au «oui», au détriment du sens des métiers, de territoires défavorisés et d’innovations locales. Le système tarifaire illisible des établissements de soins et de la médecine de ville a tout aggravé. Ailleurs, la négociation et le contrat donnent de la souplesse. En France, aucune simulation de meilleures approches n’a été entreprise.
La santé souffre de grilles et de segmentations imposées pour confiner le réel. L’insolence des certitudes réduit la profondeur de champ, pendant que les drames et scandales sanitaires produisent commentaires et crispations tous azimuts. Face aux 21 millions de passages – un doublement en vingt ans – dans les 640 structures autorisées d’urgences, comment n’avoir pas écouté les urgentistes et les équipes soignantes? On en vient à oublier les progrès diagnostiques, chirurgicaux, thérapeutiques et l’ampleur de nos investissements collectifs de longue durée au titre de l’assurance-maladie. Des handicaps décrits depuis tant d’années – irréalisme, réglementarisme, culture de l’affrontement – mettent à mal la santé publique, notre bien commun.
La juste compréhension de notre vieillissement, de nos maladies chroniques et des révolutions technologiques en imagerie, biologie, analyse des données massives, et l’urgence de l’essentiel, la santé globale, l’éducation à la santé dès l’enfance, la santé au travail, l’espérance de vie sans incapacité et l’assurance-santé ne sont guère des priorités institutionnelles réelles.
Il faut interdire l’actionnariat dans les établissements de santé.
Ne pas rémunérer correctement les professionnels de santé et les métiers qui maintiennent les réseaux vitaux, priver de liberté les équipes de recherche, décourager l’actualisation des connaissances médicales, négliger les relations entre les politiques et les scientifiques, privilégier la maîtrise des dépenses à court terme, malmener la démographie des professions de santé, ignorer les pertes de chance pour les patients, les conditions réelles de travail et les coûts de non-qualité ont fabriqué du danger au cœur du lien social.
Il est vrai que les inspirateurs des «réformes» se pensent tellement plus intelligents et légitimes que les deux millions de professionnels du monde santé-social et qu’il n’existe toujours pas de plateforme citoyenne permettant de partager expériences et propositions. Ne serait-il pas réaliste que, dans les ministères, agences et organismes de Sécurité sociale, on cesse de croire dans des propriétés auto-organisatrices de concepts vides, de croire que le maniement de telle idée vaut action pertinente dans le réel?
À lire Rendre le soin aux soignants!ouvrage collectif, Fauves Éditions, 2022.
Après le fiasco industriel de 2015, avec la vente de la branche énergie d'Alstom à General Electric, après la saignée sociale avec la suppression de 5000 emplois, voilà la troisième facette de la gestion de la direction du groupe General Electric : l'évasion fiscale massive, via la Suisse et le Delaware. C'est ce que révèle, ce 29 mai 2022, une enquête de Disclose, association indépendante de journalistes.
Leur enquête démontre que le groupe aurait dissimulé les bénéfices liés à la vente de turbines à gaz produites à Belfort, où 1.500 emplois ont été supprimés, pour que ce produit échappe au fisc français. Plus de 800 millions d'euros auraient ainsi disparu des caisses de GEEPF, l'antenne de GE en France, entre 2015 et 2020, représentant un manque à gagner de 150 à 300 millions d'euros pour les comptes publics. Des filiales installées en Suisse et au Delaware auraient permis la mise en œuvre de ce dispositif d'optimisation fiscale.
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, avait alerté dès 2019 le gouvernement sur ces pratiques comptables scandaleuses, autant pour les comptes publics de la France que pour les salariés, les territoires et l'ensemble de la filière. Pourtant, rien n'a été entrepris par Bercy pour mettre un terme sur ce détournement des richesses créées par les travailleurs en France.
Dans ces conditions, le Parti Communiste Français exige la mise en œuvre immédiate d'une véritable politique de lutte contre l'évasion fiscale, essentiellement organisée par les grands groupes, et de conditionner toutes les aides publiques à des politiques vertueuses de la part des entreprises, en matière d'emploi, de salaires, de formation mais aussi de pratiques comptables. Il propose par ailleurs de donner aux salariés, à leurs organisations syndicales de nouveaux pouvoirs d'intervention dans la gestion des entreprises.
Il faut enfin se donner les moyens de mettre au pas cette finance, qui dispose de trop de pouvoirs pour prospérer et se gaver contre l'emploi, les salaires, contre le développement de filières industrielles stratégiques et contre les territoires.