Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Stratégies

18 Mai 2022, 09:54am

Publié par PCF Villepinte

Stéphane Sahuc L'Humanité

Publié le Mercredi 18 Mai 2022

Des agents en combinaisons blanches intégrales, masqués, pulvérisateur de solution de décontamination en main, arpentent les rues. Des quartiers sont hermétiquement bouclés et ravitaillés uniquement en produits de première nécessité. Et la colère qui grandit. Ces images font le tour du monde. Au total, des millions de Chinois sont strictement confinés depuis des semaines. Cette stratégie «zéro Covid» impulsée par le pouvoir chinois depuis l’apparition du virus a porté ses fruits dans un premier temps. Mais la vague Omicron, plus contagieuse et contre laquelle le vaccin chinois est moins efficace, fragilise sa légitimité. Certes, l’université Fudan de Shanghai explique que, sans cela, la Chine pourrait compter, en six mois, 112 millions de cas et 1,55 million de morts. Mais d’autres épidémiologistes réfutent ce scénario. La faiblesse de la couverture vaccinale chez les plus de 60 ans, à peine 60 %, est ainsi pointée du doigt comme un échec de la politique voulue directement par Xi Jinping.

Si l’impact sanitaire est contesté, l’effet économique de la stratégie «zéro Covid» est, lui, bien mesurable. Au point que la promesse du «rêve chinois» sur laquelle repose le contrat social depuis laccession aux responsabilités de Xi Jinping commence à être mise en cause. Car derrière la critique de la stratégie sanitaire pointe la critique politique, et donc la critique de Xi Jinping lui-même. Les luttes d’influence au sein du Parti communiste chinois (PCC) crispent un peu plus la situation à quelques mois du 20e congrès du parti, qui doit déboucher sur une réorganisation «constitutionnelle» de la direction centrale du PCC.

Pour Xi Jinping, l’autoritarisme sanitaire permet aussi d’affermir son pouvoir, même si l’enjeu reste de rétablir le pays sur la trajectoire de l’augmentation constante du niveau de vie. Si sa stratégie fonctionne, il se présentera devant le congrès avec une économie certes convalescente, mais un bilan sanitaire bien meilleur que celui des États-Unis, qui ont franchi la barre du million de morts, contre officiellement quelques milliers en Chine.

 

Voir les commentaires

Le brillant discours de Vincent Lindon, président engagé du jury du festival Cannes

18 Mai 2022, 09:49am

Publié par PCF Villepinte

Il y a des moments suspendus, un peu magiques, et le discours prononcé à l’ouverture du Festival de Cannes par le comédien Vincent Lindon, président du jury, est de ceux-là. Brillant, émouvant, il rappelle une évidence un temps oubliée : la culture est essentielle.

Michaël Mélinard L'Humanité

Publié le Mardi 17 Mai 2022

L'acteur Vincent Lindon, président du jury du 75e Festival de Cannes. SARAH MEYSSONNIER / REUTERS

De l’émotion, de la solennité et une pointe d’autodérision. Vincent Lindon a placé haut le curseur avec un discours inaugural somptueux autour du rôle des artistes. Le comédien qui a plusieurs fois pris publiquement la parole en faveur de l’hôpital ou en appelant à une plus grande solidarité des plus riches avec les plus démunis par le biais de la taxe Jean Valjean s’interroge. «Doit-on user de sa notoriété aussi modeste soit elle pour porter haut et fort la parole des sans voix ou au contraire, refuser dexprimer publiquement une position dans des domaines où nous navons ni légitimité, ni compétences particulières? Je nai pas la réponse». Et pourtant, il la.

Le cinéma est un art majeur

Mais avant de nous la servir, Lindon parle de lui, de ses collègues, des cinéastes et de tous les artistes. «Comme tous ceux qui ont eu limmense bonheur de pouvoir vivre de leur art dans une existence libre, nous sommes une composante infime d’un grand tout essentiel qui s’appelle la culture. La culture n’est pas une aimable excroissance ni un futile ornement de la société, elle n’est pas en marge. Elle en est le centre et en sera le vestige».

Il insiste sur son importance mémorielle en évoquant Mozart, Corneille, Molière ou Michel-Ange, aussi importants que leur souverain, Joseph II, Louis XIV et Jules II. «Le festival international du film de Cannes prolonge cette tradition séculaire née dune volonté de lutte contre un fascisme qui avait dénaturé le cinéma européen. Il n’a cessé d’accueillir, de protéger et de réunir les plus grands cinéastes de leur temps».

Vincent Lindon n’en démord pas. Le cinéma est un art majeur dont Cannes demeure un puissant passeur. «Ouvert sur toutes les cultures, n’exigeant rien d’autre que l’exigence, ses sélections ont retenu des films dont l’ambition ne se limitait pas seulement à remplir les salles. C’est la fonction du festival de Cannes. C’est sa gloire».

Un appel à l’engagement

Et l’acteur de poursuivre son sans-faute en mentionnant bien sûr la guerre qui se joue à l’est de l’Europe mais aussi d’autres conflits moins médiatisés.  «Cest cette ligne inflexible artistique et citoyenne qui rend nécessaire ce qui sans cela serait obscène. Projeter des images radieuses en surimpression de scènes abominables qui nous parviennent d’une Ukraine héroïque et martyrisée. Ou bien encore, ensevelir sur la mélodie du bonheur, les massacres silencieux qui s’abattent sur le Yémen ou le Darfour».

La réponse tant attendue advient enfin. «Pouvons-nous faire autre chose quutiliser le cinéma, cette arme d’émotion massive pour réveiller les consciences et bousculer les indifférences? Je ne limagine pas». Et de saluer les grands cinéastes avant dappeler à l’engagement.  «Voici venu le temps des artistes, des cinéastes responsables pour nous porter, pour nourrir notre imaginaire et nous aider à nous répéter en nous-mêmes chaque fois que nous le pourrons en hommage à tous ceux qui souffrent et qui se battent dans le monde: Être vivant et le savoir».

Les films en compétition officielle

Holy Spider, d’Ali Abbasi (Danemark, Iran)

Les Amandiers, de Valeria Bruni Tedeschi (France)

Crimes of the Future (Les Crimes du futur), de David Cronenberg (Canada)

Tori et Lokita, de Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique)

Des étoiles à midi, de Claire Denis (France)

Frère et sœur, d’Arnaud Desplechin (France)

Close, de Lukas Dhont (Belgique)

Armageddon Times, de James Gray (Etats-Unis)

Broker, de Hirokazu Kore-eda (Japon)

Nostalgia, de Mario Martone (Italie)

R.M.N., de Cristian Mungiu (Roumanie)

Triangle of Sadness (Le Triangle de la tristesse), de Ruben Ostlund (Suède)

Decision to Leave, de Park Chan-wook (Corée du Sud)

Showing Up, de Kelly Reichardt (Etats-Unis)

Leila’s Brothers, de Saeed Roustaee (Iran)

Boy From Heaven, de Tarik Saleh (Suède, Egypte)

Pacification, de Aldbert Serra (France, Espagne, Allemagne, Portugal)

Un petit frère, de Léonor Seraille (France)

La Femme de Tchaïkovski, de Kirill Serebrennikov (Russie)

Hi-Han (Eo), de Jerzy Skolimowski (Pologne)

Le Otto Montagne (Les Huit Montagnes), de Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch (Italie, Belgique, France)

 

Voir les commentaires

Borne à Matignon : l’ « ouverture à gauche » version Macron

17 Mai 2022, 07:08am

Publié par PCF Villepinte

Trois semaines après la réélection du chef de l’État, Jean Castex quitte enfin Matignon et laisse son bureau à Élisabeth Borne. Deuxième femme au poste de premier ministre, l’ex-préfète est surtout celle qui a porté la réforme de la SNCF et de l’assurance-chômage.

Cyprien Caddeo L'humanité

Publié le Mardi 17 Mai 2022

 

Il devait démissionner «dans les jours qui suivaient» la victoire d’Emmanuel Macron. Pourtant, Jean Castex a prolongé de trois semaines ses fonctions de premier ministre, jusqu’à ce lundi 16 mai, date à laquelle le chef de l’État a officiellement accepté sa lettre de démission.

La faute à un bouclage de casting gouvernemental plus compliqué que prévu pour le président de la République? Cette période de flottement, avec sa valse des supputations et sa liste de «premiers ministrables» décortiquée jusqu’à indigestion sur les plateaux de télévision, touche en tout cas à sa fin. Le nouveau navire gouvernemental a désormais pour capitaine Élisabeth Borne, jusqu’ici ministre du Travail. Soit une des personnalités dont le nom avait très tôt circulé, dès le lendemain de la réélection d’Emmanuel Macron.

La passation de pouvoirs a eu lieu sur le perron de Matignon, en début de soirée. À 61 ans, cette ancienne proche du PS – jamais encartée – est seulement la deuxième femme à occuper le poste de premier ministre, depuis la socialiste Édith Cresson, nommée il y a trente ans et restée en poste… dix mois. Le reste du gouvernement pourrait être dévoilé ce mardi 17 mai, par Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée. Le nouvel exécutif devrait être resserré autour de douze à seize ministres, et pourrait voir disparaître la fonction de secrétaire d’État.

Élisabeth Borne est supposée incarner une légère inclinaison à gauche

Après deux chefs de gouvernement issus des «Républicains», Édouard Philippe et Jean Castex, Élisabeth Borne est supposée incarner une légère inclinaison à gauche. « Tout changer pour ne rien changer», note pourtant, réaliste, le patron de LR Christian Jacob.

Lors de la passation de pouvoir, la première ministre s’est d’ailleurs engagée à poursuivre l’action du gouvernement «en faveur du pouvoir d’achat». L’ancienne préfète coche toutes les cases du «en même temps» macronien tout en s’inscrivant dans la continuité du premier quinquennat, dont elle a été une des exécutantes. «Ce nest pas un signal positif, juge le politologue Luc Rouban. Macron s’était positionné sur l’idée de “renouveau”. Au final, il prend quelqu’un de son équipe précédente avec un profil de technocrate, proche de celui de Castex. Elle ne risque pas non plus de lui faire de l’ombre.»

Contrairement à d’éventuelles «prises de guerre» évoquées, comme la chiraquienne Catherine Vautrin, elle a lavantage de convenir autant aux macronistes transfuges de la social-démocratie quaux marcheurs issus de la droite. Venue de la gauche, elle est membre de Territoires de progrès, le microparti des ministres Jean-Yves Le Drian et Olivier Dussopt, censé structurer l’aile «gauche» des marcheurs. Mais Élisabeth Borne est surtout une sociale-libérale.

Passée successivement aux Transports, à la Transition écologique et solidaire puis au Travail, elle a porté l’ouverture à la concurrence de la SNCF, puis la réforme de l’assurance- chômage, qui a rogné sur les indemnités de plus d’un million de chômeurs, au prétexte d’une incitation forte à retourner vers l’emploi. Enfin, puisque la première ministre devrait hériter du portefeuille de la «planification écologique», selon la promesse de campagne d’Emmanuel Macron, il fallait trouver un profil – un peu – vert. Cela tombe bien, Élisabeth Borne a été directrice de cabinet de Ségolène Royal lorsque celle-ci était ministre de l’Écologie, entre 2014 et 2015.

En réalité, ce n’est pas grand-chose. « Son bilan, c’est la double condamnation de la France pour inaction climatique », réagit Julien Bayou (EELV). Élisabeth Borne est par ailleurs, à l’heure où nous écrivons ces lignes, toujours candidate aux législatives, dans la 6e circonscription du Calvados. Celle qui n’a encore jamais été élue y a été parachutée par En marche dans l’espoir de prendre la suite du député LaREM Alain Tourret, qui, malade, ne rempile pas. Une «circo» plutôt centriste, a priori facile à gagner pour la Macronie: il faut dire quune défaite de la première ministre quelques semaines seulement après sa nomination serait un violent camouflet pour le parti présidentiel.

Son adversaire de la gauche rassemblée (Nupes), Noé Gauchard, tire une première salve: «Élisabeth Borne a un bilan désastreux à tous égards. Au ministère du Travail, elle a lutté contre les chômeurs plutôt que contre le chômage. Il est aussi ironique que Mme Borne prétende représenter une Assemblée dont elle n’a jamais respecté le caractère démocratique…» Bref, et sans surprise, cette nomination n’a rien d’une révolution sous le soleil macronien.

 « Macron a trouvé sa M me Thatcher. La technocratie au service de l’argent roi », résume Fabien Roussel (PCF). Le chef de l’État avait pourtant assuré, au soir de sa victoire, être conscient de devoir en partie sa réélection au barrage de la gauche: «Ce vote moblige, je suis dépositaire de leur sens du devoir», avait-il déclaré depuis le Champ-de-Mars, à Paris. Le CV de sa nouvelle première ministre témoigne que ce vote ne l’a pas obligé bien longtemps…

La retraite à 65 ans ou la réforme des conditions du RSA comme feuille de route

Et Jean Castex dans tout ça? Le désormais ex-premier ministre quitte lhôtel de Matignon par la même petite lucarne que celle par laquelle il était entré. Il ne sera pas candidat aux législatives. L’élu de Prades (Pyrénées-Orientales) naura jamais su se départir de son image de technocrate inconnu du grand public, nommé là pour jouer les caudataires de la politique décidée par le chef de l’État, et lui seul. Ni de la triste étiquette de monsieur Déconfinement puis Reconfinement, animateur des innombrables et pas toujours très compréhensibles conférences de presse sur l’évolution des règles sanitaires.

Jean Castex aura surtout été un premier ministre de crise. «Je sais que, pour beaucoup de Français, je resterai associé à cela», concède d’ailleurs l’intéressé auprès du  Parisien. Avec pour feuille de route le recul de l’âge de départ à la retraite à 65 ans ou encore la réforme des conditions du RSA, sa successeure, Élisabeth Borne, marquera davantage les esprits, sans doute pour le pire. Et à condition, bien sûr, que les résultats des législatives ne conduisent pas, dans un mois, ce nouveau gouvernement vers une fin prématurée. «Cest un CDD de mission dintérim», raille d’ailleurs Jean-Luc Mélenchon. L’insoumis espère succéder à Élisabeth Borne en cas de victoire de la gauche, le 19 juin prochain.

 

Voir les commentaires

INFLATION

17 Mai 2022, 06:59am

Publié par PCF Villepinte

CGT PUBLIÉ LE 16 MAI 2022

Alors que l’inflation s’installe en France (+4, 8 % en un an selon l’Insee), les profits n’ont jamais été aussi importants pour les entreprises du CAC 40, preuve que l’inflation est un puissant révélateur du conflit entre le capital et le travail.

Les prix augmentent, les marges des entreprises explosent mais les salaires et les investissements ne suivent pas, et la perte du pouvoir d’achat s’accentue.

En l’absence de redistribution, c’est le travail qui paie le prix de l’inflation. 

L’inflation – une hausse générale et durable du niveau des prix – est manifeste sur bon nombre de produits au cours des 12 derniers mois : combustibles liquides + 84 % ; gaz naturel + 41,3 %, services d’aides à domicile + 16 %, poissons frais +15,6 %, transports des passagers en train + 13,8 %, pâtes + 10,8 %.

Mesurée grâce à l’Indice des prix à la consommation (IPC) établi sur un panier de plusieurs centaines de produits, elle sert de référence à l’indexation du SMIC, du point d’indice, des pensions de retraite.

Mais l’IPC n’est pas un indice du coût de la vie :  l’inflation n’a pas le même impact en fonction des revenus, et ses conséquences sont plus dramatiques pour les petits budgets que pour les hauts salaires. Lorsque l’inflation augmente, la perte du pouvoir d’achat est plus importante en bas de l’échelle des salaires.

« Aujourd’hui, le décalage entre le taux de l’inflation annoncé et le ressenti se creuse » constate Mathieu Cocq, économiste CGT. 

Création d’un indice du coût de la vie

C’est pourquoi la CGT se bat pour la création d’un indice du coût de la vie, qui en prenant en compte d’autres indicateurs (logement, tabac, qualité des produits…), donnerait un meilleur reflet de la réalité des travailleurs, et constituerait la nouvelle référence pour l’indexation.

L’inflation est liée en grande partie au coût de l’énergie : la guerre en Ukraine qui limite les importations de gaz russe, les pays producteurs de pétrole qui n'augmentent pas la production.

Mais les chaines d’approvisionnement au ralenti, les tensions géopolitiques qui limitent l’approvisionnement en matières premières ou en produits, se répercutent aussi sur toutes les chaines de valeur et concourent à son augmentation.

Pour lutter contre l’inflation, la CGT revendique : 

la hausse du SMIC à 2 000 euros brut, 

 la revalorisation de salaires au-dessus de l’inflation,

 le retour à l’échelle mobile des salaires, avec répercussion immédiate de l’inflation dans l’ensemble des branches,

 le blocage du prix de l’énergie et des biens de première nécessité, 

 la réindustrialisation du pays, la création de Pôles publics (énergie, transport, médicaments), pour rester maitres des réponses à apporter à tous nos besoins. 

 

Voir les commentaires

Face à la montée des insécurités humaines, le feu couve désormais partout dans le monde

17 Mai 2022, 06:55am

Publié par PCF Villepinte

INTERNATIONAL COMMUNISTES Publié le 16/05/2022 par PCF

Les insécurités économiques, sociales et environnementales pèsent désormais de manière déterminante sur toute l’humanité, provoquant une désorganisation profonde des sociétés avec des cohortes de désastres humains. Ces problèmes trouvent leur origine dans le système global capitaliste.

Depuis plusieurs décennies, les politiques néolibérales ont accru les fléaux des inégalités et de la pauvreté avec les dominations prédatrices des grandes puissances et la mise en concurrence des travailleurs, notamment par les grandes institutions financières internationales. La crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine rendent la situation, plus particulièrement pour les pays du Sud, cataclysmique.

En fonction des pays, la part des 10 % les plus riches représente entre 30 et 70 % du revenu national, alors que les 50 % des plus pauvres possèdent moins de 5 % du total. Depuis 2020, 97 millions de personnes sont à nouveau touchées par l’extrême pauvreté. Cela attise partout les frustrations socio-économiques, les tensions identitaires et religieuses ou les conflits armés.

L’insécurité alimentaire fait près de 10 millions de morts par an, tandis que le problème de la faim affecte 800 millions d’êtres humains. L’agriculture productiviste, les complexes agro-industriels encouragés par les règles de l’OMC génèrent un système non-soutenable qui provoque un effondrement de la biodiversité, l’érosion et l’artificialisation des sols, compromettant la survie de la Terre.

Dans la corne de l’Afrique, le manque d’eau, la sécheresse, les guerres, les ravages des criquets déciment l’élevage, tandis que les productions agricoles sont au plus bas. La hausse des prix des produits alimentaires, antérieure aux crises récentes, s’accélère, frappant les plus pauvres. L’alimentation occupe en effet 40 % des dépenses dans les pays les moins avancés et 20 % dans les pays émergents. Alors que les factures d’importation flambent, que les pénuries menacent, que les chaînes d’approvisionnement sont perturbées, nombre de gouvernements envisagent, comme en Tunisie, de mettre un terme aux subventions sur certaines denrées.

Tandis que le contexte géopolitique devrait être un point de bascule afin d’accélérer la conversion vers une agriculture plus durable, la multiplication des discours alarmistes dans les pays riches visent à renoncer à tous les engagements, comme le maintien des néonicotinoïdes ou des engrais azotés, et à banaliser le retour en force du productivisme hypothéquant la régénération des sols.

Selon l’OMS, l’insécurité climatique est à l’origine de 8 millions de morts par an. Pluies diluviennes en Afrique du Sud, accélération de la désertification du Sahel, sécheresse dans le sous-continent indien, incendies en Australie ou en Russie, fonte des glaces et élévation du niveau des océans…, des régions entières risquent de devenir inhabitables.

Si les causes de ces phénomènes sont particulièrement documentées, il est désormais impératif d’articuler les questions sociales à celles du climat en s’attaquant à ce mode de production, aux logiques libérales, au commerce mondialisé et à l’accaparement des richesses par quelques-uns. Les pays du Sud sont les plus vulnérables au changement climatique. Sans investissement dans les infrastructures qui protègent des chocs climatiques, les coûts vont être de plus en plus lourds à supporter, d’autant que nombre d’entre eux paient également les frais d’une mondialisation en perte de vitesse.

L’insécurité sanitaire est telle que l’on ne parvient plus aujourd’hui à chiffrer les dégâts. L’OMS alerte depuis des années sur la résurgence de maladies mortelles avec une hausse spectaculaires des cas de rougeole, de polio ou de fièvre jaune. Ces hausses proviennent d’un recul de la vaccination. En 2020, 23 millions d’enfants en ont été privés.

Et que dire des 44 % de la population mondiale qui n’ont même pas reçu une première dose de vaccin contre le Covid-19, alors que les brevets demeurent privés ! La marchandisation et la privatisation des politiques de santé publique sont responsables de cette situation, tout comme le modèle dominant de la recherche-développement qui ne vise qu’à maximiser les profits.

L’insécurité est également éducative. La pandémie a interrompu l’éducation de millions d’enfants dans les pays les plus pauvres, alors qu’ailleurs les décrochages scolaires ont été massifs. Cela aura des conséquences incalculables sur les parcours individuels, des effets dévastateurs sur la productivité et les revenus des futures générations.

Enfin, l’insécurité généralisée frappe tout particulièrement les migrants. Dans un monde global et ouvert, les migrations progressent en raison des déséquilibres démographiques et des insécurités humaines. Elles ont acquis une dimension structurelle et durable que rien n’arrêtera. Ces hommes et ces femmes doivent pourtant faire face à la mort, à la répression, à des accueils désastreux, des humiliations ou des exclusions. Il y a urgence à inventer dans ce registre des politiques plus humaines, en insistant sur le caractère positif des phénomènes migratoires.

Toutes les conditions d’une profonde dépression sont aujourd’hui réunies, notamment dans les pays du Sud confrontés au durcissement des politiques monétaires, aux risques de défaut de paiement, au fardeau de dettes faramineuses, à l’assèchement des dépenses publiques, à l’inflation, à l’effondrement monétaire…, alors que la corruption et la gabegie des classes dirigeantes provoquent de véritables affaissements de sociétés entières.

Après la chute du mur de Berlin, la mondialisation s’est confondue avec le néolibéralisme, concevant la construction du monde par le marché, asphyxiant le politique et le social. Mais depuis la fin du XXe siècle, on assiste à l’émergence d’une contestation mondialisée. Les printemps arabes (2011) avaient marqué un tournant.

Les mouvements sociaux ont rebondi en 2019 par l’effet conjugué d’une chute de légitimité des institutions et de la peur suscitée par les conséquences de la mondialisation. Ce tournant structure de manière nouvelle l’espace mondial illustrant la centralité du phénomène. Seule l’épidémie de Covid-19 est parvenue, temporairement, à l’endiguer. Avec le recul partiel de l’épidémie et l’exacerbation des tensions, les mouvements de contestation sont de retour, comme en témoigne le soulèvement populaire au Sri Lanka, mais qui pourraient toucher très rapidement de nouveaux pays comme le Pakistan, le Bangladesh ou le Pérou.

Les communistes doivent y porter une grande attention car ils posent de manière renouvelée le combat de classe contre le capitalisme. Il serait illusoire en même temps de nationaliser des menaces qui sont de nature globale en fermant les frontières ou en mettant en œuvre des politiques souveraines nécessairement contradictoires au niveau des États. Il y a urgence à renforcer les compétences des institutions internationales comme la FAO, l’OMS, le HCR ou l’Unicef, afin de mieux repenser le monde dans l’interdépendance.

Pascal Torre
responsable-adjoint du secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient.

 

Voir les commentaires

Menaces contre l’IVG

16 Mai 2022, 11:13am

Publié par PCF Villepinte

 

Maurice Ulrich L'Humanité

Publié le Lundi 16 Mai 2022

Il y a près d’un demi-siècle, deux ans avant le vote en France, avec la loi Veil, du droit à l’IVG conquis de haute lutte, la Cour suprême des États-Unis, par sept voix contre deux, validait, avec l’accord Roe v. Wade, le droit des femmes à disposer de leur corps au nom de l’égalité entre hommes et femmes et du respect de la vie privée.

Samedi, dans 450 villes des États-Unis, des dizaines de milliers de manifestantes et de manifestants protestaient contre l’éventualité d’une remise en cause de ce droit par la Cour suprême elle-même, en ouvrant aux États la possibilité d’interdire l’IVG ou de le limiter drastiquement. On prête ces intentions à 26 États. Déjà, dans nombre d’entre eux, les restrictions sont telles qu’avorter est devenu impossible pour des milliers de femmes.

Certains, comme le Texas, ont même défini des villes entières comme des «sanctuaires denfants». Ce n’est pas nouveau aux États-Unis. Donald Trump, dès le début de son mandat, avait interdit les ONG favorables à l’IVG, avec ce commentaire du porte-parole de la Maison-Blanche, un chef-d’œuvre d’absurdité: «Il veut agir pour tous les Américains, y compris ceux qui ne sont pas encore nés.»

Ce qui se passe là ne concerne pas que les États-Unis. Une vague réactionnaire, conservatrice, se répand un peu partout dans le monde. Les menaces contre l’IVG en Pologne ne sont que suspendues. L’avortement est interdit à Malte, pourtant membre de l’UE. Il est interdit ou fortement restreint dans plusieurs dizaines de pays avec des peines allant jusqu’à cinquante ans de prison.

Surtout, l’IVG, fondé sur le droit imprescriptible des femmes à disposer de leur corps, a aussi une dimension politique. Elle touche à la domination patriarcale exercée sur elles, et c’est aussi une question, oui, de classe et de contrôle social. Les femmes les plus exposées sont les plus modestes, les plus démunies, celles qui n’ont le choix qu’entre les grossesses subies et l’avortement clandestin au risque de leur vie, comme Simone Veil l’avait dit avec force et émotion devant l’hostilité de sa propre famille politique. Ne croyons pas, ici, en France, que nous ne soyons plus concernés.

 

Voir les commentaires

NUPES. Julien Bayou : « Tout l’enjeu est d’additionner les électorats de gauche »

16 Mai 2022, 11:05am

Publié par PCF Villepinte

Chaque lundi, l’Humanité ouvre ses colonnes à un responsable politique de l’un des partis qui composent la Nupes. Cette semaine, Julien Bayou, secrétaire national d’EELV, pour qui le programme de rupture de la coalition «peut changer la vie des gens».

Emilio Meslet L'Humanité

Publié le Dimanche 15 Mai 2022

Le secrétaire national EELV, Julien Bayou, est candidat aux législatives dans la 5e circonscription de Paris.© Pierrot Patrice/ABACA

Secrétaire national d’EELV et candidat de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) aux législatives, à Paris, Julien Bayou revient sur l’accord historique entre les formations de gauche. Grâce aux spécificités de chacun censées pouvoir s’exprimer pendant la campagne, la Nupes peut, selon lui, espérer conquérir une majorité à l’Assemblée pour appliquer le projet commun qui doit être dévoilé cette semaine.

Plusieurs sondages donnent la Nupes largement en tête des intentions de vote. De quoi cela est-il le signe?

C’est extrêmement encourageant. Après le second tour de la présidentielle, nous avons voulu tirer les leçons de 2017 pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. À l’époque, nous nous étions condamnés à l’impuissance. Il y avait certes des députés de gauche qui avaient été élus, mais trop peu nombreux pour peser. Cette nouvelle coalition, avec son programme ambitieux, est en mesure d’aller chercher la majorité absolue ou relative à l’Assemblée.

C’est essentiel car on ne peut pas subir cinq années de casse sociale en plus, et parce que le Giec dit que, concernant le climat, il ne reste plus que quelques années pour agir. Nos députés peuvent changer la vie des gens. La majorité surprise de la gauche plurielle, de 1997 à 2002, avait obtenu des avancées concrètes: les 35 heures, le Pacs, la CMU, le logement social Notre majorité augmentera les salaires, rétablira les services publics, agira vraiment pour l’égalité salariale femmes-hommes et pour le climat.

Pourquoi cette union impossible en 2017 est-elle devenue possible en 2022?

Entre-temps, nous avons vu Emmanuel Macron au pouvoir. Aujourd’hui, la menace, c’est la retraite à 65 ans, les conditionnalités au RSA et la fin de l’indépendance des médias publics. Il était nécessaire de s’organiser pour ne pas lui laisser les mains libres.

La Nupes répond à une aspiration du peuple de gauche. Comment faire vivre ce rassemblement?

Jusqu’ici, les sympathisants étaient résignés, désemparés, voire en colère. Aujourd’hui, ils sont enthousiastes. Ça faisait longtemps qu’on ne m’avait pas arrêté dans la rue pour me dire : «Bravo et merci !» Lorsque je fais des déplacements, je vois que l’accord national prend forme au niveau local, avec des écologistes, des communistes, des insoumis et des socialistes qui s’organisent pour faire campagne. Cette coalition permet de faire revenir à la politique des personnes qui s’en tenaient éloignées.

Comment la Nupes fonctionne-t-elle pour permettre à la fois une campagne cohérente et la possibilité d’exprimer ses spécificités pour chaque formation?

Tous les lundis matin, il y a une coordination au niveau national, avec les différents partis. Cette semaine est consacrée au dépôt des candidatures. Ensuite viendra le temps d’une très courte campagne. Tout l’enjeu est d’additionner les électorats. Pour cette raison, la bannière commune n’est pas l’effacement des cultures et des priorités de chacun. Nous, écologistes, parlerons plus du climat. Nous avons intérêt à cultiver nos singularités dans une campagne commune. Mais il nous faut faire entendre des candidatures, selon les profils, à l’échelle nationale: Rachel Kéké, pilier de la mobilisation des femmes de chambre de l’Ibis Batignolles, n’est candidate que dans une circonscription, mais nous devons la mettre en avant pour qu’elle parle à tout le pays.

La coalition de gauche propose un projet de rupture, ce que n’a pas fait votre candidat Yannick Jadot pendant la présidentielle. Est-ce un meilleur choix pour conquérir le pouvoir?

Yannick Jadot ne voulait pas alimenter les fractures du pays. Une fois Emmanuel Macron réélu, il y a évidemment une envie de rupture. Celui qui brusque le pays ou qui n’a pas agi pour le climat, c’est lui. Évidemment qu’il faut rompre avec cette orientation néolibérale. Yannick Jadot le proposait, mais il le disait peut-être d’une autre manière.

Même si tous les partis ont accepté que la désobéissance aux traités européens figure au programme de la Nupes, les écologistes ne veulent pas la même Europe que les insoumis ou les communistes…

En 2005, le camp du progrès s’est fracturé sur le référendum: ceux qui avaient voté oui navaient pas voté pour les orientations de cette Union européenne et ceux qui avaient voté non navaient pas voté pour la sortie de lEurope. Nous voulons la réorienter. Et je ne crois pas que Jean-Luc Mélenchon soit pour un Frexit. Lors des discussions, nous avons pu nous rendre compte que nous ne sommes pas les caricatures souvent décrites. Certes, nous ne votons pas ensemble sur de nombreux points.

Oui, chez EELV, nous sommes fédéralistes, nous pensons que le Parlement européen doit avoir l’initiative des lois européennes, et nous voulons une Europe plus forte sur le climat, l’accueil des réfugiés et l’évasion fiscale. Mais, s’il s’agit d’en faire un outil de paix, de prospérité, de justice sociale et d’action pour le climat, nous nous retrouvons. Tous les dogmes austéritaires ont volé en éclats avec la pandémie. Alors, la question est de savoir s’il faut revenir aux 3 % de PIB déficit au maximum, ou s’il est possible d’envisager une Europe différente.

Après les législatives, la coalition a-t-elle vocation à durer quel que soit le résultat?

Nous sommes concentrés sur le scrutin. Il est trop tôt pour dire qu’elle en sera la suite, tout dépendra de la manière dont les différents partenaires se comporteront. Pour nous, ce n’est pas un accord ponctuel. S’il y a des convergences à approfondir, les écologistes seront là. S’il y a des désaccords insurmontables, nous les constaterons.

À titre personnel, vous êtes candidat dans la 5 e circonscription de Paris. Qu’allez-vous mettre en avant pour battre la candidate macroniste?

Je veux d’abord parler du climat via la lutte contre la pollution et via le logement. La majorité précédente a combattu l’encadrement des loyers quand nous voulons faire du logement social et que les préfets puissent appliquer les sanctions contre les communes qui n’appliquent pas la loi Solidarité,Renouvèlement Urbain (SRU). Je considère que le logement est le premier des droits, nécessaire pour exercer tous les autres. Cette circonscription est aussi une terre d’accueil et de transit qui a vu passer toutes les vagues de migration. Il y a donc un enjeu à abroger le seul bilan, particulièrement abject, de ma concurrente Élise Fajgeles: la loi asile et immigration, qui a autorisé denfermer un enfant pendant 90 jours.

Voir les commentaires

Législatives. La Nupes déchaîne les attaques

15 Mai 2022, 08:51am

Publié par PCF Villepinte

Voir les commentaires

PAIX en UKRAINE; Liberté en RUSSIE

14 Mai 2022, 06:47am

Publié par PCF Villepinte

CGT  PUBLIÉ LE 13 MAI 2022

 

 

Depuis le jeudi 24 février à 5h30 du matin, Vladimir Poutine a ordonné à ses armées une invasion de l’Ukraine, que les peuples russes comme ukrainiens, dans leur immense majorité, n’imaginaient pas possible, ni ne voulaient d’aucune manière.

Le risque de déclenchement d’une guerre mondiale est réel. Il nous commande de prendre le temps de l’analyse et de transmettre aux organisations les éléments que la confédération réunit depuis le déclenchement du conflit. Il nous commande aussi le calme, la retenue, la décence, le respect et l’humilité dans le commentaire que nous faisons de la situation.

Dans une telle situation, la solidarité de la CGT va d’abord en direction des populations civiles victimes de la guerre en Ukraine.

La condamnation de la CGT doit quant à elle frapper avant tout l’agresseur, en l’espèce Vladimir Poutine, qui assume devant l’histoire la responsabilité d’avoir réinvité la guerre à grande échelle et la mort sur le continent européen, après les conflits de Tchétchénie, de Yougoslavie et de Géorgie.

Notre camp, est celui de la paix. Mais pour retrouver la paix, il faut avec certitude que la liberté trouve enfin son chemin en Russie.

Notre pacifisme, celui qui plonge ses racines dans la conférence de Zimmerwald en 1915, réactualisé par le refus du « campisme », revient à rejeter ce jeu des alliances qui entrainent les peuples dans les conflits mondiaux au profit des bourgeoisies ou des aristocraties qui les gouvernent. Mais notre pacifisme sait faire la différence en fonction de la nature des dangers d’escalade encourus et des impératifs liés à la résistance des peuples pour défendre leur droit à l’auto-détermination.

De la Commune de Paris à la guerre du Vietnam en passant par la guerre d’Espagne ou la résistance, notre histoire est aussi celle d’un soutien aux peuples en lutte pour la défense de leurs droits et libertés face à l’oppression ou à l’agression.

Pour rendre le propos de cette note aux organisations plus vivant et intelligible sur une situation complexe et en évolution constante, le choix fait est celui d’une série de douze questions auxquelles elle apporte des réponses aussi claires et précises que possibles.

1-Slogan porté et communiqué par un camarade syndicaliste russe de la KTR, lors des manifestations pacifistes sauvages actuellement interdites en Russie par le régime de Poutine.

Première question : où en est-on de la situation militaire sur le terrain ?

Deuxième question : où en est-on de la situation sur le plan diplomatique ?

Troisième question : Poutine est-il responsable de cette situation ?

Quatrième question : l’OTAN porte-t-elle une part de responsabilité dans l’escalade ?

Cinquième question : que faut-il penser de l’emploi des termes « opération de denazification » de l’Ukraine ?

Sixième question : Que pensent et disent les syndicats ukrainiens et la population ukrainienne en général ?

Septième question : Que pensent et disent les syndicats russes et la population russe en général ?

Huitième question : Que pensent et disent les autres syndicats et les internationales ?

Neuvième question : Quel accueil pour les réfugiés venant d’Ukraine ?

Dixième question : Faut-il intensifier les sanctions à l’égard de la Russie ? Quelles peuvent en être les conséquences économiques pour l’Europe ?

Onzième question : Comment la CGT peut-elle agir ?

Douzième question : Que faut-il espérer ?

 

  

 

 

Voir les commentaires

CHRONIQUE Arrêt de travail : un scandale de plus

13 Mai 2022, 06:09am

Publié par PCF Villepinte

Dans la précipitation et sans concertation avec les prescripteurs (médecins, sages-femmes, dentistes), le gouvernement met en place une nouvelle procédure visant à fusionner les certificats d’arrêt de travail et d’accident de travail.

Christophe Prudhomme L'Humanité

Publié le Mardi 10 Mai 2022

AFP

L’objectif annoncé est une simplification, avec notamment la mise en place d’un téléservice. Mais, selon des syndicats de médecins, il s’agit d’une nouvelle usine à gaz qui, loin de rendre les choses plus faciles, les complique. En effet, auparavant, le formulaire de déclaration d’accident de travail comprenait l’arrêt de travail éventuel, mais ce n’est plus le cas. Maintenant, en plus de la déclaration d’accident de travail, il faut aussi un arrêt de travail.

Le cas oublié des prolongations...

Par ailleurs, certains cas de figure ont été oubliés. C’est le cas des prolongations après un arrêt de travail, qui sont très fréquentes. Des patients restent en accident de travail, mais peuvent mettre un terme à leur arrêt de travail alors que les soins se prolongent.

Un exemple: les soins de kinésithérapie après un lumbago. Il est alors possible de prolonger laccident de travail en soins sans arrêt. Dans le nouveau formulaire, ce cas nest pas prévu, ce qui constitue une perte de droits pour la personne concernée, car les soins liés à un accident du travail sont pris en charge à 100 %.

Il existe par ailleurs un risque de violation du secret professionnel, car un des volets sur lequel figure le motif médical est susceptible d’être transmis en ligne à l’employeur si ce dernier est l’État ou un hôpital, ces administrations gérant elles-mêmes tout le dossier! Sollicitée, lassurance-maladie répond que, «dans le cadre de ce nouveau dispositif, les professionnels de santé ont été informés et seront accompagnés par les conseillers informatiques de ses services».

L'outil numérique dans les mains de technocrates

Bref, une nouvelle fois, l’informatisation de certaines tâches crée de la complexité et une surcharge de travail administratif, alors que les professionnels de santé se plaignent justement du temps perdu dans ces tâches au détriment de celui qu’ils doivent consacrer aux patients.

C’est désolant, car l’outil numérique devrait justement avoir pour mission de faire gagner du temps et de la performance. Mais, dans les mains de technocrates qui ne prennent pas en compte les besoins et les demandes des utilisateurs, c’est un désastre humain et financier.

Visiblement, l’échec du dossier médical partagé, pour lequel près d’un milliard d’euros a été dépensé en pure perte, ne sert pas de leçon. Peut-être que la cause est en rapport avec le choix fait par le gouvernement de ne plus travailler avec ses administrations et ses services publics mais de faire appel à des cabinets d’audit type McKinsey, qui produisent de coûteux rapports élaborés en vase clos sans prendre en compte les avis ni des acteurs ni des usagers, comme cela a été le cas au début de la crise du Covid.

Voir aussi :

"Mon espace santé" : tout ce qu'il faut savoir sur le carnet de santé numérique

 

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 > >>