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Maroc : Le despote Mohammed VI attaque en justice l'Humanité pour avoir ouvert ses colonnes aux démocrates marocains

12 Octobre 2021, 10:17am

Publié par PCF Villepinte

Par la voix de son secteur International, le PCF apporte son plein soutien à Rosa Moussaoui, grand reporter au quotidien l'Humanité, aux journalistes de la rédaction et à Patrick Le Hyaric et Fabien Gay, ancien et nouveau directeur du journal, poursuivis en justice dans l'exercice de leurs fonctions par le roi du Maroc, Mohammed VI, qui invoque la "diffamation". Le PCF réaffirme ce faisant sa totale solidarité avec les démocrates marocains, les militant.e.s des droits de l'homme, les peuples marocain et sahraoui.

Mobilisons-nous pour la liberté de la presse !

Le 18 juillet 2021, un consortium de médias rassemblés autour de la plateforme Forbidden Stories a dénoncé un système mondial d'espionnage mondial par différents États à l'aide du logiciel israélien « Pegasus » de la société NSO Group. L'ampleur du phénomène, même s'il n'est pas nouveau, acquiert une dimension ahurissante. Plus de 50 000 numéros de téléphones ont été ciblés.

Depuis deux décennies, le régime marocain utilise la cybersurveillance avec l'aide de sociétés françaises et européennes. Cette solide infrastructure lui permet déjà de traquer ses opposants, de contrôler les réseaux sociaux et Internet. Avec « Pegasus », une étape a été franchie donnant accès aux données et à des écoutes téléphoniques.

Le Maroc nie, contre toutes les évidences, être client du logiciel Pegasus. Or Rabat, qui s'est rapproché de l’État hébreu, l'a acquis depuis 2017 et l'utilise abondamment depuis cette date.

Les révélations sont confortées par des analyses techniques conduites par Amnesty International, des universités canadiennes mais aussi les autorités françaises. Les preuves sont irréfutables.

Les opposants marocains en sont les premières victimes : avocats, militants des droits humains et journalistes dont Hicham Mansouri et Omar Radi. Il en va de même pour les dirigeants du Front Polisario et les militants de la cause sahraouie.

De nombreuses personnalités politiques françaises, dont le président de la République, des ministres, des diplomates et des journalistes ont été ciblées. Des plaintes ont été déposées par différents médias contre Rabat dont celle de Rosa Moussaoui, grand reporter au quotidien l'Humanité, qui conduit depuis de nombreuses années un travail exemplaire pour faire entendre la voix des démocrates marocains.

Le roi Mohammed VI entend semer la terreur pour régner sans partage à la tête d'un système corrompu, prédateur et mafieux. Il veut aussi faire taire tous ceux qui en dehors du Maroc dénoncent les atteintes liberticides graves liées aux technologies de la surveillance numérique.

Il mène la contre-attaque sur le terrain judiciaire. Il a déposé plusieurs plaintes pour diffamation contre Le MondeRadio FranceMediapart, des publications allemandes, Amnesty International mais aussi l'Humanité et son directeur (de 2000 à septembre 2021), Patrick Le Hyaric.

Depuis sa fondation jusqu'aux heures les plus sombres, l'Humanité s'est tenue avec constance aux côtés des démocrates marocains, des peuples marocain et sahraoui. C'est la raison pour laquelle les bandits qui dirigent aujourd'hui le Makhzen les poursuivent de leur haine.

Le silence du gouvernement français sur l'affaire « Pegasus » et maintenant sur les tentatives de museler la presse sont inacceptables.

L'Humanité, fondé par Jean Jaurès, n'est pas de ceux que l'on peut intimider et continuera à faire vivre la solidarité internationale en faveur de la liberté et de la paix. C'est cet honneur que Patrick Le Hyaric et Fabien Gay qui vient de prendre sa suite, Rosa Moussaoui et tous les journalistes de l'Humanité, portent quotidiennement.

Lydia Samarbakhsh, Cécile Dumas et Pascal Torre

 

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Prix Nobel de la Paix : La garantie des libertés politiques et de la presse est un combat sans fin et l'affaire de toutes et tous

12 Octobre 2021, 10:12am

Publié par PCF Villepinte

 

En choisissant de décerner le prix Nobel de la paix 2021 à deux journalistes, philippine et russe, le Comité Nobel norvégien apporte son soutien aux deux lauréats, Maria Ressa, déjà récipiendaire du prix de la Presse de l'ONU, et Dmitry Muratov, et, à travers eux, « à tous les journalistes qui défendent cet idéal (de la liberté d'expression) dans un monde où la démocratie et la liberté de la presse font face à des conditions de plus en plus défavorables. »

Un monde qui n'est pas coupé en deux. En effet, ces deux dernières années de pandémie ont vu la liberté de la presse nettement fragilisée à un niveau inédit sur tous les continents, y compris l'Europe.

 Assassinats, emprisonnements, menaces, pris pour cible par les forces de l'ordre au cours de manifestations, disparitions forcées, pressions ou accusations en diffamation. Ce sont, d'après l'UNESCO, 888 journalistes et professionnels des médias qui, en 2020, ont « payé le prix ultime d'informer le public »; 59 d'entre eux dont 4 femmes l'ont payé de leur vie. Des crimes bénéficiant d'une impunité totale dans l'immense majorité des cas. La liberté de la presse est de plus en plus remise en cause voire compromise par un mouvement mondial de concentration médiatique impulsé par de grands groupes privés industriels et financiers qui passent outre les fondements déontologiques de la profession.

Tout en félicitant les deux récipiendaires de cette année, le PCF tient à réaffirmer que la garantie absolue des libertés politiques et de la liberté de la presse est au fondement de la culture de paix ; qu'elle est un combat sans fin et l'affaire de toutes et tous.

 

 

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Léon-Gontran Damas : corps colonisé, poésie mise à nu

11 Octobre 2021, 08:46am

Publié par PCF Villepinte

BLACK LABEL

Citez-m’en
citez-m’en un
citez-m’en un
un seul de rêve
qui soit allé
qui soit allé
jusqu’au bout du sien propre

 

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Burkina Faso. Assassinat de Thomas Sankara : 34 ans après, un procès pour l'histoire

11 Octobre 2021, 08:43am

Publié par PCF Villepinte

L'Humanité Lundi 11 Octobre 2021

Le procès des assassins du «Che africain» souvre ce lundi à Ouagadougou, un épilogue judiciaire attendu depuis près de trente-quatre ans. Si les circonstances de l’exécution du président burkinabé, perpétrée le 15 octobre 1987, sont connues, il reste à faire la lumière sur ses commanditaires.

Ravagé par les conséquences de la «guerre contre le terrorisme», ses tueries de civils commises par des groupes armés se revendiquant pour la plupart du djihad, ses déplacements de population fuyant les zones de combat, le «pays des hommes intègres» retient son souffle. Ce nest cependant pas lavenir sombre et la dégradation du climat sécuritaire qui préoccupe ce lundi le peuple burkinabé, mais l’exploration judiciaire d’un «passé qui ne passe pas». «Le 11 octobre 2021 restera gravé dans les annales de lhistoire du Burkina Faso», promet le quotidien le Pays, alors que s’ouvre le procès public des assassins présumés de Thomas Sankara, exécuté au Conseil de l’entente il y a près de trente-quatre ans déjà.

Tous nos articles sur l'assassinat de Thomas Sankara.

Perpétré le 15 octobre 1987 par un commando parti du domicile de Blaise Compaoré, le numéro deux de la révolution progressiste installée par un coup d’État le 4 août 1983, le meurtre a fait l’objet d’une véritable omerta. Jusqu’à la chute de ce même Compaoré, à l’automne 2014, renversé par un soulèvement populaire mené au nom des idéaux d’un «sankarisme» plus vivace que jamais. Lors de la campagne présidentielle organisée lannée suivante, tous les candidats, de lex-poids lourd du système Compaoré, Roch Marc Christian Kaboré, à l’ultralibéral Zéphirin Diabré, ont revendiqué son héritage, tandis que la justice militaire ouvrait enfin une enquête contre «Blaise» et ses sicaires pour «complicité dassassinats», «recel de cadavres» et «attentat à la sécurité de l’État».

Le capitaine bouscule et dérange

L’instruction judiciaire, dont l’Humanité avait révélé en avril dernier des documents inédits impliquant des réseaux français, a confirmé la trame d’un scénario «shakespearien» signé Blaise Compaoré – que Thomas Sankara considérait comme son meilleur ami – et coécrit par des puissances étrangères bien décidées à chasser le leader autant patriote que panafricain. Son contexte et ses grandes lignes restituent l’histoire d’une révolution aux réussites indéniables, emmenée par le charismatique et intègre Sankara, imperméable à toute forme de corruption et peu enclin aux compromis.

Lire aussi : Assassinat de Thomas Sankara: la France complice

Pionnier des combats écologistes, du développement endogène – le Burkina Faso avait réussi à atteindre l’autosuffisance alimentaire – comme des luttes féministes, le capitaine bouscule et dérange les structures traditionnelles et patriarcales. Son immense popularité auprès des jeunesses africaines, ses éloquents discours fustigeant le néocolonialisme, l’impérialisme ou le fardeau d’une dette qu’il refuse de payer donnent des sueurs froides aux dirigeants des pays voisins – Côte d’Ivoire et Togo en tête – mais aussi à Washington et à Paris.

La haine de Jacques Chirac

La CIA surveille comme le lait sur le feu ce militaire altruiste qui garde toujours son pistolet à la ceinture, même pour une audience avec le parrain régional de la Françafrique, l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny, et ne quitte son treillis que pour le faso danfani, le tissu traditionnel fabriqué et cousu au pays. Quant aux décideurs français, ils bouillonnent d’une rage de moins en moins contenue. Thomas Sankara a beau exercer sur eux une fascination certaine, en particulier sur Jacques Foccart, inamovible chef d’orchestre des réseaux parallèles que pilote la République pour dompter ses anciennes colonies, son sort paraît scellé avec le début de la première cohabitation, en 1986. Devenu premier ministre, Jacques Chirac ne cache pas sa haine recuite contre le président du Conseil national révolutionnaire du Burkina Faso, qui a eu l’outrecuidance de parrainer une motion en faveur de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie aux Nations unies.

Lire aussi : Mort de Thomas Sankara : «Ce sont les hommes de Compaoré qui ont tiré»

Quelques mois avant l’assassinat, le patron d’une droite française qui bénéficie à plein des valises de billets envoyées par Félix Houphouët-Boigny menace explicitement Thomas Sankara, en s’adressant ainsi au journaliste Elio Comarin: «  Dites à votre “petit” capitaine qu’il range ses abattis (abats de volaille, pattes et ailes coupées – NDLR), d’ici six mois on se sera occupé de lui.» Reste à déterminer si l’indispensable feu vert de Matignon ou de l’Élysée s’est borné à cautionner le coup d’État perpétré par Blaise Compaoré, ou si la France a validé, voire commandité l’assassinat. Il est hélas peu vraisemblable que le procès public qui s’ouvre ce lundi et qui se déroulera sans la présence du principal accusé puisse répondre à ces brûlantes questions.

Lire aussi : Les soutiens extérieurs «ne font pas lombre dun doute»

En attendant les conclusions des prochaines instructions, la justice militaire va donc s’en tenir à un volet strictement interne, même si de nouvelles révélations peuvent toujours surgir des contre-interrogatoires et des auditions. En 2017, Emmanuel Macron avait promis dans un discours tenu à Ouagadougou la déclassification des documents français concernant l’assassinat de Thomas Sankara. Si trois lots d’archives ont effectivement été remis à la justice burkinabée, la pertinence des masses de papier n’a pas convaincu les avocats des parties civiles, et aucun organisme indépendant n’a pu vérifier si l’engagement du président français relevait du vœu pieux, d’un écran de fumée ou d’une réelle sincérité.

 

 

 

 

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Dans six mois…

11 Octobre 2021, 08:40am

Publié par PCF Villepinte

Le spectacle bestial de la précampagne. Combien de temps encore ce climat d’hystérisation des débats durera-t-il? 

Désolante constatation. L’écume ultra-surexposée de la vie politique du moment inciterait à baisser les yeux, tel un réflexe pavlovien, ne laissant que des phrases en peluche et des idées en vrac. Ces agitations, ces reptations odieuses, ces provocations cyniques et revanchées, propulsées à l’infini par les sphères médiatiques dominantes, nous affligent autant qu’elles nous inquiètent. Pourtant, dans six mois très exactement, nous voterons pour la monarchie présidentielle instituée par les urnes, élection qui déterminera un bon bout de notre avenir. Et dans huit mois, échéance tout aussi fondamentale, les Français devront élire une majorité à l’Assemblée nationale, cœur législatif de nos institutions.

Une urgente question se pose et elle traverse tous les esprits authentiquement républicains: combien de temps encore ce climat d’hystérisation des débats durera-t-il pour qu’une société démocratique comme la nôtre puisse encaisser le choc inouï d’une confrontation quasi confisquée, nous autorisant, enfin, à une prise de hauteur qui permettrait de retrouver collectivement le chemin de la pensée et de l’idéal d’un vrai affrontement?

Face à spectacle bestial, tout est affaire de regard. Ceux à qui il reste des yeux pour voir se passent très bien des caméras de surveillance idéologique et de cette frénésie sondagière, aiguisée par la «fabrication» Zemmour, qui crée des bulles aux effets pervers et attise un confusionnisme à outrance. Emmanuel Macron s’y conforme assez bien, d’ailleurs. Installé depuis cinq ans dans son mortifère tête-à-tête avec Marine Le Pen – ce qui explique en grande partie la situation actuelle –, voilà qu’il donne désormais l’impression d’entamer une partie de duettistes avec l’histrion de service, comme s’il avait déniché un autre idiot utile du système. Terrible moment de saturation de l’espace public, qui, hélas, donne du crédit à une possible et violente contre-révolution idéologique.

Les progressistes, les syndicats et les forces de gauche ont un énorme rôle à jouer – et une responsabilité majeure – pour éviter le pire et réenchanter les alternatives de transformation sociale, démocratique et écologique. Les citoyens doivent s’en mêler, dès maintenant. L’heure est au combat. Et au travail. On ne pratique pas la politique en regardant ses pieds – mais en projetant loin sa vision et ses intentions, très loin même. 

[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 11 octobre 2021.]

Publié par Jean-Emmanuel Ducoin 

 

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8 Octobre 2021, 11:25am

Publié par PCF Villepinte

 

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Massacreur(s)

8 Octobre 2021, 11:18am

Publié par PCF Villepinte

Bernard Tapie, incarnation de la dérive néolibérale.

Errements. Les emballements médiatiques nous tuent, quand ils procèdent, si régulièrement, à d’odieux révisionnismes. Ainsi donc, quoi que nous pensions d’un défunt, il conviendrait à toute force d’écrire: la mort force le respect, comme le combat contre la maladie, etc. Admettons volontiers qu’il y a un temps pour tout, et que certaines batailles s’inclinent devant les circonstances. À une condition néanmoins: ne rien oublier, ne rien omettre, ne rien enfouir dans les tiroirs incommodes de l’Histoire. Bernard Tapie s’en est allé, et avec lui quarante ans de fascination déplacée. Il aurait connu «mille vies», un «destin hors norme». Et alors? Les défauts et les qualités de l’homme importent peu, en vérité. Ce qui compte, à l’heure des bilans, c’est ce qu’il a incarné en profondeur, à savoir les mutations dérivantes – sinon délirantes – du paysage idéologique et politique au tournant des XXe et XXIe siècles. Prenons bien la mesure. Le bloc-noteur ne parle pas là d’une coupe aux grandes oreilles qui chavira de bonheur toute la France, comme si un triomphe pouvait effacer la mémoire d’un pseudo-entrepreneur sans scrupule, massacreur d’entreprises. Non, Bernard Tapie a simplement personnifié, plus que d’autres, la dérive néolibérale de notre société, au point de miner de l’intérieur la social-démocratie française, l’entraînant dans des errements qu’elle paie encore aujourd’hui. Et pourtant, en dépit de sa maladie, la séduction de voyou qui l’avait porté au pinacle continuait d’opérer sur tant d’esprits. Étrange mystère, n’est-ce pas?

Opportuniste. Il n’y a plus de quoi, il n’y a plus que des qui. Et ce qui, Bernard Tapie, n’a cessé d’insuffler une conception très individualiste de la politique – fameuse glorification de la «réussite» – annonçant bien avant l’heure une forme de «populisme à la française» capable de tout, frayant le chemin de ce que d’aucuns nomment désormais «l’illibéralisme», dans un mélange opaque entre affaires et gestion de la chose publique. Une dérive bien plus fondamentale que nous le pensions à l’époque, sans doute, qui participa de la décrépitude générale. Que des mauvais souvenirs, pour peu qu’on y réfléchisse sérieusement. Comment accorder encore du crédit (sic) à un pirate du capitalisme déglingué, à un rôdeur des tribunaux de commerce qui pillait les épaves, amassant une fortune de capitaine d’industrie opportuniste, devenu pour beaucoup le héraut d’une modernité clinquante et ultrafriquée, accélérant jusqu’à l’orgueil et l’orgie cette maudite «conversion libérale»?

Marqueurs. Voilà où nous en sommes. Et plus personne, ou presque, ne pose cette question: comment contrôler la sauvagerie plantée au cœur de l’économie libérale et sauvegarder la discipline collective propre à toute civilisation? Lui fut tout le contraire. Il y a cent ans, les conservateurs vomissaient la République, et les socialistes et les communistes, le capitalisme (chaque camp se définissait par ce rejet même). La droite, depuis lors, a épousé Marianne en secondes noces, et une partie de la gauche, le FMI. Que nous reste-t-il des marqueurs essentiels au milieu de cette confusion globale? Les solidarités collectives opposées au sauve-qui-peut individualiste? Régis Debray écrivait, dès 2008: «Le ’’du bonheur et rien d’autre’’ est un facteur commun. La lutte des classes? Celles-ci se définissaient par ’’leur place dans le processus de production’’. La société du loisir et des services immatériels ne facilite pas le repérage.» Les «années Tapie» ont filé, emportant tout sur leur passage, et le constat s’avère plus cruel ici-et-maintenant. Lors de son face-à-face avec Le Pen, en 1994, tandis qu’un minable présentateur sortait des paires de gants de boxe sur le plateau de télévision, Tapie déclara: «C’est sérieux, la politique.» Pour une fois, il avait raison. Pour une fois seulement…

[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 8 octobre 2021.]

Publié par Jean-Emmanuel Ducoin 

 

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PandoraPapers : M. le ministre, comptez-vous en rester au choc et à la vérification ?

8 Octobre 2021, 11:12am

Publié par PCF Villepinte

Ma question s’adresse à M. le ministre de l’économie, des finances et de la relance, mais je sais que M. Dussopt me répondra.

En février dernier, un grand journal du soir révélait dans le cadre d’une enquête dénommée « Openlux », l’existence de 55 000 sociétés offshore détenant 6 500 milliards d’euros d’actifs au Luxembourg. Cette semaine, un consortium de journalistes publie une nouvelle enquête, les Pandora Papers – bien que la boîte de Pandore ait été ouverte il y a déjà bien longtemps – par laquelle nous apprenons que 29 000 autres sociétés offshore viennent d’être mises au jour, créées et gérées par quatorze cabinets et officines spécialisés.

M. le ministre Bruno Le Maire s’est déclaré « choqué », quand tous nos concitoyens sont ulcérés par ces révélations incessantes faites par la presse ces dernières années.

Pour les milliardaires concernés, responsables politiques de très haut niveau, sportifs et trafiquants en tout genre, l’objectif est d’échapper à l’impôt et aux juges grâce à cette industrie de l’opacité. Le problème est systémique.

Monsieur le ministre, comptez-vous en rester au choc et à la vérification ? (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE et SER, ainsi que sur des travées du groupe GEST.)

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics.

M. Olivier Dussopt, ministre délégué auprès du ministre de l’économie, des finances et de la relance, chargé des comptes publics. Mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Bocquet, nous ne comptons pas en rester au choc.

Je l’ai dit, nous avons développé des outils de lutte contre la fraude fiscale. Il faut rendre à César ce qui est à César : le développement des outils de lutte contre la fraude fiscale date de plusieurs années. Lorsque l’on regarde les quelques années écoulées, on peut citer la loi relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, dite « loi Sapin II », ainsi que les lois pour la confiance dans la vie politique de 2014, 2017 et 2018.

À chaque fois, les gouvernements successifs ont travaillé pour que les administrations soient dotées d’outils plus performants.

La loi du 23 octobre 2018 relative à la lutte contre la fraude a créé une police fiscale. Les échanges d’information que j’évoquais à l’instant permettent de dégager au niveau communautaire plus de 100 milliards d’euros de revenus supplémentaires via la lutte contre la fraude fiscale.

Vous me demandez si je veux en rester au choc et à la vérification. Nous en restons avant tout à la vérification et, chaque fois que nous le pouvons, menons des contrôles et prononçons des redressements.

Vous avez évoqué un certain nombre d’affaires révélées. Je voudrais revenir sur celle dite des Panama Papers. En la matière, l’administration fiscale française a identifié un certain nombre de contribuables français concernés, nous avons mené à leur terme 657 dossiers soit de régularisation, soit de redressement, à moins qu’ils n’aient fait l’objet d’une judiciarisation. Cela a permis à l’État français de recouvrer plus de 200 millions d’euros (Exclamations sur les travées des groupes SER et CRCE.)

M. David Assouline. Sur 11 000 milliards !

M. Olivier Dussopt, ministre délégué. Vous dites 11 000 milliards, monsieur Assouline, comme s’il s’agissait de 11 000 milliards français ! Je vous parle, moi, des 657 contribuables français détectés dans les Panama Papers. Vous devriez vous en féliciter et féliciter l’administration plutôt que de faire des comparaisons qui n’ont ni queue ni tête. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

L’essentiel, pour moi, c’est que l’administration est au travail et que, quand elle travaille, cela paie et permet de sanctionner les fraudeurs. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. François Patriat. Très bien !

M. le président. La parole est à M. Éric Bocquet, pour la réplique.

M. Éric Bocquet. Ces scandales successifs qui se traduisent à chaque fois par des milliards en fuite pour la République nécessitent une réaction déterminée.

Vous le savez, nous sommes constructifs et nous nous permettons de vous suggérer trois pistes d’action immédiate.

Premièrement, vous pouvez recréer des postes de contrôleur dès le projet de loi de finances qui vient devant le Parlement dans quelques jours. Pour rappel, 38 000 emplois ont été supprimés depuis 2002 dans les finances publiques.

Deuxièmement, vous pouvez créer l’observatoire de la lutte contre la fraude fiscale, annoncé en 2018, jamais mis en place. Nous sommes candidats à titre bénévole. (Rires sur les travées du groupe CRCE.)

Troisièmement, la France va présider le Conseil de l’Union européenne à partir de janvier 2022. L’Union européenne a décidé hier de retirer de la liste des paradis fiscaux les Seychelles, en plein cœur des révélations du dernier scandale. Inscrivez à l’agenda de ce semestre une mise à jour de cette liste en y incluant notamment le Luxembourg et Chypre.

 

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POUR LES ENFANTS

7 Octobre 2021, 12:59pm

Publié par PCF Villepinte

PAR GARY SNYDER

Les collines escarpées, les pentes
des statistiques
sont là devant nous.
montée abrupte
de tout, qui s’élève,
s’élève, alors que tous
nous nous enfonçons.

On dit
qu’au siècle prochain
ou encore à celui d’après
il y aura des vallées, des pâturages
où nous pourrons nous rassembler en paix
si on y arrive.

Pour franchir ces crêtes futures
un mot à vous,
à vous et vos enfants :

restez ensemble,
apprenez les fleurs
allez léger.

 

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Emploi. « Les vraies formations ne se font pas en 40 heures »

6 Octobre 2021, 19:12pm

Publié par PCF Villepinte

 

L'Humanité Jeudi 7 Octobre 2021

Stéphane Guérard

Jean Castex a annoncé 1,4 milliard d’euros supplémentaires pour la formation des privés d’emploi et des salariés dans les grandes PME. De l’argent qui va se déverser dans un système marchandisé et individualisé, selon deux connaisseurs du secteur.

Il y a huit jours, Jean Castex annonçait un plan pour la formation professionnelle de «1,4 milliard deuros supplémentaires sur 2021 et 2022, dont 900 millions dès cette année». Les entreprises devraient capter le plus gros de ces crédits dédiés à la crise sanitaire et réaffectés. 600 millions sont en effet fléchés vers les grosses PME et 560 millions seront distribués par Pôle emploi «pour ouvrir les nouvelles formations (en entreprise) à lensemble des demandeurs demploi», dixit le premier ministre, afin de former 1,4 million de demandeurs d’emploi. De quoi pourvoir la France en emplois répondant aux enjeux des transitions numérique et écologique? Pas si sûr. Ce quexposent l’économiste Didier Gelot et Djamal Teskouk, conseiller confédéral CGT en charge de la formation professionnelle, dans une somme historique sur la formation professionnelle (1).

Avant d’envisager les annonces de Jean Castex, comment expliquez-vous que la formation professionnelle n’apparaisse pas dans les préoccupations des Français, encore moins dans le débat public?

Didier Gelot Les formations professionnelles n’aboutissent pas toutes à l’obtention de qualifications reconnues. Celles courtes, de 40 heures maximum, au «poste de travail», ne se traduisent généralement ni en termes de salaire, ni en promotion. C’est pourtant la vocation de la formation professionnelle telle que pensée par la loi de 1971. L’autre raison réside dans le fait que les organisations syndicales ne se saisissent que rarement de cette matière. Elles sont beaucoup plus appelées à prendre position sur des restructurations, des problèmes d’emploi, de salaires. La formation professionnelle n’a jamais été vue comme un outil pour répondre aux questions du travail, pour changer la société. En revanche, lorsqu’on interroge individuellement ces salariés sur le sujet, leur intérêt est fort. C’est contradictoire.

Djamal Teskouk C’est aussi dû aux inégalités d’accès. Celles-ci dépendent de la taille de l’entreprise dans laquelle on travaille et de la catégorie socioprofessionnelle à laquelle on appartient. Or, historiquement, le syndicalisme dit de contestation s’est plus appuyé sur les basses catégories, qui en bénéficient peu et qui, quand elles y accèdent, ne leur rapportent pas grand-chose en termes d’évolution de carrière ni de salaires.

Le plan Castex annoncé il y a huit jours permet-il de renverser la vapeur?

Didier Gelot Non, car il suit la logique «adequationniste» en vigueur, selon laquelle la formation professionnelle doit répondre aux besoins immédiats de main-d’œuvre des employeurs. On forme donc des gens sur un nouveau logiciel, une nouvelle machine. Jean Castex s’inscrit dans ce schéma en débloquant de l’argent pour financer des formations courtes afin de répondre aux «métiers en tension». Or, ces métiers, nous les connaissons bien. Voilà des années qu’ils ne fidélisent plus les travailleurs, car ils sont mal payés et dévalorisés. Et les vraies formations professionnelles ne se font pas en 40 heures.

Djamal Teskouk Il y a bien eu une période où les gens peu qualifiés avaient accès à des formations longues pour évoluer en interne, devenir les ingénieurs maison. Depuis une dizaine d’années, cette logique s’est inversée. On a commencé à détruire des postes qualifiés au gré des réorganisations, filialisations, délocalisations. Les entreprises se sont «recentrées sur leur cœur de métier», en externalisant toutes les activités jugées annexes, rejetant les salariés chez des sous-traitants dépourvus des moyens de formation. Lidée suivie est que tout ce qui est perçu comme un avantage en faveur du salarié est coûteux. La formation professionnelle en fait partie.

Didier Gelot Dès lors, plus on travaille dans une entreprise en bout de chaîne de sous-traitance, moins on a accès à la formation. C’est pourtant ces travailleurs qui devraient y avoir accès.

Les employeurs n’ont-ils pas intérêt à former leurs salariés?

Djamal Teskouk On est passé d’une obligation nationale de formation à une incitation faite aux entreprises de formation. Ce changement de vocable signifie un total renversement. Ce n’est plus à la société et aux entreprises de pourvoir à la formation, mais au salarié, à l’individu, de se prendre en charge en vue de se former. Et si possible hors du temps de travail, sur ses deniers personnels. Comme pour la santé, la retraite, la responsabilité a été transférée.

De quand date ce basculement?

Djamal Teskouk La réforme Pénicaud de 2018 parachève ce basculement. Et les annonces Castex s’y inscrivent en droite ligne. Mais nous montrons dans notre livre comment la réforme de 2014 menée sous Hollande a prépositionné tous les outils de marchandisation de la formation professionnelle nécessaires à la réforme Pénicaud. Dont le compte personnel de formation (CPF), qui avait été présenté comme une contrepartie aux régressions des lois Rebsamen et El Khomri, organisant la flexibilisation du travail et la diminution de son «coût».

Didier Gelot La réforme Pénicaud en est le point d’orgue puisqu’elle achève la marchandisation de la formation et la sort des «coûts du travail». Les employeurs ne sont plus obligés de financer la formation professionnelle mais sont incités à le faire. La grande nouveauté de 2018 est la monétisation du CPF. L’argument était de permettre au travailleur de trouver plus facilement la formation dont il a besoin. La réalité est tout autre et les margoulins s’y sont engouffrés. À tel point que, quand vous vous connectez au site du CPF, un avertissement vous met en garde contre ces phénomènes de harcèlement, d’abus et d’arnaques. Forcément, puisqu’il n’y a plus de contrôle public sur les offres. Dès lors, le plan Castex ne répondra pas aux questions posées par les mutations du travail liées aux transitions numériques et écologiques.

Quelles solutions prônez-vous pour réaffirmer l’intérêt de la formation professionnelle?

Djamal Teskouk Aujourd’hui, L’État a fait main basse sur l’essentiel des fonds mutualisés et décide de tout. Fixer des priorités nationales est utile. Encore faut-il donner les moyens. Or, France compétences affiche des déficits.

Didier Gelot Les efforts à produire sont gigantesques si l’on ne veut pas rater les transitions. Mettons donc fin aux exonérations de cotisations employeurs afin de financer les besoins. Nous proposons aussi un droit de formation initiale différée en faveur des travailleurs qui n’ont pu en suivre une. Et réinventons le contrat individuel de formation (CIF) pour redonner du temps long aux salariés. Car les transitions professionnelles ne se font pas en 40 heures.

(1)  1971-2021. Retour sur 50 ans de formation professionnelle. Éditions du Croquant, 13 euros.

 

 

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