DIRECT. LE GOUVERNEMENT FACE AU RISQUE D'UNE DEUXIÈME VAGUE PENDANT LES VACANCES
L'Humanité

[Mise à jour : le 24 juillet, 10h30]
¤ Aujourd'hui, se tiendra à l'Elysée un conseil de défense afin de faire un point sur la reprise de l'épidémie et éventuellement de mettre en place de nouvelles mesures pour enrayer la seconde vague. Olivier Véran a notammenté évoqué sur France 2 mercredi la possibilité d'un renforcement des contrôles aux frontières.
¤ Le nombre de personnes infectées par le COVID-19 connaît une hausse inquiétante. Jeudi, selon la Direction Générale de la Santé, plus de 1 000 nouveaux cas ont été recensé et 120 clusteurs sont en cours d'investigation. Santé Publique France note que cette augmentation s'intensifie. La semaine dernière, 3589 nouveaux cas ont été détectés, soit une hausse de 27% par rapport à la semaine précédente.
¤ 40 millions de masques lavables seront prochainement envoyés à 7 millions de Français qui sont au niveau du seuil de pauvreté, a annoncé le ministre de la santé, toujours sur France 2. Au final, les masques distribués ne seront donc pas gratuits, sauf pour les personnes les plus précaires. Lire notre article sur le sujet ainsi que l'éditorial de Sébastien Crépel.
¤ La ruée vers les tests engendre une saturation des laboratoires et des centres de dépistage. Notre reportage.
¤ Deux essais cliniques sur un eventuel vaccin sont en cours, mais les résultats sont attendus au plus tôt pour la fin de l'année.
¤ Dans le monde : plus de 15 millions de cas de Covid-19 ont été officiellement recensés, dont plus de la moitié aux Etats-Unis et en Amérique latine. Le virus a fait au moins 620 000 victimes. Lire aussi : L’Inde, futur épicentre de la pandémie.
Lors d'une interview accordé à TF1 mardi 21 juillet, Emmanuel Macron a estimé que la distribution gratuite de masques n'était pas souhaitable pour l'ensemble de la population, le contribuable n'ayant pas « vocation à payer des masques pour tout le monde et tout le temps ». Il a en revanche annoncé que les « plus précaires » pourraient néanmoins en bénéficier. Cette annonce a immédiatement fait réagir l'opposition : plusieurs partis de gauche réclament une distribution gratuite de masques pour tous. Comme EELV, qui avait lancé une pétition en ce sens juste avant le déconfinement du 11 mai. Ou encore les communistes, qui demandent depuis le mois de mai que les masques soient pris en charge et remboursés intégralement par la Sécurité sociale. « Notre proposition de loi pour la gratuité était à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le 18 juin. Ce texte engageait aussi la Sécurité sociale à acheter la production française. La majorité LaREM-Modem a voté contre », a regretté mardi le député PCF Fabien Roussel, estimant qu’« il n’est pas trop tard pour bien faire ». Les élus France insoumise de l’Hémicycle avaient aussi pris les devants : le député Adrien Quatennens a déposé un texte visant à ce que « l’État garant(isse) à chaque individu le nombre de masques nécessaire à sa protection ». Plus étonnant, un député proche de la majorité (MoDem), Erwan Balanant, s'est lui aussi montré favorable à une distribution gratuite de ces masques afin d'enrayer au mieux la pandémie. Selon certains spécialistes du droit, cette gratuité serait même une obligation institutionnelle. Le secteur de la grande-distribution est sans nul doute le grand gagnant de cette épidémie puisqu'il a pu engranger près de 78 millions d'euros, rien qu'avec la vente de gel hydroalcoolique, selon la société Nielsen.
Dans un entretien accordé à l'Humanité, Florent Guéguen, directeur de la Fédération des associations de solidarité, celui-ci estime que la distribution des masques par le gouvernement français est nécessaire, mais que "le périmètre de cette distribution gratuite est trop réduit".
Pour signer la pétition de l'Humanité réclamant la gratuité des masques, rendez-vous sur ce lien.
Des essais cliniques, un côté britannique, l'autre côté chinois, publiés dans la revue médicale The Lancet, ont produit des résultats encourageants dans l'élaboration d'un vaccin contre le virus. Ces deux projets sont très bien tolérés par les patients testés et semblent générer « une forte réponse immunitaire ». Toutefois, les résultats de ces essais sont à prendre avec des pincettes, puisqu'ils ne sont qu'à une phase préliminaire. Il est impossible pour le moment de savoir si ces vaccins pourraient permettre une immunité chez les plus fragiles ou protéger plus globalement toute personne exposée au Covid-19. Mardi 21 juillet, sur BFMTV, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy a mis en garde contre les multiples « effets d'annonce provenant des compagnies pharmaceutiques », estimant que la mise en circulation d'un vaccin n'allait pas se produire avant la fin de l'année.
Des « signaux faibles » semblent montrer une reprise de l'épidémie. 7 nouveaux décès ont été enregistrés ces dernières 24 heures, portant le bilan total de victimes à 30.172. Et le ministère de la santé a confirmé ce lundi une hausse du nombre de recours à SOS Médecins et une hausse des hospitalisations à l'échelle nationale. Il observe également l'apparition de nouveaux clusters (foyers de propagation du virus) qui sont désormais au nombre de 212 sur tout le territoire français. En Mayenne notamment, on observe en effet une augmentation significative du nombre de cas, avec un taux d'incidence de 52,72 pour 100 000 habitants, alors qu'il est de 5,73 pour 100 000 habitants en moyenne sur l'ensemble du territoire, selon les chiffres fournis par le gouvernement.
A lire aussi : Pourquoi le coronavirus frappe plus durement les villes pauvres.
Face à cette possible seconde vague, beaucoup de centres de dépistage sont au bord de la saturation. Le ministre de la Santé l'a lui même constaté sur France Info le lundi 20 juillet. Si les autorités sanitaires affirment que le pays peut effectuer jusqu'à 700 000 tests chaque semaine, le syndicat des biologistes (SDB) table plutôt sur un chiffre de "seulement" 350 000. Comme ont pu le montrer les divers manifestations du personnel hospitalier, le secteur manque cruellement de moyens et de personnels pour pouvoir assurer ce que le gouvernement réclame. Avec l'arrivée des vacances d'été, nombreux sont ceux qui souhaitent se faire dépister avant de partir en congés. On constate cet afflux notamment en Seine-Saint-Denis, où le taux d'incidence s'approche tout juste du seuil critique. L'arrivée des tests salivaires pourraient néanmoins permettre de réguler les flux de patients, étant beaucoup plus rapides que les tests PCR actuels.
Plusieurs pays ont déjà annoncé et mis en place des mesures de reconfinement dans certaines régions spécifiques. En Espagne, depuis le 17 juillet, les habitants de l’agglomération de Barcelone ont été invités à rester chez eux, sauf en cas de besoin de première nécessité. En Irlande, certains espaces comme les bars et restaurants devaient réouvrir le 13 juillet, mais la durée a été prolongée jusqu'au 10 août. En Allemagne, le gouvernement fédéral autorise la mise en place de mesures de reconfinement au niveau local. Enfin en Belgique, le masque est désormais obligatoire pour toute personne âgée de 12 ans et plus dans l'ensemble des lieux publics (musées, bibliothèques, commerces, lieux de culte).
Aux Etats-Unis, la crise sanitaire a mis en exergue les fortes inégalités (raciales, économiques, sociales) qui subsistent dans le pays. À Houston, dans le Texas, les mesures mises en place par le comté contredisent les annonces au niveau fédéral, ajoutant de la confusion auprès des plus précaires, qui sont en première ligne face au rebond de l'épidémie et dont les droits sociaux sont quasiment inexistants. Thomas Harmes s'est rendu sur place pour mieux comprendre la détresse d'un certain nombres d'habitants.