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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

DIRECT. LE GOUVERNEMENT FACE AU RISQUE D'UNE DEUXIÈME VAGUE PENDANT LES VACANCES

24 Juillet 2020, 09:42am

Publié par PCF Villepinte

 

L'Humanité

[Mise à jour : le 24 juillet, 10h30]

L'ESSENTIEL

¤ Aujourd'hui, se tiendra à l'Elysée un conseil de défense afin de faire un point sur la reprise de l'épidémie et éventuellement de mettre en place de nouvelles mesures pour enrayer la seconde vague. Olivier Véran a notammenté évoqué sur France 2 mercredi la possibilité d'un renforcement des contrôles aux frontières.

¤ Le nombre de personnes infectées par le COVID-19 connaît une hausse inquiétante. Jeudi, selon la Direction Générale de la Santé, plus de 1 000 nouveaux cas ont été recensé et 120 clusteurs sont en cours d'investigation. Santé Publique France note que cette augmentation s'intensifie. La semaine dernière, 3589 nouveaux cas ont été détectés, soit une hausse de 27% par rapport à la semaine précédente.

¤ 40 millions de masques lavables seront prochainement envoyés à 7 millions de Français qui sont au niveau du seuil de pauvreté, a annoncé le ministre de la santé, toujours sur France 2. Au final, les masques distribués ne seront donc pas gratuits, sauf pour les personnes les plus précaires. Lire notre article sur le sujet ainsi que l'éditorial de Sébastien Crépel.

¤ La ruée vers les tests engendre une saturation des laboratoires et des centres de dépistage. Notre reportage.

¤ Deux essais cliniques sur un eventuel vaccin sont en cours, mais les résultats sont attendus au plus tôt pour la fin de l'année.

¤ Dans le monde : plus de 15 millions de cas de Covid-19 ont été officiellement recensés, dont plus de la moitié aux Etats-Unis et en Amérique latine. Le virus a fait au moins 620 000 victimes. Lire aussi : L’Inde, futur épicentre de la pandémie.

 
Gratuité des masques

Lors d'une interview accordé à TF1 mardi 21 juillet, Emmanuel Macron a estimé que la distribution gratuite de masques n'était pas souhaitable pour l'ensemble de la population, le contribuable n'ayant pas « vocation à payer des masques pour tout le monde et tout le temps ». Il a en revanche annoncé que les « plus précaires » pourraient néanmoins en bénéficier. Cette annonce a immédiatement fait réagir l'opposition : plusieurs partis de gauche réclament une distribution gratuite de masques pour tous. Comme EELV, qui avait lancé une pétition en ce sens juste avant le déconfinement du 11 mai. Ou encore les communistes, qui demandent depuis le mois de mai que les masques soient pris en charge et remboursés intégralement par la Sécurité sociale. « Notre proposition de loi pour la gratuité était à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le 18 juin. Ce texte engageait aussi la Sécurité sociale à acheter la production française. La majorité LaREM-Modem a voté contre », a regretté mardi le député PCF Fabien Roussel, estimant qu’« il n’est pas trop tard pour bien faire ». Les élus France insoumise de l’Hémicycle avaient aussi pris les devants : le député Adrien Quatennens a déposé un texte visant à ce que « l’État garant(isse) à chaque individu le nombre de masques nécessaire à sa protection ». Plus étonnant, un député proche de la majorité (MoDem), Erwan Balanant, s'est lui aussi montré favorable à une distribution gratuite de ces masques afin d'enrayer au mieux la pandémie. Selon certains spécialistes du droit, cette gratuité serait même une obligation institutionnelle. Le secteur de la grande-distribution est sans nul doute le grand gagnant de cette épidémie puisqu'il a pu engranger près de 78 millions d'euros, rien qu'avec la vente de gel hydroalcoolique, selon la société Nielsen.

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Dans un entretien accordé à l'Humanité, Florent Guéguen, directeur de la Fédération des associations de solidarité, celui-ci estime que la distribution des masques par le gouvernement français est nécessaire, mais que "le périmètre de cette distribution gratuite est trop réduit".

Pour signer la pétition de l'Humanité réclamant la gratuité des masques, rendez-vous sur ce lien.

Où en est-on d'un éventuel vaccin ?

Des essais cliniques, un côté britannique, l'autre côté chinois, publiés dans la revue médicale The Lancet, ont produit des résultats encourageants dans l'élaboration d'un vaccin contre le virus. Ces deux projets sont très bien tolérés par les patients testés et semblent générer « une forte réponse immunitaire ». Toutefois, les résultats de ces essais sont à prendre avec des pincettes, puisqu'ils ne sont qu'à une phase préliminaire. Il est impossible pour le moment de savoir si ces vaccins pourraient permettre une immunité chez les plus fragiles ou protéger plus globalement toute personne exposée au Covid-19. Mardi 21 juillet, sur BFMTV, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy a mis en garde contre les multiples « effets d'annonce provenant des compagnies pharmaceutiques », estimant que la mise en circulation d'un vaccin n'allait pas se produire avant la fin de l'année.

Une lente reprise de l'épidémie

Des « signaux faibles » semblent montrer une reprise de l'épidémie. 7 nouveaux décès ont été enregistrés ces dernières 24 heures, portant le bilan total de victimes à 30.172. Et le ministère de la santé a confirmé ce lundi une hausse du nombre de recours à SOS Médecins et une hausse des hospitalisations à l'échelle nationale. Il observe également l'apparition de nouveaux clusters (foyers de propagation du virus) qui sont désormais au nombre de 212 sur tout le territoire français. En Mayenne notamment, on observe en effet une augmentation significative du nombre de cas, avec un taux d'incidence de 52,72 pour 100 000 habitants, alors qu'il est de 5,73 pour 100 000 habitants en moyenne sur l'ensemble du territoire, selon les chiffres fournis par le gouvernement. 

A lire aussi : Pourquoi le coronavirus frappe plus durement les villes pauvres.

La ruée vers les tests

Face à cette possible seconde vague, beaucoup de centres de dépistage sont au bord de la saturation. Le ministre de la Santé l'a lui même constaté sur France Info le lundi 20 juillet. Si les autorités sanitaires affirment que le pays peut effectuer jusqu'à 700 000 tests chaque semaine, le syndicat des biologistes (SDB) table plutôt sur un chiffre de "seulement" 350 000. Comme ont pu le montrer les divers manifestations du personnel hospitalier, le secteur manque cruellement de moyens et de personnels pour pouvoir assurer ce que le gouvernement réclame. Avec l'arrivée des vacances d'été, nombreux sont ceux qui souhaitent se faire dépister avant de partir en congés. On constate cet afflux notamment en Seine-Saint-Denis, où le taux d'incidence s'approche tout juste du seuil critique. L'arrivée des tests salivaires pourraient néanmoins permettre de réguler les flux de patients, étant beaucoup plus rapides que les tests PCR actuels.

Que font les autres pays ?

Plusieurs pays ont déjà annoncé et mis en place des mesures de reconfinement dans certaines régions spécifiques. En Espagne, depuis le 17 juillet, les habitants de l’agglomération de Barcelone ont été invités à rester chez eux, sauf en cas de besoin de première nécessité. En Irlande, certains espaces comme les bars et restaurants devaient réouvrir le 13 juillet, mais la durée a été prolongée jusqu'au 10 août. En Allemagne, le gouvernement fédéral autorise la mise en place de mesures de reconfinement au niveau local. Enfin en Belgique, le masque est désormais obligatoire pour toute personne âgée de 12 ans et plus dans l'ensemble des lieux publics (musées, bibliothèques, commerces, lieux de culte).

Aux Etats-Unis, la crise sanitaire a mis en exergue les fortes inégalités (raciales, économiques, sociales) qui subsistent dans le pays. À Houston, dans le Texas, les mesures mises en place par le comté contredisent les annonces au niveau fédéral, ajoutant de la confusion auprès des plus précaires, qui sont en première ligne face au rebond de l'épidémie et dont les droits sociaux sont quasiment inexistants. Thomas Harmes s'est rendu sur place pour mieux comprendre la détresse d'un certain nombres d'habitants.

Léo Lefrançois

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Déclaration je déclare l'état de bonheur permanent

23 Juillet 2020, 16:29pm

Publié par PCF Villepinte

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Plan de relance de l'UE: vers plus de fédéralisme et de soumission aux politiques d’austérité

22 Juillet 2020, 08:23am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 21/07/2020 par PCF

 

Alors que le Parlement européen tablait sur un plan à 2.000 milliards d’euros pour répondre à la gravité de la situation et aux urgences sociales et écologiques, le plan adopté ce lundi s’élèvera à seulement 750 Mds d’euros. En outre, plutôt que de mobiliser la BCE, il va soumettre plus encore les Etats aux exigences des marchés financiers et donc à des politiques d’austérité mortifères.

 

L’octroi des aides, sous forme de prêts et de subventions, sera ainsi conditionné à des « réformes structurelles » dans chaque pays, synonymes de baisses des dépenses publiques utiles. De plus, le remboursement des prêts est envisagé par la levée d’un impôt européen, renforçant le fédéralisme européen au détriment de la souveraineté des Etats.

 

Le plan de relance est donc sous-dimensionné et sur-conditionné. Il porte un caractère anti-démocratique en renforçant le poids de la commission européenne notamment en matière fiscale. Il permet en plus à plusieurs pays de pouvoir baisser leur contribution au budget européen qui risque de rester à 1027 Mds d’euros alors que l’objectif était de le porter à 1300 Mds.

 

Le PCF propose des mesures concrètes pour changer de logique en Europe :

 

- La réorientation des efforts de création monétaire de la BCE, non pas pour aider encore davantage les plus aisés et les grands groupes, mais pour financer les services publics et la transition écologique, protéger les activités et les petites et moyennes entreprises et maintenir les revenus des travailleurs grâce à la constitution d’un fonds européen d’urgence économique, sociale et écologique. La BCE doit être mise sous contrôle démocratique.

 

- L’abolition définitive du pacte de stabilité et de croissance et du pacte budgétaire ;

 

- L’annulation de la dette publique des Etats ; aucune aide européenne ne peut être conditionnée ni à un contrôle budgétaire, ni à un endettement accru des états.

 

- La lutte contre l’évasion fiscale et les paradis fiscaux dans l’UE et en dehors de l’UE. A elle seule, elle représenterait une somme bien supérieure au fonds de relance discuté aujourd’hui. Une conférence européenne de la dette et de l’évasion fiscale, en associant les forces sociales et citoyennes, est aujourd’hui nécessaire. Les leçons de rigueur budgétaire données par les Pays-Bas sont totalement déplacées venant d’un pays qui pratique l’optimisation fiscale pour des multinationales.

 

Plus structurellement, alors que les traités européens ont démontré leur caducité, ces propositions doivent ouvrir le chemin vers un pacte social et démocratique pour des peuples et des nations libres, souveraines et associées, auquel aspirent les citoyens européens.

 (Fabien Roussel - PCF)

 

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" Avec la suspension d'Anthony Smith, c'est toute l'inspection du travail qui est menacée "

22 Juillet 2020, 08:22am

Publié par PCF Villepinte

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Lettre de Fabien Roussel aux salari.é.e.s de SANOFI

21 Juillet 2020, 07:21am

Publié par PCF Villepinte

Publié le 20/07/2020 par PCF

Télécharger la lettre

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Madame, Monsieur,

 

Nous tenons à vous faire part de tout notre soutien face au plan de suppression d’emplois annoncé par votre direction.

Et vous dire que d’autres choix sont possibles.

 

Il ne doit pas y avoir de plan de restructuration :Quand tous les ans des milliards d’euros sont versés aux actionnaires : 3,9 milliards d’euros en 2019, soit l’équivalent en un an de 40 années de téléthon ;Quand Sanofi touche tous les ans 120 à 130 millions d’euros d’aides publiques sous forme d’exonérations sociales (CICE) ou du Crédit Impôt Recherche (1,5 milliards € sur 10 ans) ; Quand le président de la République appelle à relocaliser les activités industrielles et qu’il débloque 200 millions d’euros dont une bonne partie pour Sanofi.

Se désengager de 200 médicaments sur 300 produits, dont certains d’intérêt thérapeutique majeur, au motif que leur chiffre d’affaires serait trop faible, comme l’annonce la direction de Sanofi, est non seulement inacceptable mais aussi contraire aux impératifs sanitaires auxquels un groupe pharmaceutique de cette envergure se doit de répondre. Nous sommes nombreux à dire que la santé n’est pas une marchandise.

Grâce à votre travail’ de l’ouvrier à l’ingénieur, du technicien au cadre, Sanofi affiche des résultats florissants. Cet argent doit être investi dans la recherche, dans la formation, dans les salaires, dans la relocalisation d’activités telles que la production de principes actifs, la formulation pharmaceutique et la distribution de médicaments. Ce serait bon pour l’entreprise et bon pour notre nation.

Vos compétences, vos savoir-faire, vos travaux de recherche sont indispensables à la souveraineté sanitaire de notre pays. En supprimant à nouveau plus de 1000 emplois en France, en fragilisant son siège, en externalisant les services support indispensables, en fermant un nouveau centre de recherche, votre direction porterait ainsi un coup très rude à toute l’industrie pharmaceutique nationale.

Voilà pourquoi tout doit être mis en œuvre par le gouvernement pour empêcher un tel gâchis. Il doit refuser un plan social en contradiction flagrante avec les derniers résultats rendus publics : 9 milliards de chiffre d’affaires au premier trimestre, en hausse de 6,9%.Mais l’Etat doit aussi s’engager davantage pour garantir un développement vertueux de votre entreprise, premier groupe pharmaceutique européen. Plusieurs leviers existent pour cela.

Le Parti communiste et ses parlementaires proposent ainsi de conditionner les aides publiques au maintien et à la relocalisation des emplois. Ils souhaitent également donner plus de pouvoir aux salarié.e.s, et libérer les entreprises du poids des banques et des marchés financiers.

Enfin, nous plaidons pour la création d’un pôle public du médicament, en faisant entrer l’État dans le capital des entreprises stratégiques comme Sanofi. Vous pouvez compter sur le soutien sans faille des communistes pour refuser la feuille de route inacceptable et même honteuse présentée par Sanofi et démontrer que d’autres choix sont possibles.

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Service public. Un inspecteur du travail menacé de sanctions pour ses préconisations

21 Juillet 2020, 07:14am

Publié par PCF Villepinte

Mardi, 21 Juillet, 2020

L’Humanité Loan Nguyen

Anthony Smith passe mardi en conseil de discipline pour avoir exigé d’une association d’aide à domicile qu’elle mette en œuvre, en pleine crise du Covid, des mesures de prévention que sa hiérarchie a jugées excessives. Derrière son cas, c’est à nouveau la question de l’indépendance de ces agents et du sens de leur mission qui se joue.

Après trois mois de mise à pied à titre conservatoire, l’inspecteur du travail de la Marne, Anthony Smith, devrait connaître son sort à l’issue du conseil de discipline qui se tient, ce mardi, à la direction des ressources humaines du ministère du Travail, à Paris.

En exigeant, fin mars-début avril, d’une association d’aide à domicile de Reims, l’Aradopa, la mise en place d’un certain nombre de mesures de précaution sanitaire dont la fourniture de masques FFP2, l’agent de contrôle a «méconnu de manière délibérée, grave et répétée les instructions de l’autorité centrale du système d’inspection du travail concernant l’action de l’inspection durant l’épidémie de Covid-19», estiment les services de la rue de Grenelle.

«Il s’est contenté de faire son travail en essayant de faire appliquer le Code du travail, et notamment la mise en œuvre de mesures de protection collective (télétravail) et individuelle (port d’EPI)», dément dans un tract l’intersyndicale CGT-CNT-FO-FSU-SUD.

Sollicité à la mi-mars par des élus du comité social et économique (CSE) de l’Aradopa qui déploraient le manque de protections individuelles, Anthony Smith s’était enquis par courrier auprès de leur employeur des mesures mises en œuvre pour assurer la sécurité sanitaire des aides à domicile, lui rappelant au passage ses obligations en la matière.

Ne jugeant pas satisfaisantes les réponses de la direction de l’association, l’inspecteur du travail avait, par la suite, enjoint celle-ci à répondre à quatorze demandes allant du signalement des interventions poursuivies ou interrompues par les salariées auprès des usagers à la fourniture de masques FFP2 ou FFP3 pour les interventions comme le soin ou la toilette rendant la distanciation physique impossible.

En parallèle, plusieurs aides à domicile, inquiètes, avaient fait valoir leur droit de retrait (lire notre article ci-contre). Face au risque qu’il estimait important pour la santé et la sécurité de celles-ci, l’agent de contrôle avait préparé une action en référé devant les tribunaux.

 « Au nom des supposés intérêts économiques et sociaux»

Une procédure qui sera finalement interrompue par sa mise à pied le 15 avril. «Il fallait à tout prix stopper l’intervention d’un inspecteur du travail au nom des supposés intérêts économiques et sociaux», dénonce l’intersyndicale du ministère du Travail. «Et c’est cet intérêt économique, qualifié d’intérêt général par la DGT (Direction générale du travail – NDLR), qui autoriserait toutes les pressions, les interventions extérieures et les ingérences de la RUD (responsable d’unité départementale – NDLR) en contradiction avec les principes d’indépendance garantis par la convention n° 81 de l’Organisation internationale du travail», ajoutent les syndicats.

Car, dans le dos de l’inspecteur du travail, sa supérieure hiérarchique, la fameuse RUD, avait décidé de se livrer à une action de médiation parallèle avec l’Aradopa, allant jusqu’à inciter l’employeur à «mettre (la) correspondance (de l’inspecteur du travail) de côté», disant en outre «regretter l’acharnement» de celui-ci. «Où en êtes-vous de la procédure le concernant?» avait même demandé le directeur général de l’association à la responsable d’unité départementale quelques jours avant la suspension de l’agent, révélant une collusion manifeste entre les deux parties à l’insu d’Anthony Smith.

«Ce n’est pas la saisine du juge des référés qui a justifié la mesure conservatoire, mais le comportement d’ensemble de M. Smith tout au long de la crise sanitaire: l’intéressé a exercé ses prérogatives non pas au regard des priorités définies par les autorités compétentes, mais au regard des seules priorités de son syndicat (…) l’objectif étant de parvenir à une cessation d’activité conforme à ces priorités», justifie, de son côté, le directeur des ressources humaines du ministère dans le rapport disciplinaire de l’inspecteur du travail, par ailleurs élu CGT au CHSCT régional. En exigeant des masques FFP2, l’agent serait également sorti du cadre des préconisations sanitaires nationales, fait valoir le ministère.

Fin avril, la DGT que nous avions jointe par téléphone affirmait que la consigne avait été donnée à l’agent qui remplaçait Anthony Smith de continuer l’action en référé. «Mais cette personne n’a pas eu communication des éléments suffisants pour poursuivre la procédure», souligne Coline Martres-Guguenheim, membre du bureau national de SUD travail.

«L’administration veut faire un exemple en s’en prenant à l’ancien secrétaire général de la CGT du ministère du Travail», estime Julien Boeldieu, actuellement responsable national du syndicat. «C’est une manière de dire aux collègues: “Tous les comportements qu’on considérera comme déviants ou “ahiérarchiques” seront sanctionnés”. C’est aussi une manière de détourner l’attention des torts du ministère du Travail dans cette période de confinement où l’inspection du travail a été paralysée, et du scandale de la pénurie de masques», précise le syndicaliste CGT.

D’après lui, plus de 1300 agents de contrôle, soit environ un quart des inspecteurs du travail, auraient signé la pétition de soutien pour Anthony Smith. «Muriel Pénicaud n’a pas accepté de nous recevoir, Élisabeth Borne non plus. Jusqu’à quel point va-t-elle pouvoir gérer son ministère avec un tel niveau de défiance?»

 

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Maboula Soumahoro: "Les Noirs restent assignés à un statut social et politique hérité de l'esclavage"

20 Juillet 2020, 07:39am

Publié par PCF Villepinte

L'Humanité Entretien réalisé par Eugénie Barbezat

 

Alors qu’une nouvelle manifestation est organisée à Beaumont-sur-Oise par le comité Adama Traoré, la spécialiste de la diaspora noire africaine appelle à la fin du déni concernant le racisme et à sa compréhension fine, seul moyen pour arriver à le combattre. Entretien avec Maboula Soumahoro, maîtresse de conférences en civilisations du monde anglophone à l’université de Tours.

Dans son ouvrage le Triangle et l’Hexagone. Réflexions sur une identité noire (la Découverte), la chercheuse interroge sa propre histoire, la perception que la société française a d’elle, au regard de l’histoire coloniale et impérialiste de notre pays. Elle revient sur les pages occultées du récit national et sur les constructions raciales qui continuent de fragmenter notre société.

Pourquoi le Triangle et l’Hexagone?

Maboula Soumahoro Le terme «Hexagone», communément employé pour désigner la France, a le désavantage de passer sous silence tous les territoires ultramarins, qui pourraient élargir notre vision de ce pays, et ce titre rappelle que la France se situe dans le triangle atlantique, qui, à partir de la fin du XVe siècle, a mis en relation les continents africain, européen et américain. Cette rencontre fatidique, fondée sur le commerce triangulaire, c’est-à-dire le déplacement forcé, violent des populations africaines vers l’Europe (notamment le Portugal), avant d’être acheminées vers les Amériques, a fondé le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Nos sociétés occidentales sont le fruit de la transformation économique et politique qui a conduit à l’avènement du capitalisme, via l’accumulation rendue possible par le travail gratuit des esclaves, comme l’a montré l’historien trinidadien Eric Williams dès les années 1940 dans son ouvrage Capitalisme et esclavage. Il est vrai que l’esclavage existait déjà durant l’Antiquité. Néanmoins, ce qui est nouveau à partir de la fin du XVe siècle, c’est le caractère massif et «industriel» du phénomène et, surtout, le fait quil associe lesclave à une couleur de peau. Cette assignation de la couleur noire à un statut social et politique est datable; celui-ci a forgé de nouvelles identités qui restent prégnantes aujourdhui.

En quoi l’invention de l’identité noire et celle de l’identité blanche sont-elles liées temporellement et structurellement?

Maboula Soumahoro Avant la colonisation, les habitants du continent africain ne se définissaient pas davantage comme «Africains» que les peuples du continent européen comme «Européens». Une fois quils ont instauré la traite et lesclavage, les Européens ont voulu légitimer cette entreprise qu’ils savaient criminelle. Ils ont alors inventé un discours, afin de déshumaniser les personnes qu’ils asservissaient et avaient la volonté d’exploiter de manière pérenne. C’est pour cela que les Noirs ont été associés à une humanité amoindrie ou niée. Simultanément, l’identité blanche, dite supérieure, et les privilèges qui lui sont associés, est née. Ces identités «opposées» sont interdépendantes et nécessaires au maintien du système. Il est important de noter, même si cela peut paraître difficile à imaginer aujourd’hui, que les êtres humains ne se sont pas toujours définis en fonction de leur couleur de peau. Historiquement, les significations assignées aux couleurs de peau sont assez récentes. Il s’agit aujourd’hui de les déconstruire et surtout de ne pas les essentialiser. Au fil des siècles, il y a eu beaucoup de manières de décliner les identités, en fonction du degré supposé de civilisation (barbare/non barbare), de la religion, du régime alimentaire, etc. Personnellement, j’ai décidé de faire de la construction de l’identité raciale mon objet d’étude.

Qu’entendez-vous exactement par le terme «race»?

Maboula Soumahor Il ne s’agit évidemment pas de biologie. Il s’agit de races construites socialement, politiquement et historiquement. Mais il reste, hélas, important de le préciser, car toute une tradition scientifique, notamment au XIXe siècle, a tenté d’établir des hiérarchies humaines, de «théoriser» une infériorité des personnes noires, en mesurant leurs crânes, etc. On a eu la confirmation lors de la Seconde Guerre mondiale que lorsque l’on veut génocider un peuple, en l’occurrence les juifs et les Roms, on les infériorise pseudoscientifiquement. C’est ce qu’ont fait les médecins nazis. Je pense aussi qu’il est un peu facile d’évacuer la question des tensions raciales en disant «nous sommes tous des êtres humains». Si nous étions tous uniquement des êtres humains, le monde ne serait pas dans l’état dans lequel il se trouve! Quand on regarde l’organisation des sociétés, le fait d’être un homme, une femme ou une personne trans, celui d’être valide ou non, de venir d’un centre-ville ou d’une banlieue sont autant d’éléments déterminants quant à la place à laquelle chacun peut accéder. On ne peut pas nier, non plus, que ce à quoi renvoie la couleur des corps des personnes implique des présupposés. C’est uniquement de cela que je parle quand j’emploie le mot race. Et je suis toujours étonnée de devoir me justifier quand je le fais.

Vous évoquez la charge raciale, de quoi s’agit-il?

Maboula Soumahoro Il s’agit d’abord de toutes ces injonctions à témoigner et à expliciter la violence des agressions racistes récurrentes et à «régler nous-même» le problème en faisant de la pédagogie. Paradoxalement, la charge raciale se traduit aussi par un silence imposé aux victimes de racisme. Il ne faut pas témoigner pour ne pas déranger, pour ne pas compromettre son accès à un emploi ou un logement par exemple, ou encore ne pas passer pour une personne difficile, obsédée par des problèmes liés à sa couleur de peau. En réalité, on ne peut pas parler d’autre chose si ces occurrences racistes viennent polluer notre existence quotidienne, nos trajectoires et nos vécus! Se faire entendre est dautant plus difficile que nos témoignages dérangent le confort moral de personnes qui n’ont pas envie de se sentir racistes. Concrètement, admettre et donc combattre les discriminations revient de fait à abolir des privilèges… Ce à quoi ceux qui les détiennent ne consentent pas forcément. Le non-dit sert à maintenir le statu quo.

Vous expliquez qu’en tant que femme noire, vous êtes régulièrement confondue avec d’autres femmes ayant la même couleur de peau que vous…

Maboula Soumahoro Sur un plateau de télévision, si Rokhaya Diallo est invitée, on ne m’invitera pas, car on se dit qu’une seule femme noire suffit. Depuis que j’interviens dans le champ médiatique en tant que chercheuse, on m’a comparée souvent avec Rama Yade ou avec Sibeth Ndiaye… Peu importe que nos parcours, nos discours, nos centres d’intérêt soient différents. Autre exemple: récemment, on a mis en une de l’Humanité la photo de Ndella Paye à la place de la mienne. Me confondre avec cette militante afro-féministe, antiraciste revient à nier mon individualité. Dans le fonctionnement raciste, il y a cette notion de l’effacement: créer des groupes au sein desquels les personnes sont interchangeables.

Comment faire évoluer les consciences à propos du racisme?

Maboula Soumahoro Le plus difficile est de faire face à la dénégation. On assiste, en France, à un refus catégorique de prendre conscience des conséquences du déploiement colonial et des conquêtes impérialistes sur le présent, et sur la perception actuelle des corps. C’est vrai à tous les niveaux de la société et même au sein de l’université. Quand, à mon retour d’une année d’études aux États Unis, j’ai souhaité faire ma thèse, en France, à propos des mouvements séparatistes noirs américains, on m’a déclaré que ces sujets n’avaient pas de valeur scientifique au sein de l’université française. Derrière cette phrase sibylline, j’ai compris que parce que j’étais noire, mes professeurs pensaient que je ne pourrais pas avoir suffisamment de distance par rapport au sujet. Évidemment, cela n’a jamais été énoncé comme tel, mais je l’ai ressenti, vécu. Ce qui est intéressant, c’est que ce malentendu révèle qu’il existe un lien entre une Française ayant grandi dans un milieu pauvre de la banlieue parisienne comme moi et une militante noire américaine par exemple. C’est une question qui m’intéresse en tant que scientifique. «Quest ce qui me lie avec les Noirs des autres continents?» Le fait de chercher à comprendre, à décortiquer les choses finement, à en saisir la complexité. Pouvoir produire de la pensée et de la scientificité à partir de ces hiatus serait un grand pas. Atteindre la psyché des gens passe par l’enseignement, la culture et aussi la formation des magistrats, des policiers. Une société sans catégories infériorisées est un but à atteindre. Hélas, l’universalisme est encore loin.

Vous racontez que l’acceptation de votre identité noire s’est faite grâce à votre passage aux États-Unis. Il semble que l’acceptation de l’existence de violences policières en France se soit faite aussi via des images d’outre-Atlantique, celles de George Floyd en l’occurrence…

Maboula Soumahoro Depuis St John de Crèvecœur ou Tocqueville, la France a le regard porté sur les États-Unis. Les médias français mainstream aussi. Ils ont donc couvert l’affaire George Floyd. Sans cela, l’écho fait aux violences policières en France n’aurait sans doute pas eu tant d’ampleur alors que la famille d’Adama Traoré se bat depuis 2016 pour connaître la vérité sur la mort de ce jeune garçon noir, précédée et suivie de dizaines d’autres dans des conditions similaires. Mais ce parallèle entre la France et les États-Unis n’est pas nouveau puisque les organisateurs de la marche pour l’égalité de 1983 reconnaissent s’être inspirés de la marche chaperonnée par Martin Luther King en 1963, à Washington. Aujourd’hui, toute une jeunesse s’est levée pour aller manifester les 2 et 13 juin, c’est impressionnant. Mais ce qui m’intéresse, c’est la pérennisation de cette dynamique. En 1983, la marche pour l’égalité avait rassemblé 100000 personnes, mais toute cette énergie déployée alors a été dévoyée. Si cela n’avait pas été le cas, j’imagine que nous ne parlerions pas encore, en 2020, des mêmes thématiques. J’espère que l’on est à un moment différent de cette histoire française qui laissera place à des transformations profondes de la société.

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Retraites et chômage : Castex ira au bout... mais plus tard

20 Juillet 2020, 07:27am

Publié par PCF Villepinte

 

L'Humanité Stéphane Guérard

A l’issue de la « conférence du dialogue social » de ce vendredi, le premier ministre a acté une méthode moins frontale et un nouvel agenda. Mais il compte bien imposer les réformes du régime des pensions et de l’assurance chômage en 2021.

Droit dans ses bottes fut Edouard Philippe pour faire avancer les réformes des retraites et de l’assurance chômage. « Droit dans ses bottes » sera aussi Jean Castex sur ces sujets. Seul le rythme de mise en place change. Le nouveau premier ministre a annoncé son agenda social aux syndicats et patronat, ce vendredi matin. Ces deux sujets y figurent toujours en bonne place, mais plus dans les premières positions. Les questions liées au plan de relance économique et à l’emploi des jeunes font partie des premières urgences à traiter, selon le chef du gouvernement qui s’est exprimé ce vendredi midi à la suite de la rencontre.

Le financement de la protection sociale et la dépendance sont des thématiques que l’exécutif a d’ores et déjà annoncées pour septembre. D’autres concertations concernant les travailleurs détachés, la transition écologiques ou le partage de la valeur seront menées au niveau national et territorialement, selon un agenda envoyé aux représentants des salariés et des patrons en début de semaine prochaine. Cet agenda comprendra une prochaine « conférence de dialogue social » en octobre.

Retraites : deux temps pour un même mouvement

Sur cette question, le premier ministre a prévenu que « l’instauration d’un nouveau régime universel de retraite (…) sera maintenu. Simplement, comme je l’ai indiqué aux partenaires sociaux, nous lui appliquerons une nouvelle méthode en distinguant le caractère structurel de cette réforme qui vise à plus de justice de tous ses éléments financiers, en reprenant la concertation dans les mois à venir pour en améliorer le contenu et la lisibilité ». Le Conseil d’orientation des retraites (COR) va être saisi à la rentrée afin d’évaluer la situation financière des régimes actuels en distinguant la partie liée à la crise en cours du déficit structurel. Ce même COR avait envisagé un déficit aux alentours de 30 milliards d’euros pour 2020, un chiffre mis en avant par l’exécutif pour annoncer qu’il ne renoncerait pas à la réforme inscrite dans le programme du candidat Macron.

Simplement, celle-ci sera conduite en deux temps. D’abord, une négociation sur les équilibres financiers du régime actuel à la suite de la communication des estimations du COR. Pour cette phase, le patronat comme l’exécutif poussent à de nouvelles mesures d’âge qui pourraient passer par une accélération du calendrier contenu dans la précédente réforme Touraine d’augmentation du nombre de trimestres nécessaires au déclenchement des droits à pension à taux plein. Une seconde phase s’ouvrirait au plus tôt au début de l’année prochaine en vue d’instaurer le régime par points contenu dans la réforme Delevoye-Philippe, votée en première lecture par l’Assemblée et mise en attente depuis l’irruption du Covid-19.

De quoi satisfaire Laurent Berger, qui estimait ce vendredi :  « Ça correspond à notre projet de ne pas faire du sujet des retraites le sujet de l’été ou de l’automne. (…) Nous continuons de croire qu’un système universel est plus juste mais la priorité n’est pas celle-ci aujourd’hui ».

La réforme de l’Assurance chômage reviendra début 2021

Philippe Martinez soulève une autre question qui n’est pour l’heure pas inscrite à l’agenda social du premier ministre.  « Il y a un problème de financement de la Sécurité sociale, a-t-il estimé sur RTL. Notre système est bon, mais le robinet qui alimente le financement de la Sécu est de plus en plus fermé », car « on fait de plus en plus d’exonérations de cotisations sociales, notamment aux employeurs et aux grands groupes ». Quant au régime par points, le secrétaire général de la CGT a réitéré son opposition : « Pourquoi veut-on rabaisser les droits de ceux qui en ont un peu plus que les autres ? Pourquoi n’augmente-t-on pas les droits de ceux qui en ont moins ? C’est ça, le problème de fond. Pourquoi remettre sur la table un sujet qui divise le pays ? »

Même tactique du premier ministre concernant une autre réforme emblématique du quinquennat : celle menée par l’ancienne ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui a contribué à réduire l’accès aux indemnisations chômage. Une première partie de cette réforme avait été mise en application dès le 1 er novembre dernier. Une seconde devait intervenir au 1 er mai. Durant le confinement, Muriel Pénicaud avait repoussé la mise en place de ce second volet au 1 er septembre prochain. Jean Castex a annoncé ce vendredi le report jusque début 2021 de la totalité de la réforme de l’assurance chômage, y compris les mesures déjà entrées en vigueur le 1er novembre qui durcissent les conditions d’ouverture de droits (avoir travaillé 6 mois pendant une période de 24 mois, au lieu de 4 mois sur 28) et de leur rechargement. Mais, prévient le premier ministre, cette réforme est « une bonne réforme et nous la mènerons à terme. Nous avons, parce que nous sommes pragmatiques, décidé de l’adapter aux circonstances et d’en décaler la date d’entrée en vigueur ».

Méthode et discours sur la méthode

Côté patronal, la satisfaction est de mise face à ce nouveau tempo social imposé par le premier ministre. « En détendant les calendriers, cela permet d’éviter les sujets qui fâchent », a commenté le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. Côté syndical, la méthode Castex semble avoir plu. Pour la CFDT, Laurent Berger y a vu « une vraie sincérité du premier ministre dans sa conviction du dialogue social »« Il semble que quelque chose soit en train de changer dans la méthode du gouvernement », a constaté le président de la CFE-CGC, François Hommeril. « C’est un discours de gaulliste social qui rompt avec Macron, c’est déstabilisant », a commenté le numéro un de FO, Yves Veyrier.

Philippe Martinez compte, lui, juger la méthode Castex « aux actes ». Le secrétaire général de la CGT a appelé ce vendredi matin sur RTL le gouvernement à  « relancer le pouvoir d’achat des premiers de corvée » en augmentant le Smic d’au minimum 10 % tout de suite, avec « une clause de revoyure sur les bas salaires ». La confédération syndicale appelle à une journée de mobilisation et de grève le 17 septembre prochain.

Stéphane Guérard

 

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La réduction du coût du travail est votre unique boussole

18 Juillet 2020, 06:56am

Publié par PCF Villepinte

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La société et ses vieux   

18 Juillet 2020, 06:51am

Publié par PCF Villepinte

 

En moins d’un siècle, l’espérance de vie des Français a progressé de plus de 30 ans. Aujourd’hui, un quart de la population a plus de 65 ans et la progression va se poursuivre. La crise sanitaire de ce printemps a mis en évidence l’absence d’empathie et de considération de nos élites envers les personnes âgées. Les carences des politiques suivies concernant cette partie importante de la population ont été mises à nues. Il est urgent d’imposer d’autres choix.

« On reconnaît le degré de civilisation d’une société à la place qu’elle accorde à ses personnes âgées. » Simone de Beauvoir.

Sois vieux et tais-toi !

Vous avez plus de 70 ans, tous aux abris et restez-y… longtemps ! Voilà le scénario auquel ont échappé de peu les 10,6 millions de Français. Il a fallu un vent de révolte de septuagénaires - certains célèbres - récusant cette infantilisation méprisante, pour qu’il soit abandonné.

Les plus fragiles ou plus âgés d’entre eux, confinés dans les Ehpad, n’ont malheureusement pas pu l’éviter. Au prétexte de les préserver du virus, mais surtout parce que les moyens manquaient pour les protéger, ils ont été cloîtrés, malades ou pas, privés de sorties et du seul bonheur qu’il leur reste, la visite de leurs proches.

Après des décennies de décisions politiques catastrophiques, nos hôpitaux, sinistrés, étaient dans l’incapacité de faire face au flot des malades atteints du Covid-19. Il a donc été décidé de laisser mourir les vieux dans leurs Ehpad. Plus de 10 000 y ont laissé leur vie durant le confinement.


Priver aussi drastiquement les plus âgés de leurs libertés a choqué et continue de choquer tous ceux pour qui respecter la personne humaine n’est pas qu’un slogan. Bien sûr qu’il fallait les protéger avec des précautions sanitaires adaptées, mais comme pour tous les autres citoyens ! Le confinement, tel qu’il a été imposé aux résidents des Ehpad, s’est révélé particulièrement inhumain.

Quand vient le temps des cheveux blancs

Le Comité national d’éthique déplore, dans un rapport, que les personnes âgées soient traitées comme des incapables, même quand aucune altération de leurs facultés mentales n’est avérée.

N’en déplaise aux racistes anti-vieux, vieillesse n’est pas synonyme de gâtisme ! À 90 ans, on peut avoir une meilleure réflexion qu’un « jeune » de 30 ou 40 ans ! Le « Indignez-vous » de Stéphane Hessel, écrit alors qu’il avait 90 ans, l’a démontré.

Être âgé n’interdit pas d’être en capacité de prendre des décisions pour le présent et de faire des projets de vie pour le futur. Les personnes souffrant de troubles cognitifs ou de désorientation doivent bien évidemment être protégées et leurs capacités de décider encadrées, mais ces problèmes de santé mentale ne sont pas tous inhérents à l’âge.

Pour certains de nos théoriciens, les vieux sont une charge pour la société et la fragilité des plus âgés assimilée à de la déficience. Trop souvent, leur est dénié le droit de décider de leurs choix de vie, quand bien même ils en ont la capacité. Trop vieux, trop gâteux !

Des citoyens jusqu’au bout !

Autrefois, ils avaient la courtoisie de ne pas s’attarder trop longtemps sur cette terre. Aujourd’hui, ils jouent les prolongations et, dans notre société libérale, dite moderne, toutes les vies n’ont pas la même valeur. Seuls les économiquement utiles sont considérés comme citoyens à part entière.

D’aucuns l’ont exprimé avec cynisme durant cette crise sanitaire. Pour Emmanuel Todd : « On ne peut pas sacrifier la vie des jeunes et des actifs pour sauver les vieux ». Et Christian Barbier a déclaré : « À un moment donné, pour sauver quelques vies de personnes très âgées, on va mettre des milliers de gens au chômage ? La vie n’a pas de prix. Mais elle a un coût pour l’économie. »


On vieillit dès que l’on naît et la vieillesse, dernière phase de la vie, est une partie intégrante de ce processus. Respecter l’être humain, à tous les âges de sa vie, doit être l’honneur d’une société et la marque d’une civilisation avancée.

Hélène Salaün

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