Transport ferroviaire et Fonds européen
L’affaire du train Rungis-Perpignan révèle à quel point développer le fret ferroviaire est une urgence absolue. Il faut augmenter de 6 Md€ par an les investissements ferroviaires pour la France et de 30Md€ pour la zone euro. Cela permettrait de faire reculer la part des poids lourds, les émissions de CO2, rouvrir des gares, des lignes et créer des emplois. C’est à peine 1 % des 3 300 Md€ avec lequel la BCE inonde les marchés et les banques sans aucune condition.
Nécessité du fret
Le 30 juin, le dernier train de fret à arriver à la gare de Rungis sera mis à la casse, remplacé par 20 000 camions sur la route (par an). Il s’agit du train Perpignan-Rungis qui transporte 20 % des fruits et des légumes de Rungis qui, pour une large partie, proviennent d’Espagne. C’est dire l’ampleur de l’intégration productive en Europe et la nécessité d’un grand plan de développement du rail et du fret.
Le coût ?
Ce train est mis à la ferraille car la SNCF juge trop coûteux et pas assez rentable l’investissement de 20 millions d’euros pour remplacer 82 wagons, vieux de 40 ans. 20 millions ce n’est pas grand-chose. Mais on ne peut pas se contenter d’une réponse ponctuelle, que la ministre Borne envisage. Cela montre que le fret ferroviaire doit être une grande cause nationale et européenne, ainsi que le transport voyageur.
6 Md€ supplémentaires par an en France pour le ferroviaire, dont le fret, et pas pour la spéculation
Un grand plan de développement du fret et du rail en France peut être estimé à 6 milliards supplémentaires d’euros par an. Au niveau de la zone euro, car il doit être coordonné avec nos voisins européens d’où viennent tant de marchandises par poids lourds (Espagne, Pays-Bas, Allemagne…), il faut probablement 30 Md€, soit 5 fois plus. C’est à peine 1 % de ce qu’offre la BCE à la spéculation. Il faudrait aussi reprendre à 0 % la dette de la SNCF qui génère actuellement au moins 2 Md€ de charges d’intérêts ! Cela lui donnerait de l’air pour embaucher.
Proposition : un Fonds européen d’investissement abondé par la BCE pour tous les services publics
C’est pourquoi le PCF propose la mise en place d’un Fonds européen d’investissement social et écologique, abondé par ces euros de la BCE prêtant à 0 %. Il permettrait de mettre en œuvre un grand plan d’investissement dans le ferroviaire (fret, voyageur) et d’alléger la charge de la dette.
Au-delà, ce Fonds financerait tous les services publics, notamment les hôpitaux. Et pourrait aussi appuyer une réindustrialisation nouvelle (wagons nouvelle génération…). Il peut être mis en place immédiatement, malgré les traités actuels que nous combattons par ailleurs, sans attendre l’unanimité des 28 États-membres, avec l’ensemble des forces d’Europe prêtes à livrer cette bataille.
Signification politique
Pour cela, il faut oser rompre avec la dictature de la rentabilité financière exercée jusque sur la BCE, peser pour que cet argent soit utilisé pour l’écologie et l’emploi. Et de façon solidaire en Europe ! Certes, longtemps après nous, on commence à parler de banque en lien avec le climat. Mais sans impliquer la BCE, ni dire précisément comment y faire contribuer les 3 300 milliards de la BCE, cela ne tient pas. Il faut une institution nouvelle, ce Fonds, se dégageant de l’étau des traités actuels, et ne pas opposer écologie et social. N’entamons pas une guerre de religion sur les traités. Réglons leur sort en commençant ainsi.
S’ils sont élus, les communistes porteront dans toute l’Europe, avec leurs alliés des autres pays, la bataille pour un Fonds européen finançant les services publics.
Frédéric Boccara, Kévin Guillas-Cavan, Francis Wurtz.