Quartiers populaires
L’appel des élus contre le « néopopulisme » de Macron
Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte
Les communistes de villepinte vous invitent à utiliser ce blog comme point de rencontre et d'échanges concernant la situation politique ,économique ,sociale et environnementale du local à l'international.
La plus grande fête populaire de France, voire d'Europe ! La fête de l'Huma est organisée chaque année depuis 1930 par le journal L'Humanité. C'est le principal rendez-vous politique de la rentrée, qui attire chaque année des centaines de milliers de personnes, attirées par la richesse des débats, le nombre impressionnant de stands, la diversité culturelle et gastronomique (à tout petit prix), la programmation musicale unique, l'ambiance conviviale. Personne le repart déçu de la Fête de l'Huma, qui est aussi un lieu de rencontre populaire, à un prix de très loin inférieur à celui des festivals de l'été.
La fête de l'Huma, c'est qui
Ce sont d'abord des centaines de milliers de participant-e-s chaque année, venu-e-s de toute la France pour partager trois jours de fête, de fraternité, de convivialité, de musique et de paix ! Ce sont aussi des milliers de militants communistes, français et étrangers bénévoles qui pendant trois jours, animent la plus grande fête populaire de France.
La fête de l'Huma, c'est combien?
C'est 38€ chez vos distributeurs habituels...
Mais c'est 30% moins cher en passant par nous !
La vignette militante vous donne droit aux trois jours de fête et de concerts, pour seulement 26 € ! auprès des militants que vous connaissez ou par courrier :PCF Villepinte avenue Sacco et Vanzetti 93420VILLEPINTEou 06.08.81.19.61 D.junker93420@gmail.com
ATTENTION! Les commandes par internet ou par courrier doivent être effectuées impérativement avant le 6 septembre 2018.
Carrefour vient d'annoncer la reprise de 29 magasins ex-Dia sur les 272 magasins existants.
Alors que le groupe a touché 2 milliards de CICE en 5 ans et distribue environ 500 millions d'euros par an à ses actionnaires, l'enseigne s'apprête donc à licencier près de 2000 personnes.
Un comble quand, parallèlement, Oxfam révèle que si les entreprises du CAC40 avaient maintenu en 2016 leur niveau de dividendes de 2009 et augmenté les salaires, les travailleurs de ces entreprises auraient vu leur revenus augmenter de 2000 euros par an et par salarié.
Les méthodes de Carrefour prônant le coût du capital contre l'emploi sont révoltantes. Le PCF demande des comptes sur l'argent public perçu par Carrefour et utilisé pour rémunérer les actionnaires et liquider les emplois.
Le PCF sera de tous les combats, de toutes les mobilisations pour lutter contre les licenciements boursiers. Le 15 juin prochain, à l'occasion de l'AG du groupe aux Docks d'Aubervilliers, il sera aux côtés des salariés de Carrefour, pour contrer le plan de licenciements et la fermeture des magasins.
Annoncé à grands renforts médiatiques depuis plusieurs jours, le plan pour les EHPAD du gouvernement a été dévoilé. Des miettes... Il ne s'agit en fait que de mesurettes sans rapport avec l'attente des personnels et des familles.
Infirmières en astreinte et télémédecine ne rajouteront pas de présence humaine dans les établissements alors que les événements récents ont montré les limites de la prise en charge, notamment aux urgences, secteur particulièrement surchargé.
Car c'est bien de présence humaine, de créations d'emplois, de formations, qui sont nécessaires, tant pour les EHPAD que pour l'aide à domicile. L'appel au secours, la colère des personnels n'ont pas été entendus.
L'aménagement de la convergence des tarifs ne règlera ni le manque de places dans le secteur public, seul accessible aux familles modestes, ni la nécessité de nouvelles formes de prises en charge plus souples, plus respectueuses de la volonté des personnes âgées.
Le PCF demande un véritable service public pour les personnes en perte d'autonomie avec un remboursement par l'assurance maladie à 100%. Il est possible de le financer grâce à une cotisation sociale additionnelle, assise sur les revenus financiers des entreprises et grâce à une modulation des cotisations des entreprises pour les accroître en fonction de leur politique salariale et d’emplois, Les entreprises supprimant des emplois ou ne respectant pas l'égalité salariale femme/homme pourraient être concernées.
lundi 4 juin 2018
Alors que le gouvernement devrait, courant juin, présenter son projet de loi Pacte, la CGT a d’ores et déjà présenté son projet à travers 37 propositions qui permettent d’assoir la croissance et le financement des entreprises tout en revoyant sa définition et sa place dans la société. Après une réunion débat à l’UD, la CGT a tenu une conférence de presse, suivie d’une visite du site Bosh, afin d’exposer son projet en partant de ce cas local et concret qui illustre le mouvement de financiarisation de l’économie qui tue aussi bien nos industries que nos territoires.
L’usine Bosch de Rodez, spécialisée dans la production de bougies et de systèmes d’injections pour les moteurs diesel, emploie 1 600 personnes. À travers les emplois induits, ce sont 10 000 emplois et l’ensemble du territoire qui est suspendu à l’avenir du site.
Pour la CGT, il n’est pas concevable que Bosch n’ait pas anticipé la dégradation du marché du diesel, demandant aux salariés de faire des concessions, avec la mise en activité partielle d’une partie de l’usine pour trois ans, sans visibilité sur l’avenir, et un gel global des salaires pour les deux prochaines années, revenant sur les augmentations de salaire pourtant négociées dans le cadre des NAO.
La CGT craint, par la voix du secrétaire de Bosh Rodez, Yannick Anglarès, que « cet accord vise à terme à faire un PSE à moindre coût dans trois ans ». En l’espèce, l’ensemble des éléments que sont la pyramide des âges et la durée de l’accord font craindre le pire pour l’avenir du site.
Pourtant, la France représente le deuxième marché mondial pour le groupe, qui n’y effectue que 1 % de ses investissements. La financiarisation de l’économie, c’est-à-dire le fait que la finance n’est plus un moyen mais une fin en soi, tue nos industries. En l’espèce, le récent rapport d’Oxfam souligne le fait que l’on est passé de 30 % des dividendes redistribué aux actionnaires en 2000, à 67,5 % en 2017, ce qui illustre parfaitement cette financiarisation.
Malheureusement, la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transmission des entreprises), qui sera présentée courant juin en Conseil des ministres, ne va qu’empirer cette financiarisation. Sous couvert de vouloir donner plus de place aux salariés dans la répartition des richesses, le gouvernement, dans la lancée des ordonnances sur le Code du travail, compte opérer une individualisation du salarié, au détriment de la solidarité.
Aujourd’hui, seule une minorité d’articles que devrait comporter la loi sont connus. Ce nouveau projet de société fondé sur l’individualisation est abordé à travers la question des retraites et des rémunérations. La loi Pacte annonce la fin du système de protection sociale solidaire et son remplacement par un système individualisé qui ramène tout à l’entreprise.
Aux garanties collectives actuelles du système de retraite universel par répartition se substitueraient des garanties individuelles directement liées à l’entreprise via des plans d’épargne retraite, avec tous les risques que cela suppose quant au montant des pensions que le salarié percevra au moment de sa cessation d’activité professionnelle, l’objectif étant de constituer des fonds de pension, achevant la démolition de nos régimes de retraite.
Par ailleurs, le financement de la Sécurité sociale est attaqué de nouveau, avec la remise en cause du forfait social (contribution patronale) sur l’épargne salariale. Enfin, sur l’aspect rémunération, l’intéressement et la participation viendront prendre le pas sur le salaire. Parmi les conséquences d’une telle individualisation, le risque pour les salariés est d’avoir des rémunérations aléatoires et à plusieurs vitesses, avec pour rêve ultime de transformer le salarié en actionnaire afin de mieux l’asservir, tout en renforçant la logique actionnariale dans la gestion de l’entreprise.
D’autres mesures tout aussi dangereuses sont à craindre, comme la fin progressive des tarifs réglementés du gaz d’ici au 1er juillet 2023 ou encore les cessions de participations de l’État et des privatisations (Aéroports de Paris, Française des jeux…).
La CGT n’a pas attendu que le gouvernement expose l’ensemble de son projet de loi pour proposer le sien, intitulé « l’entreprise autrement », avec les 37 principales mesures que la CGT propose pour assoir la croissance et le financement des entreprises tout en renvoyant sa définition et sa place dans la société.
Vous pouvez consulter l’intégralité du projet de la CGT ci-dessous :
Lundi, 4 Juin, 2018
Par Daniel PAUL, ancien député.
Le Havre, Le 2 juin 2017.
Le jeune sociologue et auteur d’En finir avec Eddy Bellegueule consacre un texte à son père, sur la violence physique qu’infligent les politiques néolibérales aux classes populaires. Un cri de colère et d’amour. Un entretien accordé à L'HUMANITÉ DIMANCHE, le magazine des alternatives, Nouvelle formule https://bit.ly/2J5rP5c
Edouard Louis est une exception française. D’abord parce qu’il est un « transfuge de classe », devenu son propre objet sociologique. S’extirper de son milieu fut pour lui une question de survie. Cette enfance confrontée à la violence, insulté et battu parce qu'« efféminé », il l’a raconté en 2014 avec En finir avec Eddy Bellegueule, récit d’apprentissage fulgurant d’un picard né dans une famille du «lumpenprolétariat », qui atterrira sur les bancs de l'Ecole normale supérieure de la rue d’ULM, à Paris. Le succès du jeune écrivain fut tout aussi flamboyant, désormais traduit dans une trentaine de langues et plusieurs fois adapté au théâtre. Dans quelques semaines, son deuxième roman, Histoire de la violence (2016), sera joué à la Schaubühne de Berlin, mis en scène par Thomas Ostermeier. Qui a tué mon père, publié au Seuil, est un nouveau coup de poing, sec et enragé, qui tape où ça fait mal : dans ces corps abimés par « leur place au monde », que personne ne veut voir. Entretien.
Le titre de votre livre, « Qui a tué mon père », dénué point d’interrogation, sonne comme un réquisitoire. Comment est né ce texte ?
Edouard Louis : Mon livre part d’un retour. J’ai revu mon père après des années de séparation, pas à cause d’un conflit en particulier mais parce que nos vies avaient pris des chemins différents. Quand j’ai ouvert la porte de chez lui, il y a quelques mois, j’ai vu son corps dans un état révoltant. Il a cinquante ans et son corps est détruit, il a du mal à marcher, à respirer. Il n’a pas de maladie au nom impressionnant, l’état de son corps est simplement du à sa place au monde, celle qui lui a été imposée toute sa vie. Quand je l’ai vu : j’ai pensé Sarkozy, Macon, Chirac, El Khomri, Valls… Immédiatement, j’ai vu le visage de ses meurtriers. Quand Xavier Bertrand, sous Chirac, a annoncé le déremboursement de certains médicaments, je me souviens précisément de l’angoisse que cela a suscité chez nous. Mon père était alité, parce qu’à 35 ans, un accident du travail dans son usine lui a broyé le dos. D’un seul coup, il ne pouvait plus se payer les médicaments dont il avait besoin. On lui en proposait d’autres, mais moins efficaces. De la même manière, je me rappelle le passage du RMI au RSA, la violence que ca avait representé. Quand il a commencé à aller un peu mieux, il a été basculé de la pension handicapé vers le RMI. IL a du retravailler, comme balayeur. Il était harcelé. On lui disait « soit vous ne retournez pas au travail et on vous enlève les allocations », donc vous mourrez. « Soit vous retournez au travail mais comme vous en êtes malade, vous mourrez ». La mort ou la mort, c’est ce qu’on lui proposait, exactement comme dans le film de Ken Loach « Moi Daniel Blake ». Je l’ai vécu dans ma chair. Je revois mes parents en parler devant la télé. Quand j’étais enfant, a cause de tout ça, le passage d’un gouvernement à un autre était un moment de terreur pour nous. Donc pour comprendre l’état du corps de mon père, l’enquête n’était pas nécessaire : je connaissais le nom des meurtriers. Né d’une commande de Stanislas Nordey, avec ce récit, je voulais qu’on traverse la vie d’un homme en moins de deux heures, que l’oralité, la ponctuation, le rythme lui donnent une puissance politique dans sa brièveté.
La politique est donc une question de vie ou de mort ?
Edouard Louis : C’est une idée que j’ai déjà esquissé dans le volume que j’ai dirigé sur Pierre Bourdieu. J’ai grandi dans un milieu populaire, dans ce Marx appelle le « lumpen prolétariat », parce que mon père a perdu son travail à 35 ans suite à cet accident, et dans mon enfance, les ouvriers ou l’épicière du village étaient pour nous des privilégiés. Notre vision du monde était complètement biaisée. Nous avons survécu des aides sociales : 700 euros pour 7 personnes. Alors quand je suis arrivé à Paris, je me suis rendu compte que la capacité de la politique à détruire un corps ne fonctionnait pas sur la bourgeoisie, surtout celle que je croisais à l’université ou à l’ENS. Plus vous êtes dominants socialement, plus vous êtes protégés des effets de la politique. Sur les 5 euros d’APL par exemple, que Macron justifie avec tant de mépris, chez moi, cela voulait dire manger deux jours en moins : quatre paquets de pates chez liddl et deux pots sauces tomates. Très souvent ma mère nous disait le soir qu’on ne mangerait pas et elle nous servait un verre de lait. Pour nous, la politique ca voulait dire manger ou pas. Ca n’est pas le cas pour les classes dominantes.
Sarkozy, El Khomri, Valls…Pourquoi avez-vous choisi de citer le nom des coupables ?
Edouard Louis : J’ai hésité à les citer au début. Comment écrire leur nom dans un livre de littérature ? On se dit qu’ils ne le méritent pas. Et puis je me suis dit que s’il n’y avait rien de naturel à l’écrire, c’est que je devais le faire, inventer une forme littéraire qui permette de dire ces noms, dire la vérité, que la littérature qui m’intéresse est celle qui inclut dans le champ littéraire ce qui avant en étaient exclu. Comme un homme appelé Raskolnikov a tué une vieille dame dans Crime et Châtiment, des Xavier Bertand, Manuel Valls ou Miriam El Khomri ont assassiné un homme dans Qui a tué mon père. Car plutôt que d’ « exclusion », je préfère parler de « persécution » des classes populaires. C’est quand vous êtes dominant que vous pouvez vous exclure de la politique, car elle n’a pas presque plus d’effets sur vous, sauf dans des contextes très particuliers. La politique de ces trente dernières années a été une politique de persécution des pauvres. Et Macron amplifie ce mouvement avec un mépris de classe inégalé. Il détruit des corps, des vies, des rêves, des possibilités de fuir, pour donner toujours plus aux plus riches. Comme le dit Didier Eribon, c’est un Robin des bois à l’envers. Moi je dis : c’est un criminel. En ce sens, mon livre est aussi une polémique avec la littérature : pourquoi fait-elle comme si l’histoire de nos vies se déroulait en dehors de la politique, des reformes, des décisions des gouvernements ?
Parallèlement à vos activités littéraires et théâtrales, vous avez commencé une thèse sur « les trajectoires des transfuges de classe ». Vous êtes en quelque sorte votre propre objet sociologique. Alors comment analysez-vous aujourd’hui ce que vous appelez votre « fuite » ?
Edouard Louis : Si j’ai fui, c’est par accident. Cet accident m’a sauvé. Parce que j’étais un enfant gay dans un milieu ou les valeurs masculines écrasaient tout et que mon corps était incompatible avec mon enfance, que j’ai du partir malgré moi. Pendant toute mon enfance j’ai voulu ressembler à mon milieu mais on m’insultait de « sale pédé ». A force, je n’ai pas eu d’autres choix que d’être différent. Mon corps ne pouvait pas répondre aux injonctions à la masculinité. De cette fuite, j’ai construit une conviction que les luttes antiracistes, féministes, ou contre l’homophobie ne doivent pas être opposées à la lutte contre la violence de classes.
C’est précisément sur votre description du racisme et de l’homophobie que votre premier roman « En finir avec Eddy Bellegueule » a été attaqué, jugé « caricatural ». Comment avez-vous vécu la violence de certaines critiques, des journalistes allant jusqu’à filmer votre famille ?
Edouard Louis : C’était une manière de faire taire une réalité que je voulais donner a voir. Pour des gens qui veulent rayer de la carte les classes populaires, les faire disparaitre, au sens littéral, mon livre était insupportable. Parler de la violence sociale en littérature, c’était se battre contre des dominants qui pensent que les pauvres méritent leurs destins, contre des discours réducteurs sur les classes populaires, pleines de clichés sur la solidarité etc…La réalité est plus complexe. Dans mon village plus de 50 pour cent des gens votaient pour le FN. Ma mère n’avait pas le droit de travailler, de se maquiller, on la traitait de « grosse », mon père l’humiliait aux fêtes du village, elle rentrait en pleurant…Pourquoi je ne devrais pas parler de cela ? Mon père était tellement victime de violence qu’il finissait par la prolonger sur d’autres. Je me souviens que quand il avait trop bu et qu’il était violent, il se mettait à pleurer et se demandait pourquoi il était si violent. Je crois beaucoup en cette idée de la violence des dominants qui se prolonge dans le corps des dominés. Et c’est ça au fond, que certaines personnes ne veulent pas entendre. Heureusement, les mouvements féministes, LGBT, antiraciste, ont fait évoluer le discours sur les classes sociales. La violence des attaques s’explique aussi par la littérature elle –même, où les classes populaires sont le plus souvent invisibles, surtout ces dernières années. Dans mon enfance, on ne lisait pas de livres. On savait qu’ils ne s’intéressaient pas à nous. Pour mes parents, il n’y avait rien de plus agressif qu’un livre, symbole de la vie qu’on n’aurait jamais, qui leur rappelait leur place au monde. Alors on les excluait en retour, comme une vengeance.
La honte est omniprésente dans vos romans. Est-ce un sentiment que vous avez voulu provoquer chez vos lecteurs ?
Edouard Louis : Oui, je l’avoue, j’avais envie que les lecteurs, qui sont sans doute plus privilégiés que ceux dont je parle dans mes livres s’interrogent : « Qu’est ce que je fais contre ca ? Comment je peux exister au monde quand il sa passe tout ça ? Comment je peux ne rien faire ?... » Personnellement, contrairement à Annie Ernaux qui parle beaucoup du sentiment d’illégitimité qu’elle a connu en arrivant à Paris, j’ai très vite cessé d’avoir honte. J’ai rapidement pris conscience que c’étaient les dominants qui étaient illégitimes. Ecrire m’a permis d’affronter cette honte. Et si les dirigeants politiques que je cite ont honte à la lecture de mon livre, tant mieux… Mais je ne cherche pas le dialogue avec eux. On m’a proposé dans les journaux un« face à face » avec un responsable politique. J’ai refusé. J’allais leur parler de vie ou de mort, de mon pere qui souffre, et eux ils m’auraient parlé de chiffres, de gestion. Il ne faut pas chercher le dialogue avec ces gens là mais la confrontation. J’écris mes livres pour les affronter. Cela peut paraitre violent c’est l’histoire très classique de la perception de la violence : dénoncer la violence apparait toujours plus violent que la violence elle-même. Comme lors du mouvement « metoo », où des réactionnaires on accusé les femmes d’être agressives, parlant de « délation ». Comme si le problème n’était pas d’agresser les femmes, mais de dénoncer ceux qui le font. Le problème, c’est de dénoncer la violence ou d’être violent ? Se battre, c’est toujours s’affronter à cette perception différentielle de la violence.
A la fin de votre roman, vous relatez un dialogue avec votre père, qui vous lance « tu as raison, il faudrait une bonne révolution ! ». Comment expliquez-vous cette évolution chez votre père ? Est-ce au contact de votre propre parcours ?
Edouard Louis : il s’est complètement transformé. Lui qui a voté FN toute sa vie, désormais il critique le racisme. Lui que j’ai entendu dire « il faut tuer les pédés », il me demande de lui parler de l’homme que j’aime. Sans doute mes livres, les débats qu’ils ont suscités, ont aidé mon père à trouver d’autres manières de se penser, de parler de lui-même. Voter FN était une manière de dire « je souffre » car il avait l’impression que c’étaient « les seuls qui parlent de nous », j’ai entendu ca toute mon enfance. Ce qui est faux, bien sûr, mais les discours de la gauche n’arrivaient pas à l’atteindre, parce qu’elle ne parlait pas de la réalité qu’il éprouvait. Aujourd’hui, mon père cible ses vrais ennemis : les dominants qui le combattent. L’élection présidentielle a aidé là-dessus. J’ai vu des gens de mon village qui ont voté France insoumise alors qu’ils votaient pour le FN depuis toujours. Il y a une reconquête de la gauche très importante en ce moment.
« Révolution », c’est le dernier mot de votre livre. C’est un appel ?
Edouard Louis : Oui… On atteint un tel niveau de violence politique en France, on étouffe tellement que nous n’avons plus le choix. Oui, je suis dans un état révolutionnaire. Et si j’ai écrit Qui a tué mon pere, c’est parce j’appelle à mettre toutes les forces de l’art, de la littérature, de la politique, du journalisme à lutter ensemble pour arrêter Macron, et toute la violence qu’il porte avec lui, dans ses décisions et son discours.