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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Congrès du PCF:

9 Février 2013, 19:23pm

Publié par PCF Villepinte

La force du partage…

 

 

Chaque jour, le congrès du PCF vu par Patrick Apel-Muller, directeur de la rédaction de l'Humanité. Ce samedi, le texte "Il est grand temps de rallumer les étoiles" a été adopté par 554 voix pour, 74 contre, 21 abstentions et 6 refus de vote. Un vote qui donne tout son sens au slogan du congrès: "La force du partage"

Qui est le Panurge de cet élan moutonnier ? L’un d’eux ayant décrété contre tous les débats du congrès communiste que les délégués étaient déchirés par l’absence de la faucille et du marteau sur la carte d’adhérent, bien des médias ont emboité le pas. Dans la conférence de rédaction d’un quotidien du matin, on a même enjoint à l’envoyé spécial d’en faire SON sujet. Ca, c’est du journalisme, coco! Pierre Laurent a eu beau présenter la carte du PCF de 1944 qui ne porte pas ces outils et sourire de cet accès de fétichisme médiatique, c’était toujours samedi matin, la rengaine de BFM TV. Ca ne pouvait pas être celle de France 2 et de TF1. Les deux chaînes qui ont interdit d’antenne les journalistes de l’Humanité depuis l’élection de Nicolas Sarkozy n’ont même pas dépêché d’équipes aux assises d’un des principaux partis politiques. Au nom du pluralisme sans doute et de l’indépendance de pensée…

Sentiment de convergence...

J’évoquais un suivisme de troupeau, rien de surprenant à ce que je cite Buffon qui en inaugura l’étude : « L’homme n’est homme que pour ce qu’il a su se réunir à l’homme ». Réuni : c’est l’image qu’affiche le Parti communiste à Saint-Denis. Toutes les nuances du rouge y sont. Mais elles ne sont pas « dispersées façon puzzle ». Dès jeudi, les délégués avaient perçu un sentiment de convergence dans l’intervention d’André Gérin. Même envie d’unité dans les propos d’Hervé Poly du Pas-de-Calais. Pas de noms d’oiseaux dans les échanges, mais  jusque-là une écoute attentive des propos de l’autre.

... et liste unique

Vendredi soir la commission des candidatures a abouti pour la première fois depuis près de vingt ans à la constitution d’une liste unique, quand les congrès précédents voyaient des équipes concurrentes s’affronter. Un résultat d’autant plus appréciable que la constitution d’une « direction resserrée » a été choisie. Très massivement, les représentants des congrès départementaux se retrouvent dans la stratégie politique proposée, la poursuite du Front de gauche, la volonté de rassembler toute la gauche pour qu’une politique de gauche réussisse.

« C’est n’être bon à rien de n’être bon qu’à soi », jugeait Voltaire. L’ouverture du congrès aux vents du large, des luttes sociales aux conflits mondiaux, des enjeux du féminisme aux impératifs écologiques, est sans doute un indice de bonne santé. Rassérénés sur leur avenir, les communistes se penchent à nouveau sur les problèmes les plus concrets pour assoir leur volonté de transformer la société. Leurs débats s’en imprègnent même quand ils s’étirent un peu dans des controverses d’amendements sur leur Humanifeste.

« Je ne veux pas changer la règle du jeu, je veux changer le jeu », proclamait André Breton.  La question du communisme n’est pas envisagée à l’égal de l’horizon, cette ligne imaginaire qu’on n'atteint jamais, mais comme réponse(s) aux impasses de civilisation  qui menacent les futurs de l’humanité: Péril écologique si la planète est stérilisée par le court termisme du profit ; péril des conflits de la faim, de la haine et des dominations ; gâchis monstrueux qui détruisent les capacités humaines, assassinent les Mozart qui nous entourent ; destructions induites par le dogmatisme de l’austérité ; régressions pour lesquelles militent les multinationales… En affichant son congrès sous le slogan, « la force du partage », le PCF prend le contre-pied de la concurrence entre tous, et de chacun contre chacun.

Marche en avant

« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître », prédisait Jean-Jacques Rousseau. Et la Révolution française secouait ensuite le vieux monde monarchique. Les communistes semblent dépasser la seule volonté de résister à des mauvais coups pour reprendre une marche en avant. L’attention portée par une centaine de formations progressistes du monde aux analyses du PCF, la forte présence de syndicalistes, de représentants d’associations, d’intellectuels lors de la rencontre vendredi soir à l’invitation de Pierre Laurent, l’ambition affichée sous le vers d’Apollinaire (« Il est grand temps de rallumer les étoiles ») témoigne de cette perspective retrouvée. « Nous partageons nos rêves et nos soleils », écrivait Eluard…

  • A lire aussi:

Chez les délégués, une énorme envie de s'investir

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Budget européen:

9 Février 2013, 08:01am

Publié par PCF Villepinte

le 8 Février 2013

 

 Hollande assure avoir limité l'austérité
 

Le président français François Hollande a assuré que l'accord trouvé entre les 27 sur le budget européen de 2014-2020 était "un bon compromis", malgré les coupes austéritaires imposées par les Britanniques et les Allemands.

"C'est un accord qui a été aussi long que d'habitude à faire jaillir mais qui a été un bon compromis", a-t-il affirmé, assurant qu'il avait tenu ses engagements pris devant les électeurs français de manier à la fois économies budgétaires et préservation des capacités de l'Europe d'oeuvrer pour la croissance. "960 milliards d'euros était sans doute la fourchette la plus haute qu'il était possible d'atteindre", a-t-il plaidé à propos de l'engagement budgétaire de l'UE pour les sept prochaines années, pour la première fois de l'histoire de la construction européenne en baisse par rapport au précédent exercice.

Les bons points selon Hollande

  • PAC. Le chef de l'Etat s'est félicité d'avoir préservé la politique agricole commune. Il a reconnu une "diminution de sa part dans le budget". "Mais la PAC a été pour l'essentiel préservée", et les agriculteurs français, qui en sont les premiers bénéficiaires, sont selon lui parmi les mieux servis. Dans les chiffres, l'enveloppe Agriculture et pêche, est en nette diminution par rapport au budget 2007-2013, mais supérieure de 1,25 milliard d'euros à la mouture de novembre.
  • Croissance. Quant à la rubrique de la croissance, priorité qu'il avait voulu mettre au cœur de la politique européenne au sommet européen de juin, quelques semaines après son entrée à l'Elysée, elle "augmente de 40%" par rapport à l'exercice pluriannuel précédent, "surtout sur les transports", s'est-il félicité. Il reste que cette enveloppe perd 40 milliards par rapport aux demandes initiales de la Commission européenne. François Hollande a aussi souligné l'augmentation des crédits pour "la recherche et l'innovation".
  • Aide alimentaire. Il s'est aussi félicité de la préservation des aides aux Européens les plus démunis.
  • 

Un budget très rétréci. Le budget de l'Union pour 2014-2020 adopté vendredi représente près de 960 milliards d'euros de crédits d'engagement (1% du revenu national brut de l'UE), soit en diminution de 3,4% par rapport à celui de 2007-2013. Il est inférieur de plus de 11 milliards au projet proposé en novembre par le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. Cette première mouture était déjà inférieure d'environ 80 milliards d'euros à la proposition initiale de la Commission européenne.

A gauche, le premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, s'est empressé d'affirmer que "les intérêts de la France, convergents avec une relance de l'Union européenne, ont été préservés: le maintien des politiques communautaires et de la PAC, (...) un nouveau fonds pour l'emploi des jeunes de 6 milliards d'euros va être créé, le fonds pour les régions les plus défavorisées voit ses moyens augmenter de 4,5 milliards..." Le parti salue "ce compromis obtenu par le président de la République contre le dogme du "tout-austérité" des conservateurs européens".

Egoïsmes européens

Pierre Laurent n'a pas partagé le même avis. En marge du congrès de son parti, le secrétaire national du PCF, a vu vendredi '"un mauvais compromis parce qu'il faudrait de l'ambition pour une construction plus sociale. Il faudrait plutôt augmenter ce budget, mais comme les égoïsmes à l'intérieur de l'Europe semblent l'emporter, on est dans une restriction".

"François Hollande a dit à Strasbourg: ce que doit craindre l'Europe ce n'est plus la défiance des marchés, c'est la défiance des peuples. C'est un aveu d'échec de la construction européenne", selon le dirigeant communiste. "Les plus puissants résistent, les plus riches ne veulent pas payer", a-t-il regretté, citant Allemagne et Grande Bretagne. "C'est une erreur car pour sortir l'Europe de la crise actuelle, on a besoin de solidarité".

  • A lire aussi:

L'agriculture et la solidarité hachées menu par Bruxelles

L'intégration austéritaire en ligne de mire

S.G.

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Scandale des emprunts toxiques:

9 Février 2013, 07:55am

Publié par PCF Villepinte

 - le 8 Février 2013

 

 La justice donne raison à la Seine-Saint-Denis contre Dexia
 

Le conseil général de Seine-Saint-Denis a obtenu vendredi auprès du tribunal de grande instance de Nanterre l'annulation des taux d'intérêt toxiques de trois prêts contractés auprès de la banque franco-belge Dexia.

Ces taux d'intérêt, "qui ont contribué à plonger les finances du département dans une situation dramatique", seront remplacés par le taux d'intérêt légal en vigueur, a précisé dans un communiqué le conseil général, faisant état d'une "importante victoire judiciaire (...) contre le scandale des emprunts toxiques".

Le département avait assigné Dexia au civil en février 2011 à propos de 11 emprunts toxiques, face au refus des banques de renégocier ces contrats. Pour trois d'entre eux, le tribunal a exigé de la banque franco-belge qu'elle modifie ses taux d'intérêt, "jusqu'à la fin du contrat en 2031", a précisé l'avocat du conseil général, Me Jean-Louis Vasseur. "Jusque-là, nous nous opposions à une banque qui affichait son refus de toute négociation sur les taux et qui ne proposait que des solutions impossibles (...) La belle assurance qu'affichait Dexia devant ses clients s'effondre", a estimé Me Vasseur. Selon l'avocat, "c'est la première fois que Dexia se trouve condamné sur le fond".

De nombreux recours ont été introduits par des collectivités locales ces dernières années contre la banque franco-belge, à propos des emprunts toxiques. Certaines villes ont choisi de déposer plainte au pénal, comme Rosny-sur-Seine (Yvelines) en septembre 2011 et Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) en décembre 2011.

Les députés ont voté début décembre la création d'un fonds de soutien de 50 millions d'euros aux collectivités touchées par les emprunts toxiques, dans le cadre du budget rectificatif 2012. nUne commission d'enquête parlementaire sur les emprunts toxiques aux collectivités avait chiffré l'an dernier le volume de ces prêts à 18,8 milliards d'euros. En 2008, 92,96% des emprunts souscrits par le conseil général de Seine-Saint-Denis étaient "toxiques", selon le département. Le pourcentage a été ramené en 2012 à 65%, "grâce à une politique active de sécurisation de l'encours de la dette", a-t-il affirmé.

  • Lire aussi :

Emprunts toxiques mis en accusation
Dexia: l’explosion des impayés des collectivités territoriales
Bernard Dupin de la CGT à La Poste : "Mieux vaudrait créer un pôle financier public"

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Les outils et les médias

9 Février 2013, 07:51am

Publié par PCF Villepinte

Congrès du PCF: parole aux militants (vidéo)

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Le Congrès du PCF ne s'est pas résumé à la disparition de la faucille et du marteau sur les nouvelles cartes de membre du parti. Dans la vaste salle des Docks et aux alentours, les militants ont continué de plancher sur les orientations de leur parti.

Mumia Abu-Jamal en vidéo

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En Tunisie, "le peuple veut une nouvelle révolution"

9 Février 2013, 07:48am

Publié par PCF Villepinte

 - le 8 Février 2013

 

 

 

 

Des dizaines de milliers de Tunisiens se sont rassemblés ce vendredi à Tunis pour les obsèques de l'opposant de gauche Chokri Belaïd, alors que le pays a connu un second jour de grève générale.

La foule, estimée à au moins 50.000 personnes, s'est massée devant la maison de la culture de Djebel Jelloud, dans la banlieue sud de la capitale, où reposait le corps du dirigeant de l'opposition de gauche laïque, Chokri Belaïd, tué de quatre balles mercredi devant chez lui. Jamais une foule aussi nombreuse ne s'était rassemblée pour des obsèques en Tunisie depuis celles, en 2000, de Habib Bourguiba, le "père" de l'indépendance et premier président du pays. "Le peuple veut une nouvelle révolution", ont scandé les participants, qui ont aussi entonné l'hymne national.

Le cercueil de l'ancien avocat, recouvert du drapeau tunisien, a été placé sur une camionnette de l'armée, qui a pris la direction du cimetière du Djellaz, à l'extérieur duquel des affrontements ont ensuite éclaté avec les forces de l'ordre pendant l'inhumation. La police a aussi fait usage de gaz lacrymogènes contre des manifestants rassemblés devant le ministère de l'Intérieur. Ce dernier a fait état de 150 interpellations pendant les heurts à Tunis.

Repose en paix

"Belaïd, repose en paix, nous continuons la lutte", scandait la foule, au sein de laquelle résonnait aussi des slogans hostiles à Rached Ghannouchi, le chef d'Ennahda, le parti islamiste au pouvoir : "Ghannouchi, assassin, criminel", "La Tunisie est libre, terrorisme dehors".

A Gafsa, bastion de partisans de Chokri Belaïd dans le bassin minier du sud de la Tunisie, la foule y a scandé "Le peuple veut la chute du régime", le slogan utilisé à l'origine contre Zine Ben Ali. Des manifestants ont lancé des pierres et des cocktails Molotov contre la police qui a riposté à l'aide de grenades lacrymogènes, selon des témoins. Dix mille personnes environ ont également manifesté à Sidi Bouzid, d'où est parti la "révolution du jasmin" de décembre 2010 et janvier 2011, rapportent des témoins.

Le pays est en bonne voie

Dans tout le pays, les banques, les usines et certains commerces sont restés fermés en réponse à l'appel à la grève des syndicats, dont la puissante Union générale tunisienne du travail (UGTT).

"Des criminels ont assassiné Chokri. Mais ils ne pourront pas assassiner son combat", a déclaré Besma Belaïd, sa veuve. "Ma tristesse s'est arrêtée quand j'ai vu ces milliers de personnes dans les rues. A ce moment-là, j'ai su que le pays était en bonne voie et que des hommes et des femmes défendaient la démocratie, la liberté et la vie."

Vers un gouvernement de technocrates? Ce vendredi, le Premier ministre, Hamadi Jebali, secrétaire général d'Ennahda, a réitéré son projet de formation d'un gouvernement de technocrates jusqu'à la tenue d'élections anticipées. Ennahda avait, la veille, désavoué le projet de son n°2 qui, vendredi, a expliqué qu'il n'avait pas besoin du feu vert du Parlement pour cela. "Ce gouvernement est prêt", a-t-il assuré à la presse sans donner de noms. Les deux petites formations laïques membres du gouvernement - le Congrès pour la République et Ettakatol - ont également contesté le projet du chef du gouvernement en affirmant ne pas avoir été consultés au préalable.

  • A lire aussi:

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Une figure de la gauche assassinée

S.G.

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.Regards.fr - La Valls à trois temps .

9 Février 2013, 07:44am

Publié par PCF Villepinte

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Thibault dans l'HD: "Le positionnement de la CGT est en phase avec les attentes des salariés"

8 Février 2013, 07:59am

Publié par PCF Villepinte

L'HD du 7 au 10 février 2013

 

 

Conflits sociaux, accord de flexibilité et de sécurisation de l'emploi qui arrive bientôt à l'Assemblée nationale. Le leader de la CGT Bernard Thibault donne son point de vue dans l'Humanité dimanche et annonce la tenue d'une  journée de mobilisation nationale interprofessionnelle début mars. Extrait.

HD. Les luttes se multiplient dans les entreprises où les salariés sont attaqués frontalement, chez PSA, Renault, Goodyear, Sanofi. Résistances minoritaires?
Bernard Thibault. Non, je ne crois pas. Les enquêtes d'opinion montrent qu'une grande majorité de personnes considèrent qu'il faut consolider le contrat à durée indéterminée, que, loin de faciliter les licenciements, il faudrait au contraire limiter les pratiques abusives des entreprises. Il me semble que notre positionnement syndical est en phase avec ce que ressentent et ce qu'attendent les salariés. Nous devons aussi travailler à ce que ces mobilisations qui peuvent apparaître éparpillées puissent se rejoindre en portant des exigences communes. Le comité confédéral national de la CGT doit décider d'une mobilisation nationale interprofessionnelle coordonnée début mars, au moment où le Conseil des ministres doit examiner le projet de transcription dans la loi de l'accord national interprofessionnel conclu le 11 janvier. Si ce texte était introduit dans la loi en l'état, les salariés passeraient d'un rapport de subordination à un rapport de soumission.

HD. Les mobilisations chez PSA et Renault ne devraient-elles pas inciter l'État à reconsidérer la manière dont il agit dans ces dossiers?

Bernard Thibault. Pour nous, c'est évident. Les déclarations d'Arnaud Montebourg à propos de Renault sont particulièrement conciliantes vis-à-vis d'une entreprise où l'État est présent en tant qu'actionnaire. Que ce soit dans l'automobile ou ailleurs, jusqu'à quel point des firmes peuvent-elles imposer leur loi à la collectivité? A fortiori lorsque l'État est actionnaire. On veut entretenir la résignation à propos des emplois actuels, des usines actuelles pour nous entraîner uniquement à réfléchir sur ce que seraient les hypothétiques emplois et usines de demain. Or, si l'on n'est pas capable de conserver la technicité, le savoir-faire, les outils de production qui ne sont pas tous obsolètes, loin sen faut, il n'y aura pas de rebond comme par miracle de l'activité industrielle en France.

Dans le domaine de l'automobile, les salariés ont beaucoup à dire sur les choix de gestion, mais cela semble être un sujet tabou. Le cas Renault est typique de ce que se propose de généraliser l'accord national interprofessionnel susceptible de devenir la loi: ou vous acceptez mes conditions, ou je ferme les usines. On est à un niveau de chantage sans précédent. Laisse-t-on la création de richesses et la satisfaction des besoins d'une population au seul bon vouloir des propriétaires d'entreprises et des actionnaires? Ou, au contraire, les représentants de la collectivité, les élus, se donnent-ils les armes et les moyens pour modifier cette logique?

Lire l'intégralité de l'entretien dans l'Humanité dimanche du 7 au 10 février 2013

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Pierre Laurent : « Il est urgent d’ouvrir 
une autre voie à gauche »

8 Février 2013, 07:56am

Publié par PCF Villepinte

 

 

« La tâche première des communistes 
et du Front de gauche doit être la remise 
en mouvement 
de toutes les forces qui ont souhaité le changement au printemps dernier », déclare, à l’Humanité, le secrétaire national du PCF, candidat 
à sa réélection, 
qui indique que 
« le congrès va lancer un appel » en ce sens.

Les dernières semaines consacrées à la préparation 
du 36e Congrès du PCF ont-elles conforté votre ambition d’en faire un congrès historique ?

Pierre Laurent. Toutes les conditions sont réunies pour que ce congrès marque l’accélération du renouveau et de la transformation du Parti ­communiste. Notre stratégie de ­rassemblement a créé un dynamisme fort pour le parti lui-même. L’importante arrivée de nouveaux adhérents se traduit par leur ­participation très active à la préparation de notre congrès et leur entrée significative dans les différentes instances du Parti. L’unité des communistes est maintenant très forte. Après l’adoption de notre base ­commune de discussion à près de 75 % en décembre, les débats des conférences locales et départementales de janvier ont encore enrichi cette adhésion. Le PCF peut ainsi entrer dans une phase ambitieuse de refondation et de renouvellement du projet communiste, ce que j’appelle un communisme de nouvelle génération. Je compte m’y investir personnellement avec les communistes, en favorisant le travail avec des secteurs entiers de la société intéressés à la ­relance d’un projet de transformation sociale du XXIe siècle.

Depuis les 34e et 35e Congrès,
tandis que l’ampleur de la crise 
s’est confirmée, les conditions 
de la défaite de l’ensemble 
de la droite ont été réunies 
mais pas celle d’un véritable changement. Dans ce contexte, 
quel peut être le rôle d’un Parti communiste qui ne participe pas 
au pouvoir ?

Pierre Laurent. Notre travail a été décisif pour ancrer, au cœur de la majorité populaire qui a permis la victoire de François Hollande, une forte volonté de changement. Avec la ratification du traité budgétaire ­européen, le pacte de compétitivité et, maintenant, le soutien à l’accord sur la flexibilisation signé sous la pression du Medef, le gouvernement lui tourne le dos. C’est un cap 
que nous contestons parce qu’il ne ­permettra pas de sortir de la crise.

Dans ces conditions, je crois qu’en 2013, la tâche première du Parti communiste et du Front de gauche doit être la remise en mouvement 
de toutes les forces qui ont souhaité le changement au printemps dernier et qui peuvent aujourd’hui entrer 
à nouveau en action pour exiger 
du gouvernement sa mise en œuvre. C’est l’appel que va lancer 
notre congrès.

La contestation du cap actuel 
ne risque-t-elle pas d’ouvrir 
une brèche profitable à la droite ?

Pierre Laurent. C’est la posture actuelle du gouvernement qui, si elle reste en l’état, nourrira la déception, la résignation et le sentiment d’impuissance, et qui ouvrira un boulevard à la droite et à l’extrême droite. Depuis leur défaite, la droite et le Medef essaient de clouer au sol toute mesure de rupture avec l’austérité et la compétitivité. Il serait suicidaire d’enfermer les forces de gauche dans cette alternative : ou l’alignement sans broncher sur les choix actuels du gouvernement, ou le rejet dans le camp de la droite de ceux qui contestent ce cap. Il est urgent d’ouvrir une autre voie, pour d’autres solutions à gauche. C’est la vocation du Front de gauche d’animer ce combat.

Vous avez, à plusieurs reprises, appelé les citoyens à se mobiliser. Mais sur le terrain social, les luttes restent sporadiques…

Pierre Laurent. Il ne faut pas négliger les premiers signes de remobilisation. Les salariés qui ont voté dans leur immense majorité pour le changement ont voulu vérifier quelle direction prenait le gouvernement. Faute d’être écoutés, beaucoup retrouvent le chemin de l’action. La mobilisation convergente de salariés licenciés, celle des fonctionnaires, celle du monde éducatif, qui se conjuguent à celles pour le mariage pour tous ou pour le droit de vote des résidents étrangers, montrent que la pression populaire pour le changement se manifeste à nouveau. Nous voulons favoriser ce mouvement, lui ouvrir des perspectives. Nous allons redéposer à l’Assemblée nationale notre proposition de loi d’interdiction des licenciements boursiers. Nous allons mener le combat pour changer le projet de loi dit de « sécurisation de l’emploi » car il n’est pas question pour nous de l’adopter. La campagne du Front de gauche pour l’alternative à l’austérité tombe à pic et revêt une double ambition : proposer et rassembler. Notre objectif n’est pas de camper dans le refus des orientations gouvernementales, nous voulons être offensifs pour rendre incontournables les exigences de changement.

Des licenciements ont été annoncés chez Goodyear, le gouvernement appelle, là encore, 
à la négociation. Est-ce, selon vous, une voie légitime et efficace ?

Pierre Laurent. Le gouvernement ne peut pas éternellement appeler au dialogue entre partenaires sociaux quand, du côté patronal, on ne cesse de répéter qu’il n’y a rien à négocier. Des mesures très concrètes peuvent être immédiatement décidées : ­interdire les licenciements boursiers ; donner aux comités d’entreprise le pouvoir de déclencher un moratoire sur les plans de licenciements collectifs avec l’obligation légale d’examiner les propositions alternatives ­présentées par les salariés et les syndicats ; permettre, comme promis, la reprise de sites industriels abandonnés ; engager un nouveau pilotage public de la politique industrielle. La puissance publique aux côtés du monde du travail doit se mêler des choix industriels nationaux. Sinon, la France restera le jouet des stratégies financières internationales.

Ces solutions peuvent-elles être utiles immédiatement aux salariés ?

Pierre Laurent. Oui, car elles leur donneraient des armes nouvelles, alors qu’ils sont en situation de faiblesse et que l’accord dicté par le Medef propose de les désarmer un peu plus. Celui-ci légalise les accords compétitivité-emploi inventés par Sarkozy. Ce n’est rien d’autre qu’un chantage pour revoir à la baisse salaires et conditions de travail et pour ­faciliter les procédures de licenciements ­collectifs. À l’inverse, avec les mesures que nous proposons, un signe de force serait immédiatement envoyé en direction des salariés qui, dans ces dossiers, défendent non seulement leurs emplois mais l’intérêt national. C’est la responsabilité de la gauche. Il y a urgence.

Avant même le vote de telles lois, 
le gouvernement a-t-il des moyens 
à sa disposition pour empêcher 
ces plans ?

Pierre Laurent. Quand, après l’annonce de 7 500 suppressions d’emplois chez Renault, Arnaud Montebourg juge que « la ligne rouge n’a pas été franchie », le gouvernement décide lui-même d’affaiblir le camp des salariés. Il y en a assez de cette petite musique permanente du renoncement. S’il mobilisait les énergies nationales, le gouvernement aurait le pays derrière lui. Et s’il mobilisait la France, il trouverait des alliés parmi de ­nombreuses forces sociales et ­politiques européennes. Le rapport de forces n’est pas inéluctablement en faveur des actionnaires, des marchés, des grands groupes.

À PSA ou à Renault, les emplois seraient menacés du fait d’une 
filière automobile en difficulté 
sur le marché hexagonal et européen. Est-ce un discours recevable ?

Pierre Laurent. Mais qui est responsable des stratégies industrielles mises en œuvre jusqu’ici ? Ouvrons les comptes de ces groupes. Ils ont versé quantité de dividendes à leurs actionnaires pendant des années. ­Ouvrons le débat sur la politique industrielle nationale. Les salariés et leurs syndicats sont, comme nous, prêts à mettre des propositions sur la table pour envisager un autre avenir que la mise en concurrence des centres de production à l’échelle européenne. Il faut entrer dans une nouvelle ère de la sécurisation professionnelle pour que les salariés passent non plus systématiquement par la case chômage mais par la case formation, avec des revenus qui leur permettent de vivre. Le renouvellement du parc automobile ancien pour des voitures propres suppose aussi du pouvoir d’achat populaire. Or, pour le moment, aucun de ces chantiers-là n’est ouvert.

Deux textes ont été portés à 
la connaissance des militants du Front de gauche, l’un sur sa stratégie, l’autre sur son fonctionnement. 
Ces questions seront-elles à l’ordre du jour du congrès du PCF ?

Pierre Laurent. Bien évidemment, le nouvel élan que nous voulons donner au Front de gauche fait partie de nos discussions. La coordination nationale qui réunit les partis du Front de gauche a adopté ces textes, qui étaient en discussion depuis la rentrée de septembre, en même temps qu’elle a décidé d’entrer dans la campagne pour l’alternative à l’austérité que nous avions proposée. C’est une bonne nouvelle qui nous fait entrer dans une nouvelle phase plus active. Ces textes livrent une analyse convergente de la politique gouvernementale. Le débat a davantage porté, et il continue, sur les conclusions à tirer de cette situation. L’important, à mes yeux, est que ces textes réaffirment notre ambition de rassemblement majoritaire pour faire avancer des solutions alternatives. C’est notre boussole, à nous les communistes, depuis le début. Ceux qui espèrent nous ramener dans le giron des politiques d’austérité se trompent. Ceux qui pensent nous entraîner dans une politique de division à gauche aussi. Lors du congrès, nous allons préciser comment nous entendons nous inscrire concrètement dans cette nouvelle phase. Les décisions du congrès seront souveraines et fixeront notre feuille de route.

Le congrès du PCF sera également l’occasion d’aborder les échéances électorales à venir. Les européennes de 2014 peuvent-elles être, comme l’affirme Jean-Luc Mélenchon, qui s’est déclaré candidat, l’occasion non seulement d’exiger une autre orientation européenne mais aussi un changement de cap politique 
en France ?

Pierre Laurent. Un mot avant de ­répondre sur les échéances de 2014. Rien ne serait plus dangereux que d’enjamber 2013. Des millions de ­citoyens qui ont voté pour le Front de gauche et des millions d’autres dont le suffrage s’est porté sur François Hollande sont en train de se demander comment agir pour ne pas perdre le fil du changement. C’est maintenant qu’il faut leur répondre. Si nous réussissons cette année à redonner de l’espoir et de l’énergie aux forces qui n’ont pas envie de se résigner, nous aborderons les échéances électorales dans un climat très différent. Pour ce qui est des élections européennes de mai 2014, elles seront effectivement un rendez-vous très important parce que l’orientation austéritaire qui ­domine l’Europe est au cœur de la crise en France et dans toute la zone euro. Ces élections doivent permettre aux forces de gauche porteuses d’une alternative à l’austérité en Europe de converger et d’envoyer un ­message fort en vue d’une renégociation des traités et d’une refondation 
de l’Union. Nous allons nous y engager à fond.

Aux municipales, la droite espère 
tirer partie d’un vote sanction 
contre la gauche. Entre l’exigence d’alternatives aux politiques 
d’austérité et le rassemblement 
face à la droite, que choisirez-vous ?

Pierre Laurent. Il n’y a pas à choisir. Le chemin que nous devons trouver est celui qui combinera le rassemblement face à la droite et la construction de majorités municipales de gauche porteuses de notre combat contre l’austérité. Ces premières élections seront structurantes pour la période politique suivante. Elles enregistrent le taux de participation souvent le plus important après l’élection présidentielle. La droite et l’extrême droite en ont fait leur prochain rendez-vous de combat contre le changement. Je récuse l’idée que l’une des deux échéances, européenne ou municipale, serait plus importante que l’autre. Le temps de la constitution des listes et des alliances viendra. Nous ne fermons aucune porte. Personne à gauche ne réussira le rassemblement en demandant aux autres de s’aligner sur ses seules positions. Aujourd’hui, l’urgence est d’engager un débat populaire sur le contenu des projets municipaux autour d’idées et de valeurs de combat pour le développement des services publics, de la démocratie dans les territoires, de la solidarité. Nous allons engager cette bataille avec confiance car si des idées de changement peuvent être majoritaires dans le pays, c’est encore plus vrai au plan local. Nous pouvons ancrer le centre de gravité des projets municipaux fortement à gauche. Nos exigences au plan national n’en auront que plus de force. La forte présence des élus communistes et du Front de gauche dans les territoires est un bien précieux et un atout pour mener cette bataille.

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Entretien réalisé par 
Sébastien Crépel et Julia Hamlaoui

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Delphine Renard : "Les apologistes de l’OAS continuent de brandir des idéaux racistes et fascisants"

8 Février 2013, 07:51am

Publié par PCF Villepinte

La "Une" de l'Humanité du 28 février 1962 avec en haut à droite le visage de Delphine Renard défiguré.

 - le 7 Février 2013

 

Mots clés : guerre d'algérie, charonne,

 

 

 

Elle avait quatre ans lorsqu’elle fut grièvement blessée dans un attentat de l’OAS visant André Malraux. Le sort de l’enfant mutilée, aveuglée, souleva alors une grande émotion. C’est après cet attentat que fut organisée la manifestation sauvagement réprimée au Métro Charonne. Aujourd’hui psychanalyste, Delphine Renard entretient la mémoire des victimes de l’organisation criminelle. Elle demande que soit officiellement reconnue par l’État la brutale répression qui coûta la vie à neuf manifestants, communistes et syndicalistes, le 8 février 1962.

Vous vous étiez élevée, il y a un an, dans une tribune, contre les multiples hommages rendus à des criminels de l’OAS. Certains d'entres eux ont été déchus, ces dernières semaines, des décorations attribuées par le précédent pouvoir. Ce la signe-t-il, selon vous, une rupture ?

Delphine Renard. En effet, Jean-François Collin a été exclu en début d’année, par décret, de l’Ordre national de la Légion d’honneur dans lequel le président Sarkozy l’avait nommé chevalier le 5 mai 2011 (avec attribution de la Croix de la valeur militaire). Cette déchéance manifeste clairement une position nouvelle de l’Etat sur la question de la mémoire de la guerre d’Algérie. Cet ancien factieux de l’OAS s’acharne à entretenir la haine, honorant régulièrement, avec son association d’anciens criminels, la mémoire d’officiers putschistes, tels le colonel Argoud. Le fils de ce dernier, qui lui aussi fait l’apologie de l’OAS dans les médias, s’est vu retirer, l’été dernier, ses fonctions de rapporteur public au tribunal administratif de Marseille. Il s’agit là de signaux plutôt encourageants. L’accession de François Hollande à la présidence de la République a marqué une inflexion dans la politique de l’État français à l’égard de cette mouvance qui continue à brandir, en guise de valeurs, l’assassinat et la torture au nom d’idéaux racistes et fascisants, bien loin des sentiments de la grande majorité des rapatriés d’Algérie. Le discours qu’il a prononcé à Alger en décembre dernier a posé les bases d’une réorientation, avec la volonté affirmée d’ « ouvrir un nouvel âge dans la relation entre la France et l’Algérie » grâce à la reconnaissance des « souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien », et en particulier lors du massacre de Sétif, ouvrant la voie à la vérité sur la torture. Mais sur le plan intérieur, il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à « la paix des mémoires » que le président a appelée de ses vœux. La « reconnaissance du passé dans le respect des mémoires, de toutes les mémoires », pour reprendre ses mots, passe par le choix de dates symboliques. En décembre dernier, au Sénat, un vote intervenant à l’issue d’un débat houleux a montré combien restait difficile l’acceptation de certaines réalités historiques : il s’agissait de la proposition de loi sur la reconnaissance de la date du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. Cette date désormais légale devra, un jour ou l’autre, se substituer à celle du 5 décembre, dénuée de toute justification historique et procédant d’une simple mesure réglementaire arrachée par des groupes qui ne peuvent tolérer une date annonçant l’indépendance de l’ancienne colonie.

 

Vous citiez Elie Wiesel, « Tolérer le négationnisme, c’est tuer une seconde fois les victimes. » Des premières lois d’amnistie, en 1965, jusqu’aux stèles dédiées à ces criminels, ceux qui cultivent leur mémoire les présentent comme des victimes. Comment une telle inversion des valeurs a-t-elle pu se produire ?

Delphine Renard. S’il s’agissait d’individus, on parlerait de perversion. Mais à l’échelle collective, c’est très inquiétant et cela rappelle de sombres périodes. Des argumentaires habiles flattent toujours les tendances les plus basses, et l’extrême-droite a beau jeu d’instrumentaliser, depuis cinquante ans, le traumatisme qu’a été l’indépendance pour les Français qui résidaient en Algérie. Pendant ce temps, des actes de vandalisme continuent à se produire contre des stèles à la mémoire de ceux qui, pendant la guerre d’Algérie, se sont opposés à la terreur et au jusqu’au-boutisme de l’OAS. Ainsi tout récemment, le 3 janvier dernier, une cérémonie organisée à la mémoire d’Alfred Locussol, ce fonctionnaire assassiné cinquante-et-un ans plus tôt par l’OAS à Alençon pour avoir œuvré à l’indépendance de l’Algérie, a dû se dérouler en l’absence de la plaque commémorative, volée…

 

L’extrême-droite française, dans sa version lepéniste, a fait de la nostalgie de l’Algérie française un fonds de commerce. La réhabilitation de l’OAS est-elle, selon vous, un symptôme du poids de l’extrême-droite en France ?

Delphine Renard. Certainement. Dans « La Gangrène et l’Oubli », Benjamin Stora qui, depuis plus de trente ans, fait un travail remarquable pour dégager l’histoire des haines partisanes et œuvrer à la réconciliation des mémoires, écrivait : « Le Front national poursuit sa progression, s'alimentant aux sources du refoulé de cette guerre. La perte de l'Algérie française apparaît comme la justification a posteriori du système colonial, par construction d'une mémoire de la revanche. » Je crois que cette analyse, qui date de 1991, demeure toujours valable aujourd’hui. On en a eu encore une illustration l’été dernier, lorsque la maire d’Aix-en-Provence, Maryse Joissains, a brutalement mis fin au projet d’exposition Albert Camus jusque là confié au même Benjamin Stora, dont les vues équilibrées ne pouvaient satisfaire la vision nostalgérique de la municipalité.

 

Symbole de la barbarie de cette organisation terroriste, vous ne vous êtes exprimée publiquement qu’à l’occasion des cinquante ans du massacre de Charonne, l’an dernier. Pourquoi avez-vous choisi de sortir du silence ?

Delphine Renard. Je raconte ce cheminement dans un livre qui va sortir chez Grasset le mois prochain, et qui s’intitule « Tu choisiras la vie ». De par ce qui m’est arrivé, je porte une responsabilité à l’égard de tous ceux qui, atteints par le terrorisme de l’OAS, y ont perdu la vie et ne sont plus là pour en témoigner. Je me sens tout particulièrement redevable envers les neuf personnes massacrées par la police de Papon au métro Charonne, le 8 février 1962, alors qu’ils manifestaient pour la paix en Algérie et clamaient leur indignation contre les méthodes de l’OAS, au lendemain de l’attentat contre André Malraux dans lequel, enfant de quatre ans, j’avais été grièvement blessée.  

 

Comment mesurez-vous la responsabilité de l’État français dans le massacre de militants anti-OAS le 8 février 1962 ?

Delphine Renard. Il est scandaleux que les recours intentés par les proches des victimes se soient toujours soldés par une non-reconnaissance de la responsabilité de l’État dans ce massacre. Comment comprendre que les victimes, écrasées sous les grilles d’arbre jetées par les policiers ou tabassés à coups de « bidules » n’aient pas reçu un franc d’indemnisation, alors que d’anciens terroristes aux mains pleines de sang se soient vus, après leur amnistie, attribuer de confortables pensions ?

 

Un demi-siècle après les faits, pourquoi ce massacre et celui des Algériens, le 17 octobre 1961 ne sont-ils  toujours pas reconnus comme des crimes d’État ?

Delphine Renard. J’avais été très émue que le premier geste du candidat François Hollande ait été, le 17 octobre 2011, d’aller jeter des roses dans la Seine en hommage aux Algériens noyés par la police française, le 17 octobre 1961. En 2012, à l'occasion du 51e anniversaire de cette manifestation, le président Hollande a reconnu au nom de la République la « sanglante répression » au cours de laquelle ont été tués « des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ». Avec le Comité Vérité et Justice pour Charonne, j’attends, en confiance, un geste au moins équivalent pour les victimes de la tragédie du 8 février 1962.

A la mémoire des victimes de la répression du 8 février 1962, un rassemblement aura lieu ce vendredi à 12h, à Paris, au métro Charonne.  

Entretien réalisé par Rosa Moussaoui

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La parisienne libérée

8 Février 2013, 07:44am

Publié par PCF Villepinte

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