Le 11 octobre, riposte syndicale commune à l'austérité
Social-Eco -
le 2 Septembre 2011
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L’accouchement a été long, difficile, mais le résultat semble satisfaisant pour tout le monde. Tel était du moins le sentiment affiché par les représentants de l’intersyndicale (CGT, CFDT, Fsu, Unsa, Solidaires) jeudi soir, à l’issue de leur réunion au siège de la CGT.
Après cinq heures de discussion, ils sont parvenus à une déclaration commune faisant état de leur décision d’organiser une « journée nationale d’action interprofessionnelle », en riposte au plan d’austérité annoncé par le gouvernement la semaine dernière. Ce sera le mardi 11 octobre, selon des modalités qui restent à arrêter, ce qui devrait faire l’objet d’une nouvelle réunion le 15 septembre. FO, qui a choisi de poursuivre son cavalier seul, et prévoit une « journée d’information » le 20 septembre, la CFTC et la CGC avaient décliné l’invitation à la réunion.
Selon le texte commun, « partout, le débat sur le contexte, les enjeux et les modalités (manifestations, rassemblements, arrêts de travail, etc) » de l’action « est nécessaire pour construire cette journée » du 11 octobre. Jeudi soir, les participants à la rencontre n’ont pas dissimulé leurs différences d’approche sur ce dernier point. La CFDT, par la voix de Marcel Grignard, estimant à ce stade que « la grève n’est absolument pas la bonne voie », en raison de « la situation très difficile du pouvoir d’achat et des inquiétudes des salariés pour leur emploi », alors que les quatre autres organisations ne veulent, à tout le moins, « exclure aucune » forme d’action, comme l’a dit François Joliclerc, de l’Unsa. L’essentiel n’en demeure pas moins, aujourd’hui, l’accord des cinq syndicats pour juger « indispensable l’intervention des salariés pour peser sur le gouvernement, le patronat, les débats parlementaires en cours et à venir ». Les députés seront saisis dès la semaine prochaine d’une partie des mesures de « rigueur » Fillon, avant de nouveaux paquets de pilules amères lors de l’examen, en octobre, des budgets de la Sécurité sociale et de l’Etat.
Les syndicats ont exprimé d’une même voix les critiques qu’ils avaient déjà formulées séparément la semaine dernière : le plan d’austérité est à la fois « injuste et inéquitable », la facture étant « principalement supportée par les salariés et les consommateurs », alors que la taxe sur les hauts revenus est « symbolique » et que les niches fiscales sans « aucune efficacité économique et sociale » sont épargnées. Dans l’optique, tout à la fois, de « relancer la croissance », « réduire les inégalités », et « maîtriser les déficits », l’intersyndicale se prononce pour des « réformes structurelles », telles une réforme de la fiscalité pour la rendre plus progressive, une « politique industrielle coordonnée au niveau européen », et pour « des services publics de qualité ». Mais, dans l’immédiat, elle se fixe l’objectif d’obtenir une série de « mesures urgentes ». Au premier rang : l’abandon de la taxation (à hauteur de 1,2 milliards d’euros dans le plan Fillon) des complémentaires santé et la suppression des exonérations et de la défiscalisation des heures supplémentaires. Plus généralement, les syndicats demandent que toute aide publique soit désormais « conditionnée » à son efficacité sociale et économique. La fin des suppressions d’emplois de fonctionnaires, le soutien au pouvoir d’achat, en particulier des plus bas revenus, et la réouverture des négociations salariales dans les entreprises et la Fonction, complètent leur cahier de doléances à court terme.
D’ici au 11 octobre, les syndicats vont donc se consacrer à populariser cette plateforme et à engager le débat au sein du monde du travail. Le 15 septembre, ils feront un « point d’étape », pour apprécier la rentrée sociale et l’état d’esprit des salariés, avant de fixer les formes du 11 octobre. Pour la CGT, qui avait lancé l’idée d’une mobilisation dès le mois de juin, il faudra « de toute façon aller à une journée significative, avec grèves, manifestations, rassemblements », a fait valoir Nadine Prigent, ajoutant : « peut-être que cette journée en amènera d’autres ». « Il ne s’agit pas seulement de ne pas subir, a-t-elle souligné, mais de construire d’autres solutions » à la crise, dégager des « recettes nouvelles pour répondre aux besoins de la population et mener une réelle politique d’emploi et de développement économique ». Le 11 octobre ne doit pas être « une journée de témoignage », mais une action pour « changer de cap », a renchéri Bernadette Groison, pour la FSU, pour qui la décision de mobilisation « répond à l’attente des salariés ». Annick Coupé, de Solidaires, pour sa part, a souligné l’existence d’un « sentiment d’injustice très grand dans le pays » ; il est de la responsabilité des syndicats de « commencer à construire un processus de mobilisation pour mettre un coup d’arrêt » à l’austérité.