Les électeurs américains ont balayé mardi la majorité démocrate à la Chambre des représentants et gonflé les rangs
républicains au Sénat, qui reste cependant sous contrôle démocrate.
Deux ans seulement après l'élection triomphale de Barack Obama, l'angoisse des électeurs face à la crise économique et le
mécontentement croissant à l'égard des élites de Washington ont abouti à une déroute électorale pour le président démocrate qui pourrait remettre en cause son calendrier législatif.
Barack Obama, qui devrait tracer les premières perspectives post-électorales lors d'une conférence de presse prévue
mercredi à 13h00 (17h00 GMT), a appelé dans la nuit les leaders républicains, le représentant John Boehner et le sénateur Mitch McConnell, pour leur faire part de sa volonté de travailler avec
eux.
Si tous les résultats des élections de mi-mandat ne sont pas encore connus, la victoire du Grand Old Party à la Chambre
basse du Congrès, dont les 435 sièges étaient à renouveler, est désormais une certitude.
Selon les projections des chaînes de télévision, les républicains gagneraient au moins 50 sièges jusque là détenus par les
démocrates, bien plus que les 39 qui leur étaient nécessaires pour faire basculer la Chambre des représentants.
Il faut remonter à la vague républicaine de 1994, au milieu du premier mandat de Bill Clinton, pour retrouver trace d'une
telle percée: le Grand Old Party avait alors conquis 54 sièges.
"Cela commence par réduire les dépenses plutôt que de les augmenter, par réduire la t
"Notre nouvelle majorité préparera les choses différemment, adoptera une approche nouvelle qui n'a jamais été tentée
auparavant à Washington par un parti, quel qu'il soit", a annoncé John Boehner, pressenti pour succéder à la démocrate Nancy Pelosi au poste de "speaker" de la Chambrew.
aille du gouvernement plutôt que de l'accroître et par réformer la manière dont le Congrès travaille", a-t-il dit.
LES DÉMOCRATES TIENNENT LE NEVADA ET LA CALIFORNIE
Au Sénat, en revanche, où 37 des 100 sièges étaient concernés, les démocrates ont survécu à la marée républicaine. Le Grand
Old Party avait fait du Nevada un de ses objectifs prioritaires. Mais Harry Reid, chef de file du groupe démocrate au Sénat, a fait échec à Sharron Angle, du Tea Party, au terme d'une campagne
acharnée.
Joe Manchin en Virginie occidentale et Barbara Boxer en Californie ont également conservé deux autres Etats cruciaux pour
la bataille pour le contrôle de la haute assemblée.
En attendant l'Etat de Washington et le Colorado, où les résultats restaient en suspens, six sièges de sénateur ont en
revanche basculé dans le camp républicain dont l'Illinois, hautement symbolique puisque ancien fief d'Obama, l'Indiana, d'où est venu le premier résultat de la soirée, et l'Arkansas, où John
Boozman a battu la démocrate Blanche Lincoln, qui paie son soutien, bien que modéré, à la réforme de la santé.
La prise de contrôle de la Chambre des représentants par les républicains risque de se traduire par une situation de
blocage législatif, une réduction de la marge de manoeuvre d'Obama et un durcissement du combat politique sur les questions de la baisse des impôts, de la lutte contre les changements
climatiques ou encore de l'immigration.
"La capacité qu'avait l'administration Obama à faire passer de nouveaux programmes majeures était déjà limitée. Avec ce
scrutin, l'affaire est entendue", avance Jaret Seiberg, analyste politique au Washington Research Group, une société de conseil en investissement.
Les républicains ont déjà présenté un calendrier pour la réduction des dépenses, la baisse du déficit et la remise en cause
de certains pans de la réforme du système de santé votée de haute lutte. Face à cela, Obama dispose de son droit de véto.
"Cette moisson de républicains nouvellement élus à la Chambre et au Sénat va considérer que sa mission n'est pas de
parvenir à des compromis et des accords avec le président Obama mais au contraire de détruire ce qui reste de son programme politique et de défaire la réforme de la santé et des services
financiers", prédit Ethan Siegal, analyste du Washington Exchange, une société de conseil en politique publique.
CONTEXTE ECONOMIQUE ET REJET DE L'ESTABLISHMENT
A Wall Street, les marchés d'actions ont terminé en hausse mardi, soutenus par les secteurs qui pourraient bénéficier d'une
victoire républicaine, à commencer par les valeurs liées au secteur de la santé.
Les craintes engendrées par une économie mal en point, un chômage flirtant avec les 10% et le mécontentement face à la
politique menée par l'administration Obama auguraient d'une victoire des républicains, qui se confirme aussi dans les scrutins renouvelant 37 gouverneurs (voir [ID:nLDE6A2030]).
La montée en puissance du mouvement ultraconservateur du Tea Party a également joué contre Obama et les démocrates. En
quelques mois, cette mouvance apparue à la marge du Parti conservateur a profondément changé la donne politique.
Avec Marco Rubio en Floride et Rand Paul dans le Kentucky, le mouvement a décroché ses premiers sièges au Sénat, laissant
augurer d'un virage conservateur. Christine O'Donnell, autre figure de proue du Tea Party, a été elle sèchement battue dans le Delaware.
Vecteur du mécontentement à l'égard de l'establishment de Washington, le Tea Party prône moins de dépenses publiques, une
réduction drastique de la dette et un rôle plus modeste pour le gouvernement fédéral.