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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

vie culturelle

29 Avril 2025, 09:48am

Publié par PCF Villepinte

La vie culturelle en Seine-Saint-Denis 

: un trésor à protéger et à partager

Les politiques publiques de la culture sont aujourd’hui gravement menacées tant par l’austérité budgétaire que par la poussée des idées de l’extrême droite. Le PCF entame une campagne nationale, ouverte le 23 mars dernier par un meeting à La Bellevilloise (Paris), qui se décline maintenant dans le pays. L’objectif est de rassembler très largement pour aller vers de nouveaux États généraux de la culture à l’automne.

La Seine-Saint-Denis a une longue histoire avec la création artistique : le deuxième département théâtral de France, dispose d’un dispositif très enviable qui, depuis sa constitution dans les années 1960/1970, participe fortement de la vivacité démocratique de ce territoire pas comme les autres.

Un trésor démocratique

En son cœur, il y a la construction d’un service public de la culture, dans de nombreuses villes et à l’échelle du département. Dans ce territoire populaire de tradition ouvrière, dans lequel vivent et travaillent de nombreux agents des services publics (fonctionnaires, personnels enseignants et de santé…) et aussi de nombreux artistes et créateurs, l’accent a tôt été mis sur la nécessité et l’utilité de développer des services publics, garantissant l’égalité d’accès et préservant de la voracité du marché toujours prêt à vendre et acheter plutôt que de satisfaire des besoins humains. Les services publics, les espaces collectifs, furent un marqueur historique de « la banlieue rouge », notamment la culture, l’art et la création considérés comme essentiels au développement des individus, espaces de démocratie et lieux de liberté. Les militants et élus communistes ont alors joué un rôle considérable.

Cet engagement politique était fondé sur des principes intangibles : créer les conditions matérielles de l’accès de chacune et chacun aux œuvres les plus diverses, les plus enrichissantes ; permettre l’appropriation de langages artistiques, d’esthétiques et d’imaginaires étonnants, étranges ; encourager la pratique et garantir la liberté de création.

La vie culturelle menacée

Ces dernières années les coups ont été nombreux contre notre vie culturelle, venant tout à la fois du marché qui veut en privatiser les espaces et de forces politiques réactionnaires voulant mettre les artistes au pas, sous contrôle, comme on l’a notamment vu avec la municipalité de droite extrême du Blanc-Mesnil qui a transformé en supermarché du divertissement le Forum culturel, lieu de création renommé et envié.

Aujourd’hui, les attaques se multiplient pour réduire la capacité d’action culturelle dans notre pays. Les coupes claires dans les budgets des collectivités territoriales ont fourni le prétexte à certaines pour supprimer leurs aides à la création. Le budget encore dégradé du ministère de la Culture lui-même vient donner sens à ces orientations. Le « Pass Culture » le symbole d’une politique qui s’en remet toujours plus au marché, alimentant les industries culturelles et l’uniformisation sans développer les pratiques ni démocratiser l’accès, voit geler sa part collective, son seul point positif. Cette décision va fortement impacter des dispositifs d’éducation artistique et culturelle qu’il faudrait plutôt développer. Et comme si cela ne suffisait pas, les artistes-auteurs et artistes-autrices se voient imposer une nouvelle taxation…

Autre danger, pernicieux, celui qui instrumentalise la vie culturelle, le plus souvent sous couvert de modernité, et la place au rayon d’accessoire du marketing, territorial ou marchand, dont l’ambition n’est pas d’encourager l’émancipation individuelle, mais de satisfaire des stratégies de communication. Elle s’accompagne le plus souvent d’assignation à résidence des habitants dont l’imaginaire serait finalement borné par leurs origines : sociale, géographique, ethnique ou de genre. Finalement, les barrières sont colorées mais restent difficilement franchissables.

Par ailleurs la tentation fréquente d’opposer les lieux culturels aux tiers lieux, les cultures populaires aux cultures savantes, l’individu au collectif ou encore l’autodidaxie aux savoirs académiques dissimule mal une vision bien peu ambitieuse des pratiques culturelles qui, surtout ici en Seine-Saint-Denis, ont de longue date appris à se nourrir les unes des autres. N’y voit-on pas également une forme de soumission à l’austérité joliment habillée de l’air du temps qui considère que des centres dramatiques nationaux, des dispositifs pérennes, des conservatoires et des médiathèques ça coute beaucoup plus cher que de financer des petits lieux reposant sur beaucoup de bonne volonté et beaucoup de précarité. Au nom d’un relativisme à la mode, tout s’équivaut et l’exigence artistique est rabattue au nom de la démocratisation culturelle. Le monde à l’envers !

Tous ces coups terribles portés aux politiques publiques de la culture sont irresponsables, dangereux et cyniques. Car priver un peuple de culture, c’est l’empêcher d’inventer son avenir, c’est l’empêcher de se rassembler, de se raconter et de discuter, c’est l’empêcher de vivre. C’est porter atteinte à la dignité des femmes et des hommes qui le composent.

Défendre et enrichir la vie culturelle

La Seine-Saint-Denis n’est pas à l’abri. Elle est fragilisée par les nombreux et anciens renoncements de l’État à garantir l’égalité. Le libéralisme s’accommode mal des services publics, préférant jouer la carte du laboratoire de la précarité et du DIY pour un grand patronat impatient de faire des profits sans participer à l’effort collectif, aidé par des responsables politiques assez peu soucieux de culture et d’épanouissement des individus. Alors qu’il faudrait faire plus et plus profondément pour soutenir la création et la diffusion artistique, alors qu’il y a tant à faire pour développer une éducation artistique et culturelle de qualité en milieu scolaire et dans les centres de loisirs, les moyens manquent cruellement. En outre, la tentation est palpable de céder aux logiques de divertissement et aux projets certes spectaculaires, mais bien peu structurants.

Ajoutons que des milliers de jeunes qui regardent avec envie les professions artistiques ou du spectacle en sont écartés faute d’emplois stables et qualifiés, correctement rémunérés. C’est autant de perdu pour le renouvellement, la réinvention indispensable des idées et des outils par des équipes elles-mêmes en mouvement.

Remettre la culture, l’art et la création au centre de la perspective politique est donc bien un enjeu crucial de société, quand les idées d’extrême droite circulent et s’infiltrent partout, parées d’un prétendu bon sens anesthésiant toute pensée critique. C’est une condition de la démocratie.

Les communistes veulent défendre les politiques publiques de la culture et la culture elle-même. Elle est la condition du politique, la condition de l’émancipation humaine. C’est elle qui permet de donner du sens. Nous ne voulons pas la voir réduite à cet horizon rétréci, biaisé et dépouillé que nous proposent les quelques grands propriétaires qui ont fait main basse sur les médias, l’industrie culturelle, les réseaux de diffusion… Nous refusons de nous laisser embarquer dans leur vision falsifiée du monde d’aujourd’hui comme dans leur vision déshumanisée du monde de demain. Nous refusons la culture inculquée et injectée, nous revendiquons la culture appropriée, pratiquée, partagée. Nous revendiquons la culture créolisée, décolonisée, dépatriarcalisée…

Nous revendiquons la liberté des imaginaires !

 

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