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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Néolibéralisme(s)

7 Février 2025, 10:44am

Publié par PCF Villepinte

Néolibéralisme(s)
 


Doctrine : Sans vouloir singer Lénine, une citation permet parfois d’aborder la grande interrogation du temps : et maintenant, que faire ? « Le plus grand malheur des riches et des puissants, c’est la pauvreté intellectuelle, ce qui ne leur empêche pas d’avoir une stratégie hégémonique. » Nous sentons bien que le monde est devenu glissant, pour ne pas dire liquide ou vaporeux.

La virulence du modèle financier globalisé ne transforme pas seulement nos représentations, elle attaque la forme même de la représentation traditionnelle, désormais conditionnée par les nouvelles formes du capitalisme mondialisé. Tellement, que le néolibéralisme, qui commande tout, est désormais si omniprésent que nous ne le reconnaissons plus comme une idéologie, mais comme un « environnement naturel ».

Voilà la thèse du livre intitulé la Doctrine invisible. L’histoire secrète du néolibéralisme (et comment il en est arrivé à contrôler nos vies), un ouvrage décapant signé par l’essayiste britannique George Monbiot, chroniqueur au Guardian, et le réalisateur américain Peter Hutchison (éditions du Faubourg, 256 pages). Leur conviction ? « Il est impossible de combattre un mal qu’on ne voit pas. » La doctrine invisible et mortifère ? « Le néolibéralisme, qui s’est installé au fil des décennies dans nos institutions, dans nos vies et – plus grave – dans nos têtes. »

Quand le choix économique écrase le choix politique.

Loi : Le livre de George Monbiot et Peter Hutchison débute par ces mots : « Imaginez que les habitants de l’Union soviétique n’aient jamais entendu parler du communisme. C’est plus ou moins ce qui nous arrive aujourd’hui.  » De fait, la Doctrine invisible est un méticuleux décryptage du néolibéralisme.

La volonté des auteurs : exposer à la lumière ce néolibéralisme afin de l’affaiblir – l’« effet Dracula », disent-ils – pour mieux démontrer qu’il ne s’agit que d’une construction lancée par le penseur Friedrich Hayek (1899-1992) et ses adeptes, et financée par des grandes sociétés à travers des cercles de réflexion, des médias et des départements d’université.

La datation est assez aisée.

Avec la première ministre britannique Margaret Thatcher (1979-1990) et le président des États-Unis Ronald Reagan (1981-1989), le néolibéralisme a progressivement imposé sa loi. « There is no alternative », tranchait la Dame de fer. George Monbiot et Peter Hutchison montrent comment le centre gauche a suivi, comment les marchés ont été déréglementés, les syndicats écrasés, les services publics privatisés.

Cette ère s’est pourtant soldée par un échec cuisant : une croissance faible, une richesse confisquée, une démocratie abîmée. Évoquant ce néolibéralisme, les auteurs parlent de « mort-vivant », mais admettent que celui-ci continue de progresser et de conditionner toute la mécanique capitalistique ensauvagée.

Récit : Pour stopper cet ultralibéralisme, George Monbiot estimait, cette semaine dans le Monde, qu’il faudrait inventer un nouveau « récit cohérent », d’autant que chacun semble avoir sa propre définition du néolibéralisme. Monbiot a la sienne : « C’est un système dans lequel on remplace le choix politique par le choix économique, ce qui conduit à l’oligarchie, car ce n’est plus le citoyen qui est aux commandes. C’est le moyen par lequel le capitalisme surmonte son plus gros problème : la démocratie. Le néolibéralisme n’est pas une variante du capitalisme mais un catalyseur. »


Et il ajoute : « Le consensus néolibéral au sein des partis dominants a fini par tuer l’espoir en politique. Cela a permis à des hommes comme Donald Trump aux États-Unis ou Javier Milei en Argentine de se faufiler dans la brèche. Ils portent le néolibéralisme à un tout autre niveau, jusqu’au remplacement du pouvoir public par le pouvoir privé… » D’un côté, les capitalistes traditionnels, ceux que les auteurs appellent « capitalistes domestiqués », sont parvenus à une sorte de compromis avec le principe démocratique, favorisant « des politiciens ternes, technocratiques et centristes », à l’image de Mac Macron. Et, d’un autre côté, sont apparus les « capitalistes seigneurs de guerre » dénués de scrupules.


Deux faces d’une même pièce. « Les gens internalisent ce système de croyance et cessent de croire que la société est une proposition transformatrice », explique George Monbiot. Et le Britannique précise : « Pour inverser la tendance, l’effort devra être collectif et, dans une large mesure, dirigé depuis les pays du Sud. J’y trouve plus d’espoir, plus d’idées, plus d’inspiration que dans mon propre pays… »

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