Déménagement
Les services du conseil départemental
de SEINE ST DENIS transférés
de Bobigny à Saint-Denis
Les premiers concernés sont les derniers prévenus. L’intersyndicale composée de la CGT, Sud, l’UNSA et la CFDT a été convoquée ce mardi 7 janvier par Stéphane Troussel, président PS du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, autour d’une galette. Aucune part du gâteau n’a été dégustée par les syndicalistes : « on ne voulait pas se retrouver piégés dans une opération de communication », raconte Sabino Patruno, secrétaire général de la CGT-Ufict.
À l’ordre du jour, une annonce confirmant la rumeur qui court dans les couloirs de l’administration depuis la mi-décembre : le déménagement des services dans les anciens locaux du Comité d’organisation des jeux olympiques et paralympiques (Cojop), propriété du groupe Icade, à Saint-Denis.
« Ce bâtiment, un héritage de Paris 2024, vide et disponible, représente une opportunité pour regrouper les services centraux dans de bonnes conditions, au sein du même immeuble », explique Stéphane Troussel. Seule la salle symbolique de l’assemblée départementale demeurerait au sein de la ville-préfecture historique de Bobigny, désigné comme cité administrative depuis la création du département en 1965.
« En déménageant de Bobigny, l’équilibre territorial est remis en cause. Il y a une interrogation en termes de concentration des lieux de prise de décisions », développe Émilie Lecroq, conseillère départementale PCF et présidente du groupe « Communiste, insoumis et citoyens ».
10 millions d’euros d’économie par an
L’intersyndicale fustige un projet qui les « inquiète en termes d’accessibilités géographiques et de transport, d’emploi et de conditions de travail ». L’immeuble Pulse, avec une capacité d’accueil de 2 500 personnes, se trouve être plus exigu que les locaux actuels.
Seulement, les agents se comptent au nombre de 2 700 : « que deviendront les autres ? », questionne Sabino Patruno. « Sous le déménagement, faut-il s’attendre à un plan social déguisé ? », interroge l’intersyndicale. Cette crainte « ne correspond à rien » selon Stéphane Troussel tout en indiquant que « la masse salariale n’a cessé d’augmenter au fur et à mesure des années » au sein de la collectivité.
Le plan immobilier a de plus été monté sans que les représentants du personnel ne soient concertés, seuls quelques élus ont été mis au courant et en ont averti les syndicats. « Le débat sur cette potentialité n’est pas finalisé, car il n’y a pas eu de réunion collective. Il ne s’agit pas un choix administratif, mais politique », précise Émilie Lecroq.
Cette prise de décision unilatérale intervient dans un contexte de difficultés économiques accrues, où la dette du département aura grimpé à 1,9 milliard d’euros d’ici à 2029. Une économie « potentielle » de 10 millions d’euros par an, et ce, pendant douze ans, est envisagée par le président du département avec ce déménagement.
« On ressent beaucoup d’inquiétude et très peu s’enthousiasme de la part des agents », témoigne Sabino Patruno. Les conditions dans lesquelles les travailleurs vont exercer leur tâche se détérioreront, selon les syndicats. L’aménagement de l’espace prendra la forme du flex-office : absence de bureau attitré et aucune possibilité de stocker du matériel à un endroit précis.
Le président du département défend cette organisation par « l’usage du télétravail à hauteur de 40 % » et le sondage des agents qui estiment que les locaux existants ne sont « pas satisfaisants en termes d’équipements ».
Dans ce cas, peut-être aurait-il pu les concerter à nouveau, tout simplement pour les laisser s’exprimer au sujet de leur potentiel futur lieu de travail… « Le beau projet de dialogue et de concertation sociale se fera avec les demandes des agents pour dessiner les espaces de travail, choisir le mobilier et organiser les locaux », explique grand prince Stéphane Troussel.
Par ailleurs, le maire Abdel Sadi de Bobigny a déclaré à La Lettre que ce déménagement pourrait être lourd de conséquences pour la commune. « Ce serait un choc économique considérable », s’alarme-t-il, alors que l’activité de la commune et l’emploi sont en grande partie liés aux services départementaux.