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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Mayotte :

30 Décembre 2024, 08:01am

Publié par PCF Villepinte

François Bayrou et son gouvernement attendu de pied ferme

Deux semaines après le passage du cyclone Chido, le premier ministre se rend enfin dans le 101e département français. Les habitants sinistrés espèrent qu’il annoncera des solutions concrètes, après « l’insuffisance criante des mesures » de soutien.

L’Humanité 29 décembre 2024

Chido sur l’archipel.
© PATRICK MEINHARDT / AFP

Un homme travaille à la reconstruction d’une maison détruite dans la ville de Vahibe, à la périphérie de Mamoudzou, sur le territoire français de Mayotte dans l’océan Indien, le 24 décembre 2024, une semaine après le passage du cyclone

Il aura fallu que les Mahorais attendent seize jours après le passage du cyclone Chido pour voir le premier ministre mettre un pied à Mayotte. Ce lundi 30 décembre, un jour après la date prévue, François Bayrou atterrit sur l’archipel. Avec pour conséquence de réduire son temps de présence dans le 101e département français (24 heures contre les 48 initialement prévues).

Au risque de renforcer un sentiment qui prend de plus en plus de poids localement : celui d’être traités comme des citoyens de seconde zone par l’exécutif. Qu’importe ce retard et ce bref passage, le maire de Pau affirme à qui veut l’entendre sa « volonté d’apporter des solutions concrètes aux populations sur place sur les questions d’éducation, de santé, d’habitat ».

À cette occasion, cinq ministres l’accompagnent : Manuel Valls (Outre-mer), Élisabeth Borne (Éducation nationale), Valérie Létard (Logement), Yannick Neuder (Santé) et Thani Mohamed Soilihi (chargé de la francophonie et des partenariats internationaux).

« L’arrivée des secouristes a été marquée par une lenteur inacceptable »

C’est peu dire que les Mahorais les attendent de pied ferme. Alors que les habitants de l’archipel de l’océan Indien comptent encore leurs morts (le bilan officiel, largement sous-estimé, dénombre 39 personnes décédées et plus de 4 000 blessées) et bataillent pour leur survie, ils ne cessent de demander des réponses à leur détresse.

Dans une lettre ouverte, les collectifs citoyens de Mayotte ont pris la plume pour dénoncer « l’insuffisance criante des mesures » de soutien. « L’arrivée des secouristes – techniciens, ingénieurs et personnels spécialisés – a été marquée par une lenteur inacceptable, et leur nombre reste dramatiquement en dessous des besoins réels », écrivent-ils. Les déchets s’accumulent – faisant redouter des risques sanitaires –, l’eau ne s’écoule plus des robinets, les denrées alimentaires manquent et l’électricité est encore coupée pour plus de la moitié des foyers.

Ces urgences d’ordre vital incitent les collectifs de Mahorais à réclamer des « mesures extraordinaires », notamment un « plan de reconstruction rapide et structuré » de l’archipel. Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, a exhorté le premier ministre à transformer « (ses) paroles en actes ». Dans un courrier, il lui reproche également ne pas s’être rendu « immédiatement » à Mayotte et d’avoir « cherché à relativiser l’importance de la catastrophe ».

Mayotte, dernière priorité de l’exécutif ?

François Bayrou ne peut se permettre de se prendre les pieds dans le tapis tant les précédentes visites du pouvoir se sont révélées être des échecs. Les citoyens meurtris ont d’abord été rabroués par Emmanuel Macron, le jeudi 19 décembre, qui s’est illustré par un abject paternalisme colonial.

Toute honte bue, il s’est alors époumoné face aux Mahorais endeuillés : « Si ce n’était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde. Il n’y a pas un endroit de l’océan Indien où on aide autant les gens ! » Avant cela, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, dépêché sur place en premier, s’est lui distingué en déroulant ses obsessions habituelles sur le contrôle de l’immigration et des expulsions.

Selon lui, il faudrait « traiter, avec la plus grande détermination, la question migratoire. Mayotte est le symbole de la dérive que les gouvernements ont laissé s’installer sur cette question », écrit-il sur X. François Bayrou fera-t-il mieux que de rudoyer les habitants ou d’imposer une lecture stigmatisante du drame des Mahorais ?

L’archipel, dévasté par le cyclone tropical, n’a jamais semblé être la priorité du président du Modem. Trois jours après sa nomination, le 16 décembre, le locataire de Matignon a préféré s’envoler en direction du conseil municipal de son fief de Pau plutôt que de se rendre à Mayotte, 48 heures après le passage de Chido.

Un ordre des priorités qui lui a été reproché lors de sa première séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale le lendemain. « Il n’est pas d’usage que le premier ministre et le président quittent en même temps le territoire national », avait-il alors répondu, provoquant la consternation de l’opposition. Ian Brossat, sénateur PCF, dénonçait alors un « naufrage » par une publication X.

Enfin, le premier ministre a également eu la politesse d’annoncer la composition de son gouvernement… le jour du deuil national en solidarité avec les Mahorais. « C’est tellement méprisant, tellement grave, tellement médiocre », avait alors déploré Estelle Youssouffa, députée Liot de Mayotte, au micro de France Inter. 

«Après la crise nous devrons ensemble tirer tous les enseignements. Il faudra notamment tenir compte des propositions faites par l’Assemblée nationale et le Sénat dans le cadre des commissions d’enquête sur la situation explosive des Outre-Mer, en matière de logement, de vie chère ou encore de gestion des risques naturels majeurs.» déclarait le 17 décembre Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.

 

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