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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Europe

5 Décembre 2024, 09:01am

Publié par PCF Villepinte

L’Union européenne en miettes

Nous assistons à un émiettement de l’Union européenne, que les rodomontades guerrières de la Commission européenne masquent mal.

Il convient d’en prendre la mesure et d’en identifier les conséquences possibles pour les peuples, victimes des politiques d’austérité et de l’orientation belliciste de l’UE.

Un vent de crise, d’une intensité inédite depuis la grande crise de la zone Euro, souffle sur l’UE et a pour maître-mot la désindustrialisation. Un million d’emplois industriels ont été perdus en seulement quatre ans. La Pologne, la République tchèque (arrière-cours industrielles de l’Allemagne), l’Allemagne elle-même et la France sont particulièrement touchées.

Les vagues de licenciements dans les secteurs automobiles, de l’acier et de la chimie sont dévastateurs. Volkswagen, Michelin, Stellantis, Valeo, ArcelorMittal, ThyssenKrupp, Bosch : les piliers industriels français et allemands sont touchés.

L’absence de vision et de politique industrielles de la part des classes dirigeantes européennes, à la différence de celles des États-Unis et de la Chine, est due à leur attachement aux pures logiques néolibérales et austéritaires en dignes héritières de la politique de mise en œuvre de la mondialisation capitaliste dans sa conception des années 1990. Le retour des règles maastrichtiennes d’austérité, véritable étouffoir démocratique, économique et social, et en dépit de quelques aménagements, aggravent cette catastrophe européenne. 

Les dynamiques centrifuges se renforcent. La France et l’Allemagne, centres traditionnels de l’UE, s’enfoncent dans une crise politique et sociale majeures. Cela induit une recomposition importante des rapports de force, au bénéfice des gouvernements les plus bellicistes d’Europe centrale et orientale.

Ceux-là mêmes à qui Emmanuel Macron rend régulièrement hommage et invoque comme modèle sur les questions de sécurité et de défense. C’est une accélération de la marche à la guerre. Par ailleurs, le faible poids de la France dans les discussions sur le Mercosur en dit long sur l’affaiblissement notable et grave de notre pays dans les rapports de force européens et internationaux.

La politique d’alignement sur les règles d’une mondialisation libérale en crise poursuivie par le macronisme, ainsi que les convulsions politiques majeures que celle-ci provoque en France en sont la cause.

La composition de la nouvelle Commission européenne donne à ces gouvernements la maîtrise de la politique extérieure de l’UE en enregistrant ces rapports de forces nouveaux. Il faut ici mentionner la belliciste Kaja Kallas, haute représentante pour les Affaires étrangères, qui a rang de vice-présidente et dont la lettre de mission comporte l’objectif de construire une Union de défense européenne, de renforcer le « partenariat » avec l’OTAN et d’encourager la levée des règles d’unanimité sur les questions d’affaires étrangères et de défense.

Par ailleurs, la création d’un commissaire européen à la Défense est une première depuis l’échec du CED en 1954. Cette charge est confiée à Andrius Kubilius, avocat de l’augmentation des dépenses militaires de l’Union européenne. Sa mission est centrée sur la création d’un marché unique des industries de défense. On voit quel est le chemin emprunté : celui d’un fédéralisme armé, lié à l’OTAN.

Par ailleurs, le commissaire européen d’extrême droite nommé par Meloni acquiert une place de vice-président de la commission. Le poste de commissaire à l’égalité est supprimé. Cette commission a pour la première fois le soutien d’une partie de l’extrême droite. Meloni est plus que jamais la faiseuse de rois dans l’UE. Les libéraux, les conservateurs et une partie des sociaux-démocrates et des Verts européens laissent faire et soutiennent la commission. Leur responsabilité est très grande.

L’élection de Trump à la Maison-Blanche rouvre le débat sur « l’autonomie stratégique » européenne. Mais de quoi parle-t-on alors que l’engrenage de la guerre fonctionne pleinement sous couvert de l’OTAN, dans le cadre du libre-échange, sous la domination des lois d’extraterritorialité américaines et des industries de défense d’outre-Atlantique ?

« Autonomie stratégique », oui, mais qu’elle soit conséquente. Cela implique une politique de paix qui rompe avec les politiques de blocs de l’OTAN et qui agisse dans le sens de la souveraineté économique, industrielle, commerciale et politique, base pour construire des coopérations internationales mutuellement bénéfiques.

Les enjeux européens et le dépassement de la crise européenne sont un sujet central pour la gauche. La nécessité de créer un rapport de force pour une alternative aux politiques d’austérité, pour une politique de paix et de sécurité collective en toute indépendance de l’OTAN, pour une autre répartition de l’argent de la BCE et pour une remise en cause des traités européens et de leurs règles austéritaires demeure une bataille centrale.

Dans sa diversité, la gauche en Europe est au pied du mur. Ou bien elle accompagne ces évolutions dramatiques qui vont amener des défaites majeures aux peuples européens, ou bien elle porte la perspective de paix, de progrès et de souveraineté populaire en Europe. Renforcer cette seconde option, la seule possible en réalité, est de la responsabilité de tous.

Vincent Boulet

Article publié dans CommunisteS, numéro 1021 du 4 décembre 2024.

 

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