Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

INTERNATIONAL

26 Novembre 2024, 08:01am

Publié par PCF Villepinte

Uruguay : « La victoire de la gauche isole Javier Milei dans la région du Cône Sud »

 

Yamandú Orsi prononce un discours après avoir remporté l’élection présidentielle uruguayenne à Montevideo, le 24 novembre 2024.
© Santiago Mazzarovich / AFP

Yamandú Orsi, le candidat du Frente Amplio, a remporté l’élection présidentielle organisée ce dimanche. Pour l’analyste politique Marcos Casas, le retour au pouvoir du camp de l’emblématique ex-président Pepe Mujica sanctionne les politiques non redistributives du président Lacalle Pou, tout en renforçant la gauche latino-américaine, notamment au sein du Mercosur.

L'Humanité  Luis Reygada

Le candidat de la coalition de gauche Frente Amplio (FA) a remporté ce dimanche l’élection présidentielle en Uruguay. Yamandú Orsi s’est imposé par 49,8 % des voix contre 45,9 % pour son adversaire de centre droit Alvaro Delgado (Parti National), homme du président sortant Luis Lacalle Pou, au pouvoir depuis 2020 et empêché par la Constitution de briguer un second mandat consécutif. La droite pouvait pourtant se prévaloir de bons résultats macroéconomiques.

Entretien avec Marcos Casas, analyste politique et directeur du média indépendant Dopamina.

Que représentent la victoire et le prochain retour du Frente Amplio au pouvoir en Uruguay ?

La victoire de la gauche dans notre pays signifie le retour d’une perspective politique qui place les inégalités au centre de ses préoccupations. Dans un pays où plus de la moitié de la population dépend de son salaire ou de sa pension pour survivre, la récupération des salaires réels et des pensions, est plus que jamais nécessaire. En termes réels, le pouvoir d’achat des Uruguayens a été impacté lors de ces quatre dernières années, durant le mandat du président Lacalle Pou. Et ce, alors que l’économie a progressé, avec une hausse de 7 % du PIB. Rétablir un équilibre, voilà ce que le Frente Amplio va tenter de reconstruire.

La croissance n’a pas bénéficié à la majorité de la population ? Il n’y a pas eu de « ruissellement » ?

Non, au contraire. La croissance a été significative, surtout si l’on tient compte des épisodes de la pandémie de Covid-19 et de la sécheresse que nous avons subie en 2023. Toutefois, ces bons chiffres macroéconomiques ne se sont pas traduits par une meilleure qualité de vie pour la population. Pendant les cinq années de mandat de Lacalle Pou, les travailleurs ont perdu une partie de leur salaire.

Un récent rapport de l’Université de la République d’Uruguay a calculé qu’entre 2019 et 2023, l’Uruguay a connu une augmentation très importante des inégalités. Les 7 % de croissance économique ont été largement accaparées par 5 % de la population, alors qu’à l’inverse, 95 % des ménages ont perdu des revenus. Dans le même temps, le transfert du travail vers le capital a représenté 8 % du PIB, selon le même rapport.

En résumé, on peut reconnaître que le gouvernement de droite de Lacalle Pou a obtenu une croissance économique et un contrôle important des indicateurs macroéconomiques, en particulier en matière d’inflation, mais aussi que cela n’a pas profité à la majorité des Uruguayens. Cette parenthèse de centre-droit prouve que la croissance n’est pas suffisante en elle-même, car si le marché est le principal agent d’allocation des ressources, il les répartit de manière inégale.

La nécessité d’une intervention de l’État par le biais de politiques sociales et la promotion d’une politique salariale à la hausse seront des objectifs, mais surtout des défis auxquels le prochain gouvernement du Frente Amplio devra faire face.

Qu’en est-il des répercussions de cette victoire au niveau latino-américain ?

Du point de vue international, il est important de noter que le gouvernement d’ultra-droite de Javier Milei sera désormais isolé dans la région du Cône sud. Après avoir célébré la victoire de Trump comme la sienne, Milei se retrouve aujourd’hui entouré de gouvernements progressistes : Lula da Silva au Brésil, Gabriel Boric au Chili et bientôt Yamandú Orsi en Uruguay.

Plus au nord, Gustavo Petro en Colombie, Luis Arce en Bolivie et Sheinbaum au Mexique, renforcent une gauche latino-américaine qui, après une vague conservatrice, voit maintenant des gouvernements progressistes faire de nouveau pencher la balance continentale vers la gauche, avec bien sûr des nuances.

Avec l’espoir de voir renaître un Mercosur progressiste ?

Il est certain que la victoire de Yamandú Orsi aura un impact sur le Mercosur, qui était divisé et faible, en raison des initiatives rupturistes portées par Milei et Lacalle Pou. Désormais, la majorité des membres du Mercosur s’aligneront sur la construction d’un bloc régional capable de faire en sorte que l’Amérique latine ne soit plus l’« arrière-cour des États-Unis », et d’approfondir les liens commerciaux avec la Chine, le principal partenaire du bloc.

Des périodes de changements s’annoncent dans la région et, si nous en croyons les expériences passées, il s’agira de périodes où les travailleurs, les retraités, en somme la majorité des populations se retrouvera au centre des préoccupations du politique, et non plus le marché.

 

 

Commenter cet article