Motion de censure
Si le PS a annoncé qu’il utiliserait ce levier à l’issue du discours de politique générale de Michel Barnier, la motion a peu de chance d’aboutir. Les cadres du Nouveau Front populaire espèrent en revanche que le gouvernement se casse les dents sur le budget.
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Face à la nomination de Michel Garnier et la formation d’un nouveau gouvernement, la gauche organise sa riposte. Si la motion de censure a peu de chance d’aboutir, le gouvernement sera à l’épreuve sur la question du budget.
© Dimitar Dilkoff / AFP
Quatre-vingts jours d’attente, de tergiversations et de négation du verdict des urnes pour aboutir au gouvernement le plus conservateur depuis l’ère Sarkozy. Autant dire qu’à gauche, l’annonce des ministres du gouvernement Barnier, aux antipodes des espérances et des enjeux sociaux et écologiques portés par le Nouveau Front populaire (NFP), a provoqué consternation et sidération.
« Un gouvernement contre-nature et contre la nature… Qui aurait pu prédire ? » ironise, amère, Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes. « Ce n’est pas un nouveau gouvernement. C’est un remaniement. Ce n’est pas une cohabitation. C’est une collaboration », écrit de son côté le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.
La gauche organise la riposte
Mais, trêve de lamentations, la gauche organise la riposte. Et pour cela elle dispose d’un atout de poids : sa position de force au Parlement. Le PS, sous l’égide de son chef de file Olivier Faure, a dès le lendemain de l’annonce du nouveau gouvernement annoncé que son groupe à l’Assemblée nationale allait déposer une motion de censure immédiatement après la déclaration de politique générale de Michel Barnier, le 1er octobre.
Mais le socialiste reconnaît auprès de l’Humanité « qu’il n’a aucune assurance qu’elle puisse aboutir, Marine Le Pen ayant donné suffisamment de gages à Emmanuel Macron pour laisser penser que son groupe ne suivrait pas ». Car s’il suffit que 58 parlementaires signent le projet de motion pour que celle-ci soit mise à l’ordre du jour de l’Assemblée, il faut qu’elle recueille la majorité absolue, soit 289 voix, pour aboutir. Un seuil bien supérieur aux 193 sièges du Nouveau Front populaire.
Le bras de fer du budget
« Je ne crois pas non plus à la première motion de censure », renchérit Éric Coquerel, député FI et président de la commission des Finances. Selon lui, il faut juste s’armer d’un peu de patience, et attendre – paradoxalement – le dépôt du très austéritaire projet de loi de finances. « Cette année, les amendements de gauche ont beaucoup de chance d’être adoptés en commission, mais Macron ne voudra jamais les voir dans le projet de loi final », anticipe le député de Seine-Saint-Denis.
Le nouveau premier ministre pourrait donc, comme ses prédécesseurs, user pour la troisième année consécutive du 49.3, auquel cas les députés auront 24 heures pour censurer le gouvernement. Et cette fois-ci, la gauche pourrait tordre le bras à une partie des 126 élus du RN, et les pousser à voter la censure.
En position de force dans ce contrat léonin noué avec la Macronie, le parti de Marine Le Pen fait en effet du chantage sur les lignes rouges à ne pas franchir dans l’adoption du budget, et sur les propositions à adopter, telles que la baisse de la TVA à 5,5 % sur les énergies. « S’ils s’abstiennent, ils donneront la preuve que le RN ne suit en rien une ligne sociale et se satisfait d’une politique économique néolibérale », conclut Éric Coquerel.