logement
Fin de bail
L'Humanité Maud Vergnol
C’est peu dire qu’Emmanuel Macron est attendu au tournant. À l’issue de six mois de concertations entre les acteurs de la chaîne du logement, les préconisations du Conseil national de la refondation seront-elles poliment jetées à la poubelle, comme le furent celles de la Convention citoyenne pour le climat ?
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C’est à craindre, après le report sine die de la réunion finale qui devait se tenir aujourd’hui. Pourtant, l’urgence est là : 12,1 millions de Français rencontrent des difficultés pour se loger ou vivent dans des passoires thermiques. Le nombre de personnes sans domicile fixe a plus que doublé depuis 2012 : 330 000 sans-abri dans la 7e puissance économique mondiale !
À l’inverse, la propriété immobilière n’a jamais été aussi concentrée avec 3,5 % des ménages qui possèdent 50 % des logements en location sur le parc privé.
Tous les voyants ont beau être au rouge, l’action du gouvernement s’apparente à une page blanche. Pire, le premier quinquennat d’Emmanuel Macron a aggravé la crise en diminuant les aides à la construction, sabrant dans les aides personnelles au logement (APL), ponctionnant le budget des bailleurs sociaux.
La financiarisation du logement est incapable d’offrir un toit décent et abordable pour tous, alors qu’il s’agit d’un droit fondamental, inscrit dans la Constitution.
La situation est tellement alarmante, que même Geoffroy Roux de Bézieux évoque une « catastrophe à venir ». Si le président du Medef s’inquiète, c’est que nombre de métropoles et zones touristiques, où l’inflation immobilière a été la plus spectaculaire et où Airbnb a fait des ravages, ne parviennent plus à recruter des salariés, faute de pouvoir les loger.
Au carrefour d’enjeux décisifs, économique, environnemental et social, l’habitat est un levier essentiel de progrès social. Une politique ambitieuse pourrait permettre de s’attaquer frontalement aux inégalités, garantir à chacun·e la sécurité, le bien-être, l’opportunité de se projeter dans l’avenir. « Gouverner, rappelait l’abbé Pierre, c’est d’abord loger son peuple. » On est – très – loin du compte.