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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Inaction climatique :

29 Décembre 2022, 08:18am

Publié par PCF Villepinte

 l’État en récidive

Environnement Condamnée, la France avait jusqu’au 31 décembre 2022 pour rentrer dans les clous de ses objectifs de baisse des émissions de gaz à effet de serre.

L'Humanité Jeudi 29 Décembre 2022

Marion d'Allard

La pollution atmosphérique cause la mort de milliers de personnes par an. Philippe Huguen/AFP

 

Le 14 octobre 2021, la France entrait dans le triste cercle des États condamnés pour inaction climatique. Ce recours devant les tribunaux par un collectif d’ONG avec le soutien de plus de 2 millions de citoyens, baptisé l’«Affaire du siècle», avait fait grand bruit. Le tribunal administratif a donc fixé une date butoir – le 31 décembre 2022, en l’occurrence – pour que l’État atteigne les objectifs qu’il s’était lui-même assignés.

Émissions de gaz à effet de serre, réduction de la pollution atmosphérique, rénovation énergétique des bâtiments, transition agricole ou énergétique, force est de constater que le compte n’y est pas. «La France na pas pris la mesure de cette condamnation», se désole Élise Naccarato, de lONG Oxfam France, alors qu’à grand renfort de communication Emmanuel Macron se rêve ­pourtant en président d’une transition réussie.

Si son bilan le contredit, les ONG ne se contenteront pas de prendre acte. «Nous allons retourner devant la justice et réclamer des astreintes ­financières», avertit Justine Ripoll, de l’ONG Notre affaire à tous. Une question de justice environnementale ainsi que de justice sociale à l’heure où les plus précaires paient le prix fort des retards accumulés.

Des émissions qui stagnent

Alignée sur les positions européennes, la France vise la neutralité carbone à horizon 2050. Si l’objectif est louable, les mesures nécessaires à sa mise en application font cruellement défaut. Dans son baromètre mensuel, le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution ­atmosphérique – missionné par le gouvernement – dresse un bilan implacable: sur les neuf premiers mois de 2022, les émissions nationales nont reculé que de 0,3% en moyenne par rapport à 2021, enregistrant même une augmentation de près de 3,5% sur le seul mois de septembre.

En cause, entre autres, l’envolée de la consommation de gaz via la réactivation de centrales thermiques pour pallier la mise à l’arrêt de la moitié du parc nucléaire tricolore. Or, pour atteindre son objectif de neutralité carbone, la France aurait dû baisser ses émissions de 16 millions de tonnes de gaz à effet de serre sur l’année. Paris est loin du compte.

Les fossiles ont le vent en poupe

Le développement des énergies renouvelables est l’un des dossiers sur lequel la France – seul pays de l’Union européenne à ne pas avoir atteint ses objectifs de 2020 – a pris le plus de retard. «Depuis octobre 2021, face à la crise énergétique et la crise géopolitique, la réponse de l’État a été de réinvestir dans les énergies fossiles et de rouvrir des centrales thermiques», déplore Justine Ripoll.

 «Dans le projet pouvoir dachat voté cet été, il ny a même pas un mot sur les renouvelables», poursuit la militante, qui dénonce une «stratégie court-termiste», incapable d’apporter une réponse pérenne à une crise énergétique qui promet de durer. Saisi sur le cas de l’installation d’un terminal méthanier flottant au Havre, le Conseil constitutionnel a pour sa part rappelé, en août dernier, que «la préservation de lenvironnement doit être recherchée () et que les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins».

La rénovation énergétique au ralenti

En France, près de 5 millions de logements sont des passoires énergétiques. Mal isolés, difficiles à chauffer l’hiver et à rafraîchir l’été. À lui seul, le secteur représente 17% des émissions globales de gaz à effet de serre sur l’année 2021. Loin derrière ses voisins européens, la France accumule «un retard important sur la trajectoire de la stratégie nationale bas carbone dans ce secteur», soulignait, il y a quelques semaines, le Haut Conseil pour le climat (HCC).

Si l’État a bien fléché 7 milliards d’euros de son plan de relance à la rénovation énergétique et débloqué le dispositif d’aides aux particuliers MaPrimRénov’, «le volume global des aides est très insuffisant pour avoir un réel impact», souligne Greenpeace. D’autant que les 700000 subventions individuelles accordées en 2021 nont permis qu’à 2500 logements de sortir de la liste des passoires thermiques, relève la Cour des comptes. «À ce rythme, ironise l’économiste Maxime Combes , il faudra plus de 1900 ans pour toutes les rénover.»

Le difficile tournant agricole

Avec 19% du total des émissions de gaz à effet de serre, lagriculture est le deuxième secteur le plus émetteur en France après les transports. Or, dans ce domaine, la France peine à engager le virage de la décarbonation. Paris s’était pourtant engagé, entre autres, à augmenter la surface cultivée dédiée à l’agriculture biologique, fixée à 32% de lensemble des terres, à horizon 2032. Spécialisé dans laccompagnement de la transition, le cabinet de conseil Carbone 4 a dressé le bilan, et il s’avère mauvais.

Selon ses chiffres, «la part de lagriculture biologique dans la surface agricole utile en 2030 évoluerait très faiblement de 19% à 20%, toujours bien en deçà de la cible fixée». Idem en ce qui concerne la réduction de la taille des cheptels bovins ou la part des déjections méthanisées: Carbone 4 constate un inquiétant statu quo. En aggravant la crise de lapprovisionnement, la guerre en Ukraine a en outre rebattu les cartes. «À peine les opérations militaires déclenchées par Moscou, les lobbyistes européens ont immédiatement exigé la suspension des quelques maigres avancées dans le domaine», déplore Justine Ripoll.

Un air vicié par les transports

Largement liée aux émissions de l’industrie, mais surtout des transports, la pollution de l’air est un dossier sur lequel la France a également été condamnée. Le 17 octobre dernier, le Conseil d’État exigeait ainsi du gouvernement le paiement d’une amende record de 20 millions d’euros d’astreinte pour ne pas avoir agi significativement sur la réduction de la pollution atmosphérique, qui cause la mort de milliers de personnes par an.

 «Le transport est lun des secteurs où les émissions augmentent et passer de la voiture thermique à la voiture électrique ne suffira pas», explique Élise Naccarato. «Il va falloir accélérer, investir dans les transports publics, rapprocher les centres de vie et de travail en repensant laménagement urbain… conclut la militante .  Il faut sortir de cette logique à court terme qui accumule en réalité des mesures superficielles.»

 

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