Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

À Barbès, un mort et des tirs policiers en question

8 Juin 2022, 07:15am

Publié par PCF Villepinte

Police Un refus d’obtempérer supposé, des tirs de fonctionnaires: une jeune femme est décédée, samedi 4 juin, à Paris. Un scénario déjà vu, qui pose à nouveau la question du comportement des agents et de leur formation.

Olivier Chartrain L'Humanité

Publié le Mercredi 8 Juin 2022

PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP

Trois affaires, quatre morts. À Sevran (Seine-Saint-Denis), le 26 mars; sur le Pont-Neuf, à Paris, le 24 avril, et samedi 4 juin, à nouveau à Paris: cest le bilan, en moins de trois mois, de tirs policiers sur des véhicules dont les conducteurs sont accusés d’avoir refusé d’obtempérer. La dernière s’est déroulée samedi, en fin de matinée, dans le 18e arrondissement. Selon les sources policières, elle suit le même schéma que les précédentes – et pose les mêmes questions sur le comportement des policiers, leur formation, leurs conditions d’exercice.

Boulevard Barbès, la voiture aurait tenté d’échapper à un contrôle. Les fonctionnaires tirent à neuf reprises. Le chauffeur est grièvement blessé. Sa passagère décède le lendemain. Deux enquêtes ont été ouvertes à la suite de ce drame. La première, confiée à l’IGPN, vise les trois policiers pour «violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de lautorité publique». Elle devra établir sils ont agi en situation de légitime défense. Lautre vise le conducteur et les occupants de la voiture pour «tentative dhomicide sur personne dépositaire de lautorité publique».

L’affaire a rapidement déclenché une polémique: le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a dénoncé sur Twitter «la peine de mort pour un refus dobtempérer». Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, lui a reproché d’utiliser les policiers «comme des otages dune campagne électorale». De son côté, Me Liénard, l’avocat des trois fonctionnaires, s’est fait entendre dans divers médias, mettant en avant le jeune âge de ses clients (entre 25 et 30 ans). «Cest la première fois quils utilisent leurs armes», a-t-il fait valoir.

Une formation déficiente

Ce dernier point pose la question de la formation et de l’encadrement de ces policiers. «À 10 mètres du véhicule, si on a la possibilité de sauver sa peau, on doit éviter de tirer», recadre Anthony Caillé, de la CGT police. Selon lui, il y a bien un problème de gestion de ces situations extrêmes: «La formation initiale a été ramenée dun an, ce qui est déjà insuffisant, à huit mois. Suivis de douze mois de stage. Avant, on se retrouvait n°4 ou 5 dans un équipage, aujourdhui on arrive directement adjoint du chef. On envoie ces gamins au casse-pipe !»

En parallèle, la formation au maniement des armes est dramatiquement déficiente: «En Île-de-France, il manque entre 120 et 130 instructeurs de tir, rappelle Anthony Caillé, soit presque la moitié de l’effectif. Et on peine à accéder aux stands de tir.» Résultat: le minimum dentraînement prévu, soit trois tirs de deux fois quinze cartouches par an, est rarement effectué. En outre, «il y a de plus en plus de policiers contractuels. C’est le même problème que dans les autres services publics. C’est comme les professeurs, sauf que nous manipulons des armes».

Le syndicaliste pointe aussi les discours martiaux de certains politiques et médias: «Depuis dix ou quinze ans, on assiste à une surenchère pour libérer les conditions de tir des policiers. Chez les jeunes collègues, le message passe.» La loi de 2017 a modifié les conditions de tir des forces de police en cas de refus d’obtempérer. Depuis, selon l’IGPN elle-même, le nombre de tirs a augmenté de 50%.

 

 

Commenter cet article