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Bienvenue sur le blog des communistes de Villepinte

Législatives. La gauche se donne rendez-vous avec l’histoire

8 Mai 2022, 09:19am

Publié par PCF Villepinte

La nouvelle alliance baptisée Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) a présenté les axes de son programme et plusieurs de ses candidats à Aubervilliers ce samedi. Dans une ambiance joyeuse et déterminée, elle a affirmé son objectif: conquérir le pouvoir lors des législatives de juin.

L'Humanité Benjamin König Aurélien Soucheyre

 le Samedi 7 Mai 2022

La convention pour la nouvelle Union populaire, Aubervilliers, le 7 mai 2022. © Samir Maouche

Une foule compacte et heureuse, des sourires, un air de retrouvailles et un esprit résolument conquérant: il flottait comme un parfum de rendez-vous historique aux Dock Pullman, à Aubervilliers, pour le lancement de la campagne de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes) pour les législatives. Le public, fervent, entonne à plein poumons «On va gagner!» - le leitmotiv de l’après-midi -, lorsque Marine Tondelier, l’opposante historique du Rassemblement national à Hénin-Beaumont et candidate (EELV) de la Nupes, prend la parole avec l’eurodéputée FI Manon Aubry, co-animatrice de la «première convention» de ce rassemblement historique de la gauche.

Le V de la victoire

«Dans la salle il y a des insoumis, des communistes, des socialistes, des écologistes, tous ensemble!» lance l’insoumis Manuel Bompard lorsqu’il débute son discours. La cheville ouvrière des négociations de l’accord ne cache pas son contentement devant cette convergence «malgré nos différences, nos histoires respectives, face à lurgence, pour construire un avenir en commun.» Et de rappeler que «32 % des votes ont suffi à Emmanuel Macron pour sassurer une majorité absolue en 2017. 32 %? Chiche!» sourit-il, désignant l’objectif d’une «vague despoir qui se lève». Une vague symbolisée par le logo, dévoilé par Marine Tondelier: le V «qui en grec se dit «Nu», rappelle l’écologiste. «Non pas que nous nayons plus rien à cacher entre nous», plaisante-t-elle, mais pour «le Nu de la Nupes et le V de la victoire».

Lorsqu’Olivier Faure s’avance vers le pupitre, très applaudi et visiblement ému, le premier secrétaire du PS saisit la portée du moment. Il vient parler de la clarification qui s’est opérée chez les socialistes et revient sur la loi El Khomri de 2016. «Il est où le progrès lorsque l’on prive les salariés de droits qu’ils ont conquis durement?» dénonce-t-il. Avec humour, il parle des avertissements qu’on lui a lancés: «On ma dit que vous étiez des sauvages» ironise-t-il.  «Mais qui sont les vrais sauvages dans ce pays? Ce sont celles et ceux qui font tout pour que ceux qui exploitent la planète et les gens restent en place.» Celui qui a eu le courage d’arrimer à nouveau le PS à une gauche de transformation résume l’espoir nouveau que lève la Nupes: «Pour une fois, ne votez pas contre, mais votez pour ce que vous croyez!»

«Nos adversaires sentent que nous pouvons gagner»

Cette joie de voir l’union réalisée est au cœur des discours de nombreux dirigeants: «Nous revoilà!» sourit Julien Bayou, le secrétaire national d’EELV, qui insiste: «Si cette union suscite autant de critiques, cest que nos adversaires sentent que nous pouvons gagner». «Les communistes sont heureux d’être là!» lance lui aussi Fabien Roussel. Une satisfaction de voir enfin ce rassemblement qui traverse aussi les militants présents. Sofia regarde les visages des dirigeants qui se succèdent à la tribune, unis, et lâche: «Cest tellement beau! Si on mavait dit ça il y a deux semaines Tant de gens qui ont tant en commun et arrêtent de se diviser pour enfin gagner. Je suis émue!» Même son de cloche pour Damien, qui ne cache pas sa joie: «Je suis hyper content. À lintérieur de moi ça chauffe! Je me bats pour le rassemblement à gauche et jattends ça depuis tellement longtemps… C’est historique et c’est jouissif! On peut gagner, chasser Macron et changer la vie», s’enthousiasme-t-il.

De ce rassemblement, le secrétaire national du PCF en parle comme un «événement important pour des réformes de progrès à portée de main». Le SMIC à 1400 euros net «avec des cotisations pour financer la Sécu», le revenu étudiant dès septembre et «la retraite à 60 ans, enfin, ainsi que le rétablissement des CHSCT et lentrée des salariés dans les CE et les CA», liste-t-il. Un programme ambitieux qui nécessite aussi une mobilisation populaire, rappelle Aurélie Trouvé, l’ex-porte parole d’Attac et candidate FI en Seine-Saint-Denis: «Nous avons besoin des mouvements sociaux.»

La présidente du groupe insoumis à l’Assemblée, Mathilde Panot, cible d’abord celles et ceux qui se sont livrés à des attaques outrancières, voire infamantes, contre l’accord à gauche: François Bayrou, Eric Woerth et Jordan Bardella, ou bien Le Figaro, dont un éditorial dépeint la Nupes comme un «soleil bolivarien sur une piscine municipale envahie de burkinis». Puis elle évoque ce qui anime positivement la gauche: «Oui, nous sommes de fervents partisans de limplication populaire, partout et tout le temps, dans la République!» Et alors qu’Adrien Quatennens - qui s’insurge notamment «contre la retraite à 65 ans, injuste, cruelle et inefficace» - parle de l’union comme d’un «signal puissant dans tout le pays», Fabien Roussel met l’accent sur la possibilité de «refonder une République sociale, démocratique et laïque, et que la France parle de paix».

Urgences sociales, démocratiques, écologiques

La convention est aussi l’occasion de la présentation de plusieurs candidats, venus de toute la France, issus de tous les métiers et partis politiques, militants syndicaux ou associatifs. À l’instar de Rachel Kéké, candidate insoumise dans le Val-de-Marne, qui a mené la lutte de 22 mois des femmes de chambre d’Ibis: «Sans nous, il ny a pas de France!» harangue-t-elle, devant un public qui lui réserve une ovation. Puis Jérôme Guedj, socialiste candidat dans l’Essonne, n’oublie pas de remercier et faire applaudir tous les candidats qui se désistent pour permettre le rassemblement opéré. Au total, une vingtaine de candidats qui parlent chacun de leur expérience selon trois thèmes centraux: les urgences sociales, démocratiques et écologiques cette question irriguant l’ensemble des interventions. L’école est également au centre des préoccupations, notamment avec Bruno Nottin, candidat PCF face au ministre Jean-Michel Blanquer, appelle à refonder le service national de l’éducation plutôt qu’à le détruire pour mieux le marchandiser. Il fait huer le ministre de l’Éducation nationale et ajoute: «Notre force, cest lunion, elle décuple notre pouvoir.»

Les orateurs n’oublient pas, outre le chef de l’État, de décocher quelques flèches à l’opposant préféré de ce dernier: lextrême droite. «Face à elle, nous répondons: respect, dignité, égalité», martèle Fabien Roussel, qui rend hommage, comme d’autres, à Marine Tondelier, qui subit au quotidien la violence du clan Le Pen à Hénin-Beaumont. Au pupitre, Jean-Luc Mélenchon manie l’ironie: «Le FN, cest un vote qui ne sert absolument à rien: quand ils sont élus députés, ils ne viennent pas.» C’est le dirigeant insoumis qui clôture la convention, avec un discours placé sous le signe de l’Histoire: «Il ny a pas de hasard, il ny a que des rendez-vous», a-t-il débuté, citant Paul Eluard. Puis il rend hommage aux «plus de 1500 candidats qui se sont retirés pour une cause plus grande que (leur) personne». Mais également à tous les candidats de gauche à la présidentielle: «Personne dans notre famille na été en dessous de la tâche qui lui avait été confiée», mesure-t-il, avant de réaffirmer qu’i l «faut jeter la rancune à la rivière», car la Nupes est une «nouvelle façon de faire lhistoire».

Une nouvelle page

Précisément, c’est ce moment historique sur lequel s’est attardé le discours de celui que l’accord à gauche a désigné comme premier ministre en cas de victoire: «La Nupes, cest la gauche qui sunit, mais cest une nouvelle page. Il va falloir, travailler, créer, expliquer () Et ça se fera pas la discussion et la fraternité», poursuit-il, ajoutant que «notre problème nest pas la compétition, mais l’émulation» avec un objectif à portée de main: remporter les législatives, et gouverner le pays. Comme à son habitude, il ponctue son propos de traits dhumour: «On sest bien fait à LaREM, alors pourquoi pas à la Nupes?» Jean-Luc Mélenchon rappelle surtout le sens profond du combat de la gauche, face à un «capitalisme de notre époque incapable de se corriger car il profite des turpitudes quil provoque». Sans oublier la guerre, dédiant «au peuple ukrainien notre ferveur daujourdhui». Et de finir par une citation de Victor Hugo: «Tenir bon, tenir tête, voilà lexemple dont les peuples ont besoin.» Après avoir entonné une Marseillaise à pleins poumons, le public se retrouve devant l’entrée, puis repart gonflé à bloc. Pour beaucoup vers l’arrêt de métro voisin. Son nom: Front populaire.

 

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