Bataille sur le front asiatique entre Washington et Pékin
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L'Humanité Mardi 23 Mars 2021
Christophe Deroubaix Lina Sankari
Partisan d’une « grande alliance démocratique » contre la Chine, le président des États-Unis, Joe Biden, déploie une politique étrangère agressive en Asie. Les tensions se cristallisent autour de quatre enjeux.
Il n’est pas de hasard en diplomatie. La semaine dernière, pour leur premier déplacement à l’étranger, le secrétaire d’État Antony Blinken et le ministre de la Défense Lloyd Austin ont témoigné de l’attention particulière qu’ils portaient à l’Asie. Il s’agissait d’une part de redonner du souffle à la relation que les États-Unis entretiennent avec leurs alliés dans la région. Une alliance quelque peu tourmentée par Donald Trump, ses coups de menton et sa politique du cavalier seul, consacrée par le slogan « L’Amérique d’abord ».
La mer de Chine méridionale : un enjeu frontalier de taille.
Au Japon, puis en Corée du Sud, l’équipe de Joe Biden s’est d’autre part attachée à consolider le Quad (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité), qui regroupe pour l’heure Washington, Tokyo, New Delhi et Canberra. Après le sommet virtuel du 12 mars, les États-Unis pourraient être tentés de muer cette alliance en Otan bis dont le combat serait exclusivement tourné vers l’endiguement de la Chine. Le Royaume-Uni s’est déjà porté candidat et pourrait entraîner dans son sillage d’autres pays tentés par la « grande alliance démocratique » contre Pékin voulue par Joe Biden.
Le Japon a autorisé, début mars, ses gardes-côtes à ouvrir le feu sur tout navire étranger qui accosterait illégalement sur les îles Senkaku, nationalisées unilatéralement en 2012.
C’est une fois ce contexte posé qu’Antony Blinken et le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, rencontraient, en fin de semaine, les responsables de la diplomatie chinoise, Yang Jiechi et Wang Yi, en Alaska. Lors de l’entrevue, les États-Unis mettaient en garde la Chine contre « la coercition et les comportements déstabilisants », à Taïwan, Hong Kong ou en mer de Chine. Glacial, Jake Sullivan s’est dit « ouvert à une compétition rude ». « Ce n’est pas comme cela que l’on accueille ses invités », a jugé Yang Jiechi, piqué au vif, qui reproche à Washington de vouloir « imposer (sa) propre démocratie dans le reste du monde » et appelle à « abandonner la mentalité de guerre froide ».